"> '*\ ' N V*N • •'N X N--N . \ > ' V—N \ '.'V^V N > -N y -V X > , ' ' S ' ' – – ~S ' 'N . V. * J , s 4;" :r .Li J1 CORRESPONDENTIE VAN DE STADHOUDERLIJKE FAMILIE 1777—1795 Uitgaven vanwege het Koninklijk Huis-Archief uitgegeven onder de leiding van Dr. N. JAPIKSE Directeur van het Koninklijk Huis-Archief I CORRESPONDENTIE van de STADHOUDERLIJKE FAMILIE 1777—1795 UITGEGEVEN DOOR JOHANNA W. A. NABER TWEEDE DEEL (1793—1795) ’S-GRAVENHAGE MARTINUS NIJHOFF 193] CORRESPONDENTIE van de UL 3 A S°OC( STADHOUDERLIJKE FAMILIE 1777—1795 UITGEGEVEN DOOR JOHANNA W. A. NABER TWEEDE DEEL (1793—1795) ’S-GRAVENHAGE MARTINUS NIJHOFF 1931 De nu volgende brieven getuigen van het medeleven van prinses Wilhelmina met haar zonen in hun overzware taak gedurende den eer sten inval der Franschen. 114. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik1). ’s-Gravenhage. 25 Februari 1793. Je profite du départ de votre maréchal ferrant pour envoyer cette lettre a Nimègue 2). Je I’adresse au Bourgrave 3) avec prière de vous 1’ envoyer par estafette,si vous estes absent. Vous trouverez ci-joint, mon cher Fritz, la réponse de Mr. de Stamford que j ’ai re9ue cette nuit; vous y vèrez qu’il pars aujourd’hui de Brunswic et qu’il sera le 2 a Nimègue. Je m’imagine, qu’il n’arrivera pas trop tard pour vous accompagner; mais si le contraire avoit lieu et que vous partiez plus tót pour I’expédition, je vous prie de laisser une lettre a Nimègue pour lui indiquer I’endroit oü il peut vous trouver. Ses chevaux partiront demain et il pars aujourd’hui une voiture pour vous et votre suite. Je vois d’ici la grimace que ceci vous fait faire, mais je ne puis prendre sur moi d’omettre cette démarche; je la crois nécessaire. Dieu veuille qu’elle puisse devenir la précaution inutile 4); mais si le malheur vouloit qu’il y eüt des malades ou des blessés a I’entour de vous, vous m’en remercieriez. Je crois, qu’en attendant elle pourroit rester a Nimègue pour transporter chez vous Mr. de Stamford, si vous étiez parti. Vous *) °P den omslag van dezen brievenbundel in het eigen handschrift van prinses Wilhelmina: Mes lettres d jeu mon fils de l’année iyg3 depuis Février jusqu'd Septembre qu'il fut blessé et ramené d La Haye. ‘) Prins Frederik was op een inspectietocht naar Gelderland gezonden. ‘) Jan Elias van Lynden, burggraaf van Nijmegen, 1737—1793, gewezen superintendant van de opvoeding der beide Prinsen. Zie eeuige autografische aanteekeningen van prinses Wilhelmina, Inv. Nummer 420, onder het hoofd Stamford. l) Ondertitel van den Barbier de Séville, 1 Naber, Correspondentie II 1 vèrez par sa lettre, qu’ü ne veut faire qu’une expédition avec vous et puis se retirer; mais je me flatte, que nous rëussirons a le faire changer de sentiment. Beaucoup dépendra de la confiance que vous lui témoignerez et puis surtout de sa santé. x) Les nouvelles de Breda, Geertruidenberg, Le Klundert, Sevenbergen, Le Willemstadt etc. sont toutes mauvaises et trés confuses; on prétend aussi que I’ennemi auroit pénétré dans I’isle d’Overflakkée, ce qui cause de trés grandes allarmes ici. Je crois, que votre Père vous envoyera aujourd’hui un courier, mais comme cela n’est pas sur, je vous I’écris par cette occasion. Si tout alloit malici, votre frère qui revient incessamment et vous, ne pourriez-vous pas tenter de faire quelque diversion avec les troupes en gamison dans le dehors de la Hollande pour sauver la patrie ? Ce seroit une facheuse nécessité, mais il faut y penser pendant que je puis encore vous donner de nos nouvelles. J’en dis aussi un mot è, Guillaume par un chasseur du Roi, parti aujourd’hui. Les 2 milles Anglois s’embarquent aujourd’hui avec le duc d’Yorck 2); leur garnison n’est pas fixé encore, mais je prévois qu’ils viendront ici B),malgré tout ce qui est dit. Que Dieu vous bënisse, mon bien cher ami, et qu’ll soit toujours avec vous! Sur I’idée délicate d’aller en avant avec les troupes, si vous ne pouvez en recevoir I’ordre, vous devez naturellement consulter les experts, car cela seroit de ces coups désespérez qui demanderoient de müres réflexions et des connoissances profondes du local et des dispositions des troupes. Si les Prussiens s’y joignoient, le succès me paroitroit presque certain. Dumoulin n’a pu arriver a Breda; il est toujours a Geertruidenberg. Tant que la campagne dure, brulez mes lettres, quand vous les aurez lu et prenez des précautions pour qu’en cas que vos équipages se prennent, on détruise auparavant les papiers; ceci est trés important. *) Weggelaten uitvoerige verzekeringen, ook namens prins Willem V, dat alles in het werk zou worden gesteld, om kolonel Van Stamford te bewegen tot blijven door het hem zoo aangenaam mogelijk te maken en hem te bevorderen in rang. ’) Zie pag. 167 noot 2. Hij was benoemd tot opperbevelhebber der Engelsche hulptroepen. •) In Holland was men zeer tegen de inlegering van Engelsch krijgsvolk gekant. 26 Februari 1793. (I) J’ai été bien charmé d’aprendre votre heureuse arrivée a Nimègue, mon cher ami, votre lettre m’est parvenue hier au soir. Jusqu’a présent votre Père ne m’a pas montré celle que vous lui avez adressé, mais j’ai eu occasion de le prier de répondre le plus tót possible a vos demandes. Dans ce moment il est en conférence avec Messieurs Bentinck 1) et Knoch; j’espère que vos expéditions en seront le résultat. Je ne suis pas étonnée que le projet sur le Païs de Cuyck soit déja connu; malheureusement le secret est mal gardé chez nous, et si cela ne change pas relativement aux opérations militaires, les meilleurs projets peuvent en être ren versés et j’en prévois bien des malheurs. Une autre chose encore facheuse, c’est que I’on regoive si peu de bonnes informations. Hier au matin les nouvelles des environs étoient exécivement allarmantes; celles du soir détruisoient en grande partie ce que les autres anon-9°ient, tant sur le nombre que sur la position de I’ennemi, et il reste incertain encore, si Breda est bloqué ou non. Tous nos grenadiers sont partis; il ne reste plus rien ici que les gardes. Selon toute apparence un bataillon Anglois viendra ici avec le duc d’ Yorck, mais j’ignore oü les autres seront placés. Mr. de Heiden et le général Bentinck vont aujourd’hui a la rencontre du duc d’Yorck a Helvoetsluys, le premier pour complimenter le Duc et lui offrir de loger chez nous on lui destine le Stadhouderskwariier et le second pour prendre les arrangemens pour les troupes Angloises. Heiden va avec le Yacht pour conduire le Duc de cette fa?on jusqu’ici. Le colonel Westerloo a été envoyé pour commander les troupes – si je ne me trompe – dans I’isle d’Overflakkée ou dans I’isle de Dorth; c’est ala suite des mauvaises nouvelles venues hier de ces cótés. J’ai cru vous rendre service, mon cher Fritz, en m’informant auprès du Pensionaire, si I’Etat rembourseroit les dépensesnécessairesd’un général a la tére d’un corps pour avoir de bonnes informations sur Pennend? J’attens sa réponse et je I’ajouterai, si elle vient encore avant Ie départ de la poste. Je lui ai proposé qu’ü m’autorise a vous dire de sa part, que ') Volkier Rudolf Bentinck van Schoonbeten, van 1756—1763 in Engelschen krijgsdienst, daarna in het Staatsche leger; sedert 1784 kwartiermeester-generaal. vous pourriez tirer jusqu’a la hauteur d’une certaine somme, que I’on fixeroit, chez le banquier de Nimègue et que vous en seriez remboursé. J’ai fait cette demande dans les termes les plus discrets et les plus désintéressés; ainsi j ’espère que vous serez content. Votre frère vous dira sans doute lui-même, combien ilestimpatient de revenir. II a été dans le cas d’écrire encore une lettre a Luchesini et il s’en est bien acquitté; mais j ’espère qu’il ne sera pas obligé de rester pour discuter a fond tous les articles dont il y est fait mention, ni d’attendre la réponse du Prince sur les demandes de Luchesini; sans cela il resteroit encore longtems absent. On a agréé que Kinkel x) reste après lui jusqu’a nouvel ordre. On dit Le Klundert pris; on craint que Breda I’est aussi et les travailleurs devant Geertruidenberg se sont enfuis devant quelques Frangois. J’aprens tout ceci dans ce moment du Pensionaire. Votre Père est si occupé et si accablé qu’on ne peut lui parler. De aanval der Franschen richtte zich niet, gelijk was verwacht, op het ten minste eenigermate tot verweer toegeruste Zeeland, maar op de zwakke Brabantsche vestingen, met het doel om na de verovering van deze snel den Moerdijk over te steken en dan in verstandhouding met de Patriotten over Rotterdayn op te rukken naar Den Haag. De overgave, hij den eersten aanloop reeds, van Breda en Geertruidenberg veroorzaakte onmiddellijk een begin van paniek, van emigratie; in de Staten-colleges zelfs begon men reeds te spreken van capitulatie. Met krachtige taal 2) wist prins • *) Hendrik August, baron van Kinkel, zaakgelastigde der Republiek bij verschillende hoven. 2) Van de Spiegel schrijft in zijn Aanteekeningen De Fransche Zaken in het begin van 1793, „Z. H. in de Vergadering” (van Holland) „present, het woord nemende, deed „een mannelijke toespraak, zeggende onder andere, dat, schoon hij zich niet wilde „vergelijken bij zulk een groot man als Willem de Derde was, hij zich evenwel moeds „genoeg voelde om, gelijk die Prins in soortgelijke kommerlijke omstandigheden „gedaan hadt, te verklaren, dat hij het land zou helpen defendeeren tot het laatste „retranchement, waarin het beter was te sterven, dan zich aan laagheid schuldig te „maken. Dit discours deed een zeer goed effect om den gezonken moed van sommigen „op te wekken, zoodat ik Z. H. verzogt, een diergelijke propositie te doen in de Vergadering van H.H.M., hetwelk gedaan is 28 Februari.” Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 213. Willem V de laatsten te bemoedigen; en hij zond prins Frederik naar de Langestraat om er de Franschen tegen te houden, de inundaties in gang te brengen en zoo voor den Erfprins, dien hij dadelijk na diens terugkomst benoemde tot opperbevelhebber van het geheele cordon, tijd te winnen tot organisatie van de verdediging der Hollandsche stroomen, in overleg met Van Kinsbergen, opperbevelhebber over de zeemacht, en Dumoulin, directeur-generaal der fortificatiën. Du soir a 7 heures *). Commencez par lire ceci, mon cher, sans cela vous ne comprendrez rien au reste. Ce qui se trouve sur I’autre feuille 2), a été écrit au moment que j’ai lue la lettre de votre Père, et devoit partir avec cette lettre. A présent Boeyinck 3) vient me prier d’en charger de préférence le courier de I’Etat qui doit également aller chez vous et qui arrivera avant Mr. de Sillemart, porteur des ordres de votre Père, pour lequel les expéditions ne sont pas prêtes encore. Vous vèrez que ces ordres vous enjoignent de marcher en Hollande pour en déloger les Frangois que I’on croit dans le Langestraat 4). Si je ne me trompe, c’est du cóté de Heusden que I’on veut que vous marchiez, et j’avoue que j’en suis allarmé, paree que je crains que les Frangois, en ayant le vent, ne se porteront de ces cótez avec une force trés majeure. Voila le motif de mes inquiétudes, assez confusément exprimé sur I’autre page; mais je persiste a croire, que vous ne devez rien négliger pour faire cause commune dans ceci avec les Prussiens, s’il est possible. L arrivée des Anglois de I’autre cóté qui ne peut tarder, les y engagera peut-être. II y auroit alors un beau coup a faire. II y a ici une lettre du capitaine Dupont a sa femme, qui dit que Breda capituloit après avoir été bombardé et sommé deux fois. En ce cas le comandant a manqué a ses ordres et s’est mal défendu. Le *) Zonder dagteekening, maar blijkbaar bedoeld als toelichting op den tweeden brief van 26 Februari 1793; zie volgende pag. a) Den 2den brief van 26 Februari 1793. 8) Secretaris van prins Willem V. 4) Collectieve naam van een rij dorpen in Noord-Brabant, beginnende bij Ra;;msdonk en loopende over Waspik, Capelle, Besoyen, Waalwijk en Vlijmen tot Sprang en ’s-Gravemoer. Klundert est attaqué mais point pris. II se défend merveilleusement, dit-on. Steenbergen n’est pas pris et graces aux inondations de Bergen-op-Zoom on le croit a I’abri d’une attaque. Mais a Geertruidenberg il est vrai que I’ennemi a passé une partie des inondations. On craint pour cette ville, mais on y envoye un renfort et des vivres. Telles sont, mon cher, les nouvelles du moment qui paroissent positives. Que Dieu vous bénisse, mon bon ami, et quelles que soyent les circonstances, je ne doute pas que vous n’agissiez en brave homme et que vous ne fassiez votre devoir. Voila la consolation de votre fidéle Maman W. 26 Februari 1793. (II) Au moment que je viens de fermer la lettre que je vous ai envoyez par la poste 1), Boeyinck m’apporte la lettre que votre Père vous a écrit. Je vous avoue, mon cher, que je la trouve si confuse et la commission si exécivement délicate et difficile pour vous, qu’elle m’a beaucoup affecté. II m’est impossible de vous donner un conseil; je n’en ai pas les connoissances. Je prie le bon Dieu de vous éclairer et de vous soutenir! N’y auroit-il pas moyen d’engager le duc Frédéric a vous secourir, du moins de joindre un corps de ses troupes aux vótres? Faites pour ceci I’impossible. Représentez-lui les conséquences. Si la République étoit perdue, que lui serviroit Maestricht et Venlo? Si vous voulez employer mon nom pour I’en prier, vous pouvez le faire. Le Roi ne peut le blamer de sauver sa fille et son petit-fils, s’il peut le faire. Au reste ce que j’en dis, n’est pas I’effet d’une terreur paniqueetpour moi-même je suis tranquile, mais c’est la difficulté de I’expédition pour vous avec une troupe aussi mal aguerrie et qui manque des choses nécessaires. Je crois, qu’il seroit bon que vous envoyez une estafette a votre frère, afin qu’il sache oü les choses en sont et qu’il voie ce qu’il peut faire. Priez aussi le Bourgrave d’envoyer un exprès a la rencontre de Mr. de Stamford avec ma lettre, afin qu’il tache d’arriver plus vite. Marquez-lui seulement la route que vous prendrez avec les troupes et oü il pourra vous trouver. *) Den eersten brief van 26 Febr. 1793. 27 Februari 1793. Les mauvaises nouveües sont confirmées. Breda est pris après une faible résistance. Le Klundert I’est aussi et doit être presqu’entièrement miné et après s’être trés bien défendu. On ignore ce qu’üs ont fait de Ia gamison. Wülemstadt est sommé. Charles Quint1) a bien répondu. Geertruidenberg est en grand danger et – entre nous – la confusion doit y être extréme. L’histoire de Breda vous scandalisera comme nous tous. Le colonel Plettenberg en est venu et il s’imaginoit qu’ils avoient trés bien agis. Voila le duc d’Yorck qui arrivé, je continuerois tantót. C’étoit un faux bruit; il sonne minuit et il n’est pas arrivé encore; je remonte entre deux pour achever ceci fort a la hate. Vous vèrez que votre Père a changé vos ordres depuis la prise de Breda et que vous devez marcher sur Gorkum. Mr. de Keiler a pris sur lui d’envoyer un exprès au duc Frédéric pour le presser de vous assister, soit en renfor9ant votre corps soit en faisant une diversion qui oblige les Fran9ois de rétrograder ou qui les mette entre deux feux. Si votre Père n’écrit pas lui-même au duc Frédéric, j’espère que vous le presserez d’en agir de cette manière; au reste je crains moins pour vous a présent et une fois a Gorkum vous pourrez avoir ensemble un joli corps, pourvue que rien n’y manque. Un homme sur et impartial est venu m’avertir sous le sceau du secret que Sillemart n’avoit aucune religion et par conséquent aucun frein, s’il étoit ten té au mal. Je crois de mon devoir de vous en avertir. On dit aussi, qu’a Mayence il a ététrèsfaufilléaveclesFran9ois. Jene puis pas croire cependant qu’il soye doublé, mais avec un homme sans principes il faut toujours aller les yeux ouverts et doublement dans le tems présent. N’oubliez pas ceci, mon cher, maisnefaites semblant de rien. L’adjudant de Dumoulin est venu ce soir pour dire que, des heurtmans Zélandois venant de Dort et allant en Zélande, Melville 2) les avoit averti de ne pas approcher de Out- *) Karei, baron van den Boetzelaer, 1728—1803. Hij droeg dien bijnaam omzijn flink karakter. Zie De Bas, Prins Frederik en zijn tijdy I, pag. 69. a) Pieter Melvill, baron van Carnbee, toen Schout bij Nacht inde Admiraliteit van de Maas, 1743—1726. Noch onder de Bataafsche Republiek noch onder koning Bodewijk noch onder Napoleon heeft hij willen dienen, hoewel bij herhaling daartoe aangezocht; maar zoodra in 1813 de verdrijving der Franschen in uitzicht kwam, heeft hij daartoe krachtig medegewerkt door zijne behartiging der maritieme aangelegenheden. Koning Willem I verhief hem tot vice-admiraal en staatsraad. bosch oü sont les Frangois. Cependant ils I’ont fait et ont été pris; on soupgonne aussi de la trahison en ceci et cela pourroit faire beaucoup de mal, les Frangois ayant a présent 7 a 8 vaisseaux de leur cóté. Le Prince vient d’expédier un ordre secret de dëtmire ces vaisseaux de toutes les fagons possibles; on vent aussi faire ëchouer un vaisseau dans la rivière prés de Breda pour rompre la communication; ce seront deux bonnes opérations. J’ai écrit ce soir au Roi et j’ai fait mention de ce que je vous ai écrite hier pour le duc Frédéric, espérant qu’il I’aprouveroit. Voici pourtant le duc d’Yorck. Je vous embrasse et vous bénis. W. 115. Prins Frederik aan zijn Moeder1). Nijmegen. 27 Fébruari 1793. II ne m’est possible de vous écrire plus que deux mots, ma trés chère Mère. Je suis occupé depuis le matin jusqu’au soir. On ne me laisse pas un moment en repos ;mais pourvu que j e vienne encore a tems a Gorkum, je ne crains rien du tout encore, quoiqu’il est bien sur que notre position est bien critique. J’ai chargé Byland 2) d’écrire a mon frère pour lui peindre notre situation présente; elle est horrible depuis 24 heures, car nous avons eu plus de dix nouvelles contradictoires au sujet de la prise de Breda, de sorte que je n’ai rien pu arrêter de fixe jusqu’a ce soir, comme vous le vèrez par ma lettre a mon Père. Mais a la fin je me suis décidé a marcher après-demain et de me porter droit sur Gorkum. Dieu veuille que cette démarche soit de quelque utilité. Pourvu qu’on ne perde pas la tête a La Haye, c’est tout ce que je crains dans le moment présent. Adieu, ma trés chère Mère, il est une heure passé et j’ai encore milles choses a faire. Je crois, que je ne me coucherai point de la nuit. Au Quartier-Général de Thuyl. A 4 h. du matin. 3 Maart 1793. Vous serez sürement fort étonnée de ce que j’écris ordinairement pendant la nuit; c’est que j’ai dormi présentement. Je me *) Op den omslag van dezen brievenbundel in het eigen handschrift van prinses Wilhelmina: Lettres de Fritz de l’année 1793, lorsqu'ü se trouvoit d l'armée, jusqu’d sa blessure. •) Otto Willem Hendrik, graaf van Byland, adjudant van prins Frederik. suis couché a 9 h. et avant 1 heure je me suis dé ja relevé. Je trouve que c’est dans ces heures-ci qu’on peut le plus faire, n’étant distrait par rien, et si j’ai sommeil pendant la joumée, jepréfèrede me recoucher pendant un couple d’heures. Cependant jusqu’a présent je ne I’ai pas fait encore. *) II fait un tems horrible ici; il est si violent, qu’il vient de briser mes fenêtres, et mon valet de chambre vient de me dire que la rivière est presqu’a la hauteur de la digue. Je suis avec le plus profond respect, ma trés chère Mère, votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. 116. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 1 Maart 1793. J’aprens en rentrant de la Vieille Cour, que votre Père vous expédie dans ce moment un courier. J’en profite pour vous dire deux mots, mon bon et cher ami. Votre promptitude a exécuter les ordres et a vous mettre en chemin a beaucoup plu ici; mais a présent, mon cher, il seroit bien intéressant de savoir ce que vous deviendrez avec vos troupes, quand vous serez a Gorckum et Dordt comme un corps d’observation. Vous jugerez mieux que moi, si I’idée est bonne. Si votre Père vous a envoyé des ordres sur votre destination a Gorckum, alors vous devrez sans doute obéir ou vous bomer a d’humbles représentations, si vous y avez des remarques. Mais si votre Père n’a encore rien ordonné, je vous conseillerois beaucoup de former vous-même un plan sur ce qu’il y auroit a faire, et après avoir pris les conseils de ceux en état de vous en donner. Je voudrois que vous envoyez ici ce plan a votre Père avec un officier en état de I’expliquer de bouche et de discuter la chose avec Dumoulin, Knoch et Kinsbergen – pour autant que la Marine y seroit comprise ceci abrégeroit beaucoup, car par écrit cela ne finiroit pas et perdrois un tems précieux. Je crois devoir vous dire, mon bon ami, ce que je ferois a votre place; mais faites cela comme vous le croirez pour le mieux. Les Anglois étoient en vue a 3 h. et devoient entrer a Helvoet a 6 *) Weggelaten een betuiging van verlangen naar de overkomst van kolonel Stamford en van de Engelsche hulptroepen. h., mais les bateaux pour les transporter et les ordres pour les emplacements ont été oubliés, ce qui donne beaucoup d’embarras. 2 Maart 1793. Le général Freitag a dit a Mr. de Stamford, que leßoid’Angleterre, en donnant ses ordres pour la marche des Hanovriens, n’avoit pas réfléchi, qu’ils n’étoient pas sur le pied de guerre, et que cela prendroit quelque tems. Freitag les a complettës par la milice du païs et tous les arrangemens se prennent avec toute I’activité imaginable; mais malgré cela Mr. de Stamford a compris que six mille hommes des 13 mille qui doivent venir, ne peuvent se mettre en marche que dans 15 jours; ainsi je supose notre sort décidé avant qu’ils arriveront. Je vous embrasse, mon bon ami. Dieu vous bënisse! A tout jamais votre fidéle Maman WILHELMINE. 117. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 1 Maart 1793. Depuis ma demière, ma toute chère Loulou, les choses ont changées fort en mal dans nos contrées. Les Francs sont maitres de Breda. Cette ville a fait peu de résistance. Mr. de Byland 1), le comandant, a mal obéi2) a votre Père. J’aime è. croire, que la principale cause est son extréme bêtise, mais celle-la ne peut lui servir d’excuse et il y a des choses inexplicables dans sa conduite. Comme on nomme un Conseil de Guerre pour I’examiner, nous attendrons ce que celui-ci en dise avant de le juger. Ce qui est toujours sur en attendant, c’est que la perte de cette ville est d’une trés grande conséquence sous nombre de rapports. Le Klundert doit être pris aussi après une excellente défense. Lesdispositions des habitans se montrent meilleures au milieu de tous ces désastres, qu’on auroit pu I’espérer. C’est dans ces circonstances que le duc d’Yorck nous arrivé. II est rempli d’ardeur pour la cause et les deux mille Anglois qui sont en chemin n’ont pas moins de zèle. II faudra voir quel parti on en tirera avec I’aide de Dieu! Je l) Alexander, graaf van Byland. a) Zie de mooie instructie met algeheele terzijdestelling van al *s Prinsen persoonlijke belangen bij het behoud der Baronie van Breda in Bosscha, Nederlands Heldendaden te land, 111, pag. 21. ne vous cache pas, ma chère, que nous sommes mal, mals pas dans une position dësespérée, bien loin de la. Ainsi, ma bonne Loulou, courage et résignation avec confiance dans la bonne Providence. x) Quant au présent de la Duchesse d’Yorck il est en süreté; mals il seroit possible qu’il vous parvint au moment que vous vous y attendrez le moins, et j’espère que vous voudrez bien I’accueillir si cela arrivera. Priez Dieu pour Fritz, il est chargé d’une comission difficile. Priez Dieu pour Guillaume que vous avez serré dans vos bras naguère 2) et qui nous revient pour payer aussi de sa personne. Je joins ici la bonne lettre que votre Père a adressé a L.H.P., après en avoir lu lui-même le contenu dans I’assemblée 3). 2 Maart 1793. Aprenant dans ce moment que Guillaume est arrivé, je ne pourrois vous dire que deux mots, ma chère, paree que sans cela je manquerai la poste. Je ne veux cependant pas la laisser partir, sans vous donner signe de vie et vous anoncer I’heureux retour de votre frère, – mais ne I’ayant pas vu encore, je ne puis rien vous dire de plus sur lui -. Nous nous portons tous fort bien ici et a La Haye tout est fort tranquile. Les bombardemens que je vous anongois, continuent en attendant et Maestricht doit être aussi assiégé. Fritz arrivé aujourd’hui avec un renfort a Gorckum. II faudra voir ensuite ce qu’il pourra faire dans cette crise. Mr. de Stamford m’écrit qu’il est arrivé avec la fièvre en Hanovre. Jugé de ce que cela me fait éprouver! Mais ne le distes pas asa femme, si elle I’ignore. Je dois vous quitter, ma chère, étant interrompue, mais pas par ce méchant Guillaume encore. 5 Maart 1793. A peine ai-je vu Guillaume, a peine a-t-il pu me donner de vos nouvelles. II est reparti hier au matin avec le duc d’Yorck pour faire le tour des isles de Dordt, Goeree etc. Ensuite il ira trouver son frère. II est nommé Général en Chef de tout le cordon. Mr. de Kinsbergen comande en chef toute la marine. Mr. de Stamford est ') Weggelaten eenige financieele schikkingen. ‘) Prinses Louise was den Erfprins 23 Februari tot Hanau tegemoet gereisd. s) Zie noot 2 bij pag. 4. arrivé ce matin assez bien portant, quoiqu’un peu fatigué d’un voyage long et trés fatiguant. II ira joindre mes fils demain ou après-demain. II est parfaitement bien disposé et j’en suis fort contente. Son arrivée me fait trés grand plaisir. S’il avoit pu être ici il y a six semaines, nous ne serions pas oü nous en sommes. Mais je ne perds nullement courage. II nous reste bien des ressources encore. Mes amitiés a tout ce qui vous entoure, et è, tout jamais votre fidéle Maman W. 117. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 4 Maart 1793. Une chose que vous devez encore apprendre, c’est de vous accoutumer a savoir refuser les gens qui font des sollicitations indiscrètes; sans cela vous en serez le dupe ou vous vous attirerez toutes sortes de désagrémens. Ceci porte, mon cher, sur le prince de Crooy que vous renvoyez a votre Père et sur Mr. de Quarles qui sera une charge insupportable si vous en faites I’acquisition, car c’est un être ennuyeux et trés désagréable sans aucun mérite militaire que peut-être la bravoure personnelle, et votre idéé de lui confier la caisse militaire ne me paroit pas heureuse. Vous ne le connoissez pas assez pour savoir s’il a pour cela tout I’ordre et I’exactitude requise. Jetrouve que vous feriez mieux de demander quelqu’un au Conseil d’Etat, alors c’est ce Collége qui en est responsable. Mais comme a présent votre frère a le commandement de tout le cordon, peut-être que ce seroit a lui de faire cette demande. Guillaume, vous ayant écrit hier, vous aura dit tout ce qui le regarde, ainsi je ne vous en parle pas. Votre frère étoit fort inquiet de ce que vous pourriez croire, qu’il avoit sollicité ce Commandement Général au-dessus de vous. Je I’ai fort assuré que c’étoit vous faire injure que de vous croire capable de ces petitesses, mais son inquiétude provenoit d’une délicatesse qui lui fait honneur; elle montroit en même tems toute sa tendresse pour vous. C’est une de mes plus grandes satisfactions de voir a quel point vous estes intimement hés ensembles, mes bons enfans. A présent, mon cher, je vais souper. 5 Maart 1793. La honteuse reddition de Geertruidenberg rend nos affaires de plus en plus mauvaises. On dit a présent, que I’ennemi pense a marcher sur Nimègue et a nous attaquer de ce cóté-la. Je suppose que votre frère vous en écrira. On assure aussi qu’il se renforcera du cóté de Grave. Dieu sait ce que cela produira. Je souhaite que tout aille bien, mais je crains beaucoup le contraire. Vous saurez que I’ennemi a quitté Wiüemstadt et que I’on craint une descente du cóté de Buitensluys. Je vous embrasse, mon bon ami. Que Dieu vous bénisse. A tout jamais votre fidéle Maman W. 119. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 5 Maart 1793. Mr. de Stamford et votre cousin l) sont arrivez aujourd’hui et je suis charmé de les voir ici. Votre frère ainé étoit hier a Dort, le cadet a Spyk, prés de Gorkum. Le brave Charles Quint se défend comme un lion et se conduit comme un ange. C’est un excellent officier et brave comme son épée. Je me reproche de lui avoir donné des ridicules. Jusqu’a présent Le Wiüemstadt tient encore malgré le terrible feu des Framjois, Les Gardes Angloises doivent être ce soir a Dordt. Une partie est a Brieüe et une a Hellevoetsluis. Je n’ai sans cela rien a vous mander sinon que je crains, que Geertruidenberg est pris; on le débite, mais il faut attendre la nouvelle positive. Le commandant de Breda a été mené au Prévót hier. II est venu chez moi pour me parler et je I’ai fait arrêter. II doit être jugé. Vous sentez combien cela me fait de la peine de devoir être sévère en vers un homme que j ’ai beaucoup vu. On nous promet encore 3 régimens Anglois. Je voudrois qu’ils y fussent et que nous pussions marcher en avant. Alors je ne craindrois rien, mais une défensive est une terrible chose et on n’a que de désagréables nouveües a attendre. Guülaume commande en chef depuis Nimègue jusqu’a Briüe; il a sous lui Fritz. Mr. de Kinsbergen comande la marine. Je fais ce que je puis, et je vous assure que je puis *) Prins Karei van Nassau-Weilburg was met kolonel Stamford mede gekomen om als volontair dienst te nemen in het Staatsche leger. dire n’avoir presque pas de repos. Je finis en vous assurant que je suis pour la vie votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. De Erfprins was, onmiddellijk na zijn benoeming tot opperbevelhebber van het cordon, vertrokken naar de Dordtsche eilanden, om er de voltooiing der verdedigingswerken te bespoedigen. „Binnen ongelooflijk „korten tijd”, schrijft Van de Spiegel in zijn aanteekeningen De FranscheZaaken in het begin van 1793, „waren de oevers van Holland langs het Bergsche „Veld, de Kil, het land van Strijen, en Flakkee met „zwaare batterijen en een aantal krijgsvolk bezet en de „stroomen met gewapende vaartuigen van allerlei „slag” l). 120. De Erfprins aan zijn Moeder. Dordrecht. 7 Maart 1793. (I). Dabord, avant de répondre a vos lettres, ma trés chère Mère, je dois vous tëmoigner la joye que nous causa la nouvelle de la délivrance de Maestricht et de la dëfaite des 2). Ceci nous fait un bien infini et obligera peut-être les Framjois d’abandonner leur attaque sur nos frontières. Ce ne sera qu’en peu de mots que je puis vous remercier, ma chère Mère, des lettres que vous avez eu la bonté de m’écrire. Celle, adressée a Hellevoet, ne m’est parvenu qu’hier. Je suis trés charmé de I’arrestation du général de Byland, quelque peine que cela me fasse pour sa familie, et je me flatte que son procés ne sera pas long. Messieurs de Stamford et Fagel 3) sont heureusement arrivez et leur présence me fait grand plaisir. Le premier vouloit déja repartir hier au soir pour joindre mon frère, mais nous I’avons engagé a rester la nuit, et il reviendra dans un couple de jours de Spyk avec mon frère. II s’est offert a *) Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 214. *) De Oostenrijkers onder prins Josias van Saksen-Coburg hadden op 1 Maart bij Aldenhoven in het Guliksche de Franschen verslagen en daarmede Maastricht ontzet. 3) Jacob Willem Fagel stond den Erfprins als secretaris ter zijde, totdat hij in Juli 1793 werd benoemd tot gezant der Republiek in Denemarken. aller dans quelques jours auprès du duc Frédéric pour concerter quelque opération, et mon intention est de le prier de faire ce voyage. Dans une nécessité urgente je vous prie de bruler mes papiers, mais si le tems y est, il vaudroit mieux de les envoyer a Brunswic. J’ignore encore combien de jours je reste ici, mais je n’en pars point* que la défense de ces isles ne soit achevée. Je me suis cru obligé a cause du danger imminent que nous courions, de rester ici pour presser les travaux, et ma présence a beaucoup augmenté I’activité. 7 Maart 1793. (II). Mr. de Hogendorp *) m’a écrit hier au sujet des païsans a armer le long de la digue et j’ai envoyë a mon frère I’ordre d’armer des païsans sans fixer le nombre ni les endroits, pour lui laisser le champ libre de faire ce qu’il veut. Mais je lui ai envoyë une note de Mr. de Hogendorp a ce sujet et je lui ai fait dire de parler a I’avocat Van Loon au sujet de 400 païsans de Hardinxveld et des environs qui m’ont offert leurs services et s’en reposent sur le témoignage de Mr. Van Loon. Si ma chère Mère veut continuer k m’envoyer les notules de L. H. P., je lui en serai trés reconnoissant et je désirerois bien savoir quelles propositions d’augmentation de 10.000 a 12.000 hommes ont encore eu lieu pendant mon absence et dont il est maintenant question dans les notules. Si les Fran9ois viennent demain 2), nous ferons de notre mieux pour célebrer le 8 Mars dignement avec eux. J’ai fait venir Fritz et Mr. de Stamford ici pour demain, non pour célébrer la fête, mais pour parler d’affaires, car homais le canon de la ville que je tirerai, nous ne ferons pas de réjouissances. Je vous félicite de demain, ma trés chère Mère, et j’ai I’honneur d’être avec un respectueux attachement, ma trés chère Mère, votre trés humble et tout dévoué Serviteur et Fils G. F. Pr. Héd. d’Orange. Comm. Gén. x) Gijsbert Karei van Hogendorp, toen pensionaris van Rotterdam. a) Dumounez had er op gesnoefd, dat hij 8 Maart, den verjaardag van den Stadhouder, in Den Haag zou zijn. 121. Prins Frederik aan zijn Moeder. Het Huis te Spijk. 8 Maart 1793. Permettez, ma trés chère Mère, que j’aye I’honneur de vous faire mon compliment de félicitation a I’occasion d’aujourd’hui. J’espère que nous fêterons ce jour-ci bien des fois et que ce soit a I’avenir dans un tems moins orageux. J’ai été bien agréablement surpris hier au matin. J’allois voir Ie fort de Woudrichem et tout d’un coup, au moment que je m’y attendois le moins, je rencontre’ mon cocher qui me dit que Mr. de Stamford étoit a I’auberge. Je descendis dabord de cheval et eus en effet la satisfaction de I’y voir. II me remit la lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire, ma trés chère Mère, pour laquelle je vous remercie infiniment. Depuis la demière que j’ai eu I’honneur de vous écrire, il ne s’est rien passé de nouveau et aussi dans la situation oü nous nous trouvons présentement, il ne peut rien se passer de fort intéressant, a moins qu’il ne plaise a Messieurs les de nous attaquer; mais aussi dans un cas pareil je vous assure qu’ils auront de la peine a passer, car nous sommes ici dans I’eau jusqu’au col. Certainement, ma trés chère Mère, que la perte de Geertruidenberg est trés grande, mais elle est cependant a réparer; en partie elle est aussi dé ja réparée par les avantages qu’ont eu nos alliés sur nos ennemis, car ceux-ci rendent nos affaires infiniment meilleures 1), surtout si les Autrichiens ont pu passer effectivement la Meuse dans Maestricht, les pour alors, ne pouvant plus se soutenir a la longue dans les Païs Bas Catholiques, courant toujours le risque d’être couppés de chez eux. En général, ma trés chère Mère, j’ailameilleure espérance du monde que tout ira bien, d’autant plus que nous conservons toujours la plus grande tranquilité chez nous, a quoi je ne me suis nullement attendu. Pour dire la vérité, je croyois toujours, que dès que les Frangois entroient dans le pays, qu’il y auroit plus ou moins de bruit dans I’une ou I’autre ville de Hollande, mais j’ai été bien charmé d’aprendre qu’il n’y a rien eu du tout et que tout est aussi tranquile que possible. Adieu, ma trés chère Mère, j’ai I’honneur d’être avec le plus profond respect votre trés humble er trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. X) De overwinning der Oostenrijkers bij Aldenhoven. 122. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 8 Maart 1793. Grand merci, mon cher, de vos bons voeux pour la joumée d’aujourd’hui. D’après ce que m’écrit votre frère, je suppose que vous avez passé la joumée a Dordt auprès de lui, mais votre lettre n’en fait pas mention. Je vous prie, mon cher, d’avoir soin, que lorsque vous avez besoin de quelque chose de Mr. Drevon1), que Bentinck 2) prenne la peine de lui écrire, car il paroit un peu sensible qu’on lui envoye les ordres de bouche par un valet de chambre. Nos gens ne sont pas accoutumés a cela. Moi-même quand je veux quelque chose d’eux, si je ne puis le leur dire, j’écris au moins une petite note et je suis mieux servie que par ces messages de bouche. Drevon avoit prié Bentinck de lui écrire, mais il ne I’a pas fait et pour quelqu’un qui veut fonctionner comme adjudant, c’est un défaut de tant craindre de prendre la plume a la main. Drevon n’a pas bien compris le nombre de chariots que vous demandez, et comme il lui faut 4 jours pour procurer les chevaux et pour les trainer, il en envoyera dabord un ou deux avec un attelage de la Cour qui retoumera quand les autres chevaux seront venus. II est vrai, mon cher, que les succès de nos alliés sont venus bien a propos pour faire une diversion favorable dans nos affaires; toutes-fois il seroit possible que dans ces momens Dumourier tenta quelque coup désespérez pour se faire jour dans notrePaïsets’y barricader contre les grandes armëes. S’il tente quelque chose de pareil, j’espère qu’il sera bien regu et que le bon Dieu bénira les mesures que I’on prend pour cela! Je désire et je crains le moment oü 1 on agira. Ce qui est certainement fort heureux, comme vous 1 observez, c’est que tout reste tranquile dans Tinterieur. Je ne puis m’empêcher de croire que les nouvelles allarmantes que nous avons revues de la situation intérieure, étoient beaucoup données dans le but de nous effrayer et de nous engager a abandonner la partie. 3) Votre neveu a été chez votre Père ce matin et a eté fort aimable. Tout le monde I’a admiré, en- *) Opperstalmeester van prins Willem V. 2) Hendrik, graaf van Bentinck-Rhoon, adjudant van prins Frederik. *) Weggelaten de vermelding van de opzending van eetgerei. Naber, Correspondentie II 2 tre autres le Pensionaire qui ne I’avoit jamais vu. J’espère que Guillaume vous a dit, que vos byoux sont en süreté? Dieu vous bënisse, mon bon et cher Fritz. A tout jamais votre fidéle Maman W. 123. De Erfprins aan zijn Moeder. Dort. 8 Maart 1793. Ma trés chère Mère, je n’aurai le plaisir que de vous écrire deux mots pour avoir I’honneur de vous marquer que j’ai resu cette nuit votre lettre du 7 du courant et que graces a Dieu nous nous port ons parfaitement bien ici. Je suppose Fritz occupé a se battre; il se flattoit de pouvoir drasser les Francais du Pais d’Althena et de les obliger de quitter les environs de Heusden dont il avoit des nouvelles qu’ils avoient commencé le siége. Mon intention étoit d’envoyer Mr. de Stamford au duc Frédéric pour le concert d’opération et il m’a promis qu’il voudroit bien se charger de cette commission. J’ai envoyé Bentinck a Maestricht féliciter le prince de Cobourg et le prince de Hesse. J’ai commencé a tenir mon journal depuis que je suis ici, et maintenant j’en ai chargé Fagel, dont je suis trés content. C’est avec un respectueux attachement que j'ai I’honneur d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et tout dévoué Serviteur et Fils G. F. Pr. Hd. d’Orange. Comm. Gén. 124. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 10 Maart 1793. Vous nous avez donné un moment d’inquiétude, mon cher ami. Nous vous savions parti de Gorckum et toute la joumée d’hier se passa sans recevoir de vos nouvelles; ce ne fut que ce matin a 6 h. que votre lettre arriva,par laquellevous nous anonce votre heureuse arrivée a Heusden et que Messieurs les Francs n avoient pas trouvé bon de vous attendre dans le Païs d’Altena. Je crois cependant qu’il est toujours bon que vous ayez pu faire un mouvement en avant, et Heusden a présent n’est plus expose. Je 1 espère du moins, car ma science militaire pourroit bien être en défaut. D’après ce que votre frère écrit, je conclus qu’il viendrabien- tót vous renforcer. En attendant, le Correspondant inconnu d’Amsterdam donne derechef des nouvelles fort allarmantes de rintérieur. II prëtend que Dumourier, la rage dans le coeur d’avoir manquë son coup, veut encore coüte que coüte pénétrer en Hollande et y faire une insurrection générale par le moyen des Patriotes. II prëtend que pour sa personne ü a passé la Meuse et qu’il veut faire filer 50.000 hommes de cette manière qui se répandront dans toutes les villes et faciliteront ainsi une explosion générale au moment qu’on s’y attendra Ie moins. Je crois sürement que I’on auroit tort de négliger entièrement eet avis et qu’il faut continuer a prendre des précautions; mais qu’il faut non plusse laisser allarmer, car eet homme nous a dé ja donné tant d informations dans ce goüt Ia qui jusqu’ici n’ont rien produites. Md. de Keiler est partie pour le pais de Clèves avec ses enfans. Son mari I’accompagne jusqu’a Utrecht, dit-il, mais j’ai lieu de croire que c’est jusqu’a Clève. Leur départ inattendu, causé par une terreur panique qu’il n’y a pas eu moyen de détruire, a fait une trés mauvaise impression ici et a donné lieu a de fort sots propos. Je n’en suis pas étonnée et je trouve qu’ils ont trés mal fait. Que Dieu vous bénisse, mon cher ami. Je vous embrasse et suis toujours votre fidéle Maman W. 125. Prins Frederik aan zijn Moeder. Heusden. 10 Maart 1793. Mr. de Stamford se porte extrêmement bien depuis qu’il est avec nous et il a trés bien supporté la marche depuis Woudrichem jusqu ici, qu il a fait a pied comme nous tous, les chevaux n’ayant pu passer que fort tard. J’ai maintenant trés bonne opinion que tout ira bien comme vous vèrez certainement par la lettre que j ’ai écrite a 1 instant a mon Père. Si, comme mon frère me I’écrit, les armees alliees sont a Eindhoven, dans trois jours de marche ils peuvent se porter sur Breda et nos ennemis, étant certainement aussi déja instruit de I’état des choses, se retireront a tems pour ne pas être pris dans le cul de sac oü ils sont a présent. Comme mon frère est maintenant notre Général Commandant, c’est aussi a lui actuellement que je m’adresse pour tout et que je fais présent ement rapport de tout; ainsi mon Père ne doit pas s’étonner de ne plus recevoir d’aussi longues lettres de ma part. 14 Maart 1793. Comme je n’avois plus d’argent, j’ai été obligé d’en emprunter. 1) Je vous supplie, ma trés chère Mère, de me faire la grace de dire a Van Olden de faire payer la somme de 2000 fl. qui est la somme empruntée; vous me rendrez par la un bien grand service. Peut-être que vous serez étonnée, ma trés chère Mère, de ce que je dépense tant, mais cela ne peut être autrement avec les diners que je suis obligé de donner joumaillement, et ceux-ci sont cependant aussi économiques que possible, car le midi je n’ai que 2 plats outre la souppe et le soir trois et pour tout au dessert rien d’autre que du beurre et du fromage. Outre cela mes gens et mes chevaux me coütent excessivément, mais pourvu que I’Etat me rende un jour tout ce qu’il me doit, alors cela n’est rien. Adieu, ma trés chère Mère. Je suis avec le plus profond respect votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. Prinses Louise was 23 Februari van Brunswijk vertrokken naar Hanau en vandaar naar Weilburg voor een samenkomst met den Erfprins. Vervolgens reisde zij naar Frankfort, om in het Pruisische Hoofdkwartier een bezoek te brengen aan haar schoonvader. De brieven, welke zij op dezen tocht aan haar Moeder schreef (die aan haar vader over het jaar 1793 zijn niet bewaard gebleven) zijn teekenend voor de toenmalige toestanden in Duitschland. 126. Prinses Louise aan haar Moeder. Weilburg. 28 Februari 1793. Au moment de mon départ de Brunswic – j’étois justement allé mettre mon mantelet – votre estafette du 18 arriva, ma i) Weggelaten schikkingen om het geleende terstond weder te doen terug betalen uit zijn privé-gelden. trés chère Mere. II ne fut pas en mon pouvoir de la cacher aux compagnons de mon voyage ni au peu d’autres personnes qui étoient présentes 1), vu que par un excès d’attentions le Prince avoit ouvert la lettre, craignant qu’il n’y eüt quelque mauvaise nouvelle, et voulant en ce cas me I’anoncer avec précaution. Je chargeois Mr. de Stamford de vous anoncer Ia réception du paquet, n en ayant pas le tems moi-même, et me mis en route. Si vous désirez savoir des détails sur mon voyage, vous pouvez prier mon Père, ma bonne Maman, de contenter votre curiosité, car je lui en donne de suffisants 2). Guillaume pourra aussi vous parler de moi et de notre entrevue qui fut tout a fait charmante. Quoiqu elle ait ete bien courte, je ne voudrai pas ne point en avoir profitée et je vous assure que je ne me repends nullement du long voyage que j’ai fait pour un jour. D’ailleurs comme le lieu du rendez-vous a changé d’endroit 3), je me trouve en même tems trés agréablement ici. Le Prince est allé passer quelques jours a Francford et je suis restée en ótage. Je n’ai trouvé présens ici de mes anciennes connoissances que mon cousin et sa femme 4), ses trois soeurs ainées étant absentes 5). Marie est a Dierdorff chez sa soeur de Wied qui est malade, et on leur a envoyé une estafette pour les inviter a revenir pour me voir, s’il est possible. Louise est a Greitz. J ai rencontré son mari au milieu du chemin et nous avons fait la belle conversation. Outre la familie nous avons ici la Mère de la Princesse qui est née Reuss et ressemble a son frère No. 13. Elle aime sa fille de tout son coeur et n’a pas voulu la quitter pendant les tems d angoisses qu’elle a passée. Cela paroit une femme de mérite et trés agréable. Son frère et le prince hérédi- ') Zie No. 112. a) Niet aanwezig. ) Het was van Hanau verlegd naar Weilburg. ‘) Frederik Willem, Regeerend Vorst van Nassau-Weilburg, 1768—1816, en Isabella van Hackenburg. s) Namelijk Augusta Maria Carolina, 1764—1802. later coadjutrice en dekanes van het wereldlijk stift Hervorden; Wilhelmina Louisa, 1765—1837, gehuwd met Hendrik XIII, Regeerend Vorst van Reuss-Greitz; Carolina Louisa Frederika, 1770 1828, gehuwd met Karei Alexander Lodewijk, Regeerend Vorst van Wied-Runkel. – -J—J O—va.il Ï»ICU-X\UUKCI. Zie over den kindertijd der prinsessen van Nassau-Weilburg mijne monografie over haar Moeder, Carolina van Oranje, Vorstin van Nassau-Weiiberg, in mijn bundel Prinsessen van Oranje in Duitschland. taire de Schaubourg sont aussi des nótres. Vous savez le prochain manage de celui-ci et je crois, ma bonne Maman, connoissant les vues que vous aviez sur cette jeune fille1), que cela ne vous plaira pas, mals on n’a pu la lui refuser. C’est un bon parti, puisqu’il a I’expectance du Païs de Bernbourg et beaucoup d’argent de celui de Zerbst. D’ailleurs c’est une des bonnes maisons d’AUemagne et commentdire non, quand la jeune fille, chose extraordinaire, n’a point d’antipathie et I’accepte avec joie; sans doute paree que a I’age de 17 ans elle est bien aise d’être indépendante et qu’elle est flattée de trouver un mari tandis que tant d’autres n’en ont point. Les fiangailles se feront demain et le mariage sera remis jusqu’après la campagne 2). Vous saurez sans doute, ma trés chère Mère, que les Frangois ont envoyées des commissaires a Kirchheim 3), pour y faire prêter le serment aux bourgeois et leur faire adopter la Constitution Frangoise, mais les bourgeois s’y conduisent a merveille. Ils ont déclarës qu’ils étoient et resteroient attachés a leur souverain légitime et que, ne connoissant pas cette sublime Constitution, ils demandoient quatre semaines de répit pour I’étudier. Ils espèrent donner par la le tems a des troupes de venir les secourir, et ils sonts décidés a s’armer pour soutenir la bonne cause. Le même esprit paroit s’être emparé de tout ce voisinage et on feroit bien sans doute de profiter de ce moment d’enthousiasme, mais le tout avance bien lentement. Sous une proclamation des Francs on a écrit pendant la nuit a Kirchheim. „Es lebe der Fürst von Nassau!” Ces témoignages d’attachement sonts doublement touchans dans ces momens-ci; aussi mon cousin en pleuroit, tout en craignant en bon Père que ses malheureux sujets ne devinssent les victimes de leur attachement, si on ne les secoure pas a tems. Je loge dans 1 appartement oü Custine a habité, qui est en velours rouge, brode en or. En général on ne remarque pas beaucoup que les Cannibales ont été dans ce cha- 1) Amalia Charlotte Wilhelmina Louisa, 1776—1841, in 1793 gehuwd met Victor 11, vorst van Anhalt-Bernburg Schauburg. s) Zie pag. 25. f pdg. s) Kirchheim-Bolanden in de nabijheid van Kaiserslautem was het kasteel, waar de vorsten van Nassau-Weilburg meer nog dan op hun stamslot Weilburg plachten te vertoeven. Zie mijn monografie Carolina van Oranje, Vorstin van Nassau-Weilburg, teau, si ce n’est qu’on mange sur I’étain, Custine n’ayant pas rendu la vaisselle et le Prince a dü faire bien des retranchemens pour se soutenir. 3 Maart 1793. Nous avons lu hier une gazette d’Utrecht du 21, oü il se trouve une trés bonne réponse a I’infame adresse de Dumourier x) aux Bataves. EUe a excitée I’indignation générale dans cette région du monde et Dieu veuille qu’elle ne fasse aucun effet sur mes compatriotes! Les sujets de mon cousin a Kirchheim se conduisent par continuation comme des anges. Ils ne demandent qu’a s’armer; ils veulent massacrer le peu de gens qui sonts du parti des Jacobins.et ils ont declares que, si on osoit toucher au chateau du Prince, ils se rëvolteroient. Ils ne veulent point entendre panier de prêter Ie serment, et sur ce sujet jusqu’aux sonts de leur avis. Dans un petit village on a enfermé quelques membres de la Municipalite. On les fait voir aux curieux et ils joumaillement 25 coups de baton. Les membres de la Commune de Paris qui etoient a Kirchheim, s’en sonts enfuis furtivement pendant la nuit, et a peine etoient-ils eloignes, qu’on a déchiré toutes leurs publications. Ils ne demandent qu’a être secourus et ils veulent courir sus aux Frantjois et en faire un massacre général. Mais le secours doit être prompt, sans quoi il est a craindre qu’ils n en deviennent les victimes. Les Francs eux-mêmes ont ëté frappés de la conduite des Allemands et surtout de ceux de Kirchheim et ils en ont ecrit a leur Convention. Ceux du Palatinat commencent a murmurer de la neutralité de leur Electeur. Le capitaine Eikemeyer, aussi fameux que son frère3), puisque c’est lui qui a fait qu il manqua de bombes a Mayence, a voulu s’enfuir du Königstein avec de faux passe-ports, signés du Duc et du général Pfau; mais il a ëté pris par un détachement du régiment de Weimar. On I’a J) Zie over het manifest van Dumouriez en het antwoord daarop van de Staten-Generaal in een brief aan de Gewestelijke Staten Blok 111, pag. 663. ’) Het adres namelijk. ’) Rudolf Eikemeyer, vestingbouwkundige, 1753—1625, die, na tevergeefs te hebben geijverd voor een krachtige verdediging van de stad Mainz, onder Custine dienst nam m het Fransche leger, meenende daar ruimer arbeidsveld te kunnen vinden dan bij de slap en verdeeld optredende Geallieerden. enchainé aux jambes et aux bras et les soldats le font voir pour de I’argent a Francford. On a trouvé sur lui 150 louis qui ont été partagés parmi ceux qui l’ont pris. Custine fait chasser de Mayence tous ceux qu’il regarde comme aristocrates, et c’est ainsi que deux malheureux prêtres sonts arrivés a Francfort. J’y vais aussi, ma bonne Maman, oui. Le Roi et le Duc I’ont ordonné. et vous sentez que dès lors il ne peut rien y avoir qui me retienne. Le Prince m’a envoyé hier un estafette, pour me donner ses hauts ordres, et je pars Mardi pour ne passer que deux jours au Quartier General et en rechercher le Prince. II se passera cependant plus de huit jours avant que je pourrai être de retour a Brunswic, et pendant ce tems je n’ose risquer de vous écrire, puisque je sais bien que toutes les lettres sonts retenues a Maesyk, et je nelesécris certainement pas pour Messieurs de la France. Mon mari m’écrit, qu’il loge entre deux belles Dames, la nouvelle Md. de Bischofswerder et la Ritz; cela s’appelle être bien gardé. II a trouvé le Duc trés bien.mais son frère trés maigri et affaibli1). Dès qu’il sera possible on le transportera a Brunswic. Mon cousin m’accompagne a Francfort, voulant saisir cette occasion de parler pour ses sujets, car I’idée de les voir malheureux le chagrine cruellement et leur fidélité exemplaire I’a réjoui au dela de I’expression, d’autant plus qu’il n’osoit s’y attendre, ceux de Saarbrücken s’étant si mal conduits. Ma cousine Marie est revenue tout exprès de Dierdorff pour me voir et Caroline eüt suivie eet exemple, si la pauvre femme n’avoit une maladie qui la tient au lit. Les fiangailles d’Amélie se sont faites dans ma chambre et le plus tranquilement du monde au grand contentement des deux partis qui ne sonts pas mal embarrassés. Mon cousin a si peur que vous soyez mécontente de ce manage et qu’ainsi que mon Père vous ne toumiez le futur un peu en dérision. II m’a priée en conséquence de vous dire que dans ce moment les bons partis sonts si rares, qu’il faut bien prendre ce qu’on trouvé. D’ailleurs la jeune fille qui a beaucoup d’esprit.ne trouvépeut-être pas désagréable d’avoir un mari qu’el- Prins Willem van Brunswijk, die bij de herovering van Francford op de Franschen was gewond. le puisse gouvemer 1). 2) Toute la familie de Weilbourg est a vos pieds. Je m’y prosteme avec elle et j’ai I’honneur d’être avec le plus profond respect, ma bonne et trés chère Mère, votre trés humble et trés obéissante Servante et Fille Louise. 127. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 8 Maart 1793. Lorsque vous serez arrivée aFrancford,on vous aura régalez de toutes les mauvaises nou velles a notre sujet et je crains que cela vous aura effrayez et inquiétez, car vous paroissiezdansune grand sécurité. A présent je vais lacher en peu de mots de vous faire le tableau de notre situation et vous vèrez qu’elle offre encore bien des ressources. II est vrai que Breda est pris, Le Klundert et Geertruidenberg aussi; Le Klundert après une superbe défense, les deux autres places d’une manière honteuse et pas sans soup9on de trahison. Le Willemstadt est bombardé depuis plus de buit jours, mais le digne Charles V qui devient un véritable héros, s’y défend comme un lion et avec toute la simplicité et le calme que vous lui connoissez. II y a apparence qu’il pourra se soutenir. Heusden est aussi inquiétez, mais pas encore attaquez en forme. De tout cela vous pouvez conclure qu’il n’y a guère plus que la rivière entre ') Op 3 Sept. 1793 schreef prinses Wilhelmina aan haar Dochter; „Les bons et en„nuyeux princes d’Anhalt-Schauburg ont été ici; le futur d’Amélie me paroit plus „maussade que jamais. II ra’a dit naïvement qu’il ne savoit pas, comment le manage „s’étoit arrangé si vite; que dans les commencemens il n’y pensoit pas; mais tout k „coup, dit-il, Nous nous sommes trouvés si amoureux. II part, le pauvre objet, sur les „ailes de I’amour et se flatte d’être marié avant I’hiver. Je ne sais, si la pauvre Amélie „est bien du même avis”. Prinses Louise antwoordde hierop, den Ssten September: „Ce que vous me dites de mon futur cousin m’a fait bien rire. Je vous assure que sa „promise a trop d’esprit pour être non seulement amoureux de lui, mais même pour ne „pas sentir tous ses ridicules. Cependant elle n’en fait pas semblant et se conduit avec „lui de fapon qu’elle le gouverne déja a la baguette”. Waarschijnlijk was de prins wat wij thans noemen een psychopaaih, zij het dan een goedaardige. Deze geschiedenis werpt een schel licht op den stand van het huwelijksprobleem aan het einde der 18de eeuw, toen de vrouw het ongehuwde leven nog niet aandurfde en nog moest leeren, hoe vol en rijk het leven der ongehuwde vrouw, ook buiten klooster en wereldlijk stift, midden in de groote samenleving kan zijn; toen de maatschappelijke samenleving er ook nog niet naar was, dat de ongehuwde vrouw er in persoonlijke veiligheid haar plaats kon vinden. a) Weggelaten bericht van gebleken onbetrouwbaarheid van een Nassauschen jongen voor wien prins Willem V en prinses Wilhelmina de opleidingskosten betaalden. I’ennemi et nous; mais cette rivière est couvertedechaloupescannonnières pour Ia défendre, et ce cóté-ci est garni de troupes et de batteries; ainsi on peut se flatter qu’il ne pourroit pas si vite tenter une descente et depuis 2 jours nos espérances sont extrêmement accrues, depuis que le prince de Cobourg a battu les Frangois a platte couture et délivré Maestricht: depuis que Ie duc Frédéric avec les Autrichiens a repris Ruremonde et le fort St. Michel, chassé les de Liége, de Maeseyk, de tous ces cotés et que dans le moment il marche vers Grave. Ainsi, pourvu que nous résistions encore une couple de jours, nous aurons les mains plus libres et Dumourier sera fort a I’ëtroit. II y a toute apparence que nous pourrons résister, depuis que I’amiral Kinsbergen alecommandement en chef de toute la marine et Guillaume celui de tout le cordon depuis Nimègue jusqu’ici. II est encore devant Dordt, logé dans le Yacht, et y restera jusqu’a ce que tous les travaux pour la déf ense soyent entièrement achevez dans les isles et le long des cotes. Sa présence accélère beaucoup I’ouvrage; ensuite ilira joindre Fritz – qui est avec ses troupes a Spyk devant Gorkum, mais qui va voir souvent Guillaume – et alors il faudra voir ce que le Ciel leur inspirera. x) Le duc d’Yorck est aussi a Dordt oü se trouve la plus grande partie des Gardes Angloises sous les ordres du général Lake 2). Voila Mimi et le Petit qui arrivent; je vous quitte pour aller les recevoir. Je n’ai que le tems de fermer cette lettre avant le départ de la poste, cette aimable visite ayant été un peu longue. Papa vous embrasse et vous remercie ainsi que votre Prince des beaux tableaux qui ont trouvé grande appréciation ici. J’ai oublié, ma chère, de vous remercier I’autre fois des bons voeux que vous m’avez adressé pour la fête d'aujourd’hui. Nous ne la célébrons point en gala; on a trouvé que dans ces circonstances il valoit mieux rester tranquile et ne pas perdre son tems aux toilettes, aux audiences et aux cercles. Ainsi la joumée d’aujourd’hui n’offre rien d’extraordinaire; elle ne sera fêtée que dans les coeurs. Je vous embrasse et suis a jamais votre fidéle et tendre Maman W. ‘) Weggelaten bijzonderheden over kolonel Stamford. J) Gerard Lake, 1744—1808. 128. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 9 Maart 1793. Je me trouve en bonne possession de votre lettre du 3. Je suis faché qu’étant a Weilbourg, vous n’estes pas aller voir Oranienstein. II me paroit qu’a votre place je I’aurois fait n’en étant éloigné que de quelques lieues; alors vous auriez pu dire, avoir été dans mon païs et mon ancien patrimoine, celui de Dietz. Je vous remercie pour la bague que vous m’avez envoyé, et pour les tableaux. Vos frères sont a la guerre et moi je dois rester ici, dont j’enrage. Je vois que I’on peut se tromper sur le chapitre des gens. Mr. de Nagelx) des Dragons n’a rien moins que brillé dans Geertruidenberg et Charles Quint, le brave général de Boetselaer, s’est défendu comme un lion au Willemstadt. II faudra, qu’il devienne Lt. Général extraordinairement, tout comme mon cousin de Hesse doit devenir général de Cavallerie; il s’est parfaitement bien défendu a Maestricht. Mais pour Breda et Geertruidenberg, ces défenses font honte. J’en suis faché pour le Lt. général Bedaulx a) qu’a quatre-vingt ans il a manqué de présence d’esprit, mais eet homme est trop vieux pour commander. Mr. de Byland je le plains, mais il faut qu’il serve d’exemple. II est tard. II faut que je finisse. Hier il n’y a pas eu de gala. Je n’ai pas vu de monde et il n’y a pas eu de eerde; on a dinné en familie et soupé a des tables rondes. Voila tout ce qui s’est fait et mon petit-fils m’a fait sa première visite. Ce cher enfant croit a vue d’oeil et devient selon moi fort aimable. Adieu, ma chère, il est tard. Je dois finir en vous assurant de la tendre affection avec laquelle je suis pour la vie votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 129. Prinses Louise aan haar Moeder. Frankfort. 10 Maart 1793. Les bonnes et les mauvaises nouvelles se sonts suivies de bien *) Kapitein van Nagel; hij sneuvelde 11 Juni 1794 bij Warwick. s) Johau Hendrik Bedaulx, commandant van Geertruidenberg. Zie bij Sabron over het in dienst blijven van bejaarde officieren, doordat zij niet konden worden ontslagen of gepensionneerd. prés, ma bonne Maman, et je crois n’avoir pas besoin de vous dire I’effet qu’elles ont faites sur votre Loulou, pour que vous en soyez persuadée. Maintenant mon coeur est plus a I’aise, puisqu’on assu-Te qu’il n’y a plus rien a craindre pour vos Provinces; mals des mauvaises nouvelles venues Jeudi d’Amsterdam I’avoient bien inquiétëe. On disoit les Francs prés de Dordrecht et de Rotterdam; ainsi j’étois persuadée que j’aurois au premier jour la nouvelle de votre fuite; et quelque charme que j’eus eu a vous voir, dans ce moment cela m’eüt paru bien dur. Ajoutez a cela, que j’avoisle malheur de remarquer que tout le monde jettoit la pierre aux Hollandois et ne parloit de leur militaire qu’avec un certain air de mépris; mais maintenant, Dieu soit béni, la carte a changée et leur conduite les relève aux yeux de toute I’Europe. II n’y a que le malheureux Breda. Je me chagrine pour la familie du général Byland de sa conduite foible et bisarre dont je doute qu’il puisse s’excuser. Voila bien des malheureux de ma connoissance depuis mon départ. J’ai cependant I’espérance que tout ira bien a présent. Les ordres sont donnés ici, pour que tous les officiers retournent a leur corps le 15 et le 25 les Dames qui sonts venues voir leur mari, ont ordre de partir. Pour moi je m’en retourne demain matin malgré tous les plaisirs qui se préparent pour la semaine prochaine et auxquels j'étois conviée. Le Roi m’a comblée de bontés durant mon séjour ici et comme je sais que c’est a ma bonne Maman que j’en suis redevable, je la supplie de lui en présenter I’homage de ma reconnoissance. II m’a non seulement dit les choses les plus gracieuses, mais il m’a encore fait visite dés le lendemain de mon arrivée et s’est chargé de me donner a dinner tous les jours ce qu’il n’a fait pour personne, n’ayant même pas vu de femmes chez lui. Avant-hier la garnison prisonnière de Königstein a passé par la ville. II y avoit une foule de monde dans les rues pour voir cela, et pendant que ces malheureux passoient, on les huoit. Je fus sur le balcon du Roi pour les voir et je les trouvois bien déguenillés; et cependant leur air riant et insolent m’a indigné. Ils étoient de toutes les tailles, enfans, vieillards et hommes faits. Au reste il faut dire a leur éloge qu’ils ont servi une mauvaise cause, mais qu’ils se sont conduits en braves gens. Ils se sonts rendus, n’ayant plus d’habits, et le Roi leur a donné des chemises, des bas, des souliers. Toutes les Altesses se portent bien hors mon beau-frère qui dolt avoir considérablement maigri et être trés foible. Je crois que j e I’irai voir demain. Le Duc a maigri, mais il a bon visage. II ne sort presque point et n’a même diné que deux fois chez Sa Majestë. Celui-ci -je parle du Roi – m’a chanté les éloges de Guillaume et cela est presque général ici. On I’a trouvé instruit et posé. Toujours prompt aux affaires sans vouloir s’amuser, avec cela poli et attentif pour tout le monde. Et comme l’esprit frondeur est Vesprit dominant céans, cela prouve doublement pour lui. Les troupes me paroissent de bonne volonté et ne désirer que de combattre. Nos Patriotes qui sonts a Offenbach, se déchainent sans fin et sans cesse contre la Maison d’Orange. Geelvinck x) entre autres devient tout jaunedecolère, quand on lui nomme seulement quelqu’un de ce nom, et ces Messieurs ont levés la tête trés haut quand les mauvaises nouvelles sonts vennes, mais a cette heure ils ont baissés de ton. Adieu, ma trés chère Mère, en voici assez pour aujourd’hui. J’ai I’honneur d’être avec le plus tendre attachement, ma bonne et chère Maman, votre trés humble et obéissante Servante et F'He Louise. 130. De Erfprins aan zijn Moeder. Dordrecht 10 Maart 1793. Je n’ai pas pu arrêter le courier que mon frère a envoyé a La Have, sans quoi je n’aurois pas manqué de vous écrire par cette occasion, ma trés chère Mère; d’ailleurs comme il est porteur de bonnes nouvelles, il falloit presser son voyage autant que possible et ne point I’arrêter inutilement, n’ayant rien de nouveau a vous marquer. Cette nuit a été aussi tranquile que la précédante et jusqu’a présent je n’ai point regu d’autre nouvelle, si ce n’est qu’ils sont fort contents au Willemstadt du secours d’artillerie que je leur ai envoyé. Nous sommes encore bien éloignés de pouvoirchantervictoire et ne pourrons même le faire de si tót; mais il est cependant sur que je crois, quele danger est moins grand qu’iln’aété.et d’ailleurs chaque jour en est un pendant lequel nos travaux avancent. *) Mr. Nicolaas Geelvinck, oud-burgemeester van Amsterdam. 11 Maart 1793. Vos deux lettres du 9 et du 10 me sont fort bien parvenues et je vous en rend milles graces. II n’y a pas grand’chose de nouveau ici et je n’ai point encore des nouvelles de I’expédition de Fritz; mais je sais qu’on a entendu tirer du cóté de Geertruidenberg hier après-midi entre 4 et 5 heures. Le Willemstadt est serré de plus prés, mais je me flatte que le duc Frédéric viendra bientót a notre secours.. *) Le départ du chevalier Keiler en ces circonstances est trés mal vu; même de renvoyer sa familie n'est pas asa place. Je désire qu’ü y ait confusion en France; mais seulement pas trop, car sans cela ceux qui sont vis a vis de nous, n’ayant plus d’espoir de retoumer chez eux, se battront en désespérés. J’ai témoigné au prince de Cobourg et au duc de Brunswic le désir que j’avois d’aller de concert avec eux, et c’est en réponse a ma lettre que le duc Frédéric m’a demandé le collonel2). Je n’ai pas encore réponse du prince de Cobourg oü j’ai envoyé Bentinck avec une lettre de compliment et d’offerte de service en général, mais le porteur n’a aucune instruction de ma part. Le projet de Dumourier de se glisser avec 50.000 hommes en Hollande ne peut être véritable, car on ne se glisse pas avec tant d’hommes dans un pais. J’attends votre réponce au sujet de I’armement des païsans avant de rien faire. La résolution d’Hollande qui m’autorise a armer les habitans, ne m’est point connue; mais dans ce moment-ci cette considération ne m’arrête point, car si nous réussissons a chasser I’ennemi, on aprouvera tout ce que je fais. Si vous aprouvez, je donne la main au projet de Hogendorp d’armer nos païsans; mon intention est de prendre les arrangemens nécessaires avec lui. 13 Maart 1793. Jusqu’a présent tout est bien ici et je crois que les Frangois ont peur de nous; du moins paroissent-ils nous craindre tout autant que nous les craignons ici. Dans peu de jours ce sera décidé. Les Prussiens avancent fortement et j’attends a tout moment des nouvelles du collonel Stamford. C’est avec un respectueux atta- l) Weggelaten bijzonderheden omtrent de zending van kolonel Stamford. a) Stamford. chement que j’ai I’honneur d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et tout dévoué Serviteur et Füs G. F. Pr. Héd. d’Orange, Comm. Gén. 131. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 12 Maart 1793. Je n’ai que de bonnes nouvelles a vous aprendre, ma trés chère Loulou, mals je ne puis vous dire que deux mots. Après les victoires du prince de Cobourg et les succès du duc Frédëric ce demier estmarchéanotre secours et il a fait une telle diligence qu’il arrivé déja aujourd’hui a Bois-le-Duc, oü tout son corps sera rassemblé après-demain. II sera joins par un corps de nos troupes aussi grand qu’on a pu le faire, commandé par Guillaume. Ce demier est toujours encore a Dordt avec le duc d’Yorck et graces a lui et a I’amiral Kinsbergen I’ennemi n’a pas rëussi encore a passer la Meuse et j’espère qu’a présent il en perdra I’envie. Fritz a marché avec son petit corps a Heusden, oü il est heureusement arrivé sans être inquiété par I’ennemi, celui-ci s’en étant éloigné a son aproche. Le brave Charles Quint tient toujours encore, quoiqu’il y a de formidables batteries qui le battent de tous les cótés, et que la moitié de la ville est réduite en cendres. Je désire extrêmement qu’on puisse le sauver. La santé de vos frères et celle de Mr. de Stamford sont trés bonnes. Dites cela asa femme. Ici tout ce qui vous intéresse, se porte aussi trés bien. La demière poste ne m’a rien porté de vous, mais je sais que vous estes arrivée le 5 a Francfort. Que Dieu vous bénisse, ma chère enfant. A tout jamais votre fidéle Maman W. 132. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 12 Maart 1793. Grand merci, mon bon ami, de votre lettre d’avant-hier qui m’est parvenue hier au soir. Dieu veuille que celle-ci vous trouve en bonne santé. On dit ici que vous avez remportez un petit avantage et fait quelques captures proche de Capel. Je désire exécivement d’en aprendre la confirmation par vous-même. Je comprends, mon cher, que, votre frère étant votre commandant, c’est a lui que vous adressez vos rapports; mais ce qui vous regarde personnellement, nous intéresse toujours également et comme votre frère n’a pas le tems d’entrer dans tous les détails, je voudrois bien que vous puissiez en donner un pen davantage, toutesfois sans vous gêner, car je ne veux pas vous tourmenter en exigeant si souvent de vos lettres. * *) Vous saurez sans doute dé ja que le duc Frédéric sera aujourd’hui a Bois-le-Duc et tout son corps aprèsdemain. Le duc Frédéric vouloit un plein-pouvoir pour pouvoir tout faire avec nos troupes, mais cela étoit très-mal vu. Je lui ai écris a I’apuy de la lettre du Prince pour lui faire sentir qu’il doit renoncer a cette idéé; mais le Prince renforce le corps de votre frère et donnera toutes les facilités possibles, pour que tout soit foumi au duc Frédéric. D’ici rien de nouveau, mon cher; tout ce qui vous intéresse, se porte bien. Malgré toutes nos bonnes nouvelles on a encore grand peur d’un coup désespérez de Dumourier; pour moi je ne le crains pas. 14 Maart 1793. Quoique je n’ai rien de fort nouveau a vous dire, mon cher ami, je ne veux pas laisser partir le courier sans vous donner un petit signe de vie et sans vous témoigner, mon cher Fritz, le plaisir que j’airessentie, dece que tout vous réussit si bien et que vos troupes occupent tout le Langestraat. Mais prenez garde aux Patriotes qui y habitent; on m’a avertie que vous deviez être a eet égard sur vos gardes, que I’on avoit tiré d’une maison sur un dragon. On débitoit en ville hier au soir, que vous vous étiez aventuré trop loin et que les Frangois vous avoient pris. Heureusement que je n’ai apris ceci qu’après que nous avons resu de vos nouvelles. J’espère qu’il n’y a rien eu qui ait donné lieu a ce bruit et que vous vous conduisé en homme raisonnable et pas en étourdi. Au reste, mon cher, tout ce que j ’aprens de vous, vous fait honneur. J’ai tout sujet d’en être contente, tant de vous que de votre frère. Que Dieu vous bénisse, mes chers enfans! A jamais, mon cher Fritz, votre fidéle Maman W. x) Weggelaten bijzonderheden omtrent de gezondheid van kolonel Stamford. 133. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 16 Maart 1793. Je n’ai que le tems de vous donner un signe de vie, mais je ne veux pas me refuser cette satisfaction. Vos frères sont fortoccupés dans ce moment de la défence de la patrie. J’aimerois beaucoup mieux être a la frontière qu’ici dans le moment présent, mais on doit être oü votre vocation vous appelle. La crise n’est pas passée, mais les choses sont mieux qu’il y a 8 ou 15 jours. Nous attendons sous peu de jours 2 régimens Munstériens et puis les Hanovriens. Le ducFrédéric est aßois-le-Duc avec les Prussiens. Je compte qu’ils marcheront demain en avant, peut-être sur Breda, et il se pourroit bien que Fntz s’y joignit avec quelques milliers d’hommes des troupes de I’Etat. Enfin on tachera de reprendre ce que I’on aperdu et peut-être que I’on ira un peu en avant après. Mes lettres sont courtes a present, mais je n’ai rien a mander d’ici oü tous les jours sont a peu prés de même. Nous avons eu cette semaine Bedestonden-, ]’y ai été entendre Mr. de la Saussaye. Le brave général de Boetselaer a fait faire hier une sortie qui a réussi, et il a tué 30 Franfois et pris 9 avec un détachement de 45 volontaires de sa gamison, commandés par deux enseignes. Au reste soyez assurée de la tendre affection de votre dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 134. Prins Frederik aan zijn Moeder. Heusden. 16 Maart 1793. Lomme toutes mes trouppes ont marchées aujourd’hui et sont entrees dans de nouveaux quartiers de cantonnement, il y a eu hier et aujourd’hui tout le jour milles choses a penser et a arranger et quantité de personnes a parler, pour que eed puisse avoir lieu. Ce ne seroit rien. si nous marchions avec des trouppes munies de tout. maïs de marcher avec des trouppes qui n’ont presque rien avec dies, cela est bien difficüe. En général cela arrête infiniment les operations. Mon frère m’a envoyé aujourd’hui un rapport du general-major de Boetselaer, oüil rend compte de Ia sortie faitepar lelt. Kolthoff i) et de I’état oü se trouve sa place et sa gamison. Ce ‘) Zie den voorafgaauden brief. Naber, Correspondentie II 3 rapport m’a fait grand plaisir et comme il lui fait beaucoup d’honneur, ainsi qu’a sa garnison, j ’ai chargé Bentinck de le lire ce midi a la société.afin que la gamison de Heusden y prenne exemple. Demain je sortirois enfin de ces tristes environs et je vais établir mon Quartier-Général a Loon-op-Zand. Que je serai charmé de revoir enfin de la terre, car depuis que je suis ici, je n’ai vu que de I’eau. Adieu, ma trés chère Mère, j ’ai I’honneur d’être avec le plus profond respect et un attachement inviolable votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. Op 8 Maart had de Nationale Conventie, die door den ongedachten, heslisten tegenstand der Republiek op de Hoïlandsche waterlinie was verrast en die Dumouriez wantrouwde, dezen gelast, de onderneming tegen Holland op te geven en zich te voegen bij het Fransche hoofdleger in de Belgische Maasprovinciën. Na den gden Maart nog een laatste, opnieuw vergeefsche poging te hebben gewaagd om den overtocht der Holland – sche wateren te forceeren, brak Dumouriez zijn „camp „de castors,” gelijk hij het noemde, op en trok zich geheel van den Moerdijk terug. 135. De Erfprins aan zijn Moeder. Dordrecht. 16 Maart 1793. II m’a été impossible, ma trés chère Mère, de vous écrire ces jours passés, et encore n’ai-je que le tems de répondre succinctement aux articles de vos lettres qui exigent réponce. Avant d’entrer en matière je dois vous prévenir que les Francois font mine de se retirer de I’autre cóté de la rivière; cependant il ne faut pas s’y fier et nous resterons a tout hasard sur nos gardes pendant la nuit prochaine; demain nous aurons des informations certaines sur a quoi nous en tenir. En ce moment nous avons la confirmation de la nouvelle de la retraite des ennemis du cóté du Moerdyck. Je pense que le Bode qui en porte la nouvelle a La Haye, précédera cette lettre de quelques heures. Je I’ai expédié sur le champ. croyant ne pas devoir garder une si grande nouvelle sans en donnerconnoissance. J’espère maintenant être un de ces jours au Willemstadt et que nous pourrons complimenter le général Boetselaer de sa belle défence. Les gasettes disent qu’il est devenu It. général. Comme les lettres de La Haye n'en ont rien dit, je suppose que c est encore a faire, et j'espère que cela aura lieu immédiatement. En ce moment je regois la bonne nouvelle que Le Willemstad! est délivré, et par conséquent cette brave gamison a le prix de sa bonne conduite. Je ne me sens pas de joie, ma trés chère Mère; il m est impossible de vous écrire plus longtems, devant rouvrir ma lettre a mon Père et devant prendre des arrangemens pour la journée de demain. Tout a vous et au comble de joie G. F. Pr. Héd. d’Orange, Comm. Gén. 136. De Erfprins aan zijn Moeder. Dordrecht. 18 Maart 1793. Je n ai recpu aujourd hui aucune nouvelle, ma trés chère Mère, ni de Heusden ni de La Haye, ce qui s’est rencontré fort heureusement, puisque j ai été absent pendant une partie de la journée, voulant aller au Willemstad!; mais cela n’a pas réussi, paree que le vent nous étoit contraire et que les trouppes qui devoient y aller, ne sont pas parties, n’ayant pu être embarqués a tems. J’espère de reprendre cette course, s’ü m’est possible, demain ou après-demain. Recevez, ma trés chère Mère, mes remerciemens des lettres que vous avez eu la bonté de m’écrire jusqu’a présent. J y suis on ne peut pas plus reconnoissant, et je vous prie, ma trés chère Mère, d être persuadée que je vous écris aussi souvent qu’il m est possible. Je profiterai de ce moment pour répondre, s’il m est possible, aux articles de vos lettres qui sont encore restés sans reponse; cependant je n’en réponds pas, car j’avois hier la même intention, mais il me vint pour lors des affaires entre deux qui m’en empêchèrent. Mr. de Stamford est de retour de son voyage a Bois-le-Duc et il m’a écrit pour m’anoncer le succès de sa commission, et j’en ferai rapport a mon Père, vous priant, ma trés chère Mère, de me permettre de vous renvoyer a cette lettre. Je ferai également rapport a mon Père d’une expédition qui avoit été projettée, mals dont I’exécution a été suspendue, paree que le duc de Brunswic Oels n’a rien voulu donner pour soutenir le corps de mon frère, et maintenant il n’en est plus tems. Sürement le Duc sera content de I’artillerie que nous lui donnons; mais je suis obligé de donner connoissance a mon Père, que le nombre des ammunitions qu’on lui accorde, est si considérable que nous ne garderons rien pour nous, puisque non seulement on lui donne tout ce qui étoit préparé pour notre Veldtrein, mais que même nos gens sont obligé de travailler uniquement pour les Prussiens a Boisle-Duc, de sorte que, quand nous en aurons besoin pour nousmêmes, rien ne sera prêt et que nous serons exposés a des reproches de n’avoir jamais rien de prêt1). —Le duc d’Yorck ne pense nullement a retoumer a La Haye, du moins n’en parle-t-il pas. Dumoulin est fort incomodé; même on assure qu’il ya eu danger, n’étant pas présent d’esprit2). —Si nous avons le bonheur de passer au Moerdyck, nous devons former pour le commencement un cantonnement et pour lors ilfaudra travailler les trouppes pour les faire marcher ensemble et les accoutumer a ce qu’ils auront a faire. Mais j’espère que mon Père accordera les demandes que je lui ai fait ce matin par une lettre officielle, puisque sans cela je ne vois pas de possibilité que nous marchions de pair avec les autres armées. Au reste nous ferons de notre mieux et je suis persuadé de la bonne volonté de notre armée. La consommation de madère est assurément excessive; pour vous en donner un ëchantillon: aujourd’hui que j ’ai été absent, on n’en abu que 17 bouteilles, la table de 14 couverts, 10 Anglois et 4 Hollandois. Quant a moi, je ne contribue pas a la dépense de madère, car je n’en ai pas bu 4 verres depuis que je suis ici. Avec les Anglois je n’ai point de difficultés, paree que, le duc d’Yorck s’en occupant beaucoup, je les laisse faire. II m’est d’ailleurs impossible d’avoir beaucoup de *) Het vervolg van dit schrijven laat duidelijk uitkomen, waar prinses Wilhelmina in haar brieven al niet naar vroeg en dan categorisch antwoord verlangde. 3) De generaal stierf 20 Maart 1793. De Erfprins aan zijn Vader, 21 Maart 1793: „La mort du général Du Moulin m’a fait beaucoup de peine. C’est une per te irréparable „pour I’Etat et surtout dans les circonstances présentes. Je le regrette infiniment et „principalement pour mon particulier c’est une grande perte”. démêlés avec eux, puisqu’ils ne parlent presque pas Frarupois *). Je ne crois pas, ma chère Mère, que je pourrai venir de si tót a La Haye, puisque dans les circonstances présentes je ne puis m’absenter d’ici et qu’il s’agit de faire un mouvement en avant. L’artillerie qui étoit a Maestricht, ayant été accordée au prince de Cobourg, je suppose qu’il ne désire maintenant plus d’artillerie; ainsi je n’ai rien arrangé a eet égard. N’ayant point encore regu de résolution du Conseil d’Etat au sujet de mes gages extraordinaires 2), j’ignore encore au juste ce qui aura lieu a eet égard, et je ne puis par conséquent pas encore donner de liste a mon Pèré des personnes a employer. 22 Maart 1793. Mon Père m’a remis 3), ma trés chère Mère, la lettre dont vous 1 avez chargé pour moi; recevez-en mes remerciemens et I’assurance du plaisir que j’aurai de vous revoir; mais il n’est presque pas possible, ma trés chère Mère, que vous alliez d’ici au Willemstadt, le chemin étant impraticable. Ainsi j’ose prendre la liberté de vous proposer d’aller directement de Rotterdam a Buitensluis. J’ignore ce que les experts diront, mais j’ose bien représenter que, si votre intention est de voir Le Willemstadt et Dort en un jour et d’être de retour a La Haye dans la nuit d’après, la toumée est beaucoup trop forte pour la Princesse; et quoique je serai toujours charmé de la voir, je crois que ce sera trés imprudent que d’y risquer sa santé. C’est avec un trés respectueux attachement que j’ai I’honneur d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et tout dévoué Serviteur et Fils G. F. Pr. Héd. d’Orange, Comm. Gén. 137. Prins Frederik aan zijn Moeder. Sprang. 27 Maart 1793. Vous me rendriez un bien grand service, ma trés chère Mère, si ') En de Erfprins kende zeer weinig Engelsch. In de eerste dagen van de ballingschap moest prins Willem V, voor wien het Engelsch de moedertaal was, zelf het verkeer der zijnen met de Engelsche omgeving bemiddelen. *) Voor verplichte open tafel en dergelijke. s) De Prins was te Dordrecht een bezoek aan zijn zoon in diens hoofdkwartier gaan brengen en Prinses Wilhelmina wenschte dit eveneens te doen met het voornemen dan ook Willemstad te bezoeken. vous voulez bien me procurer la grande carte de ce pais par Frix 1), et tont le Quartier Général vous rendroit milles graces, si vous vouliez bien nous envoyer les gazettes, puisque depuis quatre semaines que nous sommes par voye et par chemin, nous ne savons presque den de ce qui se passé dans I’étranger. Demain matin je compte attaquer Geertruidenberg; je me flatte quecette attaque réussira, mais je n’ose en répondre. Cependant par tous mes renseignemens il est plus qu’apparent que les Frangois se retirent vers Anvers, et si cela est vrai effectivement, j’espère qu’ils ne tiendront point longtems. Adieu, ma trés chère Mère, j’ai I’honneur d’être avec le plus profond respect et un attachement inviolable votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. 138. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 2 April 1793. Je me trouve en bonne possession de votre lettre du 27. Depuis ma dernière den de nouveau. Vos deux frères sont devant Breda. Le cadet s’est battu avec les Frangois Jeudi passé 2). Heureusement qu’il a été vainqueur. Ce petit avantage a produit, graces a Dieu, que les Frangois qui s’étoient retirez au Liesbosch, se sont rendus prisonniers de guerre; ainsi on a fait ISO prisonniers 3). J’attends des nouvelles, si les places se rendent sans coup férir ou s’il faudra les attaquer en forme. Cela doit être décidé aujourd’hui; alors la République est délivrée. Les Messieurs Force; Reigersman, Pels van Doorn, Ruyssenaers, qui ont été détenus a Anvers 4), en sont revenus avant-hier au soir. Le corps du brave capitaine Kropff B) *) Fricx, Kaart van de Zuidelijke Nederlanden in 20 bladen. Brussel, 1720. a) Prins Frederik had zich daarbij zoo ver vooruit gewaagd, dat hij door de huzaren van Van Heeckeren midden uit de vijandelijke ruiterij moest worden ontzet. Zie Bosscha, Nederlands Heldendaden te Land, 111, pag. 32. •) De Erfprins aan zijn Vader, 4 April 1793, „Le fils cadet du collonnel Quadt, ou „du moins le 3ième, s’étant trés bien comporté le 29 k I’affaire du Haagje, j’ose prendre „la liberté de vous prier, mon trés cher Père, de lui donner un acte d’officier. II al 2 „ans passé et ce petit bonhomme a fait une marche de 14 heures, après laquelle il est „encore allé de plein gré kla rencontre de I’enuemi et s’y est trés bien comporté”. *) Als gijzelaars. *) J. M. baron van Kropff, commandant van De Klundert, was gevallen, toen hij, na dapperen maar vergeefschen tegenstand in De Klundert, zich had willen doorslaan naar Willemstad; op zijn lijk vond men de sleutels der stad, die hij geweigerd had uit te leveren. est retrouvé. II sera enterré comme s’il avoit été colonel. Nous avons été en dévotion. J'ai été a I’église Hollandoise et votre Mère et votre Belle-Soeur a I’église Frangoise. Hier nous avons tous été entendre Mr. Pantekoek x) de Breda. Le duc d’Yorck est parti avec les Anglois pour Bergen-op-Zoom. Le duc Frédéric marche en avant; tout se rassemblera aux Païs Bas. II se pourroit que je fisse une excursion cette semaine pour Anvers. Si cela est, je partirai après-demain ou Vendredi et je tacherai d’être de retour dans Ie courant de la semain prochaine. Je vous prie de faire mes complimens a votre Epoux et soyez assurée de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectueux Père G. Pr. d’Orange. 139. Prins Frederik aan zijn Moeder. Ginneken. 7 April 1793. Vous aurez sürement appris avec beaucoup de plaisir, ma trés chère Mère, les redditions de Breda et de Geertruidenberg 2). Je crois qu’il n’y a pas d’exemple de quelque chose de pareille que deux villes se soient rendues deux fois dans cinq semaines de tems sans coup férir. C'est bien heureux; mais si la guerre se faisoit toujours de cette manière, il y auroit bien peu de Gloire a acquérir. J’ai été bien surpris en apprenant le changement qui s’est fait dans Mr. de Dumourier3), car il paroit maintenant tout a fait Royaliste. II faut avouer qu’il sait parfaitement se prêter aux circonstances; mais sans les batailles 4), gagnées par le prince de Cobourg, je doute que ce changement se seroit opéré. Au reste, quoi qu’il en soit, pourvu qu’il rétablisse Louis XVII sur le tróne, on lui pardonnera sans doute tout ce qui s’est passé. Après la démarche qu’il vient de faire, je crains qu’il ne nous restera plus rienèi faire a nous. Peut-être bien que nous irons faire une promenade en France, mais je doute que nous verrons encore I’ennemi, ou il faudroit que nous mettions toutesnos trouppes en chariots de poste pour I’atteindre. ') Carolus Pantekoek, geb. 1758; sedert 1794 predikant te Breda. 8) Geertruidenberg en Breda waren beide overgegaan op 4 April 1793. 3) 12 Maart had Dumouriez een beroep gedaan op de Nationale Conventie om een eind te maken aan het revolutionair geweld. 4) Bij Aldenhoven op 1 Maart 1793 en bij Neerwinden op 18 Maart 1793. 8 April 1793. Je n’ai point voulu manquer, ma trés chère Mère, de vous donner connoissance que mon Père et mon frère sont partis hier après midi a 2 heures pour Anvers. Ils sont allé a cheval jusqu’a Zundert et c’est aussi jusques la que je les ai accompagnés. Avec le plus grand plaisir je puis vous anoncer, ma trés chère Mère, qu’on a trouvé hier encore une maison oü vous pourriez loger, si votre intention ëtoit encore de venir ici. C’est une maison qui a appartenue autrefois a mon Père et qui se nomme Bouverey 1). Si vous venez, ma trés chère Mère, je crois que vous feriez mieux de venir après-demain, comme c’est demain le jour que Ia garnison de Breda se mettra en marche et qu’elle passera justement par Ie village du Haagje que vous devez aussi passer, et on ne peut pas garantir qu ils ne fassent du dësordre, car c’est une trouppe de sac et de corde. Ce matin a 8 h. et | la garnison de Geertruidenberg passera par ici, et pour la tenir en ordre, j’ai pris la précaution de mettre tout mon cantonnement sous les armes. Mon Père a dinné hier avec le commandant de Breda, Mr. de la Barrière, et le collonel de génie de la place, Mr. de Tholosé; ce sont les seuls gens raisonnables qu il y a en tout Breda. Vous apprendrez sürement avec beaucoup d’étonnement, ma trés Mère, que Mr. Dumourier, le jeune Egalité, Valence 2) et quatre colonels Fransois sont a Anvers 3); ils y sont arrivés hier. Dumourier avoit voulu engager son armée a arborer de nouveau la cocarde blanche et a marcher droit a Paris pour operer la contre-revolution; mais cela a manqué et craignant d etre massacre, il a ete obligé de suivre I’exemple de La Fayette. Je suis bien curieux de voir, ce que la France deviendra présentement. II n’y a plus personne en état de faire aller la machine telquellement, puisque voici tous les principaux chefs qui l) Bouvenje of Bouvigne, een kasteel in de Baronie van Breda, op de plaats, waar in de 13de eeuw de Heeren van Boevenjen hun slot hadden, gebouwd door J. B. Keerman, eersten Raad van Philips Willem van Oranje, aan dezen verkocht in 1614 en sedert aan de Heeren van Breda verbleven. *) cyrus Marie Alexandre Valence, Fransch generaal, aanhanger van Dumouriez. 3) Na de afwijzing van zijn beroep op de Nationale Conventie, dat deze had beantwoord met hem af te zetten, was Dumouriez in onderhandeling getreden met den prins van Coburg ter gezamenlijke bezetting van België en tot herstel van het koningsschap met Bodewijk XVII. Daar zijn leger weigerde hem te volgen, moest hij zijn heil zoeken in de vlucht naar het vijandelijk kamp. viennent d’émigrer. Adieu, ma trés chère Mère, j’ai I’honneur d’être avec ie plus profond respect et un attachement inviolable votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. 140. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 5 April 1793. Demain votre Pére et Guillaume vont a Anvers pour voir le prince de Cobourg; ils retoument Mardix) et ce même jour j’yrai au Quartier-Généralet ensuite a Breda, quand les Frangois n’y seront plus. Op het kasteel de Bouvrie. 11 April 1793. En effet je suis partie de La Haye a 3 h. de I’après -midi; a Rotterdam je me suis embarquee en Buitenjacht et nous avons fait voile vers Le Willemstad. Le vent et le tems étoient favorables; nous y sommes arrivés le lendemain a 6 h. et \ du matin. Déja a Delft j’avois regue une lettre de Fritz qui me déconseilloit d’arriver au Quartier-Genéral ce jour-la, paree que lagarnison Frangoise devoit sortir de Breda et que I’on craignoit des désordres entre les troupes de ligne et les Gardes Nationales. Au Willemstad! je regus une seconde lettre de Fritz qui m’en envoyoit une du Prince d Anvers, qui me disoit la même chose en des termes plus forts. J avois cependant des raisons de croire, que cette crainte n etoit pas fondee; je savois d’ailleurs que I’on avoit trois fois plus de monde qu il n en falloit pour reprimer les désordres qui pourroient avoir lieu. Je fis ainsi simplement mes réprésentations et j e priois simplement de m avertir en route de I’heure a laquelle les sansculottes sortiroient, afin d’éviter d’arriver justement au même instant et de causer de I’embarras. Après m’être arrêtée le tems qu’il falloit pour voir Le Willemstadt, Le Klundert et Zevenbergen, je continuois mon chemin vers ces quartiers-ci et au Nieuwe Veer je regus un troisième billet de Fritz qui me dit que son Père n’étois pas encore de retour, que son frère étoit arrivé Ia nuit et que la première colonne Frangoise étoit partie le matin en fort bon ordre; que mon logement étoit aussi préparé dans cette maison-ci et que je pouvois arriver quand jele voulois. Jemefélicitoispourlors, *) Naar Breda. d’avoir pris le parti de continuer ma route; jusque a ce moment je craignois d avoir fait une étourderie. En arrivant a la maison de Guillaume au Haagje, votre Père arrivoit justement au même instant de I’autre cóté. Je trouvois vos frères en parfaite santé, gais et contens. Nous dinnames chez Guillaume; I’après-dinné nous vinmes voir mon hotel ici qui est extrêmement joli. J’y suis logee avec ma suite, Mlle de Hompesch et Mr. de Randwyck, et j ’y trouvois dé ja Mr. de Stamford et le quartier-maitre-général Bentmck de la Cavallerie. Ceci est proprement dit le quartier de Fritz, mais comme il auroit été dangereux, si les ennemis étoient restez dans le voisinage, il est resté dans le village de Ginneken tout prés d ici. Votre Père est logé dans une petite campagne appartenant au sous-major Meyer, nommée Zazzard; elle est tout prés du Haagje. Vous voyez ainsi que nous sommes bien éparpillés. Le jour de mon arrivée nous soupames chez Fritz a Ginneken. Vos deux frères ne sont pas grandement logés, mais pourtant assez bien. Hier de grand matin la demière colonne défila; ainsi a présent il n’y a plus de cette engeance dans le pais. Rendons en graces a Dieu. Je ne fus pas la voir, paree qu’on disoit que ce n étoit que le rebut de I’armée. En effet on assure qu’elle ressembloit a la bande de Cartouche. Nous passames notre joumée au Haagje fort agréablement. L’après-dinné nous allames voir Breda, oü il régnoit un mome silence, auquel la honte et la crainte ont sürement beaucoup de part. La ville a peu soufferte, mais le chateau est dans un horrible état. x) Nous fümes ensuite a I’église oü I’on n’a rien óté que les armes de la Maison. Comme le Prince a beaucoup de choses a régler ici pour lesquelles sa présence est nécessaire, nous avons prolongé notre séjour. Je pense pourtant que demain ou après-demain nous retournerons a La Haye. Pour moi je ne suis pas pressée du tout, étant fort bien ici. Au Willemstadt j’ai trouvé le brave commandant toujours le même, parlant avec modestie et simplicité de ce qui s’est passé. Cette ville a beaucoup soufferte, mais outre ce que fait I’Etat nos richards Hollandois ont dé ja tant fait pour elle que bientot elle sera plus opulente qu’elle ne I’a été. J’en dis autant du Klundert, ‘) Weggelaten meerdere bijzonderheden; zie daarvoor den volgenden brief. oü le domage est moindre qu’on le ne I’avoit dit. i) La conférence d’Anvers s’est trés bien passëe et I’on a été fort content les uns des autres. Dans deux jours il marche de nos troupes pour mettre garnison Hollandoise a Anvers, Lillo et Liefkenshoek, ceci a la réquisition des Autrichiens. C’est aussi de I’extraordinaire si I’on repense aux dernières années 2). 13 April 1793. Mr. de Stamford est très-content de Ia manière dont Fritz s’est tiré dans cette petite rencontre 3); mais ü n’attendoit pas moins de sa part. Ni lui ni moi ne craignons que vos frères ne se tirent pas bien de pareilles circonstances et qu’ils ne sachent payer de leur personne. Aussi s’ils n’étoient pas a la tête de J’armée, que par conséquent toute la direction roule sur eux, et cela d’une armee peu aguerrie, je ne craindrois pour eux que les périls ordinaires de la guerre qui dans celle-ci ne seront vraisemblablement pas aussi grands que dans d’autres, et jeserois assez tranquile. Actuellement je crains souvent que la besogne ne soit au-dessus de leur age et de leurs facultés. Dieu veuille que je me trompe. Ce que je puis faire pour leur procurer du secours, je le fais. A tout jamais, ma bonne Loulou, votre fidéle Maman W. 141. Prins Willem V aan zijn Dochter. Prinsenhagen. 11 April 1793. Je ne vous ai pas écrit par la poste passée faute de tems. Voici le Journal de mon voyage. Vendredi après vous avoir écrit, je suis venu au Moerdyck oü j’ai rencontré Mr. de Rhoon 4) avec les Pink')es qui ont été congédiez, n’étant plus nécessaires. Cela faisoit un charmant coup d’oeil. II y en avoit 25 et tout cela a tiré a la fois le canon et quelques autres vaisseaux tiroient de plus loin, ce qui augmentoit l’agrément du spectacle. J’ai trouvé au Nieuwe Veer vos deux frères avec lesquels je suis allé au Haagje souper chezGuillaumeet de la icioix j’ai couché. Lelendemain, Dimanche, ') Weggelaten het bericht van den overgang van Dumouriez. 2) Zie pag. 143. 8) Zie No. 138. ‘) Willem, graaf van Bentinck Rhoon, baljuw van Den Haag. j’ai dü manquer I’église; mais je suis allé d’ici au Haagje et puis par Zundert a Anvers oü j’ai logé chez I’évêque. 1) Je n ai jamais vu tant de mauvaise société qu’entre Anvers etici, ayant trouvé dans mon chemin la garnison de Geertruidenberg et la moitié de celle de Breda qui retoumoient en France. En arrivant au Haagje, je vis venir votre Mère; elle est logee au chateau de Bouvergne, a une lieue d’ici. 2) Hier j’ai vu défiler les Francs sortant de Breda. J’étois a cheval avec Guillaume entre les deux regimens des Gardes qui sont au Haagje avec un escadron d’hussards, commandé par Frans Godard de Lynden 3). Dirk Wouter van Lynden etoit a Beteringen, mais marche aujourd’hui a Zundert. II a fait sa cour a Mlle de Hompesch qui est la seule Dame venue avec votre Mère. Hier au soir nous sommes entrés a Breda, ou je puis dire que nous avons été par la bourgeoisie trés froidement. On a arrete la municipalité et on verra ce qu’il y a a faire. J’ai vu le chateau qui est fort sale, et il y aura bien des réparations a faire pour y pouvoir habiter, mais les tapisseries ne sont point endomagées 4). Au beau tombeau 6) ils ont cassé le nez d une des plus belles statues; mais comme le morceau est conservé, cela peut se racomoder. Dans le Liesbosch ils ont fait quelques degats. Du reste j’en suis quitte a beaucoup meilleur marché que jen avois cru. Soyez assurée de la tendre affection de votre tout dëvoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 142. Prinses Wilhelmina aan prins F reder ik. ’s-Gravenhage. 23 April 1793. -6) Au reste remplacement de tous ces Messieurs au- ) Weggelaten de opsomming der deelnemers aan deze conferentie. Zie over de conferentie zelf Blok 111, pag. 665. ) Weggelaten, de beschrijving van ieders huisvesting; zie daarvoor denvorigen brief. 8) Willem Frans Godard van Lynden, 1764—1818. ) De kostbare wandtapijten, waarop met goud en zijde de graven en gravinnen van Nassau, die Heeren en Vrouwen van Breda waren geweest, te paard waren afgebeeld. Zij zijn in het jaar 1795 met nog zoo veel meer te ’s-Gravenhage in het openbaar verkocht. s) Het praalgraf van Engelbert van Nassau in de Groote Kerk te Breda. ®) Weggelaten den aanhef met opmerkingen over de benoeming van adjudanten, die wat overhaast was geschied. prés de vous deviendra fort difficile, si votre Père ne change pas de sentiment. II ne vent pas proposer que I’Etat vous les paye. II dit que c’est contre I’usage et I’ordre établi; et si vous les payez de votre bourse, ce sera une grande sottise qui dérangera beaucoup vos finances. Tout ceci, mon cher, est un effet de votre goüt d’un cóté pour la dissimulation et de I’autre de votre embarras et de votre condescendance pour les jeunes gens qui vous font des sollicitations et qui flattent votre amour-propre. Vous ne savez pas alors refuser. Je suis fachée de devoir vous dire des vérités désagréables; mais quelle que soit votre position, je ne vous les cacherai jamais. Je dois vous avertir aussi que vous avez eu I’étourderie d’avoir laissé tout plein de papiers et de lettres, même votre portefeuille, dans votre nouveau sécrétaire x) et de ne pas I’avoir ferme a clef; il n’y a que le tiroir a gauche qui le soit; tout le resteest ouvert, même le cylindre qui ferme le tout. Vous sentirez qu’il seroit dangereux de laisser cela ouvert pendant votre absence. Si vous voulez m'envoyer les clefs, je fermerai tout soigneusement. Si vous ne voulez pas cela, je pourrois cachetter tous les papiers et, en en formant quelques paquets, les garder de cette manière. J’attens votre réponse la-dessus. J’ai commandé aujourd’hui pour vous et votre frère des lits d’une nouvelle fagon. Ils sont plus portatifs que les autres. Guillaume les approuve beaucoup et tous les officiers ici les admirent et s’en font faire. Adieu, mon cher ami, que Dieu vous conserve et vous rende toujours digne de la tendresse de votre fidéle Maman W. De Staatsche troepen trokken thans onder bevel van de heide Prinsen naar Vlaanderen, om daar deel te nemen aan de krijgsverrichtingen der gecoaliseerde legers, het Engelsche onder den hertog van York, het Oostenrijksche onder den prins van Coburg, ten einde, al had de Republiek zich niet formeel hij de Coalitie aangesloten, de Franschen te helpen verdrijven uit de Oostenrijksche Nederlanden en vervolgens in Frank- l) Zie pag. 238. rijk zelf de orde te gaan herstellen. De brieven, aanvankelijk vol goede verwachtingen van den nieuw begonnen veldtocht, geven nu verder als een geregeld dagverhaal daarvan en tevens een beeld van het Haagsche hofleven, dat toch ook zijn voortgang hebben moest en dien zomer, als een natuurlijke reactie op de geweldige spanning van den verloopen winter, niet vrij bleef van zekeren toon van uitgelatenheid. 143. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 23 April 1793. Je serai aujourd’hui un peu laconique, ma bonne Loulou; il est tard et j ai encore beaucoup a écrire. Je n’ai pu commencer plus tot, paree que j ai eu Guillaume chez moi et qu’il vient de nous quitter pour retourner au cantonnement, d’oü il se mettra en marche le plus tót qu il pourra. Vous sentez combien le moment étoit intéressant et qu il n’a pu se terminer sans les païsans de Dieren. II y en a eu beaucoup, mais pas avec un excès déraisonnable. Mimi nous donne I’exemple de la raison. Ce n’est pas pourtant qu’elle n’aime tendrement son mari, et lui de son cóté la chérit de même, mais il ne voit dans ce moment que son devoir en vers sa patrie et 1 immense poids qui repose sur lui, et le désir de le porter dignement. Voila les grands objets qui I’occupent principalement. Pour moi qui reste tranquillement ici, séparez de tous mes enfans, qui vois dans peu de jours mes deux fils dans une carrière difficile et dangereuse, je ne puis être tout a fait aussi philosophe. Mais je me confie dans le bon Dieu; j’attends tout de Lui et c’est Ia que je cherche ma force. Nous avons eu de bonnes nouvelles de Fritz, depuis qu’il est en marche; tout alloit fort bien. Hier il avoit un jour de repos a Alost. 1) Vous me demandez, ma chère, ce que I’on fera de la municipalité de Breda? Je n’en sais rien encore. Une commission de la Cour de Brabant y a été envoyez pour examiner cette affaire; en attendant ils ont tous été mit aux arrêts au moment que les ont quitté la ville. *) Weggelaten eenige opmerkingen over de mismoedigheid van Md. de Stamford om de afwezigheid van haar echtgenoot. Le Comité Batave avoit gagné le large, avant que les deux villes eussent capitulées. 27 April 1793. Oui, ma chère Loulou, comptez que je ne vous laisserai pas languir après des nouvellesde ce qui vous intéresse, et en particulier sur vos frères. Tout ce qui leur arrivera d’un peu saillant, vous Ie saurez, bon ou mauvais je vous en ferai part, mais Dieu veuille que je n’aie que du bon a vous apprendre! Depuis hier je n’ai rien appris d'eux, mais je compte dans la journée sur une lettre de Guillaume; pour Fritz il est incertain, s’il aura le tems d’écrire. Je le crois a présent a Ipres ou Menin. II a été enchanté du superbe païsqu’ila traversé, et s’est beaucoup loué du bon ordre que les troupes ont gardé sur la route. Guillaume se mettra en marche dans une 15e de jours ou 3 semaines au plus tard. Auparavant les troupes camperont quelques jours aux environs de Breda, afin de les y accoutumer. Pendant un moment nos Seigneurs et Maitres avoient défendu Ia Kermes et je m’en consolois déja par I’idée qu’également elle ne seroit pas gaye et que ma bourse y gagneroit; mais sur les plaintes des bourgeois de La Haye on a changé d’idée. Elle aura lieu; mais toute espèce de jeux et de spectacles sont sévèrement défendus et nous n’aurons pas non plus nos grands déjeuners; ainsi elle ne sera guère brillante. 2) Hier I’Ambassadrice et ses filles ont passé la soirée chez moi et m’ont chargée de beaucoup de belles choses pour vous. Elles m’ont montré le modèle d’un nouvel habillement que les élégantes de Londres portent. Cela ressemble a une chemise, mais la manière de I’ajuster est si infiniment ridicule et indécente que I’on n’a jamais vu rien de pareil. Je vous en ferez la description, si vous en estes curieuse. Tous les joumaux en Angleterre s’en moquent, mais il paroit réellement que nous vivons dans une constellation oü les trois quarts du genre humain est devenu fou. J’espère, s’il plait a Dieu, ma bonne Loulou, que pareil malheur ne vous atteindrajamais;il y a du moins des genres de folies que je ne crains *) Geertruidenberg en Breda. a) Weggelaten de vermelding van de komst van verschillende vreemdelingen in Den Haag. pas pour vous, Mais chacun asa marotte, dit-on; ainsi nous aurons bien aussi la nótre. Vous voyez, ma chère, que la politique ne m apprend rien; c’est pourquoi je vous entretiens de choses pareilles. 30 April 1793. X – ' w • Avant de repondre a toutes vos questions, je vous donnerai des nouvelles de vos frères et ensuite je reprendrai votre lettre. Mais comme je sors dans une heure, je devrois remettre quelques réponses a une autre fois. Nous avons regus avant-hier de fort bonnes nouvelles de la santé de Fritz; 11 étoit a Oudenarde et marchoit le lendemain pour prendre une position a Menin ou a Tourcoing. Le prince de Cobourg devoit dëcider entre ces deux endroits. Tous les deux sont fort prés de Lilles, oü 11 y a une forte gamison x) mais le prince de Cobourg écrit que Fritz pourra communiquer avec le camp du duc d’Yorck, et il lui donne un colonel Myüus 2) pour I’assister, dont on dit trés grand bien. II aura aussi sous ses ordres un dëtachement de troupes légères Autrichiennes. Dans eet instant arrivent encore des nouvelles de Fritz; il est a Courtray avec le Quartier-Général et détache aussi du monde a Menin. II est trés content du colonel Mylius qui lui est d’un grand secours. La gamison de Lilles n’est pas aussi forte qu’on 1 a dit, mais il est sur que les avant-postes des ennemis sont fort prés et que Fritz pourra bientót trouver de I’occupation. 3 Mei 1793. Je commence cette lettre, ma chère Loulou, par repondre a toutes vos questions. Oui, ma chère, les Rechtem d’Espagne 3) sont toujours des nótres; ils ne savent pas trop comment retourner chez eux tant que la guerre dure. Md. de Staremberg 4) est une femme d’esprit, trés aimable quand on la connoit, et plus on la connott plus elle gagne, dit-on. Pour moi, vous savez que je ne suis pas dans le cas de me her beaucoup avec les Dames du Corps *) Een Fransch gamisoen namelijk. *) Freiherr Anton Ulrich Mylius, 1742—1812. •) Jacob Godfried van Rechteren tot Gramsbergen, gezant van de Republiek in Spanje; te Madrid was hij gehuwd met Donna Ines Maria de Aquerri Yoldi. *) Louise Franciska, vorstin van Aremberg, echtgenoote van den vorst van Stahremberg, Oostenrij ksch gezant bij de Republiek. Diplomatique. Oü je la vois le plus, c’est au thé des Samedis chez l’Ambassadrice, quand j’y vais. Je n’y joue pas et alors Md. de Stahremberg qui déteste les cartes et y joue au plus mal, s’assied d’ordinaire a mes cótés et j’aime beaucoup sa conversation. Mais au premier abord elle se communiqué peu et par la elle acquit une réputation de hauteur que je ne crois pas qu’elle mérite. Avec cela elle a des allures qui ne plaisent pas ici, comme de ne pas aimer le jeu; ensuite elle fait du jour la nuit; elle se couche et se léve trés tard et ne dine pas avant 5 heures et cela fait causer les oisifs. Aussi ne puis-je aprouver ce train de vie; mais encore une fois, ceux qui lavoyent de prés, s’accordent a dire que c’est une femme d’un grand mérite et sürement elle est aimable. L’Ambassaddce en fait grand cas. Son mari a aussi son mérite, mais c’est dans un autre goüt. Ils paroissent fort bien ensemble. Mimi ne s’est liée avec aucune de nos Dames jusqu’ici, excepté les siennes dont elle paroit faire sasociétéfavorite. Cellequeje trouve qu’elle distingue le plus, c’est Mlle de Perponcher 1), ensuite Marie de Reede 2); avec Md. de Keiler aussi je crois qu’elle se lieroit volontiers, si elle la voyoit plus. Avec Md. de Rechteren elle chante souvent des duos, mais cela ne fait pas une liaison. Avec I’Ambassadrice et ses filles Mimi est trés bien, mais sans intimité. Au reste le public est toujours trés content de Mimi; elle devient moins timide qu’elle n’étoit, et cause davantage, ayant une politesse fort aisée et fort aimable. 3) Votre lettre du 27 me prouve que vous estes toujours ma bonne et chère Loulou qui viendrois volontiers chez sa Maman. S’il plait a Dieu, mon enfant, ce bon tems reviendra et quand vous pouvez venir, vous savez bien que nous vous recevrons a bras ouverts. Vous n’avez pas besoin de notre permission; mais d’un autre cóté vous ne devez pas oublier votre position et je ne crois pas que cela feroit un bon effet chez vous, si vous reparliez si vite d’un voyage dans nos contrées. D’ailleurs ‘) Isabella Augusta de Perponcher Sedlnitzky. Zij huwde in 1794 Frederik Adriaan, graaf van der Goltz. a) Maria Wilhelmina van Reede-Ginkel, hofdame van prinses Wilhelmina; het Nieuw Biogr. Wbk. geeft geen data. 8) Weggelaten een karakterschets van prins Karei van Nassau-Weilburg, die thans als volontair bij het Staatsche leger diende. Naber, Correspondentie II 4 vous ne vèriez pas vos frères et ce seroit un grand plaisir de moins. —Le corps de Guillaume campe depuis avant-hier; lui-mêmeest cantonné dans la maison de Mr. de Golofkin a Oosterhout. J’ai en hier une longue lettre de Fritz de Courtray; il me charge expressément de vous faire ses amitiés et de vous dire qu’il vous écrira aussitót que cela lui sera possible. II se portoit a merveüle et avoit pris toutes les prëcautions possibles pour qu’il ne fut pas surpris par I’ennemi. II a des détachemens de ses troupes dans les villes voisines. Partout on a resu nos gens avec une grande joye. Les Flamands, ayant eu tout leur soul des Frangois, craignoient infiniment de les voir revenir. 4 Mei 1793. II y a eu une petite affaire a Menin oü le général Quadt commande. Les ont été repoussés. Fritz a marché de Courtray, mais tout étoit fini lorsqu’il y est venu. II paroit que ce petit mouvement d’un detachement Frangois en avant étoit pour couvrir leur retraite; en effet le camp qui étoit devant Lilles, s’est retiré dans la ville. A Menin la canonnade doit avoir été assez vive, mais personne de nos gens n’ont été tués; on croit que les Franss ont perdu du monde. *) Hier nous avons eu un grand diner pour Mr. de Mercy qui devoit aller en Angleterre, mais qui va présentement a I’armée du prince de Cobourg. Aujourd’hui autre grand diner a I’honneur de Mr. de Boetselaer qui regoit aujourd’hui des mains de votre Père I’épée d’or que les Etats de Hollandelui donnent. Vousvoyez ainsique nousnageons dans les plaisirs. C’est pour nous préparer a ceux de la foire, mais je crois que ceux-la ne seront pas vifs. Elle doit s’appeller Yaarmarkt et pas Kermis. Peut-être ne sentirez-vous pas la sublimité de cette distinction; en ce cas je vous I’expliquerai. Autre plaisir que nous aurons, c’est I’arrivée du prince de Hesse-Cassel. Voilé, votre neveu qui arrivé et qui m’empêche de continuer, sans préjudice pourtant de la tante2) quej’aimeraitoujourségalement,étant a jamais, ma toute chère Loulou, votre fidéle et tendre Maman. W. ’) Weggelaten de beschrijving van een muziekfeest in den Ouden Doelen ter viering van de bevrijding der Republiek. 2) Prinses Louise. 144. Prinses Louise aan haar Moeder. Brunswijk. 1 Mei 1793. Quand on a été pendant quelques tems occupë de grandes affaires, ma trés chère Mère, on a de la peine a s’accoutumer a parler de misères, mais les misères mêmes m’intéressent comme tont ce qui a rapport a ce qui se passé prés de ma bonne Maman. Continuez donc, ma trés chère Mère, a me donner des nouvelles des moindres bagatelles; elles ont un doublé prix en passant par votre plume et je reconnois votre bonté. Je suis par exemple fort curieuse d’avoir la description de I’habillement Anglois dont vous me parlez. Je n’en ai aucune idéé et puisque c’est une folie, je ne I’imiterai sürement pas. Sans doute, ma bonne Maman, chacun a sa marotte, mais sur ce point comme sur bien d’autres nous justifions la fable de la besace et nous avons une poche de devant pour les défauts d’autrui et une de derrière pour nos propres défauts. Peut-être que c’est un bonheur, puisque si nous nous connoissions trop bien nous-mêmes, nous prendrions un dégout contre nousmêmes en nous trouvant bien laids. Pardon, ma chère Maman, mais quand je me mets une fois a raisonner, je me perds dans des espaces imaginaires. Je vous assure que votre Loulou est devenue bien plus raisonnable, bien plus sérieuse et bien plus réfléchissante qu’elle ne I’étoit. Cette dernière année a vieillie son esprit de dix ans et elle est presque misanthrope; mais quand elle reverra sa bonne Maman, son cher Papa et toute sa familie, elle redeviendra gaye et sémillante et elle sera si folie de joye qu’elle mettra sa raison de cóté. Vous n’avez pas d’idées, ma trés chère Mère, des contes que ne cesse de faire votre Achille x). A I’entendre, c’est lui seul qui a sauvé la Hollande; sans lui Cobourg n’eüt rien pu faire et il s’en appelle a vous et a Stamford, dont il fait au reste infiniment d’éloges. Mais il se plaint de tout le reste du monde, hors Fritz cependant qu’il loue beaucoup, I’ayant eu sous ses ordres. J’étois trés préparée a le recevoir comme un des coöpérateurs a la délivrance de la République; mais quand j’ai entendue toutes ces rodomontades, cela m’a hébétée et je n’ai b Hertog Frederik August van Brunswijk Oels, bevelhebber der Pruisische hulptroepen in den afgeloopen veldtocht. plus ssu que dire, car mes louanges auroient été disproportionnées au mérite qu’il s’aproprie. Sa Maman *) I’écoute et I’admire et ainsi font les autres. Veuillez du reste, ma trés chère Mère, garder tout ceci pour vous, et si je me trompe sur son sujet et qu’il ait effectivement tout fait, comme il le dit, daignez m’instruire. II dine aujourd’hui avec sa Mère chez les Bevems2). Nous ne sommes pas de la fête. Nous allons nous en consoler a Minna von Barnhelm 3). Je lis dans ce moment les Fragmens de Politique et d’Histoire par Mercier 4), oü il y a des choses assez intéressantes. Au reste il y a trois gros volumes et je n’ai pas encore achevé le premier. Je n’abandonne pas cependant les Mémoires de Rendorp 5) qui sonts vraiment intéressans en me rappellant des tems, oü j’étois trop jeune pour réfléchir sur les événemens. II paroit en ce livre plus a son avantage que souvent, je crois, dans la réalité et durant les troubles. Ses intentions étoient sans doute pures et droites, mais d’autres enflammoient son caractère violent pour se servir de lui comme du chat qui tire les marrons du feu. Dit is myn sentimentje op die gewigtige materie. Myn Gemaal en de vrouw van Stamford presenteeren U, myn lieve Mama, hunne onderdanigste respect. Ik omhelze Mimi met haar kleine Zoontje en ik verblyve, zeer waardige en zeer beminde Moeder, Uwe ootmoedige en onderdanige Dienaresse en Dogter Loüise. 145. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 4 Mei 1793. Depuis votre départ de I’année passée il y a eu bien des événemens et je ne vous nierai point que pour I’hiver passé je ne suis pas faché que vous n’ayez pas été ici. J’avois assez d’inquiétude pour votre Mère, votre Belle-Soeur et le Petit sans devoir en avoir aussi pour vous, car je vous avoue qu’il y a eu bien desmomens, oü je ne 1) De hertogin-weduwe van Brvmswijk. 2) Van de neven-linie Brunswijk-Bevern. 3) Een der voornaamste drama’s van Gotthold Ephraim Lessing, 1729—1781. 4) Louis Sébastien Mercier, 1740—1814; schreef ook tooneelstukken. De Fragmens etc. verschenen in 1793. 6) J. Rendorp, burgemeester van Amsterdam. Hij schreef Memoriën tot opheldering van het gebeurde gedurende den laatsten Engelschen Oorlog. savois si, en bonne conscience, je pouvois les laisser a La Haye sans savoir notre retraite assurée; et d’un autre cóté j ’étois convaincu que leur dëpart seroit le signal d’une ëmigration générale et quecelaoccasionneroit parmi ceux qui rest eroient, une timidité et une frayeur qui empêcheroient d’agir et ouvriroient le chemin aux Franfois pour s’emparer de la République. Vous voyez par la que ma position étoit bien embarrassante, et quant a moi, je ne pouvoispartir, quoi qu’il arrivat. Je n’ai jamais été plus aise qu’au retour de Guillaume, quand il revint de I’Allemagne, car il devoit avoir soin de sa femme et de son enfant et il auroit été en droit de me le reprocher, si dans son absence je n’avois pas taché de les sauver. Enfin, graces a Dieu, c’est bien allé; mais si I’ennemi étoit parvenu a passer le Moerdyck, tout étoit dit, car une fois entré dansl’isle de Dordt, cette ville auroit dü se rendre. II se trouvoit la beaucoup d’argent, desvaisseauxetleGrandArsenaldelaGénéralité.oü il y avoit entre autres choses au-delade 30.000 fusils. En 24heures ilx) auroit été a Rotterdam et peut-êtrea La Haye. Sans un vent d’Est qui est venu trés a propos le 7 et le 8 de Mars, il auroit pu le faire. Mais la bonne Providence nous a sauvés. Votre frère ainé marche Mercredi pour aller rejoindre Fritz qui est a la frontière de France. Son avant-garde est a Menin. Vous me demandez, si Guillaume a commandé au blocus de Breda ? Oui, mais il y a eu un micmac. Le duc Frédéric de Brunswic Oels a fait sommer la place de Bois-le-Duc et pour cela il a voulu que ses officiers signassent la capitulation avec le comte de Bylant que Guillaume avoit envoyé. II a voulu aussi que la première garde a la Porte de Bois-le-Duc fut des Prussiens; cela s’est fait, mais il n’y avoit qu’environ 200 Chasseurs Prussiens et quelques hussarts, le reste étoit de nos troupes et il n’y avoit pas un Prussien aurestea lOlieuesa la ronde de Breda. Entre nous soit dit, entre le duc Frédéric et Guillaume I’amitié n’est pas grande et je ne suis pas faché que le duc Frédéric soyeparti, car avec ces deux je doute que cela seroit jamais allé. 2). Adieu, je dois finir mon *) De vijand namelijk. 2) Weggelaten berichten, reeds vermeld in den brief van prinses Wilhelmina van 4 Mei. bavardage, ayant peu de tems a moi. Mes complimens è. votre Epoux et a ma füleule et soyez assurée de la tendre affection de votre dévoué et trés effectionné Père G. Pr. d’Orange. 146. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 9 Mei 1793. Vous voulez savoir, ma bonne Loulou, ce que c’est que I’habillement que quelques jeunes femmes Angloises ont adoptez. En voici la description. C’est une espèce de chemise, mais qui monte un peu moins haut que celles que I’on portoit, et on n’est point lacëe sous celles-ci. Prëcisément sous le sein on porte un mouchoir en forme de ceinture, attachée derrière avec un noeud entre les épaules; de la eet habillement va tout d’une venue jusqu’au bas comme un sac, sans marquer la taille. Les manches sont retroussées fort au-dessus du coude et le tout doit être fait d’une étoffe fort souple qui se prête au corps et en prend (ou dessine) la forme. On ne met presque pas de jupes dessus, afin que la figure paroisse mieux en évidence et que I’étoffe fasse I’effet d’une draperie mouillée, selon le terme de I’art pour les sculptures et les peintures que I’on admire surtout dans les statues grecques. Vous comprendrez que eet habillement est horrible pour les personnes laides, mal faites ou vieilles et exécivement indécent pour les jeunes. Aussi I’idée en vient de la femme x) du duc d’Hamilton, ambassadeur a Naples, qui fut jadis sa maitresse, que I’on dit la plus belle créature qu’il soit possible de voir et qui a le talent d’imiter au parfait les attitudes des plus belles statues Grecques et Romaines. Elle se montre dans ces attitudes et porte alors un costume dans ce goüt. Quelques jeunes et jolies voyageuses Angloises I’ont vue et en ont êté si enchantés qu’elles ont fait la folie de I’imiter et ont porté cette mode dans leur patrie, oü quelques autres folies les ont imitées a leur tour; mais on les montre au doigt et les papiers Anglois s’en moquent continuellement. Au reste comme il y a moyen de suivre cette mode l) Amy Lyon, zich noemende Emma Hart (1763—1815), huwde na een zeer avontuurlijk leven lord Hamiiton, Engeisch gezant te Napels. Haar standen naar Grieksche en Romeinsche beelden hadden eene Europeesche vermaardheid. Later kwam zij in betrekking tot den vlootvoogd Nelson. sans adopterce qu’elle a d’indécent, je pense bien qu’on le fera 1), et je crois eet habillement comode mais pas avantageux. 2) Sur Rendorp je suis de votre avis. Notre foire est a peu prés comme les autres années. Mardi nous avons dinnés et soupës chez Mimi; Mercredi je lui ai donné un déjeunë dans la Gallerie de Tableaux pour la mener au Cabinet d’Histoire Naturelle qu’elle n avoit jamais vu, ce qui est un peu impardonnable. Hier nous avons soupé chez Aylva 3) et demain il y a thë et soupé dansant chez I’Ambassadeur. Je crois que nous donnerons aussi une partie de danse Lundi ou Mardi prochain. Tels sont les extraordinaires de la foire. Mimi dine et soupe toujours chez nous et son fils a paru un moment au Voorhout au contentement du public. II étoit charmant, ne faisant que rire tout le tems. 11 Mei 1793. Faute d’autres spectacles le Prince nous a régalez hier d’un Ronsebons 4); je ne sais si vous les connoissez; c’est la plus belle chose que vous puissiez voir. Je vous conseille de vous en régaler a la première occasion. Je fais milles amitiés au Prince et a Wilhelmine et suis a jamais votre fidéle Maman WILHELMINE. 147. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 9 Mei 1793. Je n ai rien de nouveau a vous marquer, si ce n’est que je suis sur mon départ pour aller prendre congez de Guillaume qui marche demain pour les Païs Bas. Dieu veuille que lui et Fritz en reviennent sain et sauf. 11 Mei 1793. Contre tous les rétroactes j’ai voyagé cette semaine B). Je suis parti d ici Mardi matin a 5 heures. Le tems étoit si calme que j ai passé le Moerdyck dans une petite barque, pas plus grande |) Dit kleed werd inderdaad de grondvorm van het mooie Empire-costuum. J) Weggelaten een beschouwing over de meerdere of mindere verdiensten van hertog Frederik van Brunswijk Oels. 8) Hans Willem, baron van Aylva, hofmaarschalk van den Erfprins. *) Noch bij Joh. Hilman, Ons Tooneel, noch bij Dr. J. A. Worp. Geschiedenis van het Drama en het Tooneel in Nederland, heb ik hierover iets kunnen vinden irv mciuvci. iets» Kuimeii vmaen. 6) De Kermisweek. que la main, a rames, ce qui ëtoit I’affaire d’un bon quart d’heure. Je suis allé du Moerdyck a cheval a Oosterhout, oü je suis arrivé a deux heures de I’après-midi. J’y ai diné en arrivant chez Guillaume. Après-diner j’ai montë a cheval pour aller au camp, oü les troupes étoient rangées sous armes devant les tentes, ce qui faisoit un fort bel effet. II y a plus de 10.000 hommes. Je suis retoumé a Oosterhout pour y souper et me coucher, ce que j’ai fait a 10 heures, et j’ai dormi jusqu’a quatre et demie. Ensuite je suis resté jusqu’a 6 heures et demie pour prendre congez de Guillaume qui est parti depuis mon départ. Je suis retoumé a cheval au Moerdyck. Jai ete voir la ligne du Hout1) et les ouvrages des Frangois sur la digue auprès du Moerdyck et jusqu’a Rode Vaert et j ai pu par la me former une idéé du plan de Dumourier qui n etoit fonde que sur la trahison qu’il attendoit de I’intérieur 2). Du Moerdyck je suis retoumé en chalouppe au Stryen Sas et de Ia en voiture ici. Je suis arrivez a 3 heures et demie pour diner, après quoi j ai ete au Bedestond entendre Mr. de la Saussaye. Le lendemain, jour de I’Ascension, nous avons été entendre Mr. Eschauzier. Le soir soupé chez Mr. d’Aylva. Hier j’ai coum la Kermesse et je m en suis donne a coeur joye, n’ayant que ce jour-la proprement a y aller. Aujourd’hui je compte me bomer a faire un tour du Voorhout dans la matinée et un dans la soirée, tan dis que les autres, et surtout la jeunesse, danseront chez mylord Auckland. Votre frère ainé doit rejoindre le cadet Mardi prochain et Jeudi tout le corps sera rassemble, mais en attendant la position de Fritz est un peu critique. Dieu veuille que tout aille bien et que Fritz n’aye point d échec, mais jeseraibienaise, quand je saurai le tout arrivé, ce qui est encore 5 jours, et je n’en pourrai avoir la nouvelle que demain en huit. Ainsi je ne pourrai vous I’écrire que Mardi en *) De linie van Den Hout lag halverwege Breda en Geertruidenberg. !) Na de herovering van Breda en Geertruidenberg moesten tal van magistraatspersonen als schuldig aan landverraad in hechtenis worden genomen; hoe algemeen het verraad was, blijkt ook uit een officieel (dus in het Hollandsch gesteld) schrijven van den Erfprins aan zijn Vader van 1 April 1793: „ook zijn gearresteerd geworden „de drie zoons van den schoolmeester van Zevenbergen, welke geheel en al toegedaau „zijn aan de Franschen en hun op alle mogelijke wijzen de behulpzame hand geboden „hebben. Buiten en behalve dezen is ook nog aangehouden de veerman van ’t dorp „Sand daar Buiten, die alle wegen en paadjes aan de Franschen aangewezen heeft”. huit. N’allez pas vous créer des monstres pour les combattre et vous inquiéter sans sujet. Je vous écris les choses comme elles sont, et sürement je ne les embellis point. Ainsi n’allez pas croire que les choses sont pires que je vous les marqué. Attendez tranquilement les événemens. S’il arrivé quelque chose entre ici et ce tems-la, je vous le marquerai. Je suis faché des succès des Frangois auprès de Mayence; cela les enhardira et les encouragera. Ils attaquent part out. II est vrai que la plupart du tems ils sont repoussés, mais cependant a force d’attaquer il peuvent réussir quelquefois et cela est facheux. J) Nous avons pour tout spectacle a cette foire des Ronsebons; sans cela il n’y a rien è, voir ici.pasmême des animaux; quelques dróles qui font des tours de force dans les rues, c’est tout ce qu’il y a. 14 Mei 1793. Nous avons eu la nouvelle d’une action trés vive entre le génëral Clairfait, le duc d’Yorck et le général de Knobelsdorff 2) et les Frangois du cóté de St. Amand. Les ont eu le dessous, mais les Alliés ont perdu du monde. Guillaume doit être aujourd’hui a Oudenaerden et demain a Courtray; le tout y sera en 3 jours, alors nous sommes en forces. Dimanche j’ai été entendre Mr. Maclaine. Votre Mère et Belle-Soeur I’après-midi Mr. Vemède 3). Samedi il ya eu bal chez I’ambassadeur del’Angleterre. Pendant le bal nous avons été, votre Mère et moi, promener a la foire qui étoit fort brillante. J’y suis retourné après soupé et j’y ai trouvé encore beaucoup de monde entre une et deux heures du matin. II a fait une chaleur a mourir chez I’Ambassadeur. Je n’y ai pas dancé, mais votre Belle-Soeur y adancé. Hier j’ai fait I’inspection des Gardes du Corps qui a fort bien réussi et oh j’ai commandé I’exercice devant votre Mère. Ensuite j’ai été au Grand Marché. Le soir votre Mère et votre Belle-Soeur ont été a la comédie Hollandoise voir jouer Hamlet 4). Nous allons dans I’instant voir la revue des Bourgeois et ce soir peut-être a la comédie *) Weggelaten goede wenschen voor het herstel van den gewonden prins Willem van Bmnswijk. a) Alexander Friedrich von Knobelsdorff, Pruisisch generaal. *) Jacob Henri Vemède, 1734—1808, Waalsch predikant te ’s-Gravenhage. 4) Waarschijnlijk naar de bewerking van A. J. Zubli. Zie Worp. Hollandoise voir De Vrouw nae de Wereltl), joué par Müe Wattié2). Je vous prie d’accepter le petit cadeau que je vous envoie pour votre Kermesse, et vous prie de faire mes complimens au Prince et a Md. de Stamford. Soyez assurée de la tendre affection de votre tout dévouë et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 148. De Erfprins aan zijn Moeder. Hoofdkwartier te Toumay. 24 Mei 1793. Je ne vous ecris que deux mots, ma chère Mère, pour vous annoncer que nous avons emporté hier le village de Bouchain et qu ensuite la ville d’Orchie est tombée entre nos mains par la retraite des Franfois qui n’ont pas osé nous y attendre. Le poste d Orchie sera fortifié en je me flatte que nous pourrons nous y maintenir. Je suis on ne peut plus content de la manière dont nos troupes se sont conduites, et je leur dois des éloges. 29 Mei 1793. J ai honte, ma trés chère Mère, de ne vous avoir pas écrit depuis si longtems et de ne vous n’avoir pas même encore remerciée de la bonté que vous avez eue de m’adresser quelques réflexions 3) sur ma situation, lesquelles j ’ai lu avec un plaisir infini, ayant reconnu a chaque ligne les tendres sollicitudes que ma bonne Maman a pour ses enfants. Je vous assure, ma trés chère Mère, que ces réflexions me serviront de régie de conduite et que je tacherai de me corriger de tous les défauts que vous m’attribuez avec raison- Vous ne sauriez croire, ma trés chère Mère, a quel point je suis occupé; du matin au soir je dois travailler du corps et de I’esprit et je ne perds de tems que le moins possible. Nous avons été deux nuits de suite en allerte, sans que rien n’ait eu lieu. Je vous l) Naar het Duitsch van J. C. Brandès door N. W. Op den Hooff; zie Worp. *) Johanna Cornelia Wattier, 1762—1827; zij huwde in 1801 den architect B. W. Ziesensis. Prinses Wilhelmina aan prinses Louise, 11 Mei 1793; „MUe Wautier a beaucoup de „talent et fait supporter le reste”. Napoleon, die haar bij zijn bezoek aan Amsterdam zag optreden als Phedra, noemde haar de grootste actrice van Europa; hij benoemde baar tot pensionaire van het Théatre Francais met een toelage van 2000 francs ’s jaars. s) Niet aanwezig. envoye aujourd’hui le rédt de ce qui est arrivé a mon frère et a Tourcoing1), au cas qu’il n’y en ait pas encore été d’article dans les gasettes. Je crois, ma trés chère Mère, que cela vaut mieux qu’un bulletin joumalier, car souvent il ne se passé rien ou des choses de si peu d’importance que cela ne vaut pas la peine d’en parler. J’ai été hier a Orchie oü j’ai vu le général Knobelsdorff. J’y ai été complimenté par le magistrat que nous y avons créé, toute la municipalité ayant pris le parti de se retirer, et quandmême elle seroit restée, nous I’aurions suspendue. On est fort content de nous, paree que nous y avons tenu bon ordre et que nous n’avons exigé pour toute contribution que 20.000 livres de pain pour les soldats. 2) C’est avec un trés respectueux attachement que j’ai I’honneur d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et tout dévoué Serviteur et Fils G. F. Pr. d’Orange. Comm. Gén. 149. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 28 Mei 1793. Je vous envoye, ma trés chère fille, deux lettres officielles de Guillaume 3) par oü vous verrez I’avantage qu’il a remporté sur les Frangois 4) le 23. Fritz a avancé en même tems; mais son corps étoit bien foible; il a été attaqué par un grand corps de Fran-9ois beaucoup plus fort que le sien; mais il s’est trés bien battu, les a repoussés, a pris un de leurs canons et puis il est retoumé a son camp de Menin sans être poursuivi. 5) Enfin, Dieu soit loué, mes fils sont de braves gens et qui s’acquièrent une estime générale, a ce que j ’espère. Je suis seulement faché de ne pouvoir les accompagner dans leurs périls, car je suis le seul Prince d’Orange qui n’ai jamais vu le feu. Que dira-t-on de moi dans I’histoire ? l) Zie volgenden brief. 2) Weggelaten opmerkingen over de bevordering van sommige officieren, een betuiging van verontwaardiging over de vrijspraak van een landverrader door het Hof van Holland en een beschouwing over gewisselde diplomatieke stukken. 8) Niet aanwezig. De bewaard gebleven brieven van den Erfprins aan zijn Vader hebben een lacune van 24 Mei tot 6 September 1793. 4) Bij Bouchain en Orchie. Zie vorigen brief. ‘) Weggelaten militaire bijzonderheden. 4 Juni 1793. La situation de mes fils me paroit encore assez critique. Cependant j espère que tout irabien. Je voudrois seulement que leur position fut moins dans I’air. Le poste de Fresnes du corps de Fritz a été attaqué. II s’est replié sur Nieuport. Fritz a marché vers Dixmude pour soutenir son poste d’lpres; Guillaume a détaché entre Courtray et Menin 3 bataillons et un escadron pour soutenir ce poste. Voila les nouvelles d’aujourd’hui. 8 Juni 1793. Jusqu’a présent j’ai tont lieu d’être content de mes fils; je souhaite seulement que I’absence de Mr. de Stamford *) ne leur soye pas nuisible. Guülaume a marché hier vers Tourcoing a ce qu’il m’ëcrit. II va a Menin prendre une position. Fritz est a Ipres; il a repris Fresnes. Dien veuille que tont aille bien a la continue; mais sürement la situation est critique, les Frangois étant enfin vis a vis d’eux. C’est le génëral Custine qu’ils ont en tête; selon les apparences il tachera de faire une diversion pour faire lever les sieges de Conde et de Valenciennes 2). Si ces places étoient prises, je serois plus tranquile. 15 Juni 1793. Je reconnois votre amitië aux soins que vous prenez touchant la pièce de Mr. de Capellen van de Marsch3),afin d’empêcher les mauvais effets qu’elle pourroit faire dans le public. Mais je n’ai pas été son juge. C est la Cour de Gueldres qui I’a condamné et il n’a jamais demandé graces ni aux Etats ni a moi. Ainsi cette affaire n a jamais été entre mes mains et je vous avoue que je trouve comme lui la sentence un peu dure, quand on regarde cequed’autres ont fait que I’on laisse tranquilement demeurer en Hollande, tels que Van Berkel 4), Visscher 5), Zeeberg «) etc. Le fond est Kolonel van Stamford was weder naar Brunswijk terug gekeerd. a) Door de Oostenrijkers. a) Robert Jasper van der CapeUen. heer van de Marsch, was in 1788 als „beroerder „des lands ’ door.het Hof van Gelderland ter dood veroordeeld. Hij was echter nog juist intijds gevlucht en schreef te Duinkerken: Memorie van de Heer van de Marsch bij vonnis van de Heer en van Gelderland den 8 sten Aug. 1788 na de geweldige omkeer der Republiek verwezen tot de straffe des doods (Duinkerken, 1791). 4) Mr. Engelbert van Berckel, pensionaris van Amsterdam van 1772. ' —o—— – toxx pciisiuutuib vdu /vxasieraam van i //Z. ‘) Mr. Carel Wouter Visscher, pensionaris van Amsterdam van 1769-1787 ' . *- , vau AlUSiaUdlU Vaü i/OV-l/ö/. *) Mr. Adriaan van Zeebergh, pensionaris van Haarlem in 1787. qu’il a blessé la hauteur Gueldroise en s’adressant aux Etats de Hollande contre eux, car tant qu’il n’a agi que contre moi, on I’a laissé faire et on a respecté sa qualité de Régent; mais dès qu’il a agi contre les Régens de la Province, on I’a poursuivi en justice. Ainsi c’est a Messieurs de la Cour de Gueldres a défendre leur sentence. Au reste si I’on y fait attention, on verra que ce Monsieur dit lui-même qu’il a été contre la Constitution, lui et son cousin de Poll1), depuis le tems qu’ils étoient a I’Académie; que malgré cela il a prêté le serment de maintenir la Constitution, quoique son dessein étoit de la culbuter, mais qu’il ne pouvoit être Régent sans prêter ce serment, et cela lui fait fort peu d’honneur selon moi. Dans le fond le refus d’un congez d’absence et de vendre la compagnie qu’il avoit achettée a occasionné que j’ai été en disgrace chez lui. Au reste c’est assez vous entretenir sur eet homme. Le prince de Waldeck 2) est mort de sa blessure; je le regrette bien sincèrement, le connoissant comme franc et sincère. 18 Juni 1793. Voici un exemplaire de la lettre de votre frère Guillaume aux Etats Généraux du 13 et des relations des affaires de Waterloo et de Warwick. Vous voyez que vos frères ne sont pas oisifs. Pourvu que le feu ne les emporte pas et qu’ils ayent la prudence requise pour ne pas trop s’exposer. Je serai bien aise quand nous aurons la paix. Mais comment y parvenir? Je I’ignore. Je ne pourrai guères vous envoyer copie de la sentence contre Mr. de Bylant; mais si elle est imprimée, je vous en envoyerai un exemplaire. II y a deux heures de lecture. 23 Juli 1793. La flotte des Indes estdevantleport. J’ailanouvellederarrivée de 3 vaisseauxet je me flatte que les autres seront entrés hier. Ilse pourroit que j’allasse Mardi au Texel pourun couplede jours pour voir les vaisseaux rentrez et presser la sortie des convois pour I’Ouest,maistoutcelan’estpasencoresur. Lundije doisresteraLa Hayeou pour mieux dire ici3) et veiller au bon ordre. C’est le jour *) Johan Derk van der Capellen, heer van de Poll, 1741—1784. 2) Lodewijk, vorst van Waldeck, die in Nederlandschen dienst was. •) Het Huis ten Bosch. oü on prononcera la sentence du comte de Bylant. II est condamné a être dëchu de toutes ses charges militaires et être conduit a Breda, pour qu’on lui passé la le sabre par dessus la tête sur la rempart*) et a être enfermé pour le reste de ses jours. Je lui ai fait graces du sabre, mais cette grace doit lui être lue sur le rempart de Breda et il sera enfermé a Loevestein. Voila un bien triste sort. J’avoue qu’il me fait bien de la peine et que je leplains vusonimmense bêtise et ignorancecomme militaire. II estlavictimedes’êtrefiëauncoquin dont je I’ai souvent averti et qui se tireraprobablement d’affaire. C’est Monsieur Ie Drossaert Van den Borch qui est si fin et si adroit qu il peut faire tous les tours de fripon qu’il veutsans donner prise sur lui. 25 Juni 1793. Je ne suis pas faché que les Mémoires de Rendorp ont paru. Cela ouvrira peut-être les yeux a bien des gens sur ce qui s’est passé, et quoique en général assez impartial quant a ce qui le conceme lui-même, il représente les choses comme de raison du beau cóté. J’ai eu votre Mère, votre Belle-Soeur et toute la société autour de ma table et le Petit sur la table. Cet enfant devient trés aimable et vous savez comme sont les Grands Pères. DAG TANTE Voila de I’écriture de votre neveu. N’est-ce pas beau pour son age ? Soyez assurée de la tendre affection de votre dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 150. Prins Frederik aan zijn Moeder. Yperen. 6 Juni 1893. Je ne saurois assez témoigner ma reconnoissance, ma trés chère Mère, pour toutes les peines que vous voulez bien vous donner pour *) Prinses Wilhelmina aan haar Dochter, 26 Juni 1793. „le malheureux Byland s’est „assez bien tenu avanthier k la lecture de sa sentence et la populace ne I’a pas autant „insulté qu’on le craignoit; seulement au sortir de la voiture une couple de voix ont crié „Landverrader! II a dit k Escury qui I’a escorté jusqu’è. Ysselmonde, que dans son mal„heur c’étoit une grande consolation de ce que le mot in/amie ne se trouvoit pas dans la „sentence. Effectivement je trouve qu’il a raison de se louer de la manière dont on le „traite. II n’y a que la promenade è Breda que I’on eüt pu lui épargner. Ilmesemble „qu’elle ne sert qu’è augmenter son humiliation sans que cette circonstance soit de „quelque nécessité”. faire reussir la négociation de la Courlande 1). Mais si je dois parler franchement, je vous dirois qu’il me paroit que ce n'est pas trop le moment présentement de traiter de choses pareilles, lorsque je cours le risque d’être tué ou estropié d’un jour a I’autre. Cependant j ’ai lu, et qui plus est avec attention, les papiers concemant cette affaire 2) que vous avez bien voulu m’envoyer. En général cela me paroit fort bien; mais je trouve seulement que si je ne puis obtenir la principauté de Sagan en propre, ce mariage ne seroit pas extrêmement avantageux, car dans ce cas-la tout ce que jeprofiteroisceseroitlamoitiédela dotte. Au reste cela me seroit indifférent, pourvu que la Princesse soit jolie et aimable; et aussi si elle ne me plaisoit pas, je vous assure que malgré tout son or je ne la prendrois pas! 10 Juli 1793. Dans la nuit de Dimanche au Lundi nous avons voulu faire une expédition sur Oost-Capelle, mais de notre cóté elle n’a point eu lesuccèsque nous nous en sommes promis.et cela uniquement par un mésentendu. Nous avons cru que la colonne qui devoit attaquer la première et donner le signal, n’avoit point pu passer ou avoit manqué le chemin, n’ayant point entendu du tout son feu. Et comme il commempoit a déja faire jour et quel’ennemi, nousayant remarqués, avoit battu la générale et tiré des coups d’allarme sur *) Prinses Wilhelmina had onderhandelingen aan geknoopt voor een huwelijk van prins Frederik met de negenjarige prinses Catharina Wilhelmina Bénigne, erfdochter van den hertog van Koerland, in de hoop haar zoon daar te zien opvolgen. De raadpensionaris Van de Spiegel, die er in werd gekend, meende, dat in Koerland de Stenden het recht hadden noch om de vrouwelijke linie te doen succedeeren noch om tot de vrije verkiezing van een andere dynastie over te gaan; dat, in geval de mannelijke linie van het regeerende Huis van Biron uitstierf, Polen zoowel als Rusland de hand op het hertogdom Koerland zouden willen leggen. Hij adviseerde dus: „alvoorens iets met „vrugt te kunnen doen, moeten de publyke zaaken aldaar wat opgeklaard zijn”. In een vertrouwelijk briefje aan den Raad de Larrey schreef de Raadpensionaris nog nader: „ik durve het aan niemand zeggen als aan Uw H.E.G.; maar ik beschouwe dit „huwelijk, gelijk het Hollandsch spreekwoord zegt, als een Uyl op een hoogen Boom. „Het blijkt ook, dat Z. H. nog niet gereconcilieerd is met het denkbeeld, dat een „Pnns uit het Huis van Oranje en Nassau een geassortiseerde partij zou doen aan een „Prinses uit het Huis van Biron”. Zijns inziens ware het best, de zaak tusschen de beide moeders te laten blijven. *) Een concept-huwelijksverdrag, dat prinses Wilhelmina in overleg met de hertogin van Koerland had laten opmaken. Verder is de zaak niet gekomen en in 1796 werd Koerland door keizerin Catharina ingelijfd bij Rusland. tous les différens points de son cordon, comme nous I’avions distinctement entendus, il a paru plus prudent de nous retirer sans nous engager; en quoi nous avons trés mal fait, car, si nous avions risqué I’attaque, nous aurions vraisemblablement enlevë tout le poste d’Oost-Capelle et pris deux canons. Cette colonne que nous avons cru perdue, quoiqu’elle ne consistoit qu’en une compagnie de Loudon Verd et une compagnie d’Orange Gueldres a attaquée et chassëe tous les 700 hommes qui y étoient postés, en a tué au dela de 100 et rasé tous les retranchements de I’ennemi. 16 Juli 1793. Si les Messieurs qui ont été dans les Conseils de Guerre de Breda et Geertruidenberg 1), viennent ici, il faudra bien que le reste de I’armée les y souffre; mais cela donnera infiniment de mécontentement.Pour le régiment des Gardes Dragons il est gaté, si le Col. Nagell vient le commander. Je suis presque assuré que la moitié désertera. II est bien sur que, si j’étois officier dans un desrégimens oü sont ces Messieurs, je refuserois de servir avec eux et même je préférerois è. cela de prendre ma démission. Adieu, ma trés chère Mère, j ’ai I’honneur d’être avec le plus profond respect et un attachement inviolable votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. 151. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. Huis ten Bosch. 29 Juni 1793. Ci-joins, mon cher, une liste que votre cuisinier a envoyez cavalièrement de choses qu’il vouloit que nous lui livrassions. Est-ce par votre ordre? Je ne puis le croire, mais je crains un peu que votre ménage se ressent de vos autres occupations et qu’il est passablement en désordre. La plus grande partie de ce que votre cuisinier demande doit se trouver aux endroits oü vous avez été jusqu’ici; d’autres ne sont pas de sa compétence comme le thé, caffé etc.; enfin le transport du tout est trés coüteux et augmente la dépense et puis il auroit dü spécifier la quantité dont il aura besoin, a moins que I’on ne suppose que votre Père doive vous *) Waarin tot de overgave dier beide steden aan de Franschen besloten was. défrayer tout votre ménage et qu’il n’a qu’a demander chez nous pour avoir tout en abondance et sans calculer, commecelavadans notre ménage. Mais je nepuisl’approuver. Votre Pèrevousfoumit dé ja le vin qui est un article trés considérable. Demander au-delè, me paroitrois une indiscrétion. Comme vous estes a présent prés de votre frère, son maitre d’hotel qu’on dit un honnête homme, ne pourroit-il être chargé des achats un peu considérables dont votre cuisine auroit besoin ? ou si cela ne se peut pas, il seroit bon du moins de le consulter sur le prix des choses et sur la quantité dont on a vraiment besoin, car je crois trés nécessaire que le cuisinier aie un controle; ne perdez pas ceci de vue, mon ami. 15 Juli 1793. J’ai encore a vous donner des conseils sur un autre objet. Je pourrois bien être fort mal recu en vous parlant de celui-lè,; mais comme cela ne m’arrête jamais quand je croisquemondevoirme prescrit de vous faire quelque représentation, je ne balance point, mon cher Fritz, a vous dire qu’il m’est revenu de différenscótéset par des personnes dignes de foi, que vous vous exposez trés inconsidérément et la oü vous n’avez rien a faire. Ceci n’est digne de louange sous aucun point de vue et loin d’augmenter I’estime et la considération que vous désirez sans doute mériter, sachez, mon cher, que c’est le moyen de la perdre. Ce n’est pas la la bravoure du Général. Aussi ne lui en sait-on pas gré. En allant courir avec les Huzzards de l’avant-garde, vous montrez seulement que vous estes un Etourdi; et que tout au plus vous estes fait pour aspirer a I’honneur d'être Le Galopin de l’Armée. Quelle confiance inspirez-vous par la dans le poste que vous avez I’honneur de remplir et pour lequel en vérité vous devriez employer tous les momens pour vous en rendre digne? Qu’alliez-vous faire, mon cher, ace fort d’Oost-Capelle? Je vois par votre lettre1) que vous étiez de la partie, et parle rapport de votre frère je vois que c’étoit le major Uz qui commandoit. Vous n’étiez pas la non plus a votre place. Je ne suis qu’une femme, direz-vous peut-être—je raisonne sur tout cela comme une cruche. A la bonne heure. Mais demandez a Mr. de Stamford, demandez-le a tous les officiers qui *) Zie in No. 150 den brief van 10 Juli 1793. Naber, Correspondentie II 5 entendent leur métier, et je demande a vous-même, si c’est conforme aux préceptes et aux conseils que Mr. de Stamford vous a donné ? J’aime a me flatter qu’aussi ces réflexions de votre vieille et radoteuse Maman ne seront pas entièrement mal revues par vous, quand vous prendrez la peine d’y rëfléchir. Prinses Wilhelmina wilde er ook geen genoegen mede nemen, dat haar zoon in gebreke bleef, gevolg te geven aan de door zijn Vader getroffen regeling om hem een chirurgijn toe te voegen. 19 Juli 1793. Ceci me prouve, Mr. Ie General, que vous estes encore prodigieusement enfant et qu’il y a encore bien du vent dans cette tête de 19 ans, n’en déplaise a ceux qui prennent un air gr ave pour un air solide et qui vous font beaucoup plus d’honneur que vous n'en méritez. Je me sentirois humiliée, lorsque j’entendrois de pareils propos, si je devois m’avouer tout bas que I’on me juge sur I’écorce et que je suis loin de les mériter. Dieu veuille qu’il n’en soit pas de même sur beaucoup d’autres articles qui vous concement comme de celui-ci! C’est a votre conscience a vous le dire. Pour moi, je souhaite le mieux, mais par ce que je vois, j ene suis pas encouragée a vous juger favorablement, et c’est sur lesfaitsque je juge, car vos paroles ne m’en imposent pas. Je sais depuis longtems que vous tachez toujours d’y donner une tournure pour vous disculper. Mais en voilé, assez pour le passé. Venons au futur. Vous aurez la bonté d’abord après Ia réception de cette lettre, de faire venir le chirurgienSchmitz-—prévenu depuis longtems que vous le prendrez et vous I’engagerez a votre service sur le même pied que votre frère a pris Genoux pour le tems de la guerre. Ceci doit s’exécuter ponctuellement. —II est heureuxqueje nesoisqu’une femme, car sans cela vous pourriez bien me demander raison de ce que je vous dis vos vérités si crüment, vous qui estes si poinctilleux sur I’honneur, que vous ne voudriez pas servir dans le même régiment que les officiers de Breda et de Geertruidenberg. Au reste a eet égard je ne vous donne pas entière- menttort, quoique vous jugiez un peu vite et sans avoir vu, encoremoinsexaminé.les pièces de leur procédure. Adieu, mon cher, croyez, que quoique je ne vous entretienne pas toujours d’une fagon qui vous plaise, je ne vous en aime pas moins. Ma sincérité est la plus forte preuve que je puis vous donner de ma tendresse et je serai toujours votre fidéle Maman WILHELMINE. 152. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 29 Juni 1793. Le siège de Valenciennes va son train. II faut en attendre Tissue. J’ai eu des lettres avant-hier de vos frères qui alors étoient fort bien. Dieu veuille que cela dure et qu’ilsne soyent ni prisni tuez ni même blessez. Mais je crois qu’ils se fatiguent extrêmement. J’ai parlé hier a un officier, revenu de Tarmée, c’est Ie capitaine Guérin qui étoit adjudant du feu prince de Waldeck 1). II m’a dit avoir vu Guillaume dormir sur la terre sans paille, enveloppé de sa capotte. Je pars pour Le Texel dans ce moment pour presser la sortie des convois. Votre Mère et votre Belle-Soeur viendront après demain. Het Nieuwediep. 1 Juli 1793. Hier j’ai été a Téglise au Helder, puis voir les batteries, le soir lesouvragesdu Nieuwediep. Ce matin j’ai profité du mauvais tems pour travailler et ce soir j ’ai été au Helder a la rencontre de votre Mère. Nous en sommes revenus ensemble a pied. Le coup d’oeil étoit charmant, les vaisseaux tirant et faisant le salut. Voila toutes mes nouvelles. Vos frères se portent bien, graces a Dieu. Ce sont de braves Tun et Tautre. Dieu veuille les conserver ainsi que vous et le reste de ma familie. Soyez assurée de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 153. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Het Nieuwediep. 3 Juli 1793. Je commence cette lettre, ma bonne et chère Loulou, au Yacht l) Zie in No. 149 den brief van 15 Juni 1793. en attendant ma compagnie pour aller aux vaisseaux de guerre ici a la rade. Je la finirai après-demain a la Maison du Bois. Actuellement je vais vous faire la relation de la course jusqu’ici. Nous partimes avant-hier a 5 h. du matin, Mimi, Mlles de Wassenaer et d’Estorff *) et moi dans une voiture, nos 4 femmes dans I’autre. A 10 h. nous arrivames a Adrichem chez Md. de Kinsbergen, a laquelle nous causames une grande frayeur, car elle ne nous attendoit qu’a 11 heures, Aussi la compagnie n’arrivoit qu’a cette heure-la. 2)A9h. nous arrivames ici. Huis ten Bosch. 5 Juli 1793. A présent je vais continuer mon joumal. Le lendemain de notre arrivée au Helder nous allames rejoindre a 8 h. la frégate La Vénus qui devoit nous transport er a I’isle du Texel, vers laquelle nous fimes voile en effet et oü nous arrivames au milieu d’un vent frais et assez fort pour me rendre fort malade du mal de mer. Mimi ne s’en ressentit pas du tout et a tout vu avec le plus grand intérêt. Elle est extrêmement contente de notre course; je n’ai encore rien trouvé qui I’ait autant amusé, et sa douceur et sa complaisance etsagayeténesesontpasaltéréesun instant pendant tout le tems. J’ai logée dans la même chambre avec elle dans le Yacht de la Compagnie des Indes. Nous mimes pied a terre au Texel; nous parcourumes la plus grande partie de I’isle en voiture ouverte et nous y vimes une chose trés curieuse: ce sont un grand nombre de Chinois logés dans Ie fort. Ils ont fait partie de I’équipage des vaisseaux venus nouvellement des Indes et ils retournent par la première occasion dans leur patrie. Nous les avons vus manger, dancer, chanter, écrire. Ils ont pour la plupart I’air de singes et ressemblent parfaitement aux Pagodes et aux figures des écrans. 3) De retour au Yacht nous nous amusames par des simples jeux de notre enfance jusqu’a I’heure du soupé. Le lendemain nous partimes a la même heure en chaloupe et nous allames a bord de deux frégates de 36 pièces, La Wilhelmina 4), *) Sophia, barones van Estorff, hofdame van de Erfprinses. a) Weggelaten de opsomming van genoodigden. *) Ter bekorting is de verdere beschrijving van den tocht over Texel en van den schapenteelt op het eiland weggelaten. ‘) Twee jaren later herdoopt in De Furie. Capt. Haringman x), et L’Argos, Capt. Van Bram 2). 6 Juli 1793. Nous nous remimes en route a 8 h. et après avoir pris un déjeuner dinatoire chez Mr. Archibald Hope et du thé au Bois de Haerlem chez Messieurs les Bourgmaistres de cette ville, nous revinmes ici a 1 h. du matin. La campagne de Mr. Hope est une des plus jolies que je connoisse, absolument dans le goüt Anglois. Cette partie réussit au mieux; il n’y avoit pas la moindre gêne. 13 Juli 1793. Je vous prie, ma chère, de m’envoyer de vos cheveux pour les ajouter a ceux de vos frères dont je fais monter des boucles d’oreille et un médaillon entourés de perles a I’imitation d’une garniture que Md. de Nagel 3) a fait monter a Londres. Je trouve cela si joli que je le fais imiter pour mon jour de naissance. C’est un petit cadeau de vos frères et de vous —si vous voulez —; cela ne sera pas dier. 16 Juli 1793. Samedi nous fümes a Nordwyck voir les roses. Nous partimes d’ici a 4 h. de I’après-midi; nous descendimes a I’auberge, oü nous primes du thé; ensuite nous nous promenames toute la soirée. Le tems étoit superbe et les roses dans toute leur plus grande beauté. Après 9 h. nous primes encore une collation et nous ne revinmes ici qu’après 1 h. et J et nous nous couchames tout de suite. Hier nous eumes du monde et le concert fut dans la Salie 4) pour la première fois cette année. C’est Ia chaleur qui nous y engagea. Je craignois que Mimi ne pourroit pas y chanter, mais elle s’en tira parfaitement bien. Je trouve qu’elle a fait de grands progrès, et elle ne sait plus ce que c’est que la peur. Elle apprend aussi a jouer de Ia harpe, ce qui I’amuse beaucoup. Je regois a I’instant ’) Jan Schreuder Haringman, 1747—1811; hij werd nog datzelfde j aar 1793 omzijn moedig gedrag bij de verdediging van Zeeland Schout-bij-nacht. a) Aegidius van Braam, overl. 1822. 8) Anna Catharina Elisabeth du Tour, 1761—1853, echtgenoote van Anne Willem Carel, baron van Nagell, gezant der Republiek te Londen. Sieraden van gevlochten haar, toen een nieuwtje, zijn bij onze overgrootmoeders en oud-tantes langen tijd zeer geliefd gebleven. *) De Oranjezaal. une lettre de mylord Auckland 4); c’est la première depuis son départ. Ils sont aleur terre, tout campagnards, et paroissent avoir oublié lapolitique.Unbaisé a Milou, mais je proteste contre qu’elle soit votre joujou. Si vous I’aimez, vous ne devez pas la gater et les joujoux d’une Cour deviennent d’ordinaire de tristes personnages. Je vous embrasse, ma chère Loulou, et suis a jamais votre tendre Maman W. 154. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 6 Juli 1793. Jecroiscomme vous, qu’il sera difficile de bien finir cette guerre. On sait comment on commence mais non comme on finit. Le partage des dépouilles, si elle réussit, sera peut-être une nouvelle pomme de discorde. Dieu veuille que non. 13 Juli 1793. Celle-ci n’est que pour vous annoncer que le 10 de ce mois Condé s’est rendu par capitulation et que la garnison s’est rendue prisonnière de guerre. Dieu veuille que ce premier succès soye suivi d’autres succès de plus grande importance et que la paixpuisse bientót renaitre en Europe et y durer de longues années. 23 Juli 1793. Je crois que nous aurons bientót des nouvelles de Valenciennes. Dans I’intérieur de la France tout doit être dans la plus grande confusion. Marata) doit avoir été tué par une fille 3). Je n’ai rien de vos frères mais votre Mère a eu ajourd’hui une lettre de Fritz par le Veldpost. Samedi j’ai été a cheval avec votre Mère faire un tour par devant la Maison de Marlot, revenu par le chemin qui va au Bezuidenhoutsche Wey, et puis par I’allée du Vieux Loo a Voorburg et revenir par 1 ’Oost-Indische Laan. 4) Hier au soir nous avons été a Zorgvliet5), mais je n’y suis venu que fort tard, quasi au clair de lune. Voila tout ce que j’ai a vous marquer d’ici. Faites •) De familie Auckland was naar Engeland teruggekeerd. •) Jean Paul Marat, 1744—1793. •) Marie Anne Charlotte Corday d’Armont, 1768—1793. ‘) Weggelaten bijzonderheden aangaande het gewone Zondagavondconcert. 5) Toen bewoond door Willem, graaf Bentinck, heer van Rhoon. mes complimens au Prince, a ma filleule et soyez assurée de Ia tendre affection avec laquelle je suis, ma trés chère fille, votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 155. Prinses Louise aan prins Frederik. Brunswijk. 28 Juli 1793. Voussaurezdéja, mon bien cher frère, la reddition de Mayence, ainsi que la bataille que le Duo a gagnée sur Houchard.*) Celle-la m’a fait encore plus de plaisir par l’intérêt que je dois prendre au chef. Au reste les dëfenseurs de Mayence se sonts bravement conduits, tout en servant une mauvaise cause, et ils méritoient desortir de la ville avec les honneurs militaires. Ce qui m’enchante, c’est qu’on s’est emparé de tout le canon et des munitions de Messieurs les Clubistes, auxquels on fera payer cher, je me flatte, la fausse libertéetlesdangereuxprincipes qu’ils propagent. Un commissaire de la Convention a voulu signer la capitulation, mais le Roi s’y est opposé, disant qu’il ne reconnoissoit pas ces Messieurs et qu’il ne vouloit traiter qu’avec le génëral. Dieu veuille qu’on traite bientót avec Louis XVII et qu’alors Ia Paix en soit le sujet. Si les Royalistescontinuent a avoir du succès 2), il y a tout lieu de croire que Qa ira, pa ira. Mais quand même on voudroit traiter, comment pourroit-on se fier a un ramas de gueux dont est composée la Convention, qui eux-mêmes sonts sous I’influence du plus bas peuple qui est influencé différemment tous les moments? La prise de Mayence a causé ici une bien grande joye et chacun veut donner des fêtes. La Duchesse Regnante en donnera une publique le 7 Aoüt. La pauvre femme disoit avant-hier que c’étoit le premier jour heureux qu’elle avoit eu depuis le départ de son mari. 3) J’ai resu une lettre du prince de Weilbourg qui me dit qu’il prend beaucoup de part aux succès de nos jeunes Maurice et Frédéric Henri; qu’il ne cesse de penser a eux et que je ne saurois être plus fiére que lui du beau role qu’ils jouent. II s’est toujours attendu, *) Jean Nicolas Houchard, geb. 1740, in 1793 geguillotineerd. *) In de Vendée en in Bretagne. 8) Weggelaten een uitwijding over het Brunswijksche hofleven. ajoute-t-il, de les voir briller avec le tems; mais ils n’avoit osé se flatter qu’ils se distingueroient non seulement par leur courage, carcelui-ladoit leur être inné, mais par leur sangfroid et leur prudence. Le grand Cobourg, dit-il encore, doit lui-même en être enchanté. Dieu veuille nous conserver nos jeunes héros et les préserver de tout malheur. Un grand point de ressemblance que vous avez tous deux avec les héros auxquels on daigne vous comparer, c’est I’amitié qui règne entre vous deux. Elle fera le bonheur et la gloire de votre patrie et de votre familie. Croyez-moi a jamais Loulou. 156. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. Huis ten Bosch. 8 Augustus 1793. D’après votre principe, mon cher ami, de ne pas écrire seulement pour écrire, je vous laisserois bien souvent sans lettres de ma part, car je suis trés rarement dans le cas de vous mander des nou velles fort intéressantes. Même aujourd’hui encore, après vous avoir remercié, mon cher, des bons voeux pour mon jour de naissance, je pourrois fermer ma lettre, si je n’avois pas la bonhomie de croire que bien loin de vous ennuyer par mes lettres, quelque insipides qu’elles peuvent I’être, vous y trouvez un certain intérêt et que vous ne seriez pas content que je cessasse de vous écrire sous le prétexte que je n’ai rien d vous dire. Savez-vous, mon ami, pourquoi je m’imagine cela ? Paree que trouvant un trés grand plaisir a recevoir de vos lettres, en désirant toujours et prenant intérêt aux moindres bagatelles que vous m’écrivez, surtout lorsqu’elles vous regardent personnellement, je serois bien fachée que vous ne me rendissiezpaslapareille. Au reste, mon cher, jevousai déja dit que ce ne sont pas tant des nouvelles que je cherche dans vos lettres que les détails qui vous concement,et si vous aviez un peu plus d’attention a répondre a mes questions, j ’aurois beaucoup a vous en faire sur ce chapitre qui vous foumiroient richement matière a m’écrire. Par exemple vous ne m’avez jamais dit comment vous passez votre tems, quand vous n’estes pas en affaire ni caracolant sur votre béte; et voila cependant ce que je serois charmée de savoir. Si vous estes curieux d’apprendre quels présens j’ai reijue hier1), votre frère pourra vous le dire. Pour moi je vous dirai que le jour a été fêté par un cercle qui ressembloit a tous ceux que vous avez vus a pareil jour; que ce soir je soupfonne une surprise, mais que j ’ignore parfaitement en quoi elle consiste; que demain il y a bal chez Mr. de Keiler et qu’après-demain il y a projet d’une grande partie sur I’eau si le tems est beau. Je vous embrasse, mon cher ami, et suis toujours votre fidéle Maman W. 157. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Huis ten Bosch. 9 Augustus 1793. Milles et milles remerciemens, ma toute bonne et chère Loulou, de vos bons voeux pour le 7 et pour tous vos bienfaits. Vos comissions ont été trés bien faites. J’ai trouvé a mon réveil le grand portrait, votre lettre et votre mouchoir. Vous m’avez fait grand plaisir de m’envoyer comme cela une Loulou en peinture, ne pouvant venir en réalité, et son regard affable et doux pour son digne mari en pensant a sa Maman m’a fait plaisir aussi, quoique je ne sois pas parfaitement contente de la ressemblance. II y a quelque chose de pincé a la bouche que vous n’avez pas. Le haut du visage est bien. La tête de votre cher prince est fort bien aussi, mais je ne suis pas contente de sa figure; elle lui fait tort et il faut qu’il ait beaucoup engraissé si ce portrait est exact. Enfin, tel qu’il est, ce portrait, je trouve I’idée fort jolie et je ne le regarde pas sans attendrissement et je donnerois beaucoup pour vous transporter a sa place. Vous me demandé, oü je le placerai? Jusqu’ici cela n’est pas décidé; il est encore dans mon anti-chambre oü Haag I’a fait placer, mais il ne peut rester la et je ne sais oü il sera le mieux. Je compte consulter Haag la-dessus. Quant a votre mouchoir, ma chère, je le trouve fort joli et il a aussi I’aprobation de Mimi qui travaille dans ce genre. Je comptois m’en parer autour du cou; mais si vous voulez que ce soit a la tête, cela peut aussi se faire. Votre présent des cheveux 2) a trés bien réussi aussi. Je vous marquerai la prochaine fois ce que sera votre quottepart. Votre Père *) 7 Augustus, verjaardag van prinses Wilhelmina. *) Zie in No. 153 den brief van 13 Juli 1793. m’a donné les portraits de vos frères peint sur le même tableau par Le Sage. L’idée est jolie, la ressemblance imparfaite. Mimi m’a donné de la trés jolie porcelaine et son fils un beau bouquet. II a été ce jour-la en jupes courtes pour la première fois a I’exemple de sa tante Loulou qui fut aussi habillée de cette facon a pareil jour. C’étoit pour cela que je I'ai voulue. Hier Mimi m’a donnée une charmante fête a la Vieille Cour que je vous détaillerai demain si j en trouve le tems. Pour aujourd’hui je dois finir, ayant encore furieusement a écrire. 13 Augustus 1793. Paree que je vous envoie ci-joins du bon Drevon 1), vous aurez une idee de la fête du 8. Je tacherai d’ajouter ce qui y manque. En faisant graces aux vers de Drevon, vous conviendrez que la fête devroit être jolie. Mimi ëtoit charmante et a parfaitement récité son compliment avec toute la grace possible. Elle étoit groupée avec ses nymphes et ses najades sur une machine arrangée surl’eau, avec laquelle elle nous a transportës sur I'autre rivage, savoir sur I’isle dans le vivier de la Vieille Cour. II y avoit sur son batiment elle, ses deux Dames et les 4 petits pages avec les deux nègres pour conducteurs. Les autres pages et Drevon formoient Ie reste de la flottille de Thétis, le tout arrangé selon les costumes représentans les fleuves de la Batavie. 27 Augustus 1793. Après-demain nous allons a Helvoetsluis, pour y voir I’escadre qui va mettre a la voile pour la Méditerranée. Mr. Melville la commande et il a lui-même un vaisseau de 74 pièces. Mimi n’en a jamais vu de cette grandeur, Nous nous embarquerons en Yacht a Rotterdam le Vendredi, si tout nous favorise; nous irons a bord des vaisseaux de guerre et le Samedi nous serons de retour ici. C’est la première fois que je vèrai Helvoet et tout ce cóté de Ia Province. 6 September 1793. Ci-joins, ma chère Loulou, vous trouverez une gazette è, laquelle je me réfère pour la relation de notre voyage de Helvoet. J’ajoute qu’a Rotterdam les Bourgmaistres nous ont donné un déjeuné a la *) Niet aanwezig. Menagerie nommé Blauejan que nous voulions voir et qui est la plus jolie chose du monde. Le fond de cette menagerie est celle d’Amershof, maïs je la crois plus considérable et I’arrangement infiniment plus joli. D’ailleurs comme eet homme-ci fait négoce de ces animaux, on peut se les procurer et on y trouve une variation continuelle. Ma menagerie en a été augmentée de trés jolis petits oiseaux et celle de Mimi d’un beau Caquedoux. J’ai aussi un nouveau Loury qui est de toute beauté et parie fort bien. Je vous embrasse, ma bonne Loulou. Je fais mille amitiés au Spozzo et je suis a tout jamais votre fidéle Maman W. De langzame en voorzichtige helegeringstaktiek der Geallieerde Mogendheden, waarmede de Republiek, ofschoon niet officieel verbonden, thans gemeene zaak maakte, zou niet bestand blijken tegen het onstuimige offensief van het door generaal Nicolas Carnot, bijgenaamd le grand Camot, geheel gereorganiseerde Fransche leger, dat, door een levée en masse opgevoerd tot een geestdriftige menigte, onder nieuwe generaals de nieuwe taktiek van den élan, van den aanval volgde. Prins Willem V had trouwens van den beginne ook voor het Staatsche leger een offensief optreden gewild. Zie den brief N°. lig en passim. 158. Prins Frederik aan zijn Moeder. Yperen. 10 Augustus 1793. Vous me demandez a quoi je m’occupe, ma trés chère Mère, mais je m’occupe presque continuellement des affaires de mon poste. La preuve en est que hier au matin j’ai commencé cette lettre, mais qu’on estvenum’interrompreetquejusqu’aaujourd’hui, qu’il est déja 9 h. du soir, il m’a été impossible de la continuer. Cependant il est vrai que j’ai quelquefois des momens de relache, et pour lors je lis ou j’écris; même de tems en tems je fais une partie d’ombre avec le bon vieux Knoch et Bentinck; d’autres fois je joue aussi du violon et même ceci c’est ce qui m’amuse le plus; mais cela n’arrive que tous les huit ou quinze jours. De cette manière je vous assure que je passé mon tems fort agréablement et même que je ne changerois pas pour beaucoup ma fason de vivre présentement. Elle m’est dans le fond bien plus agréable que la vie de la Cour, quoique celle que je mène ici, a pourtant aussi souvent des désagrémens. J’ai eu du moins des momens d’embarras terribles, mais graces a Dieu jusqu’ici je m’en suis tiré encore passablement. Les Francais ont voulu attaquer aujourd’hui mon poste de Poperinghe,mais la patrouille qui est allee a leur rencontre, en a fait au dela de 90 prisonniers parmi lesquels quelques officiers; outre cela il y a eu a peu prés 200 Carmagnoles de sabrés. 21 Augustus 1793. Dans le moment je vais me mettre en marcheetirois aujourd’hui jusqu’a. Courtray. Pour demain je ne sais pas encore moi-même oü je passerois la nuit, mais après-demain je relèverois les Prussiens dans leur position prés de Cysoin. Je marcherois avec 6 esquadrons et 6 bataillons de nos trouppes et outre cela j ’aurois encore sous mes ordres le poste de Lannoy, commandé par le général de Reitsensteinx), et le général de Beaulieu avec 8 bataillons de 16 escadrons Autrichiens, ce qui fera en tout un corps de 14 a 15 mille hommes. Cependant comme j’aurois beaucoup de postes a occuper, je n’aurois den de trop auprès de moi, ayant tout le pais a couvrir depuis Lannoy jusqu’a Marchiennes. Camphen. 30 Augustus 1793. Ma trés chère Mère, depuis I’affaire du 272) tout est de nouveau parfaitement tranquile de ce cóté-ci et je ne supose pas que I’enne- l) Christoph Ludwig Rudolf Reitsenstein, 1736—1796, Oostenrijksch generaal. *) Prinses Wilhelmiua aan haar Dochter, 30 Aug. 1793: „le 27 les Franfois ont atta„qués tous les postes de Guillaume et ceux de Fritz presque au même moment. Par„tout nos troupes ont fait leur devoir. Elles se sont même surpassées; aussi les Fran„?ois ont-ils été repoussés et on leur a pris plusieurs canons. Guillaume y a été lui„ même; il a repris —sijene me trompe Roubais ou Roux que I’on avoit dü évacuer. „Le général Geusau a été obligé de se retirer, ayant a faire a trop forte partie, mais „cette retraite s’étoit faite dans le meilleur ordre; ils avoient fait même des prisonniers „aux Frangois. Fritz avoit eu ft faire aussi k trés forte partie, mais il s’en est heureuse„ment tiré. Guillaume n’avoit pu donner encore les détails sur sou frère, paree qu’il „ne les savoit pas lui-même. D’après les déserteurs et les prisonniers c’étoit tout le „camp de la Magdelaine qui avoit marché contre nos troupes en trois colonnes. Ren„dons graces au Ciel, qu’ll a protégé vos frères et notre cause, car il paroit que c’étoit „une affaire des plus sérieuses”. mi aura encore envie de nous attaquer, puisque nous avons re?u hier un grand renfort d’Autrichiens, ce dont il sera certainement déja instruit. L’affaire du 27 a bien heureusement réussie, mais je vous assure que c’ëtoit beaucoup plus de bonheur que de mérite, puisque j’ai dü combattre dans un terrain qui nous étoit a tous parfaitement inconnu et qui étoit si rempli de buissons qu’on ne pouvoit presque pas voir autour de soi; mais aussi d’un autre cóté ce terrain fourré nous a été d’un grand avantage, car I’ennemi n’a point pu apercevoir notre foiblesse et s’est certainement imaginé qu’il avoit tout le camp de Cysoing contre lui, tandis que nous n’avions que trois bataillons et qui étoient encore bien foibles. Selon ce que disent nos prisonniers, I’ennemi étoit de six a sept mille hommes a I’attaque de Lannoy. Je n’aurois jamais cru qu’il y avoit tant d ordre parmi les trouppes Fran9oises, mais demièrement je les ai vu parfaitement bien déployer et ensuite de nouveau se rompre en colonne. Mais on n’a pas idéé des cris terribles qu’ils font en attaquant, et ils battent aussi continuellement de la caisse. Je crois que c’est pour donner du courage a leurs gens parmi lesquels il y en a certainement beaucoup qui ont besoin d’en recevoir. Ayez la bonté, ma trés chère Mère, de me mettre aux pieds de mon Père, d’embrasser Mimi de ma part et d’être assurée du profond respect et de I’attachement inviolable avec lesquels j’ai I’honneur d’être votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. 159. Prins Willem V aan zijn Dochter. Helvoetsluis. 30 Augustus 1793. Je vous remercie de ce que vous me dites de I’anniversaire de Guillaume. Dien veuiüe le conserver ainsi que Fritz. Je vous envoie deux exemplaires de deux lettres de Guillaume aux Etats-Généraux par lesquelles vous vèrez que lui et Fritz out battu les Frangois Ie 27. Je n en ai pas encore de détails, mais j’ai resu aujourd hui une lettre de Guillaume quim’écrit: Je puis vous assurer que toutes les troupes se sont parfaitement bien conduites et que mon frère mérite que vous lui fassiez un compliment, car il a parfaitement bien agi. Vous pouvez juger du plaisir que cela me fait. Je suis trop heureux d’avoir de si bons enfans. Je voudrois seulement que j’eusse moi-même quelque occasion de montrer que je ne suis pas dégénéré de mes ancêtres. 2 September 1793. Fritz s’est rapproché de Guillaume. Dieu veuille qu’ils puissent se maintenir, mais ils ont affaire a forte partie. Je serai charmé quand Je saurai que Ia jonction est faite et que les troupes de I’Etat sont ensembles. Les troupes sont bonnes et pleines de courage, mais les Frangnis sont de beaucoup plus forts et je crains que nous ne soyons battus en détail. *) Je finis en vous assurant de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 160. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. Helvoetsluis. 30 Augustus 1793. Je profite avec trop de plaisir de la première occasion qui se présente de vous exprimer ma satisfaction des excellens témoignages que Guillaume vient de rendre de vous a son Père. Vous connoissez votre Maman et vous ne douterez pas de la part qu’elle y prens. Personne n’en prend une plus vive et plus sincère a ce qui vous arrivé, mon trés cher Fritz, et ne bénie le Ciel avec plus d’ardeur de vous avoir conservé, soutenu. Veuille-t-Il continuer a vous assister de même a I’avenir! Tout ce que votre frère marqué de la position générale de nos troupes, ne laisse pas de nous inquiéter et nous voudrions que ce misérable Houchard qui paroit derechef avoir donné du courage a cette horde de brigands, fut a cent lieues de vous, car toute la bravoure imaginable peut succomber sous le grand nombre. Huis ten Bosch. 5 September 1793. Bien obligé, mon ami, de votre lettre du 30 Aoüt qui vient d’arriver a I’instant. Rendons graces au Ciel, mon cher, de ce que malgré la foiblesse de vos troupes vous ayez trouvé moyen de vous tirer d’affaire a la joumée du 27, et il n’y a votre sujet qu’une voix. Vous avez bien fait votre devoir et vous I’avez fait avec cette tran- ‘) Weggelaten het dagverhaal. quile fermetë, cette présence d’esprit qui sont la plus précieuse qualité dans un général. Vous savez, mon ami, que je ne suis pas flatteuse de mon naturel et surtout pas vis a vis de mes enfans; mais j’aime a rendre justice et tout ce qu’on me dit de vous, m’a fait trop de plaisir pour que je ne vous témoigne pas ma satisfaction. J’aprens avec plaisir que vous allez dranger de position et vous raprocher de votre frère. Je crois que dans les circonstances actuelles il est surtout trés bon que nos troupes soyent plus rassemblées. 5 September 1793. Je viens vous donner le bonjour, mon cher ami, n’ayant du reste rien de nouveau a vous dire. Ici tout ce qui vous intéresse se porte bien, nous vivons tranquilement et bénissons leCiel, quand ilnous arrivé de bonnes nouvelles de I’armée. Si le tems nous favorise, nous ferons encore quelques courses aux environs. Samedi prochain nous dinnerons è. Honslaersdyck, après avoir fait le tour de quelques villages du Westland pour montrer cette contrée a Mimi. Avez-vous vu le portrait de votre neveu *) ? N’est-ce pas qu’il est charmant ? Quand vous le vèrez, vous en serez bien autrement enchanté, quoique Mimi et moi nous croyons, lorsque vous le vèrez, après tout ce qu on vous en a dit, vous direz: „Mais je ne vois rien „de dróle a eet enfant; je crois que c’est un bon enfant, mais je ne „vois rien de dróle a lui. Puissions-nous être bientót a I’heureux tems, ou vous fussiez a même de nous communiquer ainsi vos pensees ! Nous sommes si occupés ici de la guerre que nous en jouons l image. J ai fait venir eet ancien jeu de la guerre qui depuis un siècle résidaa la Vieille Cour; il est établi dans la salie du billard et pendant que nous jouons a ce demier jeu, Marie de Reede et Mr. Drevon jouent au jeu de la guerre. Pour moi je le trouve trop compliqué, pour que jepuisse jamais I’aprendre. 2) Ma ménagerie vient d être considérablement augmentée par deux charmans petits oiseaux appellés Nonpareils et un trés beau Loury qui parle fort bien et apprendra, j ’espère, encore davantage. II dit entre autre ') Dat den Erfprins met diens verjaardag, 24 Aug., was toegezonden; misschien wel het mimatuurportretje van de hand van prinses Wilhelmina, thans in de miniaturenverzameling van H. M. de Koningin. Zie de afbeelding in mijn Prinses Wilhelmina Pag. 171. a) Weggelaten bijzonderheden omtrent de bevordering van een lakei. trés distinctement votre nom Frédéric. Venez bientót voir tout cela, mon bon ami, homme et béte vous recevrons a bras ouverts. Et que fera votre Maman ? elle vous serrera contre son coeur et sera a tout jamais votre fidéle et bonne Maman W. 161. Prinses Wilhelmina aan prinses Louise. Huis ten Bosch. 10 September 1793. Selon les nouvelles de I’armée, ma trés chère Loulou, vos frères se portent bien, mals leur réunion a été de courte durëe. A peine Fritz ëtoit-il arrivé, que des nouvelles vennes du duc d’Yorck ont obligé Guillaume de le faire marcher avec environ 3000 hommes a Geluveld, moitié chemin d’lpres, pour observer I’ennemi et renforcer I’armée Angloise qui avoit été obligé de se retirer de Poperingen a Ipres. La lettre officielle de Guillaume, venue ce matin, anonce encore qu’avant-hier ses avant-postes avoient derechef été attaquées par une force majeure, mais qu’ils avoient eu le bonheur de repousser I’ennemi sans perdre beaucoup de monde. En même tems Robert Fagelx) étoit revenu de chez le duc d’Yorck, dont les nouvelles n’étoient pas si favorables. Le maréchal Freitag avoit dü se retirer a Hontscot2) et il avoit été blessé ala mam. Guillaume espéroit que s’il recevoit quelque secours des Autrichiens a sa gauche, il pourroit faire un mouvement a sa droite qui empêcheroit les ennemis de pénétrer plus en avant. Nos troupes paroissent avoir trés bien faites dans cette dernière attaque. Guillaume Fagel3) aeu le bonheur de faire 5 prisonniers avec une division des Gardes a Cheval. Du duc d’Yorck nous ne savons pas plus de détails que je ne vous en dis; en attendant tout ce que nous savons, ne laisse pas de nous inquiéter et cela rend la position de vos frères plus pénible et plus délicate. Ces nouvelles ne sont pas absolument si bonnes que les dernières, mais elles ne sont pas entièrement mauvaises non plus et le bon Dieu nous a assisté jusqu’ici! 4) J’allois oublier une catastrophe, la nouvelle du jour! •) Sedert 1793 adjudant van den Erfprins en na 1795 diens onafscheidelijke metgezel. 2) Hondschoote. •) Willem Jacob Hendrik Fagel, 1774—1822. ‘) Weggelaten het dagverhaal. Mylady Agrim1) a disparu,—et cela dans la compagnie du comte de Bose, Saxon de nation, ancien officier d’Huzzards au service de France. II a passé I’hiver ici; il sollicitoit la levée d’un Régiment d’Huzzards. II n’a pu I’obtenir malgré nombre de bonnes recomandations. Ilétoitchez Md. Athlone 2) comme s’il apartenoit ala familie. Le pauvre Agrim I’avoit lui-même beaucoup accueilli, jusqu’a ce que le public a parlé de sa femme et de lui. Cependant on ne croyoit pas que les choses en étoient si loin, lorsque tout acoup ils ont disparus, et on ignore oü ils sont et ce que la mère et le mari —qui sont absens—voudroient que I’on fasse. Si Agrim est de mon avis, il la laissera courir; elle trouvera sa punition dans sa faute même et ne mérite pas qu’il se coupe la gorge pour ses beaux yeux.—Votre neveu vous baise les mains; il se porte bien, mais il devient méchand et il n’a pas encore une seule dent. Quand je dis méchand, vous comprenez que cela veut dire criard; a 9 mois cela ne peut signifier autre chose. 13 September 1793. Sans doute, ma chère, que vous attendrez avec impatience des nouvelles de vos frères après ma dernière lettre, et je m’empresse de vous en donner. Graces a Dieu selon les demières nouvelles, arrivées a 1 instant, tout étoit bien a I’armée. Vos frères occupent a peu prés leur ancienne position, mais nous avons eu depuis que je vous ai écrite, d’assez vives inquiétudes a leur sujet. Elles ont diminué a présent, graces au Ciel; mais I’entreprise sur Dunkerque 3) je la considère comme manquée. Par les imprimés ci-joins 4) vous vèrez au juste les nouvelles venues Mardi au moment du départ de la poste; celles du Mercredi étoient infiniment allarmantes. Elles portoient que les Anglois avoient été battus a plattes coutures, que les Frangois occupoient Fumes et Dixmude et qu’ils assiégeoient Ipres; que Fritz avoit dü se replier a Menin, que Guil- ’) Cornelia Adriana Munter, gehuwd eerst met Frederik Willem, baron van Agrim, genaamd lord Agrim, later 6de graaf van Athlone; ten tweede male gehuwd met Adolphe Ludwig Christoph von Bose. J) Lady Athlone, geb. Anna Elisabeth Christina, baronesse van Tuyll van Serooskerken. s) Een onderneming van den hertog van York. 4) Niet aanwezig. Naber, Correspondentie II 6 laume avoit fait lever le camp et qu’il étoit sur le point de se retirer vers Courtray. Cette lettre fut suivie d’une autre, arrivée dans la nuit de Jeudi, qui étoit plus rassurante. La nouvelle de Furnes et Dixmude s’étoit trouvée fausse. C’ëtoient les Anglois qui s’étoient repliés sur Furnes; le siége d’lpres étoit aussi de nouveau levé et les Frangois retirés j usqu’a prés de Bailleul. Guillaume qui s’étoit mis en marche avec 2 colonnes, étoit rentré a Menin et par sa lettre que le Veldpost porte dans ce moment qui est d’avant-hier, il confirme cellede la veille et dit que tout est tranquille et qu’il occupe ses anciens postes et quelques uns de plus, ajoute-t-il, sur quoi il fera un rapport ultérieur. Comme tous ces derniers rapports paroissent avoir été faits fort a la hate et qu’il s’y trouve plusieurs articles qui ont grand besoin d’explication, nous attendons avec impatience des nouvelles plus exactes et plus détaillées. Mylady Agrim a pris le chemin de Clève. Sa mère veut la faire enfermer et I’on prend des mesures pour cela, suposé que I’on puisse la ratraper. Mylord Athlone 2) a rencontré le beau couple a Nimègue sans savoir que ce fut eux. 14 September 1793. Je vous anonce, ma chère, la bonne nouvelle de la prise de Quesnoy par le prince de Cobourg. C’est de Bruxelles qu’elle nous est venue. Nous n’en savons pas d’autres particularités sinon que la gamison est prisonnière de guerre. De notre armée nous ne savons rien de plus que ce que je vous écris hier, mais peut-être avant de fermer cette lettre pourrois-je en dire davantage. On dit que c’est le général de Beaulieu qui par une marche savante et trés hardie a délivré Ipres et qu’a. cette occasion il y auroit eu une affaire trés chaude oü le général Houchard auroit été tué. lóSeptembre 1793. Rendons graces au Ciel, ma trés chère Loulou, de ce qu’il nous a conservé vos frères! Je m’empresse de vous dire ceci avant d’entrer en matière sur les événemens que j’ai a vous apprendre et qui vous feront autant de peines qu’a moi; mais gr&ces a Dieu *) Weggelaten een verdere uitweiding over de Engelsche verliezen. •) De schoonvader, Frederik Christiaan Reindert, sde graaf van Athlone. Guillaume est a Deinse et se porte bien et Fritz est ici, auprès de nous, et n’est que légèrement blessé. La preuve en est qu’ü a trés bien soutenu son voyage et toutes les fatigues qui I’ont précédez, et qu’il se porte aussi bien que I’on peut le désirer. II est levé et n’a pas plus de fièvre qu’il n’en faut pour hater la supuration. II a ëté blessé a I’épaule d’une balie qui heureusement n’a pas percé; mais elle a enfoncé I’épaulette dans les chairs ce qui naturellement I’a fait souffrir, mais I’os n’est pas endomagé et il n’y a aucun danger, vous pouvez m’en croire sur ma parole; votre Maman ne vous en impose pas. Quant a I’affaire malheureuse qui a causé ce désastre, nous en sommes nous-mêmes encore informés si confusément que je ne puis en dire grand’chose. Ce qui est trés certain, c’est que nos avant-postes ont été attaqués par des forces trés majeures et que toutes nos troupes ont dü se retirer et abandonner Menin. Notre perte est trés considérable, mais nous en ignorons le détail. Guillaume a écrit une lettre de main propre asonPère, qu’il commence par dire: Tout est perdu hors l’honneur 1). J’ai été charmé au reste de voir par cette lettre que le malheur ne lui a point fait perdre la tête. II avoit conservé toute sa présence d’esprit; il a été exécivement inquiet pendant 24 heures au sujet de son frère dont il n’avoit aucune nouvelle et qu’il devoit croire blessé et entre les mains des Frangois. C’est la raison qui lui a fait différer de nous envoyer un courier; il vouloit pouvoir nous donner du positif a ce sujet. Fritz de son cöté n’étoit occupé que de son frère quand il est arrivé ici, et comme nous ne savions rien non plus, cela nous a fait bien du mauvais sang jusqu’a hier a 10 h. que ses lettres sont arrivées. Fritz est arrivé dans I’après dinné entre 6 et 7 h. Je ne sache pas d’avoir jamais été aussi émue et aussi inquiete que dans cette journée d’hier. La joye a été d’autant plus vive, quand nous aprimes que Guillaume étoit sauvé, car nous pouvions nous attendre aux nouvelles les plus sinistres de ce cótélè.. Sur notre perte je ne puis encore rien dire; ce que I’on en S9ait est fort incertain. Je me flatte toujours qu’on I’exagère et qu’elle nest pas aussi forte. Le nombre de personnes de connoissances qu’on dit tués ou blessés, est en particulier trés remarquable. ') Niet aanwezig. 17 September 1794. Dans eet instant je viens de recevoir une lettre de Guillaume, écrite hier de Gand, oü il a actuellement son Quartier-Général. II est affecté de ce qui est arrivé, mais plein de courage et animé du désir de le réparer. II assure que, si le général de Beaulieu avoit voulu le secourir avec son corps qui n’ëtoit campé qu’a une demilieue de Menin, il auroit pu se soutenir dans cette ville, mais comme cela il a fallu succomber sous le nombre. Cette anecdote est incompréhensible, car Beaulieu jouit d’une trés bonne réputation; cependant elle nous est confirmée par Fritz et ceux qui sont avec lui, mais qu’elle reste entre nous, mon enfant, car je ne veuxrien ébruiterquipuissenourir des piquanteries entre les armées alliées, et pour juger de ceci attendons les xaisons du général Beaulieu pour en avoir agi ainsi. Je vais vous conter a présent comment nous avons apris les mauvaises nouvelles et ce qui concerne Fritz. Vous nous rappellerez que je finissois ma lettre de Samedi1) par vous dire que nous n’avions aucune nouvelle de vos frères, ce qui m’inquiétoit, paree que du moment que je sgus la bataille du prince de Cobourg, je suposois dabord que le même jour nos gens seroient aussi attaqués. Jusqu’au Dimanche au moment oü nous allions diner, nousrestames dans cette ignorance. Mais alors arriva Van der Goes des Gardes a Cheval, dépêché par Fritz, qui me porta une lettre de Henri Bentinck, par laquelle j’apris qu’il étoit blessé, qu’on I’avoit transporté a L’Ecluse en Flandre et que de la il viendroit ici par eau. II demandoit pour lui un jacht a Rotterdam et comptoit, si tout alloit bien, qu’il seroit ici le lendemain, savoir Lundi. De Guillaume il ne disoit rien, mais il assuroit de la manière la plus positive que la blessure de Fritz n’étoit pas dangereuse. Malgré cela vous jugé bien que cela nous effraya exécivement, et d’autant plus que Van der Goes qui croyoit que nous savions tout, excepté comment se portois Fritz, débuta par dire qu’il portoit de bonnes nouvelles, mais la première parole qu’il me dit, lorsque je vins recueillir ces nouvelles, ce fut: II n’est pas en danger. Jugé a quel point j’étois trompée dans mon attente, moi ‘) Zie den brief van 14 September. qui ne savois pas mon fils blessé! Tout ce que Van der Goes nous dit après cela, étoit si confus, si entre-coupé que nous ne pümes y rien comprendre. II savoit a peine ce qui s’étoit passé autour de lui; il avoit eu son cheval tuë et il avoit perdu tous ses équipages ; tout ce qu’il racontoit du reste, ne servoit qu’a nous allarmer. Nous envoyames dabord Drevon a la rencontre de Fritz a Rotterdam avec le Jacht; mais avant d’être hors de La Haye Devron rencontra Tinne (aide-quartier-maitre) qui précéda Fritz et nous anonga I’agréable nouvelle qu’il seroit ici dans une heure, étant arrivé a Rotterdam et venant de Ia en voiture. Mais en même tems Tinne nous dit qu’il n’y avoit aucune nouvelle de Guillaume, qu’on ne savoit absolument pas de quel coté il étoit, mais que I’on avoit dü en imposer a Fritz a ce sujet, puisque cela I’inquiétois si fort que cela auroit pu faire mal a sa santé. Environ une heure après Tinne Fritz arriva ici avec Henri Bentinck et deux chirurgiens en voiture. Vous sentirez mieux que je ne pourrois vous I’exprimer, tout ce qui se passa en nous au moment que nous le revimes! II avoit assez bien soutenu le voyage malgré tout ce qu’il avoit souffert, et je lui ai trouvé assé bon visage, quoique fort maigris. II doit principalement au chirurgien Schmitz qui est attaché a sa personne, de ne pas avoir été pris par les S’il I’avoit pansé sur le champ comme les autres chirurgiens le vouloient, il I’auroit été sans aucun doute. C’est a Warwick qu’il a été blessé. II y avoit été envoyé par son frère avec quelques milliers d’hommes pour secourir eet endroit qui étoit attaqué par un grand nombre de Frangois qu’on évalue a 20.000. Ce fut le 12 au soir que Fritz re?ut I’ordre de partir de Menin. L’action commenga a Warwick le 13, a 4h. du matin, et par un feu terrible. Nos troupes se soutinrent jusqu’a midi; alors il fallut faire retraite, ce qui se fit dans le meilleur ordre possible jusqu’a ce que deux régimens de Cavallerie Autrichienne, ayant voulu faire une diversion en tombant les en flanc, furent repoussés et culbutèrent nos troupes en renversant une grande partie de notre Infanterie. Ceci y mit la confusion qui fut encore augmenté, paree qu’au moment de cette retraite Fritz fut blessé et dut se retirer en arrière. Son chirurgien, voyant le danger qu’il couroit, pris la résolution de se jetter avec lui dans une chaise du chirurgien des Gardes Suisses pour ie conduire a Menin pour I’y panser. Mais arrivé devant la porte, ils aprirent de Tinne qui prëcédoit, que les y étoient. Jugé de la situation de Fritz et de ses inquiétudes pour Guillaume, car on lui dit que les Franfpois y étoient entrés par la Porte de Courtray, précisément celle par oü Guillaume devoit sortir. Comment cela s’est fait et comment nos troupes avec Guillaume ont pu faire leur retraite, c’est ce qui est encore une énigme dont nous attendons I’explication. Le pauvre Fritz, ne pouvant entrer a Menin, rebroussa chemin et dut se sauver a toute bride avec sa chaise au travers des broussailles, ayant déj a des huzzards Frangois asa poursuite. Nos huzzards et quelque peu de cavallerie I’escortois. II vint ainsi a Rousselaer, a quelques heues dela oü on le pansa et oü on le débarrassa d’une partie de ce qui étoit entré dans sa playe; mais au moment que I’on voulut le rhabiller, voila que la nouvelle arrivé que les sont déja dans le village oü il étoit. On n’eut alors que le tems de le jetter sur un cheval et de lui mettre sur sa chemise un manteau de huzzard et sur la tête un bonnet de huzzard, tandis que I’on mit son chapeau a un huzzard et que I’onarrangeacelui-cide manière a faire prendre le change a I’ennemienleurfaisantcroirequ’ilétoitFritz; et ce dernier —Fritz s’entend—dut faire encore 4 lieues de cette manière, tout ce que le cheval pouvoit courir; et par des chemins de traverses il arriva enfin a Bruges oü il se reposa un peu, mais il ne put y rester, paree qu’on y attendois aussi les Frangois. II y prit une voiture et arriva le soir tard a L’Ecluse, oü il passa la nuit. Le lendemain, le vent étant bon, il s’embarqua pour ici. Le trajet fut court et heureux; il fut en 24 h. jusqu’a Rotterdam. 20 September 1793. Nous avons de bonnes nouvelles de Guillaume et notre ami Fritz se porte aussi bien selon les circonstances. On lui a tiré aujourd’hui la balie avec la partie de I’épaulette et de I’habit dont elle étoit enveloppée. II a parfaitement bien soutenu I’opération, a laquelle j’ai assistée. Elle a été faite promptement et bien, mais cela n’a pas empêché que la douleur n’ait été vivel). De depuis ilse l) Men gebruikte toen nog geen verdoovende middelen. sent beaucoup soulagé et je suis persuadé qu’a présent il souffrira peu a proportion de ce qu’il a souffert. Sa santé est bonne; ü n’a presque pas de fièvre. II me charge de mille amitiés pour vous et de vous remercier de votre lettre. La relation du 13 et la liste des morts et blessés ne sont pas encore arrivées; mais Guillaume s’est disculpé de tout ce qu’on pourroit mettre a sa charge, et ce qui me fait grand plaisir, c’est que le prince de Cobourg lui rend justice. II lui a écrit une lettre trés flatteuse et trés amicale et lui a envoyé le colonel Fischer 1), son premier adjudant-général, pour lui témoigner la part qu’il prenoit a ce qui venoit d’arriver, et pour I’assurer trés positivement qu’il désapprouvoit la conduite du général de Beaulieu qui avois agi d’une fason contraire a ses ordres et qui étoit responsable de I’événement. Ceci, ma chère, seulement pour vous et Mr. de Stamford. Je ne sais, si le prince de Cobourg voudroit que cela fut connu tout de suite, mais en attendant cela me console de I’événement. Le colonel Lynden est perdu. Jugé du chagrin de Müe de Hompesch! On ne sait s’il est mort ou prisonnier, mais a I’armée on Ie regrette extrêmement. Plusieurs des autres morts sont ressuscités2), mais tous les détails nous manquent encore. Votre Père vous dira lui-même qu’il va pour quelques jours a I’armée3). Que cela ne vous inquiète pas, car la position actuelle n’est pas dangereuse. 21 September 1793. Notre blessé se porte assé bien, il souffre moins, il dors mieux, I’appétit est bon, les forces lui manquent encore. Cependant il est levé tout le jour et il reprend courage. La faculté est contente. De I’armée nous n’avons rien depuis ma lettre d’hier, mais nous n’avons pas a craindre que I’ennemi I’ait inquiétée, car il est rechassé de Menin. Fritz vous embrasse; il essaye d’écrire de la main gauche et espère d’y réusir dans peu. 27 September 1793. J ai aujourd’hui de bonnes nouvelles a vous donner du cher ‘) Wilhelm Fischer von Ehrenbach, 1753—1795. ’) Van de dood gemelden waren namelijkverscheidenen gebleken nog in leven te zijn. a) Toen samen getrokken in het kamp bij Melle. Ditmaal nam Prins Willem V tijdens zijn verblijf bij het leger zelf het opperbevel op zich, tot men afmarcheerde voor de belegering van Maubeuge. blessé. Ayant eu une meilleure nuit, il se trouve trés bien aujourd’hui. II a même promené par la maison 1), il aétéaubillardet j’ai même joué une partie avec lui. II s’en tiroit assez bien de la main gauche. Ensuite il aeu la curiosité de voir votre portrait2) qui est trés bien placé au Schipkamer, en attendant que nous lui trouvions une meilleure place. II est descendu par I’escalier dérobé et il a poussé sa promenade jusques a la chambre de son neveu, faisant en passant une visite a Mimi qui en fut bien surprise, car il étoit hier extrêmement souffrant d’une incision que I’on avoit été obligë de lui faire avant-hier et de la pierre de vitriole dont la playe avoit été frotté. Votre Père est encore a I’armée et s’y plait beaucoup. 28 September 1793. Ci-joins, ma chère Loulou, vous recevrez un petit paquet qui, j’espère, ne vous sera pas désagréable. II vous prouvera que la bonne Loulou n’est pas oubliée chez nous, et je désire que vous puissiez faire bientöt la connoissance de I’original du portrait qu’il renferme 3). En attendant je puis vous dire, qu’il n’est pas flatté,maiscependant trèsressemblant,quoiqueroriginal soit plus joli. Fritz vous embrasse. II a eu une assez bonne nuit et a fait ce matin un petit tour au jardin. Ne croyez pas cependant que tout soit dit et qu’il puisse être guéri si vite. II n’est pas question encore de fermer la playe, et cela ira trés lentement, mais on est bien aise qu’il sorte de sa chambre et prenne I’air. Cela le fortifiera quand le tems est aussi beau que nous I’avons a présent, mais il ne peut faire tout cela qu’en robe de chambre et avec la gravité et la lenteur d’un vieillard de 70 ans. J’allois oublier de vous prévenir que dans mon paquet se trouve aussi un petit vase d’ivoire dont on peut faire un pommeau de canne. Vous ne vous doutez pas que ce vase est aussi un portrait, c’est a dire une silhouette. En le sur quelque chose de blanc, de manière que le soleil ou la lumière vienne d’un cóté, vous vèrez distinctement la silhouette. C'est une nouvelle invention assez dróle que j’ai cru ‘) Het Huis ten Bosch. *) Dat prinses Louise op den laatsten verjaardag van haar Moeder had overgestuurd. •) Van Guillot. pouvoir vous amuser un moment. Je vous laisse a deviner de qui est la silhouette. 1 October 1793. Je viens a vous un peu tard, ma bonne Loulou, mais c’est que lorsque je commence par vous, je ne puis plus finir et je n’ai plus de tems pour les lettres de devoir. Je vals d’abord au plus pressé: a vous donner des nouvelles de Fritz. GrÉlces a Dieu, cela va bien avec lui et il est même beaucoup soulagé depuis une nouvelle opération que I’on a étë obligé de lui faire avant-hier au devant du bras et qui pour le moment I’a beaucoup fait souffrir. Vous bénirez Dieu avec moi de ce qu’il a eu une bonne nuit. Aussi I’ai-je trouvé fort bien ce matin a sa facpon. Sa mine est un peu celle du tems qu’il avoit cette surdité, mais il suporte ses maux avec patience et quand il le faut avec fermeté, comme par exemple pendant cette demière opération qu’il a suporté sans crier du tout. Entre deux il y a bien aussi quelques momens d’humeur et de vivacité, mais il faut passer quelque chose aux malades et aux blessés. II vous fait mille amitiés et vous embrasse et sürement, dit-il, il seroit bien charmé, si vous pouviez être des nótres; c’est ce qu’il m’a chargé de vous dire. L’arrangement que vous me proposé, ma chère enfant, pour eet hiver1), me plait infiniment, moyennant que I’on en soit content a Brunswic que vous fassiez le voyage et que votre cher Prince surtout en soit satisfait et vous accompagne. 2) Vous vous trompé, ma chère, jen’auroispas accompagné votre Père a I’armée quand même Fritz ne seroit pas ici. Ce n’est pas la ma place et je n’aime pas de me fourrer la oü je ne dois pas être. Passé aux quartiers d’hiver, ce seroit autre chose; mais Dieu sait encore oü ils seront! Par la lettre de votre Père que je vous envoie, je pense que vous vèrez la marche des troupes. Elles ont dü quitter hier le camp de Mellin3), pour aller du cóté de Maubeuge. Votre Père les accompagnera jusqu’a Bruxelles et sera après-demain de retour ici. Le plan est qu’on fera le siége de Maubeuge et que Guillaume commandera pour cela I’armée combinée ’) Voor een bezoek aan Den Haag. a) Weggelaten allerlei voorloopige plannen en voorstellen voor dit bezoek van prinses Louise en voor de huisvesting van haar gevolg. •) Melle bij Gent. qui sera de 22/m. hommes. Le prince de Cobourg a offert ce commandement a Guillaume sur le même pied que le duc d’Yorck a commandé a Valenciennes, et nous I’avons accepté, paree qu’on ajugéqu’ilétoit trés nécessaire que nos troupes ayent une nouvelle destination et puissent réparer la joumée du 13 et que ce seroit une manière brillante de finir la campagne. 8 October 1793. Je suis charmé que le portrait de Guillot vous ait fait plaisir et la silhouette de Papa aussi, car c’est bien sa silhouette; vous I’avez bien devinee. Guillaume se porte bien; nous avons eu hier de ses nouvelles de Mons. II va camper a Bettignies pour assiéger Maubeuge, sitót que les Autrichiens auront emporté le camp retranché qui est devant. Une nouvelle qui m’a beaucoup frappé, c’est le subit départ du Roi des rives du Rhyn pour la Pologne x)! Qu’en dit-on a Brunswic? Le Duc aura-t-il donc seul la gloire des succès de nos cótés ? Sürement qu’il est bien fait de toute pour cueillir des lauriers. Puisse-t-il en recueillir beaucoup! Milles amitiésa votre cher Prince et a tout jamais votre fidéle Maman W. 162. De Erfprins aan zijn Moeder. Hoofdkwartier te Contreuil. 10 Augustus 1793. Les détails dans lesquels vous avez bien voulu entrer au sujet de la blessure de Fritz, m’ont fait grand plaisir. Je vous prie, ma chère Mère, de lui faire mes amitiés ainsi qu’a la Princesse et lui dire que je leur aurois écrit sans I’arrivée du Prince de Cobourg 2). Vous ne sauriez croire le plaisir que m’a fait la dernière lettre de mon Père, puisqu’il témoigne être content de moi. Vous pouvez être assurée, ma trés chère Mère, que je ne me laisse pas abattre et que je suis au contraire du principe qu’il n’y a pas beaucoup de choses impossibles dans le monde, quand on les veut bien, et qu’on l) 4 Jan. 1793 had Pruisen bij de zoogenaamde 2de verdeeling van Polen een groot deel van dit land in bezit genomen. Prinses Louise aan haar Moeder, 15 Jan. 1793: „On dit qu’il va paroitre un manifeste de la Cour de Berlin dans lequel elle déclare les „raisons qui I’engagent k envoyer une armée sur la frontière Polonaise. Le motif „qu’elle allègue, est I’esprit d’insurrection et les sentimens Jacobins qui s’y propa„gent et qu’elle veut expulser.” 1 j Die hem in zijn boofdkwartier kwam bezoeken. cherche a employer les bons moyens. Je ne saurois vous écrire plus longtems et finis par conséquent après vous avoir remercié en général de tous les bons conseils que vous avez la bonté de me donner et que je tacherai de suivre. C’est avec un respectueux attachement que j’ai I’honneur d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et tout dévoué Serviteur et Fils F. G. Pr. Héd. d’Orange. Comm. Gén. 163. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Huis ten Bosch. 11 October 1793. Notre cher blessé vient encore de subir ce matin une opération et cependant il vous écrit! Vous voyez, ma chère, qu’il n’est pas douillet et que, Dieu merci, ses forces se soutiennent. II en a sans doute besoin, car je doute que ce soit la dernière opération. 15 Octobre 1793. Ce qui lui fait beaucoup de bien, c’est qu’a la fin depuis 3 jours il prend du quinquina. Jusque la I’antipathie de Velsen pour ce remède bienfaisant I’avoit emportée. Je n’avois pu I’engager a lui en donner et Paradijs1), voyant que votre frère gagnoit malgré cela, n’avoit pas cru non plus la chose nécessaire. Les opérations qu’il devoit subir les ont enfin déterminés d’en faire usage. Et le succès a été tel qu’avant-hier, quoiqu’il eüt subi le matin une opération, il a été si bien que quelques heures après il a fait pour la première fois un tour en voiture. 18 October 1793. Mylady Agrim est rattrapée, on I’a arrêtée è. Zürich et on la transporte ici; mais on se sait pas encore ce qu’on en fera. Le comte de Bose a aussi été arrêté, mais d’abord relaché. Le mari, croyant convenable pour lui de s’absenter tant que cette histoire dure, quitte la Cour. 19 October 1793. Une lettre de Guillaume nous a apris qu’ a la suite d’un combat opiniatre que les Autrichiens ont dü soutenir deux jours consécutifs, le prince de Cobourg a jugé plus prudent de lever le blocus du camp et de la ville de Maubeuge. En conséquence ils alloient *) Nicolaas Paradijs, 1740—1812, hoogleeraar te Leiden, lijfarts van prins Willem V. repasser la Sambre et faire un mouvement retrograde qui les joint a nous troupes. 22 October 1793. Depuis hier notre bon Fritz est derechef un peu plus souffrant. On a trouve de grandes esquilles au fond de la playe qui se détachoient et qu’il eüt ëté dangereux de laisser la plus longtems. On lui en a tiré jusqu au nombre de six et vous comprenez que cela ne faisoit pas du bien au premier moment. Ces dernières esquilles prouvent de nouveau a quel point I’os a souffert et combien la blessure a été sérieuse, n’en dëplaise aux premiers bavardages de la faculté. Au reste, ma chère, si vos circonstances vous font préfërer que vous ne veniez ici que dans la gelez, je ne crois pas que vous ayez a craindre que Fritz puisse déja être parti, car je doute qu’il soit possible qu il soit guéri si vite. Vous aurez déja vu par ma lettre de Samedi1), que I’expédition sur Maubeuge s’en est allée en fumée. Du cóté du Rhin tout paroit aller a merveille. Le Duc et Wurmser 2) ont remporté des avantages trés brillans et trés considérables. 25 October 1793. Vous aprendrez par cette poste que I’infortunée Reine de France vient de përir de la même manière que son Epoux, mais avec des circonstances encore plus avilissantes et plus horribles. Vous en trouverez en partie les détails dans le Journal de la Guerre; la Gazelle de Leyde dit quelques détails de plus. Vous en serez sans doute aussi révoltée que moi. Fritz a été hier au jardin de Collizzi, appellé Louisenburg a votre honneur et gloire, et il s’est promené la plus d’une heure. 26 October 1793. Jene suis pas süre, ma chère Loulou, si je vous ai déja annoncé que votre neveu a fait sa première dent le plus heureusement du monde sans la moindre incommodité. Si je I’ai oublié, j’en fais des excuses a Md. sa Tante; si je me répète, je lui en demande pardon aussi; c’est le défaut des vieilles gens et je sens que j'avance en age. ‘) Zie den brief van 19 October 1793. ) Dagobert Sigismund, rijksgraaf von Wurmser, 1724—1797, Oostenrijksch generaal. 29 October 1793. Les nouvelles d’Allemagne sont superbes et promettent de plus grandes encore, mais elles étoient d’une nécessité absolue pour nous rassurer pendant I’hiver contre de nouvelles tentatives des ennemis de ce coté-la. Du nótre on fait ce que I’on peut; ne condamnons pas Cobourg d’avoir abandonné le projet surMaubeuge. Je crois qu’il a bien fait. Peut-être eüt-il mieux fait encore de ne pas I’entreprendre, car selon les renseignemens trés sürs des gens de I’art, cette ville et surtout le camp retranché étoit presque imprenable. Mais ils étoient mal approvisionnés, ainsi pariafamine on y fut parvenu avec le tems, si la saison n’avoit pas été si avancée. Sans doute que la non-réussite de I’expédition de Maubeuge a fait de la peine a Guillaume, mais raisonnablement puisque cela n’a pas manqué par sa faute. Je crois que Guillaume va entrer dans peu dans les quartiers de cantonnement en arrière de Mons. II est sur que je doute que les quartiers d’hiver soyent longs, et Dieu sait, s’ils pourront être tranquiles. 12 November 1793. Avec Fritz cela va toujours de même, c’est a dire qu’il avance, mais trés lentement. Le Samedi il est venu en ville x) avec nous a pied et il a tellement regagné ses forces qu’il promène aussi vite que de coutume. Toute cette joumée aussi il I’a passée avec nous a la Vieille Cour, mais le soir son bras en étoit f atigué, ne I’ayant pas reposé de tout le jour. Ne relevez pas ceci, paree que cela lui feroit de la peine, car il n’en conviens pas. Cependant il s’est remis de lui-même a manger dans sa chambre et a se ménager davantage, en quoi je trouve qu’il fait trés bien, car ces Kunstjes ne servent qu’a déranger plus ou moins la supuration qui doit durer tant que la playe reste ouverte, et celle-ci ne peut pas se fermer tant que I’on appréhende encore des esquilles et que le calme sur I’os n’est pas entièrement réformé. Je vous embrasse, ma trés chère Loulou, et suis toujours votre tendre et fidéle Maman W. ') Het erfstadhouderlijk gezin was 9 November voor het gewone winterverblijf van het Huis ten Bosch naar het Stadhouderlijk Kwartier op het Binnenhof teruggekeerd. 164. De Erfprins aan zijn Moeder. Hoofdkwartier te Nivelles. 13 November 1793. Vous avez la bonté, ma trés chère Mère, de m’offrir de soigner mon présent pour le 18 1). J’aurai peu-être recours a vos bontés, mais j’irai peut-être faire une course a Bruxelles qui n’est qu’a six lieues d’ici, et pour lors je compte faire moi-même mes emplettes. J’ai été bien charmé que mon Père ait approuvé mes idéés sur les quartiers d’hyver. J’attends avec impatience ses résolutions finales, après qu’il a parlé Ie général Bentinck, afin que les demiers arrangemens puissent être pris et que je puisse demander au prince de Cobourg, quand nous pouvons nous transporter dans nos nouveaux quartiers,ayant une longue marche a faire jusques la, et que plus la saison avance et plus les marches deviennent difficiles, les chemins de traverse étant presque impraticables et le devenant encore davantage s’il commence a geler. L’article principal a arranger sera les fourages et c’est le seul qui puisse nous arrêter, car le Département du Quartier-Maitre-Général travaille déja depuis plusieurs jours aux préparatifs pour la marche. Au sujet des infamies que les gazettes Angloises répandent sur le compte de nos troupes, je crois, ma trés chère Mère, qu’il faut absolument faire quelque chose. Quant a ce qui a été dit du régiment de Byland, je puis assurer que c’est un mensonge, car aucun de nos régimens n ont passé la Sambre; ainsi ils ne peuvent I’avoir repassé a la nage en fuyant. D’ailleurs nous n’avions rien a faire le 16 Octobre 2) et nous avons été spectateurs bénévoles de Ia bataille. Au reste je crois qu’il est toujours bien difficile, si ce n’est impossible de fermer la bouche aux gazetiers et surtout hors du païs. C’est avec un trés respectueux attachement que j’ai I’honneur d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et tout dévoué Serviteur et Fils G. F. Pr. Héd. d’Orange. Comm. Gén. 165. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 15 November 1793. Guillaume compte venir ici pour une quinzaine de jours; il sera ") De verjaardag van de Erfprinses. ‘) De tweedaagsche veldslag tusschen de Oostenrijkers en de Franschen, die den hertog van Coburg het beleg van Maubeuge deed opbreken. fort affairé pendant ce tems et je supose – entre nous – qu’en partant il nous enlèvera Mimi pour le tems des quartiers d’hiver, mais ne me répondez pas sur eet article. Je compte bien aussi ensuite lui aller faire ma Cour pour quelques jours et peut-être plus d’une fois, mais cela ne pourra être long pour beaucoup de raisons. Par tout ceci, ma chère, vous voyez que fort longtems nous ne pourrons pas rester ensemble, si nous avons le bonheur de vous voir des nótres. D’ailleurs dans eet arrangement les opérations des ennemis devront entrer pour quelque chose, car il se pourroit fort bien qu’ils vinssent renverser ces beaux projets. 19 November 1793. Dieu soit loué, ma bonne et chère Loulou, de ce qu’il veut bien nous réunir! Le Duc fait la chose bien galamment et de bien bon goüt1). Certainement je lui écrirai pour lui en tëmoigner toute ma reconnoissance. Envoyez- moi une liste exacte des personnes qui composeront votre suite. Plus tót vous viendrez et le mieux cela sera, car les chemins deviendront toujours plus mauvais. J’ai dabord écrit a Guillaume afin de savoir au juste, quand il croit pouvoir venir pour que vous ne Ie manquiez pas. 2) Guillaume se porte bien et est encore a Nivelle. Avec Fritz cela va aussi de mieux en mieux; je crois qu’il vous écrit lui-même, pour vous dire sa joye de votre arrivée. Nous en avons tous une bien grande, ma chère et bonne Loulou. Cette nouvelle ëtoit le plus beau cadeau que Mimi pouvoit recevoir a sa fête. A tout jamais, ma chère enfant, votre fidéle et bonne Maman W. 1794 Gedurende de wintermaanden van 1793 op 1794, waarin de Erfprins bij herhaling naar Den Haag kwam, waren de leden van het erf stadhouderlijk gezin nog eens bijeen. Hun onderlinge briefwisseling stond stil, tot prins Frederik meende, genoeg hersteld te zijn om naar zijn post te kunnen terugkeer en, en dit *) Namelijk prinses Louise en haren echtgenoot verlof verleenen tot een reis naar Holland. ’) Weggelaten voorloopige berekeningen om alle gasten te bergen. wenschte te doen, nog eer zijn Moeder gevolg gaf aan haar voornemen om met haar dochter en schoonzoon een bezoek te brengen aan den Erfprins in diens hoofdkwartier bij Luik. 166. Prins Frederik aan zijn Moeder. ’s-Gravenhage. 14 Februari 1794 1). Ma trés chère Mère, vous aurez peut-être mal interprêtée le desir que je vous ai marqué de faire seul le voyage a Liége, mais vous auriez tort, ma trés chère Mère, car dans toute autre circonstance ce seroit pour moi le plus grand plaisir que je pourrois avoir que de faire ce voyage dans votre société. Mais cette fois-ci je vous supplie de permettre que je vous devance, quand même ce ne seroit que de 24 heures. II se peut que ce désir soit enfantillage de ma part, mais enfin, quand cela seroit, pourquoi voulez-vous me ravir la satisfaction que j’aurois a vous recevoir è. Liége? D ailleurs comme ma soeur et son époux vous accompagneront apparemment en voiture, ce ne sera pas la société qui vous manquera. Je vous suplie de permettre, ma trés chère Mère, que j’anonce mon départ a mon Père pour le 21 ou le 22 de ce mois tout au plus tard, ce qui est aujourd’hui ou demain en huit. II me paroit que, si je recule davantage, j’aurois mauvaise graceapartir avant le huit du mois prochain; et si même mon Père ne le trouvoit pas mauvais, vous sfavez bien que le public est si ridicule qu’il pourroit bien en gloser, ce a quoi je ne veux point m’exposer. D’ailleurs si le prince de Cobourg donne a mon frère une réponse satisfaisante a la lettre que mon Père lui a écrit, alors il se pourroit fort bien que nos troupes ayent déja prises avant le 22 de ce mois des cantonnemens resserrés entre Namur et Charleroi; et comme dans un cas pareil nos trouppes pourroient en venir aux mains avec I’ennemi a tous momens, aucune considération ne pourroit plus me retenir ici horsmis un ordre par écrit de mon Père, car sans cela je ne me pardonnerois jamais, s’il y avoitquelque chose a faire et que je n’y fus pas, tandis que je serois trés *) Op den omslag van dezen brievenbundel in het eigen handschrift van prinses Wilhelmina: Ici commencent les lettres de mon fils cadet de Vannée 1794. fort en état d’y être. Je vous demande pardon, ma trés chère Mère, de la franchise avec laquelle je vous ai parlé, mais j’ai cru devoir vous donner a connoitre ma fagon de penser a eet égard. Je vous prie d’être assurée du trés profond respect avec lequel je ne cesserai d’avoir I’honneur d’être votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. 167. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 14 Februari 1794. J’avois parfaitement bien compris, mon cher Fritz, ce que vous m’avez dit hier sur votre voyage, et votre lettre achève de me prouver que j’avois bien saisi votre idee. Vous croyez que d’arriver a I’armée quoiqu’elle soit encore aux quartiers d’hiverdans la compagnie de votre Mère et de votre Soeur pourroit faire tort a votre réputation militaire. Je suis toujours affligëe, quand je vois quelqu’un que j’aime, confondre Ie vëritable honneur avec I’honneur imaginaire et en ce cas suposer le public assé injuste et assé ridicule pour trouver a redire qu’il aime la société de ses parens et en profite aussi longtems qu’il le peut, sans manquer a ses devoirs. Mais ceci n’empêche pas, mon cher, que je renonce d’abord au plaisir de faire Ie voyage dans votre compagnie. Je renoncerai même entièrement a ce voyage et a la satisfaction de revoir votre frère avant la campagne, si vous croyez que ma présence puisse porter quelque préjudice a votre gloire. Elle m’est aussi chère que la mienne propre, et plutót que d’y porter quelque atteinte, je me priverai de tout ce qui pourroit me faire plaisir au monde. Depuis longtems d’ailleurs mon agrément particulier entre rarement en ligne de compte dans mes projets. Vous voyez ainsi, mon cher ami, que bien loin de vouloir vous donner quelque conseil qui effleure le moins du monde I’honneur militaire le plus délicat, je veux au contraire aller au-devant de vos désirs a eet égard, même quand vous le cherchez oii il n’est pas, et quand je désaprouve une fa?on de penser fausse qui vous ramène au tems de votre enfance. A mes yeux le vëritable honneur est aussi éloigné de eet honneur imaginaire qui tient a des vétilles, a des affaires d’opi- Naber, Correspondentie II 7 nion chez les sots et qui la plupart du tems ne repose sur rien du tout, que le jour est éloigné de la nuit. Mals cette discussion nous mèneroit trop loin. II est tems que je vienne au moment que vous fixez pour votre départ. Vous voulez I’anoncer dès a présent a votre Père. Vous en estes le maitre, mals je vous avertie qu’en ce cas-la aussi, je lui dirai tout ce qui s’est passé avec votre blessure depuis le moment qu’elle a été fermée la première fois jusqu’acelui-ci. Je ne décide ni pour ni contre sur le tems oü vous pourrez entrer en campagne, mais je ne veux pas avoir la responsabilité d’avoir caché quelque chose sur eet objet a votre Père, si vous voulez partir avant d’être parfaitement guéri. Je demande aussi que Mr. Paradijs et Schenk x) déclarent par écrit que vous le pouvez en tel ou tel tems fixé par eux. Si ce tems est le même que vous fixé, alors personne ne s’y opposera; mais s’ils différent avec votre sentiment et que vous persistiez dans votre avis, alors je demande que I’on appelle le chirurgien d’Amsterdam2), pour qu’il prononce en demier ressort, et s’il se conforme a I’opinion des autres, certainement votre Père ne refusera pas I’ordre par écris que vous avez demandé et qui vous mettrois a couvert de tout blame. Quant a la proximité du 8 Mars que vous prenez pour prétexte de hater votre voyage, c’est une pauvreté. Ni votre Père ni personne ne blamera votre départ, füt-ce Ia veille, si vous estes guéri et que le service de I’Etat le demande. Ainsi ce jour-la ne doit point influer sur vos arrangemens dans ce cas-ci. Le tems ne me permet pas de donner plus d’étendue a cette lettre que vous trouverez peut-être déja trop longue quoique j’aie encore bien des choses a y ajouter; mais je me borne cette fois a vous embrasser et a vous assurer, mon cher Fritz, que je serai toujours votre fidéle Maman W. 168. Prins Frederik aan zijn Moeder. ’s-Gravenhage. 14 Februari 1794. J’ai regu la lettre que vous avez bien voulu m’écrire, ma trés *) Albert Schenck 1735—1805. Hij was 24 jaar lang lijf-chirurg van Willem V en volgde dezen in de ballingschap. *) Wie hier bedoeld is, heb ik niet kunnen vinden. chère Mère, en réponse a ceüe que j’avois I’honneur de vous adresser ce matin, et je ne puls déguiser qu’elle m’a fait beaucoup de peine, puisque je vois par eile que votre intention seroit de renoncer entièrement au voyage que vous vous ëtiez proposée de faire, et cela en conséquence de ce que j’ai pris la liberté de vous écrire. Vous tirez la conclusion de ce que je désirerois de pouvoir partir 24 heures avant vous, que je suis assé fou de croire que si vous veniez a Liège cela nous feroit du tort, a mon frère et moi; mais, ma trés chère Mère, comment poüvez-vous avoir une idéé pareille? C’est bien loin de la au contraire que je serois charmé de vous y voir et par contre affligé si vous abandonniez I’idée de ce voyage. Je vous suplie donc, ma trés chère Mère, de changer de résolution a eet égard. Je n’anoncerai donc pas encore a mon Père le jour que je suis d’intention de partir, puisque vous le désirez ainsi, au moins jusqu’a ce que ma playe soit entièrement fermée. Mais si toutes nos trouppes marchent en avant ni avis de Paradijs ni de Schenk ni même du chirurgien d’Amsterdam ne pourront me retenir ici. Alors je n’écouterois plus que ce que mon devoir me present, ou bien je prie que je ne sois plus continué sur le pied de guerre, car je ne veux pas voler I’argent de I’Etat que j’ai tiré 5 mois sans avoir rendu les moindres services. Je vous prie de me pardonner, ma trés chère Mère, s’il y a quelque expression dans cette lettre qui est trop forte, maismaconscienceexigeoit que je vous parlasse a coeur ouvert. Après vous avoir assuré du plus profond respect et d’un attachement inviolable, je ne cesserai d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. 169. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 14 Februari 1794. Vous faites semblant, mon dier ami, de ne pas m’avoir bien compris, pour me faire de beaux complimens, et vous faites envisager ce que j’ai dit de renoncer plutót au voyage que de vous faire de la peine, comme si cela se reportoit uniquement sur ce que vous voulez arriver 24 h. avant moi. II y auroit manqué que vous ajoutiez – comme cela se trouve dans votre première lettre – que vous demandiez ceci pour avoir le plaisir de me recevoir. Je ne suis pas la dupe, mon cher ami, de ce beau verbiage. Vous m’aimé sincèrement, mais vous vous croiriez déshonnorë, si vous reveniez a I’armée avec moi en carosse. Voila le cóté foible. II ne me fache pas, mais il me fait hausser les épaules et cela me fait une vraie peine de vous voir si petit sur certains articles. Quant k la fin de votre lettre, je suis charmé, mon cher, que vous m’ayez parlé a coeur ouvert, mais trouvé bon que je ne vous réponde que par mon silence. Cet article est trop délicat pour moi. Tout ce que je puis vous dire, c’est que je consulterai aussi ma conscience sur ce qu’il me convient de faire. Je vous embrasse, mon cher Fritz. W. Het einde was, dat prinses Wilhelmina met haar zoon, haar dochter en haar schoonzoon afreisde naar het hoofdkwartier van den Erfprins bij Luik. Daar werd besloten, omdat de hervatting der vijandelijkheden nog niet aanstaande scheen, dat prins Frederik vooraf nog een kuur zou doen te Aken. Hij vertrok daarheen den 4den Maart en dienzelfden dag keerde prinses Wilhelmina met haar reisgezelschap weder terug naar ’s-Gravenhage ten einde tijdig voor de viering van den verjaardag van prins Willem V weder in stad te zijn. De brieven, welke prinses Louise, die nog bij haar ouders bleef vertoeven, toen aan haar broeder schreef, geven een beeld van het Haagsche hofleven aan den vooravond van den val der Republiek. 170. Prinses Louise aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 7 Maart 1794. C’est maintenant, mon trés cher Fritz, que je sens bien plus vivement notre séparation qu’au moment oü je vous dis adieu. Hier a trois heures et puis le soir et puis ce matin, ah! combien la pauvre Historia *) a soufferte en pensant, en voyant que vous x) Bijnaam, dien prins Frederik aan prinses Louise had gegeven om haar groote belezenheid. % n’étiez plus la. Ce qui me console cependant, c’est que jusqu’a présent tout est encore tranquille et que vous estes a même de reprendre des forces et de vous guérir entièrement. Je fais des voeux ardens pour cela, mon bon ami, et je prie le Ciel de me faire jouir un jour de vous revoir en bonne santé et plus kreupel. Notre voyage a été trés heureux. Nous partimes une heure après vous. —x) Nous arrivames a 7 h. du soir a Anvers. Le lendemain avant de partir nous allames a la cathédrale voir les beaux tableaux et nous entendimes chanter matines a tout le Chapitre. Nous trouvames a notre arrivée au Moerdyck le vent et la marée si favorable que nous poussames jusqu’a Rotterdam, et hier a 9 h. et \ nous fümes déja ici. Papa vint a notre rencontre et nous trouva tout prés du Swet2). Une chaine de plaisirs nous attend maintenant et commence par le bal de Mr. de Kalitscheff 3) qui a lieu ce soir et oü Mimi est résolue a aller. Quant a moi, je n’ai pas voulu avoir I’air d’une Donna ahandonnata et I’idée d’arriver la sans Chevalier Bayard 4) me paroissoit si cruelle, surtout par les réflexions auxquelles cela donneroit lieu, que je me suis fait faire en toute hate un habit de Dame Indienne; et comme chaqu’un va a part, je n’aurai pas I’air ridicule et Mimi prend le costume d’une fille du soleil. 10 Maart 1794. La surprise que Mimi fit aPapa, réussit au mieux et fut trés jolie et de bon goüt. Au lieu de se croire dans la grande salie on eüt cru se trouver dans un bosquet trés touffu. L’illusion étoit complette et le soupé fut gay. II y avoit trois grands salons de verdure qui contenoient des tables rondes oü on se mit pêle mêle et Mesdames les hotesses – Mimi et moi – firent les honneurs a merveille. La fête de Vendredi fut aussi bien plus jolie que je ne *) Weggelaten de vermelding van eenige bezoeken, die vooraf nog moesten worden ontvangen, en van een bezoek onderweg aan Laeken, het lustslot der Aartshertogin, gebouwd in 1782—1784 en na de vereeniging met België door Koning Willem I nog vergroot en verfraaid. 2) De Zweth, een water in Delfland, dat van de Molenwetering zuidwestwaarts loopt naar de Schie. Van der Aa, Aardt. Wbk. 8) Gezant van Rusland. 4) Pierre du Terrail, seigneur de Bayard, 1476—1524, bijgenaamd de Ridder zonder Vrees of Blaam, gold voor het type van middeleeuwsche ridderlijkheid. In diens rol en costuum had prins Frederik zijn zuster naar vorige bals vergezeld. m’y attendois; comme on avoit eu tont le tems de s’arranger, il y eut de trés beaux costhumes. On dansa jusqu’a 5 h. et je me retirai a 4. après avoir laissé partir Maman et Mimi une heure avant moi. Cela ne m’empêcha pas de me lever a 9 h. pour faire ma Cour a Papa avant la parade. Mais jamais je ne fus si fatiguée que le 8 Mars au soir, après avoir fait la tournée du cercle oü il y avoit une vraye foule; a la fin je ne pouvois plus faire de révérences. 21 Maart 1794. C’est le coeur bien gros que je commence cette lettre, mon dier Fritz, et réellement je ne sais oü donner de la tête. Que votre amitié cependant ne s’alarme pas trop. J’espère encore remédier au mal que j’éprouve et que me cause une lettre que le Prince a refu ce matin de son Père et qui me prouve son mécontentement de son absence. *) Au monde, je vous le demande, qu’a-t-on besoin de nous dans le moment ? Et combien au contraire il me seroit doux d’être la consolatrice de mes Parens et de pouvoir faire diversion a mes inquiétudes en recevant joumellement des nouvelles de mes bien-aimés frères ? Ceci se sent, et pour peu qu’on eüt de la charité et de la pitié loin de s’y opposer, on I’offriroit de soi-même. Mais point. Je vois que tout me dicte un prompt retour, et j ene puis le reculer que par des pourparlers; et une fois retoumée je ne vois plus de bien, bien longtems au moins, la possibilité de revenir, car je ne serai pas toujours en état de payer une telle course et c’est une vraye comédie pour parvenir a en obtenir la permission. 27 Maart 1794. Nous sommes dans I’attente de lord Malmesbury 2) et du ministre privé de Haugwitz3), qui ont quittés Potsdam Samedi passé pour se rendre ici. Sans vouloir creuser dans le nee plus ultra de la politique, on peut deviner cependant que ces bonnes gens viennent pour solliciter des ducats comme si on en avoit de trop. Je vou- *) Deze klacht is wat bekort. 2) James Harris, van 1785 tot 1790 Engelsch gezant bij de Republiek en sedert verheven tot Peer met den titel Lord Malmesbury. Hij was de promotor van het drievoudig verbond van Engeland, Pruisen en de Republiek geweest. s) Christian Heinrich Kurt, graaf van Haugwitz, 1752—1831, was eerst Pruisisch gezant te Weenen en vervolgens, sedert 1792, minister in het Kabinet van den Koning van Pruisen. drois bien savoir lequel de ces deux fins merles trompe I’autre. En tout cas cela nous remettra en train de voir quelque monde, car il faudra bien traiter les Ambassadeurs. Hier nous fümes en retraite et pour jeüner nous primes un ample déjeuner a midi oü nous officiames si bien que nous n’eümes plus faim de toute ia joumée. II est vrai que nous donnames de la nourriture a notre ame par deux sermons dont le demier, que prêcha Mr. de Ia Saussaye, nous édifia beaucoup, quoiqu’il nous prouvala nécessité de la guerre présente et qu’il ne voulüt point entendre parler de paix et d’amitié avec ce peuple de fous comme il s’exprima. Mr. de Réguleth dit aussi de bonnes choses et entre autres contre les tooneelen en danseryen; je m’attendois qu’il alloit ajouter en verkleedsels. Durant cette semaine du moins nous ne jouirons pas de tous ces plaisirs et je suis bien persuadée que, quand on ne les pousse a I’excès, ils ne sauroient être condamnables aux yeux de Dieu. Dimanche au reste nous eümes un beau concert dont nous profitames toutseuls, et oü nous nous amusames tant que nous le fimes durer jusqu’a onze heures. II y avoit des chanteurs émigrés et un excellent violoncelle, élève et émule de Duport1), quoique autrefois amateur, puisque c’est un comte qui maintenant gagne sa vie par son talent. 2) Ayant écrit a Monseigneur, j’attends sa réponse avec crainte et tremblement. Je lui ai dit franchement toutes les raisons qui me fesoient désirer de prolonger mon séjour, en lui en laissant I’arbitre. Nous vèrons ce que ma délicatesse et ma générosité opéreront sur lui. Son fils Guillaume est rétabli et je sais qu’effectivement il compte le marier ce dont je serai trés aise 3), s’il lui donne une femme avec laquelle je puisse sympathiser; et si on lui laisse le choix, je ne doute qu’il ne lui manquera rien, car ce Seigneur est difficile mais bien volage aussi. Je plains ceile qui I’épousera. l) Jean Jouis Duport, 1741—1818, Fransch violoncellist van grooten naam. *) Weggelaten tal van bijzonderheden omtrent verschillende émigrés. •) Prinses Louise aan haar Moeder. 24 April 1793: „J’aime mieux prendre mon „partiunefois pour toutes que de me flatter toujours inutilement. Après tout, qu’on „marie un de mes beaux-frères qui sera peut-être plus heureux et dont j’aimerois les „eufans comme si je les avois fait moi-même. Je perdrois un peu de ma considération „ici et il faudra encore tacher de s’en consoler, ce que je ferai facilement si je conserve „toujours les coeurs de mes Parens et de mes amis. D’aüleurs je ne vois pas, que les „Duchesses qui ont eu tant d’enfans, en soyent pour cela un brin plus respectées. Le „personnel fait tout et j’espère donc en être toujours digne.” Si elle le fixe, elle est bien habile. Adieu, mon frère, nous allons sortir, Maman et moi, en chaise, chose étonnante pour le 27 de Mars, mais nous avons un beau tems continuel dont ü faut bien profiter. Don Carlos x) vous fait mille amitiés. Mimi vous écrit; je ne vous dis donc rien d’elle ni du Petit. Pensez souvent a moi, mon bon ami, et soyez assurée de la tendresse de votre bonne soeur et amie Louise. 171. Prinses Wilhelmina aan 'prins Frederik. ’s-Gravenhage. 21 Maart 1794. J’ai regu hier et ce matin vos lettres du 17 et du 18 et je vous en remercie, mon dier ami; remerciez aussi Schmitt de sa lettre avec le Journal2). Dieu soit loué qu'il peut nous donner de si bonnes nouvelles. A eet égard je ne puis former qu’un voeu, c’est que les circonstances ne vous obligent pas de quitter Aix trop tót. A quelque chose malheur est bon. Les pourparlers sur I’armée Prussienne et le refus de I’Empereur de la prendre en subside arrêtera probablement les opérations du prince de Cobourg et nos troupesnepouvantêtrerassemblés que les premiers jours d’Avrill, jecomptequ’avantce tems il n’y aura rien a faire, a moins que les Carmagnols commencent Ie bal, et c’est de quoi je doute, car on assure qu’ils ont détaché un corps de I’armée du Nord pour renforcer la Vendée oü on leur donne de la besogne. 29 Maart 1794. Je ne sais si vous savez oü en est la négociation sur Ie traité de subside pour la Prusse. Je n’ai pas osé entrer la-dessus dans des détails par la poste. Je puis vous dire a présent que la Cour de Vienne ayant refusé tout net la proposition, le Roi a envoyé ordre a ses troupes de se retirer a I’exception de 20 milles hommes qu’il laisse a la disposition de I’Empereur. Les autres marchent a Cologne 3), mais avant qu’ils y arrivent, on espère a Berlin que les arrangemens seront faits avec I’Angleterre et avec nous, pour qu’el- ’) Karei, erfprins van Brunswijk. a) Dagverhaal van de kuur van prins Frederik door diens lijfarts. 8) Namelijk om zich terug trekken naar het Noorden. les passent a notre solde, et qu’alors le maréchal Moellendorff*) marcheroit droit sur les Pays Bas oü il agiroit. C’est pour I’arrangement de tout ceci que Haugwitz et Malmesbury viennent, mais il est a remarquerque I’argent que la Prusse demande, est si énor, me que cela effraye. Cependant il est apparent qu’on fera un effort auquel on est en génëral disposé ici de concourir. En attendant le départ des Prussiens jette I’épouvante dans toute I’Allemagne et I’Electeur de Mayence tente I’impossible pour les faire rester. Ceci est d’autant plus nécessaire pour la süreté de I’Allemagne que I’armée de I’Empire qui doit les remplacer, ne pourra être rassemblëe de plusieurs mois. 1 April 1794. Mr. de Haugwitz et mylord Malmesbury sont arrivés avanthier au soir, pendant que nous avions un grand concert et un grand soupé – au fond pour leur honneur et gloire, paree qu’on les attendoit Samedi Ils n’ont pas paru ce soir-la et hier nous n’avons eu que lord Malmesbury. C’étoit un second désappointement, car votre Père avoit invité 50 personnes pour I’amour de ces Messieurs, et Mr. de Haugwitz n’a point paru. II n’avoit pas ses équipages, a été Ie prétexte; et au fond je crois que la raison en étoit, qu’il avoit des couriers a expédier et qu’en même tems il étoit fatigué du voyage. Ce matin j’ai fait sa connoissance. Cela paroit un homme aimable qui a un ton trés poli et en même tems fort uni. Je crois qu’il plaira ici; en trés peu de jours nous vèrons plus clair sur le succès de sa mission. En attendant le départ du maréchal de Moellendorff avec I’armée sous ses oréxes est suspendu, ce qui du moins pour le moment laisse les chosse comme ellessont, et rassure I’Empire. 2) Un événement qui me fait plaisir, c’est que la bonne Historia reste a présent jusqu’a la fin de May. Elle s’est adressée directement au Signor Padre qui vient derépondre trés favorablement. Que ne pouvez-vous être aussi des nótres! *) Wichard Johan Heinrich von Moellendorff, opperbevelhebber van het Pruisische leger aan den Rijn, sedert de koning van Pruisen naar Polen was vertrokken en de hertog van Brunswijk zijn ontslag had genomen, daar hij zich machteloos gevoelde tegenover het gebrek aan wederzijdsch vertrouwen en aan samenwerking tusschen de Geallieerde Mogendheden Pruisen en Oostenrijk. Zie zijn brief van 6 Januari 1794 bij De Bas, Prins Frederik en zijn tijd, I, pag. 620. a) Weggelaten opmerkingen omtrent de wondbehandeling van prins Frederik. 8 April 1794. Vous saurez déja que I’Empereur x) sera demain a Bruxelles. Peut-être lui aurez-vous fait votre cour a son passage a Aix. L. H. P. lui envoyent une dëputation comme cela s’est fait, lorsque le Roi a été a Clèves. Votre Père médite aussi un voyage a Bruxelles, mais je ne sais pas encore ce qui en sera. Voila Mimi qui arrivé. Non, je me trompe, c’est le Petit qui la prëcède. 10 April 1794. Vous estes si raisonnable, mon trés cher ami, que je ne doute point que vous prendrez de vous même la sage résolution de ne pas précipiter votre départ pour I’armée et surtout de ne pas partir, avant que la blessure ne soit fermée. Selon toute apparence peu de jours feront I’affaire et vous qui avez montré tant de patience pendant tout le tems de cette malheureuse blessure, vous ne voudrez pas sans doute en manquer dans ces demiers moments et pour 8 ou 10 jours que vous abrégeriez votre séjour a Aix, courir le risque de tout gater et peut-être de vous remettre hors d’état de faire la campagne. J’espère également, mon cher, que vous vous réaccoutumerez peu a peu aux fatigues et que sans nécessité absolue vous ne recommencerez pas la vie que vous avez menée I’été passé. On peut être trés brave, on peut trés bien remplir tous ses devoirs, sans se fatiguer outre mesure et sans s’exposer étourdiment et faire le métier de Huzzard au lieu de celui de Général qui vous est assigné. 15 April 1794. Dans la suposition, mon cher ami, que vous aurez suivi le conseil de votre Père, je vous adresse cette lettre encore a Aix, mais ce sera vraisemblablement la demière. Je vous félicite d’être si prés de quitter ce séjour et surtout de ce que le bon Dieu a béni les remèdes et que tout va si bien avec votre bras. J’en suis dans la joye de mon coeur. Sürement, mon cher, j’approuve votre sagesse d’avoir cédé de vous-même aux instances de Schmitt et d’avoir dabord consenti a rester quelques jours de plus; ceux que ‘) Keizer Frans 11, die in Maart 1792 zijn vader, keizer Leopold, was opgevolgd als koning van Hongarije, in November 1792 als Duitsch Keizer was gekroond en thans een bezoek kwam brengen aan zijn Belgische Provinciën. nous y avons fait ajouter combleront la mesure et je vous assure qu’ils passeront bien vite. En attendant vous ne perdrez rien a I’armée; aujourd’hui encore j’ai resu une lettre de votre frère qui me répète que les chemins sont absolument impraticables. Votre Père pars le 21 pour Bruxelles et ira a I’armëe. 17 Aprü 1794. Ces peu de lignes sont simplement pour vous avertir que par la poste d’avant-hier je vous ai adressée une lettre a Aix et que je vous conseille de la faire venir, si vous ne I’avez pas re?ue encore et si vous avez envie de la recevoir. Si j’avois pu m’imaginer qu’après avoir resu I’estafette, vous seriez parti avant la fin de cette semaine et avant surtout que la playe fut fermëe, ce seroit au Quartier-Généralque je vous eusse adressé cette lettre. Maintenant je ne puis que vous féliciter d’avoir atteint I’objet de vos voeux et vous souhaiter beaucoup de bonheur. Je ne veux pas vous dérober un tems précieux que vous employerez sans doute mieux qu’ü me lire. Je suis toujours votre fidéle Maman W. Volgens een door den Oostenrijkschen generaal Mack x) opgemaakt operatie-plan zouden bij het verlaten der winterkwartieren de van Namen tot aan de Noordzee opgestelde coalitie-legers hun rechtervleugel, onder generaal Clairfait in Vlaanderen gelegerd, voorloopig enkel defensief laten blijven, maar daarentegen hun hoofdmacht onder den prins van Coburg, waarbij de Staatsche troepen waren ingedeeld, offensief laten optreden door langs het dal van de Sambre den weg naar Parijs vrij te maken en te dien einde trachten zich meester te maken van de Fransche vestingen langs dien weg. Alen begon derhalve met het beleg van Landrecies, waarvan de leiding werd opgedragen aan den Erfprins 2). •) Karl Mack, heer van Leiberich, 1752—1828. •) Zie Sabron, De oorlog van 1794/1795, I, pag. 4. 172. Prins Frederik aan zijn Moeder. Robersat. 19 April 1794. Je profite du Bode que mon frère envoye aujourd’hui a La Haye, pour vous anoncer, ma trés chère Mère, que j’ai joint hier au matin I’armée. J’y suis arrivé dans un moment bien intéressant: c’etoit justement dans le moment de I’affaire x) qui, quoiqu’elle ne fut pas trés vive, etoit cependant bien jolie a voir. Je ne vous donne point de détails comme vous les verrez dans le rapport de mon frère a mon Père et que les répétitions sont toujours ennuyantes. Ajourd’hui nous nous trouvons campés sous Landrecies et je supose qu’en peu de jours on pourra ouvrir la tranchée. Mais auparavant il faudra encore repousser les postes avancés que la gamison de cette forteresse occupe prés du village d’Etoquis, ce qui au reste pourra avoir lieu assés aisément. Je vous prie de faire mes complimens au reste la familie et d’être assurée du trés profond respect avec lequel j’ai I’honneur d’être votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. 173. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 21 April 1794. On ne pouvoit sans doute arriver plus a propos a I’armée que vous y estes arrivé, mon cher ami, et si vous saviez que pareille fête vous attendois a pareil jour, cela excuseroit un peu votre empressement de vous y rendre, lorsque votre Père vous conseilloit directement de modérer votre empressement encore quelques jours, et en ce cas il faudra bien que je le vous pardonne; mais au moins que ceci ne vous autorise pas a une récidive dans un cas pareil, car nous ne serions pas toujours si bons. Les bonnes nouvelles de I’armée nous ont fait bien grand plaisir; je pense que si cela continue ainsi, votre Père arrivera chez vous pour I’ouverture de la tranchée devant Landrecies. II vient de partir pour Bruxelles et m’a chargé de vous faire ses amitiés. Comme I’Empereur retoume Jeudi a I’armée, je pense, que votre Père ne restera plus longtems a Bruxelles et qu’a la fin de la semaine il sera rendu au •) Bij de voorposten van Landrecies. Quartier-Gënéral de votre frère. Jusqu’ici il ne veut prendre le commandement comme il a fait a Melle 1), mais cela pourrois changer quand il y sera. Je pense que votre frère vous aura communiqué les copies des traités qui ont été signés avant-hier ici entre I’Angleterre, la République et la Prusse; ainsi je ne vous en dis rien sinon que je suis charmé que cette affaire soit terminée. II étoit trés essentiel qu’elle le fut promptement dans les circonstances actuelles. Vous aurez vu aussi la réponse de I’Empereur a I’Angleterre sur les dédomagemens pour la République et vous en aurez été aussi peu édifié que nous 2) La Comission de L.H.P. pour complimenter I’Empereur consiste dans Mr. de Blitterswyk 3), de Zuylen 4), d’Aylva 6) et de Leuwe 6); le jeune Guicherit7) en est le sécrétaire. 8) Mr. de Lynden a absolument voulu aller en Jacht et comme ils ont le vent contraire, il est a craindre qu’ils arriveront trop tard. *) Je vous embrasse, mon cher et bon Fritz. Que Dieu vous bénisse! Toujours votre fidéle et bonne Maman W. 174. Prins Frederik aan zijn Moeder. Kasteel van Bousies. 21 April 1794. Que je suis charmé maintenant d’avoir rejoint I’armée a tems. Je n’aurois point voulu pour beaucoup n’avoir point été ici hier. Quoique cette joumée nous ait coüté quelque monde, nous avons extraordinairementgagnéparia prise du camp retranché de Landrecies, car voila maintenant déja notre première parallèle établie et demain nous pourrons commencer, j ’espère, a tirer avec les *) Zie in N°. 161 den brief van 20 September. a) De teruggave van Lilloo en Liefkenshoek en het geheele bezit van Maastricht. Zie Blok, 111, pag. 665. *) Willem Carel Hendrik, graaf van Lynden, baron van Blitterswijk, Representant van den Eersten Edele van Zeeland. 4) W. R. baron van Tuyll van Serooskerken, heer van Zuylen. 6) Hans Willem, baron van Aylva. 6) E. J. baron van Lewen van Aduart. ’) Mr. W. S. de Guicherit. 8) Weggelaten de opsomming van personen, die als liefhebbers de feesten te Brussel gingen bij wonen. ®) Weggelaten bijzonderheden omtrent de Stamfords. hatteries a mortier, de sorte que nous pouvons calculer que le siége durera 6 ou 7 jours de moins qu’il n’auroit duré saus cela, ce qui nous épargnera beaucoup de monde. L’Empereur a assisté hier lui-même a I’attaque; mais comme il étoit a I’aile droite et que j’ai ëtë continueüement a I’attaque du centre, je n’ai point eu I’honneur de lui faire ma cour. II étoit accompagné de ses deux frères x), des princes de Cobourg et de Waldeck 2) et du général Mack. Je vous prie, ma trés chère Mère, de faire mille amitiés a Mimi et a Loulou et d’être assuré du trés profond respect et de I’attachement inviolable avec lequel j’ai I’honneur d’être votre tres humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. 175. Prins Willem V aan prinses Wilhelmina. Brussel. 22 April 1794. Voici la relation de mon voyage. Je suis arrivé au Moerdyck fort vite, mais mon chariot de bagage s’y est cassé. J’ai ëtë a 9 h. et demie a Rozendaal. Nous y avons soupé et sommes partis entre onze h. et minuit. J’ai ëtë en passant voir Ia cathédrale d’Anvers oü I’on chantoit matines. C’étoit a 6 h. du matin. A 9 h. et £ je suis arrivé a Malines. Je suis resté a I’hotel pour m’habiller et faire ce que jefaislematinjusqu’aonzeheures, et jesuis arrivé ici è, une heure et J. Je suis allé tout de suite faire ma cour a Sa Majesté et ma visite aux Archiducs. 3) Je vous envoye les lettres que j’ai re<;ues de Guillaume et de Fritz 4). Vous vèrez que les troupes de I’Etat se sont fort distinguées 5), mais le régiment des Gardes Suisses a beaucoup souffert. Les troupes ont combattu sous les yeux de I’Empereur qui leur rend bon témoignage. 23 April 1794. Je ne veux pas que vous m’accusiez de paresse, voila pourquoi je vous écris. Si pendant que je suis a Landrecies, je ne vous écris *) De aartshertogen Karei en Joseph. *) Christiaan August van Waldeck, 1744—1798. •) Weggelaten een opsomming van Hollanders, die de Prins te Brussel heeft ontmoet, ongerekend de leden der deputatie van de Staten-Generaal. *) Met rapporten omtrent de voorbereidingen van het beleg van Landrecies. *) Bij de inneming van het versterkte kamp voor Landrecies. Zie den brief No. 174. pas, vous ne devez pas en être étonné. On se flatte que dans la semaine prochaine la place sera prise; si cela étoit, je pourrois bien y assister et retarder mon retour un couple de jours. L’Empereur part demain, mais n’ayant pas mes chevaux a I’armée, je dois retarder mon voyage d’un jour pour leur donner le tems d’arriver. 25 April 1794. Hier 2) au matin j’ai resu un exprès de Guillaume et je lui ai répondu. Je vous envoye sa lettre et la lettre officielle que j’ai regue de lui hier par le Veldpost. J’ai ëtë voir la Nouvelle Eglise, belle par sa simplicité. Puis j’ai ëtë a la Maison des Etats; de la aSchoonenberg ou chateau de Lake que j’ai vu avec grandplaisir, et j’ai ëtë au haut du kioske oü la vue est superbe. En ren trant j’ai ëtë au Prix Fixe et j’ai acheté pour vous des machines couleur de rosé oü il y a écrit Acceptez-les d’Amitié, une bourse pour le prince de Brunswic, deux livres et une bonbonnière pour I’Enfant. Cela vous parviendra par le jacht ainsi que trois chapeaux; celui avec les plumes violettes est pour Loulou; celui avec les plumes couleur de rosé est pour la Princesse Héréditaire et celui avec le ruban orange est pour vous. J’ai acheté ces chapeaux au Tres Galand. J’ai ëtë ensuite voir I’église de Sainte Gudule; puis j’ai diné chez Mr. de Mettemich. J’espère être ce soir a Valenciennes et demain a I’armée. L’apparence de la durée du siége de Landrecies décidera de mon retour. Valenciennes. 26 April 1794. Après vous avoir écrit hier, je suis parti de Bruxelles par le plus beau tems du monde. La route depuis la jusqu’ici est charmante et je n’ai jamais vu de plus beau païs. J’ai ëtë en passant a Halle voir I’église oü est la fameuse image de Notre Dame de la Halle qui fait des miracles. C’est une petite statue richement vêtue, mais a face noire qui ne vaut pas la peine d’être vue. A Mons j ’ai cassé une roue, mais nous n’avons pas versé. II en a fallu mettre d’autre, ce qui m’a arrêté un couple d’heures que j’ai employées a *) Weggelaten beschrijvingen van een diner bij Mr. Hop, van de inauguratie-plechtigheden, van de gala-voorstelling in den schouwburg. ’) De Prins moest dien dag op zijn paarden wachten. parcourir la ville. C’est icix) que I’on volt véritablement I’effet des horreurs de la guerre. Cette ville est pour un quart dëtruite et un village qui est hors de la Porte de Mons – c’est ainsi qu’on appelle la porte par ou je suis entré Pest entièrement. Le Major de la place est venu pour me faire voir les ouvrages du front de Pattaque. Je pars d’ici a cheval pour Quesnoy et de la pour le Quartier-Général de Guillaume. Adieu, ma chère Enfant, Dieu veuille que tout aille bien et que nos enfans soyent préservés de tout accident et que j’aye la satisfaction de vous revoir en santé ainsi que ceuxde la familie qui sont restés è. La Haye, auxquels je vous prie de faire mescomplimens, étantaurestecommetoujourseta jamais T. A. V. et votre tout dévoué et tendre Epoux, sincère et fidéle Ami G. Pr. d’Orange. 176. Prins Frederik aan zijn Moeder. Vendégies au Bois. 25 April 1794. J’ai milles graces a vous rendre, ma trés chère Mère, pour la lettre que vous avez eue la bonté de m’écrire en date du 21 de ce mois, a laquelle j’aurois répondu plus tot; mais ayant toujours été depuiscetems par voye et par chemin, cela m’a été tout a fait impossible. Le prince de Cobourg m’avoit donné dabord Paile gauche de Parmée du duc d’Yorck a commander; mais Paile droite de cette armée ayant été attaquée, je fus envoyé incontinent avec deux escadrons Autrichiens et huit a nous pour la soutenir. Mais je n’ai eu rien du tout a faire et depuis ce tems je me trouve ici avec cette petite troupe de Cavallerie, ou j’ai du occuper un camp entre L’Escallion et La Selles. Cependant j’espère que cela ne durerapointlongtems, car je crains fort que je n’aurois rien du tout a faire de ce cóté-ci, et dans ce cas-la je préférerois debeaucoupsuivre de prés les travaux du siége. Je crois que mon Père arrivé aujourd’hui a Bousies. Si tout reste tranquile, je tacherois de m’y rendre aussi un moment ce soir, car pendant la matinée je ne puis guère m’absenter. C’est avec bien du plaisir que j’ai appris que le traité est enfin conclu entre la Prusse et les Puissances Maritimes, et maintenant j’ai encore meilleure espérance pour le succès de la ') Bij Valenciennes. campagne que ci-devant, car voici encore un renfort de 60.000 hommes. Je vous prie, ma trés chère Mère, de faire mille amitiés de ma part a toute la familie et d’être assurée du profond respect avec lequel j’ai I’honneur d’être votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. 177. Prins Willem V aan prinses Wilhelmina. Bousies bij Landrecies. 26 April 1794. Je suis arrivé ici assez tard. J’ai été a cheval ce matin de Valenciennes au Quesnoy au pas; de Quesnoy ici au pas et d’ici a la hauteur prés de Landrecies pour voir le bombardement qui a commencé ce matin. De la je suis venu ici a cheval. II y a eu beaucoup d’attaques aujourd’hui. On a battu les Frangois du coté du duc d'Yorck et on a pris le général Chappuis avec la disposition de ce que les Frangois veulent faire. Le bombardement continue. C’est un spectacle effroyablement beau. 27 April 1794. Ce matin on a sommë la ville. Le général Bentinck y a été avec une sommation an nom de Sa Majesté Impériale, signée par Guillaume, et comme il y a eu une espèce d’armistice pendant un couple d’heures, j ’ai été a la tranchée et vu les batteries. II y a plus de 50 bouches a feu en batterie. Le feu a recommencé après de plus belle et le bombardement va son train. Le cóté de la Flandre est dans ce moment le plus dangereux; on a trouvé dans la poche du général Chappuis que I’on a pris, le projet de ce que I’on veut faire, et on y a vu que le général Pichegru *) doit avec 50.000 hommes attaquer le général Clairfait2). S’il est repoussé, tout va bien; mais s’il passé, je doute que nous puissions rester oü nous sommes. Nous ne sommes qu’a 44 heures de Paris. La garnison a refusé la capitulation. Je suis curieux s’ils attendront I’assaut. Alors je les plains. 28 April 1794. Hier après vous avoir écrit, j’ai eté a cheval a Carillon. Fritz est venu la me voir et nous avons promené ensemble a cheval. Fritz x) Franyois Pichegru, 1761—1804, bevelhebber van het Fransche Noorderleger. a) Die Vlaanderen bezet hield. Naber, Correspondentie II 8 est gros et gras, óte son chapeau de la main droite et monte a cheval comme si de rien n’étoit. Je le trouvé beaucoup mieux qu’a son départ de La Haye. 29 April 1794. II doit se donner aujourd’hui une bataille en Flandres. Le sort de cette bataille, dont nous pourrons avoir la nouvelle demain, décidera si je resterai quelques jours ici ou non. Les postes avancés de I’archiduc Charles 1) sont attaqués ce soir. Nous nous attendons a une bataille demain qui décidera si Landrecies sera pris ou non. Nous sommes dans ce moment dans une forte crise. 30 April 1794. Cematinl’ennemin’a pas paru, comme on s’y attendoit; ainsi je ne suis pas sorti et les troupes qui étoient prêtes a marcher, sont rentrees au camp. Landrecies a fait demander par un trompette un répit de deux fois 24 heures qui lui est refusé. 1 Mei 1794. Je vous annonce la prise de Landrecies, Dieu soit loué. La place s’est rendue ce matin. A présent je me flatte, a moins d’événemens extraordinaires, vous venir voir Lundi. 2 Mei 1794. (I). Après vous avoir écrit hier, j ’ai été vers Landrecies oü j ’ai trouvé Sa Majesté Impériale, I’archiduc Charles, le prince de Coburg et nombre de généraux. On a attendu jusqu’a 8 heures du soir avant que la gamison sortit. Elle étoit en trés mauvois ordre et je crois qu’une partie s’est échappée du cóté oü la place n’étoit pas serrée de si prés; au moins je ne sais encore ce qu’elle est devenue. On nous en donnera autant qu’il nous en faut pour échanger nos prisonniers. J’espère que I’on parviendra enfin a en avoir une liste et que I’on saura enfin si le pauvre Lynden 2) est mort ou non. J’ai été la jusqu’a onze heures du soir que je suis retoumé ici. J’y ai trouvéFritzquiasoupéavecmoi; iln’est plus avec le duc d’Yorck, mais il est avec 30 escadrons en avant de Landrecies sous les ordres de son frère. Le duc d’Yorck est allé en Flandres ou les affai- i) Karei Lodewyk Joseph Laurens, aartshertog van Oostenrijk, 1771—1847, derde zoon van keizer Leopold II; hij werd in deze dagen zeer bevriend met den Erfprins en diens broeder. *) Zie in N° 161 den brief van 21 September 1793. res ne vont pas trop bien. Clairfait a été battu par les Frangois. C’est un bien grand bonheur qu’on a pris hier Landrecies. Avanthier je croyois qu’il faudroit lever le siège x). II est curieux que cette ville n’a jamais été prise et que Charles Quint et le prince Eugène y ont échouez. Le siège fini, on pourra de beaucoup renforcer la Flandre et peut-être en venir a une affaire générale. Dien veuillequecelaréussisse. Après on voudroit faire de nouveau quelque siège, soit Bouchain ou Cambrai. Je vous prie que ceci reste secret. Les troupes de I’Etat ne seront pas employées au premier siège qui aura lieu; il faut qu’elles ayent quelque relache. Ma lettre écrite, j’ai été a Landrecies voir la place. Jamais je n’ai vu de ville plus mal accomodée. Tout est quasi détruit hormis les ouvrages qui sont resté en état. L’armée a changé de position et est ici prés. II n’y a point de bonnes nouvelles de Flandres, mais il est a espérer que la prise de Landrecies fera reculer I’ennemi. 2 Mei 1794. (II). Je dois aujourd’hui aller voir le camp de I’armée de I’Etat qui est aun bon quart d’heure; puis au Cateau-Cambrésis prendre congéz et faire ma cour a Sa Majesté Impériale et puis je pars pour La Haye. Voila mes desseins. Quand j’arriverai, je I’ignore; mais j ’espère pouvoir paroitre Lundi a tous les Colléges. 2) C’est avec la plus tendre amitié que je suis pour la vie a jamais T.A.V. et votre dévoué et tendre Epoux, sincère et fidéle Ami G. Pr. d’Orange. 178. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 4 Mei 1794. Votre Père est arrivé a 6 heures en parfaite santé. Nous avons été ensembles entendre prêcher Mr. Réguleth et a présent, mon ami, me voila la plume a la main pour causer avec vous. Je ne vous dis rien, mon cher, de tout le plaisir que nous a causé la prise de Landrecies ; vous vous représenterez cela facilement et ce plaisir étoit Prins Frederik aan zijn Moeder, 4 Mei 1794: „Jamais le commandant de Lan„drecies u’auroit pu se rendre plus k tems, car graces k la redditiou de cette place il y „a eu moyen de détacher vers Ia Flandre, ce qui auroit été impossible sans cela k moins „de lever entièrement le siège ou du moins de risquer d’être forcé de le lever”. 2) Weggelaten een lijst van bijgevoegde stukken ter doorzending aan den Griffier. d’autant plus grand que depuis les mauvaises nouvelles de Flandres et une lettre assé allarmante de votre Père, qui annongoit une forte crise et une bataille décisive pour le lendemain etc.1), j e n’étois nullement a mon aise. J’ai taché autant que possible de cacher ici les nouvelles mauvaises; aussi ne se sont-elles pas ébruitées beaucoup. Mimi n’en a rien ssu du tout; il est essentiel qu’on lui évite toute espèce d’émotion. Elles lui sont très-nuisibles z). 8 Mei 1794. II me semble a désirer qu’il fut une fois décidée quel employ on fera de vous pendant la campagne, car tantót on vous envoie d’un cótë avec un corps tantót d’un autre avec un autre corps. Je supose au reste que I’employ de nos troupes le sera aussi et qu’on ne vivra pas a eet égard du jour a la journée comme on dit, car cela me paroitroit assez désagréable. Selon nos nouvelles Bouchain est le premier endroitdont on s’occupera, et nous croyons que I’archiduc Charles commandera le siège. De la Flandre nous ne savons pas grand’chose, mais il est certain que le poste d’Arlon a été repris par Beaulieu qui a battu a cette occasion les Carmagnols. Cette nouvelle positive est entrée hier par un courier du maréchal de Moellendorff. Ce sont les mouvements que les Prussiens ont fait qui ont favorisé ceci, et ces derniers ont aussi dans le même tems remportés un avantage sur I’ennemi. Mr. de Haugwitz nous quitte ce soir et se rend a I’armée Prussienne. Mylord St. Helens 3) est arrivé hier au soir. J’ignore encore s’il est porteur des ratifications de la Convention 4). S’il ne I’est pas, cela donnera de I’humeur au ministre Prussien et je crains que cela n’influe sur les opérations de I’armée qui ne pourra pas alors recevoir ce qui lui est nécessaire avant le 24 du mois, jour fixé par la Convention pour être prête a agir. Loulou se porte bien. Sans doute que son départ, dont I’époque approche, nous fera de la peine a tous; mais sur ce il faut se faire une raison et reconnoitre que sur ce point elle est plus heu- x) Zie den brief van 29 April 1794. a) De gezondheid van de Erfprinses had den laatsten tijd reden tot ernstige bezorgdheid gegeven. 3) Alleyne Fitzherbert baron St. Kelens, 1753—1839, opvolger van lord Auckland als Engelsch gezant. *) Zie N°. 173. reuse que la plupart des Princesses qui rarement reviennent pour si longtems auprès de leur familie. II faut lui prêcher de ne pas abuser de la facilité qu’on a eu jusqu’ici de le lui permettre; saus cela elle se fera tort a elle-même et pourroit bien ne plus jouir si facilement ni si souvent de ce plaisir. Notre Kermès est assé brillante quant aux boutiques, mais pas quant au tems. II pleut presque tous les jours. Cependant nous trouvons des momens pour promener. Les jeux sont dëfendus, mais il y a spectacle Hollandois et Allemand continu. Hier nous avons vu jouer Le Penoquet a la comédie Hollandoise et cela fut assé bien rendu quoique la Wautier ne joua pas. Votre Père vous embrasse. J’en fais autant, mon cher et bon ami. Que Dieu vous conserve et vous donne tout ce dont vous avez besoin! Je suis a jamais votre fidéle Maman W. 179. Prins Frederik aan zijn Moeder. Basiau. 11 Mei 1794. J’ai mille graces a vous rendre, ma trés chère Mère, pour le charmant cachet que vous avez bien voulu avoir la bonté de m’envoyer, ainsi que pour la lettre que vous avez bien voulu m’écrire en date du 8 de ce mois. Vous aurez vu par la lettre de mon frère, que j aurois I’honneur de commander le corps qui est destiné a faire le siège d Avesnes, si tant est qu’il ait lieu, car c’est ce dont je ne suis pas encore persuadé, puisque je ne crois pas qu’on entreprendra la siège avant que d’avoir de bonnes nouvelles de Flandre; et comme celles-ci dépendent du succès de I’attaque du genéral Clairfait, elles sont encore bien douteuses. Cependant j’ai bonne espérance. Toutes les dispositions sont déja faites pour 1 investissement d’Avesnes de sorte que dés que les nouvelles de Flandres viendront, nous nous mettons en marche. Je désire ardemment que ce soit encore aujourd’hui, car nous perdons un tems bien précieux et le tems perdu ne se rattrappe pas si aisément. J ai été bien étonné d’apprendre que la Conférence oü I’employ des troupes Prussiennes doit être décidé, n’aura lieu que le 24 de ce mois, puisque c’est proprement a cette époque qu’elles devroient déja être rendues a I’endroit de leur destination. Je crains fort maintenant qu’avant la mie Juin nous n’ayons aucun service de ces troupes. Ayez la bonté, ma chère Mère, de me mettre aux pieds de mon Père et de me rappeller au souvenir du reste de la familie et d’être assurée du profond respect et de I’attachement inviolable, avec lequel j’ai I’honneur d’être votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange. Het met den val van Landrecies behaalde voordeel, dat de weg naar Parijs open lag, was niet gebruikt; eer men dien insloeg, had men nog eenige vestingen willen belegeren, voorzichtigheidshalve, wat den Franschen tijd had doen winnen om den weg naar hun hoofdstad te dekken en hun legers opnieuw te organiseeren. Zoo was het hun mogelijk geworden den nden Mei de Oostenrijkers, die onder generaat Clairfait in Vlaanderen stonden, bij Kortrijk te verslaan en den iBden de Engelschen onder den hertog van York bij Tourcoing. Zelven leden zij echter den 22sten Mei een nederlaag bij Pont-d-Chin. 180. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 25 Mei 1794. A présent que j’ai regue votre lettre du 23, je ne puis résister au plaisir de vous écrire quelques lignes, mon bon et cher Fritz. Dieu soit loué de ce que ce jour-la – ou la veille – en ait réussi a repousser I’ennemi x), mais c’est après une joumée bien chaude et puisqu’il a repris son ancienne position, on n’y a pas gagné grandchose.—Ce que vous dites des troupes Prussiennes est trés juste, mais comme on n’est pas d’accord encore oü elles agiront, je crains que leur utilité ne sera pas telle qu’elle devroit I’être. Je tremble pour cette campagne, car vous avez a faire a forte partie. Que Dieu vous conserve! Dans un couple d’heures je pars avec la bonne Loulou pour Loo, d’oü elle nous quitte dans un couple de jours. Mimi nous a précédéz ce midi. Elle couche a Utrecht. Nous reste- *) Bij Pont-è-Chin. rons 8 jours a Loo; ensuite je mène Mimi a Soesdyck, oü nous trouverons Ie Petit. Mimi y passera I’été pour sa santé et elle a changé de médecin. C’est a présent Verbrugge x) de Delft qui la traite et qui va aussi a Soesdyck. C’est elle-même qui I’a choisi et je me flatte que c’est un bon choix. II a tout a fait changé les remèdes et se flatte de la guérir, mais lentement, car son état est critique et il ne doit rien survenir qui puisse I’empirer. Je resterai une huitaine de jours aussi a Soesdyck; puis je reviendrai habiter la Maison du Bois oü je serai bien seule. De tems en tems je ferai des courses a Soesdyck. Avec quelque peine nous avons arraché deMimi I’aveu qu'elle n’a aucune confiance dans Velsen et Paradys; aussi ne prenoit-elle plus leurs remèdes. Ceci une fois connu, vous comprenez qu’il n’y avoit pour nous qu’un parti a prendre, et jecrois réellement qu’il étoit plus que tems. L’état de Mimi empiroit journaillement; c’est une débilité extréme avec des simptomes qui font craindre une disposition a prendre I’hydropsie. On lui a conseillé le mouvement du cheval et elle a dé ja pris quelques au manége. Job ira a Soesdyck pour les continuer. Het Loo. 28 Mei 1794. La bonne Loulou vient de partir. Le congé a été triste au delü de I’expression, vous vous le représenterez aisément sans que je vous en fasse la description. 2) Mimi a bien soutenue le voyage et je lui trouve meilleure mine depuis qu’elle est ici. Le départ de Loulou I’a beaucoup affectée. C’est ce soir a 9 heures que notre chère Loulou est partie; elle va d’une traite a Osnabruck et compte être Samedi a Brunswic. Je vous embrasse, mon cher et bon ami. Que Dieu vous conserve et vous bénisse! A jamais votre fidéle Maman W. 181. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 27 Mei 1794. Je regrette commevous, ma trés chère fille, que nous nepouvons nous parler et que nous sommes obligés d’employer la plume pour l) Dr. Willem Verbruggen, 1728—-1817, destijds zeer vermaard geneesheer. a) Weggelaten bijzonderheden omtrent een hond, geschenk van prins Frederik aan prinses Louise, die het dier medenam naar Brunswijk. nous communiquer nos idéés. Dieu veuille vous conserver et vous bénir et, s’ilse peut, m’accorder la satisfaction de vous revoir. J’envoie toutes les nouvelles a votre Mère; il yen a beaucoup: la victoire de la Sambre *) a été trés considérable; de Flandres on parle d’une victoire, mais je n’en ai pas de nouvelles. Je suis charmé que votre Belle-Soeur aye bien soutenu le voyage. Le Petit m’a donné des Zoenhandjes pour vous et votre mari. Je ne suis pas étonné que les Piémontois sont las de la liberté dominatrice et tirannique des Fran9ois, comme Mlle. Hollardvous I’a écrit. Je voudrois avoir pu aller avec vous a Loo et voir Mr. Raeber2) et lespaïsans du Loo. II y a prés de trois ans que je n’ai été au Loo. J’espère qu’un autre été j ’y pourrai venir, mais cette année je ne puis I’espérer. Soyez assurée de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 182. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Het Loo. 29 Mei 1794. Je vous tiens parole, ma bonne et toute chère Loulou, me voici déja occupée a vous ëcrire. Hier a cette heure nous étions ensemble dans cette même chambre oü je vous écrit et maintenant un grand espace nous sépare! Telleest la vie humaine; il n’y a rien de stable, rien de parfait dans ce monde; mais au lieu de ces tristes réflexions, au lieu de renouveller notre douleur en nous retragant les cruels moments de notre séparation, je vous dirai, ma chère Loulou, soumettons-nous avec courage et résignation a la volonté du Ciel. 3) Dabord après que vous étiez partie, je me suis retiréz dans ma chambre et Mimi dans la sienne et aussitot que j’ai pue rassembler un peu mes idéés, je me suis mise a écrire a votre Père et a vos frères. Vous devinerez sans doute de quel sujet je les ai principalement entretenues. J’en étois trop pleine pour ne pas leur en parler. Ce matin j’ai été a I’église et au retour j’ai été voir Mimi qui m’a parue encore fort affectée de ce triste départ; avec l) Bij Pont-k-Chin; maar dienzelfden dag was generaal Jourdan er in geslaagd met het Moeselleger bij Dinant over de Maas te trekken en zich te vereenigen met het leger van generaal Pichegru. *) Baljuw van Het Loo. ‘) Wat ingekort. cela il ne discontinue pas de pleuvoir ce qui nous privé du grand agrément de Loo, celui de la promenade. 30 Mei 1794. Aujourd’hui il fait assez beau et j’ai promené toute seule pendant 2 heures au Park. Hier après le diner nous avons menéz Mimi au Williams Temple et de la au Louisenberg. Elle a trouvé tout cela bien joli, surtout le demier; ensuite on a pris le thé au sallon de I’Orangerie et puisMimi a joué au Casino, pendant que j'ai expédié mon Bode. Vous trouverez ci-joint, ma chère Loulou, deux imprimés 1) qui vous apprendrons la victoire que le général Moellendorff vient de remporter prés de Lautem; c’est une bien bonne chose. Mais en revanche on dit Beaulieu battu prés de Bouillon et obligé de se replier sur Namur. Cette nouvelle est venue a La Haye par un exprès a votre Père du prince de Liége – qui a peur et demande un secours de Maestricht. – L’exprès en question est arrivé au Binnenhof, sonnant du cor, ce qui mit toute La Haye sur pied, et dabord on s’imaginoit que c’étoit une bonne et grande nouvelle. 31 Mei 1794. Notre départ pour Soesdyck reste fixé pour Lundi. Hier après dinné Mimi a faite encore une bonne promenade au Park. Elle a vue entre autres le Frederiksbosch; aujourd’hui j’ai aussi été avec elle au Kreupelbosch qu’elle trouve charmant. Mimi va aujourd’hui avec nous a I’église. Je la trouve par continuation beaucoup mieux ici qu’a La Haye. Je souhaite seulement que Soesdyck lui plaise, mais je crains un peu que cela ne répondra pas a son attente, surtout venant d’ici. 2 Juni 1794. J’ai passé aujourd’hui toute ma matinée au Park que j’ai parcouru dans tous les sens. A présent nous allons diner a midi et puis nous ferons une tournée au Grand Bois, d’oü nous continuerons notre route sur Soesdyck. Une nouvelle qui vous surprendra, c’est que I’Ambassadeur 2) a reipi un lettre de Tournay qui lui annonce le trés prochain départ de I’Empereur pour Vienne; que Mack quittoit également I’armée; que le prince Chrétien de Wal- *) Niet aanwezig. 2) Van Oostenrijk. deck le remplagoit comme quartier-maitre-général; mais que c’étoit avec beaucoup de peine que le prince de Cobourg s’étoit laissé persuader a garder le commandement. La cause de tout ceci m’est inconnue; mais a en juger par un mot de la lettre de votre Père, on soupgonneroit que ce sont quelques démêléz avec les Anglois qui y ont contribuéz. II dit: je cretins que la morgue Autrichienne et la fougue Angloise gdteront tout. Ce qui vous surprendra aussi c’est le déplacement de vos frères 1). Cela aussi est allé bien drólement. II m’est impossible de vous en donner des détails, mais cela m’a engagée d’en écrire hier au soir trés sérieusement a votre Père. Je ne puis faire que peu de bien en tout cela, mais au moins ne veux-je pas avoir a me reprocher d’avoir négligé de dire ce que je pensois et d’avoir déguisé des vérités qui me paroissent importantes par les conséquences. Dieu veuille, ma bonne Loulou, que celle-civous trouve en parfaite santé et que je n’aye jamais que de bonnes nou velles a vous annoncer! Je vous serre contre mon coeur et suis a la vie et a la mort votre fidéle et tendre et bonne Maman W. Hier Mimi a été a I’église et notre petit ministre nous a fait un trés bon sermon. Au sortir de I’église nous sommes retoumés le long du Grif ft par Faasse et Canenburg. Le soir Mimi a vu les 6 viviers; puis nous avons pris congéz des éléphans 2) et du bon Rousselaer 3) et nous avons vue le jardin potager. Mimi vous embrasse et se porte assez bien. De Erfprins was door den prins van Coburg in de plaats van Vorst van Kaunitz, die naar Vlaanderen werd gezonden, gesteld aan het hoofd van den linkervleugel der verbonden legers met last om langs de Sambre op te trekken. ‘) Prins Willem V aan zijn dochter, 3 Juni 1794: „Mes fils ont changé d’armée. „Guillaume commande I’armée le long de la Sambre et Fritz celle de Forest. Ces „postes sont brillans mais difficiles. Dieu veuille que tout aille bien, mais ils sont „jeunes tous les deux et ils ont une grande tache k remplir”. *) Geschenk van de Oost-Indische Compagnie s) De bewaker van de olifanten ? 183. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 3 Juni 1794. J e vous envoie cette estafette pour vous annoncer que Guillaume avecunearméede4obataillons et 60 esquadrons. parmi lesquels 9 bataillonset 10 esquadrons des nótres, vient d’attaquer lesFransois qui étoient de beaucoup supérieurs en nombre.et les aobligés de se retirer au dela de Ia Sambre et de lever le siège de Charleroy qu’ilsavoient commencé. J’ai cru cette nouvelle assez intéressante pour mériter que I’on envoyat une estafette. Je n’ai point de lettre de Guillaume, mais Mr. de Goltz *) est venu I’annoncer de sa part. Faites mes complimens a votre Epoux et aux autres comme a Tordinaire et annoncez cette nouvelle la oü vous le croirez convenable et soyez assurée de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 184. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Soestdijk. 5 Juni 1794. Je ne puis pas avoir le plaisir, ma trés chère Loulou, de vous annoncer la première la bonne nouvelle dont Mr. de Goltz a été le porteur a La Haye, paree que votre Père m’a prévenue en vous envoyant une estafette. Mais loin d’en être jalouse, je lui en veux plus de bien d’avoir eu cette attention pour ma bonne Loulou; et si paria poste de Mardi2) il vous a autant allarmé que moi, alors ce n’étoit en vérité qu’un acte de justice. II voyoit si noire dans I’avenir et il craignoit tant Tissue de cette bataille que Guillaume alloit livrer, qu’il m’a fait faire bien du mauvais sang; et cela me peinoit doublement, paree que je le cachois pour Mimi. Aussi ce matin, lorsque je regus la lettre de votre Père qui m’annon£oit le succès de Guillaume, je courus comme une folie par le jardin pour Tannoncer a Mimi; mais je ne fis cependant ceci qu’avec les ménagemens que je dois a sa santé. Malgré cela elle en fut touché jusqu’aux larmes. Nous avons grand sujet de nous en féliciter et d’en bénir le Ciel, car c’est une affaire trés désicive dans les x) Frederik Adriaan, graaf van der Goltz, 1770—1849, adjudant van den Erfprins. a) Vaste dag voor prins Willem Vom aan zijn dochter te schrijven. circonstances présentes. Nous passons ici notre tems fort tranquilement, mais jusqu’ici trés agrëablement, quoiqu’il n’y ait pas beaucoup de diversité dans nos plaisirs. A 9 h. du matin Mimi a la visite de Mr. Verbrugge; dabord après elle va au manége ouvert, pratiquë dans le Park, et dont elle est déja sortie pour faire le tour du pare a cheval, ce qui a fort bien réussi. Moi, de mon cóté, je promène et je vais la voir; a 11 h. d’ordinaire chacun retourne chez soi pour se rassembler a 2 h. précises pour le dinné; de 4 a 5 on est encore chez soi; ensuite on fait une promenade soit a pied soit en chaise qui nous ramène ordinairement a 6 h. et demie; alors on boit le thé, on cause, on fait de la charpie; a 8 h., je vais expédier mon Bode. Mimi fait quelquefois de la musique, quelquefois elle reste travailler. Votre Père a I’intention de venir ici demain au soir et de rester jusqu’a Mercredi matin que nous retoumons ensemble a la Maison du Bois, mais les circonstances pourroient aisément apporter des changemens a ce plan 1). 185. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. Soestdijk. 8 Juni 1794. II y a longtems, mon cher, que je ne vous ai pas écrite; mais c’est qu’il y a longtems aussi que je n’aye resu de vos lettres, ainsi nous sommes a deux de ce jeu. Je ne ferois pas cette réflexion, si pendant tout ce tems vous aviez été dans une grande activité; mais comme vous vous plaignez vous-même a votre Père de votre désoeuvrement a Forest, je trouve que vous auriez bien pu me gratifier d’un signe de vie. La nouvelle de la victoire de votre frère prés de Charleroy 2) nous a causé une trés grande joye. Le moment d’auparavant je n’étois nullement a mon aise par les facheuses nouvelles que votre Père m’avoit marqué, les accompagnant des réflexions les plus noires, bien propres a m’inquiéter. Dieu soit loué que cette crise est passée, mais il s’en faut bien que nous puissions nous flatter que ce soit la dernière. Ce qui me fait en particulier beaucoup de peine, c’est la mésintelligence qui recommence entre les Autrichiens et nous. Votre frère observe trés l) Zonder onderteekening. *) Op 3 Juni. judicieusement, qu’il faut au moins garder les dehors et cacher la chose soigneusement; cela est fort bien, mals il faut que cela se fasse réciproquement. II faut aussi être sur que dans les allentours de Guillaume et dans notre armee en général que Ton pense de même, et c’est dont je doute beaucoup. x) L’employ des troupes Prussiennes n’est point finalement fixé non plus. Les Anglois persistent a ne pas vouloir qu’ils agissent plus a I’Est que la Meuse, et non seulement Moellendorff ne voudroit pas ceci, mais lui et Haugwitz disent que, si I’Angleterre I’exige et paye d’abord contant, il reste toujours impossihle qu’ils soyent sur nos frontières avant un mois. C’est le terme qu’ils fixent pour cela, et ce terme me paroit bien long, mais je ne crois pas qu’il y ait a en rabattre. Votre Père est d’avis qu’ils agissent la oü ils sont, et en a donné un avis détaillé et écrit aussi a lord Malmesbury, mais comme ce dernier a des ordres trés strictes, il ne peut s’en écarter. Cette nuit votre Père nous a fait I’agréable surprise d’arriver a I’improviste. Le matin encore il étoit indécis, s’il viendroit ou non. Je compte retoumer avec lui Mercredi a la Maison du Bois. Je vais être bien seule dans cette maison. Je me rappellerai a chaque pas I’année passée, oü nous avons passéz de bien tristes momens, mais aussi d’agréables momens ensemble, mon bon et cher Fritz, n’est-il pas vrai ? 2) Que Dieu vous conserve et vous bénisse, mon trés cher ami. A la vie et a la mort votre fidéle et bonne Maman w. 186. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s Gravenhage. 13 Juni 1794. Les nouvelles de Flandres ne sont pas favorables; je crains pour Ipres; le général Clairfait aeu de nouveau un échec et a dü se retirer a Lichtevelde et Coolskamp. C’est a 3 ou 4 heures de Bruges. Pourvu que I’on puisse réussir a délivrer Ipres, tout est bien; mais sans cela je crains pour le succès de la campagne. Les *) Weggelaten een pleidooi voor de aanstelling zoowel bij het Oostenrijksche als bij het Pruisische hoofdkwartier van een vertegenwoordiger ter behartiging van de belangen der Republiek. 2) Weggelaten berichten omtrent de gezondheid van de Erfprinses en van prinses Louise. Prussiens viendront aux Païs Bas, mais il leur faut encore au moins7ou 8 semaines avant qu’ils y soient, et en attendant il peut se passer bien des choses. Les dernières lettres de Guillaume disent qu’il étoit tranquile et Fritz aussi. J’ai eu hier une lettre de Fritz qui se portoit bien. Voila toutes mes nouvelles des armées. L’Amiral Howe *) vient de battre les Framjois, de leur 6 vaisseaux, d’en couler un a fond et d’en bruler un Bième. Leur flotte doit être dispersée. Vous voyez que les succès et les revers sont mélangéz, et c’est toujours le sort dans la guerre. 2) Je n’ai plus rien a ajouter que les assurances de la tendre affection avec laquelle je suis, ma trés chère Fille, votre tout dévoué et trés affectionné Père F. Pr. d’Orange. 187. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Huis ten Bosch. 13 Juni 1794. Je vous écris, ma bonne Loulou, en attendant la visite de cérémonie de lord St. Helens; ainsi je ne sais, si je pourrois causer longtems avec ma bonne Loulou. 3) Je suis revenue ici avant-hiera lOheures du soir, ayant encore dinné auparavant a Soesdyck a 1 h. Papa a précédé le matin. J’ai laissée Mimi trés bien selon elle et en vérité trés bien pour tout le monde, car on ne sedouteroisplusqu’elleaétémalade. LePetit se porte a merveille. Je viens de voir les équipages de I’Ambassadeur qui est chez votre Père; la livrée est trés belle et de fort bon goüt. 14 Juni 1794. Les nouvelles de la Flandre arrivées hier ne sont pas si bonnes que celles de lylord Howe, ma trés chère Loulou; I’attaque pour délivrer Ipres n’a pas réussie, et sans doute que dans ce moment il se donne ou s’est donné une bataille qui pourroit bien être décisive de ce cóté-la! Dieu veuille que Mardi4) je puisse vous donner de bonnes nouvelles a eet égard. Le contraire pourroit avoir des sui- ’) Richard Earl Howe, 1725—1799. a) Weggelaten berekeningen omtrent verzending en ontvangst van brieven. 8) Weggelaten de oorlogsberichten uit den vorigen brief en bijzonderheden omtrent de Erfprinses. *) Volgende postdag om aan prinses Louise te schrijven. tes facheuses, mais il ne faut pas s’allarmer avant le tems. 1). Le vieux Gautier vient de décëder et sans doute que vous prendrez part a sa mort. J’aurois bien voulu qu’il eüt pu donner une le) Mr. Alexander Hieronymus Royer, secretaris van Gecommitteerde Raden. que, quand c’est nécessaire, les Régens donnent le premier exemple de la générosité pour sauver la patrie. Dès que cette proposition d’hier de votre Père verra le jour, je vous I’envoyerai. Vous vèrez qu’elle fait un ensemble avec la première déclaration qui vous a tant plu; aussi sort-elle de la même plume x). 8 Augustus 1794. Le vieux papa Larrey s’est bien acquitté de votre commission, ma toute chère Loulou. J’ai regu votre portrait avec le billet d’accompagnement a mon réveil et je vous assure que I’un er I’autre m’ont fait bien plaisir. Je connois trop bien les sentimens de ma Loulou pour douter de la sincérité des voeux que vous formezpourmoi, et pour méconnoitre a quel point vous vous intéressé a moi. J’ai trouvé le portrait extrêmement ressemblant et tout le monde a jugé de même, jusqu’au Petit. On eüt dit qu’il vous reconnoissoit. J’ai dit une seule fois seulement: ,’t Is Tante”, et tout de suite il I’a répété et de lui-meme, il a pris le portrait et lui a donné un baisé. II y eut beaucoup de témoins de ce fait que je me suis d’abord chargé de vous écrire. II nous prouve qu’il fait des progrès, et en effet il en fait beaucoup depuis quelque tems tant pour I’intelligence que pour les forces physiques. Pour I’intelligence il en fait surtout infiniment, souvent il m’étonne. Pour le parler il avance le moins. II commence a marcher assé joliment; du moins quand on place une file de chaises, il vaseultout du long. Voila un long article sur Mr. votre neveu; je ne sais comment il s’est fait que je me suis étendue la dessus. La joumée d’hier2) s’est célébrée fort tranquilement. II n’y a pas eu de eerde et je n’ai point resu de monde. Le matin on a déjeuné au jardin, oü Mimi et Guillaume sont venus, tous deux a cheval; mais Guillaume a précédé d’une heure. Mimi m’a fait le cadeau du portrait de son fils en bague; Guillaume m’a donné un fort joli médaillon avec les cheveux du Petit et le Petit lui-même m’a porté un beau bouquet. Fritz qui est toujours a Breda s’est contenté d’écrire; je lui ai fait la guerre de ce qu’il ne m’a pas envoyé le moindre cadeau. Le pauvre gargon avoit grande envie de venir pour quelques jours. *) Van Van de Spiegel (cf. hiervóór 11, 146). s) 7 Augustus, verjaardag van prinses Wilhelmina. mais il n’a pas osë. 1) Je vous embrasse, ma chère Loulou, et suis a jamais votre fidéle et bonne Maman W. 197. Prinses Wilhelmina aan -prins Frederik. Huis ten Bosch. 11 Augustus 1794. Je suis de trés mauvaise humeur, mon trés cher ami, de cette vilaine fièvre qui est venue vous faire visite; j’espère que ce ne sera qu’un oiseau de passage, mais je vous avoue que je crains qu’elle ne devienne une fièvre tierce qui soit une suite de votre séjour en Flandre. J’en juge ainsi, paree que d’après votre lettre vous vous portiez trop bien le lendemain d’un fort accès de fièvre; je crains qu’elle ne soit revenue aujourd’hui. Au reste une fièvre tierce ne m’allarme nullement; je connois cette maladie par expérience, mais elle est fort désagréable; elle exige des raénagemens, un grand et stricte régime; ni viande ni poisson ne doivent vous être permis pour lors et il faudra vous armer de prudence, car d’ordinaire on ne peut pas chasser si vite une telle fièvre. J’espère, mon cher, que, si vous n’estes pas parfaitement rétabli, que vous aurez fait venir Mirandole, car quoique j ’aye beaucoup de confiance dans Schmitt comme chirurgien, vous ferez mieux de consulter un médecin et Mirandole est un homme sensé qui a tous égards a une trés bonne réputation et qui mérite aussi votre confiance. Vous m’avez fait grand plaisir, en m’écrivant d’abord votre indisposition, et je vous en remercie, mon cher ami. Cela est conforme a nos conventions et c’est tout que je désire que I’on ne me cache rien sur la santé de mes enfans lorsqu’ils sont absens. Vous apprendrez de votre Père, si vous ne le savez déja que votre frère a poussé jusqu’a Hulst et que le renfort de I’expédition projettée 2) doit être arrivé présentement, devant être embarqué avant-hier de Bergen-op-Zoom. Je souhaite autant que vous que I’on réussisse a délivrer la bonne garnison de L’Ecluse. La défense de Van der Duyn lui fait grand honneur. Avant-hier au soir on sait que la ville tenoit encore. L’affaire de I’armement en *) Weggelaten nog eenige verdere bijzonderheden aangaande de zeer stille viering van den dag. 2) Voor het ontzet van Sluis. Hollande avance tres lentement. Avant-hier j’ai vue le moment que tont manqueroit, paree que Mr. de Rhoon s’est avisé de demander a votre Père d’être nommé Commandant-Général de tous les corps volontaires qu’on lèveroit dans la Province. Ceci donna comme de raison beaucoup d’humeur a votre Père qui étoit même au regret d’avoir fait la proposition, mais qui cependant ménagea Mr. de Rhoon et ne lui donna pas un refus net qu’il me semble qu’il méritoit. Voyant la tournure que cela prenoit, j’ai fait venir I’adjudant Bentinck de votre frère et je I’ai prié de remédier au mal. II s’en est si bien acquitté qu’enfin aujourd’hui il viendra chez votre Père une Commission des Gecommitteerde Raden pour arrêter le plan, et ensuite I’exécution pourra commencer tout de suite. Quant a Rhoon on se flatte aussi qu’on réussira a le faire désister de son extraordinaire idéé. Le General Bentinck, I’ainé, a ëté envoyé hier par votre Père a Maestricht et au prince de Cobourg; c’est pour arranger ce qu’il faut pour cette ville et tacher de faire renoncer au prince de Cobourg a ses énormes demandes a ce sujet. On dit que le Prince quittera le Commandement de I’armée, que I’archiduc Charles le remplacera et que Mack revient, mais je ne vous garantis pas cette nouvelle. Je vous embrasse, mon trés cher et bon ami. Que Dieu vous bénisse! Je suis a jamais avec le plus tendre attachement votre fidéle Maman W. 198. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 12 Augustus 1794. Je dois vous marquer que Fritz a pris la fièvre tierce qu’il a gagnée en Flandre. II lui faudra beaucoup de ménagement. II est a Breda et peut-être que nous le ferons venir ici, oü il sera plus a son aise qu’a Breda, oü il doit commander dans I’absence de son frère, et le commandement ne s’accorde pas avec la fièvre tierce. x) Votre Mèreveut aller voir Fritz, mais j’espère qu’elle ne le fera pas; I’ennemi est trop prés, pour qu’une Dame risque a faire un pareil voyage. 2) Je ne suis pas sans espérance J) Weggelaten allerlei berichten, die reeds in den vorigen brief zijn vermeld. ’) Weggelaten bijzonderheden omtrent de opstelling der Staatsche en Engelsche troepen. que les choses se termineront bien, mais pourtant elles me paroissent bien critiques. II me semble que beaucoup dépend des vrayes dispositions de la Cour de Vienne. Si I’armée Autrichienne avance de nouveau et est sérieusement disposée a reconquérir les Pais Bas, je me tiens assuré qu’elle y réussira. Mais il faut que les choses aillent autrement que depuis la prise de Landrecies, car depuis ce tems-la il y a eu des choses inexplicables. Je ne comjois pas qu’ils ayent abandonné, a ce que I’on dit, 25.000 hommes dans les places de Condé, de Valenciennes, de Quesnoy et de Landrecies et qu’ils ont laissé toute leur artillerie de siège dans Valenciennes avec leurs grenadiers Hongrois et le corps des bombardiers qui est I’ëlite de leur artillerie, s’ils n’ont point le dessein de revenir et de sauver ces places. 15 Augustus 1794. Votre Mère est partie Mercredi a 5 heures du matin. ‘). Les nouvelles que votre Mère m’a données de Fritz, sont griices a Dieu bonnes; c’est une fièvre tierce oü il n’y a pas de mauvais symptomes. II I’a prise vraisemblablement en Flandres. II reste commander avec la fièvre dans I’absence de son frère. J’ai été obligë de diminuer un peu I’armée pour l’intérieur. A Amsterdam on dit avoir dëcouvert hier un complot 2), ce qui fait que j ’envoye de La Haye la moitié de la garnison. La cavallerie marche aujourd’hui et I’infanterie demain, et j’ai redemandé un pareil détachement de I’armée. Jecompteyenvoyerlelieutenant-général de Golowkin pour y commander. Je n’ai pas de nouvelles de Guillaume3) depuis I’onze. Je voudrois en avoir et que I’expëdition projettée pour sauver L’Ecluse puisse réussir. On attend 4000Anglois en Zélande; au reste je n’ai point de nouvelles. La mort de Robespierre se confirme, mais ceux qui lui succèdent ne valent pas mieux que lui. Barrere 4), Collot d’Herbois 5) Billaud de Varennes 6) sont les chefs. Les se sont emparés de Trèves. ‘) Weggelaten berichten, die reeds in den vorigen brief zijn vermeld. s) Zie hierover Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 416. •) De Erfprins trachtte in ZeeuwschVlaanderen iets te doen voor het ontzet van Sluis. 4) Bertrand Barrère de Vieuzac, 1755—1840. ,r’) Jean Marie Collot d’Herbois, 1750—1796. *) Jean Nicolas Billaud-Varenne, 1756—1819. Puissent les Prussiens les empêcher de pénétrer plus loin, ou il est a craindre que cela obligeroit le prince de Cobourg de rétrograder, et alors notre situation ne seroit pas brillante. 19 Augustus 1794. Votre Mère est encore a Breda; Fritz continue d’avoir la fièvre tierce, mais cela va assez bien. II est cependant fort faible et le sera vraisemblablement longtems. Je ne ssais den de plus a mander d’ici, sinon que Guillaume est revenu de Flandres a Breda. On dit les Frangois reculëz. Si cela est vrai, je I’ignore, mais nous le saurons dans peu. On dit le Comité du Salut ren versé. Si cela est vrai, je I’ignore aussi. Enfin, nous vivons dans une incertitude continuelle. 22 Augustus 1794. Je pars pour Breda; votre Belle-Soeur et 1’ Enfant comptent me suivre demain. Nous voulons y être pour le jour de naissance de Guillaume, si les Fransois ne nous I’empêchent pas, car ils avancent de nouveau. Je voudrois que Fritz fut quitte de sa fièvre et put être transporté de ce coté du Moerdyck, car je crains qu’a la fin il pourroit être dans le cas de se voir assiégé. Lesiège de L’Ecluse dure encore. L’adjudant du général Van der Duyn aété ici avanthierpour faire rapport de I’état de la place. La mort de Robespierre ne change rien aux opérations de la guerre. Les Autrichiens conservent la rive droite de la Meuse; la conduite du maréchal Möllendorff est inexplicable. Je dois être court, ayant peu de tems. J’ai été tous les jours, hors Mercredi, aux assemblées de I’Etat; hier j’ai pris congéz. Je compte, s’il plait a Dieu, retourner a La Haye Mardi prochain. Peut-être devrons-nous partir plus tót. II y a eu une affaire a Rysbergen avant-hier, mais les ont été repoussés. C’étoit une simple affaire de poste, mais, les Frangois étant 5 a 600 hommes avec un canon, cela prouve qu’ils ne sont pas loin. Rysbergen est a une bonne lieue et demie de Breda. Breda. 25 Augustus 1794. On dit que les Frangois ne sont pas loin d’ici, mais nous avons I’armée Angloise a une petite lieue d’ici, aussi je ne crois pas qu’ils osent ten ter le siège de Breda a cóté de cette armée. On n’a encore rien pu faire pour sauver L’Ecluse, mais j’y travaille tant que je puis. J’envoye ce soir le quartier-maitre-général de la cavalerie, Bentinck, pour tacher d’arranger cela avec mylord Mulgrave 1), le prince de Darmstadt et Kinsbergen. Dien veuille que cela réussisse, mals je ne veux pas m’en flatter d’avance. L’affaire d’Amsterdam est, je crois, une terreur panique de quelques magistrats; au moins jusqu’a présent on n’a rien découvert. Je vals vous faire la relation de notre train de vie. Après vous avoir écrit Vendredi dernier, je suis parti pour ici oü je suis arrivé a 10 h. du soir. Le lendemain j’ai fait le tour du rempart et j’ai trouvé la place en bien meilleur état que la demière fois que j’y avois été; encore 8 jours et elle sera tout a fait en état. Je souhaite que I’ennemi nous en donne le tems. Mais les environs sont dégamis d’arbres; tous ceux du rempart sont coupéz et toutes les allées des environs et une partie du Mastbosch, dont on a fait des palissades et des logemens pour la gamison en cas de bombardement. ’s-Gravenhage. 29 Augustus 1794. Ma dernière étoit de Lundi au soir; depuis voici ce qui s’est passé. Le Lundi il étoit arrivé ShussardsFransois, déserteurs, quirapportoient que I’armée Fransoise de Pichegru.forte de 7000 hommes, viendroit le lendemain attaquer Breda en 7 colonnes. On n’y ajouta pas grande foi. Le soir le lieutenant-colonel Timmerman qui étoit aux avant-postes, fit rapport que I’on avoit vu du cóté de Zundert un corps de 1700 hommes de cavallerie On renforga la-dessus les avant-postes et donna connoissance au duc d’Yorck de ce qui se passoit. Le lendemain matin il ne vint aucun rapport allarmant; ainsi après avoir lu nos lettres et expédié quelques affaires, j’allai me promener au rempart vers les 10 h. avec votre Mère, MUe. de Starrenbourg et Walien2). Le lantgrave de Philipstal étoit venu la veille au soir nous voir et devoit diner avec nous. Pendant la promenade nous rencontrames le prince de Waldeck qui descendit de cheval et vint promener avec nous. Passant la Porte d’Anvers, je vis dans la rue Guillaume et le géné- *) Phipps Constantine Johan baron Mulgrave, 1744—1792, bevelhebber der in Zeeland gelande Engelsche hulptroepen. 2) Walraven Robert Evert, baron van Heeckeren van Waliën, 1759—1833. ral de Geusau x) a pied qui alloient vers la Porte. Je crus qu’ils alloient venir promener avec nous; un moment après je vis le général-major Bentinck et les chevaux de Guillaume qui alloient en hate vers la Porte. Je commengai a me douter qu’il y avoit quelque chose; le moment d’après nous entendimes le feu de la mousqueterie et du canon et on vint dire que les postes avancéz avoient été attaquéz. Le prince de Waldeck nous quitta pour aller a I’armée; je laissai Walien auprès de votre Mère pour la ramener au logis, et j ’envoyaimon coureur Pelzer voir oü étoit Guillaume. llme dit qu’il étoit au-dessus de la Porte de Ville, et je m’y rendis avec le page Quadt, mais je ne le trouvai pas; il étoit sorti de la ville. Le général Larrey vint de la part de votre Mère demander ce qu’il falloit faire. J e dis d’empaqueter et se tenir prêt a partir. Quand Walien revint, je I’envoyai au logis avec la clef de mon bureau pour empaqueter mes papiers avec Boeyinck 2), et je restai au rempart avec mon adjudant Heeckeren van Wiersse qui étoit venu me joindre et qui étoit le seul adjudant que j’avois avec moi. Je fis seller mes chevaux et je fis dire a mon fils par le comte de Byland 3) que Guillaume m’avoit envoyé, que je restois au rempart et que je le priois de me faire savoir le tems, oü votre Mère, votre Belle-Soeur et le Petit devroient partir. La réponse ne venant point, j ’envoyai Heeckeren de Wiersse pour demander ce qui en étoit, et dire que, si I’affaire n’étoit pas finie, je viendrois a I’armée. Fritz étoit au chateau. Le général de Geusau qui commandoit a Breda, vint auprès de moi, mais après un rapport qu’un régiment de Darmstadt au service de I’Angleterre se replioit de Ginneken en ville, il se rendoit de ce cóté-la et je restai au rempart avec le vieux lieutenant-général de Salis du régiment des Grisons pour toute société. Je vis emmener en ville 3 prisonniers Carmagnols que I’on a mené au chateau, oü Fritz les a interrogéz en présence de votre Mère. Ils ont dit qu’ils étoient six bataillons, chacun fort de 800 a 900 hommes ; ils avoient forcé les postes avancés que I’on avoit a Galdern et Rysbergen, et étoient jusqu’au Mastbos, a un pont qui mène de a) Carel, baron van Geusau, commandant van Breda. a) Secretaris van prins Willem V. B) Frederik, graaf van Byland, adjudant van den Erfprins. Ginneken a Anvers, derrière un moulin qui est derrière le Haegje. On pouvoit entendre distinctement le feu comme on entend les exercices du Mail a La Haye et j’ai entendu le bruit des boulets de canon et des grenades, ce qui fait une espèce de sifflement que j’avois entendu ce printems au Bois de Mormale pendant lesiège de Landrecies. Vers les une heure tout étoit fini et I’ennemi se retiroit. Je crois que cela n’a été qu’une forte reconnoissance et une bravade. Nous avons perdu quelques chasseurs et hussards et deux officiers des chasseurs qui ont été pris. On a fait 5 prisonniers Frangois et le lendemain deux; les avantpostes des Anglois ont été attaquez en même tems. *) II étoit déserté la veille un bas-officier Irlandois et I’on croit qu’il a conduit I’ennemi. Je restai au rempart jusqu’a ce que je regus rapport du général-major de Bentinck que Guillaume m’avoit envoyé, que tout étoit fait, que I’ennemi se retiroit. Alors je retournai au chateau et nous allames diner. Le bon Mr. Verbruggen étoit venu faire visite ce jour-la a votre Belle-Soeur, mais je doute qu’il retourne a I’armée, car je n’ai jamais vu quelqu’un avoir aussi peur. Votre Belle-Soeur a trés bien soutenue cette épreuve. Fritz, a peine convalescent, vouloit monter a cheval pour aller a I’armée. Votre Mère a eu toutes les peines du monde a I’en empêcher. Pendant le diner Guillaume est revenu et a diné avec nous. L’après-dinné la nouvelle vint que les ennemis se soutenoient a Rysbergen et Galdern. La-dessus il fut décidé que le Petit partiroit le même soir pour Moerdyck, pour s’embarquer au bord du jacht que j’y avois tenu prêt a tout hasard. II partit a 9 heures du soir avec Mlle. Guicherit, la baker, Mr. Verbruggen et I’écuyer Schenk, ayant un officier et 12 cavaliers pour escorte. Ils sont arrivez heureusement au Moerdyck, embarquéz et sont partis pour ici, ou ils sont arrivez hier vers le midy. Votre Mère et votre Belle-Soeur sont parties pour Geertruidenberg le lendemain entre 4 et 5 heures avec un escorte d’un officier et 24 hommes de cavallerie. Fritz est parti le matin a 6 heures, pour aller par Geertruidenberg, oü je I’ai trouvé a mon arrivée, a Gorkum, jusqu’a ce qu’il soye en état de faire service, et je suis allé a I’armée pour attendre des nouvelles des ennemis. Ayant appris ‘) Weggelaten het bericht van de Engelsche verliezen. qu’il s’étoient retirëz la nuit, je me suis rendu a Geertruidenberg, oü j’ai vu les ouvrages et la situation de la place. Ensuite, après avoir fait toilette, je me suis rendu a I’armée Angloise que le duc d’Yorck avoit voulu faire voir a votre Mère. Elle ëtoit sous les armes en parade ainsi que les Hanovriens. Après cette promenade nous sommes allés diner a Oosterhout chez le duc d’Yorck et puis nous sommes allés coucher a Breda, d’oü nous sommes partis hier au matin. Arrivéz au Moerdyck, il faisoit une tempête et I’on ne vouloit pas nous passer. Enfin les batteliers déclaroient que I’on pouvoit passer sans risque, si nous voulussions aller au Kil au lieu d’aller a Stryenbos. J’ai décidé que I’on est parti dans le Kopjacht; nous avons navigué jusqu’a Zwyndrecht et de la par Catendrecht et Rotterdam a la Vieille Cour, oü nous sommes alléz voir le Petit qui ëtoit trés bien portant. Voila toutes mes nouvelles. Je vous assure que j’ai passé peu de jours aussi inquiétans que Mardi et surtout le soir oü Fritz ne vouloit pas partir et oü votre Mère ne vouloit pas partir, sans que Fritz en fit autant. Cela n’ëtoit pas dróle. Soyez assurée de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectionnë Père G. Pr. d’Orange. 199. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Huis ten Bosch. 5 September 1794. Fritz et Guillaume sont ici des nótres depuis hier, ma chère Loulou, voila encore de heele familie rassemblée, mais n’allons pas de nouveau nous appesantir sur I’idée que la bonne Historia n’y est pas, de crainte que les païsans de Dieren viennent nous faire visite. Guillaume est venu ici a Tissue d’une conférence qui a eu lieu a Bois-le-Duc entre lui, le duc d’Yorck et le lieutenant-général de Beaulieu en qualité de quartier-maitre-général de I’armée Impériale. On y a arrêté quelques points, mais dont Texécution pourroit bien être dérangée par la mauvaise nouvelle, arrivée depuis, de la prise de Valenciennes et de Condé. Ainsi voila maintenant toutes les conquêtes des Autrichiens a bas. Ces villes se sont rendues sans essuyer de siège; les garnisons sont prisonnières de guerre; mais après avoir mises les armes bas, elles sont renvoyéz dans leur païs1), ce qui est un grand avantage pour nous, ces troupes pouvant a présent en relever d’autres qui pourront les remplacer a I’armée. Cette nouvelle nous est arrivëe ici par le colonel Westerlo qui a été envoyé par le colonel Plettenberg qui commandois le détachement de nos troupes. Ce qu’il raconte de la reddition de ces deux places, trés bien approvisionnées pour plusieurs mois et, quant a Valenciennes, oü il étoit, trés bien foumie d’artillerie et de munitions, paroit incroyable. II est vrai que Westerlo est trés bavard et qu’on ne peut pas toujours compter sur ce que ces gens-la racontent. Ce que je trouve horrible dans cette capitulation, c’est que tous les émigrés ont été abandonnés et on n’a rien pu stipuler pour leshabitans de Valenciennes qui y étoient restés et qui sans doute seront bien maltraités, si tant y a qu’ils échappent a la guillotine. Henri van der Duyn en a agi plus noblement a L’Ecluse. II n’a pas voulu séparer sa cause des Hanovriens auxquels on refusoit toute espèce de capitulation. Après deux jours de négociations il a enfin réussi a les y faire comprendre, mais ses propres conditions auroient pu être meilleures, s’il avoit eu I’indignité d’abandonner ces braves Hanovriens qui I’avoient fidèlement secondés. On dit pour sa personne qu’il a du rester a L’Ecluse, étant grièvement malade, mais cela n’est qu’un on-dit. Le duc d’Yorck est toujours aux environs de Bois-le-Duc et notre fantóme d’armée dans les lignes devant Geertruidenberg, le reste dans les villes. 2) Le Dimanche demier nous avons eu un trés beau concert; il y avoit une Md. Negri, une chanteuse Italienne, qu’on compare a la Todi; je ne la trouve pas aussi bonne, quoiqu’elle chante trés bien et qu’elle soit une excellente musicienne. Elle donne même des legons a Mimi qui a chanté un duo avec elle, et je trouve qu’elle en a beaucoup profité. Ceci vous prouve que le goüt de la rausique est tout a fait revenu a Mimi, et cela prouve aussi que sa santé est entièrement remise. 12 September 1794. Demain nous aurons la visite du comte d’Artois 3); il dinnera x) Maar op eerewoord van niet weder tegen Frankrijk te dienen. 2) Weggelaten bericht van zendingen van muziek, van thé etc. 8) Tweede broeder van Lodewijk XVI, later koning Karei X. chez nous avec son fils 1). Ce sera I’Ambassadeur d’Angleterre qui I’introduira; il viendra en frac et dans le plus grand incognito. Le lendemain il part pourl’armée du duc d’Yorck oü il vaservir comme volontaire. 2) Vos frères sont toujours encore des nótres et j ’ignore pour combien de tems. II y a une inaction et une tranquilitë partout qui peut être I’avant-coureur d’un orage, mais qui pour le moment est bien extraordinaire, et a nous voir ici, on nous croiroit en paix. Ceci, ma chère, rendra ma lettre un peu insipide, car je n ai rien a vous raconter. Je ne vous arrêterai pas avec la triste narration des vexations que les pauvres païsans essuyent dans les pais de la Généralité, les uns sous des pillages en forme de réquisitions des patrouilles Framjoises qui vont et viennent par tout le pais, les autres par les désordres que I’indiscipline de I’armée du duc d’Yorck – oü se trouve un ramassé de corps de toutes les espèces leur causent. Telles sont les facheuses suites de la guerre, lorsqu’on a le malheur de I’avoir dans le voisinage. J’ai interrompue cette lettre pour aller faire un tour a cheval avec Fritz ■ c étoit Ia première fois depuis deux ans. II faisoit un temps superbe et nous avons été a Schevening. J’espère que I’air de Ia mer ne lui rendra pas sa fièvre; il y aujourd’hui 3 semaines qu’il en aeu le dernier accès. 16 Septembre 1794. J ai refue vos lettres du 10 et du 12; la dernière arrivé a I’instant. Je dis sur cela comme vous, les mariages sont écrit au Ciel et il ne faut plus s’étonner de rien dans ce monde. Je souhaite que cette union 3) soit aussi heureuse qu’elle est inattendue et brillante. J aurai soin de vos comissions et vous répondrai la-dessus Vendredi. 4) Fritz est chez le duc d’Yorck qui s’est avisé de se retirer du cóte de Grave, après avoir promis tout le contraire a Fritz, ceci entre nous. Cela fait un détestable effet ici; j’en parle dans I’incluse 6); mais vous ne ferez pas semblant de savoir a quel *) De hertog van Angoulême. a) Weggelaten goeden raad in zake de organisatie der hofhouding van prinses Louise. a) De verloving van prinses Carolina van Brunswijk met den prins van Wales. ) Weggelaten beschikkingen in zake verrekening der nalatenschap van hertog Ferdinand van Brunswijk, oom van prinses Wilhelmina. *) Niet aanwezig. Naber, Correspondentie II n point j’en suis indigné. J’espère que I’on réussira a prévenir les conséquences que cela peut avoir. Ici tout se porte bien. Guillaume est encore des nótres, mais les nouvelles, entrées ce matin du duc d’Yorck, lui ont donné tant d’occupations. Je vous embrasse ma bonne Loulou. A jamais votre bonne Maman W. 200. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. Huis ten Bosch. 16 September 1794. La mauvaise nouvelle 1) que vous nous avez annoncé, mon trés cher ami, nous a mit de trés mauvaise humeur et au premier moment on croyoit tout perdu. Je ne suis pas de ce sentiment, mais je ne puis nier que j’apprëhende les conséquences de la retirade de S. A. R., et si cela va de cette fagon par continuation, cela ne peut finir que trés mal. 2) Une autre chose, mon cher, que je vous recommande trés instamment, et cela au nom de Mr. de Mirandole qui est venu tout exprès chez moi pour me le dire, c’est de continuer le quinquina; si vous ne le faites pas, il est moralement sür que vous aurez une rechüte de la fièvre. J’ai regue aujourd’hui une lettre de Loulou, devinez sur quoi! Pour me charger d’emplettes pour la princesse Caroline qui épouse décidément le prince de Galles. Je suit tombée de mon haut en voyant la confirmation de cette nouvelle, a laquelle je ne pouvoit ajouter foi. Si on ne vous en parle pas chez le duc d’Yorck, je vous conseille de ne pas le raconter le premier, car sürement cela ne pourra pas lui faire plaisir. Mimi vous fais bien des amitiés. Je suis chargé de vous dire que hier le Petit en venant ici a demandé après vous de lui-même en disant: „Papa Broer” et vous cherchant dans toute la chambre. Ce soir il a appris a dire „Oom Fritz” ou plutot „O Fitz”, mais c’est ce qu’ildit trés distinctement. Je vous embrasse, mon bon et cher ami. Que Dieu vous bénisse et vous ramène bientót. A jamais votre fidéle Maman W. P.S. Le duc de Brunswic a dit que la prise de Valenciennes étoit >) De terugtocht van den hertog van York op Grave. •) Weggelaten de vraag, of prins Frederik soms wat meer contact zou kunnen zoeken met de officieren van den staf van den hertog van York. notre coup de grace et que, si I’officier qui y avoit commandé, n’étoit pas puni, il n’y auroit plus moyen de servir une Puissance qui laissoit triompher la lacheté et la trahison. 201. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 16 September 1794. Depuis hier les choses n’ont pas tournë en bien. Je viens de recevoir un rapport de Fritz qui a été envoyé au Quartier-Général du duc d’Yorck, que sur une attaque d’un corps de Hesse-Darmstadt, placé a Boxtel, qui a été repoussé a Vucht et fort maltraité, que Ie Duc avoit envoyé soutenir par 12 bataillons sous les ordres du lt. général Abercrombie1), qui se sont retiréz, après avoir perdu 7 hommes tant tuéz que blessés, le Duc a pris la résolution de se retirer au dela de la Meuse. Je supose qu’il aura effectuéce mouvement maintenant et qu’il sera en arrière de Grave. Voici donc le plat païs de la Généralité a la merci des et nos troupes servant de postes avancés aux Anglois. Cette position des affaires est fort désagréable. 20 September 1794. Vous allez être bien dans les fêtes a cause du mariage de votre Belle-Soeur. Je vous en félicite de tout mon coeur et prends la part la plus sincère a la joye que eet événement doit causer au Duc, a la Duchesse et a toute la familie. Vous avez donné plusieurs commissions a votre Mère pour des dentelles les plus belles, des rubans les plus beaux, des toiles les plus fines. File s’acquittera de toutes ces commissions, mais comme vous avez demandé des mouchoirs de Bazin 2), je me suis chargé de vous en envoyer un échantillon. Votre Mère croit que vous voulez dire des mouchoirs de Batiste 3), mais j aime a executer les commissions a la lettre. Je vous envoye un petit morceau de Bazin, sachant que c’est cela ce que vous désirez. Si vous n’en avez pas besoin, renvoyez-la, mais je dois vous dire, que je crains que cette étoffe ne soye trop épaisse pour faire des mouchoirs. *) Sir Ralph Abercrombie, 1734—1801. a) Zware, gekeperde katoenen stof, wordt wel voor zeilen gebruikt. 3) Doorzichtig fijne maar toch dicht geweven stof, meest van linnen maar toch ook wel van fijn katoen of zijde. Zie Max Heiden, Handwörterbuch der Textilkunde. 27 September 1794. Depuis Mardi rien de nouveau, car je crois vous avoir déja marqué que Bois-le-Duc étoit cemé. Non, je me rappelle ne I’avoir pas fait; ü ne Fa été que Mardi et le fort de Crève-Coeur aussi. Jusqu’ici ces places tiennent. Dieu veuille qu’elles tiennent longtems et qu’on puisse les secourir a tems. Je ne suispassortideFenceinte de la Maison du Bois hier, mais avant-hier j’ai été au Corps des Nobles. Le soir on a eu un grand souper de gala pour Fanniversaire du Roi de Prusse. Hier au matin est arrivé tout a coup Fritz. II a passé la journée avec nous et est reparti cette nuit a 2 heures pour aller parler au duc d’Yorck et tacher de Fengager d’aller en avant. Je ne ssais, s’il réussira, mais peut-être que cela pourroit sauver Bois-le-Duc. Je crains pour Maestricht. Malheureusement les poudres n’ont pu arriver a tems; ils en ont 500.000 livres, ce qui n’est pas suftisant. Je ne puis pas aujourd’hui vous écrire une longue lettre, n’en ayant pas le tems; ainsi je dois finir en vous marquant que, graces a Dieu, toute la familie se porte bien. Le Petit dit déja „Groote Papa” fort distinctement et „Oome Fitz” ainsi il avance pour le parler beaucoup. Faites bien mes complimens a votre Epoux, a Mr. et Md. de Stamford et soyez assurëe de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 202. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Huis ten Bosch. 19 September 1794. Je n’ai pas cru que vous étiez folie, ma trés chère Loulou, en voyant que vous écriviez un mot pour Fautre, mais j ’en ai conclue que vous n’aviez pas fort approfondis cette matière importante, en demandant du Bazin pour de la Batistc, et je comptois vous en faire la guerre aujourd’hui. J’ai fait de mon mieux pour remplir vos commissions comme vous vèrez par les échantillons de dentelles que je vous envoie et qui, j’espère, pourront partir aujourd’hui par la poste ordinaire. Les prix et Faulnage s’y trouvent joint. Comme ils viennent de différentes sources et qu’il ne faut pas les confondre, j ’en ai formé une liste *) en les numérotant et met- *) Niet aanwezig. tant ensemble ce qui vient de Ia même personne. Peut-être ajouterois-je aussi aujourd’hui une note sur la batiste; sans cela elle suivra demain. Pour Ia toile je n’en ai pas de réponse encore, ne pouvant en trouver d’assez belle a La Haye, et en génëral cela est difficile a présent a cause du voisinage des qui gêne beaucoup la communication dans le Païs même. En revanche pour les dentelles I’émigration des Brabangons nous en offre des facilités; il y en a de trés belles et a beaucoup meilleur marchë que ne Pont été les vötres du sieur Du Bois et de Md. ter Borch de Bruxelles. J espere que 1 on en sera contente. Je ne sais, si je vous ai dé ja dit mon opinion sur Mr. le comte d’Artois et son fils, le duc d’Angoulême. En tout cas je la répéterai. Le premierse présente fort bien et il a été d’une grande politesse vis a vis de nous, mêmeamical, paroissant singulièrement reconnoissant de ce qu’on fait pour les émigrés. Tous ceux qui Pont connu autrefois, disent que PEcole du Malheur Pa extrêmement müri et changé a son avantage; tout ce que je lui ai entendu dire, étoit trés sensé. II a Paru chez nous avec sa suite en cocarde orange. Tout cela offre un vaste champ aux réflexions sur les vicissitudes humaines. Le duc d’Angoulême est trés petit et fluet, mais d’une physionomie revenante et fort interessant par sa modestie et son envie de bien faire, pour autant que sa timidité ne le contrarie pas. II n’a pas du tout 1 allure de la plupart des jeunes Fran9ois. Mr. d’Angoulême n’est parti qu hier, il a ete 3 fois chez nous et a la fin il étoit beaucoup plus a son aise. Je vous embrasse, ma toute chère Loulou, et suis a jamais votre fidéle et bonne Maman W. 203. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. Huis ten Bosch. 19 September 1794. On dit, mon cher ami, qu’il partira un Bode, mais comme cela me paroit incertain, je vous envoye I’incluse 2) par la poste; j’es-Père qu’elle vous parviendra. Embrassé votre frère de ma part, s’il est avec vous. II apprendra de votre Père que le duc d’Yorck Weggelaten schikkingen voor de verrekening van een en ander. 2) Niet aanwezig. redemande les troupes de Bergen-op-Zoom et fait venir celles qui étoient restées en Zélande. Jugé a quel point tout ceci doit déplaire ici! On n’apprend rien de bon, d’aucun cóté. Les nouvelles de Pologne sont trés mauvaises. Le siège de Varsovie est levé et les nouvelles possessions Prussiennes paroissent en pleine insurrection. Le Roi va se porter de leur cóté a ce qu’on croit, si Koveiosko1) n’y met obstacle. Mr. de Stamford me dit qu’il a arrosé votrelettredeses larmes, et vous répondra aussitót qu’il aura quelque chose d’intéressant a vous marquer, pensant que vous n’attendrez pas de lui une simple lettre de civilité. II paroit craindre beaucoup qu’après la récolte et les nouveaux magazins établis, les Framjois n’attaquent avec une nouvelle force et ne frappent encore quelque grand coup avant la fin de la campagne. II suplie qu’on soit sur ses gardes et déplore tout ce que nous voyons. 20 September 1794. Je suis bien de votre avis que, si leDuc recule derrière le Wael et finalement au Grep, il ne nous reste qu’a faire nos paquets, car en ce cas la République sera perdue. Je crois également que nous aurions plus d’usage de 15 milles hommes de nos troupes, si on pouvoit les rassembler, que de toute I’armée Angloise, commandée comme elle est; mais je voudrois que votre frère ou vous puissiez mettre sur le papier un pro jet de rassemblement pareil, ou qui en approche, d’après la connoissance que vous avez de I’état des troupes, de leurs gamisons actuelles et des places qui en ont le plus besoin. Alors peut-être que votre Père I’effectueroit, mais tant qu’on lui demande des troupes sans produire les moyens de les trouver et qu’on ne le prouve noir sur blanc, il n’en résultera jamais rien, paree que le Prince y voit de si grandes difficultes 2). 22 September 1794. Je trouve que les choses vont trés mal. Je ne dis pas qu elles sont désespérées, mais il me semble qu il y a bien, bien peu d espoir i) Thadeus Kosziuszko, 1746 tot 1817, die, na de zoogenaamde 2de verdeeling van Polen tusschen Rusland, Oostenrijk en Pruisen in het begin van 1793, zich aan het hoofd der beweging voor vrijheid en nationale onafhankelijkheid had gesteld. . – – .. ■ t _ A X M Drnin n – a) Zie over de moeilijkheid ter verkrijging der vereischte toestemming van Provinciën en Steden tot het lichten en verplaatsen van garnizoenen Sabron, De Oorlog van 179411795. I. pag- 30- qu’eUes tournent a bien. Sans doute qu’avec un bon centre de direction elles iroient mieux et le courage redoubleroit parmis les troupes, au lieu que maintenant il se perd. 24 September 1794. X J ai éte interrompue ici avant-hier par une conférence avec votre Père et Messieurs Van de Spiegel et Fagel, pendant laquelle votre frère est arrivé et nous a appris que vous étiez alléz chez Mr. de Clairfait. Dien veuille que vous y fassiez de la bonne besogne, mon trés cher ami, car je crois que de la tout peut dépendre. Je voudrois vous savoir déja de retour du Quartier-Général Autrichien et j espère que vous ne vous exposerez pas a être pris en route; cela ne seroit nullement dróle. Toutes les nouvelles, entrees aujourd’hui de Bois-le-Duc et de Grave sont mauvaises. On craint pour ces deux Places. Bois-le-Duc doit être cerné; de Maestricht nous suposons la même chose sans en avoir la certitude. Une lettre de Venlo, arrivée ce soir, le fait craindre, puisque tous les canons et toute la poudre n a pas pu y entrer. Les nouvelles, venues sous-mains des Clubs dans l’intérieur, deviennent aussi plus allarmantes. II paroit qu il y a une grande activité entre eux et une correspondance continuelleentre ceux des différentes villes et qu’ils ont des signauxet des points de ralliement. On se flatte de découvrir dans peu le fond de leur menees, xnais comme c est a Golofkin que la personne employee doit s ouvrir, je crains infinixnent que le secret ne sera pas bien gardé. 3 October 1794. Je puis vous dire que I’affaire de I’armement est en bon train, mais pas sur lepieddeMr. de Rh(oon). Ilyaunmeilleurplan. Votre frère est allé en ville pour s’aboucher avec les auteurs, et je vois jour a present pour la reüssite. C’est Hogendorp et Royer qui y travaillent. Le Pensionaire approuve tout et a lui-même prié votre frère de pousser a la roue; ce qui va se faire, une autre fois je vous en dirai davantage, si vous ne venez bientót ici y travailler vousmême, ce qui vaudrois mieux. En attendant gardez m’en le secret. Je vous embrasse et suis toujours la même W. 204. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Huis ten Bosch. 23 September 1794. x) Je ne vous cacherai pas, ma bonne Loulou, que les choses ne vont pas mieux. Nous avons reipu hier la facheuse nouvelle que le général de La Tour 2) a été battu et repoussé du poste de la Chartreuse prés de Liège; il s’est retirë a Hervé. Ceci a aussi obligë Mr. de Clairfait de faire un mouvement retrograde vers la Roer. II se trouve avec son armée a Rolduc et Maestricht est fort exposé, peut-être cemé dans ce moment; on a du moins tout sujet de le craindre. Le duc d’Yorck se trouve entre Moock et Cranenburg. 26 September 1794. Maestricht est cemé et Bois-le-Duc I’est aussi; les ennemis ont déja tiré sur Grave. II est impossible de dire ce qui en résultera. Tout semble dépendre de la possibilité de faire une diversion qui délivrecesplaces.etprincipalement Maestricht, car je ne crois pas I’ennemi en grande force du cöté de Bois-le-Duc, et si on pouvoit agir offensivement, il y a apparence qu’il abandonneroit ses plans sur cette ville. Mais si les grandes armées ne peuvent opérer une diversion favorable, nous sommes réduits a nos moyens intérieurs de défense. Le tems et la saison favorisent les inondations et donnent I’espoir qu’il ne sera pas impossible de résister aux attaques ennemies, pour peu que I’on puisse assembler du monde. Jusqu’a ce moment il ne se manifeste aucun désordre dans I’intérieur qui annonce des commotions populaires en faveur des Carmagnols, et ceci est toujours un grand point. Avant-hier on a pris la résolution en Hollande qu’aucun Régent ou Amptenaar ne quitteroit le Païs sous peine de perdre son poste, s’il le fait, ou si ceux qui sont absens, ne reviennent pas au bout de 4 semaines. Cette résolution a été portée a la Généralite et envoyée aux autres Provinces. Cela fera sürement un bon effet, car les émigrations commenipoient déja. C’est le vieux Van der Heim 3) qui a donné le ton, et son dé- x) Weggelaten overleggingen in zake den doortocht naar Engeland van de aanstaande prinses van Wales. *) Charles Antoine Maximilien, graaf de La Tour, 1737—1806, Oostenrijksch generaal. •) Mr. Jacob van der Heim, burgemeester van Rotterdam. part avec tous ses effets a failli causer unc emeute a Rotterdam parmis les bien-intentionnés. Quant aux richards qui envoyent leur argent hors du Pais, cela peut être fort prudent pour eux, mals c’est peu louable quant a leur fa9on de penser pour la patrie. Au lieu d’employer leur superflu a la sauver, ils ferment leurs bourses, nous ótant les moyens de prendre les grandes mesures que le danger et le moment exigeroient, pour ne penser qu’a eux; tandis que. s’ils réflëchissoient davantage, ils vèroient, qu’ils ne font par la que jouer le jeu de I’ennemi et accélérer leur propre perte. Car si 1 Etat tombe, ils tombent avec lui et on trouvera bien moyen de leur faire rendre gorge. D’ailleurs a la République le sort de I’Europe entière paroit lié. Que doit on penser d’un Patriotisme pareil a celui de ces gens qui ne s’occupent que de leur petit individu ? *) Vous voudrez bien communiquer oü cela se doit2), les nouvelles peu consolables des armées. Si on peut nous donner de bons conseils, je les recevrois avec reconnoissance, mals on connoit ce que c’est que mes moyens et mon influence. Vos frères les recevront de même; ils font leur devoir du mieux qu’ils peuvent et sürement il ne leur manque ni zèle ni bonne volonté. Mais outre qu’ils ne peuvent pas toujours faire ce qu ils voudroient, il leur manque a leur age quelquefois I’expérience et les lumières. 27 September 1794. Depuis hier, ma toute chère Loulou, les choses sont a peu prés toujours dans la même situation avec cette différence que I’on sait que le fort de Crèvecoeur est vivement attaqué et que I’on jette des bombes aussi dans Bois-le-Duc. Fritz qui mériteroit bien la place de premier courier en chef de L. H. P. est reparti cette nuit pour la Gueldre ; il retourne a Nimègue et de la il va au Quartier-Général du duc d’Yorck. Je me flatte qu’il pourra en revenir sous peu de jours. Messieurs de Gueldres demandent toujours ses conseils et ceux d’Overyssel aussi, ce qui pourroit prolonger son absence. 30 September 1794. Je ne vous cacherai pas, ma bonne Loulou, que les choses vont *) Weggelaten verschillende locale Haagsche nieuwtjes. ~ mi/unijca. *) Namelijk aan den hertog van Brunswijk. de mal au pis ici, surtout depuis la prise du fort de Crèvecoeur qui s’est rendu avant-hier. On y attaché une grande importance. Quant a Bois-le-Duc, dont I’ennemi peut maintenant faire écouler une partie des inondations, cette ville est toujours cemé et bombarde. On n’a aucune nouvelle de Maestricht qui est apparammentdans le même état. Le duc d’Yorck est encore prés de la Meuse du cóté de Nimègue, mais il pourroit bien ne plus s’y soutenir longtems et se porter au Wael. Si I’ennemi force le Bommelerwaert, on dit qu’il1) ne peut faire autrement. Aussi ce Bommelerwaert fait-il a présent I’objet de nos soucis, mais il paroit qu’il est trés bien garanti, tant par les inondations que I’on va percer, que par un corps de troupes qui y sont sous les ordres du général de Dalwig 2), composé des nótres et des Hessois, auquel le duc d’Yorck ajoute encore des Anglois qui viennent d’arriver. On va tacher aussi de faire un rassemblement de nos troupes avec de la Masse sur les frontières de la Hollande. On parle et on travaille beaucoup, mais si tout cela sauvera le Païs est une autre affaire-Votre Père vient de partir avec Guillaume pour Gorkum, d’oü ils reviendrons sous peu de jours. Ils m’ont chargés de bien d’amitiés pour vous, ne pouvant vous écrire. Ce voyage est la suite d’une résolution de L. H. P., par laquelle ils autorisent votre Père a faire de son chef *) tout ce qu’il croira propre a défendre et a sauver I’Etat. 3 October 1794. Je commence par vous dire, ma toute chère Loulou, que les choses ne sont pas empiréz depuis ma demière, et c'est toujours beaucoup dans des momens comme ceux-ci que degagnerdutems. Dieu veuille seulement qu’on sache le mettre a profit; alors je ne désespère de rien. II y a encore des moyens de sauver I’Etat et nous tous, soyez süre de cela, mon enfant, et ne vous inquièté pas plus que cela ne vaut la peine. 4 October 1794. Comme je vais ce matin a la préparation, je ne vous dit que ‘) De hertog van York namelijk. *) Georg Ludwig Dalwig, 1725—1796, Pruisisch generaal. ) VJWIg alnls) ‘< “W »* /wj i i ut»>wvu ö 8) Vgl. noot 2 bij pag. 166. deux mots. Mes amitiës aux Stamfords. Le marine parle-t-il pas du tout de venir chez nous? II a toujours dit qu’il viendroit, si cela alloit mal, et quoique tout ne soit pas perdu, on ne peut nier que cela aille mal et trés mal; mais pour moi je ne puis le lui proposer dans un moment pareil a cause de sa femme et de ses enfans et du danger oü il pourroit quelquefois se trouver. C’est surtout paree que je n’y suis pas autorisé que je ne lui en dis rien, mais cela est vraiment inconcevable qu’on ne m’y autorisé pas. Mais basta la dessus comme sur beaucoup d’autres choses. Je vous embrasse, ma toute chère enfant, et suis toujours la même W. 205. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 30 September 1794. Je pars dans eet instant avec Guillaume pour Gorkum pour voir les moyens a mettre en oeuvre pour empêcher les Frangois de pénétrer dans lePaïs. Ils se sont emparez du fort de Crevecoeur et menacent de passer la Meuse du cóté du Bommeler Weert. Dieu veuille que I’on puisse leur résister, car une fois maitres de la Meuse, il n’y a plus de barrière que le Wael. 4 October 1794. Je suis trés loin d’être découragé, mais je crois la situation de la République extrêmement critique mais non désespérée. J’ai été Mardi, après vous avoir ëcrit, a Gorkum oü je suis arrivé qu’il faisoit nuit. J’y ai vu les officiers de la gamison et les Bourgmaistres. Le général Oyen*) est nommé commandant de Gorkum, Loevestein et Woudrichem et le long de la cóte du Wael. Le lendemain Fritz est arrivé qui a passé la joumée avec nous, car Guillaume étoit venu avec moi. J’ai été le lendemain voir les places de Loevestein, Woudrichem et Gorkum. Après cette inspection j’ai eu du monde a diner chez moi. a) Le lendemain vos fréres m’ont quitté; Fritz est retoumé a Nimègue et auprès du duc d Yorek. Guillaume, est allé au Bommeler Weert voir la défence de ce cóté et les batteries qu’on y a placées, ce que la prise de l) A. L. van Oyen, Nederlandsch generaal. a) Weggelaten bijzonderheden omtrent dit diner. Crèvecoeur rend surtout nécessaire. Le commandant de Crèvecoeur a eté arrêté et est ici au Prévót. On tiendra Conseil de Guerre sur lui. Je suis allé a Tuyl qui est vis a vis de Bommel, oü j’ai parlë aux magistrats de Bommel; de la je me suis rendu a Cuylenburg par Drumpt. De Cuylenburg j’ai été voir un endroit, oü on va percer la digue pour former une inondation et rendre par la I’entrée de la Hollande plus difficile. De la je suis allé au Vaert et comme le jour tomboit et que je m’étois proposé de voir encore une partie de la frontière de la Hollande, au lieu de retoumer la nuit a La Haye, j ’ai été coucher a Utrecht. Hier j ’ai été me promener par la ville d’Utrecht. Après je me suis rendu a Ysselstein et de la a Montfort voir un retranchement, construit sur la hauteur de Linschooten; de Ia a Oudewater voir les fortifications de cette ville que je n’avois jamais vue; de la a Goejanverwellesluys et puis par Gouda ici a la Maison du Bois, oü j’ai trouvé chez votre Mère Guillaume et son fils. 7 October 1794. Je suis faché de devoir vous annoncer par continuation de facheuses nouvelles. Mr. deClairfait a trouvé bon le 3 de se retirerde la Roer1), disant qu’il avoit été attaqué par 90.000 hommes; que quelques points de sa position avoient été percéz et que, pour éviter une plus grande perte, il alloit se retirer derrière I’Eiffel. Je le suppose a présent au dela du Rhin. Le général Kespen ayant eu ordre de marcher directement de Ruurmonde a Dusseldorp, le duc d’Yorck doit se retirer Ie long du Wael. II tiendra le Bommeler Weert et un corps dans le camp retranché de Nimègue et prendra, je crois, sa position entre Tiel et Emmerich. Depuis Dusseldorp jusqu’a Elten on Emmerich il n’y aura rien que la gamison de Wesel qui va au plus a 3500 hommes. Voila toutes les nouvelles que je puis vous mander et qui ne sont rien moins que consolantes. Fritz en a été le porteur et il est avec nous depuis Samedi a diner. II part demain pour la Gueldre. Guillaume est pard ce ma tin pour Amsterdam et va faire le tour des fortifications d’Hollande. Je me flatte que nous pourrons gamir le Wael depuis Tiel ') Waar hij na de nederlaag van generaal de La Tour stelling genomen had, zie pag. 168. jusqu’a Rotterdam avec I’armée de I’Etat et que I’on pourra défendre le passage du Moerdyck, mais si nous n’avons pas Ia paix eet hiver, on ne peut prévoir ce que cela deviendra. Les nouvelles de France sont si extraordinaires que je ne veux pas les débiter, crainte de dire des mensonges. Je regarde comme fort indifférent au bien général, si Robespierre, Barrère, Collot d’Herbois, Tallien1), Couthon 2) ou quelqu’un d’autre de ces gens-la gouverne, tant que cela ne produit pas que les armées soyent rappellées et prennent les unes pour les autres contre les Jacobins ou les Modéréz. Je ne puis rien dire des motifs qui ont décidé de Ia retraite de Mr .de Clairfait, mais toute la conduite de I’armée Autrichienne depuis le 22 3) ou plutót le ler de Mai *) est inexplicable 5). Au siège de Landrecies je crois que les choses sont allées bon jeubonargent; depuis je crois le contraire et je ne puis m’imaginer le motif. Le tems expliquera cette énigme et celle de la conduite du général de Moellendorff. «) Nos complimens a votre époux et a Mr. et Md. de Stamford. Je crois qu’il seroit bon, si Mr. de Stamford pourroit faire un tour dans ce Pais; mes fils le désirent beaucoup. Au reste soyez assurée de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. P. S. Tout fuit de Cologne, de Coblenz et des bords du Rhin. Cela vous procurera bien des visites. J’ai peur que mon pauvre Pais de Nassau pourra aussi être visité par les Fran^ois. 206. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Huis ten Bosch. 7 October 1794. 7) On ne s’endors pas chez nous. Vos frères travaillent comme des Je ne puis entrer dans des détails, mais soyez – v JL AIXLXIO OVJT ‘) Jean Lambert Tallien, 1769—1820. *) Georges Couthon, 1756—1794. s) De overwinning bij Pont-4-Chin. ‘) De inneming van Landrecies. 5) Daar toen op de behaalde voordeelen niet onmiddellijk een snel offensief gevolgd was. ) Weggelaten het journaal en mededeeling van de komst van een Friesche deputatie, waarover uitvoeriger pag. 179. ‘) Weggelaten den aanhef met nog eens dezelfde oorlogsberichten als in den voorafgaanden brief. süre que cela est vrai. On exige seulement trop d’eux, voila ce que je crains. Guülaume est parti ce matin pour Amsterdam, il sera dans pen de jours de retour. En vertu de la résolution qui autorise votre Père de faire tout ce qui peut défendre le Païs1), vos frères sont chargés de faire faire une espèce de levée en masse des païsans le long des rivières de Gueldres et en Hollande. On vient de faire une proclamation au nom de Guülaume. Fritz s’y rend demain pour donner la première impulsion d’enthousiasme a la chose, si cela est possible. Si cette mesure réussit, on ira plus loin et on se flatte de rassembler en peu de temps beaucoup de monde. II a fallu en venir la, paree que les premières mesures de levées n’ont réussies qu’a moitié par des circonstances trop longues a détailler, mais qui n’entraveront sürement pas celles-ci. On y a pourvue. Au retour de Guülaume il sera aussi de la toumée. Fritz retoume en Gueldres, cette partie lui étant particulièrement confiée. Nous ferons de notre mieux, ma chère Loulou, pour ne pas nous laisser nous enfermer dans un sac comme vous dites, et aussi on prend des précautions pour cela. 10 October 1794. Ce vent et ce tems font grand bien a nos inondations; je crois que la plupart sont faites et que les autres peuvent I’être d’un moment a I’autre. Bois-le-Duc est assiégé et I’on craignoit même hier qu’ü ne fut pris, mais on n’en a aucune certitude et je ne le crois pas, car I’ennemi est trop intéressé a jetter I’épouvante dans le Païs, pour ne pas nous I’avoir d’abord fait connoitre, si cela étoit. Quant a Maestricht, si Clairfait n’avance pas, si les Prussiens ne font rien, il faut compter que cette vüle tombera tót ou tard. Je ne suis pas du nombre de ceux qui croyent, a ce que vous me dites, que les Autrichiens pourroient bien forcer le Gouverneur 2) a capituler plus tót qu’ü ne faudroit; mais cependant cela n'est pas impossible, car il ne faut plus s’étonner de rien dans ce monde. Leduc d’Yorck est encore prés de Nimègue; je doute cependant qu’ü y reste longtems. Votre Père vous embrasse et vous fait dire qu’ü n’a pas le tems de vous écrire. Je puis ajouter une *) Zie pag. 170. *) Frederik, landgraai van Hessen-Kassel. bonne chose, c’est que Bois-le-Duc n’est pas rendu et que même de Maestricht il doit etre venu une lettre a Grave, ce qui prouve que cette ville n’est pas encore complettement cemé. De plus votre Père vous fait dire que I’on fait un pont de batteaux entre Nimegue et Lenthe. Mon caissier Schmitt va faire un voyage en AUemagne et il se pourroit bien qu’avant de se rendre au Païs de Nassau, il passé a Brunswic. 11 October 1794. Je reprens la plume, ma toute chère Loulou, pour vous écrire par Schmitt qui se met en route demain de grand matin. II vous remettra mes byoux tant les miens propres que ceux de la Maison – et ceux de Mimi. Nous déposons tour cela chez vous, ma bonne enfant, persuadé que vous en aurez bien soin; et quoique le danger ne soit pas encore si pressant ici, nous avons cru cette mesure nécessaire, paree que d’un moment a I’autre la communication pourroit être interrompue, et alors cela ne seroit plus possible. Et toute autre voie, oü il faudroit passer la mer, seroit toujours plus dangereuse et plus embarrassante pour de pareilles choses, qu ’il vaut mieux de ne point avoir avec soi, si on étoit soi-même obligë a quitter Ie Païs. Je vous prie, ma chère, de garder ce dépot bien sürement et secrètement. Si contre toute apparence I’incendie générale devoit s’étendre jusques chez vous, je suppose que vous nous en avertirez a tems, si cela se pouvoit, ou que sans cela vous en auriez tout le soin possible, afin que cela ne tombe pas en mauvaises mains. Vous en sentez trop bien les conséquences pour nous et vous estes trop prudente, pour que jenesoispersuadé que vous ferez votre mieux. C’est tout ce que je désire, car nous ne pouvons vous rendre responsable de quelque malheur fortuit que vous ne pouviez prévoir. ») Sur la future princesse de Galles je ne dis rien, ayant trop a en dire; mais au point oü les choses en sont, je voudrois pour Vhonneur de la Castille 2) que le mariage se fit. Pour heureux je ne crois pas qu’il puisse être, et je vous avoue que, si les circonstances nous poussent de ce cóté-la, que je ne crois pas que cette union augmentera notre agrément 2 Weggelaten een beschouwing over de gezondheid van prinses Louise. ) Pierre Corneüle, Le Cid. Acte 11, scène 11. dans le païs d’outre-mer. Quant a nous, ma chère, 11 est impossible de dire oü nous irons, s’il faut partir d’ici. Nous ne pouvons former aucun plan fixe et nous ne pouvons partir que lorsque tout espoir de sauver la Hollande sera perdue. Or ceel n’est pas le cas encore; bien loin de la même nous espërons encore de sauver aussi la plus grande partie des autres Provinces, et si cela rëussit, le chemin de I’Allemagne restera ouvert et nous avons plus d’une corde a notre are. Indépendamment de la consolation que nous trouverions de nous réfugier dans vos bras, ma bonne enfant, il est sur que I’Allemagne est notre retraite la plus naturelle a cause des Etats du Prince qui y sont, et a cause du délabrement extréme des finances qui doit toujours aller en augmentant. Mais d’un autre cóté Berlin est le dernier endroit oü je voudrois aller actuellenent. II ne convient a personne de nous, et si nous ne pouvons pas décemment nous en dispenser sans offenser le Roi, dès que nous allions en AUemagne, ou si vous prévoyez que le Duc pourroit avoir des scrupules de nous garder chez lui, si nous déclarons que du moins les premiers mois nous n’irons pas plus loin, alors il vaut mieux irrévocablement se décider pour I’Angleterre tout d’abord; et si le chemin de I’AUemagne nous est barré, alors il ne nous reste plus d’autre ressource que I’Angleterre ou peut-être de nous rendre par I’Ost-Frise ou Hambourg chez vous. De tout ceci il n’y a absolument que les circonstances du moment qui devront en décider. En attendant les voyes ont été préparées pour qu’on nous regoive en Angleterre, mais nous ne nous avons point teüement liés les mains que nous ne puissions toujours aüer oü nous le préférerions, et les circonstances locales et politiques nous obligentnécessairementd’avoirainsi plus d’un plan et de tout préparer de plus d’un coté. x) Je ne sais, si vous savez, que l’Angleterre a suspendu le payement des subsides de la Prusse 2) et déclaréz qu’ils cesseroient tout a fait, si dans le même moment la Prusse n’adoptoit pas une conduite qui put sauver la Répu- >) Weggelaten een herhaling met andere woorden van het voorafgaande. *) Prinses Wilhelmina aan prinses Louise, 14 Oct. 1794: „je dois rectifier ce que je „vous ai dite le 11 du courant sur la suspension de certain payement. Cela étoit vrai „alors, mais de depuis il sont venus des pleins pouvoirs pour obtenir le même objet d Jout prix. II faudra voir ce que cela produira”. blique. Pareille déclaration a été faite a I’Autriche au moment de Ia retraite de Clairfait. C est une mesure que ces deux Puissances se sont attirées, et peut-être que cela fera effet. Mais peut-être aussi que cela ne fera qu’aigrir et toujours est-il certain que cela augmentera les mécontentemens et les animosités joint aux défiances entre les Coalisés, ce qui favorise les Carmagnols et leur infemal sistème. Si vous croyez que le Duc eüt des scrupules de nous garder, si le Roi demandoit a nous avoir, je vous prie de me 1 ëcrire soit par Schmitt soit au citron. Je comprends que vous ne pouvez que former la dessus des con7 ectures, car ce sont de ces choses que vous ne pouvez demander, mais vous sentez qu’il nous importeroit de savoir a quoi nous en tenir la dessus, et que pour tout au monde nous ne voudrions pas lui être a charge ou le mettre dans 1 embarras. A votre cher Prince qui est prudent et discret, vous pouvez bienvous en ouvrir. *) Je vous embrasse, ma toute chère Loulou, et suis a tout jamais votre fidéle et tendre Maman. W. P. S. J’oubliois encore a vous dire, ma chère Loulou, qu’il me Paroit convenable que vous fassiez confidence au Duc de I’envoy des byoux chez vous, mais a lui seul et en demandant le plus parfait secret. Vous accompagnerez cela de mes complimens et vous y ajouterez ce qui pourra lui convenir du contenu de ma lettre, I’assurant que nous ne partirons pas d’ici tant qu’il y aura espoir de sauver le Païs, oü notre départ seroit dans ce moment le signal de la confusion et du désordre. Quant a I’endroit de la retraite vous pouvez dire qu’il n’y a rien de décidé et que les circonstances devront 1 indiquer. A cette occasion vous vèrez bien ce que Von pense de Brunswic, et vous comprenez et ferez bien comprendre que, si je n’ëcris pas moi-même, c’est simple discrétion. 207. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 7 October 1794. Depuis ma demière les choses n’ont pas pris une meilleure tournure. Le general Clairfait a passé le Rhin. Je vous envoye copie a) *) Weggelaten de gewone opdrachten van groeten. 8) Niet aanwezig. Naber, Correspondentie II de la lettre qu’il a écrite au duc d’Yorck. Vous y vèrez, mieuxque je ne pourrois vous le dire.la position qu’il a prise et il a un corps è. Duysbourg pour être en communication avec Wesel. II est bien singulier de voir les Etats du Roi de Prusse et la Westphalie couverts par une armée Autrichienne. Le duc d’Yorck a détaché le génëral Harcourt1) avec 2000 chevaux pour se placer entre le Schenkenschans et Wesel et pour gamir les bords du Rhin, afin de pouvoir être informé de ce qui se passera de ce cóté-la. Le duc d’Yorck avoit encoreson Quartier-Générala Nimègue. Le génëral Erskinea) que le duc d’Yorck avoit envoyé pour commander son aile droite du cóté de Tuyl, a trouvé bon de faire démolir le fort St. André que le duc d’Yorck avoit voulu renforcer. Le canon et les amunitions ont été sauvées, mais les Frangois sont maintenant dans ce fort et s’y sont nichéz et ont établi la des batteries qui empêchent la navigation sur le Wael plus loin que jusqu’a Bommel. Voila donc la communication par eau coupëe avec Nimègue. II faut faire aller tout par le Leek, passer Arnhem, de la par le canal de Pannerden regagner le Rhin et aller de la, en descendant le Rhin, a Nimègue. Vous jugez quel grand détour cela fait et quelleslongueurscelaproduit pour le transport des munitions etc., ou il faut tout envoyer par terre ce qui n’est pas sans inconvénient. Le siège de Bois-le-Duc a recommencé; on n’a pas tiré de part et d’autre pendant un couple de jours, mais avant-hier au soir Ie feu a recommencé. Je n’ai aucune nouvelle de Maastricht; j’aieudes lettres de Venlo du 7; alors il n’étoit pas cemé. Vous voyez par la que la situation des choses est mauvaise, mais je ne la regarde pas comme désespérée. Le plus grand embarras est de trouver des troupes pour les employer Ia oü il est nécessaire, puisqu’on ne peut dégarnir I’intérieur entièrement et que I’armée a beaucoup souffert dans la dernière campagne et par les maladies en Flandre. Cependant, si le duc d’Yorck veut y ajouter 5 a 6 mille hommes, je tacherai de rassembler un corps de 4000 hommes du cóté de Zutphen pour couvrir I’Overyssel, la Frise et Groningue. Ce corps seroit commandé par Fritz avec ce que I’on pourroit ‘) William 3d Earl of Harcourt, 1743—1830. *) Sir William Erskine, 1769—1813. rassembler de plus. Guillaume se porteroit a Gorkum et défendroit le Wael et la Meuse depuis Tiel jusqu’a Rotterdam. Les inondations sont faites du cóté de Gorkum; on en a fait une dans le comté de Cuylenburg en faisant une coupure dans Ia digue du Leek entre Cuylenburg et E verdingen, et on espère que cela pourra, si le Wael devoit être malheureusement abandonnë et que I’on dut se replier derrière la ligne du Greb et abandonner la Gueldre, empêcher I’ennemi de pénëtrer par la a Vyanen et de s’emparer ainsi de 1 ecluse du Vaert qui est un point des plus importans et qui doit fournir en grande partie I’eau pour I’inondation d’Hollande. Je n’ai aucune nouvelle de Moellendorff ni de ses desseins, mais il me semble que les affaires de Pologne ont pris une bien mauvaise tournure, et s’il m’étoit permis de dire mon sentiment sur eet objet, ceux qui ont conseillé au Roi de cesser d’agir sur le Rhin et de s emparer d une partie de la Pologne, conjointement avecla Russie, lui ont donné un bien mauvais conseil. Si la guerre avoit été poussée avec vigueur par le Roi de ce cóté, elle I’auroit été aussi vraisemblablement par la Cour de Vienne et I’idée de I’abandon des Païs Bas n auroit pas eu lieu. L’ennemi n’auroit pu pendant le siège de Landrecies s’emparer de Courtrai et de Menin, il y auroit eu le monde necessaire en Flandres pour lui résister, ainsi que le long de la Sambre; on auroit pu rester au dela et garder le poste de Beaumont. Le manque de 40.000 Prussiens du cóté de Trèves qui entroit dans le plan du génëral peut-être la publicité, donnée a ce plan par des gens indiscrets, ont ete Ia cause que tout a manque, car je vous avouerai que la veiUe dela prise de Landrecies j e n’étois pas enchanté de ma position et que je craignois d’être obligé de faire un détour assez grand pour regagner Bruxelles et de la la Hollande. Voici une bien longue lettre remplie de details militaires, mais vous sentez bien quel est mon but en vous I’écrivant et que, s’üs peuvent intéresser le Duc, ce sont pas de secrets pour lui. De La Haye rien de nouveau. Nous avons eu une députation de Frise, Mrs. Scheltinga d’ldaarderadeel, B. Rengers 2). Guillaume de Haren 3), Bigot et Sminia, le ‘) Zie II pag. 107. ’) Pieter Ulbo Rengers, 1756—1810. a) Willem Anne, baron van Haren, zoon van Onno Zwier van Haren, 1749—1835. secrétaire. A Mr. Bigot prés ils sont repartis. Ils désirent la paix, paree qu’ils craignent qu’on veut les abandonner et se bomer a la défense de la Hollande, ce qui n’est pas mon intention. Fritz est parti hier; Guillaume a été a Amsterdam; il doit en revenir ce matin pour partir dans deux jours pour Gorkum et s’y établir. 14 October 1794. Je dois être trés court aujourdhui et me bomer a vous annoncer la reprise de St. André et que nous avons perdu Bois-le-Duc 1). Je vous envoye ci-joint copie de la lettre de l’amiral Melville, annomjant la première de ces nouvelles, et de celle du lantgrave de Philipsthal2), annon9ant la seconde3). Vous verrez I’abominable capitulation qui a été faite et que I’on y a sacrifié le corps de Béon qui, comme émigrés, ne sont pas compris dans la capitulation. Les Etats-Généraux m’ont ordonné de faire tenir Conseil de Guerre. Je suis obligé de le faire, mais cela me fait de la peine. Cet imbécille a tout pris sur lui, comme vous vèrez dans les pièces et il a été assé dupe pour faire la capitulation sans que dans le Conseil de Guerre personne se soye expliqué qu’ü falloit capituler. Cela rend nos affaires de jour en jour plus mauvaises. Jeneperdspas courage, mais je crains de ressembler a la femme qui croyoit que son marine mourroit pas, paree qu’elle resteroit en ce cas sans ressources. Je crains beaucoup que les choses finissent mal dans toute I’Europe. En Prusse il paroit que cela va trés mal, et j’ai peur que cette Puissance risque furieusement. Dieu veuille que ce malheur n’arrive pas, car outre I’amitié que j’ai pour le Roi, et la reconnoissance que je lui dois pour I’expédition de 1787, je crois que I’Europe est perdue, si une seconde monarchie croule comme celle de la France. Les ennemis 4) sont a Scheidemühlen, ce qui est dé ja dans la Marck de Brandenbourg. Qu’il auroit été a souhaiter qu’on eüt laissé les Polonais en repos et qu’on eüt continué la guerre avec vigueur de ce cóté. Je crois qu’alors nous serions aussi prés de Paris que les Frangois sont de La Flaye. Je dois finir faute de tems. Je vous prie de faire mes complimens è. la ■) 9 October 1794. a) Willem, landgraaf van Hessen-Philipsthal. 3) Deze stukken zijn niet aanwezig. 4) De Polen namelijk. familie, a Mr. et Md. de Stamford et d’être persuadé de la tendre affection de votre tont dévoué et affectionnë Père G. Pr. d’Orange. 208. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. Huis ten Bosch. 16 October 1794. Je profite d’un Bode que votre Père propose de vous envoyer, pour vous apprendre une bien bonne nouvelle, si vous ne la savez déja, c’est que I’Angleterre va proposer au Duc de Brunswic de prendre le commandement en chef et la direction de toutes les armées. Ceci est une très-grande nouvelle et qui peut nous sauver, s’il y a encore du tems pour cela. Le courier va être dépêchéz incessamment pour Brunswic; on a voulu savoir préalablement en Angleterre, si cela plairoit ici; on se croit sur de I’Autriche; on vient aussi de le communiquer au duc d’Yorck, mais, s’il ne vous en parle pas, bouche close sur ce point vis a vis de lui; c’est un acte de prudence auquel de vous-même je suis persuadé que vous ne manquerez pas. Un autre point essentiel, c’est que pour I'argent I’Angleterre témoigne aussi plus de facilité *) et Mr. Van de Poll2), le bourgmaitre d’Amsterdam, est ici pour parler avec votre Père et le Pensionaire sur les moyens d’en procurer pour nous-mêmes a Amsterdam, savoir par un emprunt forcé que plusieurs négocians désirent. Ceci est la suite d’un voyage de votre frère a Amsterdam. Une autre suite, moins agréable, c’est une absurde et insidieuse requête3), présentée au Magistrat de cette ville sous prétexte que le duc d Yorck y auroit fait une apparition avec Guillaume pour ohliger le Magistrat a recevoir garnison Angloise, a percer les digues et a defendre la ville a outrance, toutes des mesures auxquelles ceux qui ont signes, s’opposent fortement. L’ex-pensionaire Vischer etoit a la tête de la députation, et quoique le m me matin les Bourgmaistres avoient fait une proclamation pour défendre pareille démarche, ils ont admis la députation et ont accepté la requête, après avoir commencé par vouloir I’engager a la *) Zie noot 2 bij pag. 176. 2) Mr. Jan van de Poll. 8) Zie Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 418 en vlgg. reprendre. La pièce portée ensuite au Vroedschap, celui-ci a jugé en vertu de la proclamation du matin, qu’elle devoit rester buiten deliberatie. Voüa oü la chose en est. Vous serez sans doute peu édifié de la conduite des Bourgmaistres dont la foiblesse est effectivement au delü de I’expression. II est de toute nécessité qu’on y veille dans ces momens-ci, et chacun le sent. Voyons ce que cela produira. De Berlin nous avons de trés amples rapports de Mr. de Reede qui ne nous sont qu’a moitié favorables, ou pour mieux dire qui ne le sont pas du tout. 17 October 1794. Les nouvelles de ce matin d’Amsterdam sont trés bonnes quant a I’énergie du Magistrat et a celle que montre la Bourgeoisie reunie au militaire et a nos zélés amis de Cattenbourg. 18 October 1794. Mr. Craigg *) a portë une pièce fort singulière du secrétaire d’Etat Dundas2), pour se plaindre de ce que nous ne faisons pas assé pour notre défense avec une espèce de menace de retirer I’armée, si nous n’en faisions davantage. Dans une lettre particulière le Duc s) dit quelque chose sur la défense des Provinces d’Overissel, Frise et Groningue, mais vaguement; et cela me fait craindre qu’il croit faire assé en se mettant en jonction avec Clairfait et qu’il ne donnera pas le corps que nous lui avons demandé avec tant d’instance 4). D’Amsterdam les nouvelles sont assé bonnes, quoiquela fermentation soit forte; la déclaration des officiers bourgeois a fait grand bien a la Régence qui reprend de I’energie et a fait arrêter un Club, celui oü s’étoit faite la souscription 5). En Hollande on a pris hier une trés bonne résolution pour défendre tous les Clubs. En général dans I’intérieur on est plein de zèle mais pour I’extérieur d’autant plus foible. Voila du moins ce que disent mes rapports, mais je crois que tout ce que I’on fera, ce *) Sir James Henry Craigg, 1748—1812, Engelsch generaal. 2) Henry Dundas first Viscount Melville, 1742—1811. >) Van York. 4) Om met een vrijwilligerskorps, dat men trachtte bijeen te brengen onder bevel van prins Frederik, Overijssel, Groningen en Friesland te dekken. Zie II pag. 178. ‘) Van het rekest. Er bleek zich toen reeds een Comité Revolutionair te hebben gevormd, waarvan de helft der leden werd gevangen genomen en veroordeeld tot een gevangenisstraf van 6 jaar; de andere helft was nog juist in tijds gevlucht. sera d’envoyer quelqu’un en Angleterre, selon toute apparence le Greffier *). Je vous embrasse, mon cher ami, et je vous fais bien des complimens de Mimi et du Petit pour Oom Fritz. A tout jamais votre fidéle Maman W. 209. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 18 October 1794. L Angleterre m a fait proposer de nommer un Commandant-Général sur les armées Angloises et Hoüandoises, afin de mettre plus d’ensemble dans les opérations et de les faire toutes travailler ensemble et sur un même plan a ëloigner I’ennemi d’ici. Je trouve cette mesure excessivement sage et surtout le choix de la personne qu’ils désireroient avoir pour Commandant-Général. Je crois que, s’il accepte, humainement parlant, I’Europe est sauvée. Nos fils serviront avec le plus grand plaisir sous ses ordres et ne pourront être dans une meilleure école. Vous devinez bien de qui il s agit. C est le Duo, votre Beau-Père. Je vous en préviens, et si le Duc accepte, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, pour le seconder. C est ce qui a manqué. II y des bras, mais pas de tête. Je serois charmé, si les affaires me le permettent, d’être comme volontaire a cette armee. Dieu veuille que le Duc accepte ce commandement et qu il puisse commander les différens corps d’armée qui se trouvent dans ces environs. Alors je ne désespère pas de voir les armées aux portes de Valenciennes et a I’entrée de France- prince de Philipsthal2) veut venir ici pour demander Conseil de Guerre; je crains qu’il en sera mauvais marchand et qu il court risque d une forte punition. Je le plains, vu son grand age et son peu de capacité, mais je n’aurois jamais attendu de lui qu il auroit fait une capitulation aussi infame et par laquelle le corps de Béon qui étoit dans la place, a été sacrifié a la vengeance des ennemis. On compte le nombre de ceux qui ont été reconnus et massacrés a 200 ou 300; environ une centaine ont échappé sous différens déguisemens. Cela fait horreur. Je I’ai cru béte, mais bra- ') Zie II pag. 186. ) De gewezen commandant van ’s-Hertogenbosch. ve et j’ai cru qu’il se défendroit jusqu’a Ia demière extrëmité. Je suis faché que vos anciennes connoissances *) ont dü venir vous faire visite pour chercher leur süreté hors du Pais, et j’aimerois mieux qu’elles fussent ici. Le général Constant2) se conduit trés bien et est un de nos meilleurs généraux-majors, vous ne I’auriez pas cru autrefois ni moi non plus. Cette guerre a fait connoitre bien des gens, a fait tomber bien des réputations usurpées et a fait paroitre d’autres dans un meilleur jour qu’on ne croyoit. 21 October 1794. Je vous écris deux mots ce matin par le général Bentinck, qui va a Brunswic offrir le Commandement Général de I’armée Hollandoise et de I’armée Angloise au Duc. Je désire ardemment qu’il accepte, et je crois que le salut de I’Etat dépend de son acceptation. Je n’ai de nouveau rien de bon a vous mander. Fritz m’écrit hier que les Frangois ont attaquéz les avant-postes du duc d’Yorck et repousséz ceux de Druten a Ewyck, de Apeltem a Haren et Wichem et ceux de Mook a Groesbeek. Selon moi I’ennemi ne risqueroit pas ce mouvement sans avoir pris Venloo, ainsi je crois que cette place est prise. J’espère que non et que les choses ne soyent pas aussi mal. Mais je crains pour Grave, carle général qui y commande, est le vieux Bons3) qui est hors d’état de se remuer ni de parler. II en faudroit un autre, mais je ne sais a la fin oü trouver les gens. On lui a donné pour I’assister le major Gross de May4). J’écris a votre frère de trouver quelqu’un a y envoyer, s’il n’est pas trop tard. Je dois être court aujourd’hui, faute de temps. J’écrirai eet après-midi a votre frère ainé; j’ai écrit au cadet, au duc d’Yorck et au Duc 6) ce matin. Faites bien mes complimens au Prince, a vous Dames. Si vous voyez les Dames Gueldroises, je vous prie de leur faire mes complimens et soyez assurée de la tendre affection de votre trés affectionné et tout dévoué Père G. Pr. d’Orange. *) Verscheidene dames van den Gelderschen adel waren naar Brunswijk gevlucht. a) Willem Anne, baron de Constant Rebèque, 1750—1832. •) Andreas de Bons. 4) A. G. van Gross de May. 5) Van Brunswijk. 210. Prinses Louise aan prins Frederik. Brunswijk. 21 October 1794. Le sujet pour lequel proprement je vous écris, mon cher frère, c’est afin que vous fassiez tout votre possible, pour que Maman et Mimi et le Petit se mettent a tems a I’abry du danger. Qu’est-ce que la gloire d’être pris pour ótages peut leur faire ? Un homme qui a un bon cheval, peut toujours se sauver et au moins il a son épée pour s’ouvrir un passage. C’est pourquoi, mon bon et cher frère, je suis toute résignëe a voir rester dans le Pais jusqu’au dernier moment notre Papa et vous et notre frère, mais de quel bien peuvent être ces femmes et eet enfant? L’émigration est déja assez forte, pour qu’on n’aye pas besoin de craindre que eet exemple en entrainera d’autres, et c’est s’exposer sans nécessité. Prêchez aussi cette doctrine, mon aimable Fritz, dont je suis süre que vous sentez la vérité. Vous serez plus tranquille en sachant ces personnes chéries en süreté. Je ne parle réellement pas par egoisme car, je le dis franchement, je préfère ne les revoir jamais a le faire de cette fagon. Dans ce moment je regois ma poste et c’est avec bien de la joye que j’apprends qu’enfin on rend justice aux talens de mon Beau-Père et qu’on veut lui offrir le Commandement-Général. Quoique je redoute son départ pour notre particulier, I’idée de le voir comme le libérateur de ma Patrie et a la tête de ces grandes affaires me fait faire des voeux, pour qu’il accepte ces offres qui sont brillans, s’il a plein pouvoir. D’ailleurs il vous rend justice et fera tout ce qu’il pourra pour votre bien. II est glorieux de servir sous un tel maitre, pourvu seulement que cette démarche ne soit pas faite trop tard. Adieu, mon bon ami, je n’ai pas le tems de vous en dire davantage; j’écris même après soupé. Je vous embrasse et suis a vous comme vous savez. Louise. 211. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Huis ten Bosch. 24 October 1794. L’ennemi occupe Clèves et il s’est montré devant Emmerich. Les avant-postes du duc d’Yorck ayant été attaqués le 21 en avant de Nimègue, S.A.R. a jugé a propos de transférer son Quartier- General a Arnhem oü il se trouve actuellement. II a laissé le général Walmoden pour défendre Nimègue, et nous savons que de depuis I’ennemi a fait une forte reconnoissance du cóté de cette ville dont on le dit trèsproche. Fritz a été pour24heures ici; ilvient de repartir et m’a chargé de vous faire bien des assurances d’amitié de sa part. Votre Père part aussi aujourd’hui dans la joumée pour Utrecht, oü il a donné rendez-vous a vos deux frères et d’oü il se rend demain è, Arnhem, pour s’aboucher avec le duc d’Yorck. 25 October 1794. Le Greffier part pour I’Angleterre *) pour représenter la situatiën ; cela ne pourra pas, je crois, remédier a grand’chose, car I’Angleterre fait effectivement I’impossible pour nous. II est seulement bien malheureux que son armee soit si mal commandé. C’est cela qui güte tout. Si le duc de Brunswic accepte et qu’ilvienne promptement, je ne désespère de rien, mais c’est cela tout notre espoir; je ne puis assez le repeter. Prions Dieu de nous assister et de nous fortifier! Je vous serre contre mon coeur et suis a jamais votre fidéle Maman W. 212. Prins Willem V aan zijn Dochter. Utrecht. 25 October 1794. Je n’ai pas resu de vos nouvelles hier, la poste d’Emmerich ayant manqué a La Haye. Cela dérange notre correspondance et c’est pourquoi je vous écris aujourd’hui par la poste de Hambourg. J espere que Messieurs Bentinck et Elliot2) seront arrivé k Brunswic, étant partis de La Haye Mardi vers le midy, ou du moins qu’ils seront demain a Brunswic. Je vous prie de me faire savoir, le plus tót le mieux, s’il y a apparence de réussite dans leur commission. Cela devient d’une absolue nécessité. Depuis ma dernière Fritz est arrivé a La Haye avec la nouvelle que le duc d Yorck a pris pour Quartier-Général Arnhem et a laissé Mr. de Walmoden avec 20 bat. pour couvrir Nimègue. Je crains qu’ils l) Vgl. Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 513. “) De kwartiermeester-generaal R. V. Bentinck van Schoonbeten en Edward lord Elliott legatie-secretaris, de Staatsche en Engelsche afgevaardigden, om aan den hertog van Bronswijk het opperbevel over de gecoaliseerde legers aan te bieden. ne garderont pas cette place, et alors ce qui arrivera, je I’ignore. Je suis parti hier de La Haye pour me rendre a Arnhem, afin de tacher d’engager le duc d’Yorck a garder Nimègue et défendre le Wael. Guillaume et Fritz sont ici avec moi. Je dois conférer avec eux ce matin. Nous sommes logèz ici a la Place Royale. J’ai dü hier encore aller a la Besogne Secrète avant de partir, arranger telle quellement mon Cabinet, prendre congèz de votre Belle-Soeur et de son Enfant, parler avec Mr. de Larrey. Ainsi je ne suis parti qu’a 7 heures du soir et arrivé ici a 1 heure du matin. Je suis venu de La Haye avec Mr. de Heeckeren de Wiersse et j’ai trouvé ici Mr. de Walien que j’avois envoyé a Amsterdam. Je n’ai rien de nouveau du reste. J’ai laissé votre Mère trés bien portante, ainsi que votre Belle-Soeur et le Petit. Arnhem. 29 October 1794. Je n’avois pas compté vous ëcrire, mais je ne veux cependant pas perdre cette bonne habitude. Jusqu’a présent il n’y a aucune nouvelle de Mr. de Stamford 1). J’aurois bien désiré qu’ü eüt été ici. Je n’ai personne avec moi que je puisse employer dans les conférences avec le duc d’Yorck et les généraux Anglois et Autrichiens. Je ne vous ai pas écrit depuis Utrecht. C’étoit Samedi. Voici mon journal depuis ce jour. Le Samedi, après vous avoir écrit, j’ai donné quelques audiences et puis j’ai été déjeuner avec vos frères chez Md. Jean Bentinck 2). Après je suis allé avec Fritz, Messieurs de Wiersse et de Walien en voiture ici a Arnhem; j’ai dinné en passant chez My Lady Athlone. Je suis venu coucher ici oü j’ai eu le soir une députation des Etats de la Province. Dimanche j’ai eu le Magistrat; puis j’ai été a I’église entendre le ministre Post. Après j’ai eu le duc d’Yorck et puis j’ai vu la Cour de Justice et les Gemeenslieden 3) de la ville et j’ai diné chez le duc d’Yorck avec le comte d’Artois et le duc d’Angoulême. Lundi j’ai eu les consistoires et puis je suis allé a cheval a Nimègue oü j’ai vu du rempart I’attaque des ennemis. Nos avant-postes ont été *) Zie II pag. 173. ’) Jacoba Helena van Reede-Ginckel, 1767—1839, gehuwd met Jean Charles, Rijksgraaf Bentinck, 1763—1833. 8) Een college, dat in vele steden, inzonderheid in Overijsel en Gelderland, de burgerij bij het Stadsbestuur vertegenwoordigde. repousséz jusque dans les ouvxages de Nimègue. II y a eu des obus jettéz par les ennemis jusque devant le Hertsteegpoort *) et on prétend que des boulets ont été tirés dans la ville. Les ennemis ont recommencë leur attaque hier et je crains bien que Nimègue ne se soutiendra point. Je fais ce qui est dans mon pouvoir pour y foumir le nécessaire, mais la gamison n’est pas sous mes ordres; elle est toute Angloise, Hanovrienne et Hessoise. Mr. de Walmoden y commande. Le soir après mon retour ici j’ai eu une conférence avec le duc d’Yorck et les généraux Hanovriens de Walmoden, Hammerstein 2) et True, le général Hessois Wurmb, le général et directeur des fortifications Van der Graeff, Fritzetmoiet le général Anglois Craigg. Hier j’aieu la visite du comte d’Artois. J’ai été ensuitechezle duc d’Yorck conférer avec lui, Fritz, le général Clairfait et le général Walmoden; I’Electeur de Cologne y a assisté. Ensuite j’ai été a I’assemblée des Etats de Gueldres, cherché et ramené en cérémonie, ainsi j’ai dü faire une toilette. Je suis fort occupé dans ce moment de la défence de ce Païs. Venlo est pris s); la gamison peut rester servir; elle en sort aujourd’hui et doit être après-demain a Nimègue pour marcher plus loin. Je désire ardemment que le Duc veuille venir dans ce Païs. Sa présence y fera un bien infini et son refus donneroit un si grand découragement que tout est a craindre, si cela arrivé. C’est la première fois que j’ai vu une attaque sérieuse avant-hier a Nimègue, mais ce n’étoit qu’une affaire d’avant-postes. Je vous prie de faire mes complimens a votre époux et a ma filleule et d’être assurée de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 213. Prins Frederik aan prinses Louise. Rosendaal. 2 November 1794. Je ne suis nullement de votre avis, ma trés chère soeur. Ce n’est pas le moment présentement ni pour ma Mère ni pour Mimi d’émi- *) Hertogsteegpoort op den weg naar Kleef. 2) Rudolf Georg Wilhelm von Hammerstein, 1735—1811. 8) 26 October. grer. Je trouve certainement qu’ü seroit bien plus agréable de les savoir hors du Païs, mais par contre je trouve aussi que cela feroit un bien mauvais effet sur la Nation, si elles partoient, car ce seroit exactement dire publiquement que les maux sont incurables, et c’est cependant bien loin de la. Car quoique la situation présente ne soit sürement pas brillante, je suis cependant persuadé que tout peut encore parfaitement se rétablir, surtout si le Duc, votre Beau-Père, vient bientót et qu’il obtienne un pouvoir ülimité sur les différentes armées. Vous savez assurément que mon Père est a Arnhem. Je crois qu’il est bien heureux qu’il y soit venu, car sans cela je ne crois pas que Nimègue seroit encore a nous, le duc d’Yorck ayant été sur le point d’abandonner cette place sans coup férir. Adieu, ma trés chère soeur. Je vous embrasse et suis pour la vie votre bien bon ami et frère Fr. Pr. d’Orange. 214. Prins Willem V aan zijn Dochter. Arnhem. 1 November 1794. Je ne veux pas perdre la bonne habitude de m’entretenir avec vous et pour cela je vous écris ce matin pour vous continuer mon journal depuis Mercredi. II n’a pas été intéressant depuis ce temsla. Ce soir-la j’ai fait le tour des remparts de la ville qui n’est pas susceptible d’une grande défence. Le lendemain je suis resté toute la joumée au logis pour travailler et donner des audiences. Hier j’ai été a cheval avec Fritz pour faire visite au comte d’Artois qui demeure a une demi-lieue d’ici. Le duc d’Yorck m’y est venu trouver et est allé avec Fritz a Nimègue, afin de parler avec les généraux Hanovriens de Walmoden, de Busschel) et Hammerstein, le général Hessois Wurmb, qui sont dans Nimègue et le It. général Werneck, Autrichien, qui est avec 25.000 hommes entre Wesel et Emmerich. Le soir j’ai eu la visite du duc d’Yorck et Fritz est revenu, crotté comme Brusquet2) dans Les Petits Savoyards. Voila toutes mes nouvelles. Jusqu’a présent I’attaque sur Nimègue n’est pas forte; peut-être que cela commence aujour- ‘) Georg Wilhelm Busche, 1726—1794. ’) Een arme hond uit dat stuk. d’hm. Enfin, ils croient nécessaire que je reste ici, et je veux bien m’y prêter pour les tranquüliser. La garnison de Venlo doit être aujourd hui a Heusden et ensuite elle pourra servir oü on en aura besoin. Le général Moreau *) qui commande en chef les Fran?°is a la de Pichegru qui pour maladie a dü quitter I’armée 2), n a pas voulu permettre que selon la capitulation ces corps fussent conduits k Nimègue3), paree qu’ü assiège cette place. Vous ne reconnoitriez pas Nimègue. Les arbres du rempart, toutes les allées jusqu’a Hees, St. Anna et le second moulin sur le chemin de Clèves sont coupèz. Les ennemis sont a Hees qu’ils ont retranché; les maisons entre Nimègue et la campagne de Md. Smits et le long de la rivière hors du Heselpoort sont brülées et ils ont leurs avant-postes sur le chemin de Clèves jusqu’au premier moulin sur la hauteur et ils sont dans 1’Ooy; ce sont les prairies que lon voit ala droite du Burg 4). J’entre si fort en détails, paree que vous connoissez Nimègue, y ayant été si longtems 6). A Amsterdam «) les choses vont bien; on a arrêté le sieur Vischer et 5 de ses adhérens qui ont comparu hier a la Maison de Ville. Les 5 autres se sont échappéz et on procédé par contumace contre eux, et ce qui est I’essentiel, c’est que la Bourgeoisie reste bien disposée et va d’accord avec la garnison pour le maintien de la Régence et de la Constitution. 7) Vos frères et moi nous ne pensons pas comme vous sur I’éloignement des Dames et du Petit. Vous savez ma tendresse pour ces personnes, mais je n’ose le conseiller, vu que je crois, si cela arrivé, que I’Etat est perdu, car il faut que nous fassions tous les efforts possibles pour remettre le courage dans la Nation, et selon les apparences dans cette saison avancée I’ennemi ne pourra pas pénétrer dans la Province de Hollande oü elles se trouvent. Je n’en dirois pas autant d'ici, car, si Nimègue étoit pris, je ne leur conseillerois pas de rester a Arnhem, mais bien derrière la ligne de la fortification d’Hollande, et ‘) Jean Victor Moreau, 1763—1813. *) 16 December keerde hij weder terug. s) Zie 11, pag. 188. ‘) Het Valkhof. •) In 1786/1787. ‘) Zie 11, pag. 182. ') Weggelaten aanwijzingen voor de opzending van brieven. c’est la oü elles sont. Faites bien mes complimens a votre Epoux et a Md. de Stamford et soyez assurée de la tendre affection de votre tont dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 215. Prinses Louise aan prins Frederik. Bronswijk. 1 November 1794. Je voudrois avoir une bonne nouvelle a vous donner, mon bon ami, mais celle qui nous intéresse le plus dans ce moment et pour laquelle nous faisons tous mille voeux 1), ne peut être agréable, puisqu’on m’assure que la réponse sera négative et ainsi, a moins d'un miracle du Ciel, il ne faut plus attendre de délivrance, mais bien se persuader que, si avant le printems il ne survient pas quelque changement, nous sommes tous perdus. Je vois d’ici que mon bien-aimé Fritz s’indigne que je perde courage, mais vraiment, vous reste-t-il quelque espoir bien fondë ? On a la ressource de la paix; je le crois, mais elle dépendra toujours des Carmagnols et ne pourra donc être qu’honteuse. Ce sera peut-être un mal nécessaire, pour se sauver d’un danger plus pressant; et au bout de compte il faut se dire qu’avant qu’il soit trois ans, la guerre sera derechef allumée ou un nouvel ordre de choses prendra la place de celui qui existe. Maintenant tous les trónes et tous les empires seront ébranlés et heureux qui pourra échapper a ce bouleversement général. Voila du moins comme j’envisage la situation présente. Mes calculs, je I’espère, se trouveront faux et ne sont fondés, je I’avoue, que sur des probabilités malheureusement trop possibles. Je crois au reste, mon trés cher frère, que vous vous souciez fort peu de savoir ma fagon de penser sur tout ceci, mais je serois fort curieuse d apprendre, si elle est d’accord avec la votre, sans quoi avec plaisir je viendrai m’instruire a votre école. 8 November 1794. Je me rends a toutes les bonnes raisons que vous me donnez, mon cher ami, pourquoi Maman et Mimi ne doivent pas émigrer, c.a.d. mon esprit est convaincu, mais point mon coeur qui voudroit les savoir a I’abry du danger. Md. de Heeckeren d’Enghui- *) De overkomst van den hertog van Brunswijk. sen *) est venue avec ses filles se réfugier prés de nous. Les Dames Gueldroises qui sont dé ja ici, me font grand pitié par leurs inquiëtudes. Aimez-moi toujours. Louise. 216. Prins Willem V aan zijn Dochter. Arnhem. 5 November 1794. Je vous écris encore d’Arnhem, oü je reste pour tacher de faire soutenir le poste important de Nimègue. J’ai été a Nimègue avant-hier pour y conférer avec le duc d’Yorck, votre frère et les généraux qui s’y trouvent. II étoit question d’évacuer cette place, mais j’ai obtenu un répit. J’y ai envoyé un renfort de troupes de I’Etat, qui étoit tout ce dont je pouvois disposer. Hier au soir il s’y est fait une sortie et I’on est parvenu a combler la tranchée qui étoit déjèt sur le Hoenderberg 2) et en dega du premier moulin sur le chemin de Clèves. Ceci me fait espérer que la place tiendra jusqu’a la fin de la semaine et que cela donnera aux Autrichiens le tems de venir par Wesel la secourir. C’est donc une semaine bien intéressante que celle dans laquelle nous sommes. Si la sortie d’hier avoit manqué, je crois qu’a I’heure qu’il est, Nimègue seroit au pouvoir des Si le Duc pouvoit venir, ne füt-ce que pour juger par ses propres yeux de I’état des choses, il nous rendroit un service important, car sa présence est bien nécessaire ici, et je tiendrai ici pied a boule tant que le sort de Nimègue ne sera pas décidé. Du reste mon joumal depuis hier est fort court. J’ai été Dimanche a I’église entendre Mr. Kist 3), fameux prédicateur, mais qui passé a La Haye chez bien des gens pour Kees. 4) Les Gueldrois sont charmés que je suis ici, et je tache de leurêtre aussi utile qu’il m’est possible. Vous n’avez pas I’idée de la sensa- *) Henriette Johanna Suzanna Maria, Rijksgravin van Nassau la Lecq, 1764—1810, echtgenoote van Evert Frederik van Heeckeren van Enghuizen, 1755—1831. 2) Verbastering van Hunnerberg, zie C. ten Hoet Jzn., Het Geldersch Lustoord of beschrijving der stad Nijmegen (1825). 8) Ewaldus Kist, 1762—1822, prediker van grooten naam, die in 1790 naar Arnhem was beroepen; hij was een zusterszoon van Ds. Wolft en zeer geliefd bij zijne tante Elizabeth Wolff-Bekker. Haar brieven aan hem zijn opgenomen m de uitgave van De Brieven van Betje Wolff en Aagje Deken door Johannes Dyserinck. 4) Weggelaten de ingevoegde copie van het verslag van den uitval. tion que cela m’a fait de voir Nimègue assiégé et prés d’être évacué et de voir les Frangois devant le Hertsteegpoort, dont ü est maintenant impossible de sortir. J’ai été a la batterie devant le Belvédère, d’oü I’on pouvoit voir distinctement les ouvrages des Franipois et ce qu’ils faisoient avec des fusils contre les Grenadiers Hanovriens qui étoient en avant de la place. II est sur que, si nous n’avons point d’espérance que le Duc vienne, cela me feroit presque désespérer des choses. 5 November 1794. II est bien nécessaire que le Duc se rende ici, quand même il ne prendroit pas le commandement. Son avis fera beaucoup. On a besoin d’une tête pour faire agir tous ces bras. 9 November 1794. Les affaires vont de mal en pis, et si je dois dire ce que je pense, cela ne peut aller bien qu’avec un Commandant-Général habile et intelligent, tel que que votre Beau-Père. Les mauvaises nouvelles viennent coup sur coup. Je crains I’effet que fera en Hollande la nouvelle de I’évacuation de Nimègue 2), ou pour mieux dire de son abandon, et de la prise de Maestricht3). Je crois que I’on peut commencer a faire voyager des Dames et un Enfant, mais si I’on suit mon avis, on ne passera pas les mers, mais on iroit plutót mener eet Enfant chez sa Tante. Je vous dis ce que je pense. J’ai fait venir Guillaume ici pour lui parler. La situation devientdejouren jour plus critique et plus dangereuse. Tout mon espoir, humainement parlant, est que le Duc voudra venir et mettra ordre a ces armées qui sont sans frein. Je ne sgais quel sort m’est destiné et queüe sera la fin de ma vie. Je ne perds pas courage. Jemetsmaconfiance en Dieu et je le prie de me donner les forces nécessaires pour soutenir les épreuves auxquelles je dois m’attendre. A vous parler, franchement, le beau-frère de votre Belle-Soeur4) est dans le fond un bon gargon a qui comme homme je veux tout le bien imagina- *) Weggelaten de ingevoegde copie van het verslag van den uitval. 2) Op 7 November 1794. Zie over de beteekenis van den val van Nijmegen voor de Franschen Sabron 11, pag. 98. a) Op 3 November 1794. 4) De hertog van York was gehuwd met prinses Fredrika van Pruisen, oudere zuster van de Erfprinses. Zie I, pag. 167. Naber, Correspondentie II 13 ble, mais qui est fait pour être général comme moi pour être Pape. II ne suffit pas d’arborer un uniforme et d’exercer un ou plusieurs bataillons pour commander une armëe, mais il faut de I’application et du génie pour cela. II faut aller voir par soi-même et ne pas se fier a des rapports. Or ici tout va sur les rapports. Fritz a étë a Nimègue le 6 au soir, quand la première retraite a eu lieu et que la gamison a étë diminuée a 4000 hommes. Nous avons perdu prés de 1000 hommes a Nimègue qui ont étë faits prisonniers, paree que Messieurs les Hannovriens ont mis le feu au pont*) sans les attendre et que malheureusement la corde du pont-volant sur lequel étoient, a 20 hommes prés, tout le régiment de Bentinck, a étë cassée par un boulet de canon. Ce pont a dü jetter I’ancre pour ne pas donner sur le pont enflammé et cela a fait que les les ont tirés a eux et les ont pris. Les drapeaux étoient passéz le pont avec 20 hommes d’escorte. J’ai resté ici tant que j’ai pu y être utile, mais pour le présent je crois ma présence plus nécessaire a La Haye. Dès que j’apprendrai que le Duc veut bien venir ici, j’y reviendrai de nouveau, le plus tót possible. J’aurai I’agrément d’avoir a La Haye le prince de Hesse Cassel2) qui est prisonnier de guerre comme sa gamison, mais ose revenir dans le Païs sous la condition de ne pas porter les armes contre les Frangois. Voila donc les troupes de la gamison de Valenciennes, de Bois-le-Duc et de Maestricht dans le même cas et une quantité de bataillons dont I’Etat n’a aucun service durant cette guerre3). Je voudrois qu’elle fütfinie, dussois-je renoncer au Stadhoudérat pour procurer la paix a ma Patrie. Je suis prêt a tout ce qui peut lui être utile, mais pour rester Stadhouder en diminuant les prérogatives et l’influence de la charge, je ne le veux pas. Vous savez que cela a étë mon sentiment dans nos troubles de 1784, 1785, 1786 et 1787 et I’exemple du Roi Constitutionel Louis Seize n’engage pas a désirer d’être Stadhouder Constitutionel a la fagon des Patriotes. Je suis fiché de ne pouvoir vous x) De nieuwe schipbrug. Zie 11, pag. 175. a) De gewezen gouverneur van Maastricht. •) Vgl. den brief van Prins Willem V in dato 8 Jan. 1795 aan Hendrik Fagel, toen te Londen, bij Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 560. donner de meilleures nou velles; je le ferois certainement avec empressement. Mals depuis quelque tems tout va trés mal et pour les moyensqu’on a, dirigéz comme ils lesont, il est aussi facile de prendre la lune avec les dents que de redresser les choses. Mals comme vous savez que I’on peut rader sur un violon dont un autre tire des sons harmonieux, il en est de même du commandement d’une armee. Et la même armée se conduira en héros sous un commandant sur qui elle se fie, et en pleutres sous un commandant en qui elle n’a pas confiance. Je dois finir en vous priant de faire mes complimens a votre époux et aux Dames de ma connoissance et c’est avec Ia plus tendre affection que je suis pour Ia vie, ma trés chère Fille, votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. Na den val van Nijmegen trad een oogenblik van stilstand in. Het Fransche leger verkeerde in een formeelen noodtoestand. De in lompen gehulde, half verhongerde soldaten werden verteerd door ziekten, ongedierten en schurft. Brahand was volkomen leeg geplunderd en de toegang tot de Republiek boven de rivieren, waar men had gemeend, zich in de groote steden, vóór het invallen van den winter van al het noodige in overvloed te zullen kunnen voorzien, bleek vele malen moeilijker te forceeren dan was verwacht. Van Fransche zijde had men bovendien geringen dunk van de door de uitgeweken Patriotten aangeboden samenwerking en men wantrouwde er de binnenlandsche Patriotten x), sedert op 18 October van het reeds georganiseerde Comité Revolutionair de eene helft was gevangen genomen en de andere helft was gevlucht. Reeds 31 October was daarom door de Volksrepresentanten, die na het verraad van Dumouriez als Vertegenwoordigers van het Comité du Salut Public boven de legeraanvoerders werden gesteld, uit het Fransche Hoofdkwartier, toen te 's-Hertogenbosch, de secretaris dier stad, *) Zie Sabron I, pag. 11. Casper van Breugel, naar Den Haag gezonden om daar hij den raadpensionaris Van de Spiegel een begin van vredesonderhandelingen in te leiden, voor als nog zeer in het geheim. 217. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 9 November 1794. Vous vous reprësenterez sans peine I’effet que la fatale nouvelle de Nimègue a fait ici. La constemation est générale. Si votre frère est chez vous, dites-lui, xnon cher ami, que je lui ai ecrite hier une longue lettre par un Bode et que la sienne m’est parvenue cette nuit a deux heures. Je suis bien impatiente de savoir ce qui a été arrêté de faire dans le moment présent. Votre réflexion a ce sujet nest pas tombé d terre, compté ld-dessus. Elle me paroit fort bonne et j’espère qu’on y insistera chez le duc d’Yorck, mais je ne crois pas qu’ü y soit autorisé. Toutefois comme cela ne vient qu’en cas de retraite du Wael, il pourroit, s’il le demande, recevoir pareille autorisation 1). Y a-t-il quelque chose de fixé pour le retour de Mr. de Stamford ?2) Je ne doute pas qu’il fera 1 impossible pour persuader le Duc. mais. s’il ne peut y réussir, il me semble que lui pour sa personne peut toujours être de quelque utilité ici. Un mot du Roi de Prusse détermineroit sürement le Duc, mais ce mot n’est pas dit. C’est sürement la plus grande difficulté. A présent je crains notre situation après toutes nos pertes. Sur la négociation secrète3) dont vous entendrez parler, je vous renvoie a votre Père et a votre frère; pour moi je ne sais plus que souhaiteretqu espérer. L’avenir est bien noire et le bon Dieu seul ce qui vaut le mieux ou ce qui est le moins mauvais. Au reste il faut conserver bon courage, quelles que soyent les circonstances. Si votre idéé étoit adoptée, si nous pouvions nous défendre et arrêter 1 ennemi i) Namelijk om het door prins Frederik op te richten vrijwilligerskorps, ten einde boven de Waal de provinciën Overijsel, Groningen en Friesland te dekken, met een Eneelsch detachement te steunen. m . r 1 _ of ITV H Al, .) De nu tot Generaal bevorderde Van Stamford was dadelijk na aankomst m Holland weder naar Brunswijk teruggekeerd, ten einde zijn persoonlijken invloed op den hertog aan te wenden om dezen te doen besluiten, het aanbod van het opperbevelhebberschap aan te nemen. *) Zie daarover Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 497, 505 en 541 pendant I’hiver, ce seroit toujours le parti pour lequel je pencherois. Tont autre peut devenir inévitable, mais il me rëpugne au dela de l’expression. Je vous embrasse, mon cher ami, et j’embrasse Guillaume, s’il est des vótres, et en mon nom et en celui de Mimi et de Guillot. A tout jamais, mes chers enfans, votre fidéle et bonne Maman W. 218. Prins Frederik aan prinses Louise. Rosendaal. 10 November 1794. Votre lettre en date du ler de ce moism’est trésbien parvenue, ma trés chère soeur, et je vous en remercie infiniment. J’y ai admirë vos beaux raisonnements politiques et jenepuisdisconvenirque je ne sois entièrement de votre sentiment que dans la crise oü nous sommes, rien ne peut nous arriver de plus heureux que de pouvoir faire la paix. Au reste ce n’est pas seulement d’aujourd’hui que j e suis dans ce sentiment. II y a bien dé ja cinq mois que je trouve qu’on auroit dü tacher de la faire, et dans ce tems-la on auroit pu la faire peut-être a de meilleures conditions qu’il ne sera possible de la faire présentement. Cependant je suis persuadé que, si I’intention des Cabinets est de renouer avec la France, rien nesera plus aisé, les Conventionels ne désirant rien de plus que cela, étant euxmêmes las de la guerre. Vous aurez été bien surprise de voir inopinément le général de Stamford 1), mais j’espère que la raison ne vous aura pas été désagréable. J’espère qu’il réussira dans sa commission, mais j’avoue que je crains bien fort que non. Depuis les pertes que nous venons de faire de Maestricht et de Nimègue, on nous considérera chez vous a peu prés comme perdus, mais cependant je vous assure que, quoique les affaires ne soyent pas présentement couleur de rosé, nous ne nous considérons cependant nullement comme tels. II me paroit par vos lettres a nos Parens que jusqu ’a présent les troubles de I’Europe ne vous occupent pas encore infiniment a Brunswic; au moins vous y continuez vos amusemens 2) comme si nous vivions dans des tems extrêmement tran- *) Zie noot 2 bij vorige pag. *) De feesten ter eere van den ondertrouw van prinses Carolina van Brunswijk. quiles. Je trouve au reste que vous avez trés grand raison, car si vous vous y ennuyiez, je doute que vous rétablissiez par cela les affaires. Je vous embrasse en idéé et ne cesserai d’être avec un attachement invioblable votre bon ami et frère Fr. Pr. d’Orange. 219. Prins Willem V aan zijn Dochter. Arnhem. 11 November 1794. Je compte partir aujourd’hui en Jacht pour le Vaert et aller de la par terre par Utrecht a La Haye. Si le Duc arrivé, je retourne ici sur le champ. Je dois laisser Fritz ici pour ne pas faire perdre tout a fait courage a Messieurs les Etats de Gueldres. Depuis I’affaire de Nimègue on craint que les Frangois pourront pénétrer plus loin. Guillaume retourne aGorkum. Je vous écris aujourd’hui, paree que demain je dois être a La Haye et qu’alors je ne puis vous ëcrire avant Vendredi et Samedi prochain. Je n’ai de ma vieécrit avec plus de peine une lettre que celle au général Haak 1), contenant I’autorisation d’évacuer Nimègue2), et cela jour pour jour 8 ans après nous y être réfugiés en 1786, du tems que nous étions émigréz d’Hollande. Den Haag. 14 November 1794. Mardi au soir je suis parti d’Arnhem dans le Jacht des Etats de Gueldres avec vos deux frères. Nous avons passé la nuit dans le Jacht et nous sommes allés en Jacht jusqu’a Vreeswijk au Vaert, un village situé a environ deux lieues de la ville d’Utrecht. La nous nous sommes débarquéz entre dix et onze heures. Nous avons été voir en passant I’inondation qui a été formée par une coupure dans le comté de Cuylenburg, et a Vreeswyk les batteries que I’on forme sur la digue pour empêcher I’ennemi de pénétrer de ce cóté-la. Après je suis allé a Utrecht, Guillaume a Gorkum et Fritz de nouveau en Gueldres, oü il reste jusqu’a ce qu’il vienne des nouvelles de chez vous. S’il en vient de bonnes et que le Duc arrivé, je pars, *) Generaal-majoor Von Haacke. j vjciu-i aai iuajuui t uu AA «) Het Valkhof is toen door de Franschen slechts licht beschadigd, maar in Augustus 1795 („uit nijd”, schrijft Ten Hoet in zijn Beschrijving van Nijmegen) in het openbaar voor afbraak verkocht. füt-ce encore aujourd’hui, pour Arnhem. Fritz est chargé d’ouvrir le paquet qui pourroit venir pour moi, et de me les envoyer sur le champ. J’ai conféré a Utrecht avec Messieurs de Perponcher x), de Luneburg, Brinckhorst et Laen qui étoient députéz de la part des Etats pour me parler. J’ai ensuite dinné chez Mr. le général Bentinck a la Maison Teutonique, après avoir parlë avec plusieurs des membres de la Régence et vu les officiers de la garnison. Après le dinné je suis parti pour ici, oü je suis arrivé a une heure et demie du matin. J’ai trouvé votre Mère couchée, mais éveillée a mon arrivée et puis j’ai soupé Hier j’ai été voir le Pensionaire qui ne peut marcher, mais dont la tête est en fort bon état. Ensuite j’ai été auxEtats-Généraux, auConseild’Etat et auxEtats d’Hollande. L’aprés-dinné j’ai été a la Vieille Cour. L’Enfant commence a courir seul. Nous avons ici le prince de Hessen Cassel qui dine et soupe chez nous. II est fort mécontent des Autrichiens qui ne lui ont pas foumi le monde qu’ils avoient promis. La gamison de Maestricht va arriver au premier jour et n’ose pas servir contre I’ennemi. II faudra de nouveau I’armer, car elle a dü laisser ses armes aux Frangois en sortant. Je viens de recevoir la nouvelle que le reste de la gamison de Nimègue est parvenu a faire une capitulation. Le général Balnéavis 2) y commandoit ace moment et s’est rassemblé avec sa garnison sur le Meulepoort. Les Frangois avoient déja forcé le Hertsteegpoort et malgré cela ils ont aggréé la capitulation que la garnison seroit prisonnière.mais qu’elle sortiroit avec les honneurs de la guerre; que les officiers conserveroient leurs épées et leurs malles, mais devant remettre leurs chevaux; que les malades qui ne peuvent être transportés, seront soignésparlesmédecins Frangois jusqu’a leur guérison et que tous les habitans de la ville resteront dans le Hbre exercice de leurs privileges. Dans ce malheur je suis bien aise que la a pu être faite sur ce pied. Nous perdonsSofficiers-majors, lOcapitaines, 23offi- *) Jhr. Mr. Willem Emmery de Perponcher Sedlnitzky heer van Wolfaartsdijk, 1740—1819, lid der Staten van Utrecht. Hij schreef onder meer Onderwijs voor Kinderen in samenspraken, die in 1877 op nieuw zijn uitgegeven door Jacob van Lennep. 2) Henry Balnéavis, een Schot in Staatschen dienst. Door zijn slecht gehoor had hij den order tot den aftocht niet verstaan en was met zijn troep alleen achtergebleven; toch had hij een eervolle capitulatie weten af te dwingen. ciers, 70 bas-officiers, 46 musiciens et tambours et 865 caporaux ou soldats. Ceci n’encourage pas a confier Ie commandement de ses places a des généraux qui ne sont pas au service de I’Etat, car on a eu soin d’en tirer tout ce qui appartenoit au Roi d’Angleterre, et tout ce qui étoit a la République, est resté dans la noce. J’espère que le Wael sera défendu comme il faut, et dans ce cas-la I’ennemi aura de la peine de pénétrer plus loin, les Autrichiens occupant les bords du Rhin entre Duysburg et Pannerden avec 25.000 hommes. Voila toutes mes nouvelles d’ici. J’espère que celle-ci vous trouvera en parfaite, santé et soyez assurëe de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 220. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 17 November 1794. Je suis charmé, mon cher, que votre idéé ait été si hien relevéz x) A présent j’espère quelle pourra s’exécuter, si le cas existe, mais il faudra dès a présent préparer les choses pour cela. Personne n’est plus a portée que vous de faire le calcul du nombre des troupes dont nous aurions besoin, pour renf oreer suffisamment notre armée a laquelle je suppose que I’on joindroit les Landzaaten et les corps volontaires. 2) Si la négociation de Mr. Repelaer 3) peut nous procurer la paix générale sous des conditions acceptables qui donnent I’espoir que ce seroit une paix durable, alors je suis bien de votre avis que cela seroit infiniment heureux. Mais je ne vois pas encore au bout cette bonne paix et j’avoue que je crains que cette négociation pourroit au contraire nous entrainer dans de nouveaux malheurs et dans des désagrémens de toute espèce. Je souhaite que je me trompe, et quoi qu’il en soit, je ne blame point que I’on essaye de ce moyen de finir nos maux et ceux de toute I’Europe, mais eet essay ne me donne point la sécurité et la joye ») Zie 11, 196. *) Weggelaten een betoog van de noodzakelijkheid om allereerst een goed beredeneerd en gedocumenteerd plan op te maken en dat aan zijn vader voor te leggen. a) Naar aanleiding van het bezoek van Van Breugel aan Van de Spiegel, was aan Ocker Repelaer, Heer van Marquette, 1759.—-1832, Commissaris-generaal der vivres van de armée, opgedragen, daarover nader overleg te gaan plegen met de Volksrepresentanten zelven. que j’apergois chez beaucoup de personnes, et ma confiance dans les n’est pas augmenté d’un brin malgré leur apparente modération et leur beau-semblant de vouloir nous donner des conditions équitables. Les lettres par courier, venues hier de Brunswic, nous ötent tout espoir que le Duc vienne encore. 18 November 1794. R(epelaer) est revenu. II n’a pas pu parler ceux auxquels 11 ëtoit adressé, par une confusion dansle titre, donné dans son passeport. II leur a cependant envoyëz la pièce sur laquelle il devoit leur parler, et cette pièce sera envoyëz plus loin. Avant que la réponse vienne, on n’en peut rien dire ni faire autre chose a eet égard. Ainsi nous sommes précisément aussi avancés que nous I’étions. 21 November 1794. Votre Père se propose de vous répondre lui-même sur votre demande touchant la communication au duc d’Yorck de la négociation de R(epelaer); ainsi je ne puis pas vous donner de réponse finale la-dessus, mais il me paroit comme a vous, qu’on ne doit pas entièrement la lui cacher, car non seulement I’Ambassadeurenest instruit avec les détails, mais le Greffier1) a été autorisé d’en donner connoissance confidentielle au Ministère Anglois et même votre Père I’a chargé de demander que le duc d’Yorck soit autorisé a un armistice, si I’ennemi I’accorde a la République. Toutesfois je crois qu’il suffiroit de se bomer vis a vis du duc d’Yorck a une ouverture a termes généraux, de dire simplement qu’ayant été informé que les Représentants du Peuple2) a l’Armée du Nord assuroient que la Convention désiroit la paix sur des conditions équitables, on avoit cru devoir envoyer quelqu’un pour examiner de plus prés quelles seroient ces conditions 3); qu’on avoit donné connoissance de cette démarche a I’Angleterre; qu’on I’informeroit également des suites que cela auroit, et que le but étoit de frayer le *) Hendrik Fagel was nog altijd in Londen, zie 11, 186. a) Het waren de citoyens Lacombe (vóór de Revolutie Jean Pierre de La Combe, Seigneur de St. Michel, gehuwd met eene Hollandsche, Anna Maria Hasselaar) en Antoine Dubois de Bellegarde. Zie voor de onbeperkte macht dezer Volksrepresentanten over de legeraanvoerders Sabron I, pag. 52. •) Vgl. Colenbrander, Gedenkstukken I, pag. chemin a une pacification générale et d’arrêter les progrès de I’ennemi chez nous en attendant et aussi longtems que la négociation dureroit. Voila, sauf meilleur avis, ce qui suffit pour I’instruction de S.A.R., mals je vous conseille pourtant, avant de rien faire ladessus, d’attendre la réponse de votre Père, et je ne crois pas que jusqu’ici I’Ambassadeur en ait instruit le Duc, mais c’est ce que je tacherai d’éclaircir a la première occasion. Quant aux arrangemens pour le partage des troupes et les mesures de süreté et de défense, j’espère que vous y travaillerez sans délay, et je suis bien de votre avis qu’il faudroit agir comme s’il étoit question d’une 3ième campagne, et n’avoir pas I’air de la croire impossible. Mais nous ne sommes pas bons comédiens. On nous devine d’abordet je crains infiniment que I’ennemi en profite de fafjon ou d’autre, soit en tentant encore quelque expédition offensive, soit en nous dupant par une négociation commencée sous de belles apparences, mais dans laquelle on nous entrainera a tout pleins de choses dangereuses et nuisibles pour la République. Puissois-je me tromper! J’en bénirai le Ciel! Je dois finir, mon cher, paree qu’il esttard. Je vous embrasse et suis toujours votre fidéle Maman W. 221. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 15 November 1794. J’ai vu dans votre lettre a votre Père, que vous aviez lu dans la gazette que lui et Guillaume avoient donnez leurs vaisselles pour le service du Païs, et il paroit que vous n’y ajoutiezpasfoi. II est cependant trés vrai que ces deux vaisselles ont sautés pour la plus grande partie. Chez Guillaume il n’y a de conservéz que les couverts, c. a. d. les couteaux, fourchettes et cuillères et les chandeliers, et chez votre Père ce qu’il faut pour une table de 30 a 40 couverts. Les circonstances ont obligés d’en venir la. Mais ce n’est qu’une goutte d’eau dans I’océan, vous m’entendez? Mais vous estes priée de ne pas traiter cette matière dans votre réponse. 22 November 1794. *) Les gens sont fous dans la République; depuis que I’on croit l) Met citroensap. que le Duc ne vient pas, ils oriënt; la paix, la paix, sans consulter les moyens d’en obtenir une honnête et sans être j etté entre les bras des Carmagnols, et ils oublient que nous avons 50.000 mille hommes dans le Païs qui agissent pour nous et qui peuvent se toumer contre nous, si notre folie va au comble. On s’imagine que les nous rendrons tout sans se mêler de notre Constitution. Pour moi je ne m’y fie pas, mais on tachera de savoir ce qui en estx). 25 November 1794. Vous m’avez demandé ce que vous pourriez donner d’utile a votre neveu a son jour de naissance. Nous avons beaucoup cherché, mais nous n’avons rien trouvé qui pour le moment lui fut de quelque utilité, si ce n’est de la mousseline pour des fourreaux. Si vous voulez que j’en achète pour lui, je vous prie de me fixer la somme que vous voulez y mettre. Je pourrois ensuite y ajouter une poupée et lui donner le tout de votre part. Je vous embrasse et suis a tout jamais votre tendre et fidéle Maman W. 222. Prinses Louise aan prins Frederik. Brunswijk. 23 November 1794. Vous estes pacifique, mon bien-aimé Fritz, et je ne saurois trouver que vous ayez tort, si la chose est possible, mais cela n’entre pas dans ma tête, et quoique vous toumiez un peuen dérisionmes beaux raisonnemens politiques, vous me permettrez de vous représenter qu’il y a cinq mois,l’on ne pouvoit songer a la paix, puisqu’on ne pouvoit prévoir tous les malheurs qui nous ont accablés et que, si la guerre se faisoit bon jeu bon argent, elle seroit préférable a une paix qui sera honteuse et n’aura pas de soliditë et qu’il fau dra cependant accept er, si les Puissances ne veulent pas s’entendre, car comme les choses vont maintenant, cela ne peut *) Als de Republiek afzonderlijk vrede met Frankrijk sloot, zou zij onmiddellijk in verbond daarmede oorlog moeten voeren tegen de vroegere bondgenooten. Prins Willem V aan prins Frederik, 25 November 1794: „nous avons trop de défenseurs. L’ar„mée du duc d’Yorck avec les Autrichiens sera 55.000 hommes et si Pon fait la paix „malgré eux, nous aurons 55.000 ennemis dans le Païs”. Geciteerd bij Sabron, 11, pag. 6. durer et le bouleversement de I’ordre social en sera la suite. Ce n’est pas moi du reste qui s’affligeroit d’être privée de mon rang et de mes biens, si je puis vivre tranquile et loin du tumulte et du bruit populaire au milieu de ceux que j’aime. J’ai la-dessus une fa<;on de penser trés philosophique et j’ai idee que mon cher Fritz la partage, car il est bien philosophique aussi dans I’occasion. 25 November 1794. Le courier n’est pas parti et je puis ajouter ici que le Duc a décidément refusé commandement et voyage 1). II n’y a pas moyen de le faire déguerpir et tous les efforts qu’on s’en est donné en Prusse, ont ëté inutiles. Le Roi n’a pas voulu donner de bons conseils; il a approuvé toutes les raisons du refus et aussi le Duc reste ferme dans sa fa<;on d’envisager les objets et dans son servage Prussien. Passez-moi cette expression. Ses sentimens sont bons. II est rempli de zèle, mais il ne veut pas compromettre sa gloire et se dctacher d’une Puissance qui joue toutes les autres et qui en sera la première la dupe. Soyez donc de mon avis, mon bon ami, et faites partir vos Dames et I’Enfant. Adieu. Dieu vous bénisse et vous conserve. Conservez-moi votre amitié dans ma2sième année, ainsi que vous me I’avez accordée depuis votre existence. Je la mérite par les sentimens les plus tendres que je vous porte a jamais. Louise. 223. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. 28 November 1794. Recevez, ma bonne et toute chère Loulou, mes voeux aussi sincères et fervens que tendre et affectueux pour le jour qui vous vit naitre. Recevez-les des mains de votre mari qui partage si bien mes sentimens pour vous, et veuille le bon Dieu les exaucer, vous conserver et vous bénir de Ses bénédictions les plus précieuses! Mon offrande a ce jour ne sera pas brillante, mais vous n’aurez pas oublié que le collier a précédéz il y a déja plusieurs *) Om van advies te dienen. De redenen waren echter dezelfde, die hem ontslag hadden doen nemen als Veldmaarschalk in het Pruisische leger; zie zijn brief aan lord Malmesbury bij Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 522. mois et qu’il ëtoit destiné pour ce jour. Ce que je vous présente actuellement est peu de chose, mais je vous I’offre de bon coeur et je m’assure que cela vous fera plaisir. Cela consiste dans la bague ci-jointe des cheveux de votre neveu et deux bonnets de la Bonnouvrier qui viennent sous I’adresse de Wilhelmine, mais qui, je crains, arriveront après le 28, leur départ ayant été retardéz. De mon ouvrage vous n’aurez rien cette fois; prenez-vous en a nos circonstances. J’espërois pourtant que la chaise que nous travaillons ensemble. Mimi et moi, auroit pu être achevée; aussi ma part I’est-elle, mais pas celle de Mimi. Ainsi ce sera pour une autre fois. Je vous embrasse, ma chère enfant, je vous serre contre mon coeur et je suis a jamais votre fidéle et tendre Maman Wilhelmine. 224. Prinses Louise aan prins Frederik. Brunswijk. 30 November 1794. Mille graces, mon bon et bien-aimé Fritz, de la charmante bonbonnière que vous m’avez envoyée pour mon jour de naissance. Les cheveux qui en oment le dessus en noeud d’amour, m’ont fait un sensible plaisir et me prouvent la continuation de votre amitié qui m’est bien chère et qu’il faut que vous m’assuriez a jamais. Je suis süre de mon fait et je serai bien surprise, si un jour mon bon ami démentoit ces sentimens; mais je n’ai pas cela a craindre, n’est-il pas vrai? Ce fut a mon réveil que je regusvotre jolicadeau, et la Prince eut som qu’au moment oü je me réveillois, j’entendis jouer Wilhelmus van Nassauen etc. II me donna une sérénade pendant une heure et le soir il y eut grand bal. Je crois qu’il n’y eut jamais ici tant de monde rassemblé 1), surtout tant de jeunesse. Nous dümes faire deux colonnes et malgré nos militaires il n’y avoit pas assez de cavaliers et plusieurs Dames ne dansèrent que peu. Les Ambassadeurs Anglois se distinguèrent par de superbes noeuds d’épée orange et nous dansames une contre-danse sur I’air Al is ons Prinsje nog zoo klein 2), 2) Naar aanleiding van de bruiloftsfeesten van prinses Carolina. 2) 3 Aug. 1794 schreef prinses Louise aan prins Frederik naar aanleiding van een feestje bij de Stamfords ter eere van eenige Hollandsche officieren uit Maastricht; „A la première danse après soupé nos officiers me firent la galanterie de faire jouer „Al is ons Prinsje nog zoo klein”. qui étoit bien pour la circonstance et que je chantois par devers moi-même, tout en ayant envie de pleurer. Je la dansois avec lord Malmesbury *) et nous nous rappelames les anciens tems. Hier a six heures les Spaan et Heeckeren vinrent prendre le thé chez moi et restèrent une heure. Nous causames beaucoup et toujours des sujets qui pouvoient le plus nous intéresser. Mr. de Spaan 2) et de Heeckeren avoient de grandes cocardes oranges; jenesais, si c’étoit pour faire gala ou s’ils comptoient les garder. 14 December 1794. Je ne puis plus calculer oü cette lettre vous trouvera, mon bienaimé Fritz, puisque vous venez et allez sans cesse. Tantót je vous crois a La Haye que vous estes derechef è. Rosendaal, et je ne vous y suis pas plus tót que vous voila revenu a vos Dieux Pénates. Ah, puissiez-vous y passer tranquilement quelque tems pendant I’hyver! Je ne sais si j’ai tort, mais je me sens plus rassurée que je ne I’étois il y a quelques semaines. II me paroit que pour eet hyver il n’y a pas grand’ chose a craindre, pourvu qu’on ne recule plus, et vers le printems je me flatte que I’on parviendra a de nouveaux efforts qui puissent nous sauver. On dit que I’Autriche fait de trés fortes levées et quand même elle penseroit a la paix, le meilleur moyen d’en faire une solide seroit sans doute de se montrer en état de continuer la guerre avec vigueur. 3) Aimez toujours celle qui vous chérit tendrement. Louise. 225. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 28 November 1794. Tout reste encore sur le même pied dans notre intérieur; depuis ces demiers tems I’ennemi n’a rien tenté de sérieux et tout reste tranquile la oü I’armée Angloise n’est pas. Les plaintes contre celle-ci vont leur train. II y en a de trés fondées 4). x) Hij was plaatsvervanger van den prins van Wales bij den ondertrouw van prinses Carolina. •) Mr. Willem Anne baron van Spaen la Lecq, Heer van Hardenstein, 1750—1817. •) Weggelaten verschillende hofnieuwtjes. 4) Zie over de afschuwelijke plaag, die de Engelschen voor de Geldersche bevolking waren, Sabron 11, pag. 9 en vlg. Openlijk verklaarde men, liever den vijand in het land 1 December 1794. Notre espoir est pour la paix en partant du principe que la République ne peut continuer la guerre. Pour moi je trouve qu’il ne s’agit pas de ce qu’on croit le mieux, mais de savoir, s’il y a une possibilité d’avoir la paix, et c’est ce que je ne crois pas. Ainsi je voudrois qu’en attendant on redoublat d’efforts pour la guerre, mais dans le moment présent on n’écoute den de pareil. Dans peu de jours on saura, si la France veut faire la paix a des conditions raisonnables, et alors on y vèra plus clair. Tout ce qu’on vous dit des Anglois est en partie exagéréz. Les Patriotes et les Frangois renchérissent sur les balourdises du duc d’Yorck et tachent d’exciter la Nation contre les Anglois, en quoi ils ne réussissent que trop bien. Je ne vous dis den sur ce que vous me marquez de Caroline, sinon que je bénie le Ciel que vous ne lui ressemblez pas. Je reviens a nos affaires d’ici. Vous me padez toujours de notre départ; mais a présent qu’on veut la paix, puis-je partir? Vous devez sentir que non, et a tout événement votre Père ne nous laissera partir qu’a la dernière extrémité. Comme je ne crois pas a la possibilité de la paix, je me berce de I’espoir que cela trainera assez de tems, pour que I’ennemi n’entreprenne plus den eet hiver et qu’ensuite le Duc viendra avec des moyens suffisans et qu’il sera notre sauveur. Ceci est au rang des choses possibles. Espérons que le bon Dieu le voudra, et que cela réussira. 1) Votre Père vous embrasse, mais ne vous écrit pas et Dieu sait quand son courier partira. Ce qui contribue a le retarder, c’est qu’il ne sait que dire au Duc au sujet de la paix et d’une démarche que I’on fait pour cela ici2). Je pense que Malmesbury ne I’ignore pas et qu’il en aura parlé au Duc; ainsi raison de plus que nous en parlions aussi, mais cela embarrasse votre Père. Sa position est effectivement fort embarrassante dans ces circonstances. te willen hebben dan zoo gemaltraiteerd worden door de Engelschen. 9 November 1794 schreef Van de Spiegel aan Hendrik Fagel, toen te Londen; „door het conduite „der hulptroepen zijn wij in erger positie dan wij zouden wezen, indien wij aan ons „zelven waren overgelaten. De Prins is woedend over hetgeen hij heeft bijgewoond, en „het gaat ook alle denkbeelden te boven. Al wilde Engeland ons driemaal meer troupes „zenden, de hulp is niet alleen inutiel, maar zal het embarras nog vermeerderen’*. ') Weggelaten een klacht over de onverschilligheid van den koning van Pruisen. *) De toen nog geheime zending van Repelaer naar ’s-Hertogenbosch. 2 December 1794. Le duc d’Yorck nous menace depuis 4 jours d’une visite. Peutêtre arrivera-t-ü aujourd’hui, mais cela n’est pas sur. En attendant nous soupons ce soir chez I’Ambassadeur *) pour la première fois, ce qui vous surprendra. C’est paree qu’il a voulu faire de grands changemens et embellissemens dans sa maison2), que cela a tardé si longtems. Tout cela n'est pas achevé encore. Aussi sans rarrivée du duc d’Yorck je crois que le soupé eüt encore été différéz. Fritz m’écrit positivement que la future princesse de Galles passera par la Hollande et que la Duchesse I’accompagnera jusque la. C’est sans doute du duc d’Yorck qu’il le sait. Si ces Princesses viennent, oü nous conseillez-vous de les loger? J’avois pensé de mettre la Mère au Stadhouderskwartier et la fille dans votre appartement comme il étoit pour vos noces. Mais si vous croyez que je doive céder mon appartement a I’une des deux, je le ferai volontiers et alors je préfère que ce soit la Mère. Je pourrois alors prendre le Stadhouderskwartier pour moi et je garderai la bibliothèque. En y repensant je trouve le demier arrangement le mieux; alors Mère et Fille restent ensemble. 5 December 1794. Une nouvelle qui vous surprendra, c’est que le duc d’Yorck est parti hier pour I’Angleterre. Ni I’Ambassadeur ni lui-même n’en étoit prévenu jusqu’a ce qu’il en a regu I’ordre qui est arrivé au moment qu’il partoit d’Arnhem pour venir ici. Ainsi cela n’a été connu chez nous qu’a son arrivée a La Haye avant-hier au matin. Ce même jour il a passé la joumée et soupé chez nous et hier a 9 heures du matin il est parti pour Helvoet. Selon ses lettres officielles et particulières ce ne sera qu’une absence de peu de semaines, mais je soupanne que lui-même en doute, et le public, tant en Angleterre qu’ici, dit qu’il ne reprendra pas le commandement, ce que je ne puis pas vous garantie toutefois. En attendant c’est le général Walmoden qui commande; le général Harcourt sous lui commande les Anglois et le général Alvinay3) les Autrichiens, x) Lord St. Helens, die in het begin van het jaar 1794 lord Auckland was komen vervangen; zie 11, pag. 116. 2) Het Engelsche gezantschapsgebouw in het Westeinde 8) Joseph von Alvinczy, 1735—1810, Oostenrijksch generaal. mais ce demier n’est qu’en rapport avec Walmoden; je ne crois pas qu’ü lui soit soumis. Les ennemis ont attaqué nos avantpostes devant Breda, mais nos gens s’y sont maintenus malgrë une assez forte canonade. Nous n’en savons pas encore les détails; peut-être pourrois-je les envoyer demain. Fritz est arrivé hier ici et a été fort surpris de trouver le duc d’Yorck parti. Selon toute apparence Guillaume sera ce soir ici, votre Père lui en ayant envoyé I’ordre hier. C’est justement comme I’année passée; il n’y a que la honne Historia qui manque, mais par la pensée nous restons réunis, n’est-ü pas vrai, ma chère enfant? Mr. de Nagel*) écrit aujourd’hui positivement que la princesse de Galles passera par icx, il dit même qu’elle restera 3 jours. II n’y a qu’une chose qui m’embarrasse pour ce tems, c’est le gala, paree qu’un galasans diamans aura mauvaise fa9on. Je vous prie pour eet effet de me renvoyer par les gens de votre belle-soeur la petite caisse qui est a moi; c’est cette espèce de petit coffret que Sch(mitt) 2) vous a remis de ma part, dont je veux parler. Les tems ne sont pas encore assez tranquiles, pour que j’ose faire revenir le reste. 6 December 1794. Guillaume est des nótres depuis hier et vous fait ses complimens. Je vous remercie de votre compliment pour le Petit3); et j’aurai soin de votre présent que je me ferai rendre par Van Olden. Votre Père qui a été le seul de la familie qui ait fait le tour de la St. Nicolas hier au soir, a apris dans la rue qu’il courre un bruit que les deux Représentans d VArmee du Nord qui résidoient a Bois-le-Duc, ont été mandés a Paris et fortement accusés d’avoir manqué a leur devoir. Si ce fait est vrai, il indiqueroit des dispositions peu pacifiques de Ia part du parti dominant de la Convention. Je suis bien curieuse de savoir ce qui en est. On craint beaucoup que Grave ne soit pris, mais cela n’est pas sur encore. Ce qui 1 est davantage, c’est que la précipitation avec laquelle le duc d Yorck a quitté I’armëe, en augmente encore la confusion et que ') Anne Willem Carel, baron van Nagell van Ampsen, 1756—1851, gezant van de Republiek te Londen. a) Zie 11, 175. *) Guillot vierde zijn tweeden verjaardag. Naber, Correspondentie II 14 les différens commandemens qui n’ont pas un centre pour réunir les volontés, ne sont pas propres a la diminuer et redresser les abus, ce qui avec cela ne seroit pas si difficile que cela paroit. 9 December 1794. Si la princesse de Galles nous arrivé, je vous prie de m’envoyer la liste exacte de toute sa suite et de me marquer aussi sur quel pied on la traite, si c’est entièrement comme si elle étoit déja mariée et si I’Ambassadeur x) va le premier avec elle et se place a ses cótez au milieu de la table. Dites-moi aussi, si a cette occasion vous avez remis des paniers 2) ou non et racontez-moi en détail tout ce qui s’est fait, bien-entendu si cette illustre société nous arrivé, car sans cela ma curiosité sera aisément satisfaite sur ce qui la regarde. Je vous embrasse et suis a jamais votre tendre et fidéle Maman W. 226. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 22 November 1794. Je n’ai aucune nouvelle; il ne se passé rien aux armëes. Je souhaite que la gelee ne durera pas. Dans ce moment point de nouvelles est bonnes nouvelles. Le Wael tient encore et tant que cela est je ne puis songer a faire partir les Dames. Si 1 ennemi entre en Hollande, c’est autre chose; mais s’il plait a Dieu, cela n’arrivera pas. 2 December 1794. Je ne veux pas perdre I’habitude de vous ecrire et d accuser la réception de votre lettre du 25. Je n’ai rien de nouveau a vous mander d’ici; dés que je pourrai, j’enverxai un courier a Mr. de Stamford, mais il m’est impossible de le faire a présent3). II y a quelquefois des imbroglios dans la vie et nous en avons un des plus complets. Ce que cela doit devenir, je I’ignore. J’ai cru plus a la paix il y a 15 jours qu’a présent. Ce que nous avons a attendre, 1) Lord Malmesbury, vertegenwoordiger van den prins van Wales. «) De hoepelrok begon reeds te verdwijnen, maar was toch nog een verplicht bestanddeel van het gala-gewaad. In het midden der 19de eeuw kwam zij weder terug als crinoline. ») Zie 11, pag. 207. m’est inconnu; mais on fera bien de se préparer a tont, afin de n’être pas pris au dépourvu. 6 December 1794. Guillaume est arrivé hier au matin. Je viens de donner la place de Mr. de Saumaise aux Gardes Dragons a votre neveu. Voila un jeune colonel. J’espère qu’il sera un jour aussi brave que son père et son oncle et qu’il verra des tems plus prospères que nous ne voyons maintenant. Selon les apparences Grave doit être pris maintenant, car on n’en entend plus tirer depuis avant-hier. On entend tirer du cóté de Breda; je crains que nous ne perdions encore cette place, quoique selon les apparences elle pourra tenir au moins deux mois en cas de siège x). 13 December 1794. Hier au soir nous avons re?u la nouvelle que I’ennemi a attaqué avant-hier de tous les cótés a ia fois depuis le Bylantsche Weert jusqu’au Bommeler Weert et qu’il a taché de passer le Wael, le Rhin et la Meuse. Au Bylantsche Weert ce sont les Autrichiens qui I’ont repousséz avec perte. L’ennemi est venu la avec 40 batteaux; on croit que quelques uns sont couléz a fond dans sa retraite. A Gent I’ennemi étoit parvenu a la faveur d’un brouillard a faire passer mille hommes et a s’emparer d’une batterie dont ils ont enclouez les canons. Le major Hanovrien Basmeyer avec quelques piquets a voulu les en drasser, mais inutilement, et il y a perdu la vie. Le Lt. général Busch est venu alors avec 4 bataillons Hanovriens qu’il a rassemblés, les a attaqués avec la baïonette et les a précipitéz dans la rivière oü beaucoup ont été noyéz et plusieurs batteaux détruits, mais ce brave homme a été tué d’un coup de cartouche. Au Bommeler Weert ils 2) ont été repousséz aussi. Nous y avons perdu un officier d’artillerie et 4 hommes de tuéz, le colonel Heilmeyer grièvement blessé et une trentaine de blesses. L affaire doit avoir éte trés chaude. Le général Constant doit s’y être beaucoup distingué. 3) Le bulletin ne pou- ‘) Generaal van Geusau, commandant van Breda, heeft Breda voor de troepen van Pichegru gesloten gehouden. Hij is de laatste werkdadige verdediger van de Republiek geweest. a) De Franschen namelijk. s) Weggelaten verschillende militaire bijzonderheden. vant être prêt avant le départ de la poste, je ne puls le joindre ici et pour cela je vous écris tous ces détails. Fritz est parti avanthier pour prendre des arrangemens avec Messieurs de Walmoden et Harcourt au sujet des quartiers et des emplacements pour être a même de défendre le passage du Wael. Je vois par votre lettre du 7 a votre Mère que le voyage de la Duchesse et de la princesse de Galles par ici est encore incertaine; je serai charmé d’en être informé a tems pour prendre les arrangemens nécessaires. Vous pouvez être persuadée que nul n’est plus convaincu que moi de la sagesse de la régie que pour avoir la paix il faut être prêt a la guerre, mais il n’est pas moins vrai que I’on fait ce que I’on peut et non pas ce que I’on veut. Je vous prie de faire savoir a Md. Constant2) ce que je vous écris de son mari qui est un de nos meilleurs généraux majors. Vous ne I’auriez pas dit ci-devant ni moi non plus. Soyez assurée de la tendre affection avec laquelle je suis pour la vie votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 227. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 13 December 1794. Vous ne pouviez arriver 3) plus a propos, mon cher ami, selon les nouvelles que nous avons regues pour ranimer le courage et arrêter les meilleures mesures de défense possibles dans ces circonstances. Je crains bien que I’ennemi ne s’en tiendra pas a ce premier essay et qu’a force de revenir a la charge avec des troupes fraiches, en harcelant et fatiguant les nótres, il tachera de réussir. Dieu veuille que cela n’arrive pas, mais je le crains fort. II n’y a rien de nouveau ici depuis votre départ. Voici une lettre de Loulou, qui vient d’arriver. Elle me marqué que le moment du départ et la route que prendront les Princesses, n’est point encore fixé. En confidence elle me dit que Malmesbury traine dans I'espérance de persuader encore au Duc d’accompagner sa fille, mais 1) Zie over de moeilijkheden in verband met het verblijf der Engelsche troepen gedurende den winter, opgesloten als men was achter de rivieren, Sabrou 11, pag. 99. 2) Franciua Godardina Constantia van Lynden van Hoevelaken; zij was met hare verwanten naar Brunswijk uitgeweken. 3) Bij den inval in den Bommeler Waard. sur ceci je ne compte pas du tout. Loulou ne croit pas que I’on viendra a La Haye, mais qu’on ira directement sur Rotterdam. II seroit trés possible en ce cas que nous allions jusqu’a Loo ou Soesdyck, mais je crois que tous ces plans doivent rester subordonnés a Messieurs les Carmagnols, qui en décideront en demière instance. Je vous embrasse, mon dier Fritz, et suis toujours votre fidéle Maman W. 228. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 19 December 1794. On parle tout haut ici de la mission de Messieurs Brantsen et Repelaer1), ainsi je ne me donnerois pas la peine d’y mettre du mystère. Ces Messieurs n’attendent que leurs passeports de Boisle-Duc pour se mettre en route. Avant leur arrivée au lieu de leur destination et avant leurs premiers rapports je crois que I’on ne peut pas juger du tout du succès qu’elle aura. Les lettres sur lesquelles on va en avant, disent positivement que le Comité du Salut Public entrera avec eux en négociation pour les conditions de Ia paix et pour un armistice que I’on arrêteroit dabord. Voila oü on en est. On a de plus quelques raisons de croire qu’en attendant I’ennemi n’entreprendra rien, mais cette assurance me paroit trés vague. Aussi on ne s’y fie-t-on pas; et tout en négociant la paix, on assure ici vouloir se preparer a la guerre avec une nouvelle vigueur. Je crois que cela seul peut nous sauver, si on I’exécute et si les autres Puissances en font autant. Selon les avis les plus authentiques il paroit que la vraie raison pourquoi les Frampois cherchent la paix avec la République, c’est paree que leur armée manqve des choses les plus nécessaires 2). Ils se sont flattés de percer plus vite et n’ont pas fait de magazins; aussi la disette doit-elle se faire sentir dans toutes les villes qu’ils occupent, et bientót cela vien- ’) 16 December was besloten den oud-gezant te Parijs Brantsen en den commissarisgeneraal van de vivres der armée, Ocker Repelaer, af te vaardigen om met de vertegenwoordigers van het Comité du Salut Public te ’s-Hertogenbosch te gaan onderhandelen over den vrede. a) Zie over den noodtoestand in het Fransche leger Colenbrander, Gedenkstukken, I pag. 539. dra a I’extrême, s’ils ne trouvent pas de débouché de fason ou d’autre. II est trés apparent que si leur demière attaque *) avoit réussi, qu’ils ne se montreroient pas si faciles pour la paix, etpeutêtre la réponse a-t-elle été retardee jusqu a que cette attaque a été tentée. Si ces avis sont fondés, il me semble que cela doit nous rendre trés fermes sur les conditions de la paix et qu’en s’y prenant bien il seroit possible de les mener oü I’on voudroit. Maismalgré cela je crains toujours qu’ils ne soyent les plus fins et ne finissent par nous duper. II ne faut pas oublier non plus que le parti modéréz d’aujourd’hui est composé des mêmes hommes qui ont votés la mort de leur Roi et participés a toutes les horreurs qui ont suivies. Ce parti avec cela est trés partagéz et en a un trés violent contre lui; d’oü il résulte que ce parti en lui-même ne mérite aucune confiance et qu’il est fort douteux si, le voulant de bonne foi, il aura le crédit et le pouvoir de procurer la paix aux conditions qu’il voudra. Aussi la fin de tout ceci est et reste un énigme que le tems seul débrouillera. En attendant, fermeté, activité, vigilance devroient être nos devises sans du tout compter sur la réussite de eet essay de négociation dont j’avoue que 1 idéé seule me répugne au dela de I’expression. 20 December 1794. Je commence celle-ci, ma bonne Loulou. par vous répondre au bel article que vous m’avez écrite dans une vos précédentes de la part de Mr. d’Assembourg2). Quelle que soit I’opinion avantageuse que ce bon vieillard aitpris de moi, il se trompe grandement, s’il s’imagine que je puisse avoir la moindre influence auprès de la Grande Cathérine. Aussi certainement n’entrerai-je point en correspondance avec elle sans une nécessité absolue. Ce nest pas moi qui mène les affaires ici, ainsi ü me siéroit fort mal de I’entretenir d’affaires de but en blanc; et si je les conduisois, je ne sais encore si je le ferois, car il est toujours dangereux d’inviter les Russes a se meier des choses oü ils n’ont rien a faire. Toutesfois si par eux on pouvoit détruire le sistème Frangois actuel et faire disparoitre de la *1 In den Bommelerwaard op 11 December 1794, zie 11, 211. *1 J.U UCU – ' A 2) Mr. Andries Adolphe Deutz van Assendelft, heer van Assendelft en Assumburg enz. terre cette abominable race, je serois fort d’avis de les faire venir. Maiscen’est pas moi qui pomroit I’opérer. De faire aller pour cela le Duc a Petersbourg, comme Assembourg propose, ce ne seroit pas le chemin le plus court. Au reste si Md. Cathërine le vouloit, il y a longtems qu’elle eüt pu s’en mêler directement dans la première campagne. Les Cours de Vienne et de Berlin I’ont assez cajolëe pour cela; aussi en a-t-elle donné l’espérance, mais au fond elle n’avoit que la Pologne en vue et il paroit qu’elle est assez joliment parvenue a ses fins de ce cóté-la. Dieu sait quelles en seront les suites. Mais basta sur eet article. J’en viens a un plus intéressant pour nous. Les conférences entre le Duc, lord Malmesbury et Stamford dans lesquelles ils démontrent I’impossibilité d’une pacification générale et les dangers d’une pacification partielle, ferment un singulier contraste avec nous qui ne nous occupons que des espérances d’une prochaine paix. Au reste je dis nous sans partager ce sentiment et les personnes les plus sensées ne se livrent point a eet espoir. Je le crois encore trés fragile et je regarde comme indispensable d’agir comme s’il n’étoit pas du tout question de la paix, mais je dois dire en même tems que si nos informaticus sont exactes sur la disette qui règne tant a I’armée Frangoise que dans tous les Païs Bas, il seroit possible que les Frangois fussent forcés a la paix, et dès lors c’est aux négociateurs aen profiter habilement pour nos intéréts. C’est le sel principalement qui leur manque et dont on ne peut se passer. Ils en regoivent pourtant, mais seulement par Emmerich oü I’on permet quelque espèce de commerce, assez singulièrement a ce que j’aprens, cela ne devroit pas être permis, mais cela est autorisé par la Régence et par une Convention établie entre elle et les Frangois qui sont a Clèves. Je vous prie de dire dans I’occasion que je n’écris pas au Duc par discrétion pour ne pas lui donner la peine de me répondre. Je ne pourrois que lui répéter nos désirs qu’il fut venu, désirs que nous nourrissons toujours encore, ainsi que nos regrets qu’il s’y refuse. Cette répétition pourroit le fatiguer et I’impatienter et pour des nouvelles je n’ai pas a y ajouter, le Prince s’étant chargé de lui donner ouverture plénière de toute I’affaire de la négociation frangoise, par laquelle il vèra qu’il n’existe encore rien d’effectif et que Tissue en est des plus incertaines. Si vous pouviez me procurer le mëmoire que Malmesbury rédige pour convertir le Roi, vous me feriez plaisir. Selon Reede on est trés pacifique a Berlin, mais fort peu avancé dans sa négociation par Meyering1). Reede prétend que depuis qu’ü a donné ouverture de la nótre, le Ministère le cajole excësivement et ne cesse de lui répéter que nous devons faire cause commune et que la paix de la Prusse et la nótre doivent marcher de front; que c’est Tintérêt des deux Pais. Je crois bien que Reede se trompe quelquefois; je crois aussi que Malmesbury a des anecdotes curieuses a son sujet, mais il ne faut pas tout croire ce que Malmesbury vous raconte sur lui, car il est personellement piqué contre lui; tout comme je ne crois non plus tout ce que Reede raconte de Malmesbury, dont il croit avoir a se plaindre. En flattant la vanité de Reede, on peut tirer parti de son zèle et de son activité qu’il est trés nécessaire de diriger quelquefois, si on ne veut risquer qu’il ne s’égare au gré de son imagination. Voila ce que je tÊlche de faire, et je crois que cela vaut mieux que de le laisser de cóté. Je suis forcée de finir, faute de tems, car il sonne 3 h. et \ et je dois partir pour la Vieille Cour. Je vous embrasse et suis a jamais votre fidéle Maman. W. Al werd er geen feitelijke wapenstilstand gesloten, stilzwijgend was toch in goed vertrouwen aangenomen, dat men, hangende de onderhandelingen van Brantsen en Repelaer met de Volksrepresentanten te ’s-Hertogenbosch, zich over en weder zou beperken tot defensieve maatregelen-, op 15 December had de Erfprins, als Commandant-Generaal, de Staatsche troepen zelfs gelast, zich van alle offensieve handelingen te onthouden 2). 229. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 20 December 1794. J’ai compris hier de I’Ambassadeur qu’il alloit écrire aux géné- ) Pruisisch overste. 2) Zie Sabron, 11, pag. 56. raux Walmoden et Harcourt au sujet de I’armistice, ce qui se borneroit a leur dire que le point oü nous en étions, étoit que I’on donnoit ouverture du tout a I’Angleterre, et qu’en conséquence il ne doutoit point qu’ils ne regussent incessamment des ordres et qu’en attendant il leur conseilloit de faire ce que feroit l’ennemi, c’est a dire de rester sur leurs gardes et de ne den entreprendre si I’ennemi ne les attaquoit pas. Votre Père a aprouvéz ceci. Toutes mesures qui ne sont que des précautions pour s’assurer une bonne dëfensive et prëvenir les entreprises que I’ennemi pourroit tenter, je crois qu’il est de la plus haute nécessité de les prendre, car plus j’examine les lettres de La Combe a Van Breugel et moins je trouve de certitude qu’ils n’entreprendront den actuellement contre nous; on pourroit même en conclure le contraire; et pour ce que nous en savons du reste, ce n’est que verbal, ce sont des propos de Bellegarde a Van Breugel. N’ayant den de nouveau a y ajouter et devant encore beaucoup écrire aujourd’hui, je me borne a ce peu de mots, mon cher Fritz. Je vous embrasse et suis toujours votre bonne et fidéle Maman W. 230. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 20 December 1794. Tout le monde veut la paix dans ce Païs. Graces au Duc d’Yorck et aux belles manoeuvres qu’il a faites durant I’été et I’automne, je crois que depuis que le monde est monde, on n’a vu faire tant de retraites sans être battu, et je vous avouerai que lorsque j’ai vu perdre Nimègue, je n’ai pas cru que I’on seroit resté aussi longtems que I’on a fait au Wael. Je vois avec regret le tems se mettre a la gelée. Dieu veuille que les Frangois ne profitent pas de ce tems pour faire un coup, pour passer une rivière ou une inondation. *) Je regarde la paix comme fort incertaine. II faut, je crois, se mettre en état comme si une troisième campagne est inévitable. Je crois qu’il faut tenir bonne contenance et éviter de montrer a I’ennemi la situation oü nous sommes. Peut-être que la *) Weggelaten het dagverhaal en berekeningen aangaande de komst van de prinses van Wales. leur n’est pas meilleure et que si on peut les empêcher de percer, ils seront obligés de se retirer faute de vivres et de fourages. 23 December 1794. Dimanche soir Fritz est revenu de Gueldres; hier il a passé la journée avec nous et comme avant-hier Messieurs les Frangois ont attaquéz le poste de Capellen dans le Langestraat pour donner une preuve qu’ils veulent se tenir sur la défensive *), Fritz vient de partir pour Gorkum pour y commander en I’absence de son frère2). II gèle trés fort ce qui me fait bien de la peine, car cela diminue beaucoup la défence du Païs. 27 December 1794. Je ne puis laisser passer I’époque de I’approche du renouvellement de I’année sans vous donner ma bënédiction et prier Dieu, ma trés chère fille, pour qu’ll daigne vous conserver pendant de longues années après celle oü nous allons entrer, et vous fasse jouir de la fëlicité la plus parfaite. Puissiez-vous vivre heureuse avec votre époux et s’il est possible, puissiez-vous avoir la satisfaction de vous voir Mère. Je n’ai pas eu de vos nouvelles depuis Samedi; la demière poste de Hambourg ne m’a rien apporté de votre part, mais votre lettre par la poste d’Emmerich a votre Mère est arrivée Lundi. Nous avons encore toujours de la gelee. Dieu veuille que les ennemis n’en profitent pas pour passer les rivières. 3) Messieurs Brantsen et Repelaer sont partis Mardi de La Haye, mais je doute qu’ils soyent encore arrivés a leur destination. L’escorte des Frangois les attend a Oosterhout depuis Dimanche. Voila toutes mes nouvelles d’ici. Soyez assurée de la tendre affection avec laquelle je suis pour la vie, ma trés chère fille, votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 231. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 23 December 1794. Voila donc afin le courier arrivé 4), ma trés chère Loulou, qui nous ‘) Ironisch. ’) Opdat de Erfprins de Kerstdagen zou kunnen doorbrengen in zijn gezin. •) Weggelaten het dagverhaal en berekeningen aangaande de komst der prinses van Wales. ‘) Uit Londen. a porté la nouvelle que la princesse de Galles passera par ce Païs, mais point par La Haye ni par Helvoet mals par Utrecht sur Amsterdam et de la sur Le Helder oü elle trouvera I’escadre Angloise. Ce courier sera chez vous avant cette lettre; ainsi je ne vous apprends rien de nouveau, mais j’espère que vos Princesses ne seront pas encore parties lorsqu’elle vous parviendra. Je vous prie de leur dire bien de belles choses de ma part. 1) Messieurs les malgré leurs belles promesses, ont fait mines d’attaquer le poste de Capelle oü ils sont venus de deux cotés differens sur la glacé, mais ils ont ëté repoussés avec perte. Ceci prouve toutesfois combien on peut se fier a eux et sera, j’espère, une bonne legon. Fritz est revenu avant-hier de Gueldres oü il a ëté fort content des arrangemens pris avec les Anglois et les Autrichiens. II comptois a présent rester avec nous, mais I’alerte prés de Capelle et la crainte que pendant cette gelée cela ne restera pas la, a ëté cause qu’il a dü repartir ce matin pour Gorkum. II m’a chargé de beaucoup d’amitié pour vous. Son prompt départ I’a empêché de vous écrire. 26 December 1794. Nous sommes un peu de mauvaise humeur, ma toute chère Loulou, de ce que la demière poste de Wilshausen n’a point porté de vos lettres a votre Père. Nous ne savons a quoi I’attribuer, connoissant votre exactitude. Dieu veuille seulement que vous vous portiez bien et qu’un dérangement de santé n’en soit pas la cause! Ce ne sera que demain que nous en saurons quelque chose, la poste d’Emmerich n’étant point arrivée encore. C’est sans doute la neige qui la retarde. Depuis hier il en tombe beaucoup, ce qui nous fait espèrer que Ie tems se radoucira, mais jusqu’ici il fait un froid trés vif. Quand je vois le tems, je doute quelquefois que la Duchesse accompagnera sa fille jusques dans ce Païs. Sur est-il qu’elles auront un terrible voyage, mais plus nous y pensons et plus nous sommes fortifiéz dans I’idée que La Haye est I’endroit le plus convenable pour que les Princesses fassent une halte de quelques jours, et celle-ci est absolument indispensable audiredetout *) Weggelaten allerlei plannen en berekeningen voor de begroeting en de ontvangst der prinses van Wales op haar doortocht. le monde. Nous supposons d’aüleurs que la Cour Angloise viendra a la rencontre de la princesse de Galles jusques ici, et avant que I’escadre ne soit arrivé, elle ne peut songer a se rendre au Helder. 1) Ce voyage me paroit en tout assé mal arrangé et je crains qu’il sera extrêmement dësagréable pour I’illustre Promise et causera encore bien des embarras a nous tous. Ci-joins, ma chère, vous trouverez un bulletin 2) qui regarde la demière tentative des ennemis. On assure que ce sont les Bataves qui s’en sont avisés, et que cela n’aura pas de suite, mais cela n’empêche pas qu’il faut rester sur ses gardes. Nos plénipotentiaires sont partis Mardi, mais jusqu’ici nous n’avons pas de leurs nouvelles. Hier nous avons dinné chez I’Ambassadeur tout a fait en partie fine; il n’y avoit que ceux qui viennent familièrement chez nous. C’est sur des minspys 3) (j’ignore, si je I’écris bien) qu’il nous a invités. 27 December 1794. Je crois, ma chère, que vous avez raison de ne pas trop vous fier aux belles paroles des ennemis. II faut attendre toutefois pour en juger en demier ressort, quel rapport nous ferons nos deux plénipotentiaires quand ils seront arrivés au lieu de leur destination. Jusqu’a présent ils sont arrêtés a Rotterdam tant par la difficulté de passer les rivières qui charrient beauccoup de glacés que par I’indisposition de Mr. Brantsen qui avoit la coüque en partant de La Haye et qui a pris une fièvre de fluxion a Rotterdam qui s’est joint a cette colique. On se flattoit qu’hier ou aujourd’hui ils continueroient leur voyage et en attendant ils ont écrit aux Représentans du Peuple Francois la cause de leur retard. Le prince de Gloster 4) a passé la journée d’hier chez nous et aujourd’hui il la passé a la Vieille Cour. II est fort pressé de partir, mais les glacés le retiennent. La même cause empêche aussi la future Cour de la princesse de Galles d’arriver. L’escadre doit être depuis longterm en mer, mais on n’en a aucune nouvelle et Kinsbergen assure *) Weggelaten bijzonderheden aangaande genomen schikkingen om langs den weg paarden en voertuigen beschikbaar te stellen. 2) Niet aanwezig. 3) Mince-pies. 4) Willem Frederik, hertog van Gloucester en Edinburg. que dans ce moment il est impossible qu’elle entre dans le port de Nieuwediep devant Le Helder. Je vous embrasse, ma chère enfant, et suis a jamais votre fidéle Maman W. 232. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 28 December 1794. J’apprens a I’instant qu’on vous expédie un courier, mon cher ami, et je n’ai que le tems – pour ne pas I’arrêter – de vous remercier de votre lettre et d’y ajouter deux mots. Dans ce moment de crise *) qui décidera peut-être de tout, je ne doute pas, mon cher, que vous ferez votre devoir en tout et part out. Je ne suis pas dans le cas de vous prescrire de quelle manière. II n’y a que vousmême qui pouvez en juger. Tout ce que je vous prie instamment c’est de considérer qu’en vous exposant inconsidérément vous ne le rempliriez pas et qu’il ne s’agit pas ici de faire le Don Quichotte, mais d’agir comme il convient a votre place, au grade dont vous estes revêtu. En vous faisant tuer la oü vous n’avez rien a faire ou en vous laissant prendre, vous rendriez un fort mauvais service a votre Patrie et a nous tous. Dites-vous ceci, mon cher Fritz. C’est une grande vérité que vous ne devez pas perdre de vue. Du reste, si vous savez quelque moyen de sauver le Païs, mettez-le en exécution et ne négligez aucune occasion de dire la-dessus vos idéés a votre Père, a votre frère. C’est tout ce que je puis vous dire dans ce moment-ci. Que Dieu nous bénisse, mon bon Fritz, et nous réunisse bientót! Sur notre sort ici il n’y a rien de décidé. On ne sait ni ou ni quand nous devrions prendre le parti de la retraite. En attendant tout reste en statu quo. Je vous embrasse et suis a tout jamais votre fidéle Maman W. 233. Prinses Wilhelmina aan prinses Louise. ’s-Gravenhage. 29 December 1794. Vous aviez trés bien jugé nos ennemis, ma trés chère Loulou, en suposant que leurs intentions restoient mauvaises. Avant-hier 1) De doorbraak der Franschen in den Bommelerwaard op 27 December 1794. au soir, au moment que nous nous y attendions le moins, il est arrivé un rapport de Fritz avec la nouvelle que le Bommeler Weert étoit forcé, les ennemis ayant passé la rivière sur les glacés par différens cótés a la fois. Peu d’heures après il vint un nouveau rapport avec la nouvelle que les lignes devant Breda étoient aussi forcées et cette ville serréz de si prés que I’on la suposoit entièrement cerné, la communication en étant coupé de ce cóté-ci. De tout cela on a fait un bulletin que vous trouverez ci-joint1). Cette nuit il est arrivé une nouvelle lettre de Fritz, qui nous a fait plaisir, paree qu’elle nous donne des nouvelles du prince de Darmstadt que I’on craignoit avoir été tué. Ce prince écrit lui-même a, Fritz et par son rapport il paroit qu’il n’y a pas de sa faute, ayant été attaqué a la fois de plusieurs cótés par des forces supérieures aux siennes. II a du céder et a fait sa retraite avec les débris de son monde par dessus le Wael sur la glacé 2). II va rejoindre Fritz. Par ce que dit Fritz, il paroit aussi que les Frangois n’ont pas passé cette rivière avec de fort grandes forces – ainsi que cela avoit été dit au premier moment Si on pouvoit réussir a les rechasser de I’autre cóté, ce seroit tout ce qu’il y auroit de plus heureux dans ce moment-ci, si ce n’est le dégel qui aussi arrêteroit leurs progrés. II faudra voir au premier égard ce que Fritz et Mr. de Walmoden pourront opérer; sans le concours de ce dernier nous ne pouvons pas faire grand’chose, mais, s’il nous seconde bien, il nous reste encore des ressources. Pendant que j ’écris ceci arrivé Guillaume qui me porte une lettre de I’Ambassadeuralui, qui lui mande que par un courier qu’il venoit de recevoir, il apprend que les Hessois ont réussis a repousser I’ennemi de I’autre cóté du Wael et que Mr. de Walmoden fait avancer un corps a notre secours. Ceci sont deux bonnes nouvelles. Mr. de Walmoden avoit fait aussi encore d’autres arrangemens pour la défense du Leek, que I’on aprouve ici. Je suis charmé, ma chère, de pouvoir finir mon bulletin par quelque chose de moins mauvais. Comme cette lettre ne partira qu’a 2 heures avec un courier de I’Ambassadeur qui va avertir lord Malmesbury de ce qui se passé ici et qui vrai- *) Niet aanwezig. a) Zie voor bijzonderheden den brief van prins Willem V aan prinses Louise No. 236. semblablement arrêtera les Princesses quelques jours en route pour attendre la fin de cette crise, j’ajouterai encore les particularités que je pourrois entendre avant ce tems-la et peut-être un nouveau bulletin qui se prépare. Sans cela vous le recevrez par la poste de demain ou par une estafette que votre Père pense a vous expédier. En attendant je n’ai pas voulu laisser partir ce courier sans vous dire deux mots, prévoyant qu’il poussera a Brunswic pour y porter les nouvelles, et craignant que, si vous ne receviez rien de notre part, vous ne soyez excécivement inquiète et allarmée, ma bonne Loulou. Une trés bonne nouvelle que je puis vous donner en ce moment, c’est qu'il dégèle a force, ce qui pour le moment arrêtera sürement les desseins hostiles de nos ennemis pour pousser plus en avant. C’est la meilleure nouvelle que je pourrois vous donner et de laquelle nous devons remercier Dieu, et en même tems redoubler d’efforts, d’activité, ne rien négliger, etc. etc. Tel est mon sistème et il me semble qu’il doit être celui de tous les honnêtes gens et de tous les gens sensés! Ce n’est pas que je ne veuille qu’en même tems on tente les voyes d’une pacification; mais comme a présent ce qui vient d’arriver me confirme plus que jamais que I’ennemi ne cherche qu’a nous amuser et a nous duper, je veux qu’on agisse comme s’il n’en étoit pas question. Je veux bien croire au reste que le retard de nos Commissaires et I’arrivée des Autrichiens a Arnhem ont mis martel en tête aux Frangois et peut avoir contribué a leur faire faire cette attaque, ainsi que bien des personnes supposent. Mais ni plus ni moins j’y vois beaucoup de mauvaise foi qui se développera, je crois, de plus en plus. Hier nos Commissaires étoient encore arrêtés au Stryen Sas. Ils y sont arrivés au moment de I’attaque et apprenant que I’ennemi étoit au Moerdyck, ils ont dü êcrire au général Frangois pour lui demander le libre passage. A cela ils n’avoient pas regu réponse hier matin et ils venoient d’écrire une seconde fois pour le même objet. Voila, ma chère, tout ce que je puis vous mander dans ce moment au milieu d’interruptions continuelles. Je vous embrasse, ma toute chère Loulou, et je suis a jamais votre fidéle Maman WILHELMINE. *) Die den 29sten December zouden afreizen onder geleide van lord Malmesbury. P.S. D’après ce que m’a dit H(enri) Bentinck 1) il paroit que nos troupes ont trés bien faites leur devoir dans cette fatale journëe2). Papa et Guillaume vous embrassent. De Fritz je viens d’avoir des nouvelles toutes récentes par H(enri) Bentinck, arrivé cette nuit. II retoume ce soir auprès de Fritz qui se porte trés bien et fait ses petits arrangemens avec calme et réflexion du mieux qu’il lui est possible. Comptez aussi qu’il ne se laissera pas prendre dans Gorkum ni nous ici. ’ 234. Prinses Wilhelmina aan prins Frederik. ’s-Gravenhage. 29 December 1794. Je re9ois a I’instant votre lettre d’aujourd’hui, mon cher ami, et je profite du départ de H(enri) Bentinck pour y répondre. Ci-joins vous trouverez une lettre pour le prince de Darmstadt que je vous prie de lui remettre. J’espère qu’il vous aura rejoins; nous avons été bien inquiets pour lui. Dieu merci qu’il est sauvé! Par son rapport il paroit qu’il n’y a pas eu de sa faute que les choses ne sont pas mieux allez. Je trouve comme vous, mon cher ami, que les choses vont assez mal. Cependant depuis qu’il dégèle, je me flatte encore que pour le moment le grand danger est passé. Dieu veuille seulement que I’on profite de ce tems pour se mettre dans une meilleure mesure de défense, car sans cela ce sera de courte durée. Nous avions la nouvelle par Utrecht que les Hessois avoient rechassé I’ennemi de I’autre cóté du Wael; comme vous n’en dites rien, je crains bien que cela ne soit pas vrai3). Quant a notre retraite de La Haye il en a bien été question a la réception de votre lettre a votre frère, mais après avoir tout examiné nous avons trouvé que, tant que la forte gelée duroit, nous ne pouvions partir d’aucun port et par terre, par Utrecht, on le jugeoit trop dangereux a cause de la proximité de I’ennemi. II ne nous restoit ainsi en demière analyse qu’un pinkje de Scheveling et pour celui-la nous I’aurions trouvé si le cas avoit existé. Vous seriezétonné combien toutes ces mauvaises nouvelles ont fait peu d’éclat ici. Elles *) Hendrik, graaf Bentinck, adjudant van prins Frederik. 2) 27 December 1794. •) Zie de bevestiging van dit bericht in den volgenden brief. ont affligés, mals on a été moins abattu qu’on ne devoit s’y attendre. Assé généralement on jette la-dessus Ia pierrek nos Commissaires; il est sur qu’ils auroient dü partir plus tót, mais je n’attribue pas a eux seuls la faute de cette attaque des ennemis qui sürement ont joué de mauvaise foi dans toute cette affaire depuis le commencement. Jusqu’ici nous ne savons pas, si nos Messieurs ont passé le Moerdyck. Hier ils attendoient encore la réponse du gënéral Frangois. II lui avoient écrit une seconde fois pour Ie libre passage par son armee. Je ne puis vous en dire davantage, mon cher ami. Guillaume qui pars demain pour quelques jours, est venu m’interrompre et k présent il sonne 10 heures. Je dois finir. Je vous embrasse, mon bon ami. Que Dieu vous bénisse et vous inspire! Je serai a jamais votre fidéle Maman W. *) Si le danger augmente, n’oubliez pas de bruler vos papiers intéressans plutót que de les exposer a tomber en mauvaises mains. 1795 235. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. I Januari 1795. Bon jour et bon an, ma toute chère Loulou, que Dieu vous conserve dans cette nouvelle année et vous accorde toujours tout ce qui peut contribuer a votre solide et vrai bonheur. Tels sont mes voeux pour vous, ma chère enfant, auxquels j’ajoute celui qu’ll veuille aussi avoir pitié de nous et ramener la paix – mais une bonne paix! – dans votrepatrie et dans I’Europeentièrependant le courant de I’année. Puisse-t-elle être plus heureuse que celle que nous terminons! Mais si le bon Dieu en ordonneroit autrement, tachons de suporter les épreuves qu’il nous envoye. Soyons résignés a ses volontés et mettons constamment notre confiance en Lui. Tót ou tard II aidera ceux qui se fient en Lui, d’une fason ou autre. C’est une véritë d’expërience qu’il ne faut jamais perdre de vue en adorant Ses décrets impénétrables. Je commence par vous écrire X) De eerstvolgende bewaard gebleven brief van prinses Wilhelmina aan haar jongsten zoon is gedagteekend uit Windsor. Naber, Correspondentie II 15 aujourd’hui, ma trés chère Loulou, paree que j’aime a profiter des momens que je trouve pour cela. II seroit possible aussi qu’il partit un courier anglois, et alors ma lettre sera toute prête. J’ai aujourd’hui une bonne nouvelle a vous annoncer, ma chère; c’est pour le coup bien vrai, que les Anglois et les Hessois ont rechassés I’ennemi de Waardenburg et Tuyl et I’ont forcéz de repasser la rivière 1). On travaille a lui faire passer I’envie de revenir. Quelques jours de degel que nous avons eus, ont fait grand bien pour cela et dans ce moment le froid n’est pas vif et le vent fait croire qu’il ne sera pas de durée. Vos frères se portent tous les deux fort bien. Guillaume devoit aller hier a Gorkum; je crois qu’il reviendra demain 2) Toute communication avec Breda est coupée, mais pas avec Bergen-op-Zoom encore. Grave est pris s). Nos Commissaires sont a Bois-le-Duc, mais nous n’avons aucune nouvelle de ce qu’ils y font. J’ai trouvé le mémoire 4) que vous m’avez envoyé, fort bien écrit et contenant selon moi la vérité, mais je doute beaucoup qu’il fasse des prosélytes. Le besoin de la paix est si grand partout que par la on aime a se persuader qu’on pourroit I’obtenir. II n’y aura qu’une triste expérience de la perfidie des ennemis qui, je crains, fera tomber le voile quand il sera trop tard pour les rësister et prendre des mesures vigoureuses et promptes pour attaquer cette Hydre qui n’est vraiment redoutable que par la foiblesse et la désunion de ceux qui voudroient la voir terrassée sans qu’il leur en coüte quelque chose pour y parvenir. 2 Januari 1795. Nous venons de recevoir le premier rapport de nos commissaires de Bois-le-Duc. II confirme la mauvaise foi et la perfidie des Frangois! Les Représentans du Peuple qui y ëtoient au nombre de trois, n’ont voulus entrer dans aucune discussion sur les conditions de la *) Zie den twijfel aan de waarheid van dit bericht in den brief van prinses Wilhelmina aan prins Frederik, No. 234. 2) Weggelaten berekeningen en schikkingen in verband met de komst van de prinses van Wales. s) Op 30 December na onder generaal De Bons twee maanden lang moedig te hebben stand gehouden. 4) Niet aanwezig; bedoeld is de memorie van lord Malmesbury om den koning van Pruisen over te halen zijn lijdelijke houding te laten varen, welke memorie prinses Wilhelmina haar dochter verzocht had, haar te verschaffen; 11, zie pag. 215. paix. Ils les 1) ont renvoyéz au Comité du Salut Public, mais ils ont déclaréz en termes clairs et nets qu’ü n’existoit pas d’armistice, que par eux il ne pouvoit en exister et qu’ü n’en avoit jamais existé, qu’un simple mésentendu I’avoit fait croire dans ce Païs. Tout cela ne me surprend pas. Je m’y attendois. Dieu veuille seulement que cela ouvre les yeux et rende I’énergie et I’activité; alors tout n’est pas perdu encore! De vos frères il n’yarien de nouveau. Ils se portent bien; nous attendons aujourd’hui Guillaume de retour. 3 Januari 1795. Je ne puis a la lettre vous dire que 2 mots, ma trés chère Loulou, pour vous dire qu’il n’y a rien de nouveau depuis hier. Guillaume est revenu cette nuit en bonne santé. Du cóté de Woudrichem il y a eu une petite attaque qui a tournée a notre avantage. Fritz se porte bien a Gorkum. Les Princesses aniveront Mercredi a Utrecht ou a Soesdyck. Je me rendrai la veille avec Mimi a I’endroit qu’elles auront préféréz, et vous aurez un fidéle récit de ce qui s’y passera. A jamais votre fidéle et tendre Maman W. 236. Prins Willem V aan zijn Dochter. 's-Gravenhage. 2 Januari 1795. Je n ai pu trouver le tems de vous écrire Mardi, ayant été occupé toute la matinée et ma séance aux Assemblées d’Etat ayant été trop longue pour pouvoir vous écrire après I’assemblée. Ma dernière a été de Samedi demier 2). Ce jour a été bien fatal a I’Etat. L’ennemi nous a leurré 3) de I’espoir d’une suspension d’armes et on a cru devoir en agir de même ici et donner ordre aux commandans des différens postes d’être sur leurs gardes, de ne pas se laisser surprendre, mais de ne pas agir offensivement et si I’ennemi s’aprochoit de trop prés de leurs postes et faisoit mine d’entreprendre quelque chose contre ces postes, de se défendre, de le repousser et tacher de le faire repentir de son entreprise. Tout est resté tran- ‘) De Commissarissen Brantseu en Repelaer. 2) Zie den brief van 27 December 1794, 3) Vgl. echter Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 537 en 538. quile jusqu’au Samedi qu’ils ont attaquéz a la fois le Bommeler Weert, les lignes de Breda, les postes de Zevenbergen et de ’t Dorp Sand daer Buiten et ils ont fait une démonstration contre Bergen-op-Zoom et Steenbergen. Ils ont pris le Bommeler Weert et la ville de Bommel. Le prince de Darmstadt qui y commandoit, entendant que le village de Driel étoit attaquéz, s’y est rendu pour soutenir le bataillon d’Orange Frise qui y étoit, amenant avec lui les 2 bataillons de Lochmann et les Chasseurs de Loewenstein, mais apprenant que Bommel étoit attaquéz, il est retoumé vers cette ville avec ces corps, quittant Driel; et recevant rapport que Driel étoit perdu, il a du passer le Wael comme il a pu, abandonnant canons, chevaux et bagages. Les lignes de Breda ont été forcées; le colonel d’Outremont qui commandoit dans celle du Munnikhof et le général Haeck qui commandoit dans celle du Hout ont été pris. Nous avons perdu le 2nd bataillon de Guillaume, le sième bataillon de Waldeck, horsmis la compagnie des Chasseurs de ce Corps qui s’est repliée avec le premier bataillon de Guillaume sur Geertruidenberg. Nous avons perdu encore un bataillon, composé des Grenadiers de Dopff, Brakel et Thouars, qui a été pris prés du Moerdyck a 30 hommes prés, une partie des Gardes Dragons, c’est a dire une trentaine d’hommes, et la plus grande partie du 2nd esquadron de campagne des Hussards de Heeckeren. Si le prince de Solms Braunfels qui le commandoit, n’a pu entrer dans Breda, il est vraisemblablement tué. Breda est cemé ainsi que Heusden et Geertruidenberg I’est a peu prés. Dans le Roovaert, prés ’t Dorp Sand daer Buiten, I’ennemi s’est emparé de 15 batteaux chargéz de canons et de poudre destinéz a être employéz pour la défence des batteries le long de la Mark. Cela fait une perte de prés d’un million pour I’Etat. A Bommel il a pris des chaloupes canonières prises dans les glacés. Le général de Boetzelaer a été repoussé de Zevenbergen et commande au Willemstadt dans I’absence du It. général de ce nom qui est malade. Le colonel. ... x) qui commandoit au Sand daer Buiten, s’est bien défendu, mais a dü aussi se replier sur le Willemstadt. Bergen-op-Zoom a été attaqué, mais x) Naam onleesbaar ce n’a été qu’une dëmonstration. Les ont passé Ie Wael devant Bommel et leurs avant-postes ont été jusqu’a Geldermalsen. Ils avoient leur corps a Tuyl et Waardenburg. Graces a Dieu ils ont été repousséz au dela du Wael le 30 par un corps Anglois et Hessois, commandé par les généraux majors David Dundas *) et Wurmb. Nous avons eu un instant de dégel, mals depuis avanthier le tems s’est remis a la gelée, ce qui ne rend pas notre position bien süre. En un mot la situation est trés critique et nos moyens de défence trés foibles. Si le bon Dieu ne nous assiste pas, les choses iront bien mal, mais on diroit que la Providence combat pour les Frangois, car ils ont toujours le tems comme s’il étoit fait exprès pour leurs entreprises. Je ne puis croire que le bon Dieu veuille I’abolition du Christianisme et I’établissement du culte de la Déesse de la Raison qui est le Paganisme, mais les sages vues de la Providence sont peut-être de chêiier les Chrétiens qui ne le sont que de nom et qui vivent comme des Payens et pire et d’éprouver la foi des vrais Chrétiens, car il faut une ferme persuasion des véritéz de I’Evangile, pour que notre foi ne soye pas ébranlée dans des tems pareils. Nos Commissaires sont arrivez a Bois-le-Duc. Ils doivent aller a Paris parler au Committé du Salut Public, les Représentans du Peuple disant n’être pas en droit de traiter avec eux, pas même de conclure une armistice pour peu de jours et disant, qu’il n’y a jamais eu d’armistice et que si on I’a cru chez nous, on s’est trompé. Nous avons perdu Grave2). Le général De Bons et sa brave gamison se sont bien défendus et auroient méritéz un meilleur sort que celui de se rendre a discrétion comme ils ont dü faire, n’ayant plus que pour 24 heures de vivres. II a été permis au général De Bons de retoumer en Hollande. Voila assez de nouvelles désagréables pour un jour de poste. Dieu veuille que I’année oü nous venons d’entrer, soye plus heureuse que la précédente et que j’aye la satisfaction de vous voir, avant qu’elle finisse, dans ce Païs. Dimanche votre Mère et Belle-Soeur ont été le matin entendre le pasteur Groeneveld 3). J’ai été le soir entendre Mr. Hacke 4), n’ayant pas eu le tems d’y ‘) Sir David Dundas, 1735—1820. a) Zie noot 2 bij pag. 226. s) Jacobus Groeneveld, 1757—1815, prins Willem V had zijn opleiding bekostigd. 4) Conrad Hacke, predikant. aller le matin. Lundi j’ai étë aux Etats-Généraux x) et au Conseil d’Etat. Mardi Guillaume est parti pour visiter la frontière. Ce jour-la j’ai étë avec le Conseil d’Etat porter la Pétition Générale et les états de guerre aux Etats-Généraux. Mercredi j’ai été a La Besogne des Etats Généraux et le soir au Bedestond avec votre Mère et Belle-Soeur entendre Mr. deGuicherit. Le soir2) on a soupé aux tables rondes mais sans musique. Hier j’ai vu du monde comme a I’ordinaire le jour de I’an. J’ai entendu Mr. Hacke et votre Mère et Belle-Soeur Mr. de la Saussaye. Nous sommes restéz le soir au logis. Aujourd’hui j’attends les ministres. Comment votre Belle-Mère et la princesse de Galles passeront ici, je I’ignore; mais quelque charmé que je serois de revoir Md. la Duchesse et de lui faire politesse, je ne vous déguiserai point que j’aime mieux qu’elle ne vienne pas a La Haye, car au moment oüilfaudrapeut-être penser a faire partir votre Mère, votre Belle-Soeur et votre Neveu, ce surcroit d’Altesses Royales 3) augmenteroit debeaucouplesembarras qu’un pareil voyage occasionneroit. Veuille le bon Dieu faire aller mieux les choses qu’elles ne paroissent devoir toumer. Quel domage que le Duc n’a pas accepté sur le champ; a présent je ne crois pas a la possibilité qu’il accepte. J’attends la réponse que le courier Du Casse pourra apporter ace sujet 4). Je vous prie d’être persuadée de la tendre affection avec laquelle je suis pour la vie votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 237. Prinses Wilhelmina aan prinses Louise. ’s-Gravenhage. 6 Januari 1795. Les choses ne vont pas mieux. A la vérité les ennemis n’ont pas renouvellé leur attaque générale et le tems se met au dégel depuis deux jours, ce qui semble nous donner du répit, mais les Anglois *) Waar de Prins de Staten nog eens opriep tot het nemen van maatregelen om het vaderland te redden, maar de Staatsche troepen telden nauwelijks nog maar 4000 man. Zie Blok, 111, pag. 673. De oproepingen van vrijwilligers waren vrijwel op niets uitgeloopen. *) Oudejaarsavond. •) Ook de hertogin van Brunswijk voerde als dochter van koning George II den titel van Koninklijke Hoogheid en de étiquette stelde destijds zware eischen. ‘) Men achtte de zaak dus nog altijd niet voor goed afgedaan. manoeuvrent si singulièrement. Mr. de Walmoden nous consulte si peu que de la pourra naitre infiniment de malheurs. Je vous ai plusieurs fois mandé que depuis le départ du duc d’Yorck ce commandement, plus ou moins partagéz entre lui et Mr. Harcourt, ne pouvoit que mal aller si les circonstances devenoient plus critiques. Eux-mêmes en sont embarrassés et dans les commencemens ne demandoient pas mieux que de bons conseils, mais qui pouvoit leur en donner? A présent ils vont sur leurs propres données et n’écoutent aucune représentation. Ils s’éloignent du Wael pour mieux le défendre, disent-ils, mais dans le fait ils I’abandonnent et dans ce moment il y a une nouvelle qu’ils quittent aussi le Lingen. Cette nouvelle est encore trop confuse pour que je puisse vous en dire quelque chose de positif; peut-être pourrois-je, le faire par la poste d’Emmerich. Je comptois partir ce matin avec Mimi pour Soesdyck, les Princesses devant arriver demain a ce que I’on croit. Mais comme il n’y a aucune certitude encore et qu’en particulier nous ignorons, si elles ont acceptées ou non le logement de Soesdyck, j’ai remis mon départ jusqu’è. demain de bon matin et les femmes de chambre nous précédent aujourd’hui, afin que nous les y trouvions. Sans doute que dans la joumée mylord St. Kelens pourra nous en dire davantage. II se rend aussi a Utrecht et a Soesdyck, si elles choisissoient ce demier endroit, mais auparavant votre Père aura avec lui et les généraux Anglois une conférence a Utrecht, aussi dans la joumée de demain. C’est aussi une raison pourquoi je ne pars que demain, paree que Fritz vient a cette conférence et que sans cela je ne le vèrai pas du tout, car je doute qu’il puisse passer a Soesdyck. Guillaume y vient aussi, mais tous ces plans sont plus ou moins subordonnées aux circonstances qui varient d’un moment a I’autre. 9 Januari 1795. Je n’ai aujourd’hui, graces a Dieu, aucune mauvaise nouvelle a vous apprendre. Celles de Mardi dernierétoient exagéréz. II y a eu confusion dans le fait, mais pas de mauvaise volonté. Si les ennemis avoient pu en profiter sur le champ2), I’effet auroit pu être *) Zie boven. 2) Zie den volgenden brief. trés facheux. Heureusement qu’ils ne I’ont pas fait et tout est réparéz a présent. Avec cela le degel continue a force, aussi pour le moment le danger est beaucoup diminuë. Nous attendons a présent avec impatience Tissue d’une attaque qui devoit se faire hier par Tarmée angloise. Si elle réussit, cela pourra faire une heureuse diversion. Ce ne sera que demain que les Princesses arriveront a Soesdyck; un courier de lord Malmesbury arriva presque au moment que j’allois partir, et nous apprit que sur ses instancesles Princesses s’étoient arrêtées a Osnabruck et y attendroient des nouvelles ultérieures de ce Païs-ci et de Tarrivée de leur escadre. Hier au soir arriva un exprès du génëral Bentinck d’Utrecht qui me porta la lettre qu’il venoit de recevoir de lord Malmesbury avec la nouvelle que, tout bien considëré, ce demier avoit jugé qu’il ne pouvoit remettre leur arrivée plus longtems; qu’elles partiroient le 8 pour coucher a Bentheim, le 9 a Deventer et que le 10, vers le soir, elles seroient a Soesdyck. En conséquence je me propose de m’y rendre demain de grand matin, mais je crois que je serai la seule de la familie qui ira, et par cette raison je ne pourrai pas m’absenter longtems. Je me flatte pourtant d’y rester un couple de jours avec elles. Selon ce que mande lord Malmesbury Tinvitation de Soesdyck leur a fait plaisir. De Tescadre on n’a encore aucune nouvelle, ainsi je ne sais quand elles pourront s’embarquer et oü elles resteront jusque-la. Nous envoyons a leur rencontre jusqu’a Voorthuizen deux voitures et Job pour les présenter de notre part. II les accompagnera jusqu’a Soesdyck et les Princesses se serviront des voitures jusqu’a Tendroit oü elles s’embarqueront. Quelque charmés que nous eussions été de les voir a La Haye, dans les conjonctures présentes nous n’avons osé renouveller notre invitation. A tout jamais votre fidéle Maman W. 238. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 9 Januari 1795. Je me trouve en bonne possession de vos lettres du 30 et du 2 Janvier. Je crois que votre songe *) a été un pressentiment de ce *) De brief, waarin prinses Louise verhaalt van haar droom, waarop prins Willem V ook in latere brieven nog bij herhaling terugkomt, is niet aanwezig. qui a pensé arriver cette semaine. Je ne vous ai pas écrit Mardi faute de tems et vais vous mander ce qui est arrivé depuis Vendredi*). Votre frère ainé est revenu de la tournee qu’il a faite, Vendredi au soir. Je I’ai vu Samedi matin et nous avons diné et soupé ensemble chez lui. Ce jour-la nous n’avons pas eu de nouvelles. Dimanche nous sommes alléz tous a I’Eglise Frangoise entendre Mr. Delprat2). On a chanté le Pseaume 146 avant le sermon. Le verset N’ayez jamais assurance En aucun secours humain. C’est une foible assurance Que le bras de I’homme vain. Le jour qu’il expirera En poudre il retournera me frappa si fort que je le fis remarquer a Guillaume. Le jour se passa tranquilement jusqu’au soir que Fritz vint avec la nouvelle que les Anglois avoient abandonné le Wael. Nous eümes le soir I’Ambassadeur d’Angleterre et je ne pus déguiser ma sensibilité de I’abandon d’une frontière aussi importante pour eet Etat. On convint que j’écrirois a Mr. de Walmoden et que le Mercredi il devoit se tenir une conférence a Utrecht entre les généraux des différentes armées et moi. Le dégel vint heureusement le Lundi Hang la matinee et dura jusqu’a hier qu’il a gelé de nouveau mais foiblement. Aujourd’hui il dégèle de plus belle et peut-être serons-nous bientót délivré des glacés. Le Pseaume ne pouvoit pas mieux se vérifier. Les hommes nous abandonnoient Dimanche et le dégel vint nous secourir. Les Anglois ayant abandonnéz Lundi Asperen et Leerdam, Fritz se crut touméz et se replia Mardi avec toutes les troupes des environs de Gorkum sur Schoonhoven, abandonnant I’lsle de Dordt. Heureusement I’ennemi n’en a pas profité et Mercredi tous les postes ont été repris et les Anglois sont revenus a Leerdam. J’ai été témoin de la constemation de tout le monde ici. Mardi on croyoit ici avoir les Frangois au premier jour a La Haye et je ne sais ce que I’on n’auroit pas fait. Je suis resté ici Mercredi et j ai laissé Guillaume aller seul è. Utrecht avec le quartier-mai- ’) 2 Januari 1795. a) Daniël Delprat, 1758—1841, Waalsch predikant te ’s-Gravenhage. tre-gënëral Bentinck. Heureusement que le voyage de la Duchesse et de la princesse de Galles a été retardé, car le départ de votre Mère auroit été le signal de I’émigration pour la moitié de La Haye. Guillaume est revenu hier; on dit qu’il doit y avoir un combat, mais je n’en ai pas de nouvelles assez positives pour vous en mander quelque chose. Les bulletins sont si insignifians que je ne vous les envoye pas. On les donne pour contenter le public. Je vous remercie pour les estampes *) et vers de nouvel an et dès que les almanacs de Gosse seront prêts, je vous les enverrai. Je voudrois que nous fussions aussi bien que I’hiver passé et que nous pussions respirer aux échecs avec Historia. Mais malheureusement on a véritablement maintenant le pied dans le marquouillis. Si I’on s’en tire, c’est un miracle. Je suis avec la plus tendre affection, ma trés chère fille, votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 239. Prins Frederik aan zijn Moeder. Gorkum. 9 Januari 1795. La lettre que vous avez bien voulu m’écrire hier, ma trés chère Mère, m’est trés bien parvenue ce midi et je vous en rends milles graces. Dans le fond je suis bien de I’avis de mon frère qu’il faut rester a La Haye aussi longtems que possible, mais je trouve aussi que cette possibilité a des bomes et qu’au moins il est permis de prendre a tems les précautions nécessaires pour pouvoir partir, dans le demier moment ceci n’étant souvent plus possible, un chacun pensant alors a soi; ce qui fait que I’on ne pourroit pour lors compter sur le secours de ceux sur lesquels on se fie présentement peut-être le plus. Je désirerois certainement infiniment pouvoir venir vous voir soit a Soesdyck soit a Utrecht2), mais dans la conjoncture présente je crois, pour dire la vérité, que cela ne feroit pas un bon effet ici si je m’absentois d’ici. Ainsi il faut bien y renoncer pour cette fois. II m’est impossible d’écrire plus longuement ce soir, ayant encore beaucoup a faire; et c’est pourquoi je l) Nieuwjaarsgeschenk van prinses Louise aan haar Vader. •) Prins Frederik heeft toch wel den 7den Januari de militaire conferentie te Utrecht bijgewoond. finis après vous avoir assurë du trés respectueux attachement avec lequel j’ai I’honneur d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Fr. Pr. d’Orange 1). 240. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter, ’s-Gravenhage. 10 Januari 1795. Me voici encore ici, ma chère Loulou, mon voyage 2) est de nouveau différéz, les Princesses ayant du remettre leur arrivée a Soesdyck. C’est I’Ambassadeur qui est venu me porter cette nouvelle. II revenoit d’Utrecht et avoit passé la veille au Quartier-Général du général Harcourt jusqu’a minuit pour y apprendre les détails d’une affaire trés vive qui avoit eu lieu ce jour-la tout proche de Buuren. Les Anglois marchoient pour I’expédition projettée et ont rencontré les Framjois la oü ils ne les attendoient pas. II est apparent que les Frangois avoient aussi I’intention de les attaquer et vouloient s’emparer de Buuren. L’affaire s’est dabord engagée et a été trés vive. Les Anglois ont fait trois attaques qui ont toutes réussies, mais ils ont perdu beaucoup de monde; deux colonels sont blessés a mort; cependant les Frangois doivent avoir perdu beaucoup plus et ils ont été décidément repoussez de la a une assé grande distance. On croyoit toutefois qu’hier on sebattroit encore et qu’on essayeroit de les rechasser du Wael. Jusqu’a présent nous ignorons, s’il y a eu une seconde affaire, mais dans cette circonstance le général Harcourt n’a pas voulu donner les süretés que lord Malmesbury demandoit pour le passage des Princesses, et lord St. Helens a été obligé de leur dépêcher un courier avant-hier au soir pour les prier de n’aller pas plus loin. Selon toute apparence il les aura trouvées a Delden. Jugé de leur désagréable situation! On dit que la Duchesse est dans de terribles inquiétudes et regrette fort de ne pas être resté a Brunswic, oü elle désire de pouvoir retoumer bientót, mais les nouvelles de I’escadre ne sont pas plus heureuses que les autres. Un courier Anglois, arrivé hier par ‘) Eerst aanwezige brief van prins Frederik aan zijn Moeder sedert dien van 11 Mei 1794; de eerstvolgende is gedagteekend uit Engeland. a) Naar Soestdijk. Scheveling, a dit a I’Ambassadeur, qu’il a vu souper toute la société Mardi a Rochester, oü I’escadre venoit de rentrer a cause des vents contraires. Les Dames étoient extrêmement fatiguées et incomodées du froid. Le prince de Galles étoit venu de Londres sur la nouvelle de leur rentree et avoit soupé avec elles. A jamais, ma chère Loulou, votre fidéle Maman W. 241. Prinses Louise aan haar Vader. Brunswijk. 13 Januari 1795. Les sinistres ëvënemens x) que j’ai appris hier, m’ont entièrement abattue. D’ailleurs je suis encore si peu instruite des détails et des suites que cela augmente mes chagrins. Je crains tout, mon cher Père, je tóche de me préparer a tous les ëvënemens et je crois toujours que I’instant est venu oü enfin il faudra songer a mettre en sürete vos Dames et I’Enfant. C’est ce qui fait aussi que je n’écris pas a Maman, et si elle est encore auprès de vous, veuillez lui en dire la raison en lui offrant mes homages respectueux. L’arrivée de I’estafette du matin qui nous apprit qu’il devoit rebrousser chemin, nous effraya tous. Ce fut pour moi un coup de foudre et vous ne pouvez vous imaginer, mon trés cher Père, combien est vive I’impatience avec laquelle j’attends des nouvelles plus particulières qui, je I’ai bien calculé, ne peuvent m’arriver au plus tót que ce soir. Hélas, mon bon Papa, il faut bien que je révoque en grande partie tous mes beaux sentiments de Vendredi passé2), quoique dans le fond je pense toujours de même. Graces a vos alliés, je vois bien que tout ce qui peut vous sauver c’est de faire la paix pour peu qu’il soit possible que vous en obteniez une raisonnable. On jette beaucoup de pierres a Mr. Brantsen et on dit que, s’il n’étoit pas tombé malade, tous ces nouveaux malheurs ne seroient pas arrivéz; comme si on ne devoit bien plutót les attribuer a la mauvaise foi de I’ennemi et a I’heureuse occasion qu’il a trouvé et dont il a profité avec empressement, ainsi qu’aux fautes suivies de vos amis. II est bien malheureux de dépendre ainsi des *) De terugkeer van de prinses van Wales. 2) Het schrijven op den inhoud waarvan prinses Louise hier doelt, is niet aanwezig. autres, car je suis süre qu’avec 30 mille hommes de vos troupes vous eussiez pu sauver au moins la Province d’Hollande de toute invasion ennemie. Au milieu de mon affliction je suis accablée de fêtes et chacun s’empresse de m’inviter quoique ma triste figure devroit en dëgoüter tout le monde. Hier ce fut le soupé en picnic au Cassino. Je m’ëtois promise assé de plaisir de cette joumée et voila que ces fÉLcheuses nouvelles me I’enlevèrent entièrement. Au moment oü j’entrois dans la salie chacun me paria et cela me fit tout a fait perdre contenance. Lé-dessus vinrent mes compatriotes qui ne savoient rien que fort confusément et qui voulurent que je leur expliquasse tout cela. Je ne fis donc au commencement que pleurer et je me dispensois de la danse que je ne puis supporter quand j’ai un vif chagrin. Je me mis au lieu de cela a faire une partie de Cassino qui me donna le tems de reprendre contenance. Le soupé fut trés magnifique; il n’y avoit que des plats de consistance et on fit un bruit extréme tant on s’amusoit. II n’y avoit que moi et mes compatriotes qui, toujours les larmes aux yeux, n’y prenoient qu’une part trés passagère. Je vis entre autres Heeckeren *) pleurer a chaudes larmes dans un coin de la salie. II me paroit par la lettre de lord Malmesbury, qu’il croit plus sur de renoncer a faire embarquer la Princesse dans la République et qu’il voudroit faire venir I’escadre a Stade. Hélas! si elle étoit a la main, ne pourriez-vous vous en servir au moins pour vos Dames ? En débarquant a Stade, elles pourroient venir me trouver. C’est avec le plus tendre et le plus respectueux attachement que j’ai I’honneur d’être, mon trés cher Père, votre bien humble et trés obéissante Servante et Fille Louise. 242. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 13 Januari 1795. Je crains, mon enfant, que la nouvelle du retour des Princesses è, Osnabruck ne vous aye causé de vives allarmes. II ne m’a pas été possible de vous écrire par le courier Anglois qui partit ce jour- ‘) Willem Hendrik Alexander Carel van Heeckeren van Keil, 1774—1817, hij was in het begin van 1795 uitgeweken. la, et de depuis je n’ai pas eu le coeur de vous envoyer une estafette, n’ayant que de facheuses nouvelles a vous apprendre, car je ne vous cacherai pas que les affaires vont trés mal. La crise n’a jamais été aussi forte et les moyens de nous en tirer aussi foibles. Voila la vérité tout nue. Tirez-en la conséquence et priez Dieu pour nous sans vous laisser aller a I’excès de I’accablement. Mettons notre confiance en Lui. II sait tirer la lumière des ténèbres et Ses voyes sont toujours adorables. S’ll veut nous chatier, c’est sans doute pour notre bien. N’en murmurons pas, ma trés chère Loulou, mais soumettons-nous a Ses volontés et sachons supporter les épreuves qu’ll nous envoie. Votre Père et vos frères se portent bien, graces au Ciel: c’est la seule bonne chose a vous mander. Je vous écris par Wilshausen sans savoir encore, si la poste d’Emmerich pourra partir aujourd’hui. Si elle part, je tkcherai aussi de vous dire encore deux mots par cette occasion. Mes amitiéz a votre mari et aux Stamfords. Je suis mortifiée de la maladie du mari, mais dans ce moment-ci je crois qu’il est trop tard pour qu’il puisse nous aider. Je vous embrasse tendrement et suis a la vie et a la mort votre fidéle Maman W. Met citroensap. La retraite des Anglois sur I’Overissel et la gelée nous cassant le col, bientót il ne restera qu’a mendier une paix avilissante, perfide et incertaine ou de partir. Mon choix est fait et j ’espère qu’il sera suivi. C’est par Le Helder que nous partirons. Heureusement le port est ouvert actuellement; le vent décidera de quel cóté nous irons. L’intention est dans un port d’Allemagne et de la selon toute apparence dans vos bras, ma bonne Loulou; mais motus s’il vous plait sur tout ce plan; rien n’en doit transpirer. Son succès en dépend. Quand il aura lieu, c’est ce que j’ignore encore, mais il peut être trés prochain. Si le vent nous chasse en Angleterre, ce n’est que différéz. Nous viendrons également après cela chez vous, car nous ne pouvons nous fixer dans ce Païs-la. Que Dieu vous bënisse et vous soutienne, ma bonne enfant. La poste d’aujourd’hui me porte de nouveau la certitude que de Berlin on ne veut rien faire pour nous sauver. 243. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 13 Januari 1795. Celle-ci est peut-être la demière que vous recevrez de moi de ce Païs, car je crois que nous serons obligës d’en partir, vu la gelee qui revient et la conduite de I’armée Angloise commandée par le général de Walmoden. Nous sommes abandonnéz. Je crois de la faijon dont cela va, qu’entre ici et demain les ennemis pourront être a Utrecht. Dieu sgait si cette lettre ne tombera pas entre leurs mains. J’ai fait ce que j’ai pu pour sauver ma Patrie, mais je ne puis pas le faire seul. Vos frères et moi nous avons fait ce que nous avons pu, mais nous avons été bien mal secondés. Je ne puis dëguiser qu’il est facheux que le Duc n’aye pas voulu avoir la bonté de venir ici au mois d’Octobre. Je crois que la perte de Nimègue et peut-être les événemens qui en ont été la suite auroient pu être prévenus. Mais ce qui est fait est fait et ne peut plus se racomoder. Mes complimens a votre Epoux, a Mr. et Md. de Stamford et aux autres personnes de ma connoissance. Le voyage de la nouvelle princesse de Galles a été bien malheureux. Dieu veuille vous conserver et vous bénir et vous rendre heureuse. Je ne vois plus guères de moyens de sauver ce Pais; cependant mon devoir est de m’en occuper tant que j’existe, et c’est ce que je vais faire. Je vous prie d’être persuadée que dans quelque situatiën que je soye, vous aurez toujours en moi un sincère ami et que ce sera toujours avec la plus tendre affection que je serai tant que je vivxai, ma trés chère fille, votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 244. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 15 Januari 1795. C’est dans un cruel moment, ma toute chère Loulou, que je vous écris ces lignes. II est décidé que nous partons, Mimi, le pauvre Enfant et moi. Comme il est trop dangereux de prendre le chemin par terre, les ennemis étant selon toute apparence dans ce moment a Utrecht et I’armée retiréz vers I’Overissel depuis la nuit passée, on ne peut plus y songer. Avec cela les ports sont fer- més par les glaipons, car la gelée a recommencée de plus belle depuis deux jours. C’est donc en pinkje que nous partons demain de grand matin et nous nous rendrons en Zélande ou en Angleterre selon le vent. II ne nous reste plus que ce parti a prendre. Votre Père et vos frères nous suivront bientót, s’il plait a Dieu! C’est I’intention et 11 ne leur reste plus d’autre ressource. Quoique pour le moment nous tirons du coté de I’Angleterre, ce n’est nullement notre intention d’y rester. Dès qu’il y aura moyen, nous venons certainement chez vous. En attendant préparez-nous une maison et voyez les arrangemens que vous pourrez prendre avec toute I’économie possible. Je me flatte que eet arrangement ne déplaira pas au Duc. Je compte sur son amitié pour nous. II n’a pas voulu nous sauver -ou n’a pas pu du moins nous accordera-t-il une retraite, j’en suis süre. Papa, vos frères et Mimi vous embrassent et moi, ma bonne Loulou, je vous serre contre mon coeur avec un sentiment difficile è. rendre. Que Dieu vous bénisse! Dès que je le pourrois, je vous donnerois de nos nouvelles, ma bonne et chère Loulou, et quoiqu’il arrivé, je suis votre fidéle et tendre Maman W. 245. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s Gravenhage. 17 Januari 1795. Dieu sgait, si cette lettre vous parviendra, puisque par la retraite de Mr. de Walmoden en Overysel la Province d’Utrecht et le Quartier De Veluwe est ouvert aux Francjois. Ainsi je ne vous donne qu’un signe de vie. J’ignore quand je pourrai écrire de nouveau librement. Recevez ma bénëdiction et les voeux que je fais pour qu’il plaise au Tout-Puissant de vous conserver avec votre Epoux. Faites mes complimens a votre Epoux et a tous ceux a qui vous les faites ordinairement de ma part et soyez assurée de la tendre affection de votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. Zondag, 18 Januari, des morgens om negen uur, vertrokken de Prinsessen met den kleinen Guïllot om onmiddellijk na haar inscheping weg te zeilen. De Staten van Holland besloten dienzelfden Zondag, 18 Januari, den vijand een deputatie tegemoet te zenden met verzoek om een wapenstilstand en als die mocht worden geweigerd, de Franschen ongehinderd de Provincie te laten binnen dringen, in de hoop, dat deze dan de bestaande Regeering zouden eerbiedigen. Prins Willem V ontbood daarop de leden der Provinciale en Algemeene Staten met die zijner hofhouding en de vreemde gezanten in de groote balzaal van het Nieuwe Hof. Met naast zich zijne beide zonen, die hij in alle vormen van hun bevel over de Staatsche troepen eervol had ontslagen, verklaarde hij thans heen te gaan, „wil„lende geen obstakel wezen aan den vrede, die voor de „goede ingezetenen noodig was”. Noch zijnerzijds noch van de zijde der Staten, die zijn besluit zwijgend billijkten, was daarbij sprake van ontslag uit ’s Prinsen hooge waardigheden als Erfstadhouder en Kapitein-Generaal der Republiek. Onmiddellijk daarop reed de Prins af naar Scheveningen, om zich met zijn beide zonen in te schepen op de voor hem zeilklaar liggende visscherspink. Toch duurde het nog tot middernacht, eer hij bevel gaf in zee te steken. Toen was het ook de hoogste tijd. De eerste Franschen waren dien avond reeds verschenen in Den Haag. 246. Prins Willem V aan zijn Dochter. Harwich. 20 Januari 1795. Depuis ma demière de Samedi demier *) voila bien des nouvelles. Votre rêve du 30 s’est accompli entièrement2). Votre Mère, votre Belle-Soeur et Ie Petit sont parti Dimanche matin en pinkje. J ai fait le même trajet Dimanche au soir avec vos deux frères. Votre Mère et sa société sont arrivéz a Yarmouth hier. Je suis arrivé ce matin a Harwich, d’oü je vous écris. 3) ') Zie brief No. 245. *) Zie noot 1 bij pag. 232. ) Weggelaten de opsomming der leden van het gevolg. Naber, Correspondentie II 16» J’ai envoyé Guülaume a Yarmouth pour chercher votre Mère et l’emmener demain a Colchester, oü je crois que nous resterons provisionellement. La Province d’Utrecht a capitulé Vendredi dernier et la Hollande Dimanche. Je suis resté jusqu’a ce qu’on m’a demandé un officier et un trompette pour précéder la députation qui alloit capituler. C’étoit Mr. de Kyfhoek x) et Calkoen 2). Je suis décampé tout de suite et je suis parti en voiture. Je n’ai pas été Dimanche a I’église. Hier j’ai passé toute la journée sur la paille dans un Pink, vos deux frères couchéz de même dans la même chambre ou trou, car c’est plutót un trou qu’une chambre oü je viens de passer 40 heures. J’ai été fort aise d’avoir débarqué. Si je revois jamais ma Patrie, je I’ignore, mais je ne cesserai jamais de I’aimer, quoi qu’il arrivé, et je prierai toujours Dieu pour sa prospérité. C’est tout ce que je puis faire pour elle. Mes complimens a votre mari, au Duc, aux Duchesses. Si le Duc étoit venu a tems en Hollande, je ne serois vraisemblablement pas en Angleterre. Faites mes complimens a Mr. de Stamford et aux autres personnes de ma connoissance et soyez assurée de la tendre affection avec laquelle je suis pour la vie, ma trés chère fille, votre trés affectionné et tout dévoué Père G. Pr. d’Orange. i) Dirk, baron van Boetzelaer, heer van Kijfhoek, 1746—1819. 2) Mr. Nicolaas Calkoen, 1753—1827, oud-schepen van Amsterdam, Ud van den Raad van State, welk College op zijn voorstel den 20en Oct. 1794 den Staten-Generaal had verklaard, zich te stellen buiten verantwoordelijkheid voor het voortzetten van den oorlog. INVENTARIS DER BEWERKTE ARCHIVALIA I. Brieven van prins Willem V aan: A. prinses Wilhelmina, onder Inv. Nr. 424, één brief in dato 30 Juni 1787; onder Inv. Nr. 153, één brief in dato 30 Juni 1789; voorts een reeks van dagelijksche brieven, loopende van 22 April 1794 tot 2 Mei 1794; B. prinses Louise, onder Inv. Nr. 156, een waarschijnlijk (daar de brieven niet zijn genummerd, is het niet met zekerheid te zeggen) compleete reeks, loopende van 29 Juni 1787 tot 20 Januari 1795 en bestaande, na het vertrek der Prinses naar Brunswijk, uit geregeld één brief, in oorlogstijd twee, vaak drie brieven per week; C. den Erfprins; van de aan dezen gerichte brieven is van vóór de ballingschap niets bewaard gebleven; de serie onder Inv. Nr. 154 begint pas te loopen met het jaar 1796; D. prins Frederik; daarvan is niets aanwezig. 11. Brieven van prinses Wilhelmina aan: A. prins Willem V, onder Inv. Nr. 424, één brief in dato 30 Juni 1787; dan onder Inv. Nr. 400 A., een vrij wel compleete reeks van nagenoeg dagelijksche brieven en briefjes, loopende van 24 Mei 1790 tot 29 September 1792; B. prinses Louise, onder Inv. Nr. 4008., een waarschijnlijk compleete reeks, loopende van 7 Juni 1777 tot 16 Januari 1795, en bestaande na het huwelijk der Prinses uit vaak dagelijksche, maar gemiddeld twee brieven per week; C. den Erfprins, daarvan is van vdór de ballingschap niets aan wezig; de reeks onder Inv. Nr. 400 C. begint pas te loopen in 1795; F D. prins Frederik, onder Inv. Nr. 400D., van 9 April 1790 tot 31 December 1790 vrij wel wekelijks een brief; in 1791 twee brieven; in 1792 geene; in 1793 en 1794, als de Prins van huis was, gemiddeld twee brieven per week. 111. Brieven van prinses Louise aan: A. prins Willem V, onder Inv. Nr. 490, van 10 Juni 1787 tot 31 December 1792 de vrij wel compleete reeks van na haar huwelijk geregeld wekelijksche brieven; over 1793 en 1794 is niets aanwezig; van begin 1795 drie brieven; B. prinses Wilhelmina, onder Inv. Nr. 491, een waarschijnlijk compleete reeks van na haar huwelijk geregeld wekelijksche, Naber, Correspondentie II 16 vaak dagelijksche brieven, loopende van 30 Maart 1786 tot 31 November 1793; over 1794 zijn slechts twee brieven bewaard gebleven; van Januari 1795 is niets aanwezig. IV. Brieven van den Erfprins aan: A. prins Wilena V, onder Inv. Nr. 91, een zeer fragmentarische reeks, beginnende 6 September 1780 en loopende tot 31 December 1794; over 1795 begint de reeks pas te loopen met 1 September; voor zoover deze brieven, als zijnde gericht aan den militairen chef, van overwegend technisch militairen aard zijn, is er geen gebruik van gemaakt; B. prinses Wilhelmina, onder Inv. Nr. 92, een misschien wel compleete reeks, loopende van 11 October 1788 tot 18 Mei 1794; over begin 1795 niets. V. Brieven van prins Frederik aan: A. prins Willem V, onder Inv. Nr. 538, een nagenoeg compleete reeks, beginnende 19 April 1781 en loopende tot 15 Januari 1795; voor zoo ver deze brieven, als gericht aan den militairen chef, van technisch militairen aard zijn, is er geen gebruik van gemaakt; B. prinses Wilhelmina, onder Inv. Nr. 539, een reeks, die begint 27 Februari 1793 en loopt tot 11 Mei 1794; dan één brief in dato 9 Januari 1795. VI. Brieven van prinses Louise en haar jongsten broeder aan elkander: om het karakteristieke verschil in toon van de correspondentie van ouders en kinderen met die van broeder en zuster is ook nog eenig gebruik gemaakt van de briefwisseling tusschen prinses Louise en prins Frederik; zie Inv. Nrs. 493 en 540. LIJST DER BRIEVEN Prins Willem V aan Prinses Wilhelmina, I (1787) nos. 13. (1789) 27; II (1794) 175, 177. „ zijn dochter, I (1787) nos. 9. (1789) 26, 28. (1990) 54, 59. (1791) 81, 89. (1792) 101. (1793) 106; II 119, 128, 133, 138, 141, 145, 147, 149, 152, 154, 159. (1794) 181, 183, 186, 188, 190, 193, 195, 198, 201, 205, 207, 209, 212, 214, 216, 219, 226, 230, (1795) 236, 238, 243, 245, 246. Prinses Wilheltnina aan Prins Willem V, I (1787) nos. 12, (1790) 35, 37. (1791) 86. (1792) 99. „ haar dochter, I (1777) nos. 1. (1782) 3. (1786) 6. (1787) 22. (1789) 24. (1790) 41, 43, 46, 48, 49, 51, 53, 56, 58, 61, 64, 67. (1791) 68, 70, 72, 74, 76, 78, 80, 83, 85, 87. (1792) 94, 95, 97, 100, 103, 104. (1793) 107, 109, 112; II 117, 127, 131, 140, 143, 146, 153, 157, 161, 163, 165. (1794) 182, 184, 187, 189, 192, 196, 199, 202, 204, 206, 211, 221, 223, 225, 228, 231, 233. (1795) 235, 237, 240, 242, 244. „ Prins Frederik, (1790) nos. 29, 31, 34, 39, 42, 45. (1790) 62; II (1793) 114, 116, 118, 122, 124, 132, 142, 151, 156, 160, (1794) 167, 169, 171, 173, 178, 180, 185, 191, 194, 197, 200, 203, 208, 217, 220, 227, 229, 232, 234. „ haar kinderen. I (1787) no. 10. Prinses Louise aan haar vader, I (1790) nos. 36, 38, 57, 63. (1791) 75. (1792) 96, 102; II (1795) 241. „ baarmoeder, I (1790) nos. 47, 50, 60, 65, 66, (1791) 69. 71, 73, 77, 79, 82, 84, (1792) 93, 98, 105. (1793) 108, 113; II 126, 129, 144. „ haar ouders, I (1790) nos. 52. 55. (1791) 88. „ Prins Frederik I (1790) nos. 30,33,40, 44; II (1793) 155. (1794) 170, 210, 215, 222, 224. De Erfprins aan zijn vader, I (1777) nos. 2. (1785) 4. (1787) 8, 14, 16. 18. (1788) 19, 21, 23, 25 (1790) 32. (1791) 90. zijn moeder. I (1788) nos. 20. (1792) 91. (1793) 110, 111; 11120, 123,130,135, 136, 148, 162, 164. Prins Frederik aan zijn vader, I (1785) no. 5. (1787) 7, 11, 15, 17. (1792) 92. „ zijn moeder, II (1793) nos. 115, 121, 125, 134, 137, 139, 150, 158, (1794) 166, 168, 172, 174, 176, 179.(1795) 239. „ Prinses Louise. II (1794) nos. 213, 218. NAAMREGISTER A. Abercrombie, sir Ralph, 11. 163. Ablaing van Giessenburg, J. W. graaf d’, I. 97. Ablaing van Giessenburg, geb. Coteret, gravin d’, I. 97. Affry, Louis Auguste marquxs d’, I. 184. Agrim, Cornelia Adriana Munter lady, 11. 81, 82, 91. Agrim, Frederik Wdlem lord, 11. 81. 91. Albemarle, Arnold Joost Keppel lord, I. 91, 128. Albemarle, William Charles Keppel lord, I. 91. Alexandre, Mlle, actrice, I. 40. Ali, hond, I. 127. Alvinczy, Joseph von. Oost. gen., 11. 208. Amershoff, I. 138, 11. 75. Andres, hofmeester, I. 192, 237. Angoulême, hertog van, 11. 161, 165, 187. Artois, graaf van, 11. 160, 165, 187—189. Ary, bode, I. 79, 80, 81, 86. Assars, chevalier d’, I. 18. Assumburg, Mr. Andries Adolphe Deutz van Assendelft en, 11. 214. Athlone, geb. bar. van Tuyll van Serooskerken, Anna Elisabeth lady, 11. 81, 187. Athlone, Frederik Christiaan Reindert lord, 11. 82. Auckland, geb. Elliot, Eleanor lady. I. 53, 86, 138, 157, 11. 47, 49. Auckland, William Eden lord, I. 50, 51, 91, 100, 107, 109, 116, 124, 133, 154, 158, 159, 160, 179 204, 206, 228, 232, 11. 55, 56, 70. Auroc, Mlle, actrice, I. 130. Averhoult, Jan Anthony d', I. 189. Aylva, geb. Van Brakel, Carolina bar. van, I. 100. Aylva, Hans Willem bar. van, I. 100, 11. 55, 56, 109, 142. B. Balnéavis, Henry, 11. 199. Barrère de Vieuzac, Bertrand, 11. 154, 173. Barrière, de la, 11. 40. Bartels, Ds. August Christian, 1. 86. Basmeyer, maj., 11. 211. Bayard, Pierre du Terrail seigneur de, 11. 101. Beaulieu, Franfois Johan Peter graaf van, I. 181, 227, 11. 76, 82, 84, 87, 116, 121, 131, 159. Beaumarchais, Pierre Augustin Caron de, I. 85, 106, 198. Bécourt, trommelslager, I. 132. Bedaulx, Johan Hendrik, 11. 27. Bellegarde, Antoine Dubois, 11. 201, 217. Bender, Oost. gen., I. 118. Bentinck, Carel Godfried Alexander graaf van, I. 13. Bentinck, Hendrik graaf van, 11. 17, 34, 75. 84, 137, 224. Bentinck, Jean Charles graaf van, 11. 187. Bentinck, Johanna Helena van Reede-Ginkel gravin van, 11. 187. Bentinck, Volkier Ru dolf graaf van, I. 230, 11. 18, 30, 150, 153. Bentinck Rhoon, Willem Gustaaf Frederik graaf van, 11. 43, 70, 150, 153, 167. Bentinck van Schoonbeten, Volkier Rudolf graaf van, 11. 3, 42, 94, 113, 129, 153, 156, 157, 158, 184, 186, 199, 232, 234. Bentinck, Wolter Jan graaf van, I. 2. Berckel, Mr. Engelbert Fran9ois van, 11. 60. Berckenrode, Lestevenon van, I. 186, 193. Bierman, ontvanger, I. 15. Bigot, 11. 179, 180. Billaud Varenne, Nicolas, 11. 154. Bischofswerder, Johan Rudolf von, I. 224. Bischofswerder, geb. de Pinto, Md., 11. 24. Blair, Hugh, I. 53, 58. Blanchard, luchtschipper, I. 22. Bleiswyk, Pieter van, I. 12. Boas, bankier, I. 204. Boetzelaer, Karei baron van den, 11. 7, 25, 27, 31, 33, 35, 50, 228. Boeyinck, secretaris, 11. 5,6, 157. Bois, L. du, 11. 165. Bonnard, Jeannette Wilhelmina, kamervrouw, I. 136. Bonnouvrier, modiste, I. 155, 210, 11. 205. Bons, Andreas de, gen., 11. 184, 226, 229. Borch, Van der, drost, 11. 62. Borch, Md. Van der, 11. 155. Borch, Md. ter, 11. 165. Bose, Adolphe Ludwig Christoph von, 11. 81, 91. Bouillé, Franjois Claude Amour marquis de, I. 163. Bournonville, Fr. gen., I. 227. Boutet dit Monvel, J. W., dramaturg, I. 106, 158. Boyer, la, kamervrouw, I. 136. Boyer jr., secretaris, I. 130. Boyer sr., secretaris, I. 150, 153, 230. Braam, Aegidius van, kapt. t. z., 11. 69. Braat, baljuw, 1. 14. Brandenburg, graven en gravinnen van, I. 223. Brantsen, Mr. Gerard, 11. 213, 216, 218, 220, 223, 225—227, 229, 236. Brantsenburg, van, I. 45. Breugel, Casper van, 11. 196, 217. Brinckhorst, Statenlid, 11. 199. Bruckman, Urban Friedrich Benedict, arts, I. 225. Brunswijk, Augusta van Cornwallis, hertogin van, 72. 83, 86, 96, 112—114, 140, 175, 185, 223, 11. 71, 143, 163, 230, 231, 232, 235. Brunswijk, Augusta Dorothea van, I. 113, 220. Brunswijk, Carolina Maria Elisabeth van, I. 83, 85, 86, 96, 114, 139, 146, 194, 224, 225, 11. 161, 162, 175, 197, 205, 208, 209, 210, 212, 219, 220, 223, 227, 230—232, 235, 237. Brunswijk, Charlotte van Pruisen, hertogin-weduwe van, I. 72, 83, 85, 86, 89, 233, 11. 52. 208, 212, 219, 223. Brunswijk, Elizabeth van, I. 146. Brunswijk, Ferdinand hertog van, I. 21, 83, 11. 161. Brunswijk Oels, Frederik August hertog van, I. 224, 231, 234, 237, 11. 6,8, 15. 18, 26, 30, 32 36, 39, 51, 53. Brunswijk, Frederika Louise Wilhelmina van Oranje erfprinses van, I. 1, passim. Brunswijk, Karei George August erfprins van, I. 30, passim. Brunswijk, Karei Willem Ferdinand reg. hertog van, I. 18, 21, 30, 31, 32, 33, 44, 72, 90, 92, 101—103, 107, 110, 113, 114, 120, 126, 127, 130, 140, 144, 148, 149, 164, 173, 174, 185, 186, 197, 198, 200, 203, 206, 216, 220, 223, 224, 225, 226, 234, 235, 236, 240, 246, 11. 23, 24, 29, 30, 36. 71, 90. 95, 102, 103, 105, 144, 163, 169, 176, 177, 179, 181, 183—186, 188, 189, 191, 192, 193. 194, 196, 201, 204, 207, 212, 215, 240, 242. Brunswijk, Willem prins van, I. 215, 11. 29, 215. Busche, Georg Wilhelm von, Pr. gen., 11. 189, 211. Byland, Alexander graaf van, 11. 10, 14, 27, 61, 62. Byland, Carel Adam graaf van, I. 161. Byland, Carel Godfried Alexander graaf van, 22, 23, 24. Byland, Frederik graaf van, 11. 157. Byland, Frederik Sigismund graaf van, kapt.t.z. 11. 141. Byland, Lodewyk graaf van, I. 3. Byland, Otto Willem Hendrik graaf van, 11. 8. Byou, hond, I. 127. c. Cagliostro, Giuseppo Balsamo gen., I. 188. Calkoen, Mr. Nicolaas, 11. 242. Callitscheff, gezant, I. 124, 11. 101 Calonne, Henri Alexandre, I. 116. Cambridge, Adolf hertog van, 11. 148. Cambyse, Fr. off., I. 212. Capellen van Schonauen, Mr. van, I. 97. Capellen, Alexander Philips van de, I. 20. Capellen van de Marsch, Robert Jasper van der, 11. 60. Capellen van de Poll, Johan Derk van der, 11. 61. Carnbée, Pieter Melvill bar. van, 11. 7, 74, 180. Carnot, Nicolaas, 11. 75. Cartouche, I. 189, 11. 42. Casse, du, koerier, 11. 230. Catharina 11, I. 138, 11. 63, 214. Chappuis, Fr. gen., 11. 113. Chauvelin, Franijois Bernard marquis de, I. 228, 230. Chénier.Marie Joseph, dramaturg, I. 163. Cideron, I. 130. Cifolleli, acteur, I. 222. Clerfait, Karei graaf van, Oost. gen., I. 198, 202. 210, 227, 231, 234, 235, 11. 107, 113, 115, 117, 118, 125, 127, 128, 140, 167, 168, 172, 173, 174, 177, 188. Coburg, Josias vorst van Saksen-, I. 235, 240, 11. 14, 18, 26, 30. 31, 37, 39. 45, 48, 50, 51, 72, 82. 84, 90, 93, 94, 96, 104, 107, 110, 112, 114, 122, 130, 131, 132, 139, 141, 145, 149, 153, 155. Coehoorn, Menno van, I. 197. Coloredo Mansfeld, Hieronyrruis II graaf van, 1. 223. Colizi, Jean, I. 88, 98, 130, 11.92. Collot d’Herbois, Jean Marie, 11. 154, 173. Condé, Louis Joseph de Bourbon, prins van, I. 158, 183. Condillac, Etienne Bonnot de, I. 104. Condorcet, Jean Antoine Nicolas marquis de, I. 213. Constant, Md., I. 114. Constant de Rebecque, Henri Benjamin, I. 44, 83. Constant de Rebecque, Willem Anne bar. van, 11. 184, 211,212. Constant de Rebecque, Francina Godardina Constantia van Lynden, bar. van, 212. Corday d'Armont, Marie Anne Charlotte, 11. 70. Corneille, Pierre, 11. 175. Couthon, Georges, 11. 173. Coxe, William, I. 125. Craigg, sir James Henry, 11. 182, 188. Croye, prins van, 11. 12. Cussi, Ds., I. 122, 123. Custine, Adam Philippe graaf van, I. 199, 200, 201, 206, 215, 11. 22, 24, 60. D. Dal wig, Georg Ludwig, Pr. gen., 11. 170. Danckelman, Sophia van, I. 4, 11, 15, 49, 98. Delprat, Ds. Daniël, 11. 233. Demons, acteur, I. 98, 130 131. Diderot, Denis, I. 176. Diedfort, Md. de. I. 225. Diest, Machteld van, I. 157. Dönhoff, gravin van, I. 223. Doorn, Van, 11. 38. Dreven, I. 177, 11. 17, 74, 79, 85. Dumail, Mr. en Md., I. 40, 106, 109, 111. Dumoulin, C. D., I. 157, 179, 234 11. 2,5, 9, 15 17, 19,36, 137. Dumouriez Charles Franfois, I. 179, 195, 197, 198, 201, 206, 210, 211, 212, 214, 215, 218, 237, 238, 11. 22, 26, 30, 34, 39, 40, 56, 129. Dundas, sir David, 11. 229. Dundas, Henry, 11. 182. Dupont, 11. 5. Duport, Jean Louis, 11. 103. Duruissel, acteur, I. 222. Dusivier, la, actrice. I. 40, 41. Duyn, Susanna Jacoba Josina van Byland gravin Van der, I. 154. Duyn, Willem Hendrik graaf Van der, I. 154, 11. 141, 149, 152, 155, 160. E. Eberstein, Belg. gen., I. 67. Ebert, Johan Jacob, I, 24. Eikemeyer, Rudolf, 11. 23. Elgin, Thomas Bruce 7th earl of, I. 207. Elliott, Edward lord, 11. 186. Eminckson, I. 163. Engeland, Charlotte Sophia van Mecklenburg-Strelitz koningin van. I. 35, 124, 240. Engeland, George 111, koning van, I. 35, 54, 232, 240, 11. 10, 200. Enke, I. 223. Erskine, sir William, 11. 178. Eschauzier, Ds. Samuel, I. 207, 11. 56. Escury, d’, 11. 62. Estorff, Sophia bar. van, 11. 68. Euler, I. 10, 122. Eustache, Fr. off. I. 212. F. Fagel, Fransois Willem, I. 2. Fagel, Hendrik, griffier, I. 12, 16, 51, 67, 11. 129, 167, 183, 186, 194, 201, 207. Fagel, Willem Jacob Hendrik, 11. 14, 18, 80. Fagel, Robert, 11. 80. Fischer, Ludwig, 11. 139. Fischer von Ehrenbach, Wilhelm, 11. 87. Fite, Ds. Daniël de la, I. 88. Fite, Marie Elizabeth Bouée, Md de la, I. 80, 105. Flaxman, John, I. 59. Folange, acteur, I. 55. Force, 11. 38. Frankrijk, dauphin van, zie Bodewijk XVII. Frankrijk, Lodewijk XVI koning van, I. 162, 163, 164, 165, 166, 173, 180—184, 200, 214, 216, 218. 222 227 228, 229, 230, 11. 194. Frankrijk, Bodewijk XVIII koning van, zie Provence. Frankrijk, Lodewijk XVII, konmg van, I. 63, 163, 11. 39, 71. Frankrijk, Marie Antoinette koningin van, I. 63, 139, 162 164, 166, 180, 11. 92. Freytag, Wilhelm von, Han. gen. I. 240, 241, 11. 10, 80. Frieswyck, Ds. van, 1. 120. G. Galitzin, Adelheid von Schmettau prinses van, I. 176, 177. Garnowitz, I. 98. Gautier, I’abbé Aloisius Edouard Camille, paedagoog, I. 59, Gautier, Nicolas, dansleeraar, I. 96, 106, 11. 127. Geelvinck, Mr. Nicolaas, 11. 29. Gellius, Ds. F. J., I. 53, 58. Genlis, Stéphanie Félicité Ducrest de St. Aubin gravin de, I. 104. Genoux, chirurg, 11, 66. Gernevalde, dramaturg, I. 88. Geusau, Carel bar. van, II 157 211. Gibel, lakei, 11. 130. Gloucester, Willem Frederik hertog van Edinburg en, 11. 220. Godevaart IV, I. 157. Goes, Van der, 11, 84, 85. Golofkin, Gabriel R. graaf van, I. 10, 94, 100, 156, 222, 11. 50 136, 167. Goltz, Frederik Adriaan graaf van der. 11. 49, 123. Goltz, Isabella Augusta de Perponcher Sedlnitzky gravin van der, 11. 49. Gosse, Etienne, dramaturg, I. 89. Gosse, Pierre, journalist, I. 39, 158, 159, 193, 219, 11. 143, 234. Goethe, Johan Wolfgang von, I. 187, 188. Graeff, Van der, 11, 188. Grétry, A. E. M., componist. I. 92. X, 7^, Groeneveld, Ds. Jacobus, 11. 229. Groot, Hugo de, I. 134. Gross, le, kastelein, I. 88. Gross de May, A. G. van, 11. 184. Guicherit, Ds., I. 10, 50, 122, 123, 11. 230. Guicherit, Mlle de, I. 157, 227. Guicherit, Mr. W. S. de, 11. 109. Guillot, I. 213, 214, 216, 217, 218, 226, 227, 230, 11. 17, 26, 27, 28, 50, 52, 73, 74, 79, 90, 92, 106, 119, 120, 126, 127, 139, 142, 145, 148, 149, 151, 158, 159, 162, 164, 183, 187, 190, 197, 199, 203, 209, 230, 236, 239, 240, 241. H. Haacke,Van, gen, maj.ll. 198, 228. Haag, J. Ph. Chr., I. 129. 131,210. Hacke, Ds. Conrad, 11. 229. Hagen, I. 205. Haléry, d’, I. 40. Hamilton, sir William, 11. 54. Hamilton, Amy Lyon (Emma Hart) lady, 11. 54. Hammerstein, Rudolf George Wilhelm von, 11. 188, 189. Harant, acteur, I. 109. Harcourt, William 3d. earl of, 11. 178, 208, 212, 217, 231, 235. Hardenberg, Karei August vorst van, I. 241. Haren, Willem Anne bar. van, 11. 179. Haringman, Jan Schreuder, 11. 69. Harteveld, Mlle de, I. 113, 123, 149, 151, 220, 223, 225. Hartsinck, Andries, I. 2, 3. Hasselaar, Anna Maria, 11. 201. Haugwitz, Christiaan Heinrich Kurt graaf von, 11. 102, 105, 116, 125, 139. Heeckeren van Enghuizen, Henriette Johanna Suzanna van Nassau Lalecq gravin van, 11. 192. Heeckeren van Enghuizen, Evert Frederik graaf van, 11. 192. Heeckeren van Keil, Jacob Derk Carel bar. van, I. 159, 11. 237. Heeckeren van Waliën, Walraven Robert Evert bar. van, 11. 156, 157, 187. Heeckeren van Wiersse, bar. van, 11. 157, 187. Heiden-Reinestein, Sigismund Peter Alexander graaf van, I. 97, 130, 141, 161, 11. 3. Heiden-Reinestein, Maria Frederika van Reede gravin van, I. 97, 121, 141, 144, 153. Heiden-Reinestein, Wilhelmina gravin van, I. 90, 97, 102, 126, 144. Zie verder Stamford-Heiden. Heilbron, Dr., I. 122. Heilmeyer, col., 11. 211. Heim, Jacob van der, 11. 168. Heinenoort, Mlle de, I. 40. Helens, Alleyne Fitzherbert baron St„ 11. 116, 126, 128, 161, 201, 208, 216, 220, 222, 231, 233, 235. Hemsterhuis, Frans, I. 176. Hentzy, I. 116, 121. Hessen, la, kamervrouw, I. 207. Hessen Darmstadt, Christiaan Lodewijk vorst van, 11. 49, 156, 222, 224, 228. Hessen Darmstadt, George Karei, vorst van, I. 194. Hessen Kassei, Frederik, landgraaf van, I. 157, 159, 212, 218, 11. 18, 27, 50, 174, 194, 199. Hessen Philipsthal, Willem landgraaf van, I. 13, 11. 156, 180, 183. Hoen, Pieter ’t, I. 36. Hofstede, prof. Petrus, I. 88. Hogendorp, Gysbert Karei van, 11. 15, 30, 150, 167. Hogguer, J. W. baron van, I. 138. Hohenlohe, Joachim prins van, I. 182, 183, 202. Hollard, Victoire, I. 7,8, 64, 87, 106, 139, 140, 143, 11. 120. Hompesch, Charlotte L. W. H. gravin van, I. 10, 55, 136, 137, 142, 11. 42, 44. 87. Hooft, I. 159. Hoop, Johan Cornelis van der, I. 4, 171. Hoop, Van der, I. 189. Hoop, Van Marle van der, I. 15. Hop, Mr. Hendrik, I. 158, 16z., 181, 183, 186, 189, 201, 207, 11. 111, 129, 133, 136. Hope, Arcbibald, I. 5, 48. 11. 69. Hordt, Johan Ludwig von, I. 22. Horrix, I. 238. Houchard, Jean Nicolas, 11. 71, 78, 82. Howe, Richard earl, 11. 126. Hyacinthe, acteur, I. 40. J- Job, ritmeester, I. 58, 11. 119, 232 Josse, acteur, 1. 130, 131. Jourdan, Jean Baptiste graaf, 11. 120, 127, 129, 132. Jünger, J. F., I. 132. K. Kalckstein, Ludwig Karl von, I. 200, 220. Kalitscheff, zie Callitschef. Kaunitz, vorst van. Oost. gen. 11. 122. Keerman, J. 8., 11. 40. Keiler, Dorotheus Ludwig Christoph graaf van, I. 55, 91, 124, 11. 7, 19, 30 73 Keiler Witgenstein, gravin van, I 55, 11. 19, 49. Kempenaer, R. C. van Andringa de. I. 5. Kespen, gen., 11. 172. Kinkel, Hendrik August baron van, 11. 4. 136, 138. Kinsbergen, Jan Hendrik van, I. 2,4, 46, 48, 11. 5,9, 11, 13, 26, 31, 68, 137, 156, 220. Kist, Ds. Ewaldus, 11. 192. Kluit, prof. Adriaan, I. 60, 169. Knell, kamerdienaar, I. 137. Knoch, gen., I. 234, 11. 3,9, 75. Knobelsdorff, Alexander Friedrich, Pr. gen., 11. 57, 59. Koerland, Catharina Wilhelmina Bénigne prinses van, 11. 63. Kolthoff, 11. 33, König, I. 109. Koszinsko, Thadeus, 11. 166. Kotzebue, A. F. F., I. 45. Krieger, Ds. Willem Leendert, I 227. Kropff, J. M. baron van, 11. 38. Kyfhoek, Dirk baron van Boetzelaer heer van, 11. 242. L. Lacombe, Jean Pierre de, 11. 201 227. Laen, Statenlid, 11. 199. Lafayette, Marie Joseph Paul Roch Yves Gilbert Motier, markies van, I. 185, 11. 40. Lake, Gerard, 11, 26. Lameth, Alexander Theodoor Victor graaf van, I. 185. Langenheuvel, J„ I. 97. Lannoy, J. O. J., I, 15. La Pierre, I. 230. Larrey, Thomas Isaac baron de, I. 36, 134, 156, 158, 159, 221, 11. 63, 151, 187. Larrey, de, gen., I. 161. Lejart, I. 180. Leiswitz, de, I. 101. Lessing, Gotthold Ephraïm, 11. 52. Lewen van Aduart, E. J. baron van, 11. 109. Liano de Varosé, graaf, I. 98. Lindenau, la Ritz gravin van, I. 223. 11. 24. Lindor. hond, I. 127. Longeau, actrice, I. 40, 130, 200. Loon, Van, 11. 15. Loon, Mr. Van, I. 6. Lopez, I. 106, 109, 116. Luchesini, Giralomo. I. 235, 11. 4, 135, 145. Luckner, Nicolas, I. 178. Luneburg, Van. Statenlid, 11. 199 Luzac, Etienne, I. 159. Luzac, Jean, I. 159. Lynden, Agatha Theodora Geelvinck gravin van, I, 56. Lynden, Frans Godard graaf van, 11. 44. Lynden, Jan Elias burggraaf van, 11. 1, 6. Lynden van Blitterswyk, Willem Carel Hendrik graaf van, 11. 109, 137. Lynden, Dirk Wouter graaf van, I. 15, 56, 136, 137, 142, 11. 44, 87, 114. M. Machiavelli, 11. 145. Mack, Karei, Oost. gen., 11. 107, 110, 121, 153, 179. Maclaine, Dr. Archibald, I. 121, 129, 11. 57. Maillebois, I. 43, 180. Malherbe, Jean, I. 90, 190. Malmesbury, James Harris lord, 11, 102, 105, 125, 206, 207, 210, 212, 215, 216, 222, 226, 232, 235, 237. Manuel, Pierre Louis, I. 198. Marat, Jean Paul, 11. 70. Marchesi, Luigi, I. 99. Marck, graven en gravinnen de la, I. 223. Marle, Van, I. 13. 15. Maulde Hosdan, Emanuel de, I. 186, 189. Mauvillon, Jacob Eleazar de, I. 23. Meisner, J. P„ I. 53, 55. 56, 63 Melville, zie Carnbée. Mercier, Louis Sébastien, I. 106, 11. 52. Mercy d’Argenteau, Florimond Claude graaf van, I. 91, 93, 100, 107, 108, 130, 184, 11. 50, 150. Mérode, Charles Guillaume Ghislain de. I. 108, 111. Mersay, graaf de St. Georges, I. 189 192 193. Mersch, Jean André van der I. 38 39 41. Metternich Winneberg graaf, I. 184, 207, 11. 111, 136. Mey, I. 63. Meyering, Pr. overste, 11. 216. Milou, I. 213, 226, II 70. Mirabeau, Honoré Gabriel Riqueti markies van, I. 23, 139. Mirandolle van Gerth, Dr. H., I. 192, 11. 152, 162. Möllendorff, Wichard Johan Heinrich von, 11. 105, 116, 120, 125, 135, 144, 145, 150, 173, 179. Montbrun, acteur, I. 40, 55. Moreau, Jean Victor, 11. 190. Motman, G. W., I. 155. Mouton, Georges, I. 211. Mulgrave, Phipps Constantine Johan baron, 11. 156. Munchhausen, Van, Brunswyksch hof dignitaris, I. 83. Munchhausen, gravin van Hardenberg, dre van, I. 180, 194, 202, 11. 127, 141, 142. Munster, I. 15. Munster. Md. de, I. 139. Murray, David 2nd earl of, I. 234. Mylius, Anton Ulrich von, 11. 48. N. Nagel, kapt. Van, 11. 27, 64. Nagell van Ampsen, Anne Willem Carel bar. van, 11. 209. Nagell van Ampsen, Anna Catharina Elisabeth Du Tour, bar. van, 11. 209. Napoleon, I. 85. Nassau, Engelbert van, 11. 44. Nassau, Hendrik van, I. 180. Nassau Dietz, Albertina Agnes van Oranje vorstin van, I. 204. Nassau Dietz, Hendrik Casimir vorst van, I. 204. Nassau Usingen, vorst van, I. 222 Nassau Weilburg, Amalia Charlotte Louise van, zie Schauburg Nassau Weilburg, Augusta Maria Carolina prinses van, 11. 19, 24. Nassau Weilburg, Carolina van Oranje vorstin van, I. 96, 104. Nassau Weilburg, Carolina Frederika prinses van, zie Wied. Nassau Weilburg, Frederik Willem vorst van, I. 65, 153, 203, 206, 11, 21, 22, 23, 24, 71. Nassau Weilburg, Isabella van Hackenburg vorstin van, I. 128 11. 19. Nassau Weilburg, Karei Frederik Willem van, I. 195, 11. 13, 49. Nassau Weilburg, Wilhelmina Louise van, zie Reuss. Natte, acteur, I. 40, 55. Necker, Jaques, I. 163. Negri, Md., 11. 160. Néricault Destouches, Ph., 1. 106. Nieuwlant, Ds. Petrus, I. 34, 207. O. Oginsky, graaf van, I. 126. Olden, Van, tresaurier, I. 105, 11. 209. Oostenrijk, Frans II keizer van, I. 164, 165, 173, 208, 11. 106, 108, 109, 110, 113, 114, 115, 121 Oostenrijk, Karei Lodewijk Joseph Laurens aartshertog van, 11. 114, 116, 153. Oostenrijk, Leopold 11. keizer van, I. 41, 68, 100, 102, 107, 183, 207. Oostenrijk, Maria Christina, aartshertogin van, zie Saksen-Teschen. Oostenrijk, Maria Theresia keizerin van, I. 107. Oranje, Anna van Hannover prinses van, I. 104. Oranje, Frederika Sophia Wilhelmina van Pruisen prinses van, I. 1, passim. Oranje, Frederika Louise Wilhelmina van Pruisen, erfprinses van, I. 25, passim. Oranje, Frederika Louise Wilhelmina, prinses van Oranje, zie Brunswijk. Oranje, Philips Willem, prins van, 11. 40. Oranje, Willem I, prins van, I. 60. Oranje, Willem 111, prins van, I. 91. Oranje, Willem IV, prins van, I. 104. Oranje, Willem V, prins van, I. 1, passim. Oranje, Willem Frederik, erfprins van, I. 2, passim. Oranje, Willem George Frederik, prins van, I. 2. passim. Oranje, Willem Frederik George Lodewijk, prins van, zieGuillot. Orleans, Philippe Capet hertog van, I. 63. Ostheim, I. 135. Outremont, col. d’, 11. 228. Oyen, A. L. van, 11. 171. P. Paisiëllo, Giovanni, I. 52, 67, 85, 176. Pantekoek, Ds. Carolus, 11. 39. Paradijs, Nicolaas, 11. 91, 98, 99, 119. Passavant, I. 141, 153. Paulus, apostel, I. 75. Pels, 11. 38. Pelzer, 11. 157. Perponcher Sedlnitzky, Isabella Augusta van. Zie Van der Goltz. Perponcher Sedlnitzky, Johanna Maria van Tuyl van Serooskerkerken, dre van, I. 79. 82, 105, 113, 114, 128, 196. Perponcher Sedlnitzky, Mr. Willem Emmery van, 11. 199. Perrachon, acteur, I. 132. Petion de Villeneuve, Jéróme, I. 182, 189. Pfau, Theodoor Philips van, I. 55, 11. 23, 145. Pichegru, Franfois, 11. 113, 156, 190, 211. Pinetti, Joseph, I. 44, 46. Pinto, Md. de, I. 224. Pypers, P., I. 40. Plato, I. 95. Plettenberg, 11. 7, 160. Pleyel, I. 90. Polanen, Jan van, I. 180. Poll, Mr. Jan van de, 11. 181. Portland, hertog van, I. 59. Post, Ds., 11. 187. Provence, graaf van, I. 92, 241. Pruisen, Dorothea van Brunswijk koningin-weduwe van, I. 218. Pruisen, Frederik II koning van, I. 21, 22. Pruisen, Frederik Willem 11. koning van, I. 20, 22, 32, 35, 99, 102, 148, 154, 173, 179, 195, 199, 200, 203—206, 223, 224, 228, 234. 11. 6,8, 24, 28, 29, 90, 104, 135, 145, 166, 176, 180, 196, 204, 216, 226. Pruisen, Frederik Willem kroonprins van, I. 25, 28, 236. Pruisen, Fredrika van, zie York. Pruisen,LodewijkFerdinand prins van, I. 223. Pruisen. Louise van Hessen Darmstadt koningin van, I. 32, 217. „ Quadt, gen., 11. 50. Quadt, page, 11. 157. Quarles, De, 11. 12. R' Rabelais, Franfois, I. 92. Raeber, baljuw, 11. 120. Randwyck, George graaf van, I. 17, 18. Rau, Sebald Fulco Johannes, I. 203. Rechteren, Jacob Godfried graaf van, 11. 48. Rechteren, Ines Maria de Acquerri Yoldi gravin van, 11. 48, 49. Reede Ginkel, Maria Wilhelmina gravin van, hofdame, 11. 49, 79. Reede, Willem Arent baron van, I. 33, 200, 11. 182, 216. Reede, Willem Frederik graaf van I. 2. Regnard, J. F. I. 145. Reguleth, Ds. Daniël Albert, I. 96, 159, 11. 103, 115. Reigersman, 11. 38. Reitscnstein, Christoph Ludwig Rudolf, 11. 76. Rendorp, J„ 11. 52, 55, 62. Renfner, I. 50, 157. Rengers, Pieter Ulbo, 11. 179. Repelaer van Marquette, Ocker, 11. 200, 201, 213, 218, 223, 225, 226, 227, 229. Reuss Greitz, Hendrik XIII. vorst van, 11. 21. Reuss Greitz, Wilhelmina Louise van Nassau Weilburg vorstin van, 11. 21. Robespierre, Maximilien, 11. 143, 147, 154, 155, 173. Rousselaer, 11. 122. Riedesel Eisenbach, Friedrich Adolf von, I. 225. Rietz, I. 223. Rive, de la, I. 116. Rossini, Gioachino, I. 85. Royer, Mr. Alexander Hieronymus, 11. 150, 167. Royer, Jean de, I. 104. Ruysenaers, 11. 38. S. Sabloux, Md. de, I. 55. Sage, P. le, I. 40, 210, 11. 74. Saint-Simon, Louis de Rocroy markies van, 1. 104. Saksen Teschen, Albert hertog van, I. 107, 201, 202, 11. 145. Saksen Teschen, Maria Christina van Oostenrijk hertogin van, I. 107, 158, 183, 201, 203. Saksen Weimar, Anna Amalia van Brunswijk hertogin-moeder van, I. 187. Saksen Weimar, Karei August, hertog van, I. 187. Salis, gen. de, 11. 157. Salm, Frederik Rijngraaf van, I. 13, 39. Saumaise, Henri, I. 238, 11. 211. Saurin, Ds. Jaques, I. 48. Saussaye, Ds. J. C. Ch. de la, I. 46, 89, 97, 122, 124, 129, 130, 11, 33, 56, 103, 230. Scbauburg Anhalt Bernburg, Amalia Charlotte Louise van Nassau Weilburg vorstin van, 11. 22, 24, 25. Scheltinga van Idaarderadeel, 11. 179. Scheltus, schepen, I. 14. Schenck, Albert, 11. 98, 99. Schenck, écuyer, 11. 158. Schepp, S. H. J„ I. 105, 109. Schiller, Friedrich von, I. 109, 187 Schmitt, kassier, 11. 175, 177, 209. Schmitz, chirurg, 11. 66, 85, 104, 105, 106, 152. Schönfeld, Nicolaas Henri baron van, I. 38, 51, 94. Schubert, Franz Peter, I. 88. Schulenburg, graaf van, I. 112, 113, 114, 152. Schulenburg, gravin van, I. 144. Sedaine, I. 40. Sheridan, Richard Brixley, I. 104. Sillemart, 11. 7. Simon, I. 2. Slingelandt, Simon van, I. 169. Sminia, 11. 179. Solms Braunfels, vorst van, 11. 228. Sonsfeld, Van, I. 126, 136, 145. Spaen la Lecq, Mr. Willem Anne baron van, 11. 206. Spencer, Henry lord, I. 133. Spiegel, Laurens Pieter van de, I. 35, 51. 67, 91, 98, 158, 191, 11. 3,4, 14, 18, 63, 143, 146, 151, 167, 199, 207. Staffhorst, de, I. 113. Stahremberg, Bodewijk Joseph Maximiliaan vorst van, I. 203, 208, 11. 121. Stahremberg Louise Franciska van Aremberg vorstin van, 11. 48, 49. Stamford, Henri Guillaume Jaques de, I. 13, 21, 22, 24, 68, 86, 90, 102, 127, 159, 169, 170, 206, 209, 210, 213, 214—216, 218, 219, 221, 230, 232, 238. 239, 241, 11. 1,6, 10, 11, 13—16, 18, 19, 21, 30, 31, 35, 42, 60, 65, 66, 87, 164, 166, 171, 173, 181, 187, 191, 197, 210, 215, 238, 239, 242. Stamford, Wilhelmina van Heiden Reinestein, Md. de, I. 196, 217, 221, 11. 46, 58, 205. Steengracht, jhr. Mr. Nicolaas, 11. 141. Stephani, G., I. 43. Stirum, jkvr. Van, 1. 10. Stolberg, Christiaan graaf van, I. 173. Stolberg, Frederik graaf van, I. 173. Sully, Maximilien de Béthune hertog van, I. 53, 58. T. Tallien, Jean Lambert, 11. 173. Tavart, C. S. I. 153. Terrassen, fourier, I. 14. Thielau, de, I. 188. Tholosé, 11. 40. Thompson, James, I. 123. Thulemeyer, baron van, I. 12, 13. Timmerman, It. col. 11., 156, Tinne, 11. 85, 129. Tippo Saïb, I 178, 181. Tischbein, Johan Friedrich August, I. 95. Todi, Marie Franjoise, I, 39, 40, 43, 44, 50, 51, 52, 98, 11. 160. Tollius, Herman, I. 13, 22, 23, 30, 54, 59, 169, 170. Tour, Charles Antoine Maximilien graaf de la, 11. 168. Tour du Pin, Frédéric Séraphim graaf de Gouvernet markies de la, I. 139. Tour du Pin, Henriette Lucie Dillon, markiezin de la, I. 139, 200. True, gen., 11. 188. Tuyl van Serooskerken, W. R. baron van, 11. 109. U. Urbanus VIII, paus, I. 59. Uz, maj., 11. 65. V. Valence, Cyrus Marie Alexandre, 11. 40. Valis, St„ I, 62, 109. Valmond, I. 55, 63, 130. Velsen, I. 47, 48, 50. 11. 91, 119. Veltheim, August Ferdinand graaf van, I. 122. Veltheim, Dorette van, I. 206. Verbrugge, Dr. Willem, 11. 119, 124, 158. Vernède, Jacob Willem, 11. 57, 128. Visscher, Mr. Carel Wouter, 11. 60, 181, 190. Voltaire, Franfois Marie Arouet, I. 40, 55, 11. 127. Voss, Sophia Maria von Pannewitz gravin van, I. 241. W. Waldeck, Christiaan August vorst van, 11. 110, 121, 156, 157, 204. Waldeck, Bodewijk vorst van, 11. 61, 67. Wales, George prins van, I. 133, 11. 236. Walmodeu, Johan Ludwig, Han. gen., 11. 208, 212, 217, 222, 231, 233, 239, 240. Washington, George, I. 212. Wassenaar van Sterrenburg, Isabella Jacoba Elisabeth gravin van, I. 161, 177, 11. 68, 156. Wassenaar van Sterrenburg, Willem Lodewyk graaf van, I. 100, 109, 124. Wattier, zie Ziesenis. Waudelincourt, Hubert de, I. 104, 109. Wedgwood, Josiah, I. 59. Weitsch, Johan August, I. 134. Welderen, J. W. graaf van, I. 87. Welderen Howard, gravin van, I. 87, 97. Westerloo, col., 11. 3, 160. Wied Runkel, Carolina Fredrika van Nassau Weilburg vorstin van, 11. 21, 24. Wieland, Martin Christoph, I. 173 Wingendorff, la, kamervrouw, I. 135, 136. Wolff Bekker, Elisabeth, I. 53, 131, 11. 192. Wöllner, Johan Christoph, I. 224. Wurmb, gen., 11. 188, 189. Wurmser, Dagobert, Sigismund graaf van, 11. 92. Wüsten, Wenzel Joseph, I. 234. Y. York, Frederik Augustus hertog van, I. 167, 11. 2,3, 7, 10, 11, 26, 36, 39, 45, 48, 80, 90, 112, 114, 118, 138, 145, 146, 148, 156, 159, 160, 162—164, 166, 168, 170, 171, 178, 181—189, 192, 193, 196, 201, 208, 209, 212, 217. York, Frederika van Pruisen, hertogin van, I. 167, 11. 193. Yvoy, P. H. J„ I. 12. Z. Zanders, I. 203, 204, 239. Zeebergh, Mr. Adriaanvan, 11.60. Ziesenis-Wattier, Johanna Cornelia, 11. 57, 117, 127, 128. Zimmerman, prof. Eberhard August Wilhelm, I. 90. Zollikofer, Georg Joachim, I. 109, 123, 125. Zubli, A. J. 11. 57,