brillant. A9h. je suis retournée ici*) et j’ai soupé avec Guillaume. LaPrincesse étoit éveillée.et si nous I’en avions cru, nous aurions babillés. Au reste elle se conduit au mieux et ne laisse rien a désirer a eet égard. Le petit commence aussi a prendre trés bien le sein. II couche dans le berceau oü vous avez couché tous les trois, mais il est renouveile. Sur les affaires je ne puis rien vous dire de nouveau depuis hier. On suppose toujours des desseins sinistres a Dumourier contre nous et de la mauvaise volonté des Patriotes, mais Dumourier lui-même est chicane par la Convention Nationale 2) et ceux de nos Patriotes qui ont quelque chose a perdre, reviennent beaucoup, dit-on, de leur goüt pour le changement. On auroit tort cependant de se reposer la-dessus avec une grande sécurité. Je vous envoyerois ma miniature, ma chère, dès que le cadre sera achevé.et j’y joindrai votre St. Nicolas. Le présent que Mimi nous a fait ce jour-la, est le plus beau de tous. 11 December 1792. Toujours de bonnes nouvelles du Kramkamer, ma bonne Loulou; Mimi se porte bien et le petit aussi. Oui, ma bonne Loulou, je suis bien persuadée que, quoi qu’il arrivé, vous ne démentirez point le sang d’oü vous sortez. S’il plait a Dieu, II ne nous envoyera pas de fortes épreuves; il ne faut jamais perdre courage et surtout ne jamais désespérer, car il y a une Providence qui dirige les événemens! Depuis ce matin il y a derechef des nouvelles tres allarmantes de Maestricht. 3) Sur le voyage de Mr. de Stamford ici je ne dis plus rien. II connoit notre situation; il n’ignore pas ses relations avec vos frères ni la disette oü nous sommes de bons officiers et de gens de tête. Si après tout cela il ne sait •pas ce qu’il feroit dLa Haye, comme il vous 1 a dit, alors je nai rien a dire; pour moi je ne le presserois pas de venir, depuis qu’il est époux et père. II est fort naturel qu’il envisage cela sous un autre point de vue. Non pas que je crois, qu il n y prend pas inté- ‘) Het Oude Hof. . >•< »r»TT < i _; in 1700 rrol'ATon «) Het na de schorsing van Lodewijk XVI als koning op 10 Augustus 1792 gekozen Regeeringslichaam. dat, op 20 September daaraanvolgende in functie gekomen, reeds den volgenden dag, 21 September, de afschaffing van het koningschap in Frankrijk had gedecreteerd en sedert de Wetgevende Vergadering was blijven vervangen. . ... i t i l j. 1 nnmnlnt in TJncrnlanH s) Weggelaten bijzonderheden omtrent een helsch complot in Engeland. rêt, sürement il y prend part, mais il peut croire que son premier devoir est de rester auprès de sa familie et ce ne sera pas moi qui 1 en arracherois. Tout ce que je prie, c’est que du moins il nous comunique sa résolution, car votre Père a aussi compté qu’il viendroit, et il est juste qu’il sache a quoi s’en tenir. 13 December 1792. Je reviens du soupé; il est prés de minuit; je veux cependant vous dire un mot sur notre situation. II est vrai, que pour la défense de nos frontières nous avons peu de ressources; cependant Maestricht est a I’abri d’un coup de main et peut se défendre quelque tems et dans I’intérieur nous avons beaucoup de ressources pour empêcher I’ennemi d’y pénétrer. Le grand point toujours c’est de conserver la paix dans l’intérieur, et c’est a quoi on travaille jusqu’ici avec succès par différens moyens. II n’est pas douteux qu une partie des anciens Patriotes appelle Dumourier a grands cris, mais pas la partie la plus éclairée. Dumourier est mal avec la Convention; son armée doit manquer de tout et avoir beaucoup d humeur, mais c’est un problème a resoudre, si cela est bien ou mauvais pour nous. Ce qui est certain, c’est que dans cette crise les conseils de Mr. de Stamford auroient pu nous être trés utües, et si vos frères se trouvent dans le cas de payer de leurs personnes, ils sont absolutement sans personne d’expérience pour les guider et cela met le Prince aussi dans I’embarras. Lorsqu’il voudroit les employer, il est souvent arrêtë par la considération qu ils manquent d’expërience, et il n’ose le risquer. Pour moi je n’ose donner des conseils dans des cas aussi délicats. 14 December 1792. Vous estes une bien bonne enfant, ma chère Loulou, de nous donner connoissance de la prise de Francford et des succès des Prussiens contre Custine. Nous savions déja la nouvelle en gros, mais votre lettre donne quelques détails de plus. Je béni le Ciel de nous avoir conservez ceux qui nous sont chers, et j’espère que la blessure du prince Guillaume *) se guérira promptement. On nous assure qu’elle n’est pas dangereuse. Depuis ces nouvelles du >) Prins Willem van Brunswijk, zwager van prinses Louise, die voor Frankfor gewond was. helmine ambitionne-t-elle d’être une femme Hollandoise dans foute la force du mot qui veulent toujours avoir leurs maris pendos a leurs cótés et ne pensent qu’a elles? C’est du moins la réputation qu’elle va acquérir. Votre Père Ia lui donne déja. 21 December 1792. Nous avons hier la nouvelle, que les Fran) De in dezen brief genoemde missiven en rapporten zijn niet aanwezig. a) David Murray, second Earl of Mansfield, 1727—1796, Engelsch kolonel, die met een opdracht analoog aan die van den Erfprins door de Engelsche Regeering naar het Pruisische hoofdkwartier was gezonden. Zie Colenbrander, Gedensktukken, I, pag. 208. *) Wenzel Joseph Wüsten, die te Amsterdam door de politie was aangehouden. Vgl. Colenbrander, Gedenkstukken, I pag. 210, 211. comme y pouvant être de grande utilité. Ce midi j’ai dinné chez le Duc; avant dinné il me paria seul et me dit trouver notre situatiën trés critique. Pourvu que nous puissions avoir quelques müliers d’Anglois pour la Flandre, cela seroit un grand article. Je n’ai pas vu Luchesini1) aujourd’hui, mais je tacherai deleparler ce soir au concert oü je vais faire ma Cour au Roi. C’est avec un trés respectueux attachement que j’ai I’honneur d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et tout dévouë Serviteur et Fils G. F. Pr. Héd. d’Orange. Je rouvre ma lettre pour vous marquer, ma trés chère Mère, que ce soir au concert j’ai vu les gasettes de France qui disent que la guerre est déclarée contre nous. Je suis d’une inquiétude horrible et vous m avouerez, que c’est bien naturel. Pourvu qu’on ne perde pas la tête, c’est ce que je crains le plus. J’ai marqué a mon Père que, s il a besoin de mon bras, je serai le plus tót possible dans la République. S’il m’étoit permis de donner des conseils, je prendrai la liberte de recommander de la vigueur et surtout de ne pas se laisser abattre par quelque revers. 111. De Erfprins aan zijn Moeder. Frankfort. 11 Februari 1793. Ci-joint un chiffre2), ma trés chère Mère, que j 'ose vous prier de *) Girolamo Luchesini, diplomaat en gezant in Pruisischen dienst, 1751—1825. *) Bijgevoegd in het eigen handschrift, van prinses Wilhelmina: Dichiffrement. „La nouvelle de la déclaration de guerre étant venue et le cas y étant oü nous avons „besoin du secours des Autrichiens pour conserver Maestricht, j’ai consulté le duc de „Brunswic, Mr. de Luchesini et Mr. Murray pour savoir, s’il ne seroit pas convenable, „quoique je n’y fusse pas autorisé, et en attendant les ordres que j’ai demandés par „courier de Jeudi passé, de pariet de Maestricht au prince de Cobourg”. (Opperbevelhebber van het Oostenrijksche leger). „Tous les trois I’ayant approuvé, j’ai témoigné „au dit Prince, que je croyois assez connoltre les sentimens du Gouvernement de la „République pour oser lui témoigner, quoique je ’ny fusse pas autorisé, que la „République seroit trés reconnoissante, s’il prévenoit le siége ou la reddition de Maes„tricht en faisant avancer I’armée du général Clairfait; le Prince m’a témoigné atta„cher un grand prix au salut de Maestricht et m’a promis de faire son possible pour „nous conserver cette place importante. Sous main on m’a demandé, si la Républi„que pourroit céder, même vendre, au Roi de Prusse quelques pièces de canon de douze „livres de balles avec seize cent boulets pour chacune et treize ou quatorze mille quin„taux de poudre, lesquels devroient être transportés par exemple de Nimègue ou „Arnhem a Wesel par le Rhin et seroient envoyez de la ici pour servir a la grande „armée. J’ose demander prompte réponse sur eet article et le secret, n’ayant été que „prévenu que la demande m’en seroit faite”. vouloir avoir la bonté de communiquer a mon Père. Je me flatte que ma conduite au sujet du premier point ne sera pas désapprouvée. Au moins, ma trés chère Mère, j’ai eu pour moi I’avis de plusieurs personnes qui sont chacune de poids, et je puis ajouter que j ’en ai parlé aussi au Prince Royal qui approuvoit également beaucoup cette démarche de ma part. Une des raisons qui m’y ont le plus porté a été Ie souvenir de I’autorisation, donnée au mois de N o vembre ou de Décembre passé, pour accepter le secours en cas de besoin, de sorte qu’il n’y a au fond plus de nécessité d’avoir la permission de L.H.P. D’ailleurs la déclaration de guerre me paroissoit faire du changement. Le Duc m’a fait I’honneur de me dire que vraisemblablement les semestriers l) de la gamison de Maestricht ne pourront plus rejoindre leur corps. II seroit donc d'avis de leur assigner une autre ville, par exemple Nimègue, oü ils pourroient s’assembler, et de la on pourroit voir, s’il y avoit moyen de les envoyer de I’une ou de I’autre manière soit par terre ou par eau dans Maestricht, sans quoi on pourroit, en leur donnant des officiers, les employer dans d’autres gamisons. Je languis infiniment après des nouvelles de La Haye, n’en ayant pas eu depuis Jeudi et ne sachant par conséquent pas, si vous estes instruits pour sur de la guerre ou si vous ne le saurez que par la marche des contre notre frontière. C’est avec un trés respectueux attachement que j’ai I’honneur d’être, ma trés chère Mère, votre humble et tout dévoué Serviteur et Fils G. F. Pr. Héd. d’Orange. 112. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 15 Februari 1793. Graces au Ciel, ma bonne Loulou, nous avons de bonnes nouvelles de Guillaume. Je m’empresse de vous le dire; il se porte bien et il fait son devoir. J’en ai re _ 1782 3 1785 4 1786 6 1787 8 1788 20 1789 25 1790 37 1791 120 1792 168 1793 220 TWEEDE DEEL CORRESPONDENTIE 1793 (vervolg) 1 „ 1794 95 „ 1795 225 INVENTARIS DER BEWERKTE ARCHIVALIA ... 243 LIJST DER BRIEVEN 245 NAAMREGISTER 247 EEN WOORD VOORAF In opdracht van Hare Majesteit de Koningin, aan wie ik mijn eerbiedigen dank uitspreek voor het ook door deze opdracht in mij gestelde vertrouwen, is een nieuwe reeks puhlicatiën vanwege het K.H.A. ontworpen, waarvan het eerste deel thans gaat verschijnen. Het K.H.A. heeft hier een traditie hoog te houden, die op Groen van Prinster er teruggaat. Zijn monumentaal werk, Ar chives ou Correspondance Inédite de la Maison d’Orange-Nassau, is baanbrekend geweest voor de bestudeering der geschiedenis van ons Stamhuis en van die van ons Volk beide. Groen mocht de bekroning van zijn moedigen opzet in de voltooiing niet beleven. Het materiaal voor de laatste laren van den Stadhouder-Koning en voor de achttiende eeuw werd eerst door Kramer, met bijstand van Bussemaker, in het licht gegeven. Groen ontwierp één tot het einde der Republiek dóórloopende reeks. Voor de nieuwe reeks diende een andere weg ingeslagen. Men kan trachten de bestaande serie aan te vullen, waar de noodzakelijkheid hiervan gebleken is, en men kan ook verder gaan, de ige eeuw in. Besloten werd vooreerst geen nieuwe chronologisch samenhangende groote serie op te zetten, maar in publicatién van niet te grooten omvang bronnen-materiaal uit verschillende periodes te geven. Aanvulling van de Ar chives zoowel als voortgang na worden hierdoor beide mogelijk. Aanvulling van de Ar chives zal gezocht worden in een uitgave van de Correspondentie van graaf Jan van Nassau in zijn Nederlandschen tijd, tot de bewerking waarvoor een zeer bevoegd bewerker zich bereid heeft verklaard; ook in een uitgave van nog in verscheidene archieven berustende onbekende bescheiden betreffende Prins Willem I, die eveneens in voorbereiding is. Overwogen wordt een uitgave betreffende vorst Johan Maurits, en het onuitgegeven materiaal van de achttiende eeuw is nog zeer overvloedig. Beperking tot de gegevens, die het K.H.A. zelf bezit, ligt zooals uit het voorgaande reeds blijkt niet in de bedoeling: nu evenmin als ten tijde van Groen. Alleen zal het wenschelijk zijn veel consequenter buiten het K.H.A. zelf rond te zien, wat met onze moderne middelen veel gemakkelijker valt. Maar de hoofdzaak blijve: het K.H.A. zelf in zijn verschillende geledingen meer bekend te maken ten bate van onze Vaderlandsche Historie. Wij staken de nieuwe reeks in een Nederlandsch gewaad, in zoo verre voor inleiding en toelichting uitsluitend de Nederlandsche taal gebruikt is. De uitgave, waarvan het eerste gedeelte thans wordt aangeboden, is aanvulling en voortgang beide, want zij zal de periode van J777 tot 1820 omvatten. Zij is geheel geput uit het K.H.A.; er was geen reden in dit geval buitenaf te zoeken, waar het materiaal thuis al zéér overvloedig is. Deze eerste uitgave is van geheel bizonderen aard. Zij brengt een familie-correspondentie, zooals men er in al onze reeksen van bronnen-publicatiên niet ééne bezit; zij komt, naar ik wil hopen, juist aan de nieuwste behoeften op het gebied der historiografie tegemoet, omdat zij in de eerste plaats een belangrijke bijdrage tot een cultuur-beeld geeft. Hare beteekenis heeft de bewerkster in hare Inleiding op zeer klare wijze aangewezen, en ik behoef niets te herhalen of bij te voegen. Het zou niet passen in dit inleidend woord, en het zou ook de bescheidenheid van Mejuffrouw Johanna Naber kwetsen —, wanneer ik hier een lofzang voor de bewerkster aanhief. Maar dit moge tóch gezegd worden, dat het voor mij een groot genoegen is geweest voor Mejuffrouw Naber een eigen plaats op het K.H.A. te mogen inruimen. Ik heb mijn belooning reeds hierin gevonden, dat ik veel geleerd en geprofiteerd heb van mijn omgang met deze echt-Néderlandsche vrouw in de uren, dat ik haar behulpzaam mocht zijn. Op zeer bescheiden wijze! Want ik wil het zeer uitdrukkelijk gezegd hebben: opzet en bewerking van deze uitgave heide zijn het werk van Mejuffrouw Naber zelf. N. J. INLEIDING In dit boek wordt een begin gemaakt met de uitgave der briefwisseling van onzen laatsten Erfstadhouder, prins Willem V, en diens gemalin, prinses Wilhelmina, met elkander en met hun kinderen. Die familie-correspondentie van vijf personen, de beide ouders, de twee zonen en de ééne dochter, is, zoo al niet in haar geheel dan toch goeddeels, bewaard gebleven op het Koninklijk Huis-Archief en wel van het jaar 1777, als de kinderen zes, zeven jaar oud zijn, tot aan het onverbiddelijke slot, tot aan den dood der correspondenten op één na: van den jongsten zoon, prins Frederik, in 1799: van den vader, prins Willem V, in 1806: van de dochter, prinses Louise, in 1819: van de moeder, prinses Wilhelmina, in 1820: wanneer alleen nog maar in leven is de oudste zoon, dan Koning Willem I, en geen wisseling van brieven meer volgen kan. De onderlinge correspondentie der leden van het erfstadhouderlijk gezin loopt dus over een tijdsbestek, en welk een tijdsbestek! van een groote veertig jaren. Zij ontleent haar zeer bijzondere beteekenis echter niet aan het inzicht, dat zij ons schenkt in het toenmalige groote en tragische gebeuren van staatkundigen en van algemeen maatschappelijken aard, den ondergang onzer Republiek, onze inlijving bij Frankrijk, de oprichting van het Koninkrijk der Nederlanden, want dat inzicht wordt ons ook elders wel geschonken. Zij ontleent haar zeer bijzondere beteekenis aan het zeldzame feit, dat zij ons schenkt een blik op het beeld van een echt Hollandsch gezin uit het einde der 18de en het begin der 19de eeuw: nu eens niet op een verdichtsel of op een reconstructie met behulp van moeizaam bijééngebrachte gegevens maar op het onbedriegelijk beeld van een gezin, dat werkelijk heeft bestaan en zich zelf van dag tot dag, als automatisch, heeft afgeteekend in brieven, geschreven in een geest van wederzij dsche intimiteit, in een stemming van volkomen vertrouwelijkheid zonder eenige terughouding: op een gezinsbeeld van drie geslachten, ouders, kinderen en kleinkinderen, in wezen het zoo geliefde type onzer tegenwoordige romanliteratuur. Voor jaren reeds heb ik, dank aan een goedgunstige beschikking van Hare Majesteit Koningin Wilhelmina, kennis mogen nemen van den inhoud dezer merkwaardige brievenverzameling. Het eerst ten behoeve mijner monografie Prinses Louise van Oranje (in het jaar 1906 opgenomen in Deel II van het verzamelwerk Je Maintiendrai en in 1920 herdrukt in mijn bundel Prinsessen van Oranje in Duitschland), vervolgens nog eens voor mijn biografie Prinses Wilhelmina van Oranje, verschenen in het jaar 1908. Reeds toen is in mij opgerezen de wensch, te mogen ondernemen de uitgave dezer brieven, een wensch, dien ik eigenlijk al lang had opgegeven bij gebrek aan tijd en gelegenheid om mij onverdeeld aan zulk een omvangrijken arbeid te kunnen wijden en bij het gevoel, zulk een onderneming, alles wel beschouwd, te moeten achten boven de macht mijner bescheiden dillettantenkrachten. Die wensch is nu echter toch nog in vervulling gegaan, dank aan het initiatief van Dr. N. Japikse, Directeur van het Koninklijk Huis-Archief, die met toezegging van zijn ge waardeerden steun, dien ik ook rijkelijk en dankbaar heb genoten, mij aanzette, de vergunning er toe alsnog aan te vragen bij Hare Majesteit de Koningin, door Wie mij de bewerking dezer brieven werd toegestaan met een welwillendheid en in een goed vertrouwen, waarvoor ik Hare Majesteit hier openlijk en hartgrondig mijn eerbiedigen en onderdanigen dank betuig. De vervulling van mijn wensch stelde mij echter voor een zware taak. Niet wat de leesbaarheid dezer documenten betreft. Die levert geen moeilijkheden op, geschreven als deze brieven zijn met inkt, die na anderhalve eeuw nog in het minst niet is verbleekt, op voortreffelijk papier, dat nog nauwlijks begint te vergeelen en geen ander sieraad draagt dan de vorstelijk sobere eener vergulde snede, die nog niets van haar glans heeft ingeboet. Het oog went ook spoedig aan het karakteristieke, steile handschrift van prins Willem V; het heeft geen de minste moeite met de loopende, krachtige hand van prinses Wilhelmina of met het duidelijke, vlotte schrift van den Erfprins, van prins Frederik. Alleen de keurige, fijne, bijna geteekende letters van prinses Louise, zooals men die eigenlijk enkel schijnt te hebben kunnen schrijven in den tijd, dat men nog schreef met veeren pennen, zijn soms, hoe zuiver ook van vorm, zóó fijn, dat zij bij de lezing heel wat inspanning vergen van het oog. Het is ook een groot voordeel, dat het materiaal voor deze uitgave niet eerst van her en ginds behoefde te worden bijééngebracht, maar in lange reeksen van portefeuilles in zijn geheel ter bewerking gereed ligt, goed geconserveerd en zorgvuldig gerangschikt op naam en datum, voor een deel nog door prinses Wilhelmina zelve, blijkens aanteekeningen in het eigen handschrift der Prinses op den omslag van sommige brievenbundels (Nrs. 110, 114, 115, 166.) De groote moeilijkheid bij de bewerking dezer bescheiden bestaat in hun overstelpende hoeveelheid, daar, zooal niet geheel dan toch goeddeels compleet, in het Koninklijk Huis-Archief aanwezig zijn zoowel de inkomende als de uitgaande brieven van de vijf correspondenten, brieven gewisseld vaak dagelijks, dikwijls om den anderen dag, soms tweemaal, gemiddeld ééns per week en dat voor de langstlevenden onder hen tot over meer dan vier decenniën; dat wil zeggen, ruw geschat, rekenende voor ieder der vijf correspondenten aan ieder der vier anderen gemiddeld één brief per week, dat is per hoofd 200 en gezamenlijk 1000 per jaar: rekenende voorts, dat deze correspondentie gedurende de helft van den tijd, gedurende 20 jaar, op volle sterkte is geweest: rekenende eindelijk, dat ongeveer de helft der brieven is bewaard gebleven: (5 x 200 x 20) : 2 totaliter een 10.000 nummers. Indeeling der overrijke stof was daarom allereerst noodzakelijk; en gelet op het feit, dat het bij de uitgave dezer brieven niet gaat om de geschiedenis onzer Republiek in haar nadagen noch om die onzer Monarchie in haar opkomst maar om de geschiedenis der Oranje’s zelven in hun val, in hun ballingschap, in hun herstel, was een drieledige indeeling als van zelf aangegeven. Vandaar dat dit boekdeel, dat wordt afgesloten met den val der Oranje’s, met hun uittocht, de ballingschap tegemoet, wel op zich zelf een afgerond geheel vormt; maar van den beginne toch is gedacht als het eerste deel eener trilogie, waarvan het tweede deel zal moeten geven de geschiedenis hunner ballingschap, die geschiedenis van telkens teleurgestelde hoop, welke het harte krenkt en eindelijk geheel vervliegt om na de regeling der schadevergoeding voor het verlies van het Stadhouderschap en de Domeinen bij acte van 23 Mei 1802, door prins Willem V met tegenzin aanvaard, enkel nog maar plaats te laten voor herinnering en verlangen, de onverbrekelijke banden van historische traditie; terwijl het derde deel zal moeten brengen de geschiedenis van den verzoenenden terugkeer, van de glorie van het herstel onder Koning Willem I. Gezien den overvloed van materiaal, was behalve indeeling ook beperking noodzakelijk. Er moest een keuze worden gedaan; en die keuze is voor dit eerste deel gevallen op brieven die: A. van nog actueel paedagogisch belang zijn; want een zóó schoon, zóó harmonisch gezinsverband, als deze brieven ons openbaren, is niet maar als van zelf gegroeid; het heeft zich gevormd onder aanhoudende, doelbewuste zorg; B. doen uitkomen, hoe de persoonlijkheden der correspondenten, drie van de vijf bij den aanvang nog kinderen, zich vormen en ontwikkelen; C. een aanschouwelijk beeld geven van de toenmalige Haagsche samenleving in den besloten hofkring, in het openbaar verkeer, in de tooneel -enin de muziekwereld; van hoe men zich kleedde, feestvierde, kermis hield, winkelde op St. Nicolaasavond, kerkte en rouw droeg; van 18de-eeuwsch vrouwen- en kinderleven hier en in Duitschland; van wat men las, dacht, hoopte en vreesde in dien tijd van algeheele omkeering van maatschappelijke en staatkundige verhoudingen, van gebeurtenissen, waarvan men de gevolgen enkel nog maar kon gissen; D. aantoonen, hoe moedig men wist te lijden, hoe onverschrokken stand te houden, hoe kalm en rustig, met open oogen, den ondergang tegemoet te gaan; E. gezamenlijk best konden vormen een doorloopend verhaal met geregeld toenemende spanning, welke spanning haar climax vindt in den ondergang, in den uittocht, de ballingschap tegemoet. Natuurlijk is deze rijke bron van gegevens hiermede allerminst uitgeput. Zij bevat nog materiaal te over voor een biografie van koning Willem I, van prins Frederik en een schat van bijzonderheden omtrent de geschiedenis onzer oude families. Uit de met bovenstaande bedoeling gekozen brieven is voorts weggelaten al wat in een dergelijke intieme briefwisseling van al te voorbijgaanden, van al te trivialen aard is, als wijdloopige beschrijvingen van ongesteldheden, particuliere financieele transacties, onbelangrijke hof nieuwtjes, wisseling en bevordering van personeel, overbodige tusschenzinnen, noodelooze herhalingen, daar gelijktijdig verzonden brieven allicht van analogen inhoud zijn. Vermelding van ontvangen brieven aan het begin, apostrophen, die van geen belang zijn, stereotype of al te uitvoerige opdrachten van groeten aan het slot zijn als regel weggelaten. Wanneer binnen den opgenomen tekst iets moest vervallen, is dat volgens de regels, vastgesteld door het Bestuur van Het Historisch Genootschap, aangeduid met en de korte inhoud er van is dan in een noot aangegeven. De rangschikking der brieven is zuiver chronologisch, zij het ook, dat waar meer brieven van éénzelfde aan éénzelfde persoon onder één nummer zijn gebracht, opéénvolgende nummers, wat den datum betreft, soms enkele dagen voorbij elkander schuiven. De hoof dj es van enkele regels,die hier en daar tusschen de brieven zijn geplaatst, bedoelen alleen het geven van een kleine toelichting aangaande de omstandigheden, waaronder de te volgen brieven zijn geschreven, of wel het leggen van eenig onderling verband ten einde het karakter van een doorloopend verhaal in briefvorm te kunnen behouden. De annotatie is uitsluitend bedoeld als toelichting; zij geeft nergens kritiek, commentaar of appreciatie. De taal, waarin deze brieven zijn geschreven, ishetFransch, omdat de gewoonte van dien tijd dat medebracht; meenden Wolff en Deken in de voorrede harer Historie van Sara Burgerhart zich niet te moeten verontschuldigen over het feit, dat zij de personen van dien brievenroman lieten correspondeeren in het Hollandsch ? De spelling is tamelijk zuiver; maar de vervoeging van het verleden deelwoord geschiedt meest op het gehoor. De schrijfwijze van persoons- en plaatsnamen is ver van uniform; eigenaardig is de voortdurende verwisseling van den futur en den conditionel. Het slecht in acht genomen verschil tusschen plutót en plus tót is ter wille van de duidelijkheid hersteld even als dat tusschen quand en quant a; aprésent is veranderd in d présent. Overigens is alles gelaten zooals het is; ook als prinses Louise met voorliefde schrijft ils sonts. Het Fransch zelf laat zich vlot en vloeiend lezen; maar het is een Fransch, dat een geboren Franschman, voor zoover deze geen Hollandsch kent, vaak zonderling moet voorkomen, daar het feitelijk geen Fransch is, enkel vertaald Hollandsch. Dit komt uit in de echt Hollandsche verwaarloozing van den conjonctif, vaak ook van de dubbele ontkenning; maar het komt vooral uit in zinnen, als waarin bijvoorbeeld prinses Louise in verrukking over de schilderijen in het slot Saltzdahl schrijft: „il y a de superbes parmi”; of waarmede prins Willem V een schrijven afbreekt, omdat „la voiture est devant”; dan wel waarin prinses Wilhelmina meldt: „on courre risque”, „votre „Pèreest contre”, „j’attends sur une lettre”. Deze brieven zijn geschreven in vertaald Hollandsch, omdat zij in het Hollandsch zijn gedacht, want de dagelijksche omgangstaal, de spreektaal der 18deeeuwsche Oranje’s was het Hollandsch, gelijk onwederlegbaar blijkt uit wat wij weten van hun kindertaal. Het briefje, dat prins Willem V, het kind van een Engelsche moeder, ruim vier en een halfjaar oud, op 9 Januari 1753, aan zijn grootmoeder, prinses Maria Louise van Hessen-Kassel schreef, met stijve kinderletters, blijkbaar zonder eenige hulp, zooals dat is te zien aan de onbeholpen verdeeling van woorden en letters over het papier, is een Hollandsch brief je: Grot Mama ick danckie vor dat ghi min ennen brief heft geschreven hept Willem Prins van Oranie. De kindergrappen, die prinses Carolina in haar Fransche brieven aan haar broeder uit haar herinnering ophaalt, zijn Hollandsche kindergrappen. De eerste kinderzinnetjes van den kleinen Guillot, den lateren koning Willem 11, welke in de hier achter volgende brieven worden overgebriefd, bestaan uitsluitend uit Hollandsche woordjes. Dat de dagelijksche omgangstaal in het erfstadhouderlijk gezin het Hollandsch was en niet het Fransch, blijkt ook nog uit het veelvuldig inlasschen van Hollandsche woorden, als de Fransche niet zoo dadelijk invallen, uit het gebruik van zegswijzen, die den Hollandschen gedachtengang te zeer typeeren om in het Fransch vertaalbaar te zijn, waarvoor in het Fransch ook geen aequivalent bestaat. Zoo bijvoorbeeld als prinses Louise vertelt, dat zij aan haar hof te Brunswijk heeft ingevoerd de gewoonte van thee te drinken om een ronde tafel, omdat „c’est beau„coup plus conversable en veel minder stijf”; of wanneer zij van een bezoek, dat zij heeft willen afleggen, meldt: „j’envoyai le Sieur Constant pour demander belet"; of van een zieke: „il est mieux maar „doodelyck swack”; en dan nog; „il est mort de verval van krachten”. Of wanneer zij met haar verjaardag mooie cadeaux heeft gekregen en dan schrijft: „mes chambres sont opgepropt de belles choses”; als probaat middel tegen rheumatiek aanbeveelt „de se frotter avec un lappe „deflanelle” en waarschuwt voor het beddegoed in herbergen: „puis„qu’on risque d’y gagner alle soorten van ondieren”. Zoo ook als prinses Wilhelmina over een bundel diplomatieke stukken verzucht: „beaucoup de praatjes et rien de positif”; en van den kleinen Guillot bericht: „il n’est pas du tout inkennig”; of wanneer de Erfprins van zijn tweede zoontje meldt: „le nouveau-né prend trés bien son pap\ „mais la garde dit, dat het een teer kindje is”. De kinderen wisten ook wel, dat hun vader hen gaarne Hollandsch hoorde spreken en zag schrijven; en als prinses Louise klaar staat om in Friesch costuum naar een gecostumeerd bal te gaan, schrijft zij nog gauw: „je suis „aujourd’hui une Frisonne, mon trés cher Père, en daarom zal ik u een „woordje in het Hollandsch schrijven en u daardoor toonen, dat ik mijn „vadertaal niet vergeet”. De Erfprins schreef onmiddellijk na zijn verloving met prinses Wilhelmina van Pruisen, dat deze de komende wintermaanden les wilde gaan nemen in het Hollandsch (No. 25); en bij een tweede bezoek aan Berlijn meldde hij vol trots, dat zijn bruid er reeds veel van had geleerd, er nog aan toevoegende: „elle prononce „le G. étonnamment bien” (No. 63). De officieele stukken enrapporten, welke de beide Prinsen bij hun vader indienden als bij hun militairen chef, zijn zonder uitzondering in het Hollandsch gesteld. Prins Frederik was in dezen familiekring nog het meest los van Holland en zijn taal; misschien wel omdat hij als „un cadet qui n’a „quelacappe et I’épée”, zooals zijn vader hem in een brief aan zijn moeder noemt, reeds vroeg het gevoel had, zijn toekomst niet in Holland maar in Duitschland te moeten zoeken; wat voor prins Willem V de reden was, hem zijn verzoek om als volontair in het Pruisische leger te mogen dienen enkel toe te staan onder uitdrukkelijk beding, dat hij den winter zou doorbrengen te ’s-Gravenhage, „pour qu’il „reste Hollandois et n’oublie pas la langue et le Pays” (No. 27). Om dezelfde reden bleef prinses Wilhelmina er bij haar jongst en zoon op aandringen, dat deze, wanneer hij buitenslands vertoefde, de correspondentie in het Hollandsch met zijn gewezen leermeester, Mr. Tol- lius, geregeld zou aanhouden (Nrs. 39 en 42). Bij prinses Wilhelmina was het gevoel voor de beteekenis der taal als draagster der nationaliteit zóó sterk ontwikkeld, dat zij met strenge consequentie haar dochter, toen deze door haar huwelijk met den Erfprins van Brunswijk een Duitsche vorstin was geworden, vermaande, zich toch goed toe te leggen op het Duitsch en dit liever te spreken dan de geijkte hoftaal, het Fransch. „Chacun s'empressera è. vous parler Fran9ois”, schreef zij aan prinses Louise; „on aura I’air de croire, que 1’ AUemand „ne vous est pas indispensable. Mais croyez-moi, ma bonne Loulou, „dans le fond on se fait toujours plus aimer en montrant son empres„sement pour bien apprendre la langue du Païs et en la parlant avec „la même facilité que vous la lisez. Point de fausse honte. Parlez-la „mal jusqu’a ce que vous la parlez bien” (No. 58). Prinses Wilhelmina zelve sprak vloeiend Hollandsch en correspondeerde in die taal met den raadpensionaris Van de Spiegel. Zij was ook zeer belangstellend in onze vaderlandsche historie en verdiepte zich dadelijk na de verschijning in Schiller’s Geschichte des Abfalls der Vereinigten Niederlande (No. 64). Zij verheugde er zich in, dat de Erfprins te Leiden de colleges volgde van prof. Adriaan Kluit, die daarin een tegenwicht trachtte te geven aan de al te éénzijdige verheerlijking van Johan van Oldenbarnevelt tegenover prins Maurits, zooals die destijds in Patriottenkringen opgeld deed, en met name in den kring der Santhorstianen. In haar brieven blijkt prinses Wilhelmina zich ook zóó te hebben aangepast aan den Hollandschen volksaard, en dat door bewust willen,— dat zij is geworden een door en door Hollandsche vrouw. Gelijk haar schoonzuster, prinses Carolina van Oranje, vorstin van Nassau-Weilburg, de geboren Hollandsche, in haar brieven met hun vroolijken, sprankelenden geest telkens doet denken aan Alida Leevend, aan Saartje Burgerhart, aan Suzanna Huyck, zoo doet prinses Wilhelmina, als zij in haar brieven aan haar kinderen filosofeert over de liefde, de deugd, den godsdienst, den plicht, ons denken aan de oer-Hollandsche typen van een Mevrouw Helder, van een Christina de Vry uit den Willem Leevend; terwijl prinses Louise in haar wat sentimenteelen aanleg menigen trek gemeen heeft met de Lotje Roulin uit dienzelfden roman. Ik heb tot mijn grooten spijt nergens kunnen constateeren, dat de Prinsessen bij al de ongemeene belezenheid, waarvan haar brieven de bewijzen geven, de romans van ElizabethWolffen Agatha Deken zouden hebben gekend; maar als ik niet stond voor de volstrekte onmogelijkheid, dat WolffenDeken inzage zouden kunnen hebben gehad in de briefwisseling van prinses Wilhelmina met prinses Louise, zou ik als vast staand aannemen, dat die correspondentie den beiden romancières heeft gediend tot model bij haar teekening van „De Moeder” en „De Dochter” in haar Geschrift eener bejaarde Vrouw. Naber, Correspondentie I ll* Uit de correspondentie van prins Willem V en van prinses Wilhelmina met elkander en met hun kinderen blijkt ook, welk een gewichtig element de brief in het leven onzer bet-overgrootouders is geweest. Het wordt bij de lezing daarvan zoo begrijpelijk, dat destijds de roman in briefvorm zoo populair is geweest, immers zich zoo goed aanpassend bij de omgangsvormen van dien tijd. Ons, twintigsteeeuwers, komt het in de 18de-eeuwsche brievenromans zoo onmogelijk voor, dat de helden en heldinnen er op de oogenschijnlijk meest ongelegen oogenblikken tijd, lust en gelegenheid vinden niet alleen voor het schrijven maar ook voor het lezen van uitvoerige brieven. Doch datzelfde, dat ons in die fictieve brieven zoo verbaast, zien wij in deze volstrekt reëele briefwisseling ook doen, door de Prinsen zoo goed als door de Prinsessen. Niet enkel in het half dozijn betrekkelijk nog rustige jaren na de Restauratie van het jaar 1787, ook bij al de onrust van de veldtochten van de jaren 1793 en 1794, tijdens den inval der Franschen, onder al hun tot het uiterste volgehouden verzet tegen een onvermijdelijken, snel naderenden ondergang, schrijven de ouders en de kinderen, de zuster en de broeders met onveranderde trouw en met onverstoorde regelmaat elkander brieven, die niet enkel zijn zakenbrieven maar uitstortingen van hun gemoed, niet enkel verslagen en mededeelingen, zooals wij die thans in couranten en tijdschriften vinden, maar uitvoerige schilderingen van hun hopen en vreezen, van hun lieven en lijden. Wat wij thans in die oude brievenromans onnatuur vinden, blijkt hier zuiver natuur te zijn geweest. Wat doen ook de tranenstroomen, welke wij in deze brieven zoo overvloedig zien vlieten, maar juist niet bij wezenlijk leed, ons telkens denken aan de Julia van Rhijnvis Feith. Wat leveren deze brieven het bewijs, dat die contemporaine literatuur, bij al haar schijnbare overdrijving, een trouwe afspiegeling is geweest van de werkelijkheid! Omdat de brief zulk een gewichtig element is geweest in het leven der 18de-eeuwers, was het schrijven van brieven voor hen ook een kunst, die van jongs af met ernst en inspanning moest worden beoefend, waarvan het talent met zorg moest worden gekweekt. Prinses Wilhelmina begon een geregelde, stelselmatig opgezette briefwisseling met haar dochter, toen deze 13 jaren oud was (No. 6), om haar land gelegenheid te geven, zich wel bewust te leeren uitspreken, goed onder woorden te leeren brengen, wat zij voelde en dacht; en dit met de vooropgestelde bedoeling, dat dit schriftelijk verkeer reeds vroeg zou worden tot een gewoonte, tot een behoefte zelfs, ten einde den vertrouwelijken omgang met haar dochter te kunnen aanhouden, ook als deze een echtgenoot zou hebben moeten volgen naar den vreemde. Niet minder zorgvuldig behartigde prinses Wilhelmina de correspondentie met haar zonen. Toen de jongste, prins Frederik, in 1790 voor zijn militaire opleiding naar Brunswijk was vertrokken en vandaar zijn eerste brieven overzond, schreef zijn moeder hem: „je suis „extrêmement satisfaite, mon cher Fritz, de votre exactitude k nous „écrire. J’aurois tort sans doute de vous faire quelque reproche sur „le style ou I’ortographie. C’est dé ja beaucoup de trouver le tems de „nous écrire; ainsi je ne vous en fais pas. Je vous loue au contraire, „mon bon ami; mais je m’intéresse trop k vous pour ne pas vous „avertir en amie des petites fautes qui vous échappent. J’ai marqué „les principales sur le papier ci-joint, auquel je me réfère”, en telkens corrigeert de Prinses in haar brieven stijl- en taalfouten, welke haar zonen in hun brieven hebben begaan. Ook voor prins Willem V was een brief een ernstig stuk werk. Zijn brieven aan de jonge Prinsen zijn niet bewaard gebleven; maar die van de zonen aan hun vader zijn het wel en daaruit blijkt niet alleen, dat de Prins ze van hun eersten jongenstijd stuk voor stuk heeft beantwoord, maar ook dat hij ze kritisch heeft gelezen. De eerste brieven van prins Frederik uit Brunswijk zijn bij herhaling foutief gedateerd; en de verbetering is dan aangebracht in het eigen handschrift van prins Willem V, terwijl annotaties van diens hand op de brieven niet zeldzaam zijn. Wat den vorm betreft, beiden prins Willem V en prinses Wilhelmina beginnen iedere missive aan hun kinderen met de vermelding der sedert hun vorig schrijven ontvangen brieven, in oorlogstijd bovendien nog met opgave van den weg, waarlangs die brieven hen hadden bereikt, om dan vervolgens, na allereerst den inhoud daarvan punt voor punt te hebben besproken, een geregeld verslag te geven van hun dagelijksch doen en laten, hun journaal te zenden, gelijk zij het noemden; en van den beginne eischten zij van hun kinderen dezelfde stiptheid, hetzelfde geregelde verslag van hun dagelijksch doen en laten. De eerbied in den vorm bleef daarbij van de zijde der kinderen steeds zorgvuldig bewaard. Prinses Louise teekende onveranderlijk „votre trés humble et trés obéissante Servante et „Fille”; de Prinsen nimmer anders dan „votre trés humble et dévoué „Serviteur et Fils”. Opmerkenswaardig is ook nog, hoe huiverig men was, zelfs in vredestijd, om brieven met een inhoud van eenig aanbelang aan de post toe te vertrouwen. Herhaaldelijk lezen wij van brieven, die al wel geschreven zijn, maar nog worden opgehouden in afwachting van een gelegenheid om ze door vertrouwde handen te doen overbrengen. Reizigers verzuimden ook nooit, in dat opzicht hun goede diensten aan te bieden; dat behoorde destijds tot den goeden toon en is het lang gebleven, was het in mijn meisjestijd nog. Prinses Louise meende wel, wat zij niet wilde, dat anderen lezen zouden, in het Hollandsch te kunnen schrijven; maar haar moeder keurde dat af. „Ne croyez pas, ma chère”, schreef zij aan haar dochter, „qu’en Naber, Correspondentie I XX „écrivant les secrets en Hollandois, ce soit un moyen de les dérober „éi la connoissance des curieux. S’il y en a qui osent ouvrir vos lettres, „il leur sera fort aisé de déchiffrer le Hollandois; et ce que vous dites „dans cette langue, fera plus d’impression sur eux que si vous I’écri„viez tout uniment en paree qu’ils véront par la I’espèce „d’importance que vous y mettez”. Wat nu den inhoud dezer correspondentie betreft, het eerste vijftal brieven, proeve van een kindercorrespondentie, die in haar soort zeldzaam is, toont ons de beide ouders in den omgang met hun nog jonge kinderen en is van belang voor wie studie maken van de paedagogie en van de kinderpsychologie, omdat het ons laat zien, wat aan het einde der 18de eeuw door kinderen van 6 tot 12 jaar op epistolair gebied, en dat nog wel in een andere taal dan de gewone dagelijksche omgangstaal, kon worden gepraesteerd, ons ook stelt voor de vraag, of de kinderen onzer 20ste eeuw met al onze verbeterde onderwijsmethoden, waarbij wij ons beijveren, hen analphabeet te laten blijven tot het zesde, zevende jaar, hetzelfde nog zouden kunnen praesteeren ? De dan volgende, reeds zeer karakteristieke epistels van den vijftienjarigen Erfprins en diens twee jaren jongeren broeder, prins Frederik, toonen ons deze beiden in al hun jongensachtige opwinding bij het hoogtepunt der Patriottenwoelingen. Prins Willem V had, toen zijn strijd met de Staten van Holland was geworden een strijd van dezen met de Staten van Utrecht en Gelderland en deze laatsten hem hadden opgedragen om met zijn leger de Hollandsche troepen, die hun Provincies waren binnengevallen, gewapenderhand weder daaruit te verdrijven en er de openbare orde te herstellen, te beginnen met Elburg en Hattem, zijn gezin van het bij de krijgsverrichtingen op de Veluwe om zijn open ligging al te onveilige Loo in zekerheid gebracht binnen Nijmegen en had er de zijnen het toen nog goed verdedigbare Valkhof doen betrekken. Daar volgden de jonge Prinsen van de wallen der hoog gelegen oude sterkte met haar uitgestrekte vergezichten over de wijde riviervlakte van de Waal, in gespannen aandacht, de troepenbewegingen en vingen er alle loopende geruchten gretig op. Uit den op 15 Juni 1787 door den toen dertienjarigen prins Frederik geschreven brief (No. 7), blijkt, dat de drie kinderen in die spannende zomerdagen geheel spontaan, bij onderlinge afspraak, hebben besloten, hun vader in diens legerkamp bij Amersfoort dagelijks om de beurt een brief te doen toe komen, dat dus ieder minstens tweemaal, soms driemaal ’s weeks te doen; en zij hebben dat metterdaad vol gehouden, zooals de volledige serie op het Koninklijk Huis-Archief bewijst. Die opgewonden jongensbrieven van de beide Prinsen in de crisis- dagen van het jaar 1787 laten reeds iets doorschemeren van ieders bij zonderen aard en aanleg: bij den oudsten, bij den Erfprins, den lateren grooten econoom, die koning Willem I wel is gebleken te zijn geweest, ik behoef hier slechts te herinneren aan de op zijn initiatief tot stand gekomen Nederlandsche Handelmaatschappij, bij den oudsten, bij den Erfprins, de belangstelling in economische verschijnselen : degroote houtvlotten, dieuitDuitschland de rivier komen afzakken, de snelle stijging der prijzen bij de requisities voor het leger; bij den jongsten, bij prins Frederik, die den dood zou vinden bij zijn bezoeken aan zijn door typhus aangetaste soldaten, reeds een begin van wat wij thans noemen sociaal voelen, toen nog iets zeer ongewoons, namelijk onrust over de zware plasregens, die de tenten doorweekten en zoo het kampleven te Amersfoort verzwaarden voor den troep, ergernis over een valsch nachtelijk alarm omdat dit den soldaat noodeloos afmatte. Daar tusschen teekenen twee brieven (Nrs. 12 en 13), gewisseld door prinses Wilhelmina en prins Willem V op 30 Juni 1787, onmiddellijk na de aanhouding van eerstnoemde bij Goejanverwellesluis, bijzonder duidelijk de éénheid van zin en de innige gehechtheid, waarin deze beiden juist in en door deze dagen van zeer wezenlijk gevaar, meer dan men thans wel realiseert, aan elkander waren verbonden en tot uiting komen in het spontane slotwoord van den Prins: „Adieu, mon Amie, je n’ai jamais „plus senti mon amitié pour vous que depuis notre séparation. Nos „enfants perdroient tout en perdant leur Mère”. Reeds spoedig na de Restauratie van het jaar 1787 komt de eerste 'scheiding in het gezin, als de Erfprins in Augustus 1788 voor een langdurigen studietijd naar Brunswijk wordt gezonden met de bedoeling, hem voorloopig nog vreemd te doen blijven aan den binnenlandschen partijstrijd, waarover hij zich, onder den levendigen indruk van het pas doorleefde, een oordeel was gaan aanmatigen, dat men nog niet van zijn competentie achtte; en omdat zijn voortdurend, onafgebroken samenzijn met prins Frederik, trots hun wederzijdsche zeer wezenlijke gehechtheid aan elkander, begon te leiden tot jongensruzies, waaraan hun moeder, eer deze van beteekenis werden, een einde hoopte te maken door de broeders voor geruimen tijd van elkander te scheiden. De brieven, welke de Erfprins gedurende zijn Brunswijksche leerjaren van zijn ouders ontving, zijn niet bewaard gebleven; maar de zijne aan hen zijn het wel en daaruit kan worden gereconstrueerd de nauwlettende zorg, waarmede de vader en de moeder beiden bij dit eerste uitvliegen op eigen wieken over hun kind hebben gewaakt, en dat tot in kleinigheden. Als wij bijvoorbeeld in een brief van den Erfprins aan zijn Moeder (No. 20) lezen: „vous „pouvez compter, ma chère Mère, que je prens soin de mes dents et „que j’observe scrupuleusement les régies delapropreté”, dan begrijpen wij wel, dat prinses Wilhelmina, op zijn goed Hollandsch gezegd, haar zoon, had gevraagd of hij er wel aan bleef denken, zijn tanden te poetsen en zich geregeld te wasschen ? Het is bekend, dat het in den zoogenaamden Pruikentijd met reinheid en lichaamsverzorging nog treurig was gesteld en dat waschwater toen een schaarsch artikel was. De vraag van prinses Wilhelmina teekent dan ook scherp en juist de vooruitstrevende vrouw, die deze ook op hygiënisch gebied is geweest. Als twee jaren later, inApril 1790, prins Frederik op zijne beurt naar Brunswijk vertrekt, geeft de dan beginnende briefwisseling van prinses Louise met haar jongsten broeder ons eenig denkbeeld van denkij k, dien een levenslustig, vroolijk, wat spotziek en tegelijkertijd wat sentimenteel aangelegd jong meisje destijds op menschen en dingen had. Naarmate de kinderen tot zelfstandige ontwikkeling komen, rijzen uitteraard de toon en het gehalte der brieven, wat reeds spoedig uitkomt in de correspondentie naar aanleiding van de verloving van den Erfprins met diens volle nicht, prinses Wilhelmina van Pruisen, van prinses Louise met den Erfprins van Brunswijk, waarbij prins Willem V, met een voor dien tijd verwonderlijk liberalen zin, zijn dochter onvoorwaardelijk volle vrijheid van zelfbeschikking laat; maar daar toch aan toevoegt de strenge waarschuwing: „pensez bien a ce que „vousfaites, carle Oui ou le Non laché, il n’y a plus a y revenir”. Uiterst belangrijk en nog altijd volstrekt actueel is vervolgens de serie van brieven (Nrs. 41, 43, 46, 48, 49), waarin prinses Wilhelmina haar dochter stelselmatig voorbereidt op het nieuwe leven, dat deze in haar huwelijk tegemoetgaat, er den nadruk op leggend, dat men zijn geluk in zich zelf moet zoeken en niet in de omstandigheden, dat wij de springbron van ons geluk in ons zelven hebben. Dan het huwelijk van prinses Louise; en in de brieven der ouders het doorklinken van het leed om het ledige huis, nu de zonen hun militaire studies voorshands nog te Brunswijk blijven voortzetten. „Loo est „bien grand et bien triste, quand on n’est plus é cinq”, schrijft prinses Louise dan aan haar vader (No. 55); „mais vos occupations vous „distrairont, au lieu que le vuide est bien plus grand pour ma Mère”. Prinses Wilhelmina kende echter geen ledigen tijd; zij wist dien altijd goed te vullen. „Pour moi je passé mes journées avec mes livres, mes „pinceaux, mon ouvrage, ma musique et de cette fagon trouvant le „temstropcourtpour ceque je voudrois faire” (No. 61). De eerste brieven van prinses Louise uit Brunswijk zijn nog vol verrukking over al het nieuwe; maar als al dat nieuwe spoedig af slijt en der Prinses de oogen open gaan voor het groote verschil in zedelijk peil aan de Duitsche vorstenhoven van dien tijd met dat aan het in dit opzicht zeer hoog staande hof der Oranje’s, volgen de prachtige brieven (zie vooral No. 83), waarin prinses Wilhelmina met vaste hand haar dochter stuurt langs de verraderlijke levensklippen van désillusie en nauw bedwongen heimwee. Door dit alles heen komen de overleggingen in zake het huwelijk van den Erfprins, waarbij de gevolgen van den snellen achteruitgang van het fortuin der Oranje’s zich reeds pijnlijk doen gevoelen. De brieven toonen ons dan de moederlijke zorgen van prinses Wilhelmina voor de inrichting van het jonge paar in het zoogenaamde Oude Hof, het tegenwoordige Koninklijke Paleis, dat zij, woekerend met de geringe middelen, waarover zij de beschikking had, toch nog zeer aantrekkelijk wist te maken door er in alle kamers plafonds te laten aanbrengen, er waren toen dus nog enkel maar balkenzolderingen en de 18de eeuw was de tijd van de sierlijke plafonds in stucwerk, die wij thans nog zoo bewonderen, terwijl zij, op hygiënisch gebied vooruitstrevend als zij was, om meer licht en lucht binnen te laten, de nauwe vensters met glas in lood liet vervangen door wat zij in haar brieven noemt „fenê„tres modernes”, die nog wel niet de groote spiegelruiten van thans zullen zijn geweest (No. 85). Prinses Louise hielp aan de nieuwe inrichting mede door uit Brunswijk fraai behangselpapier over te zenden, toen iets nieuws. De brieven verhalen dan verder van het streven van prinses Wilhelmina om haar schoondochter heen te helpen over de voor een geboren koningsdochter van dien tijd haast onoverkomelijke bezwaren van de republikeinsche omgangsvormen ten onzent, bezwaren, welke zij grif erkent, ook zelve niet dan met moeite te hebben kunnen overwinnen, vooral wat betreft haar persoonlijk verkeer met dames uit kringen, waaruit zij in Duitschland haar kamervrouwen zou hebben gekozen. „Pour moi, j’ai appris a m’en accommoder”, schrijft zij, „j y suis faite maintenant et quand la compagnie est bonne, j’en suis „contente et souvent plus que de celle de la noblesse” (No. 78). Als een toon van verrukking klinkt vervolgens in de brieven de heerlijkheid van het eerste kleinkind, van Guillot, zooals de kleine Willem, de latere koning Willem 11, ter onderscheiding van vader en grootvader in den gemeenzamen omgang werd genoemd; of „het St. „Nicolaaskindje”, hij was op 6 December geboren, zooals grootmoeder en tante wel plachten te zeggen, terwijl de grootvader gaarne sprak van „Wimpje”. „Je vous écris du Kramkamer”, schreef prinses Wilhelmina aan haar dochter. „Le petit bonhomme couche dans le „berceau oü vous avez couché tous les trois, mais il est renouvellé”, voegt zij er huismoederlijk geruststellend aan toe. „Son aimable Ma„man devient trés bonne nourrice”, bericht zij dan ook nog. Dit was iets, dat toen onder den invloed der geschriften van Jean Jacques Rousseau algemeen begon te worden en waarvoor prinses Wilhelmina alles voelde, evenals voor de in gang komende koepokinenting en voor het gebruik van chinine, waar de medische autoriteiten toen nog niet recht aan wilden (No. 163). De talrijke hofnieuwtjes, die moeder en dochter steeds bleven wisselen, geven daarbij een aanschouwelijk beeld van 18de-eeuwsch vrouwenleven hier en in Duitschland. Haar verhalen van gretig en jagend dingen naar iedere openkomende plaats in eenig wereldlijk stift, haar goedpraten van een huwelijk tot zelfs met een zwakzinnigen man (No. 126, pag. 22 en 25), werpen daarbij een schel licht op den stand van het huwelijksprobleem in dien tijd, toen de vrouw het ongehuwde leven nog niet aan durfde en nog moest leeren, hoe vol, hoe rijk, hoe gezegend het leven der ongehuwde vrouw buiten het klooster of het wereldlijk stift in de vrije maatschappij kan zijn: toen de Reformatie haar wel reeds had gebracht de bevrijding van het dwingende alternatief, huwelijk of klooster, een derde is er niet, maar de openbare samenleving er nog niet naar was, dat de ongehuwde vrouw er in persoonlijke veiligheid kon verkeeren; toen het feminisme der vrouw nog niet had geschonken de middelen om zich in die bevrijding te handhaven door haar te verzekeren éénheid van zedewet voor man en vrouw bij vrijheid van opleiding en van arbeid als de middelen om als ongehuwde vrouw te komen tot economische zelfstandigheid. De brieven uit het half dozijn jaren na de Restauratie van het jaar 1787, dat korte oogenblik van stilte vóór den storm, zijn een goudmijn voor gegevens aangaande het hof-, theater- en muziekleven in de Residentie gedurende de nadagen der Republiek; aangaande modes, handwerken en litteratuur; voor bijzonderheden betreffende de tallooze vreemdelingen, reiszieke Engelschen en Fransche émigrés, die destijds Den Haag overstroomden en dan veel logeerden in het bij oude Hagenaars nog wel bekende Hotel du Maréchal de Turenne aan den Fluweelen Burgwal; omtrent de hals de souscription in den Ouden Doelen op het Toumooiveld (No. 64, 67), toen iets geheel nieuws, dat grooten opgang maakte, waar zelfs de statige prinses Wilhelmina wel eens verscheen maar toch zonder er zelve te willen dansen, gelijk de Stadhouder en zijn kinderen het geregeld en gaarne deden, vooral de Frangaises en de Anglaises, die destijds de menuets kwamen verdringen; aangaande winkelen op St. Nicolaasavond en aangaande de kermis, welke het stadhouderlijk gezin op landsvaderlijke wijze placht mede te vieren gedurende het geheele verloop der kermisweek, dan niet alleen inkoopen deed in de kramen maar ook in de tenten de vertooningen van goochelaars, koorddansers en gedresseerde dieren ging bij wonen, de kermis, waarvan prins Willem V in het jaar 1793, toen een inspectie van het naar Fransch Vlaanderen vertrekkende Staatsche leger hem had weggeroepen, verklaarde (No. 147), dat het voor hem tegen alle retroacten was om in de kermisweek afwezig te zijn, de kermis, waarop in datzelfde jaar de kleine Guillot, een half jaar oud, voor het eerst in het publiek verscheen en onder luide toejuichingen het Voorhout werd rond gereden. Wij lezen in de brieven over de patriarchale zorgzaamheid, waarmede de Stadhouder en zijn zonen bij nacht en ontijd toesnelden in geval van brand: over het planten van den Meiboom vóór het Stadhouderlijk Kwartier, bij welke gelegenheid de Haagsche schutters, volgens een oud recht, voor die ééne maal door de Stadhouderspoort mochten trekken. „Je reviens de la revue „des bourgeois”, schreef prinses Wilhelmina op 30 April 1791 aan haar dochter. „II fait une pluye et un vent terribles. Papa a „voulu les dispenser de la promenade du Stadhouderspoort, mais il „n’y a pas eu moyen. Ils tiennent trop a leurs droits et aux rétro„actes”. Ouders en kinderen waren zeer muzikaal en groote liefhebbers van het tooneel. De brieven wemelen dan ook van bijzonderheden over de toenmalige tooneelwereld met haar eigenaardige verhoudingen, waarbij het kon voorkomen, dat tot in tegenwoordigheid van het hof acteurs dronken optraden en met rotte appelen werden gegooid (Ns. 40, 44). Wij vinden in de brieven echter ook zeer belangrijke beschouwingen over de meerdere of mindere verdiensten van zangers en zangeressen, van acteurs en actrices; en het talent van een Johanna Cornelia Wattier, toen nog een beginnelinge, maar later door keizer Napoleon, die haar bij zijn bezoek te Amsterdam zag optreden als Phedra, de grootste actrice van Europa genaamd en tot pensionaire van het Thédtre Frangais benoemd, wordt er dadelijk op de juiste waarde geschat. De toen opgang makende nieuwe stukken worden in deze prinselijke correspondentie met groote animo besproken, zooals Kotzebue’s in het jaar 1789 verschenen drama Menschenhasz und Reue, waarbij zoowel prins Willem V als prinses Wilhelmina heete tranen schreiden, gelijk de laatste aan prins Frederik schreef en waarvan prinses Louise een vertaling bewerkte. Wij lezen er over opvoeringen van het in 1793 verschenen stuk van H. Zschokke, Aballino, de groote Bandiet: van Panurge a Visie des Lanternes, de opéra comique met woorden van den graaf van Provence en muziek van Grétry, te Parijs voor het eerst opgevoerd in 1785: van den Barbier de Séville, het in 1775 te Parijs ten tooneele gebrachte eerste deel der groote dramatische trilogie van Beaumarchais, waarin de figuur van Figaro is bedoeld als de typeering van den derden stand tegenover die van den adel in den graaf van Alma Viva en waarvan Napoleon wordt gezegd te hebben verklaard: „Figaro étoit déjè. la Révolution en action”: wij hooren er van de vertooning, op persoonlijk verlangen van prins Willem V, van Charles IX ou l’Ecole des Rois door Marie Joseph Chénier, welk stuk bij de eerste opvoering te Parijs in 1789, aan den vooravond van de bestorming der Bastille, een heftige beroering wekte en Danton zou hebben doen uitroepen: „Figaro a tué la noblesse et „Charles IX tuera le Roi!” Van welk stuk prinses Wilhelmina aan haar dochter schreef, dat zij het bij de opvoering nog „beaucoup plus „terrible” had gevonden dan bij de lezing. Wij vernemen in de brieven bijzonderheden omtrent lange wandelritten in den omtrek van Den Haag of, bever nog, in de omgeving van Breda, waarbij prinses Wilhelmina uitreed schrijlings te paard, gelijk wij haar zien afgebeeld op haar portret door den hofschilder Haag, thans in het Rijksmuseum. De brieven vertellen ons van de verrukking der Prinses over de fraaie vormen, naar teekeningen van Flaxman, van het Engelsche Wedgwood aardewerk, toen iets nieuws; over een copie van de beroemde vaas van Barberini (No. 42); over de prachtige borduursels, die haar uit China werden toegezonden (No. 87), en die, voor eenige jaren door de goede zorgen van koningin Emma zorgvuldig gerestaureerd, nog altijd een sieraad zijn van de zoogenaamde Chineesche Kamer in het Huis ten Bosch. De brieven geven verslag van de predikaties, welke de Prinsen en Prinsessen, trouwe kerkgangers als deze waren, hadden getroffen; zij verhalen ons van de patronen der stoelen en schermen, welke moeder en dochter als om strijd borduurden, van de schilderstukken, waarvan zij copieën maakten, van de portretten, welke zij in miniatuur schilderden. De brieven berichten over lievelingshonden en bevelingspaarden, over den tammen eekhoorn en de mooie papegaai van prinses Wilhelmina, over de kakatoe van de Erfprinses, ja, waarover handelen deze brieven niet ? Zij toonen ons ouders en kinderen in hun gelukkige uren, in hun gezelbge, onbezorgde vroolijkheid (No. 39); zij toonen ons het erfstadhouderlijk gezin ook in zijn uren van zorg, wanneer de pobtieke horizon steeds meer betrekt en de gevolgen der Fransche Revolutie steeds meer bedenkelijk schijnen te worden voor de Republiek; maar wanneer prinses Wilhelmina zich toch nog inspant om haar schoondochter haar heimwee in het vreemde land te doen vergeten met charades en jeux d'esprit, waarin men destijds onuitputtebj k was, met feest j es, uitstapj es en tooneelvertooningen, waarin zij en prins Willem V nog wel zelven medespeelden maar zonder dat haar hart er bij was. „Je suischarmée”, verzuchtte zij in een schrijven aan prinses Louise naar aanleiding van de opvoering eener liefhebberij-comedie, waarmede de Erfprins op zijn verjaardag, 24 Augustus 1792, moest worden verrast, „je suis „charmée de cette surprise a quelque égard, si ebe fait plaisir a Guil- „laume et paree qu’elle amuse et distrait la Princesse; mais je ne „trouve pas, que ce soit un tems pour jouer la comédie, et je voudrois „seulement, que celle-ci fut passée. J’ai toujours si peur, qu’il nous „viendra quelque malheureux trouble-fête”. De inhoud dezer brieven, vol als die is van intieme huiselijkheid, getuigt ook van een intens beleven van de geweldige gebeurtenissen aan het einde der 18de eeuw van een intens beleven van de gebeurtenissen, maar nog niet van een ingaan op de groote strijdvragen, die destijds de gemoederen in heftige beroering brachten. De groote strijdvragen, waar het toen ten onzent om is gegaan, de scherpe tegenstellingen van unitarisme en federalisme, van behoud of afschaffing eener bevoorrechting van eenig bepaald kerkgenootschap, van bepaalde standen of personen, van het al of niet wenschelijke van scheiding tusschen de wetgevende en de uitvoerende macht, die beginselvragen zijn vóór de ballingschap in de correspondentie der ouders met hun nog nauwlijks volwassen kinderen niet aan de orde gekomen. Toen deze briefwisseling, als kindercorrespondentie begonnen en aanvankelijk voortgezet met zuiver paedagogische bedoelingen, waarbij de kinderen nog kritiekloos tegenover de ouders stonden, door het tot zelfstandige ontwikkeling komen van de kinderen haar eigenlijk peil begon te bereiken, heeft het snelle verloop der gebeurtenissen in de jaren 1793 en 1794 tijd noch belangstelling gelaten voor de bespreking van beginselvragen: vóór alle andere dingen ging toen de strijd om het bestaan zelf. De strijd van oude en nieuwe denkbeelden, uit welker verzoening onder den harden druk van vreemde overheersching de geheel verworden Statenbond van de Republiek der Geuniëerde Provinciën met zijn Stadhouder, zijn Staatskerk, zijn bevoorrechte standen zou herrijzen als de Eenheidsstaat van het Koninkrijk der Nederlanden met zijn Grondwet, berustend op het beginsel van gelijkstelling van allen voor de Wet onder het Koningsschap der Oranje’s, die strijd heeft binnen den boezem van het erfstadhouderlijk gezin eerst weerklank gevonden tijdens de ballingschap. Toen heeft de Erfprins, tot volle persoonsontwikkeling gekomen, tegenover zijn Vader, den man van het oude régime, gestaan als de man van het nieuwe régime, als de man van zijnen tijd. Een bespreking van de wijze, waarop die beginselstrijd zich in de onderlinge briefwisseling der leden van het stadhouderlijk gezin heeft geopenbaard, moet dus worden verschoven naar de Inleiding op het Tweede Deel dezer brievenuitgave. De correspondentie van vóór de ballingschap getuigt alleen van een intens beleven van de geweldige gebeurtenissen aan het einde der 18de eeuw; zij gaat nog niet in op de oorzaken dier gebeurtenissen. Het erfstadhouderlijk gezin is niettemin, naar uit de correspondentie zijner leden blijkt, door den wervelstorm der omwenteling allerminst onvoorbereid overvallen. Toen, ingeleid door de Patriottenwoelingen, de Revolutie hier, eerder nog dan in België of in Frankrijk, uitbrak, heeft prins Willem V haar ook zeker niet willoos en lijdelijk over zich heen laten gaan. Men vergelijke eens de onbeholpen poging tot ontvluchting van koning Bodewijk XVI en diens optreden bij de aanhouding te Varennes met het welberaden vertrek van den Erfstadhouder uit Den Haag bij de eerste openlijke aanranding van zijn stadhouderlijk gezag door de Staten van Holland, ten einde zijn strijd met dezen niet in zijn Residentie zelve te moeten strijden, en de zorg, waarmede hij zijn gezin op het Valkhof bij Nijmegen in veiligheid brengt, als hij zelf zich naar het legerkamp bij Amersfoort begeeft. Welk een verschil ook tusschen de houding van een Bodewijk XVI, die in het Champs de Mars openlijk den eed aflegt op een hem met geweld opgedrongen Constitutie, en een Willem V, die lijdelijke berusting in de willekeurige verkorting zijner stadhouderlijke rechten kortweg „een ignominie” noemt. Prof. H. T. Colenbrander schrijft dan ook in zijn werk De Bataafscheßepubliek: „vaneenige „bereidwilligheid om zich de positie van een Bodewijk XVI te laten „opdringen is bij Willem V nimmer sprake geweest”. Hij was te groot van hart om een Stadhouder en peinture te willen zijn, heeft niemand minder dan prinses Wilhelmina, zijne echtgenoote, die men zoo dikwijls tegen hem heeft willen uitspelen, zelve van hem verklaard. Prinses Wilhelmina heeft op staatszaken nooit zoo grooten invloed gehad, als men wel heeft willen doen gelooven; maar de intellectueel hoog ontwikkelde, warm voelende vrouw kon niet zonder invloed blijven en prins Willem V zelf zou de eerste zijn geweest om dit niet te willen. Wat men ook moge hebben beweerd, de echt van prinses Wilhelmina en prins Willem V is naar het onverdacht en onwraakbaar getuigenis hunner gezins-correspondentie zeer gelukkig geweest. Wezenlijk verschil van meening tusschen deze beiden heeft blijkens de correspondentie met hun kinderen niet bestaan; en zeker is, dat prinses Wilhelmina vóór en na de houding, later ook de nagedachtenis van haren echtgenoot, om wien zij in al de vijftien jaren van haar weduwschap den rouw nimmer heeft afgelegd, zelfs niet op dien gloriedag, toen haar zoon in de Nieuwe Kerk te Amsterdam werd gehuldigd als Koning Willem I —, volhardend is blijven eeren en onvermoeid is blijven verdedigen tegen alle kritiek. Het is ook juist de wijze, waarop prinses Wilhelmina in haar brieven aan haar kinderen tot dezen over hun Vader spreekt: bij een eerste begin van een al te hoogen toon van den Erfprins tegenover zijn Vader onmiddellijk een woord van streng vermaan laat hooren (No. 91), welke ons prins Willem V doen kennen als iemand van heel anderen aard dan het algemeene oordeel hem tot dusver heeft willen toeschrijven. De zeer vertrouwelijke brieven van prins Willem V zelven aan zijn dochter wettigen trouwens de vraag, of wel iemand in die dagen zoo scherp als hij, reeds bij het eerste opkomen der revolutionaire woelingen in Frankrijk en in de Oostenrijksche Nederlanden, de ver reikende gevolgen daarvan heeft voorzien? Van het jaar 1790 vormen de brieven dan ook als een geregeld doorloopend verhaal van de politieke gebeurtenissen van den dag en doen ons deze medeleven met al de spanning der correspondenten zelven. die, al konden zij de uitkomst van zoo veel geweldig gebeuren slechts gissen, toch van den beginne zich bewust waren, dat de nawerking van dit alles in de Republiek niet kon uitblijven. Zoodra de oorlog van Frankrijk met Pruisen en Oostenrijk begonnen is, wordt in de brieven de onmogelijkheid om de Republiek buiten den oorlog te doen blijven reeds vóórgevoeld. Als de Nationale Conventie dan ook nog den oorlog verklaart aan Engeland, schrijft prinses Wilhelmina aan haar dochter: Je suppose que chez „nous ils commenceront les hostilités et déclareront la guerre en„suite”. De oorlogsverklaring komt dan in den geheel onverwachten vorm van een oorlogsverklaring aan prins Willem V persoonlijk, als ware deze in de Republiek een zelfstandig regeerend Vorst geweest; en trotsch en gelukkig kan prinses Wilhelmina dan haar dochter melden, dat de Staten geen oogenblik hebben geaarzeld, gemeene zaak te maken met hun Stadhouder, diens zaak als de hunne te beschouwen. Treffend is tegelijkertijd een schrijven van den Erfprins (No. 110). die, door zijn Vader met een opdracht rakende diens Nassausche belangen naar het hoofdkwartier van den Koning van Pruisen te Frankfort gezonden, daar onder een concert Fransche couranten in handen krijgt, waarin die oorlogsverklaring staat vermeld. „Ce „soir au concert”, schrijft hij aan zijn Moeder, „j’ai vu les gasettes de „France qui disent, que la guerre est déclarée contre nous. Je suis „d’une inquiétude horrible et vous m’avouerez, que c’est bien naturel. „Pourvuqu’onneperdepas la tête; c’est ce que je crains le plus. J’ai „marqué a mon Père que, s’il a besoin de mon bras, je serai le plus tót „possible dans la République”. De eerste aanval der Franschen richtte zich niet, gelijk was verwacht, op het ten minste eenigermate tot verweer toegeruste Zeeland maar op de Brabantsche vestingen met het doel om, na verovering van deze, snel den Moerdijk over te steken en dan in verstandhouding met de Patriotten over Rotterdam recht op Den Haag af te gaan. De overgave bij verraad, op den eersten aanloop reeds, van Breda en Geertruidenberg veroorzaakte een begin van paniek en deed zelfs in de Statencolleges gewagen van capitulatie. Maar met krachtige taal, gelijk prinses Wilhelmina fier en trotsch haar dochter meldt, wist prins Willem V in de vergadering der Staten dezen te bemoedigen (No. 114). De daad bij het woord voegende, zond hij prins Frederik met een schijn van een legertje, al wat zoo dadelijk beschikbaar was, naar de dorpen in de Langestraat (het Noorden van Brabant) om daar de Franschen tegen te houden en de onderwaterzettingen in gang te brengen. Ontroerend is dan in de brieven (zie den brief van 26 Februari 1793, II) de angst van prinses Wilhelmina om de al te gevaarlijke opdracht aan den juist negentien jarigen generaal met ongeoefende, slecht uitgeruste troepen en volstrekt gemis aan ervaren generaals om hun jongen collega ter zijde te staan. Niet minder ontroerend dan de angst van prinses Wilhelmina is op dat oogenblik bij prins Frederik zelven het verlangen naar de overkomst van zijn gewezen, thans in Brunswijk gevestigden militairen gouverneur en de jongensachtige, uitbundige vreugde, waarmede hij zijn Moeder meldt, dat kolonel Van Stamford gekomen is (No. 121). Hij weet ook stand te houden en tijd te winnen tot zijn broeder, inderhaast uit Frankfort teruggekeerd en door zijn Vader benoemd tot opperbevelhebber van het geheele cordon, in overleg met generaal Dumoulin en admiraal Van Kinsbergen dag en nacht doorwerkend, de verdediging der Hollandsche stroomen heeft georganiseerd, de Maas heeft bedekt met kanonneerbooten en gewapende vaartuigen en in een minimum van tijd de forten langs de Hollandsche waterlinie zoodanig heeft versterkt, dat de Nationale Conventie, door dezen onverwachten, beslisten tegenstand verrast en teleurgesteld, haar legerhoofd, generaal Dumouriez, bovendien wantrouwend, dezen beveelt, de onderneming tegen de Hollandsche waterlinie op te geven en zich naar het Zuidoosten te wenden. Als kort daarna het verraad van Dumouriez inderdaad openbaar wordt, is daarmede de kracht van het Fransche leger voor het oogenblik verbroken en het gevaar voor ditmaal voorbij. De brieven, welke in die angstige dagen met al de gewone regelmaat tusschen de leden van het stadhouderlijk gezin werden gewisseld, stellen ons in staat de geweldige spanning, waarin ouders en kinderen toen hebben geleefd, mede te gevoelen; zij geven ons ook een indruk van de echt menschelijke reactie na al de doorgestane angsten, van de al te uitgelaten stemming, die het hofleven gedurende den zomer van 1793 kenmerkte, ook al te groote verwachtingen deed koesteren, toen de Staatsche troepen onder de beide jonge Prinsen naar Fransch-Vlaanderen trokken om daar deel te nemen aan de krijgsverrichtingen der gecoaliseerde legers van Engeland, Oostenrijk en Pruisen met het doel, gezamelijk op te rukken naar Parijs en daar de orde te gaan herstellen. De door de Verbonden Mogendheden gevolgde oude, voorzichtige, langzame taktiek van belegering van alle Fransche vestingen vóór en na op den langen weg zou echter niet bestand blijken tegen het onstuimige offensief van het na het verraad van Dumouriez door generaal Carnot geheel gereorganiseerde Fransche leger, dat, door een levée en masse tot een geestdriftige menigte opgevoerd, de nieuwe taktiek van den élan, van den stormaanval volgde. Met groote bezorgdheid begon prins Willem V alras zijn zonen te volgen op hun weg. Wel beseffend, dat zijn plaats thans in Holland was om er te regelen en te schikken wat maar voor het leger kon worden gedaan, schreef hij spijtig aan zijn dochter; „mes fils sont a I’armée et moi je dois rester ici, ce dont J’enrage”; om haar dan ook nog te klagen: „le courage ne leur man„que pas; mais ils sont bien jeunes et ils ont affaire k forte partie’Mn September 1793 (No. 161) verhalen de brieven van de nederlaag bij Warwick, waar de Erfprins slechts met moeite het Staatsche leger kon redden van algeheele vernietiging en waaruit prins Frederik, na gedurende vijf lange uren aan een zesvoudige overmacht het hoofd te hebben geboden, zwaar gewond naar huis terug keerde. Vóór den winter slaagde de Erfprins er nog in Quesnoy te nemen; maar het einde was toch, dat de veldtocht sloot niet met een oprukken naar Parijs maar met het betrekken der winterkwartieren dicht bij de Staatsche grens, in de nabijheid van Luik. Bijzonder interessant worden de brieven van ouders en kinderen gedurende den nu volgenden veldtocht van 1794/1795, evenals den vorigen beraamd met het doel om op te trekken naar Parijs, ditmaal echter niet door Fransch-Vlaanderen maar langs het dal van de Sambre. De onderneming werd zoo goed ingezet met de inneming van Landrecies door den Erfprins; maar het door dezen behaalde voordeel werd door de Verbonden Mogendheden niet benut. In plaats van, zooals de Prinsen van Oranje wilden, het vluchtende Fransche leger op den voet te achtervolgen, besloot men opnieuw om allereerst alle opéén volgende Fransche vestingen langs de Sambre te gaan belegeren, wat den Franschen tijd gaf, zich te herstellen. Wel wist de Erfprins, overtuigd als hij was van het belang van een snel offensief optreden, nog tot tweemaal toe de Franschen over de Sambre terug te werpen; maar toen het hem reeds bijna was gelukt, het voor de derde maal te doen, noodzaakte hem de overhaaste terugtocht der Verbonden Mogendheden, de zaak op te geven en mede terug te trekken, zou hij niet worden afgesneden. Sedert werd het verloop der krijgsverrichtingen in de Oostenrijksche Nederlanden een aaneenschakeling van terugtochten en van achterhoedegevechten, tot de Erfprins in Juni 1794 bij Baarle in Brabant met zijn troepen weder het eigen territoir betrad om er zich binnen den tijd van anderhalf jaar ten tweede male te zien gesteld voor de taak, den opdringenden vijand buiten de grenzen te houden. De brieven, zoowel die van prins Willem V als die van prinses Wilhelmina, aan prinses Louise, beider vertrouwde, gaan nu meer en meer getuigen van hun voorgevoelen van de snel naderende, onvermijdelijke catastrophe, geven ook telkens zeer belangrijke verklaringen van de oorzaak dier déhdcle. Wij lezen in die brieven verrassend weinig over tegenstand van Patriotten. Men is er wel op bedacht en er wordt ook tegen gewaakt; doch telkens lezen wij. dat binnenslands alles rustig blijft, dat onrustbarende berichten dienaangaande bij onderzoek overdreven zijn bevonden. Wel echter zijn de brieven vol van klachten over den onderlingen naijver, de verdeeldheid, de eigenbaat, de kwade trouw der Verbonden Mogendheden, terwijl prins Willeras onkreukbare goede trouw toen reeds de verklaring afdwong, „que seule la République avoit joué bon jeu bon argent” (No. 193). De correspondentie van prins Willem V met zijn dochter geeft ons ook eenig denkbeeld van de bijkomstige moeilijkheden, waarmede hij te worstelen had, als bijvoorbeeld zijn gemis van alle gezag over de niet aan zijn bevelen onderworpen Engelsche troepen, die op eigen hand, zonder vervolgd te zijn geweest, zonder eenige aanleiding over de rivieren terugtrokken en daardoor de Staatsche troepen noodzaakten het eveneens te doen, ten einde niet te worden afgesneden; terwijl de losbandigheid, liederlijkheid en plunderzucht der Engelschen, die na eerst Brabant te hebben leeg geroofd in Gelderland op de gruwzaamste wijze huis hielden, er de bevolking verlangend deden uitzien naar de komst der Franschen als naar een verlossing van de Engelschen, wat den raadpensionaris Van de Spiegel aan den Britschen gezant deed schrijven, dat wij zonder die hulptroepen heel wat beter zouden zijn af geweest. Een ramp was het ook, dat de Franschen de garnizoenen der door hen genomen vestingen vrij lieten met verlof om naar huis terug te keeren, mits onder belofte van niet meer tegen Frankrijk te zullen dienen, zoodat de Republiek werd overstroomd met krijgsvolk, dat moest worden onderhouden zonder dat men er nut van had en dat het effectief van het leger vele malen grooter deed schijnen dan het in werkelijkheid was. Bij al die tegenspoeden durfde prins Willem V zijn dochter, tegenover wie hij zich geheel liet gaan, tegenover wie hij zich volkomen uitsprak, klagen: „Que dira de moi la postérité? Je „voudrois qu’on scüt, que je ne suis pas dégénéré de mes ancêtres”. Als zijn somberste vóórgevoelens zich het een na het ander verwezenlijken, is het in zijn brieven als een refrein: „Pourtant je ne perds pas „courage. Ce Pays a encore de grandes ressources. Je ferai de mon „mieux!” Of wel: „C’est une grande consolation pour moi dans mes „malheurs d’avoir de si bons enfants. Mes fils se sont conduits en „braves”. En telkens heet het dan; „J’ai promené ce soir en tête èi „tête avec votre Mère”. Aangrijpend is de schildering, welke de Prins in zijn brieven aan zijn dochter in allen eenvoud geeft van zijn vergeef sche worsteling om het behoud van Nijmegen; zijn verhaal van het catastrophale gebeuren in den nacht van den 27sten December 1794, toen de Franschen over het ijs in de bevroren rivieren de Bommelerwaard waren binnen gevallen, ’s Prinsen brieven aan zijn dochter laten ons zien. hoe hij met zijn telkens meer verzwakte hulpmiddelen, het leger telde op het laatst geen 4000 man en een volkswapening was mislukt, blijft stand houden en van geen wijken hooren wil, zelfs niet voor de vrouwen en het kind. Op 13 Januari 1795 schrijft hij nog: „Je ne vois plus aucun moyen desauvercePays, „cependant c’est mon devoir de m’en occuper tant que j’existe. C’est „ce que je vais faire”. Eerst als den 14den Januari 1795 de Engelschen achter den IJsel terugtrekken en daarmede de verdediging van Holland opgeven; als den 15den de Erfprins naar Den Haag terugkeert, omdat de oververmoeide, uitgehongerde, half bevroren troepen hem niet meer gehoorzamen en, volstrekt uitgeput, hun wapens wegwerpen: als dien eigen dag prins Frederik, doelende op de zending van Repelaer en Brantsen naar Parijs, hem schrijft: „J’espère, „mon Père, que vous ne vous fierez pas trop è. nos ennemis et que „vous partirez, lorsqu’il en sera temps encore; j’ignore, si les Députés „de L.H.P. auront été acceptés ounon, mais dans le dernier cas, ne „restant plus rien èi faire qu’a se soumettre, je considère que le mieux „que vous puissiez faire ce sera de partir et dans ce cas-la j’espère que „vous pourrez encore m’en avertir a tems; au reste si I’un de la „familie doit être pris, il vaut mieux encore que ce soit moi et a eet „égard mon parti est aussi déjè. pris”: als den lóden de Staten van Utrecht hebben gecapituleerd en die van Holland op 17 Januari willens blijken het eveneens te doen, eerst dan laat prins Willem Vin den vroegen ochtend van den 18den zijn echtgenoote met schoondochter en kleinkind afreizen. Zelf blijft hij ook dan nog op zijn post tot dien eigen Zondagochtend de Staten van Holland besluiten, den snel naderenden vijand een deputatie tegemoet te zenden met verzoek om een wapenstilstand en, mocht die worden geweigerd, de Franschen ongehinderd in hun Provincie toe te laten. Toen dus alle verweer volstrekt onmogelijk was geworden, ontbood de Prins de leden der Algemeene en der Gewestelijke Staten met de vreemde gezanten en de leden zijner hofhouding in de groote danszaal van het Nieuwe Hof, thans Vergaderzaal der Tweede Kamer, om hun, staande tusschen zijne beide zonen, die hij vooraf eervol van hun bevel over de Staatsche troepen had ontslagen, aan te zeggen, dat hij van zins was heen te gaan, geen obstakel willende wezen aan den vrede, dien de ingezetenen wenschten maar die voor hem onaannemelijk was; wat de Statenleden zwijgend aanhoorden, hunnerzijds zoo min als zijnerzijds gewagend van ontslag nemen of ontslag verkenen uit ’s Prinsen hooge waardigheden als Stadhouder en als Kapitein-Generaal, waardigheden die trouwens erfelijk waren en als automatisch van hem zouden overgaan op den Erfprins, op diens zoontje. Onmiddellijk daarop reed de Prins af om zich met zijn zonen in te schepen op een aan het Scheveningsche strand gereed liggende visscherspink. Toch, als kon hij niet scheiden, duurde het nog tot middernacht, eer hij bevel gaf, in zee te steken. Toen was het ook de hoogste tijd, want reeds waren de eerste Franschen verschenen in Den Haag. En zoodra de Prins in Engeland was geland, schreef hij aan zijn dochter: „La Province d’Utrecht a capitulé Vendredi et la „Hollande Dimanche. Je suis resté, jusqu’a, ce qu’on m’a demandé „un officier et un trompette pour précéder la députation qui alloit „capituler. Alors j’ai décampé. Si je revois jamais ma Patrie, je „I’ignore; mais je ne cesserai jamais de I’aimer et je prierai toujours „Dieu pour sa prospérité.” Zoo toont de briefwisseling van prins Willem V en diens gemalin met elkander en met hun kinderen ons de leden van het stadhouderlijk gezin in hun goede en in hun kwade dagen, in hun onwankelbare trouw, in hun volharden tegen hopen in, in hun moedig onder de oogen zien van een zekeren ondergang. Zij geeft ons als in een doorloopend dagverhaal, zooals wij er nog geen bezitten, een beeld van de nadagen onzer Republiek, van den laatsten, hopeloozen en toch zoo heldhaftigen strijd, want wat heeft het den vreemden indringer een moeite gekost om den toegang tot het land boven de rivieren te overweldigen! Het staat zelfs te bezien, of deze er wel in zou zijn geslaagd, als niet een ongekend strenge vorst de rivieren voor hem had overbrugd? Had hij zelfs niet reeds, wanhopend aan zijn slagen, zijnerzijds vredesonderhandelingen willen inleiden? De brieven keren ons dezen laatsten heldenstrijd der Oranje’s, want een heldenstrijd, zij het dan een vergeefsche, is de veldtocht van 1794/1795 geweest, kennen als een aangrijpend drama; en zij doen ons de uitkomst er van beschouwen niet als een lijdelijke overgave, als een vlucht, zooals men maar al te dikwijs heeft gedaan, doch als een welbewust en rustig buigen voor een onontkoombaar noodlot, een buigen, waarvan men de stille waardigheid maar al te zeer heeft miskend. Er is ook grootheid van ziel voor noodig om te durven erkennen, dat men den strijd verloren heeft. Met zijn rustig, vrijwillig heengaan heeft prins Willem V aan land en volk bespaard een Schrikbewind met al de daaraan verbonden gruwelen van moord en doodslag. Want wat zou het zijn geweest, als hij zich met zijn gezin gevankelijk had laten wegvoeren naar Parijs? Of als hij zich hier in staat van beschuldiging had laten stellen ? Doch hoe belangrijk dit alles wezen moge voor de kennis der geschiedenis van ons Vaderland en van ons Vorstenhuis in het verleden, het wezenlijke belang der gezinscorrespondentie van onzen laatsten Erfstadhouder ligt in het heden, ligt in de onmiskenbare actualiteit, welke deze brieven, na anderhalve eeuw welhaast, nog altijd bezitten. Want is niet een der meest brandende vraagstukken van onzen tijd, dat van de verhouding van ouders en kinderen ? Wij bestudeeren dat probleem in tijdschriftartikelen en brochures. Wij bespreken dat op congressen. Wij schrijven er dikke boeken over. Wij trachten de oplossing er van te benaderen door het instellen van enquêtes. Wij zoeken naar de theorie. De gezinscorrespondentie van onzen laatsten Erfstadhouder toont ons de praktijk. Daar zien wij een gezinsverhouding waar, bij éénheid van zin en willen der beide ouders, met strenge handhaving van tucht en eerbied, met stipte inachtneming der destijds geldige goede omgangsvormen, een wezenlijke gemeenzaamheid, een innige vertrouwelijkheid zijn bewaard gebleven; waar toenemend verschil van inzicht tusschen ouders en kinderen, dat niet kon uit blijven naarmate de laatsten zich zelfstandig ontwikkelden en menschen werden van hunnen tijd, van een nieuwen tijd, gelijk dat openbaar is geworden in de correspondentie tijdens de ballingschap, dat verschil van inzicht toch nimmer heeft geleid tot oneenigheid, laat staan tot verdeeldheid; zoodat het stadhouderlijk gezin als een ongebroken éénheid, een éénheid, welke, sedert Juliana van Stolberg, de stammoeder van het Huis, die haren kinderen bij bracht, als een blijvend kenmerk van het Huis der Nassau’s is geweest, de vernedering, den ondergang, de ballingschap is tegemoetgegaan en heeft verdragen om ten slotte gelukkig ook weder als een éénheid tot ons terug te keeren. JOHANNA W. A. NABER. ’s Gravenhage, 1931 1777 De eerste vijf brieven teekenen den omgang van de beide ouders met hun jonge kinderen van zes tot twaalf jaar. 1. Prinses Wilhelmina x) aan haar dochter 2) Dieren. 7 Juni 1777. Votre souvenir, ma chère Loulou, m’a fait beaucoup de plaisir. Vous voulez me prouver par cette lettre 3), que vous tenez parole et que vous ne m’oublierez pas. Je suis contente de votre lettre; elle est bien pour votre age. Je vous prie toutes les fois que vous m’ëcriverez, que ce soit toujours vos propres idéés et qu’on ne corrige rien que I’ortografe. J’espère de vous revoir après-demain et de vous retrouver bien sage. Si vos frères sont sages aussi, embrassez-les de ma part. Je suis votre tendre Mère WILHELMINE. Onderschrift van prins Willem V 4). Votre souvenir m’a fait grand plaisir, ma chère Loulou; je vous embrasse et vous prie d’embrasser vos frères de ma part. Adieu, ma chère fille. Croyez-moi a jamais votre trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. l) Frederika Sophia Wilhelmina van Pruisen, Prinses van Oranje. 7 Aug. 1751—9 Juni 1820. Zie over haar mijn monografie Prinses Wilhelmina, Gemalin van Willem Vt Prins van Oranje. 2) Frederika Louise Wilhelmina, Prinses van Oranje. 28 Nov. 1770—15 Oct. 1819. Zie over haar mijn monografie Louise van Oranjet erfprinses van Brunswijk, in mijn bundel Prinsessen van Oranje in Duitschland. 8) Deze brief is niet aanwezig. 4) Willem V, Prins van Oranje. 8 Maart 1748—9 April 1806. Naber, Correspondentie I 1 Prins Willem V was na het ongelukkige begin van den 4.den Engelschen oorlog naar Texel vertrokken ter inspectie van de vloot1). 2. De Erfprins 2) aan zijn Vader. Den Haag. 19 April 1781. Mon trés dier Père, avez-vous eu un bon voyage? Est-ce que vous vous amusez bien ? J’ai cru a 9 heures que vous seriez arrivé k Haarlem. A quelle heure estes-vous arrivé au Texel? Combien de vaisseaux y a-t-il prêts a partir? Est-ce que le frère de Mr. Benting») y est? Messieurs Harzting 4) et Kinsbergen 6) y sontils? En fait de cadets Fagel6), Guillaume Rheede7), le frère de Simon «), dites? Cela m’a fait beaucoup de peine de vous voir partir. Vous me direz, mais alors pourquoi vous mettre è. la fenêtre? Je vous répondrai, pour que je puisse me vaincre et cacher mes larmes. Adieu, cher Père. Guillaume d’Orange. Onderschrift van prins Frederik •). Postcriptum. Votre Fritz vous aime beaucoup. Nous avons été au jardin de la Vieille Cour10), oü nous avons cueilli des fleurs. J’espère que vous prendres des Ennemis en quantités et des poissons pour la cuisine. Ma soeur vous presente ses respects. Elle vous écrira demain. Frédéric d’Orange. i) Zie Blok, Gesch. v. h. Ned. Volk. 111, pag. 558. •) Willem Frederik, Prins van Oranje. 24 Aug. 1772—12 Dec. 1843. •) Wolter Jan baron Bentinck, Kapt. ter Zee in de Adm. van Amsterdam. ‘) Andries Hartsinck, Vice-Admiraal in de Adm. van Amsterdam. 6) Jan Hendrik van Kinsbergen, toen Schout bij Nacht in de Adm. van Amsterdam. •) Franfois Willem Fagel, geb. 1768, kleinzoon van den griffier Hendrik Fagel, trad op zijn 12de jaar, 1780, in den zeedienst als adelborst. Hij stierf in 1856. ’) Willem Frederik, graaf van Reede, geb. 1770, werd in 1780 adelborst. In 1792 werd hij Garde du Corps van Prins Willem V. •) Mij onbekend. •) Willem George Frederik, Prins van Oranje. 15 Feb. 1774—6 Jan. 1799. ») Het zoogenaamde Oude Hof, thans Koninklijk Paleis. Prinses Wilhelmina had met hare beide zonen den Prins vergezeld op een bezoek aan de vloot1). 3. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Nieuwediep. 27 Mei. Ma trés chère Loulou, votre lettre m’a fait un trés sensible plaisir. Continué toujours a observer tous vos devoirs, ce sera sürement le plus sur moyen d’être heureuse. Quant a celui de m’écrire, j’aime a croire que c’est plu tót un plaisir pour vous qu’un devoir. II n’y en a de plus agréables ni deplusaisésqueceuxquelecoeur nous dicte et j ’espère qu’il vous dictera tous ceux que vous pourries avoir a remplir a mon égard. Je puis continuer a vous donner de bonnes nouvelles de notre part. Nous nous portons trés bien et le tems a eu la complaisance de se racommoder, ainsi nous avons pu aller sur plusieurs vaisseaux. Papa est parti a 9 heures pour tenir Conseil de Guerre sur le vaisseau amiral. Une heure après nous nous y sommes rendus en chaloupes, accompagné et suivies de toutes celles de la flotte. Le coup d’oeil étoit superbe. En approchant de la flotte tous les vaisseaux nous ont salués; on auroit dit que c’étoit un combat naval, tant il y avoit du bruit. Nous sommes abordés chez Mr. Hartsinck. Nous y avons déjeuné; nous avons vu tout le vaisseau et nous avons vu manoeuvrer I’équipage. Tout cela étoit fort beau. Ensuite nous avons dinné a bord du vaisseau Amsterdam chez I’amiral de Byland 2). Après dinné nous avons été voir le Cortenaer et puis nous sommes retoumé au jacht 3). Toutes ces promenades d’un batiment a I’autre se sont faites dans la chaloupe du vaisseau amiral. Vos frères ont été partout et heureux comme des rois. Demain nous dinons chez Mr. Hartsinck et après-demain j’aurai, s’il plait a Dieu, le plaisir de vous embrasser. Nous aurons demain le jour de prière ici au lieu de Mercredi. Adieu, ma bonne Loulou, je n’ai pas le tems de vous en *) Zie voor bijzonderheden van dezen tocht mijn monografie Prinses Wilhelmina, pag. 53. *) Lodewijk, graaf van Byland, vice-admiraal in de Adm. van Amsterdam. *) De Prinses logeerde met haar beide zonen in het jacht der Admiraliteit van Friesland. dire davantage. Toutes mes lettres s’écrivent a la hate et au milieu de bruit. Compté a jamais sur la vive tendresse de votre fidéle Mère WILHELMINE. Embrassé Mlle de Danckelmann x) et partout mes complimens. Dit a Mlle de Danckelmann que nous avons beaucoup dansë dans les chaloupes mais sans le moindre danger et que j’ai le pied tout k fait marin. Dans toutes ces occasions Mr. Kinsbergen instruit vos frères et prend grand soin d’eux. 1785 Prins Willem V had zich, toen de Staten van Holland zich hadden aangematigd het recht om bevelen te geven aan het krijgsvolk, buiten hem, den Kapitein-Generaalder Unie, om, een langer verblijf inDenHaag voor zich en de zijnen onmogelijk geacht. Hij vertrok naar Breda, na eerst zijn gezin naar Friesland te hebben gezonden. 4. De Erfprins aan zijn Vader. De Lemmer. 16 September 1785. Mon cher Papa, après vous avoir quitté hier au matin a La Haye, notre voyage a été fort triste jusqu’au Haagsche Schouw; mais ensuite nous avons commencez a nous égayer davantage. Jusqu’è, Haarlem le voyage n’a rien offert d’intéressant. A Haarlem nos chevaux n’étant pas prêts, nous sommes allés a pied nous promenerunboutdechemin autour des remparts, oü Mr. le Grand Bailli nous a accompagné. Ensuite nous avons eu un déjeuné a I’auberge. Les chevaux étant prêts, nous sommes partis et a 11 h. et \ nous étions rendus a Mervliet, campagne du Fiskael Van der Hoop2). On y a déjeuné; ensuite on s’est promenés dans cette ‘) Sophia von Danckelmann, gewezen gouvernante der Prinses. Zie over haar mijn Prinses Wilhelmina, pag. 9 en vlgg. a) Mr. Johan Cornelis van der Hoop, 1742—1825, Adv.-Fiscaal van de Adm. van Amsterdam campagne et dans celle x) de Mr. Archibald Hope 2). De la promenade a pied on est allez en promenade en voiture. On a dinné ensuite; le dinné a duré jusqu’a 6 h. et J. Nous sommes allez a 7 h. au Jagt et a 10 h. et \on a levé I’ancre 3). Ce matin a 8 h. nous avons passé devant Amsterdam oü il y avoit au dela de 1000 vaisseaux de toutes les nations. Notre voyage a été des plus heureux car dans six heures nous étions au Lemmert oü nous avons été regus avec beaucoup de cris de joye. Nous avons tous été malades sur le Zuiderzee. Après le dinné nous nous sommes promenés dans le village et ce soir on soupe chez Mr. de Kempenaer 4). M’est-il permis, mon bon Papa, de vous demander a quelle heure vous estes parti de La Haye? Et si votre voyage a été heureux? Viendrez-vous nous rejoindre en Frise, mon cher Papa? Ou irezvous vous battre? Adieu, mon cher Papa. Je suis avec les sentimens de I’attachement et du respect les plus sincères, mon cher Papa, votre tendre, respectueux et attaché Fils G. F. d’Orange. 5. Prins Frederik aan zijn Vader. Leeuwarden. 18 September 1785. Mon trés cher Père, nous sommes arrivés hier a Leeuwarde en fort bonne santé et nous avons été a toutes les villes, oü nous avons passé, a des déjeunés et la Bourgeoisie nous a requ partout en grande cérémonie6). Je trouve que les plus belles villes, oü nous avons passé, étoient Workum et Bolsward. J’oublierois presque, mon cher Papa, que nous sommes venus de Bolsward ici en Binnenjacht et que quand nous sommes arrivés a la Porte de la ville, nous avons dü attendre un gros quart d’heure è. cause qu’elle étoit fermée paree que cela ennuyoit la Garde d’attendre plus *) Het naast Meervliet gelegen Huis Waterland. a) Archibald Hope, Bewindhebber der West-Indische Compagnie, die Het Huis Waterland in 1781 had gekocht, verkocht het in 1799 weder aan Jacob Boreel van Hogelanden, bezitter van het nabij gelegen Huis Beekesteyn. H. van Malsen. Vederwolken. #) In den toen nog niet droog gelegden Haarlemmermeer. 4) R. C. van Andringa de Kempenaar, grietman van Lemsterland, lid der Staten van Friesland. Zie over hem en het bezoek der Prinses aan Friesland, Hardenbroek, Gedenkschriften, VI. pag. 89. ‘) Zie mijn Prinses Wilhelmina, pag. 74. d’une heure. A Hindeloope nous avons ëté dans Ia maison de Mr. Van Loon 1), oü nous avons vu des Mts dans lesquels on entre avec 4 marches. Je ne S9ais plus rien d’intéressant a vous aprendre, mon trés cher Père; ainsi je finis en me nommant votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils G. G. F. d’Orange. Op het adres; Cito, cito, cito te bestellen, 1786 6. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Het Loo. 30 Maart 1786. Vous me faites l’aveu d’une faute, ma chère enfant, qui vous pesoit et dont vous espérez d’obtenir le pardon en faveur du moiif. Ces peu de mots disent tout. Ils me prouvent que vous sentiez ce que je pourroit en dire. Votre raisonnement étois juste; mais voyons maintenant en quoi consistois proprement la faute et comment le motif pouvoit le faire excuser. II y a environs deux ou trois ans que je vous proposoit une correspondance toute a fait intime et par conséquent toute a fait secrète. J’avois plusieurs raisons pour cela. La principale étoit de cultiver votre confiance dont je n’avois pas autant a me louer qu’a présent. Depuis longtems vous aimiez beaucoup a recevoir de mes lettres; j’espérois donc que la crainte de perdre ce plaisir, en vous rendant indigne de la correspondance, et la certitude que vos lettres ne seroient vues que de moi: que quoi qu’ehes pussent contenir, je ne vous en feroit jamais de reproches: que je ne demandois que la sincérité et que mes réponses seroient dictées par I’intérêt si vif que je prens a vous: que c’étoit une Amie qui vous parloit avec la tendresse d’une Mère\ j’espérois, dis-je, que tout cela vous engageroit è, m’ouvrir entièrement votre coeur, particuhèrement en ces momens oü I’amourpropre, la timidité ou quelque autre motif vous retenoit, et vous ne pouviez vous résoudre de parler. Jose me flatter de ne pas m’être trompée et depuis votre confiance a sürement augmenté. II est vrai que votre raison se développe de l) Mij onbekend. plus en plus et que cela suffisoit pour vous faire sentir la nécessité de la confiance auquel votre coeur devoit naturellement vous porter; mais j’aime a croire que notre correspondance y a contribué quelque chose. Je n’avois a dessein excepté personne du secret de cette correspondance entre une Mère et une Fille; cela ne me paroissoit pas nécessaire et toute exception conditionnée d’avance m'auroit, selon moi, ëloignée de mon but. D’ailleurs vous saviez que j’admet MUe Hollard1) volontier en tier dans ce qui vous regarde; ainsi je suposois que cette exception devoit avoir pour elle lieu toutes les fois que cela seroit nécessaire, et que vous ne craindriez pas de me la proposer lorsque vous la désiriez comme cela s’est fait aussi, si je ne me trompe, une ou deux fois a La Haye. J’en viens a présent aux motifs qui vous ont engagez è. lui montrer une lettre a mon ins9u. Voyons si je sait lire dans l’dme de ma Loulou. Je vais vous raconter ce que je crois que s’y est passé. Vous lui aviez témoigné votre peine de ce que j’avois montré quelque sensibilité sur votre peu d’empressement a venir chez moi depuis son arrivée 2). Vous craigniez, non sans raison, que vous lui en aviez faite a elle; par la vous vouliez racomoder ceci. Ma lettre vous montroit que vous m’aviez mal jugée, que je rendois justice a Hollard; vous vouliez la désabuser et détruire les inquiétudes que vous lui aviez données vous-même. Votre but étoit de lui faire plaisir; ce but étoit certainement louable. Je conclue de tout cela que la faute proprement dite consiste a avoir manqué k votre engagement sans me consulter. Ce défaut de confiance dans ce moment-la est votre seule faute et ne peut être entièrement justifiée par le motif quelque bon qu’il soit. Mais ayant comis cette faute, vous ne pouviez mieux la réparer qu’en m’en faisant I’aveu; aussi eet aveu m’a-t-il fait un trés grand plaisir et efface a mes yeux complètement la faute qui heureusement n’a pas eu de bien mauvaises suites. Souffrez cependant, ma tout chère Loulou, que je vous fasse quelques réflexions et vous indique les usages que vous pouvez retirer de cette petite aventure: ‘) Victoire Hollard, de Zwitsersche gouvernante van prinses Louise; zij huwde later een Mr. de Servétière. *) MUe HoUard was van verlof teruggekeerd. Qu’elle vous apprenne I°. combien vous devez vous défier de vos jugemens et de votre peu d’expérience, puisque cette lettre qui a vos yeux devoit combler de joye Hollard, ne semble pas précisément avoir fait eet effet, puisque d’après ce que vous m’écrivez, vous avez dü la rassurer autant que vous pouviez; 2°. la confiance de cette Loulou dans sa Maman n’est pas encore fondée sur une conviction bien décidëe que la sagesse et la justice règlent sa marche et sa volonté, puisque sans cela Loulou n’auroit pas craint de la consulter, persuadée que son refus suposé qu’il eüt eu lieu auroit étë motivé par de bonnes raisons. Enfin 3°. si vous aviez manqué a un engagement pareil vis a vis d’une autre que moi qui vous connoit si bien et en faveur d’une autre que Hollard è, laquelle vous devez tant d’obligations, ma confiance en vous auroit due diminuer. Je n’aurois pue continuer a vous en donner preuve par cette correspondance toute particulière. Vous voyez ainsi, ma chère, les suites qu’auroit eu un instant d’imprudence et d’indiscrétion. Pour moi au contraire je suis persuadée que cette faute vous fera grand bien pour I’avenir surtout depuis que vous I’avez avouée. J’espère et je compte que dans la suite vous me comuniquerez toujours tout bonnement vos désirs pour cette communication. Ma Loulou sera sincère et vraie, deux des plus belles vertus. Mais il est tems, ma chère Loulou, de mettre une fin a cette lettre. Je ne sait comment cela se fait; mais elles deviennent toujours des volumes. Pourriez-vous me résoudre ce problème? Je vous embrasse et serai toujours votre fidéle et tendre Maman WILHELMINE. 1787 Prins Willem V had, toen zijn strijd met de Staten van Holland was geworden een strijd van dezen met de Staten van Utrecht en Gelderland en de beide laatsten hem hadden opgedragen om met zijn leger de Hollandsche troepen, die hunne Provincies waren binnengevallen, weder daaruit te verdrijven en er de openbare orde te herstellen, te beginnen met Elburg en Hattem, zijn gezin van het hij de krijgsverrichtingen op de Veluwe om zijn open ligging al te onveilige Loo in zekerheid gebracht te Nijmegen in het toen nog niet gesloopte, maar nog goed verdedigbare Valkhof. 7. Prins Frederik aan zijn Vader. Nijmegen. 15 Juni 1787. Je n’ai manqué hier de vous donner de mes nouvelles, mon trés cher Père, que pour ne point vous incommoder de trop de lettres a la fois; et c’est pour cette raison que nous sommes convenus, mon frère, ma soeur et moi, de vous écrire a tour de róle de manière que vous aurez chaque jour de nos nouvelles x). Je vous supplie cependant, mon trés cher Père, de me faire savoir, si vous agréez eet arrangement. 22 Juni 1787. Nous avons, comme vous savez, mon trés cher Père, toute une autre gamison que quand vous estes parti. Le régiment de Grenier vient d’entrer il y a un moment et celui des Gardes Suisses vient de sortir. Nous sommes présentement bien petite compagnie 2); j’espère que j’aurai bientöt le plaisir de vous revoir avec notre Mère qui, a ce que j’espère, est arrivée fort heureusement a Amersfoort. Nous avons bien mauvais temps ici; j’espère qu’il sera meilleur chez vous. Tout le monde vous fait ses respects. Adieu, mon cher Père, je suis avec le plus profond respect votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils G. G. F. d’Orange. 8. De Erfprins aan zijn Vader. Nijmegen. 28 Juni 1787. Mon trés cher Père, ne trouvez pas mauvais si je vous incomode si souvent par mes lettres; mais cela vient de ce que j’ai toujours quelque chose a vous demander; sans cela je ne vous interromprois pas si souvent par mes balivernes 8). Ayez la bonté de me dire ce que nous devons faire avec trois déserteurs des Gar- *) Zij hebben dat sedert vol gehouden. Zie ook den brief van 19 November 1790. a) Prinses Wilhelmina was door prins Willem V uitgenoodigd om in diens legerkamp te Amersfoort van advies te komen dienen. •) Propos puérils. Gr. Dict. Univ. de La Rousse. des Hollandoises qui sont arrivé ici. Ils sont déserté pour la même raison que les Suisses qui out été a Amersfoort et a qui Mr. de Golofkin x) a donné des pass pour aller deux mois en Suisse. Si vous voulez me donner vos ordres a ce sujet, je les ferai exécuter tout de suite. J’ai été fort charmé de ce qui s’est passé aZutphen2), et surtout de I’ordre avec lequel tout s’est passé ainsi qu’a Doesburg. Je crois que demain matin la gamison ainsi que la bourgeoisie arborera la cocarde Orange; du moins tous les officiers ont leur cocarde en poche et on travaille toute la nuit k teindre des rubans blancs en orange. II y a déja deux bourgeois, un tailleur et un perruquier, qui se sont promenés eet après-midi avec un énorme W de carton, entouré de rubans orange sur le chapeau. Ma Mère est partie ce matin a cinq heures pour La Haye, ce qu’on a tenu fort bien secret ici de manière que Mlles de Stirum et de Hompesch 3) ne I’ont appris qu’a table. En voila bien assez pour aujourd’hui car sans cela je deviendrois indiscret, si j’écrivois une longue lettre. Mon frère et Messieurs Euler 4) et GuicheritB) vous présentent leurs respects. J’ai I’honneur d’être avec le plus vif et le plus respectueux attachement, mon trés cher Père, votre trés obéissant et tout dévoué Fils G. F. d’Orange. 9. Prins Willem V aan zijn Dochter. Amersfoort. 29 Juni 1787. Ma chère Fille, le malheur que j’avois prévu est arrivé. Votre Mère a été arrêtée et retenue prisonnière a Schoonhoven. Priez Dieu qu’ll vous la rende et qu’elle ne reste pas longtemps entre les mains de ses cruels ennemis. Si la Providence ne nous assiste pas, tout est perdu. Voila pour vous un grand exemple de I’instabilité des grandeurs humaines. J’ai toujours été contre ce voyage et c’est dans mon malheur une grande consolation pour ‘) Gabriel E., graaf van Golofkin, kolonel van de Zwitsersche lijfwacht. *) De Staten van Gelderland en de prinsgezinde stedelijke Regenten hadden te Zutphen en te Doesburg de orde hersteld. s) Hofdames van prinses Wilhelmina. *) Précepteur der beide prinsen sedert hun eerste leerjaren. 5) Waalsch predikant te ’s-Gravenhage, als „hofkappellaan” belast met het catechetisch onderwijs der prinselijke kinderen. moi d’avoir fait ce qui étoit dans mon pouvoir pour I’empêcher et pour détourner votre Mère d’une entreprise aussi périlleuse. Parlez le moins du monde de cette triste aventure et surtout avec des étrangers et pensez que les Etats de Hollande se sont rendus maltres de la personne de votre Mère et que des propos indiscretspeuvent lui faire tort. Adieu, ma chère enfant. Dieu vous donne plus de bonheur dans le reste de votre vie que vous n’en avez dans votre jeunesse.et me croyez a jamais avec la plus tendreaffection, ma chère Loulou, votre affectionné Père G. Pr. d’Orange. 10. Prinses Wilhelmina aan haar kinderen. Schoonhoven. 29 Juni 1787. Je vous écris ces lignes, mes chers enfans, pour vous tranquiliser paree que je crain que I’on vous aura inquiétés sur notre sort. Nous sommes, graces a Dieu, trés bien portant a Schoonhoven, n’ayant pu poursuivre notre route jusqu’è. La Haye, paree que Mrss. de la Commission d’Hollande, assemblée k Woerden 1), ne I’ont pas jugé è. propos. Nous avons couchë ici et nous y attendons des lettres de La Haye qui règleront notre marche ultérieure. Dites ceci a tous ceux qui s’intéressent a nous et en particulier k Mlle de Danckelmann et prié-la de se tranquiliser. Faitesle aussi savoir k votre Père, auquel je n’ai pas occasion d’écrire d’ici. Je vous embrasse tendrement et serai a jamais votre bonne et fidéle Maman W. Ce billet pourra dabord être envoyé è, Papa; c’est le moyen le plus prompt de lui faire savoir comment nous nous portons. 11. Prins F reder ik aan zijn Vader. Nijmegen. 30 Juni 1787. Mon trés cher Père, j’apprends dans ce moment par la lettre que vous venez d’écrire a mon frère 2), que ma trés chère Mère a été retenue prisonnière a Schoonhoven. J’espère que le billet de ma *) Het te Woerden gevestigde Comiti van Defensie van Holland ’) Moet zijn ~ü ma soeur”, zie no. 9. trés chére Mère que nous vous envoyons ci-joint, vous consolera un peu. Vous aurez sürement appris, mon cher Père, le bruit qu’il y a eu hier a Arnhem. II y a eu plusieurs maisons de pillées; mais a présent tont y est tranquille1). Les Fraicors2) ont rendus leurs ares et mont décoré leurs maisons avec des papiers oranges. II y a eu même qui ont illuminé leurs maisons. Adieu, cher Père, je suis et serai toujours avec le plus profond respect votre tr. h. et tr. ob. Serv. et Fils G. G. F. d’Orange. 12. Prinses Wilhelmina aan prins Willem V. Leerdam. 30 Juni 1787 3). J’ai la satisfaction de vous anoncer que nous voila, graces a Dieu, en liberté et que je vais tout de suite poursuivre ma route sur Nimègue. Je n’ai pas osé vous écrire hier, ignorant si les lettres ne seroient ouvertes et ne pouvant pas les adresser a Amersfort; mais j’ai écrit deux mots aux enfans en les chargeant de vous envoyer le billet. Le soir nous avons ëté bien charmé de voir Mr. Yvoy 4), que j’ai chargé du brouillon des lettres que j’ai écrite au Pensionaire5) et au Greffier6). Je vous remet maintenant laréponse de L.N. et G.P., celle du Greffier avec les résolutions desEtats-Généraux, une lettre de la Comission de Woerden et la copie d’une lettre que je viens d’écrire a Thulemeyer 7). Mr. Joh 8), le Pensio- *) Het gerucht van de aanhouding der Prinses had zich met ongelooflijke snelheid verspreid en was in Gelderland het sein tot een ware Oranje-furie. Te Arnhem werden de Leden van het Vrijkorps ontwapend en werden de huizen van bekende Patriotten geplunderd. a) Vrijkorpsen. 8) Deze brief en de volgende, No. 13, liggen niet in de portefeuilles No. 400 A, Brieven van prinses Wilhelmina aan prins Willem F-, en No. 153, Brieven van prinses Willem V aan prinses Wilhelmina, maar met de in deze brieven genoemde stukken bij de uitgebreide verzameling documenten betreffende de aanhouding der Prinses te Schoonhoven, No. 424, I en 11, nog bijeengebracht door prinses Wilhelmina zelve; zie in No. 42411 de aanteekening dienaangaande in de map Regeerende Hertog van Brunswijk en den brief van prinses Wilhelmina aan den erfprins in dato Hampton-Court, 28 Dec 1800: „Je suis occupée è mettre en ordre le précis des événemens de 1787, auxquels „j’ai pris part”. 4) Mr. P. H. J. Yvoy, lid van de Utrechtsche Vroedschap. *) Pieter van Bleiswijk, sedert 1772 Raadpensionaris van Holland. •) Hendrik Fagel, griffier sedert 1744. 7) Baron van Thulemeyer, Pruisisch gezant. 8) Spotnaam voor den Raadpensionaris Van Bleiswijk. naire de Bleiswyk, n’a pas daigné m’honorer d’une rëponse. Par Ia iettre a Thulemeyer vous vèrez un narrë de ce qui nous est arrivé. Je puis ajouter encore que j’ai été beaucoup plus contente des Vry-Corporistes que de I’officier de Hesse-Philipsthal, le sieur van Marle 1). Les deux officiers comandant du Vry-Corps me paroissoient eux-mêmes affectés de I’événement. Le premier est arrivé avec la Comission; le second qui ne nous a pas quitté, paroissoit bon homme mais fort mal apris. II s’est assis a mes cótés sans fa-9on et nous a a tous offert une pipe. Sur la route il y a eu des momens fort déagréables oü I’on a empêché Mrss. Bentinck 2) et Stamford 3), qui nous précédoient en chaise, d’en sortir pour venir auprès de notre voiture. Mrss. de Schoonhoven ont prit toutes les précautions pour y maintenir le bon ordre. Le Rhyngrave 4) avoit fait courir le bruit que vous marchiez vers cette ville avec un corps de 10 milles hommes et a fait avancer un détachement de Huzzard sous prétexte de venir au secours de Schoonhoven; mais le magistrat leur a refusé I’entrée, disant qu’ils répondoient de la tranquilité de leur ville. Comme nous ne savons cette anecdote que sous le sceau du secret, je vous prie de ne pas la divulguer encore, è, moins qu’elle ne vous soit déja connue par un autre que nous. Quoique j’aye passé de mauvais momens, je ne me suis cependant pas repentie un seul moment de I’entreprise et je crois que I’on pourra en tirer un grand parti pour la suite. Ayez la bonté de me renvoyer tout de suite les pièces ci-incluses paree que j’en aurai besoin; et si Tollius s) est encore auprès de vous, ‘) Zie pag. 15. 2) Carel Godfried Alexander, graaf van Bentinck, 1750—1808, adjudant. 3) Henri Guillaume Jacques de Stamford, Pruisisch officier, gewezen gouverneur der Pruisische koninklijke prinsen, na gebleken onmogelijkheid om binnen de Republiek een daartoe geschikt persoon te vinden, belast met de militaire opleiding van den Erfprins en diens jongeren broeder. Zie zijne zeer merkwaardige instructie en verschillende nota’s, schema’s en rapporten, waaronder hoogst belangrijke van de hand van prinses Wilhelmina betreffende de opvoeding en karakterontwikkeling der beide prinsen onder Inv. Nummer 402. hoofd Stamford. Kolonel van Stamford werd reeds spoedig een vertrouwensman zoowel van prins Willem V als van prinses Wilhelmina. *) Frederik Rijngraaf van Salm, bevelhebber der troepen van de Staten van Holland. B) Herman Tollius, geleerde en publicist, belast met het onderricht der beide prinsen in de Staatswetenschappen. je vous prie aussi de le renvoyer dabord a Nimègue paree que j’en aurai également besoin car il s’agit de répondre a la bonne encre a Mrss. de Hollande. Pour la lettre de la Comission je la prendrai voor Notificatie. A monarrivëeicij’aiëtérëjouiepar votre lettre 1). Vous faites trés bien d’écrire aussi ala Hollande pour vous plaindre de ce procédé inouï; mais tout cela ne fera que de I’eau claire. II faudra plus que cela pour remettre ces Mrss. a la raison. En attendant nous avons fait I’impossible pour prévenir I’effusion du sang; mais je doute que cela puisse s’éviter a I’avenir. Je ne cesserai d’être avec les sentimens que vous me connoissé en me recomandant a votre amitié WILHELMXNE. Je vous prie de me renvoyer aussi mes lettres au Pensionaire et au Greffier; s’il est possible je voudroit bien que toutes ces pièces me fussent encore renvoyé ce soir a Nimègue. Je dois encore observer que Mrss. de Schoonhoven n’ont pas osépour la Hollande venir nous voir. Le baillif Braat, son fils et I’échevin Scheltus sont les seuls qui ont paru. Vous n’avez pas d’idée du despotisme de la cabale et de I’avilissement du militaire qui sont uniquement aux ordres des officiers des Vrycorps; ceux-ci n’ont ni ordre ni disciphne et ne me paroissent nullement redoutables. 13. Prins Willem V aan prinses Wilhelmina. Amersfoort. 30 Juni 1787 2). J’apprends avec la plus vive satisfaction votre délivrance. J’espère que celle-ci vous trouvera en parfaite santé et je vous prie de donner connoissance au Roi votre frère, au Roi d’Angleterre et aux Rois de Suède et de Danemarc, vos cousins, de ce qui s’est passé. J’ai envoyé lefourierTerrassonaßerlin, afin de donner connoissance au Roi de I’insulte qui vous a été faite, et je me suis plaint aux Etats-Généraux 3) et aux Etats de toutes les Provinces de I’attentat commis a votre Personne. Je vous envoye la lettre que je viens de recevoir du Greffier. Vous y verrez ce qui s’est passé hier *) Deze brief is niet aanwezig. a) Zie de noot bij No. 12. •) Zie den brief in mijn Prinses Wilhelmina, pag. 117. aux Etats-Généraux. Embrassez les enfans de ma part. Je les félicite de tout mon coeur d’avoir retrouvé leur Mère en laquelle ils perdroient tout, s’ils venoient a la perdre. Si je ne consultois que mon coeur, je me rendrois sans dëlai a Nimègue; mais dans la circonstance présente je ne sais si je dois le faire ou non 1). Je regois dans eet instant votre lettre que mon receveur Bierman m’apporte. Je pense comme vous, qu’il faut plus que des paroles pour mettre ces Messieurs k la raison et vous pouvez compter que je ferai ce que je pourrai. Ce Van Marle qui vous a arrêtée2) est un de mes anciens Gardes du Corps. Je me suis informé, s’il étoit frère du Lt.Col. Van Marle van der Hoop; mais il en est un parent fort ëloigné. Comme vous tout ce qui s’est passé a La Haye, je garde ma lettre du Greffier et je vous renvoye la vótre, celle des Etats de Ia Hollande et celle de la Commission. La plus forte insulte selon moi est I’approbation de la conduite de la Commission. J’espère que Mrss. d’Hollande payeront seuls la folie enchère de cette abominable action qui rendra le Roi actif pour nos intéréts. Dieu veuille que la Province d’Hollande et ses bons habitans puissent être épargnés et que tout tombe sur les membres des Etats. Je vous prie de faire mes complimens a Mlle de Danckelmann et de la remercier de la conduite qu’ell a tenue hier, et j’ai apprisavecadmiration combien elle a pu prendre sur elle pour cacher eet événement k nos enfans. J’ai eu ce matin Mr. de Lynden des Gardes Dragons 3) pour m’offir au nom des Gardes Dragons d’aller vous délivrer. Mr. de Munster m’a écrit qu’il a eu toutes les peines du monde de tenir les Dragons en ordre et de les empêcher de courir a votre assistance. II a dü employer le colonel De Lanoy 4) pour les tranquiliser. Adieu, ma chère Amie. Je n’ai jamais plus senti mon amitié pour vous que depuis notre séparation. Ne vous livrez plus au bras séculier et croyez que ces misérables qui dominent en Hollande, sont capables de tout. Soyez assurée que je necesserai jamais d’être votre trés devoué et trés affectionné Epoux et fidéle et sincère Ami. G. Pr. d’Orange. ‘) De Prins is den volgenden dag toch dadelijk gegaan. Zie den brief No. 14. •) Zie pag. 13. ‘) Dirk Wouter, graaf van Lynden van Hoevelaken, 1762—1793. *) J- O. J. de Lannoy. Blijkens een schrijven aan den griffierFFagel)ll) was prins Willem V op i Juli naar Nijmegen gesneld om er de prinses te begroeten, en vervolgens weder naar Amersfoort terug gekeerd. 14. De Erfprins aan zijn Vader. Nijmegen. 4 Juli 1787. Mon trés cher Père, j’espère que vous serez arrivé en bonne santé a Amersfoort. Nous avons entendu le canon a une heure quand vous avez passé la rivière. Je vous remercie de la Gasette d’Amersfoort que vous avez eue la bonté de nous envoyer. La relation de ce qui s’est passé a Schoonhoven, m’a paru assez exacte. On a cassé cette nuit les vitres chez un charpentier qui a une petite boutique d’huile paree qu’il avoit dit a divers endroits qu’il avoit encore troistonneaux d’huile pour vous rótir. Mais il s’est échappé. Si celui-la a porté du ruban orange, on peut dire qu’il ne I’avoit pas dans le coeur. Le eerde 2) a été assez brillant Lundi passé. Presque toutes les Dames étoient décorés de rubans oranges. 7 Juli 1787. Nous avons regu hier au soir la nouvelle de la prise de Wijk bij Duurstede 3); ce siége n’a pas duré longtemps et il n’y a pas beaucoup de sang de bourgeois répandu. Peut-être que les Vrykorps se sont si vite retirés par humanité et pour épargner le sang humain. Cela sont de vrais Patriotes qui ont si peur de verser le sang de leurs compatriotes et qui préfèrent de perdre leur honneur et les gages de 5 florins par semain. II passera ici demain au aprèsdemain le quatrième et dernier Houtvlot de I’année. *) Zie den brief in mijn Prinses Wilhelmina, pag. 117. *) Cercle is de opstelling in wijden kring volgens ambt en rang bij de ontvangst van den eigenlijken hofkring: hofdignitarissen, regeeringsautoriteiten, diplomaten, aanzienlijke vreemdelingen, dames en heeren, die nog moeten worden voorgesteld en die dan in die volgorde ieder achtereenvolgens door den Vorst worden toegesproken. Naarmate die personen meer of minder gezind waren om blijk te geven van Oranje gevoelens, kon destijds bij zulk een ontvangst de opkomst klein of groot zijn zonder dat zich dit vooruit liet berekenen. In de nadagen van het Stadhouderschap was die opkomst derhalve als een politieke barometer, waaraan althans prinses Wilhelmina groote aandacht gaf. 3) Wijk bij Duurstede was den sden Juli door de Amersfoortsche troepen bezet 11 Juli 1787. II est bien heureux que la garnison soit entré si tranquillement a Harderwyk; c’est encore une preuve de la supérioritë des troupes rëglées sur les corps francs. On fait de grands préparatifs pour les camps qui doivent se former dans les environs. Les villages sont obligés de fournir en trois j ours tous les chevaux et les nécessaires pour une armée de 40.000 hommes *). L’exportation du bied et du foin est défendue danslepaïsdeClèves et I’on fait des achats dans ce Pais. Le foin est monté hier en deux heures d’un florin par 1000 livres. Adieu, mon Père, j’ai I’honneur d’être avec les sentimens du plus vif et respectueux attachement, mon trés dier Père, votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils. G. F. d’Orange. 15. Prins Frederik aan zijn Vader. Nijmegen. 17 Juli 1787. Mon trés cher Père, je vous demande pardon de pas vous avoir répondu hier; mais je n’ai pu le faire, paree que ma Mèrem’avoit donné a écrire. Nous avons eu avant-hier un moment bien agréable mais il n’a été que de courte durée; nous avons cru que vous arriviez paree qu’on tiroit le canon sur le pont volant et qu’on y avoit mis les pavillons; mais c’étoit pour Mr. le chambellan de Randwyck2), qui passoit pour la première fois la rivière avec son épouse pour aller a, sa campagne 3). Mon frère et ma soeur vous font leurs respects. Ayez la bonté de faire mes compliments a tous les Messieurs qui sont avec vous. Je suis et serai toujours, mon cher Père, v. t. h. et t. ob. Serv. et Fils Frédéric. 16. De Erfprins aan zijn Vader. Nijmegen. 29 Juli 1787. Nous avons été charmés, mon trés cher Père, que vous estes si heureusement arrivé a Amersfoort. Comment trouvez-vous Wyk? ‘) De Pruisische troepen, welke koning Frederik Willem II zijn zwager te hulp zond. a) George, graaf van Rand wijck, heer van Gameren, kamerheer van prins Willem V. *) Het Huis De Poll bij Lent. Naber, Correspondentie I 2 N’ëtoit-il pas changé depuis quevousn’y avezétéPJenepensepas que vous y ayez trouvé les ouvrages en bon état. Avez-vous été a Soestdyck? *) Pour voir ce brave régiment de Darmstadt ? Ils se sont supérieurement bien conduits; mais surtout le grenadier qui étoit sentinelle la oü ils ont attaqué 2). C’est le même cas que celui qui a eu lieu dans la Guerre de Sept Ans du chevalier d’Assars qui fut surpris par les Hanovriens et qui lui promirent la vie, s’il se taisoit; mais il préféra d’être tué que de laisser surprendre son poste et cria: „A moi, Auvergne!” Sur quoi il fut massacré. J’espère que si ce Grenadier a laissé une femme et des enfants, on leur donnera la récompense qu’un si beau trait mérite. Est-il vrai que vous avez fait plus de cinquante prisonniers ? J espere qu oui. Mais comment traiterez-vous, mon cher Père, les Vrykorps prisonniers? Seront-ils sur le pied de soldats? Et les officiers seront-ils laissé en liberté sur leur parole d’honneur? Adieu, mon trés cher Père, j’ai I’honneur d’être avec les sentiments du plus vif et du plus respectueux attachement, mon trés cher Père, votre trés humble et tout dévoué Serviteur et Fils. G. F. d’Orange. 17. Prins Frederik aan zijn Vader. Nijmegen. 31 Juli 1787. Mon trés cher Père, je vous demande pardon de ne point vous avoir écrit hier; mais ma lettre étoit si mauvaise que je n’ai point pu vous I'envoyer. J’ai appris par Maman que vous avez été avant-hier a Soestdyk. Nous avons déjeuné le jour de votre départ au Poll chez Mr. de Randwyck; nous irons diner au Poll Lundi. II y a aujourd’hui ici un officier du régiment du duc de Brunswic 3); il croit que le Duc sera dé ja le 50u6 au plus tard a ‘) Lustslot in 1674 aangekocht en vernieuwd door Willem III; in 1795 tot Staatsdomein verklaard; in 1815 als gift der Natie geschonken aan den prins van Oranje als hulde voor diens overwinning hij Quatre-Bras; thans bewoond door H. M. de Koningin-Moeder. *) Ter nagedachtenis van den grenadier Pullman, die sneuvelde op zijn post, liever dan zich gewonnen te geven, is aan het begin van den weg naar Den Dolder een houten monumentje opgericht. ») Karei Willem Ferdinand, hertog van Brunswijk-Wolfenbuttel, opperbevelhebber van het Pruisische hulpleger. Wezel; une partie de ses bagages y sont déja. II nous a dit aussi que les troupes pourroient être le 10 a Wesel. 12 Augustus 1787. Je vous remercie beaucoup de la lettre que vous avez eue la bonté de m’écrire. Je suis faché que vous avez eu une fausse alerte a Amersfoort. J’espère que vous n’en aurez plus, car cela ne fait que fatiguer le soldat. 15 Septembre 1787. Mon trés cher Père, nous avons vu passer avant-hier la colonne Prussienne avec beaucoup de plaisir. II a passé de 6 a 7 mille hommes. Le bagage qu’ils avoient avec eux est énorme. Hier au matin ils ont seulement fini de le transporter de I’autre coté de la rivière. Ils sont allés hier jusqu’a Doyewaerd et vont aujourd’hui jusqu’a Tuyll. Avez-vous été depuis quelque tems au Bild et au camp ? On m’a dit qu’il y avoit eu quelques escarmouches au premier. On a entendu hier au soir plus de 100 coups de canon; mais on ne savoit d’oü cela venoit. 16 September 1787. J’ai appris avec beaucoup de plaisir I’évacuation de la ville d’Utrecht. Je vous en fais mon compliment, mon trés cher Père; j’espère que cela ouvrira le chemin pour la Hollande et que nous pourrons bientót apprendre que les troupes ont mis La Haye en ordre. Vous aurez maintenant un camp de troupes Prussiennes a Amersfoort plus formidable que celui que nous avons ici. II n’est que d’un bataillon de Grenadiers d’Eckartsberg 1). Adieu, mon trés cher Père, je suis avec le plus profond respect votre tr. h. et tr. ob. Serv. et Fils. G. G. F. d’Orange. De Pruisen konden zich niet beroemen, meer dan een stoot tot de omwenteling te hebben gegeven; eens aan den gang gebracht, liep deze sneller voort dan de troepen volgen konden. Toen die nog niet verder waren dan Schoonhoven en Vianen, gaven de Staten van Holland zich reeds gewonnen. *) Pruisisch krijgsvolk. 18. De Erfprins aan zijn Vader. Nijmegen. 19 September 1787. Mille remerciemens, mon cher Père, pour la lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire. J’espère que je ne vous en écrirai pas beaucoup plus è. Utrecht; et mon espérance n’est pas sans fondement, surtout de depuis que la poste est arrivëe de La Haye qui nous a apporté les bonnes nouvelles que vous savez. Mr. de Capellen *) est arrivé ici ce soir, accompagné d’un officier, deux sergeansetdeux soldats de Marwitz. II étoit désespéré et s’ü avoit pu, ü se seroit tué lui-même. A son arrivée il a été regu par beaucoup de peuple qui ont crié après lui: Kees, Kees, aussi I’a-t-on forcé de baiser une cocarde orange et de crier Oranje Boven! Si on n’avoit pris beaucoup de précaution, je crois qu’on I’auroit lapidé, car tous les gargons étoient armés de pierres. Dans quel état il devoit être ce Mr. de Capellen lorsqu’il se rappeloit le passé. Quelle différence avec les temps qu’il a passé ce même pont-volant avec vous, mon trés cher Père, pour assister a I’inspection de la garnison. Adieu, mon trés cher Père, j’ai I’honneur d’être avec les sentimens du plus vif et plus respectueux attachement votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils G. F. d’Orange. Je vous félicite que les Etats de Hollande vous ont rendu les privilèges qu’ils vous ont ótés. 1788 De Erfprins was in het laatst van Augustus iyBB eerst naar Berlijn gezonden voor een bezoek aan zijn oom, koning Frederik Willem II van Pruisen, en vervolgens voor een langdurigen studietijd naar Brunswijk, omdat men hem voorloopig nog vreemd wilde doen blijven aan den binnenlandschen partijstrijd, 1) Alexander Philip van de Capellen, heer van Berckenrode en Achterbroek, gewezen kamerheer van prins Willem V, Als bevelhebber der stad Gorinchem in dienst der Staten van Holland werd hij na de overgave der stad door de Pruisen naar Nijmegen gevoerd en vervolgens te Wezel gevangen gehouden. Hij overleed kort na zijn invrijheidss telling. waarover hij zich onder den levendigen indruk der laatste Patriottenwoelingen een oordeel was gaan aanmatigen, dat men nog niet van zijn competentie achtte; en ook omdat zijn onafgebroken samenzijn met prins Frederik, trots beider zeer wezenlijke onderlinge gehechtheid, begon te leiden tot jongensruzies, waaraan hun moeder, eer deze van beteekenis werden, een einde hoopte te maken door de broeders voor geruimen tijd te scheiden en zoo naar elkander te doen verlangen 1). 19. De Erfprins aan zijn Vader. Brunswijk. 15 September 1788. Mon trés cher Père, comment puis-jeassezvoustémoignerma reconnoissance de ce que vous avez eu Ia bonté de m’écrire; aussi en ai-je ressenti une joie excessive. Je suis bien persuadé de la bonté des conseils de Mr. de Stamford, aussi les suivrai-je et tacherai-je de faire qu’il pourra toujours rendre un bon témoignage de moi. Jamais je n’oublierai non plus ce que vous me dites un moment avant mon départ et j’espère que mon trés cher Père sera toujours content de ma conduite; au moins je ferai mon possible pour lui donner lieu de I’être. Nous contons2) partir demain au soir pour Magdebourg oü nous espèrons arriver le 17 au matin. Nous ne nous y arrêterons qu’un couple d’heures pour faire notre cour au duc Ferdinand3), a qui je remettrai alors les lettres dont vous avez eu la bonté de me charger pour lui et pour le Duc Regnant 4) qui y sera avec son fils cadet. Après avoir fait ces deux visites, nous partirons pour atteindre le même jour, s’il est possible, Brandenbourg, et nous serons le 18 a dix heures du matin a Sans Souci6). ‘1 Zle verschillende belangrijke nota’s, rapporten, aanteekeningen ook van de hand van prinses Wilhelmina dienaangaande in het Inventarisnummer 402 onder het hoofd Stamford. *) Comptons. *) Hertog Ferdinand van Brunswijk, oom van den regeerenden hertog van Brunswijk en ook van prinses Wilhelmina. *) Karei Willem Ferdinand, hertog van Brunswijk-Wolfenbuttel. 6) Lustslot, in 1745 1747 gebouwd naar eigen teekeningen en ontwerpen van koning Frederik den Groote, waar deze liefst vertoefde en waar hij ook gestorven is. Pour le reste je ne sais encore rien, mais j’aurai I’honneur de vous I’écrire ou de Potsdam ou de Berlin. On m’a dit que Blanchard *) s’élèveroit le 26 k Berlin; si cela est, j’aurai le plaisir de le voir monter une seconde fois. 2) Adieu, mon trés cher Père, je suis avec le plus vif et le plus respectueux attachement votre trés humble et tout dévoué Fils G. F. d’Orange. 20. De Erfprins aan zijn Moeder. o Brunswijk. 11 October 178^. Ma trés chère Mère, vous ne devez pas croireque.lorsque je vous exprimai les sentiments que le feu Roi a fait naitre en moi 3), je ne pensai pas en même temps aux grandes obligations que nous avons a celui-ci 4). Non, ma trés chère Mère, je puis vous assurer que I’impression que le Roi a fait sur moi est bien profonde et que, s’il m’est permis de le dire, je I’aime et suis remplis de reconnoissance pour toutes les bontés dont il m’a comblé pendant mon séjour dans ses Etats. 6) Je ne demanderai pas a Mr. de Stamford, s’il connoit les Mémoires de Hordt6); mais je vous répondrai sur ma propre autorité, que c’est un fort bon livre et qui est fort agréable a lire. II fait mes délices pendant la toilette et Mr. de Stamford le lira quand je I’aurai fini. Nous avons pris, Mr. de Stamford et moi, nos exemplaires des Oeuvres du feu Roi a Berlin, paree que par la nous les avions plus tot. Un autre livre que nous avons commencé a lire le soir a nous quatre 7), est Considérations sur l’état de la monarchie Prussienne sous Frédéric II par l) Een der eerste luchtschippers, 1750—1809; is in 1785 in Den Haag opgestegen uit den tuin van het Oude Hof. T. Pluim. De eerste luchtreiiigers in Nederland. ») Weggelaten een betuiging van spijt, dat hij zijn vader nu niet kan vergezellen op diens voorgenomen bezoek aan Maastricht. ») Bij zijn bezoek aan de sterfkamer van koning Frederik de Groote op Sans-Souci. ‘) Zijn oom koning Frederik Willem 11, broeder van prinses Wilhelmina. 6) Weggelaten een noodelooze herhaling, bericht van ontvangst van brieven en schikkingen voor de verzending daarvan. •) Johan Ludwig, graf Von Hordt, Zweedsch officier, overgegaan in Pruisischen dienst onder Frederik de Groote. Zijn Mémoires d’un Gentilhomme Suédois verschenen in het jaar 1788. 7) De Erfprins zelf, kolonel Van Stamford en Mr.TolUus, zijn gouverneurs, en Carel Godfried Alexander, graaf van Byland, zijn adjudant. Mirabeau 1). II nous amuse infiniment. C’est Mr. de Mauvillon 2) qui nous I’a prêté, qui y a travaillé lui-même en donnant tout ce qui regardoit la partie militaire et en aidant Mirabeau, lorsque celui-ci ne comprenoit point les Mémoires allemands qu’on lui avoit donnés. En conséquence de ce que vous m’avez écrit au sujet de ma lettre que j’ai écrite a mon Père de Berlin, j’ai taché de le réparer par la lettre du 7 Octobre oü je lui ai fait rapport des manoeuvres de Potsdam. Comme il me seroit impossible de vous écrire dans des lettres des détails exacts de tout ce que j’ai vu a Berlin, j’ai dit a ma soeur et j ’ai I’honneur de le répéter par celle-ci que, quand mon joumal auquel je travaillé autant que faire se peut, sera assez avancé, vous en aurez les lambeaux. Comme je n’avois pas le tems a Berlin de I’écrire, je n’ai mis que les faits principaux sur le papier et en peu de mots Hollandois 3), afin que, quand je les relirois, je saurois tout me rappeller; et c’est cela que je place dans mon journal détaillé. 2 November 1788 Vous ne pouvez concevoir, ma trés chère Mère, mon étonnementetma joieen ouvrant la boête et y trouvant le portrait de mon frère, peint par qui? Par ma bonne et chère Maman. Non, vous ne pouvez pas concevoir ma joie et je ne sais par quels mots vous en témoigner ma reconnoissance et le plaisir que cela me fait. Nous I’avons trouvé tous les quatre fort ressemblant. 15 November 1788. Les extraits des lesons se font ainsi: Mrs. Tollius, Byland et moi nous nous assayons, prenons papier, plumes et encre et nous récapitulons la legon du matin. Chacun tache de se souvenir tant qu’il peut et il communiqué ses idéés aux autres; et alors ce qui est intéressant et qui ne se trouve pas dans le livre est mis par écrit. Vous pouvez y conter 4), ma trés chère Mère, que je prends soin de *) Honoré Gabriel Riqueti Mirabeau, 1749—1791, schrijver en politicus; het hier genoemde werk verscheen in het jaar 1787. *) Jacob Eleazar de Mauvillon, 1743—1794, Duitsch officier, een der leeraren van den Erfprins te Brunswijk; later ook van prins Frederik. 8) Als de Erfprins het zich gemakkelijk wilde maken, schreef hij dus in het Hollandsch. *) Compter. mes dents et que j’observe scrupuleusement les régies de la propretë. 23 November 1788. Vous dësirez, ma trés chère Mère, savoir ce que je fais avec Mrs. de Stamford et Tollius. Le premier nous enseigne les mathématiques d’après Ebertl) et le second se sert de ses propres cahiers pour la Constitution du Pais. Nous faisons toutes nos répétitions en Hollandois. Mrs. de Stamford, Tollius et Byland se mettent a vos pieds. Pour moi j’ai I’honneur d’être avec le plus respectueux attachement, ma trés chère Mère, votre trés humble et tout dévoué Fils. G. F. d’Orange. De Erfprins had zijn vader verzocht, eenigen tijd als volontair in het Pruisische leger te mogen dienen. 21. De Erfprins aan zijn Vader. Brunswijk. 19 November 1788. Vous me faites I’honneur, mon trés cher Père, de me dire dans votre lettre, que vous ne pouvez pas mettre I’héritier présomptif du Stadhoudérat dans le cas d’être tué ou blessé; mais mon cher Père, I’héritier du Stadhoudérat doit aussi I’être du Capitaine-Généralat et y a-t-il un meilleur moyen d’apprendre le métier des armes que par la pratique? D’ailleurs ne vaut-il pas mieux que j’apprenne ce métier, afin de pouvoir I’exercer ensuite envers les ennemis de la patrie, que si je suis obligé de I’apprendre ensuite aux dépens des troupes de I’Etat? De plus permettez-moi encore de vous dire que, supposé que je fusse tué ou blessé, il y auroit encore mon frère, qui pourroit fort bien prendre ma place; et si on est prédestiné a mourir ou a être estropié, cela ne peut-il pas aussi bien arriver en restant chez soi qu’en allant a la guerre? 3 December 1788. J’avois fort bien lu la lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire le 14 de Novembre; mais mon Père, tout ne dépend que de vous car je suis persuadé que, si vous voulez le permettre, aucun de ces i) Johan Jacob Ebert, 1737—1810, mathematicus, hoogleeraar te Wittenberg. Messieurs 1) ne s’y opposera. Si la République ëtoit en guerre, il ne seroit, il me semble, pas question de demander la permission; mais je serois obligé de marcher de bonne ou de mauvaise grace. II me parolt, mon trés cher Père, et je crois, ou du moins j’aime a me flatter, que vous me I’avouerez, qu’il n’y a den de contraire a une bonne morale et qu’il soit permis de faire une campagne comme volontaire a une armee dans laquelle on ne sert point; ne füt-ce paree que ceux qui se vouent a I’état militaire, sont obligës de saisir toutes les occasions de se perfectionner et qu’il est bien difficile, si ce n’est pas impossible, de devenir quelque chose de bon, si I’on n’a vu le feu auparavant. Je serai plutót tenté de croire, que ceux qui se vouent k I’art militaire, sont obligé de chercher ces occasions quand on peut le faire sans négliger des devoirs plus importans. D’ailleurs, mon trés cher Père, ne seroit-ce pas un grand avantage pour moi, si je m’étois taté sur I’impression que fait le boulet de canon sur moi? On dit que c’est la première fois qu’il est le plus difficile de soutenir le feu. Si cela est et que je sois dans le cas de le voir dans I’étranger, ce sera une difficulté de moins a surmonter pour moi au cas que la République fasse Ia guerre. Puisque vous ne pouvez I’accorder qu’ avec la connoissance des Etats, j’espère que ceux-ci ne s’y opposeront pas. 2) J’ai I’honneur d’être avec I’attachement le plus respectueux, mon trés chèr Père, votre trés humble et trés dévoué Fils G. F. d’Orange. 1789 Prinses Wilhelmina was voornemens met haar dochter en haar heide zonen naar Berlijn te reizen ter bemiddeling eener verloving van den Erfprins met haar nicht Frederika Louise Wilhelmina van Pruisen en van prinses Louise met haar neef den Pruisischen Kroonprins. x) De leden der Staten-Generaal. •) Weggelaten het bericht van den slag bij Semlin tusschen de Oostenrijkers en de Turken. 22. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 4 Juni 1789. Vous allez entreprendre, ma chère Loulou, un voyage qui a plusieurs égards vous promet beaucoup d’agrémens. A votre age on ne rëfléchis guère; on n’est porté qu’a apercevoir le beau cóté des objets; le reste vous échappe. Au mien on les approfondis davantage; on les examine sous toutes leurs faces et mon coeur qui vouschérit si tendrement.ne me permetpas de vous cachet les différentes réflexions que j’ai faites relativement a vous a I’occasion de ce voyage, si intéressant pour nous tous. Je vais les jetter sur le papier a mesure qu’elles se présenteront a mon esprit. Vous les lirez, vous les méditerez et puis nous en causerons ensembles. Je considère, ma chère Loulou, cette époque comme décisive pour le jugement que le monde portera de votre caractère, de vos principes; elle va fixer – peut-être pour toujours – I’opinion du public a votre égard et peut avoir une influence majeure sur votre bonheur pour le reste de votre vie. Jugée, si elle me tient a coeur! Placée sur un théatre absolument nouveau pour vous et plus vaste que celui sur lequel vous avez été j usqu’ a présent, il est tout simple que vous attirerez les regards. A la curiosité qu’inspire une jeune personne dans des circonstances pareilles, se joindront encore différens motifs qui doivent fixer sur vous I’attention du public et redoubler celle des personnes auxquelles vous estes chère. On a conQU généralement une opinion avantageuse de I’éducation que vous avez eue; fondée ou non cette opinion existe; c’est a vous maintenant de la justifier. Mais ne vous trompée pas, ma chère, il y aura peut-être autant de personnes empressées a découvrir vos défauts, qu’il y en aura qui aimeront a se convaincre que les qualités de votre coeur et de votre esprit répondent a I’opinion que I’on a congu de votre éducation. Qu’opposer de votre part a I’oeil critique de ceux que leurs intéréts, leurs vues particulières rendront de sévères observateurs ? Je vais vous le dire, mon enfant, une conscience pure, un maintien doux et modeste, des intentions droites, I’indulgence et la charité chrétienne envers tout le monde. De telles dispositions vous rendront bien forte; elles vous mettront au-dessus de la critique; elles désarmeront I’envie même et vous donneront ce degré d’assurance que vous devez tacher d’acquérir et qui, lorsqu’il est ie fruit de Ia réflexion, donne a I’ame une assiette calme, tranquile, qui lui laisse I’usage de toute sa raison et lui permet d’envisager les objets sous leur vrai point de vue. Qu’il est doux, qu’il est satisfaisant pour moi, en trawant ce tableau, de pouvoir me dire, ma bonne Loulou, quec’esten grande partie votre portrait que je fais. Bien souvent j’ai démêlée en vous de telles dispositions. J’en rends graces au Ciel, mais je ne me livre point a une sécurité dangereuse pour I’avenir. Au contraire; mon oeil vigilant ne perd pas de vue un seul instant vos défauts ni les risques que vous avez sans cesse a courir; et ma vive tendresse pour vous voudroit vous voir augmenter joumaillement en sagesse et vertu. Je considère votre age, votre inexpérience, la nouveauté des objets qui se présenteront a vos regards. Je connoit la vivacité de votre imagination qui vous prévient aisément pour et contre et vous fait revenir difficilement des jugemens que vous portée quelquefois fort légèrement. Je sais que vous aimée I’indépendance, que vous baissé la contrainte, que vous supportée difficilement les remontrances quelque douces, quelque bien motivées qu’elles soyent; c’est même avec impatience et humeur que vous recevez d’ordinaire celles que mon attachement pour vous me dicte. Je ne puis me déguiser que cette impatience, cette humeur ne me mettent moi-même et ceux qui s’intéressent a vous hors d’état, dans de certains momens, de vous être utiles et qu’ils doivent donner aux ëtrangers une trés fausse idéé de la douceur de votre caractère et de la justesse de votre jugement. Je vais plus loin; je crains quelquefois qu’ils ne les fassent douter de la bonté de votre coeur, lorsque ces facheuses dispositions s’exercent vis a vis de votre bonne Maman! Toutes ces réflexions m’allarment, m’inquiètent; je n’ai pas voulu vous les cacher ala veille de ce voyage, qui vraisemblablement décidera de votre établissement futur. Vous savez, ma chère, que je m’en remets aux sages directions de la Providence et que je me bome a ambitionner que vous vous fassiez estimer partout oü vous viendrez et a mesure que I’on apprendra a vous connoitre. Je ne doute pas, qu’au dernier égard nos sentimens ne soyent parfaitement a I’unisson. Je désire pour votre tranquilité et votre bonheur que vous soyez en tout soumise et rësignée aux volontés du Ciel. Quel que soit I’Epoux qu’il vous destine, votre bonheur dépendra principalement de vous-même. Votre Epoux sera un homme, par conséquent un être imparfait, susceptible de foiblesses et de défauts; la perfection ne se trouve pas chez les humains. Sachez supporter ses défauts; travaillez a corriger les vótres et vous acquérerez des droits a son estime, a son amitié, a son indulgence. Votre établissement, quel qu’il soit, ne sera pas parfait non plus; il laissera bien des choses è, désirer. Sachez tirer parti de ce qu’il offre de bon. Modérez vos désirs et vous vous préparerez une vie aussi heureuse que nous pouvons nous la promettre ici-bas. Vous avez d’ailleurs un avantage bien rare chez nous autres Princesses, c’est que vous estes süre que I’on ne forcera point I’inclination de votre Cousin 1). Si elle ne le porte point vers le mariage ou en particulier vers son union avec vous, il ne se fera pas. En vérité, ma chère, dans cette situation des choses, si ce mariage ne se faisoit point malgré les voeux de ses parens, uniquement paree que ce jeune homme ne se sentois pas d’inclination pour cela, je ne le considérerois pas comme un malheur dès que vous n’y auriez pas donné lieu; je veux dire dès que son éloignement ne provenoit point de quelque défaut essentiel de votre caractère et de votre humeur. II faut jusqu’ici considérer ce jeune homme comme un enfant. II n’a pas d’antipathie pour vous, mais il est trop peu formé pour penser sérieusement a se maner et a tous les devoirs que eet état impose. Si ce mariage ne se fait pas, il y aura d’autres établissemens qui se présenteront pour vous, je n’en doute pas. II sera tems alors que nous examinions ensembles ce qu’il y a dire pour et contre. La seule chose que je désire a présent, c’est que vous ne vous laissiez point éblouir du brillant de celui-ci, afin de ne pas vous préparer des regrets, s’il venoit a manquer ni que vous vous laissiez prévenir injustement soit contre la personne du P(rince) R(oyal) soit contre I’établissement en lui-même qui trouvera peut-être des détracteurs chez ceux-mêmes qui, en le voyant de l) De Pruisische Kroonprins. prés, devroient en reconnoitre le fr'en comme le mal, mais chez qui les passions ne laisseront apercevoir qu’un coté. Je vous I’ai dit, mon enfant, le bonheur véritable trouve sa source en nous-mêmes; tont le reste n’est qu’accessoires, et lorsque cette source est pure, elle nous fait supporter toutes les adversités, les chagrins de la vie. Mais je m’apergois que cette lettre devient un volume, j’abuse de votre patience et je finie. Pour guider votre inexpérience, pour vous prémunir contre toute impression facheuse et vous garantir des incidens de toute espèce qui peuvent vous survenir, je n’ai qu’un conseil a vous donner, qu’une prière a vous faire. Accordez-moi une confiance plénière. Ne me laissez point ignorer les insinuations que vous recevrez peut-être, les confidences des jeunes Princesses avec lesquelles vous serez; ne vous liée intimement avec personne avant de la connoitre suffisamment. Dites-moi franchement votre opinion sur ce que vous vèrez et entendrez et toujours, ma chère Loulou, laissez-moi lire dans les replis de votre coeur. Oui, mon enfant, c'est cette confiance si précieuse qui me mettra a même de vous servir. Jamais, non jamais vous aurez sujet de vous en repentir. Je vous embrasse de bon coeur et suis votre tendre et fidéle Maman W. Commencë en May, finie le 4 Juin 1789. 23. De Erfprins aan zijn Vader. Brunswijk. Le 17 Juni 1789. Mon trés cher Père, j’ai I’honneur de vous accuser la réception de votre lettre 1) et par conséquent celui de vous annoncer I’arrivée de Maman et de Sus je en Broertje qui ont eu un heureux mais désagréable voyage, ayant trouvé de fort mauvais chemins. Nous sommes allés a leur rencontre jusqu’a Hackenbourg et sommes partis d’ici la veille de leur arrivée a Hackenbourg pour pouvoir voir le Wilhelmstein qui est au milieu du Steinhudlermeer. 2) *) Namelijk den brief, dien prinses Wilhelmina had medegebracht voor den Erfprins, die zich op haar doorreis te Brunswijk bij haar zou aansluiten. 2) Weggelaten de beschrijving met bijgevoegde schetsteekening van de vesting. J’ai I’honneur d’être avec le plus respectueux attachement, mon cher Père, votre trés humble et tout dévoué Fils G. F. d’Orange. 24. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Berlijn. 16 Juli 1789. Oui, ma trés chère Loulou, votre lettre x) m’a fait un sensible plaisir. Elle me donne I’espérance que ma Loulou pourra être heureuse dans I’établissement qu’on lui propose 2). Vous en sentez, ma chère, tous les avantages et il me paroit qu’il ne vous reste plus que I’idée de I’altemative de devoir gouvemer votre mari ou de le voir le jouet de ses alentours, qui vous répugne. Tachons, mon enfant, de rectifier vos idéés sur ce point et examinons ensembles tout ce que eet établissement vous promet. Je seroit fachée que vous ne sentiez pas de répugnance pour des femmes qui, comme vous dites, gouvement leurs maris haut a la main. Mais il y a loin, ma chère, d’un tel empire a I’influence que je désire que vous ayez sur le votre. Une amie éclairée, sage, prévoyante est un trésor pour tout homme qui a quelque sentiment. C’est une telle amie que le Duc 3) cherche pour son fils et qu ’il croit trouver en vous. J’ose bien hardiment vous garantir que ses vues ne vont pas au dela et que vous avez bien mal compris Mr. Tolhus, si vous croyez que ce jeune Prince est tellement borné qu’il faut pour ainsi dire voir et agir pour lui. Je me flatte que vous serez détrompée par vous-même d’une telle opinion, quand vous aurez I’occasion de I’approfondir davantage. Le mariage, ma chère, est un engagement réciproque; quand il y a tout d’un cóté et rien de I’autre, il ne sauroit être heureux. Je veux dire que les attentions, les soins, les complaisances doivent être réciproques pour assurer le bonheur d’une telle union. Dans celle-ci vous auriez, outre I’avantage d’un établissement honnorable et en tout point convenable, I’assurance d’épouser un Prince qui a un bon coeur, un naturel heureux et de bonnes moeurs. Croyez-moi, ma chère, ces *) Niet aanwezig. *) Een huwelijk met Karei George August, erfprins van Brunswijk. •) Karei Willem Ferdinand, hertog van Brunswijk. avantages sont plus rares que vous ne le croyez peut-être, et je ne puis rien vous proposer de mieux assorti. Qu’est-ce que I’esprit au prix des moeurs et d’un bon coeur ? Croyez-vous qu’il vousmettroit a I’abri de la crainte que d’autres s’empareront de I’amitië et de la confiance de votre Epoux? Vous vous trompee beaucoup si vous le supposée. Les gens d’esprit sont aussi souvent entrainés que d’autres; je pourrois en citer nombre d’exemples et certainement I’esprit n’est pas la première qualité pour faire le bonheur d’un ménage. Mais, je vous le rëpète, le Pr(ince) de Br(unswic) n’est pas tellement dépourvu d’esprit que vous vous le persuadée. De I’avis des professeurs mêmes qui I’ont instruit, ses facultés intellectuelles sont bonnes. II congoit lentement; mais quand il a bien consu une chose il en juge sainement et il se donne beaucoup de peine pour s’instruire. II n’a pas le génie de son Père, j ’en conviens; mais un tel génie est rare et je ne vois rien qui dénote que vous I’auriez trouvé icil), si votre sort eüt été de vous y établir. Un homme qui a un bon coeur, des moeurs et des principes vertueux, s’attachera naturellement è, une femme qui remplit ses devoirs, qui lui témoigne de I’amitié et qui n’a d’autre but que de faire son bonheur. Cette femme acquiert alors des droits a sa confiance, surtout si elle se montre toujours désintéressée, intègre, si une fausse ambition ne I’aveugle point et qu’elle n’est guidée ni par le caprice ni par I’humeur. De cette manière elle peut se flatter de devenir une compagne non seulement agréable mais aussi utile è. son mari. Elle aura sur lui I’empire que donnent la raison, I’amitié; mais jamais, si elle est sage, elle voudra aller audela. Ce seroit le moyen de tout perdre. Voila, ma chère, le sort qui paroit vous attendre. II dépendra principalement de vous de le régler, et certainement le Duc ne vous refuserois ni ses conseils ni ses lumières. Je vois de cette fason que vous pouvez vous assurer une existence agréable. Ici vous seriez parfaitement dépendante, et quoi que vous fassiez, vous resteriez un Etre insignifiant, heureuse autant que vous vous plieriez de honne gr ace sous le joug. Je vous avoue que cette idéé m’a souvent effrayée, d’autant plus *) Bij den Kroonprins van Pruisen. que votre caractère semble y répugner et que votre sensibilité naturelle en auroit cruellement soufferte si vous auriez eu assé d’empire sur vous même pour ne pas le témoigner. D’après tout ce que j’ai dit, vous sentirez que je juge que votre établissement a Brunswic seroit tout ce qui pourroit être, vue les circonstances, de mieux pour vous, et par cette raison je vous avoue que le plus tót que je le vèrois assuré et plus cela me fera plaisir. Vous sentirez aussi, qu’il ne seroit pas généreux de laisser le Duc longtems dans I’indécision. Je souhaite ainsi que vous puissiez vous y déterminer finalement pendant notre séjour a Brunswic x) et que les arrangemens a prendre dans la République 2) permettent aussi que cela se décide vers ce tems. Je vous embrasse bien tendrement, ma bonne et chère Loulou, et suis a jamais votre fidéle Maman W. 25. De Erfprins aan zijn Vader. Charlottenburg. 21 Juli 1789. Mon trés cher Père, la bonté avec laquelle vous avez écrit a Maman, et le consentement que vous donnez a ce que jem’unisse avec le tems par les noeuds indissolubles du manage avec ma cousine Wilhelmine 3), sont cause que je prends la liberté de vous écrire pour vous témoigner toute ma reconnoissance mais; non, il est impossible de vous la témoigner. Tout cela se sent et ne se dépeind point surtout quand c’est pour un pareil sujet. Je suis bien faché, mon trés cher Père, que vous ne puissiez être ici pour juger par vous-même de votre future belle-fille. Je suis sur qu’elle vous plairoit infiniment. Son extérieur et sa conversation sont infiniment agréable et I’on dit un bien infini de son caractère. Je puis vous dire avec certitude, qu’elle est contente de son établissement futur. Vous pouvez être persuadé, mon trés cher Père, que je tache- 1) Op de terugreis van Berlijn naar Den Haag. 2) De verkrijging der tot behoud van prinses Louise's erfrechten vereischte toestemming niet alleen van de Staten-Generaal maar ook van de Staten der verschillende Provinciën, wat van meer beteekenis was, omdat de erfprins van Brunswijk niet van de Gereformeerde Religie maar Luthersch was. ’) Prinses Frederika Louise Wilhelmina van Pruisen, 18 Nov. 1774—12 Oct. 1837, oudste dochter van koning Frederik Willem II en diens tweede echtgenoote, prinses Louise van Darmstadt. rai toujours de mériter par ma conduite ie bienfait que vous m’accordez actuellement, implorant votre bénédiction paternelle sur moi et – s’il m’est permis de la nommer ainsi – sur ma future épouse. 28 Juli 1789. Je crois que la Princesse ressemble pour le caractère a ma soeur et vous m’avouerez, mon Père, que c’est une bonne ressemblance. 25 Augustus 1789. Mr. de Reede *) donnera des legons de Hollandois a la Princesse Wilhelmine I’hiver prochain. J’ai I’honneur d’être avec le plus respectueux attachement et une reconnoissance sans bomes, mon trés cher Père, votre trés humble et tout dévoué Fils. G. F. d’Orange. 26. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 21 Juli 1789. Je vous envoye, ma trés chère Fille, une lettre du Duc Regnant de Brunswic, qui vous demande en mariage pour son fils ainé 2). Comme vous estes la personne la plus intéressée dans I’affaire, je ne veux rien faire sans sgavoir ce que vous en pensez. Vous estes en age de juger de ce qui vous convient et je ne veux pas vous gêner. Je ne vous dirai donc point, si j e suis pour ou contre cette union. Je veux que vous décidiez et me marquiez, si vous voulez épouser le Prince Héréditaire ou non. J’attendrai votre réponse et j'agirai selon votre inclination; mais pensez a ce que vous faites, car le oui ou le non laché, il n’y a plus a en revenir. Je vous remercie de la continuation du journal de votre séjour a Berlin. Voici le mien depuis ma dernière lettre a votre Mère. J’ai eu Vendredi diner des Etats de Hollande et le soir j ’ai soupé en petite société. Samedi j ’ai été a Noortwyk. Je suis parti d’ici a 9 h. et j’ai été par Valkenburg, Catwyck et Rynsburg a Noortwyk oü je suis arrivé all h. Après avoir déjeuné nous avons été voir la campagne et puis nous avons été promener dans les jardins de roses et autres plantes. ‘) Arent Willem baron van Reede, 1747—1815, sedert 1782 gezant te Berlijn. 2) Nadat de Erfprins eerst ter voltooiing zijner opvoeding een jaar in Italië zou hebben gereisd. Naber, Correspondentie I 3 Nous avons promené 3 a 4 heures dans ces jardins. Ensuite on est retoumé au chateau oü I’on a dinë et l’après-dinné j’ai vu tirer a I’oiseau une compagnie d’arbaletriers 1). J’ai tirë a I’arbalète et j’ai touché, a ce que I’on prétend, un bout d’aile 2). Dimanche j’ai été entendre Mr. Nieuwlant3); ensuite ala parade. Hier j’ai donné audience jusqu’a 6 h. du soir. Adieu, ma trés chère Fille, soyez assurée que je serai toujours avec la plus tendre affection votre tout dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 27. Prins Willem V aan prinses Wilhelmina. ’s-Gravenhage. 30 Juli 1789. Je préférerois que le voyage de Guillaume4) put être arrangé autrement, si cela se pouvoit sans inconvénient, et qu’il vous accompagnat jusqu’a Loo; qu’il y restat quelques jours et qu’il en partit pour I’Allemagne le 28 ou le 29, quand nous retoumerons k La Haye. Ce seroit une trés grande satisfaction pour moi de revoir mon enfant chéri et que je n’ai pas eue depuis un an. Si cela ne peut pas, j’aime mieux que vous ne le meniez pas plus loin qu’Hanovre, car je n’aimerois pas a venir a votre rencontre a la frontière pour voir Guillaume un moment et le voir partir ensuite. Cela me feroit trop de peine et j’aime mieux ne pas le voir qu’un instant. Quant a votre idéé sur Fritz, il y a du tems d’y penser et je crois qu’il ne seroit pas bon qu’il restat trois ans hors de la Republique. Si son frère reste vivre comme je I’espère et qu’il plaise a Dieu de nous le conserver et de lui donner des enfans, alors cette absence ne peut pas de mal et alors, etant un cadet qui n a que la cappe et I’épée, il est bon, qu’il soit soldat et qu il ne soye que cela. Mais si nous avons le malheur de perdre Guillaume, il faut qu’il me remplace; et je crois qu’une trop longue absence de ce Païs lui seroit nuisible pour apprendre a le connoitre. Je crois 1) Vgl. Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 134. >) Het al te uitvoerige dagverhaal is iets bekort. •) Petrus Nieuwland, predikant en letterkundige, 1722—1795. •) Het plan was, dat de Erfprins op de terugreis van Berlijn zijne moeder geleide zou geven tot aan de HoUandsche grens, waar prins Willem V haar wilde gaan opwachten, en dan weder voor zijne studies naar Brunswijk terugkeeren. donc qu’il pourroit aller vers la fin de I’été prochain ou dans le courant de I’étë a Brunswic; ensuite, si les circonstances le permettent et que le Roi y consent, il pourroit servir a la suite d’un régiment Prussien pour apprendre le métier, tant d’infanterie que de cavallerie; mais j’insisterois, qu’il vint passer seshiversa La Haye pour qu’il reste Hollandois et n’oublie pas la langue et le Païs. Je crois que cela seroit le meilleur arrangement, qui est apeuprès le même que vous proposez.et I’Europe est tellement en confusion que je vous défie de faire un plan pour ce qu’il y a faire d’ici a un an, bien mieux dans deux ou trois.et de fixer d’avance ce qu’il faut faire. Fritz a toujours aimé, du moins il a témoigné désirer, de s’absenter. Je crois qu’il ne faut pas trop I’y accoutumer. Guillaume n’aimoit pas a s’absenter; je crois qu’on risque moins a le laisser courir, et qu’il reprendra plus facilement le goüt du terroir que I’autre, car les caractères de ces deux enfants ne se ressemblent point. Ils ont tous deux leur bon et leur mauvois et je n’oserois décider lequel vaut le mieux. Bien des gens voudroient que Fritz épousat une Princesse d’Angleterre pour unir les Maisons par cette alliance. Le Pensionaire *) m’en a parlé ce matin; mais je lui ai dit, que je n’osois pas porter mes vues aussi haut pour un cadet, et que je n’oserois demander une fille de Roi pour lui. Le Pensionaire croit, que comme le Roi d’Angleterre a tant d’enfants 2), il seroit bien aise d’en maner une ici. Mais entre nous soit dit, je ne suis pas infiniment pour cela. Les Princesses d’Angleterre se portent fort haut; trois Altesses Royales 3) a La Haye seroient beaucoup et peut-être que la femme du cadet prétendroit le pas sur celle de I’ainë. Je crains que cette alliance mettroit la zizanie dans la familie; je crains que cette alliance seroit cause que le parti Anglois s’attacheroit exclusivement au cadet et obligeroit par la I’ainé de se mettre a la tête du parti Framjois. *) Laurens Pieter van de Spiegel, die na de Restauratie van 1787, toen het vijfjarig mandaat van den Raadpensionaris van Bleiswijk was afgeloopen, in de plaats van dezen als Raadpensionaris was verkozen. *) Koning George 111 en zijn gemalin Charlotte Sophia van Mecklenburg-Strelitz hadden vijftien kinderen, 9 zoons en 6 dochters. *) Prinses Wilhelmina voerde zelve, zoo goed als haar aanstaande schoondochter, den titel van Koninklijke Hoogheid. Au moins je ne voudrois cette alliance qu’après qu’on auroit constaté que Guillaume seroit mon sucesseur, saus quoi a ma mort ü y aura deux partis dans I’Etat et la familie sera perdue et I’Etat déchiré par des factions qui peuvent ie conduire a sa perte. Vous voyez que je ne cherche pas Ia gloriolepour ma familie, mals qu’elle reste unie et qu’il y aye un Chef de familie et que les autres ne soyent que des appanagés1). Quant a Loulou, je suis charmé qu’elle se fait une raison de perdre I’espoir d’une couronne. Elle s’est si longtemps appellée Altesse tout court, qu’elle peut bien se passer d’un titre plus élevé, et ce n’est ni dans les titres ni dans les grandeurs que consiste le vrai bonheur, mais dans le Contentement d’Esprit et la Paix dans le ménage. Mr. de Larrey 2) travaille a mettre tout en ordre pour ce qu’il faut pour raarier mon fils ainé, et fait les recherches nécessaires pour arranger tout aussi pour le mariage de Loulou. J’aurois bien désiré voir mes futurs beau-fils et belle-fille, mais je ne puis songer a quitter le Pais quand tout est en feu sur les frontières. L’épidémie de Francegagnele Brabant. Pourvu que le Militaire Prussien3) ne vienne pas dans I’idée qu’ils sont citoyens avant que soldats et n’imite pas un j our 1’ armée Fran-9oise. Mais je ne m’y attends pas. Je me réfère a ma lettre a Loulou pour le journal d’ici. Je ne compte pas vous écrire la poste prochaine, ne sachant si j’en aurai le temps dans la course que je vais faire. A Paris il s’est fait de nouvelles horreurs; vous en vèrez le détail dans le Courrier du Bas-Rhin 4), que je vous envoie cijoint avec la lettre a Loulou, et vous prie d’être assurée delatendre amitié avec laquelle je ne cesserai jamais d’être T.A.V. et votre dévoué et tendre Epoux, sincère et fidéle Ami G. Pr. d’Orange. l) Apanage i. e. toelage in geld of goederen aan een jongeren zoon, welke bij het uitsterven van diens mannelijke nakomelingschap weder moeten vervallen aan het Huis. 2) Thomas Isaac baron de Larrey, Raad en secretaris van prins Willem V, vertrouwensman reeds van zijn moeder, prinses Anna van Hanover. 3) De Prins-Bisschop van Luik had de wijk genomen voor de tegen hem in opstand gekomen Luikenaars en had, als Rijksvorst, een beroep gedaan op het Rijkskamergericht te Wetlzar, dat daarop den koning van Pruisen had opgedragen, gewapenderhand in Luik de orde te gaan herstellen. *) De Post van den Nederrijn, eerste politiek weekblad, verschenen 20 Januari 1781 bij den uitgever Paddenburg te Utrecht en geredigeerd door Pieter ’tHoen. 28. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 7 Augustus 1789. J’ai re) Secretaris van prinses Louise, met wie hij naar Brunswijk was gegaan; hij was de zoon van een der secretarissen van prins Willem V. ») Een der beide negers uit het gevolg van prins Willem V. De andere heette Cupido. *) Sigismund Pierre Alexander, graaf van Heiden Reinestein, heer van Laarwoud. Kamerheer. ‘) Haagsche acteurs en actrices. bal, je me ferai trés belle et je me suis fait faire un habit de danse tout en blanc et or. Quoique ce ne soit qu’une misère, je vous prie, ma chère Maman, de la dire a mon Père, afin qu’il voye que je fais gala. O Ciel, déja une heure! Pardonnez-moi, ma trés chère Mère, que je conclus ici cette lettre. Je me mets a vos pieds ainsi qu’a ceux de mon Père, et embrassant Guillaume, je vous assure tous les trois de ma tendre affection. Soyez persuadée, ma trés chère Mère, du profond respect avec lequel j’ai I’honneur d’être votre trés humble et trés obéissante Servante et Fille Louise. 74. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 8 Maart 1791. Vous ne vous attendrez pas en ce jour a recevoir une longue lettre de ma part, ma toute chère Loulou; aussi ces peu de lignes sont elles uniquement, ma bonne et chère enfant, pour vous annoncer I’heureuse arrivée de tous vos paquets. Ils ont été ici a 6 h. du soir. J ai d abord fait venir Haag pour dépaqueter votre dessein; mais comme je n’y étoispas, devant aller a laComédie Juive je ne sais ce qu’il en a dit. Je vous le marqueroit a la poste prochaine. Pour moi je trouve que c’est trés bien pour un premier essay seule car quoique Haag n’y touchoit pas, je sais par expérience que sa présence n’y nuit pas -. Ce matin a 8 h. je suis allé avec Guillaume chez Papa et nous lui avons aportéz nos offrandes et les vótres et celles de votre cher Prince et de mon ami Fritz. Nous avons trouvez tout cela fort joli, surtout votre secrétaire. Votre frère Guillaume a donné des boucles, une bague et une tasse deLoosdregtl) avec son chiffre. Je me suis bomé a I’hommage de Guillaume I, qui a assez bien réussi et dont le cadre dans un nouveau goüt fait un charmant effet. Ma surprise pour ce soir est fort dérangé, paree que Josse, Demons et la Dusivier ont décampé *) Loosdrecht had toen een fabriek van gekleurd aardewerk, welker producten die van de Delftsche evenaarden en evenals deze in den aanvang der 19de eeuw werden verdrongen door het Engelsche aardewerk, vooral dat van Wedgwood. Trouwens reeds Betje Wolff schreef, toen zij zich met Aagje Deken inrichtte in De Rijp: „ik moet „kopen een roomkleur Engelsch tafelservies”. avant-hier; cependant Qa ira, ga ira 1), mais je crois que cela ira fort mal. Pour faire rire au moins, j’ai arrangé que Perrachon viendra faire un compliment d’excuses sur le dérangement que cause le départ des meilleurs sujets de la troupe. Le spectacle se donnera dans la chambre de la table du Marëchal2) et après le eerde; nous nous y rendrons par la grande salie. Jusqu’ici le secret a été parfaitement gardé; mais je crains d’un moment a I’autre, qu’il ne soit trahi. II y a un monde prodigieux a La Haye. La doublé fête du jour en a fait venir de tous les coins de la République. La prochaine fois, ma chère, j ’espère de vous en dire davantage. Je vous embrasse tendrement et suis a jamais votre tendre et fidéle Maman W. P.S. LaComédie Juive qui a joué hier, est cette troupe qui vouloit jouer devant nous a Amsterdam 3); elle donne deux représentations. Hier ils ont donné Le Médecin et l’Apothécaire et Samedi ils donneront Die Eifersucht auf der Probe 4); il y avoit un monde immense et réellement le spectacle étoit fort joli mais trop long. 75. Prinses Louise aan haar Vader. Brunswijk. 2 Maart 1791. Mon trés cher Papa, cette lettre vous parviendra vers une époque bien intéressante et bien chère a mon coeur. Vous le connoissez, mon cher Papa, ce coeur que vous avez formé, et vous savez qu’il vous est dévoué. Vous estes donc bien persuadé, sans que je le dise, que mes voeux sonts aussi sincères qu’ardens. Dieu veuille les accomplir et vous faire jouir sans fin du bonheur qui vous est dü, et d’une santé stable et parfaite. Ce huit de Mars est doublement intéressant, étant le jubilé de votre majorité. Puissiez-vous voir renouveller cette joumée de longues années, *) Volkslied uit de eerste periode der Fransche Revolutie; de muziek is afkomstig van een zekeren Bécourt, trommelslager bij de Groote Opera; de tekst wordt toegeschreven aan een straatzanger met name Ladré. ’) Maarschalkstafel i. e. tafel voor het gevolg. De term is nog in gebruik. s) Bij het bezoek, dat het vorig jaar bij den terugkeer van Den Helder aan Amsterdam zou zijn gebracht, maar dat door ongesteldheid van prinses Wilhelmina niet was door gegaan. *) Van J. F. Jiinger. en maakt de Hemel, dat mijn teergeliefde Vader zijn goude en diamante huwélyken met de Stadhouderschap nog viert. 8 Maart 1791. Nous avons bien bu a votre santé, mon trés cher Père, et c’est moi qui ai remerciée1). Adieu, mon trés cher Père, le Prince et mes Dames se mettent a vos pieds. Toute la familie me charge de complimens pour vous et pour ma Mère. Veuillez agréer I’hommage du profond respect et du sincère attachement avec lequel j’ai I’honneur d’être, mon trés cher Père, votre trés humble et trés obéissante Servante et fille. Louise. 76. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 18 Maart 1791. Connoissez vous dé ja le jeu de Normandie? Mylord Spencer 2) 1 a porté d’Angleterre. Tout le monde le joue excepté moi et Guillaume et un petit nombre de bonnes têtes comme nous jusqu aux ganjons dans les mes. C’est la chose la plus insipide. Cela ressemble au bilboquet3); mais c’est moins difficile. On dit, que le prince de Galles en raffolle et qu’il courre les mes de Londres en faisant marcher a la fois trois de ces jeux, I’un dans la bouche et un dans chaque main. Je ne lui envie pas son talent. Ce soir nous avons le dernier bal chez I'Ambassadeur; après quoi vient la semaine de jeune 4), oü nous serons tous en retraite, et puis les exercices militaires auront leur tour et je pense que tout notre train de viedeviendraaussi tranquile qu’il étoit animé depuis quelque tems. Dieu veuille seulement que eet été soit tranquile et que les événemens politiques ne troublent point nos jolis projets 5). Je 1 apréhende quelquefois. Cependant je vis toujours dans I’espé- l) Prinses Louise liet zich dus reeds het woord niet nemen. ’) Lord Henry Spencer, secretaris bij de Engelsche Ambassade. s) Ivoren balletje aan een fijn snoer, dat, omhoog geworpen, moet worden opgevangen in een op een ivoren staafje bevestigd kommetje, of, moeilijker, met een opening in het balletje op den spitsen punt van het staafje. ‘) Vastendagen zijn in de Gereformeerde Kerk bij bijzondere gelegenheden en met name vóór de Avondmaalsviering tot het einde der 18de eeuw in gebruik gebleven. 5) Namelijk de plannen tot een reis naar Bronswijk en Berlijn bij gelegenheid van het huwelijk van den Erfprins. rance que cela n’aura pas lieu. J e vous embrasse, ma toute chère et bonne Loulou, et serai a jamais votre fidéle et bonne Maman W. P.S. Mes complimens a vos Dames; j’écris moi-même au Prince. Le vieux Mr. de Larrey n’est pas bien du tout. II a un fort accès de goutte et de fièvre et a son age il est a craindre qu’il ne manque de forces pour pousser le mal. Je tremble a la seule idee de le perdre; c’est presque un miracle de le posséder encore. Je pense que Guillaume vous anonce le charmant mariage qui va se faire a la Cour? 77. Prinses Louise aan haar Moeder. Brunswijk. 13 Maart 1791. Notre partie a Zaltsdahl 1) est enfin trés bien réussie hier au matin. Nous sommes partis a neuf heures et jusqu’a prés d’une h. nous nous amusames a parcourir le chateau et a admirer les tableaux. II y en a une immense collection et de superbes parmi. C’est la que j’aurois bien moyen de me perfectionner en fait de peinture en copiant les meilleures têtes qui s’y trouvent. Celle que j’ai envoyée a mon Père est, a ce que j’ai appris hier du sieur Weitsch, directeur du cabinet, celle de Hugo Grotius et par la même elle est plus intéressante. Je trouvois le chateau de Zaltsdahl trés habitable, et je regrette qu’il soit ainsi désert. Je vousassure que le chateau ici n’est pas si bien meublé. Si je suivois ma fantaisie, j’irai dabord I’habiter; mais il faut demander la permission et je doute qu’elle soit accordée. Cependant j’essayerai, car, comme dit le proverbe Hollandois: Vragen staat vry en weigeren staat ook vry. Et ce n’est pas loin de la ville; c’est un trajet qu’on fait facilement dans une heure. Les environs sont beaux et on peut y vivre sans gêne au lieu qu’en ville, quoiqu’il y ait fort peu de monde, on vit en été comme en hyver et toutes les sociétés commencent a 6 h. II n’y a donc pas moyen de promener le soir a moins de vivre en hibou. Hier comme il fesoit superbe et qu’une fois je restois chez moi, nous fimes un tour au rempart et réelle- l) Hertogelijk slot met rijke kunstverzamelingen in de nabijheid van Brunswijk. ment cela me fesoit un vrai plaisir; mais les jours qu’on sort, on ne peut y penser. Le Prince désire aussi beaucoup d’aller a la campagne et cela me réjouit, paree que je suis toujours bien aise quandnos goüts se rencontrent. Sans cela il seroit a moi de céder et vous savez, ma chère Maman, que dans le fond du coeur votre Loulou n’aime pas cela. 16 Maart 1791. Je solliciterai encore de votre bonté un tonneau du même beurre dont Guillaume m’a envoyé, avant que la saison soit trop chaude pour le transport. Je le trouve si excellent que c’est un vrai délice que d’en manger et j’aime mieux me passer entièrement de beurre que d’en manger d’ici. II fait un tems des Dieux dont je profite tous les jours; mais s’il commence a faire chaud, je ne sais oü promener. II n’y a d’ombre dans aucunes des promenades ici et aux environs et la saison n’est pas assez avancée pour pouvoir promener de bon matin. J’envie votre Bois, votre Chemin de Scheveningen et tous vos charmans environs. 20 Maart 1791. Si la Wingendorff l) me quitte, je serai bien tentée de faire venir lasoeur de mon secrétaire2) car les demoiselles bourgeoises d’ici me paroissent beaucoup trop pimpées. Elles sont habillées comme des Dames et courent aux mascarades et spectacles. Vous n’avez aucune idee du luxe de la bourgeoisie de Brunswic. Je vous assure que les habillemens de bal de ces Dames sonts beaucoup plus riches et plus beaux que ceux de la noblesse et souvent même que les miens. Pour me distinguer je dois m’habiller trés uniment. Aussi c’est une ruine pour ces gens que ces mascarades, sans compter que cela gate aussi souvent leurs moeurs et que du moins cela leur donne beaucoup trop de dissipations. 23 Maart 1791. Guillaume ne me marqué rien du mariage qui doit se faire a la Cour, et j’en suis cependant bien curieuse, car vous savez, ma trés chère Mère, que j’ai tout a fait héritée cette qualité de ma Mère *) Kamervrouw van prinses Louise, die naar Den Haag wilde terug keeren om er den conciërge van het Oude Hof, Ostheim, te huwen. *) Boyer (hiervóór, pag. 130). Eve. Je vous prie de me marquer au plus tot qui sonts ces personnes qui vont allumer le flambeau de l’hymen? Je soupanne que c’est une certaine Comtesse Lotje *) avec un adjudant de mon Père, et en ce cas je vous en fais mon compliment. Je me mets a vos pieds avec tout le monde et j’ai I’honneur d’être a tout jamais votre trés humble et trés obëissante Servante et Fille Louise. 78. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 25 Maart 1791. Je suis un peu de mauvaise humeur, ma trés chère Loulou; je vous avois écrite une fort longue lettre 2) qui devoit partir aujourd’hui ou demain par Mr. de Sonsfeld; et hier au eerde il m’annonce qu’il a regu une prolongation de congé du Roi jusqu’au 15 de Mai. Ceci me dérange et ma lettre sera d’une haute antiquité, lorsqu’elle vous parviendra. Je pense que je continuerois a y ajouter ce qui me passé par la tête jusqu’a ce tems. Elle sera alors d’une belle taille et ressemblera plus a un joumal qu’a une lettre. Quant a la personne qui pourroit remplacer la Wingendorff chez vous, je veux bien que vous preniez la Boyer, mais je ne la connoit pas et elle n’a jamais servie; et comme la Bonnard 3) est aussi un peu neuve, je ne sait, si cela pourroit aller4). Au reste, ma chère, je dois y ajouter qu’en général en AUemagne il est plus aisé de trouver une bonne femme de chambre pour nous qu’ici, oü la classe de celles qui y conviendroient est admise dans nos sociëtés; ainsi ce qui reste n’est d’ordinaire que du tout commun. Je crois trés vrai ce que vous dites de la bourgeoisie de Brunswic, mais leur élëgance vous surprèndra moins, si vous considérez celle de nos Dames du second rang qui vivent avec nous au lieu que dans toute I’Allemagne elles formeroient une classe apart. II n’y a que dans une république oü cette égalité peut être admise. Pour moi j ’ai apris am'en acommoder, et quand la compagnie est bonne, j ’en *) Charlotte van Hompesch en Dirk Wouter van Lynden van Hoevelaken. Zie pag. 55. *) In antwoord op den brief van prinses Louise van 23 Dec. 1790, No. 66. •) Tweede kamervrouw van prinses Louise. *) Dit is wat bekort. suis contente et souvent beaucoup plus que de celle de la noblesse. II y aura sürement aujourd’hui des paisans de Dieren. Le départ de Fritz x) doit vous coüter, ma trés chère Loulou; cela est naturel; quoique vous ayez eu le plaisir de le garder longtems et que pareil bonheur arrivé bien, bien rarement a nous autres Princesses. 29 Maart 1791. Non, ma chère, le mariage a la Cour n’est pas de la Comtesse Lotje et d’un adjudant de Papa. Bien loin que celui-la soit prête a se faire, je puis vous dire qu’il est rompu, et cela tout a fait. Cependant comme on voit bien des choses extraordinaires dans ce monde, il seroit possible encore qu’il se renoue et pour cette raison jevouspriedenepasen parler; mais la dite Comtesse m’a annoncé en forme que c’étois rompue. Elle n’a pas eu tort de rompre, mais elle a eu grand tort de contracter des engagemens aussi légèrement. Lynden étoit jaloux comme un tigre et d’une exigence dont il n’y a pas d’idée a s’en faire. Je crois presque que dans ces demiers tems il s’est conduit ainsi pour la forcer, elle, a rompre. Si cela n’est pas, son humeur et son caractère feront le malheur de quiconque I’ëpousera. L’autre mariage dont je vous parlois, n’est pas d’un aussi haut parage, mais je crois qu’il vous surprendra. C’est I’aimable Knell2) et la vieille Betje qui a servie chez vos frères si longtems et qui avoit fait accroire a Guillaume, qu’il lui falloit une pension de retraite, paree qu’elle ne pouvoit plus servir. Tout cela étoit un petit tour pour escroquer ladite pension qu’elle espéroit porter en dot a son futur. Guillaume lui en laissera une partie, mais pas le tout; cela seroit aussi par trop bon et entraineroit des conséquences fort contraires a I’esprit d’économie dont il aura besoin. 2 April 1791. Puisque vous avez un bon emplacement pour ma broderie, je vais y travailler avec un redoublement de zèle, mais il faut que vous me disiez combien de panneaux je dois faire; je puis vous di- l) Prins Frederik, wiens studietijd te Bmnswijk was afgeloopen, zou dien dag naar het Pruisische legerkamp bij Schönebeck vertrekken. a) Kamerdienaar van prinses Wilhelmina. re que le kraanvogel est presque achevé et qu’il a assez bien réussi. A propos de eet oiseau, vous ai-je dit que Mr. Amershof est mort ? On ne sait pas encore, si la veuve ou ses neveux conserveront sa belle ménagerie. Les nouvelles politiques ne me paroissent nullement couleur de rosé; je ne sais, si vous savez déja que I’Angleterre arme a force, et que si, dans le court espace de 10 jours è. compter de I’arrivée du courier Anglois a Petersbourg, ITmpératrice 1) n’accorde pas les conditions qu’on lui impose, la guerre est décidée? Si ceci n’est pas connu a Brunswic, je crois que vous ferez bien de ne pas être la première a le divulguer. La République concourra a cette démarche de ses Alliés2) a Petersbourg; mais tout en adoptant leurs principes, elle se bome a recomander la paix et a conjurer I’lmpératrice de céder aux instances des deux Cours. Telles est en substance le contenu des instructions de Mr. Hogier3), envoyez hier a Petersbourg. J’espère que tout cela fera son effet sur la Grande Cathérine, car si cela n’étoit pas, il est impossible d’en prévoir les suites. Jusqu’a présent je conserve I’espoir que I’orage se dissipera.—A présent La Haye est aussi tranquile, qu’elle I’étoit peu il y a 15 jours. On ne s’occupe que des exercices qui – entre nous – absorbent votre frère, ce qui au resteest assez naturel la première année qu’il comande son régiment tout de bon. II n’y a plus -ou presque plus -de soupés en ville; en revange I’Ambassadrice reQoit du monde chez elle deux fois par semaine de 7 a lOh. On joueoul’on y cause, comme on le préfère. Cette nouveauté ne prend pas beaucoup encore, mais je crois que cela viendra. 12 April 1791. Sur la paix et la guerre je ne puis encore vous dire rien de décisif, mais les apparences restent pour la dernière. Si elle a lieu, voila un nouvel ordre de choses qui va se présenter, et Dieu sait a quoi il nous mènera et combien de personnes qui nous sont chères, s’y trouveront enveloppées. Cette idéé brasse bien du sombre dans l) Sophia Augusta van Anhalt-Zerbst, die na den voor haar huwelijk met Czar Peter 111 vereischten overgang tot de Grieksche Kerk den naam Catharina Alexejewna aannam en na den gewelddadigen dood van haar echtgenoot in 1762 als Catharina II den Russischen troon besteeg. a) Engeland en Pruisen. •) J. W. baron Hogguer. I’esprit; Dieu veuille nous préserver! Ici les Kees relèvent la tête de tous cótés; mals quoique je sols d’opinion qu’il ne faut pas négliger leurs menées, je crois souvent aussi qu’on s’imagine de voir ce qu’on apréhende ou du moins qu’on grossit les objets. Nous allons avoir un ministre de France; c’est Mr. de Gouvemois, comte de la Tour du Pin x). Son père étoit ministre de guerre. On le dit fort jeune et novice dans cette carrière. II doit avoir une belle femme et trés élégante. Elle est Dillon 2) et étoit admise aux petits bals de la Reine. Mirabeau vient de mourir subitement d’une goutte remontée. Parmi les aveugles les borgnes sont rois, et parmi les enragéz Mirabeau étois le moins violent. Ainsi les modéréz le regrettent; cela donne une bonne idéé de ses confrères. Je vous quitte a présent pour tout de bon, ma toute chère Loulou. Je vais sortir a cheval; il fait le plus beau tems du monde. Je vous embrasse tendrement et serai a jamais votre fidéle Maman W. 79. Prinses Louise aan haar Moeder. Brunswijk. 3 April 1791. Md. de Munster quitte le 18 de ce mois la princesse Caroline. Elle avoit été engagée pour buit ans 3); ce tems est expiré; elle a demandé son congé et on le lui a accordé sans marquer la moindre envie de la garder. Elle s’en retoume en Westphalie avec 200 écus de pension que les bons courtisans disent être bien suffisant pour une personne qui n’a tien 4). De jonge Vorstin, by wien zy geweest is, lykend somtyds zeer bedroeft van haar vertrek en in andre oogen- l) Frédéric Séraphin, comte de Gouvernet, marquis de La Tour du Pin. a) Henriette Lucie Dillon, marquise de La Tour du Pin, 1770—1853. Haar gedenkschriften, loopende van haren kindertijd tot aan het einde der Honderd Dagen, zijn onder den titel Journal d'une femme de cinquante Ans in 1913 uitgegeven door haar achterkleinzoon Aymar, graaf van Liederkerke Beaufort. 8) Als gouvernante. 4) Prinses Wilhelmina aan haar Dochter, 8 April 1791: „la pension de retraite de „Md. de Munster n’est pas magnifique; maai c’est assez le taux è la plupart des Cours „d’Allemagne; nulle part d’ailleurs elles sont au taux des nótres; mais les nótres aussi „nous mangent, car c’est un des grands points qui dérangent nos finances”. Mlle Hollard, de gewezen gouvernante van prinses Louise, had een pensioen van / 6000 ongerekend alle andere emolumenten. blikken verheugt zy zich daarvan; maar dat is niet te verwonderen; met een opvoeding zoo als de hare moet men zeer zeker valsch of ver van openhartig worden. J’aurois bien pensé a cette Dame pour moi, si elle n’étoit maladive et puis si elle étoit agréable a mon mari. Behalve dat stinkt zy zoo zeer, dat het geheel niet aangenaam is, naast haar te zitten. 10 April 1791. En répondant hier a des demandes que le Prince avoit faites au Duc, Monseigneur a glissé un mot de Zaltsdahl, demandant si un séjour dans eet endroit pourroit nous faire plaisir. J’ai conseillë mon mari de ne pas répondre en mon nom et de dire seulement que c’étoit prévenir nos désirs et qu’il étoit sensible a cette nouvelle marqué de ses bontés. De cette manière il n’est pas quitte de sa visite et je la désire, car je voudrai que la glacé fut rompue, et j’en sens la nécessité. Quoique vous savez par expérience, ma trés chère Mère, que j’aime assez a traiter les affaires par écrit, je crois déja assez connoitre le premier Personnage pour préférer de les traiter de bouche avec lui. Par écrit on peut trouver mille faux fuyants et on vous paye de belles phrases quand on n’est pas tout a fait sincère; et quant a m’adresser au tiers et au quart pour avoir ce que je désire par leur canal comme fait sa femme, j’avoue que je n’aimerai pas a être réduite a ce moyen. 13 April 1791. Quant a I’invitation que j’ai faite a Mlle Hollard, j’ai cru ne pas commettre un plus grand crime qu’en en faisant une a toute autre personne a La Haye. Pour lever au reste tous vos scrupules, ma trés chère Mère, de ce que cela pourroit déplaire ici, au moment que j’ai resu votre lettre je me suis mise a écrire au Duc une lettre dont voici sa réponse que je vous prie de me renvoyer 2). Elle léve tous les obstacles et elle est trés gracieuse. Ne croyez pas, ma chère Mère, que je prétende loger Hollard au chateau. Je sais trés bien les us et coutumes. Si elle est ici quand nous som- x) Aan haar gewezen gouvernante om op de doorreis naar Zwitserland eenigen tijd haar gast te zijn. Prinses Wilhelmina had daartegen groot bezwaar om de zeer afhankelijke positie, waarin prinses Louise aan het Brunswijksche hof verkeerde. *) Niet aanwezig. mes a Z(altsdahl), alors le Prince désire que je I’invite a y venir loger, paree que la nous sommes maitres moyennant que nous payons. Adieu, ma bonne Maman; mon mari et mes Dames se mettent a vos pieds et moi j’ai I’honneur d’être avec le plus respectueux attachement votre trés humble et trés obéissante Servante et Fille Louise. 80. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s Gravenhage 19 April 1791. Priez Dieu, ma chère enfant, pour la paix. Vous le devez de toutes les faijons et ne croyez pas que, si la guerre se fait, il sera si aisé de garder vos frères au logis. Ils brulent tous deux d’envie de s’instruire dans leur métier et de se distinguer. Quant a Fritz nous n'avons pas pu balancer a le lui accorder; il en regoit aujourd’hui la permission de son Père. Guillaume la sollicite également, mais ne I’a pas obtenue encore. S’il leur arrivé quelque chose, personne ne sera plus a plaindre que moi; mais cette considération ne me fera jamais balancer lorsque des considérations plus majeures leur ouvriront la carrière de I’honneur et de la gloire. Si le bon Dieu nous conserve la paix – comme je I’espère encore – vous aurez encore une visite bientót. Md. de Heiden désire accompagner son mari jusqu’a Brunswic; vous savez qu’il va a Berlin avec Passavantx) pour règler le contrat de mariage2). Elle veut passer tout ce tems a Brunswic. Je ne vois pas que cela puisse lui être refusé, quoique aussi a ce voyage je voieplusieurs inconvéniens. Si vous estes alors a Z(altsdahl) et que selon votre projet vous y logiez Hollard, pouvez-vous laisser Md. de Heiden a I’auberge a Brunswic ? Cela seroit peu gracieux pour elle et plus vous y logez de monde plus les embarras et les dépenses s’accumulent; et quand même que celles-ci ne rouleroient que sur vous, soyez persuadée que cela ne plaira pas. Votre Maman est toujours la houche de vérité et elle le restera quoi qu’il arrivé. A vous d’en profiter ou non. Je vous ai anoncé la rupture du *) Raad en Secretaris van prins Willem V voor de aangelegenheden in Duitschland. z) Van den Erfprins. manage de Mlle de Hompesch et de Mr. de Lynden; je puis a présent vous anoncer leur racomodement. Ils ont tous deux quelques grains de folie et feront leur malheur réciproque. J’insiste pour que le roman finisse bientót, car leur ridicule conduite me déplait fort et fait tort a Ia Cour. Je vous embrasse tendrement, ma bonne et chère Enfant; votre Maman ne fait pas de complimens; elle conserve ses anciens droits, mais elle vous aime bien et sera toujours votre fidéle Maman W. 81. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’sGravenhage. 19 April 1791. Voici encore un simple signe de vie. Je fais bien des voeux pour la paix, surtout puisque je ne pourrai pas me dispenser de laisser Fritz servir comme volontaire bsi elle a lieu 2). Dieu veuille que non. Guillaume a envie d’y aller aussi, mais je ne voudrois pas qu’il le fit, et cela n’est pas d’une absolue nécessité, paree qu’il nest pas dans le cas de son frère qui avec honneur ne peut pas faire autrement. Je suis curieux de voir ce qui se passera; mais c’est un brouillamini a quoi personne n’entend rien. Je crains que, si la guerre a lieu, cela retardera de quelques mois le mariage de Guillaume. J’en serois faché pour lui. A propos de mariage, op out ijs vriest het weder schielijk. Lotje et Dirk Wolter sont racomodéz et lui me I’a anoncé Samedi matin. Je lui ai dit que j’en étois fache et que I’intérêt que je prenois a lui et a elle, me faisoit craindre qu’ils seroient malheureux, puisque leurs caractères et humeurs n’étoient pas faits pour être heureux ensemble. A elle je n’ai pas parlé ni ne lui en parlerai. Elle fait une haute sottise et lui aussi. Et lui sera perdu pour le service; sa femme future renfermée a Hoevelaken oü elle restera sans son mari, s’il sert; et sans cela ce sera comme dans les Dehors trompeurs: Ci-git, sans avoir rendu I’ame, Le baron enterré k cóté de sa femme. *) In het Pruisische leger. *) Namelijk la guerre. 23 April 1791. Les Patriotes dans les Pais Bas recommencent; il sera curieux et cela n’est pas impossible quecela arrivé, que le Gouvernement des Pais Bas et nous, nous devrons nous soutenir mutuellement ‘); on a vu des choses plus extraordinaires. Dieu veuille qu’il n’y ait pas de guerre, et s’il y en a, que la République ne soye pas forcée d’y prendre part. Adieu, je dois finir. Mes complimens comme toujours au Prince, a la familie, aux Dames etc. etc., et soyez assurée toujours de la tendre affection de votre trés dévoué et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 82. Prinses Louise aan haar Moeder. Brunswijk. 20 April 1791. Vous me faites trembler, ma trés chère Mère, en faisant encore mention de nos Kees. Dieu veuille qu’ils restent tranquiles! Je serois au désespoir s’ils se remuoient de nouveau. J’ai vu malheureusement de prés ce qu’en vaut I'aune; mais éloignée de vous, de mon bon Papa, ma chère Mère, et demesfrères, je serois bien inquiète et je suis süre que mon imagination formeroit mille monstres pour les combattre. Je n’ai pas peur cependant encore et je crois qu’avec de sages précautions on n’aura pas lieu de les redouter. 24 April 1791. Je regois toujours avec reconnoissance, ma toute bonne Maman, les marqués réitérées d’intërêt et d’amitié que vous voulez bien me donner. – Quant aZaltsdahl, il est trés sur que H(ollard) ne nous y trouvera pas, puisqu’elle compte partir vers la mie de Mai et que nous n’irons pas a la campagne selon toutes les apparances qu’après la Saint-Jean. Pour ce qui est de Md. de Heiden, je serois bien fachée qu’elle resta en ville quand nous y serions, vu qu’elle ne pourroit venir nous voir que trés rarement. Son séjour ne pourra pas même causer des dëpenses, car on n’aura pas besoin d’y mettre un morceau de plus ala broche; et quant Vgl. den brief van 11 April 1793. aux lumières 1), comme les Dames se les procurenttoujours ellesmêmes, cela peut passer sur le compte de sa fille 2). Je vous assure, ma trés chère Mère, que j e commence trés bien a m’entendre en fait d’économie et que surtout je sais bien qu’il ne faut rien demander. Quand nous faisons quglque chose d’extraordinaire chez nous, c’est toujours moi qui le paye et je me suis informée si cela pouvoit déplaire et on m’a assurée du contraire. Lorsque je donnai mon premier bal on voulut tout payer; mais le Comte 3) eut le bon esprit de dire qu’il savoit que je désirai le faire, et de cette manière je suis libre de recommencer sans être gênée par I’idée que je fais faire des dépenses a quelqu’un qui ne s’en soucie pas. Vous avez bien raison de dire, ma trés chère Mère, que si on ne veut pas rompre la glacé, il ne faut pas forcer la chose; mais j’avoue que je suis fachée, bien f achée, que cela ne va pas, et j e me doute bien de la raison. Men heeft een veel te hooge opinie van mijn geringheid en een goede vriendinne is bang, dat ik te veel te zeggen zoude hebben op den Baas. Zy wil haar opperbevel niet verliezen en daarom hout zy hem ver van iedereen. Dat is ongelukkig; maar dat is wel waar en men verzekerd, dat, om hem nog beter te behouden, zal zy naast hem in ’t zelfde huis komen woonen. Zy is toch zeer vriendelyk voor my en ik ben zeer beleefd weegens haar; maar zy komt nooit by ons spyzen. Zy heeft my zelfs verzogt om niet genooit te mogen worden. Je comprendset j’aprouvele désir qu’ont mes frères de se distinguer dans la route de I’honneur et de la gloire. Ce sentiment est digne du sang d’Orange et de Brandenbourg qui coule dans leurs veines; mais en même tems I’idëe de les voir exposés me fait trembler. On espère cependant encore la paix. 4) Veuillez, ma trés chère Mère, me mettre aux pieds de mon Père; le Prince et mes Dames se mettent aux vótres et moi j’ai I’honneur d’être avec le plus inviolable attachement, ma trés chère Mère, votre trés humble, trés obéissante et trés dévouée Servante et Fille Louise. ‘) De kaarsen. “) Wilhelmina van Heiden, hofdame van prinses Louise. 8) Graaf van Schuleuburg, hofmaarschalk van den erfprins van Brunswijk. *) Weggelaten een napraatje over het geval Hompesch-van Lynden. 83. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 13 Mei 1791. J’ai assez d’amour-propre, ma chère Loulou, pour m’imaginer que vous ne voulez rien perdre de ce que votre Maman vous destinois; c’est pourquoi je vous envoie ce commencement de lettre de trés vieille date et qui ne contient que des réflexions vrais mais surannés et qui ne sont pas nouvelles pour vous. Le 22 de Mars. Le Soir. Je commence cette lettre, ma chère Loulou, dans I’intention d’en charger Mr. de Sonsfeld et je me propose d’y renfermer mes réponses a la vótre dont Guillaume a été le porteur x). Papa et Guillaume sont allez voir Le Légataire universel2) et Jér óme pointu. Cela ne m a nullement tenté; et le plaisir de causer quelques instans avec ma Loulou me dedomageroit de tous les plaisirs du monde. J’y trouve toujours une satisfaction bien douce. Comme vous me parlez avec une confiance entière de vos alentours dans cette lettre a laquelle celle-ci sert de réponse, j’ai cru qu’il valoit mieux la garder pour moi toute seule; aussi personne ne 1 a vue, pas même Papa. La chose est trop délicate; un demi-mot qui échapperoit et qui seroit rapporté, pourroit vous causer des desagremens qu il est essentiel de vous éviter. Votre ame est toujours restez pure et graces au Ciel mes voeux ont été exaucés. J’ai eu le bonheur d’écarter de vous tout ce qui pouvoit la souiller et porter atteinte a cette aimable sérénité que j’ai toujours aper?ue dans vos regards et qui est l’emblême de I’innocence et d’une conscience sans tache. J’ai toujours eu pour principe de vous parler peu ou point de ce qu’on appelle la vertu de notre sexe; mais d’écarter plutót ce qui pourroit vous en donner de fausses idéés et de fixer de préférence votre attention sur d’autres objets sans pourtant vous perdre un seul instant de vue. Aussi je ne crois pas, qu un seul mouvement de votre ame me soit échappé, quoique je n aïe pas toujours temoigné ce que je croyois y lire. Le bon succès de mes soins a votre égard semble justifier mon principe et j oserois hardiment le recomander a d’autres dans l) De brief van 23 December 1790. No. 66. *) Van J. F. Regnard, 1655—1709. Naber, Correspondentie I 10 I’occasion. J’ose même vous le recomander a vous-même. Oui, ma chère, j e crois, que ce que vous pourrez faire de mieux, c’est de ne pas vous beaucoup occuper de ce que I’on dit des femmes avec lesquelles vous vivez. C’est la le moment de chanter Chacun pour soi est ma devise. Elle est alors bien appliquë. Ne leur donné jamais que de bons exemples sans vous apesantir et sans même paroitre croire ce que I’on vous racontera d’elles. En effet on est peu indulgent pour notre sexe et il faut souvent une vraie bagatelle pour faire jaser le public, trés enclin a grossir les objets et même a ajouter aux circonstances dont il est informé. Les 3 Duchesses qui vous ont précédez ont été des modèles de vertu; et cependant les filles des deux dernières n’ont pas toutes suivies leur exemple. Je serai tenté de demander pourquoi? Voici comment je rësout le problème. Leurs maris de leur cóté s’écartoient fort de ce bel exemple et ont affichez leurs foiblesses. De la il est résulté que, trés jeunes, leurs enfans ont connu I’intrigue et qu’ils y étoient experts avant d’être prévenus de principes solides pour les garantir des suites funestes qu’elle doit avoir. Lorsqu’on s’est apergu chez eux de quelque disposition pareille, on a cru y rémédier par un grand étalage de sévérité et de prudence; on a rendu par la le mal plus grand et c’est ainsi qu’on a perdu plusieurs des filles dela Maison *) et que je crains que I’on perdra encore votre bellesoeur. Ainsi votre remarque est bien juste, que c’est en grande partie dans la première éducation qu’il faut chercher les causes de ses inclinations actuelles et que I’on s’y prend fort mal pour 1 en corriger. A présent, au point oü les choses en sont venues, vous faites fort bien de ne pas trop rechercher sa société, et je vous conseille de ne pas vous offrir de la conduire aux bals quand sa Mère n’y est pas, surtout paree qu’on vous I’a une fois deja refusé. Si malheureusement il arrivoit quelque esclandre lorsque vous seriez avec elle, ce ne seroit pas votre faute et pourtant vous y seriez plus ou moins compromise. De tout ceci n’allez pas conclure i) Prinses Wilhelmina zal hierbij wel vooral hebben gedacht aan haar schoonzuster Elizabeth van Bronswijk-Wolfenbuttel, eerste echtgenoote van haar broeder, komng Frederik Willem 11. Zie over haar verhouding tot deze mijn Prinses Wilhelmina, pag. 16 en vlg. qu’a Brunswic le dessous des cartes est pire que partout ailleurs. Cette conclusion seroit certainement fausse. Tous les endroits ont leur bons et leurs mauvais cotés et plus vous aprendrez a connoitre le monde et plus vous vous convaincrez que les hommes sont partout les mêmes c. a. d. un composé de bonnes qualités et de foiblesses. Cette connoissance de la fragilité de la nature humaine, qui se modifie a I’infini selon les caractères, offre certainement matière a des réflexions affligeantes pour quiconque aime et reconnoit le prix de la vertu. Mais cela ne doit pas nous décourager ni nous rendre misanthropes; encore moins dures dans nos jugemens sur nos prochains. Soyons indulgens pour les autres sans être foibles, lorsqu’il dépend de nous de réprimer le vice ou de rendre hommage ala vertu, et sévères envers nous-mêmes. Plus nous voyons de ces exemples frappans, iels que vous en avez sous yeux, dun grand merite accompagné de grandes foiblesses et plus nous devons être vigilantes envers nous-mêmes. Bénissez le Ciel, ma chere, de ce qu il a uni votre destinée a celle d’un époux estimable qui a eu le bonheur d’échapper a la sëduction du monde et qui vous aime veritablement. Croyez-moi, c’est un bienfait inestimable de la Providence et un bienfait rare. Nele méconnoissez jamais et travaillez a vous en rendre digne. Vous en sentez si bien le prix! Plus vous tacherez d’oublier les folies et les foiblesses des hommes en vous concentrant en vous-même, en examinant les défauts contre lesquels vous devez veiller, en recherchant les moyens de perfectionner vos connoissances, surtout d’entretenir vos bons principes et aussi de cultiver les talens agréables, et mieux, ma chère, vous y reussirez. Soyez süre en même tems que votre exemple sera a la longue un moyen d’améliorer les moeurs a Brunswic, si ce nest dans le fond au moins dans les apparences. On voudraparoitre vertueuxet c’est toujours un premier hommage qu on rend a la vertu. Si le Ciel vous accorde des enfans, ce sera une nouvelle carrière qui s’ouvrira pour vous et la manière dont —jen en doute pas vous remplirez les devoirs sacrés de Mère, sera dun effet encore bien plus grand sur les autres. J’oserai même dire que cela vous donneroit I’espérance bien fondëe de rendre meilleure la génération suivante que celle qui existe. Plaignons les humains qui cherchent leur bonheur dans les puissances deleurspassions; mais ne leshaïssons pas. D’ailleursilya souvent des circonstances qui les rendent plus ou moins coupables. Leur éducation, les positions oü ils se trouvent placés dans le monde, la force des tentations, tout cela demande a être pesé. Mais quand il s’agit de nous-mêmes, ne cherchons pas la-dedans des excuses pour pallier nos fautes. Quand on capitule ainsi avec soi-même, ordinairement on voudrois se faire illusion et notre situation est alors plus dangereuse que nous ne le sentons souvent nous-mêmes. Voila bien de la morale. II me semble qu’elle passé les bomes. Le sujet m’a entrainé. Ce que vous me dites de I’économie du Duc est exemplaire et cela a été nécessaire dans les commencemens de sa Régence x). Vos réflexions sur ce sujet sont trés justes. Si son Père avoit été plus rangé, il n’auroit pas obligé son fils a eet excès d’économie qui peut-être a présent est quelquefois poussé trop loin. Cependant en général c’est un exemple a suivre pour quiconque trouve ses affaires dérangés et je désirerois extrêmement que le Prince voulüt y penser et mettre a présent la main a I’oeuvre afin que tout le charge ne tombe pas un jour sur le pauvre Guillaume. Jusqu’a présent il n’ y en a la moindre espérance et les choses sont telles, que Papa ne pourra presque, rien faire pour I’établissement de son fils. Je puis vous conjier que nous avons I’espérance que les Etats feront quelque chose pour lui et sa femme. J’espérois que le Roi feroit quelque extraordinaire pour sa fille, si longtems qu’elle ne seroit que Princesse Héréditaire; mais il Va décliné le plus gracieusement du monde. Ceci entre nous. Je m’arrête ici, ma chère, prête a y ajouter quelque chose, lorsque je saurois quand Sonsfeld partira. 28 April 1791. Je ne sais, ma toute chère Loulou, si j’ai été assez claire dans ma réflexion sur les moeurs; en tout cas voici le résumé de ce que je voulois dire: je désire que vous et tout ce qui dépend de vous i) Toen de hertog nog bij het leven zijns vaders moest optreden als Regent, vond hij een Staatsschuld van 12 millioen Reichsthaler; en toen hij zeven jaren later, in 1780, onder eigen naam de Regeering aanvaardde, was een groot gedeelte van die schuld reeds gedelgd. donne I’exemple des bonnes moeurs; mais que vous vous occupiez le moins possible de celles des autres et que surtout vous ne croyiez pas légèrement ce que I’on vous racontera et que vous ne paroissiez pas vous plaire a de tels rapports. Vous ne vous estes jamais plue a ce comérage dont on amuse les femmes mais dont les hommes ne sont pas exempts – – et j’espère que vous n’y prendrai jamais goüt. Je crois avec vous que c’est la H(arteveld) qui est en partie cause que le Duc vient peu chez vous et qu’elle tache de I’isoler afin de conserven plus sürement son ascendant sur lui. II est trés possible aussi, qu’elle s’imagine, que vous pourriez acquérir de I’empire sur son esprit et qu’ainsi elle yperdroit. Comme ceci n’est certainement pas votre intention, je vous conseüle de ne pas témoigner que vous dësirez tant que le Duc vienne souvent chez vous et qu’il vous traite en Père; mais de saisir toutes les occasions de lui témoigner délicatement votre désir de lui plaire sans vouloir qu’il se gêne pour vous. Le Duc, ma chère, ne connoit ces douces jouissances du bonheur domestique, les seules veritables dans ce monde. Ses enfans ont toujours étë des étrangers pour lui. II y a sans doute de sa faute; mais les circonstances y ont aussi contribué, il ne faut pas mettre tout a sa charge. A présent son pli est pris. II se changeroit trés difficilement et je suis persuadée qu’il entre autant d’embarras dans sa manière vis a vis de vous que toute autre cause pour laquelle il reste si cérémonieux. Vous m’avez écris, que la H(arteveld) ne venoit plus manger chez vous. Y a-t-il une cause a cela? Et laquelle? Attendez une occasion pour me répondre a cette question et ne croyez pas, ma chère, qu’en écrivant les secrets en Hollandois, ce soit le moyen de les dérober a la connoissance des curieux. S’il y en a qui osent ouvrir vos lettres, il leur sera fort aisé de déchiffrer le Hollandois; et ce que vous dites dans cette langue fera alors plus d impression sur eux que si vous I’écriviez tout uniment en Fran«jois, paree qu ils vèront par la I’espèce d’importance que vous y mettez. Mevoici parvenue ama 9ième page; il seroit bien tems de finir, n’est-il pas vrai? 13 Mei 1791. Enfin, ma chère, cette étemelle lettre part cette nuit avec le vieux Boyerx) et sa fille; je finis ici mon verbiage et il en est tems. Je vous quitte pour reprendre aussitót Ia plume pour vous écrire par la poste; mais cela ne sera qu’a la suite de mes autres lettres, ainsi je devrois être laconique. Je vous serre contre mon coeur, ma bonne Loulou; que Dieu vous bénisse et que vous soyez toujours heureuse et contente par vous-même et par vos plus tendres et plus intimes liaisons, surtout par votre cher et estimable mari. Tels sont mes voeux sincères et constans. Je serai a jamais votre fidéle Maman. W. P. S. Je vous ëcris ces lignes, ma bonne et chère Loulou, en rentrant de la revue des Bourgeois oü il a fait une pluye et un vent terribles. Papa a voulu les dispenser de la promenade du Stadhouder spoort, mais il n’y a pas eu moyen; ils tiennent trop a leurs droits et aux rétroactes. 84. Prinses Louise aan haar moeder. Brunswijk. 25 Mei 1791. Ma trés chère Mère, Boyer m’a remis votre charmante lettre dont je n’aurois pas voulu perdre un seul mot. Votre amour-propre a donc trés bien fait, ma chère Maman, de vous engager a ne pas jetter les pages écrites au mois de Mars et a m’envoyer toutes vos rëflexions. Si elles ne sont pas neuves, elles me paroissent cependant telles en passant par votre plume. Elles empruntent par lè, un nouvel intérêt. Dans le tems que je vous fis par Guillaume, ma trés chère Mère, la description de tout ce qui m’entoure, je n’étois pas encore a même de juger pertinemment par moi-même. A présent que depuis plus de 6 mois je fréquente le monde de Brunswic, je vois qu’il y a comme partout ailleurs du bien et du mal mélangé et que le mal est plus en évidence, paree que la société est trés peu nombreuse et qu’ainsi on remarque davantage ce qui est a reprendre, qu’on a I’occasion de remarquer les vertus qui d’ordinaire sonts cachées. Je n’aime pas plus le comérage que vous, i) Een der secretarissen van prins Willem V; zijn zoon had prinses Louise als secretaris naar Brunswijk gevolgd en hij zou thans zijn dochter daarheen geleiden om er als kamervrouw dienst te doen. ma bonne Maman, et je puis vous assurer que je ne cherche jamais a mal parler de mon prochain. Mais d’un autre' cótë je vous assure, qu’iln’ya peut-être pas d’endroits oü la médisance soit poussëe plus loin qu’ici par cela même que le cercle est si étroit et que, comme il n’y a ni spectacles ni autres amusemens publiés, on ne sait de quoi causer; et ainsi on n’a que la triste ressource du jeu. Quelques Dames vraiment instruites et aimables ont tachés de changer ce ton en introduisant dans les sociétés quelques Dames de la Bourgeoisie fort aimables; mais cela sans aucun succès. C’est le Prince qui m’avoit instruite de tous mes environs dans le tems oü j e vous parlois et cela par la bonne intention de faire que je sois sur mes gardes et d’empêcher que je me liasse avec ceux qui ne le méritent pas. Je n’ai aussi aucune liaison particulière. Nous faisons letour de la société a nos dinés et soupës et il me semble qu’on est content de notre hospitalité. MUede H(arteveld) nevient pluschez moi pareequ’ellem’a fait prier par le comte de Schulenbourg d’en être dispensée. Elle n’est invitée a aucune Cour excepté aux soupës de familie de Mardi et elle paroit les Dimanches au cercle. Elle est alors fort gracieuse pour moi; mais nous ne nous disons qu’un petit mot avant qu’on se mette au jeu. Oui, ma chère Mère, je bénis le Ciel et cela du fond de mon coeur de m’avoir donné un mari tel quele Prince. Jamais je n’aurois pu mieux rencontrer. II joint a beaucoup de douceur et de bonté de caractère un coeur tendre, un esprit raisonnable, beaucoup de sensibilité et une horreur du mal qui est bien rare parmi les Grands dans le siècle oü nous vivons et avec la mauvaise éducation qu’il a regue. II désire de s’instruire de plus en plus et ilfait tout pour cela. x) Après tout cela, ma trés chère Mère, vous concevez que ce n’est pas notre faute que nous n’avons pas encore d’enfans. Je suis au reste toute résignée et bien loin de m’en affliger, j’attends ce moment avec beaucoup de flegme et de patience. Je suis fachée qu’on ne pense pas sérieusement a économiser chez vous, ma trés chère Mère, car je crois que cela seroit d’une absolue nécessité. II me semble qu’en le faisant a présent peu a peu on préviendroit bien des désagrémens pour I’avenir. Au reste je ne ‘) Weggelaten verdere herhalingen over dit thema. m’y entends pas fort bien et ainsi il vaut mieux se taire sur ce sujet. l) Mais c’est assez bavarder. II est tems de finir. Que Ie Ciel vous bénisse et vous conserve, ma toute bonne et chère Maman. Conservez toujours une place dans votre coeur a votre enfant qui sera toute sa vie la plus humble et la plus obéissante de vos servantes comme la plus dëvouée des Filles. Louise. 85. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 28 Mei 1791. J’ai trouvé la Vieille Cour, oü j’ai été voir les apartements de votre frère assez avancée pour le tems qu’on y travaille. Je joins ici la description des nouveaux apartemens; mais je vous prie de garder ce chiffon pour vous; il est trop mal arrangé pour le produire plus loin. Description des apartemens de Guillaume et de sa future Epouse d la Vieille Cour. En montant par I’escalier derrière la maison on arrivé dabord a une anti-chambre que les jeunes époux auront en commun; elle est ornée d’anciens tableaux qui seront renouvellés; a droite on arrivé a I’apartement de la Princesse. On entre dabord dans une seconde anti-chambre, tapissée du beau papier arabesque 2). De la on arrivé ala chambre de présence, meublé en damas de 3 couleurs; on vient ensuite a la chambre acoucher qui est trés grande. Le lit sera dans une alcove. L’ameublement de cette chambre sera d’un satin jaune des Indes brode en différentes couleurs. A cóté de la chambre a coucher il y a encore un joh cabinet d’une bonne grandeur dont l’ameublement n’est pas encore finalement décidé. II y a également attenant de cette chambre des garderobes avec tous les dégagemens et les comodités nécessaires. Par un escalier derobe la Princesse peut se rendre chez ses Dames et aussi, si elle veut, a la salie a manger. De I’autre coté de la première anti-chambre, savoir a gauche en montant I’escaher derrière la maison, on vient a I’apartement de i) Weggelaten uitvoerige mededeelingen omtrent de organisatie der hofhouding van prinses Louise en omtrent de leden van haar gevolg. a) Geschenk van prinses Louise. mon fils, composé également de 2 chambres qui se suivent; la première sera meublée d’un papier des Indes fond verd, trés joli; la seconde d’un papier uni; il y mettra ses tableaux et ses estampes. On descend ensuite quelques marches pour venir dans I’aile qui vient d’être batie. Mon fils y aura encore un grand et un petit cabinet et une garderobe, oü le valet de chambre couchera. Le plafond de I’escalier est orné des peintures de celui de Ryswyk, qui font un trés bel effet. Je puis ajouter que part out on fait des plafonds, des fenêtres modernes et tout ce qui est possible de faire pour rendre ces apartemens comodes, élégans et chauds en hiver. Cependant la Princesse n’est pas logée fort au large; si on en déduit les chambres pour voir le monde, il ne lui reste que la chambre a coucher et un cabinet; mais il n’y a pas eu moyen de lui donner davantage et même pour qu’elle puisse aussi jouir de la chambre de présence et pour ménager votre papier qui est réellement charmant, votre frère a dit qu’il céderoit sa première anti-chambre les aprèsdinners aux Dames et Messieurs de la Cour, et ceci fera un grand agrément pour la Princesse. Je vous envoie les tableaux de notre spectacle que je vous ai promis; il y a beaucoup de gagné depuis Paques comme vous le vèrez. L’opëra surtout est trés bon. Ce soir des musiciens Italiens, recomandés par le prince de Weilbourg ‘J, et je crois en partie aussi a son service, donneront des Intermèdes2) entre les actes d’Amélie et Morosa 3), pièce déja jouée ici et dont vous vous souviendrez. On dit ces chanteurs fort bons. Je vous quitte pour aller promener au Bois. ’s Gravenhage. 31 Mei 1796. Ces peu de lignes sont uniquement pour vous dire, ma bonne et chère Loulou que votre Père et Guillaume sont partis ce matin I’un pour Utrecht et I’autre pour Breda directement, oii nous nous rejoindrons dans la soirée. Boyer est arrivé hier a 4h. du matin; il m’a remis votre bonne lettre. Je vous répondrai par Md. de Heiden qui part avec son mari, et Mr. de Passavant après *) Frederik Willem, vorst van Weilburg. a) Tusschenspel van zang of dans. •) Van C. S. Tavart. demain. Ce soir nous soupons chez I’Ambassadeur. Hier nous avons eu la grande manoeuvre dont le coup d’oeil étoit fort beau. Deux Provinces se sont déja expliquëes au sujet de Guillaume et de son épouse. On compte que la somme ira en tont a 30 mille florins; ce sera en partage jusqu’a ce que votre frère devienne Stadhouder; alors le tout passé ala Princesse. 2 Juni 1791. Breda. Ce soir j’ai eu eerde; il y avoit beaucoup de monde pour Breda. Je trouve que la sociëtë a beaucoup changée1), et je voisavec chagrin qu’elle n’a pas gagnée et qu’il n’y en a presque pas qui convienne ala princesse Wilhelmine; ce qu’il ya de mieux ne lui convient pas du tout. Md. Henri van der Duyn 2) est jolie et paroit douce et aimable; ilest facheux que si jeune encore elle ait donné lieu a la médisance. 5 Juni 1791. Mercredi le Prince va pour 3 jours a Bergen op Zoom; pendant ce tems votre frère exercera la gamison et la mettra, ou tachera de lamettre, en état de manoeuvrer sous les ordres -du Prince a son retour de Bergen op Zoom. 9 Juni 1791. La poste part dans une heure et comme nous ne pouvons expédier ce soir un Bode que dans le cas que le Prince nous en envoie un de Bergen op Zoom, oü il s’est rendu hier, je ne veux pas manquer I’occasion de la poste pour vous dire, ma bonneLoulou, que je vous aime toujours bien, que je me réjouie bien, oh bien, de vous embrasser dans quelques semaines et que ce ne sera pas moi qui mettrois empêchement a votre voyage vers ici quand nous y retournerons. Je ne doute pas, que leßoine vous invite aussi aux noces; j ’ai toujours compté la-dessus. Dites-moi, ma chère, si vous souhaiteriezparhazzard que je vous porte ce qu’il y a de plus nouveau a La Haye en fait de bonnets ou de chapeaux, ou si vous estes bien fournie en fait de nouveautés. Comme la foire 4) vient encore avant les *) Het hof was er sedert 1784 niet meer geweest. a) Susanna Jacoba Josina, gravin van Bylandt, 1770—1826, echtgenoote van Willem Hendrik van der Duyn, 1755—1832. «) Namelijk die te Bronswijk, welke werd gehouden in Augustus. noces, je pense que vous y trouverez des choses encore plus fraiches que ce que je pourrois vous présenter; mais il ya un moyen que la BonnouvrierL) a imaginez d’arranger beaucoup d’ornemens de tête dans une petite boëte. J’en ferai I’essay et si cela est bon, je pourrois bien vous en commander une. Notre partie de Dimanche au Speelhuis a trés bien réussie; ce petit endroit sera un agrément pour la princesse Wilhelmina; je suis süre qu’elle I’aimera. Le Lundi il y a eu derechef longs exercices; le soir nous avons eu du monde a souper et ce qui s’est passé de plus intéressant, c’est que j’ai apris le r ever si2). Mardi nous avons dinné chez Mr. Van der Borch 3) et on y a promené toute la soirée; sa campagne a extrêmement embellie. Hier votre frère est sorti avec les troupes a 4 h.; votre Père vouloit partir a 5 h. et moi je comptois me promener a cheval a 6 h. Guillaume et moi nous avons suivi notre projet; mais Papa, ayant beaucoup a écrire, n’est parti qu’a 7h. et Fritz fait merveille aux revues *) et on est extrêmement content de la manière dont Guillaume comande et explique aux troupes ce qu’elles doivent faire. 13 Juni 1791. Ma dernière étois, je crois, de Vendredi. Ce jour-lanous allamesa Ia rencontre de votre Père a Rosendahl en faisant un détour pour voir les beaux environs; nous avons dinné chez Mr. Motman 5), oü le Prince est arrivé une heure après nous. Nous sommes arrivés ici a 9 h. Le lendemain il y a eu manoeuvre a 4 h. et | et le Prince et Guillaume y ont été trempés de la bonne 6) Hier au soir nous avons fait une promenade a pied dans le Lisbos d’un couple d’heures, après nous y être fait mener en voiture. II faisoit une soirée superbe et je trouve que pour la promenade c’est le temsle plus agréable. La journée aujourd’hui se passera encore a parcourir les bois et ce soir a faire un tour de Kermès; elle a com- ‘) Haagsche modiste. *) Gezelschapsspel. ’) Drost van Breda. *) Bij de Pruisische manoeuvres. s) G. W. Motman, drost der Vrijheid Roosendaal en rentmeester der domeinen van Willem V te Breda; vurig Oranjeman. *) Weggelaten de vermelding van verschillende bezoekers. mencé hier. Demain de grand matin c’est la demière manoeuvre. Je compte y aller, n’y ayant été point du tout encore. J’yrai a cheval. De la nous allons diner chez Mr. de Golofkin a Oosterhout; puis nous revenons pour faire notre toilette ici et le soir il y a eerde de congé. Cette journée sera bien remplie; aussi pour cette raison je reste encore le Mercredi ici. Le Prince et son fils partent ce jour-la de grand matin pour Maestricht. Je retoume a la Maison du Bois le Jeudi et pas au dier Loo comme vous I’avez cru, mon enfant. Je I’aurois beaucoup désirez, mais cela ne pouvoit pas bien s’arranger a cause des arrangemens qu’il y a encore a faire a La Haye pour votre frère Guillaume. II auroit fallu également y x) retoumer avant mon dëpart2). J’espère a présent passer une 15ne de jours a Loo avant de venir vous joindre, ma bonne et chère enfant. Guillaume fera une tournée le long des frontières et ne reviendra a La Haye que le 7 ou 8 Juillet. A la vie et la mort votre tendre et fidéle maman W. Benijden Juni reisde prins Willem Vmet den Erfprins over Maastricht naar Aken; en gedurende zijn afwezigheid zond prinses Wilhelmina, die den i6den terugkeerde naar ’s Gravenhage, hem als naar gewoonte dagelijks een hrief. 86. Prinses Wilhelmina aan prins Willem V. Breda. 16 Juni 1791 Comme vous avez laissé un Bode a ma disposition, j’en profite pour vous anoncer notre départ pour La Haye et pour vous dire que, comme je suppose que j’arriverois tard a laMaison dußois et après que le Bode de tous les jours expédié par Mr. de Larrey seroit parti, je ne vous écrirois pas ce soir. Si vous avez eu le même tems que nous hier, vousn’avezpujouir des belles vues de Lomel3); mais du moins cela n’aura pas nuit au déjeuner. En revange je *) Naar Den Haag. a) Naar Berlijn. •) Lommel, halverwege Breda en Maastricht, even over de Brabantsche grens. crains que vous avez été bien mouillé aujourd’hui aux inspections et que ce tems n’aura pas rendu les plaisirs plus vifs. Le prince de Hesse x) est fort affligé de votre voyage a Maestricht en son absence. J’avois chargé hier Balletje 2) d’écrire un billet d’excuse a Md. Van der Borch, prétextant le tems pluvieux; mais comme je lui avois recomandé de rendre ce billet bien poli et que j’avois ajouté, vous pouvez dire aussi que le Bode m’a porté des papiers a Ure, ce qui m’empêcheroit de sortir peut-être ce matin, Balletje qui a plus d’esprit que personne, a jugez a propos de ne parler que des occupations importantes qui m’empêchoient d’aller, sans faire mention du tems, paree que dans ce moment la pluye n’étoit pas forte. De la il est rësulté que toute la vilie de Breda croit que j’ai été hier dans les grandes affaires. Je revient de la foire; il faisoit beau et Ie foire est assez brillant. Je vous envoie deux chaines de montre dont vous voudrez choisir une et donner I’autre a Guillaume. Nous avons aussi été au Béguinage 3). A présent je pars; il est 1 h. et |. Het Huis ten Bosch. 17 Juni 1791. L’Ambassadrice sort d’ici et il est passé 7 h. C’est mon excuse si jene vous écris que deux mots pour vous dire, que j’ai eu un voyage fort heureux et fort prompt. J’espère d’aprendre la même chose de votre part. 4) Je n’ai rien resu des enfans par cette poste; sans doute qu’ils ont encore adressé les lettres a Breda, d’oix je ne les recevrai que Dimanche. J’ai eu ce matin tout le Ministère et tout la Conseil d’Etat et le général Dumoulin8) et Renfner, sans cela personne. Nous avons dinné entre nous. Ce soir I’Ambassadrice et ses filles ainées y ont été. Le marine viendra que demain par discrétion. Je vous prie d’embrasser Guillaume pour moi. Une autre fois vous aurez une plus grande lettre. l) Frederik, landgraaf van Hessen-Kassei, gouverneur van Maastricht. *) MUe Guicherit, aan wie prins Willem V dien bijnaam gegeven had om haar eigenaardig hoofd tooisel, zie De Bas, Prins Frederik en zijn Tijd, I, pag. 415. Zij werd later de verzorgster van den kleinen Guillot. *) Gesticht in 1240 door Machteld van Diest, gemalin van Godevaart IV, heer van Breda. Zie over de groote beteekenis der 13de-eeuwsche Begijnen voor de ontwikkeling der vrouw, voor de maatschappelijke positie der ongehuwde vrouw vooral, mijn studie Vrouwenleven in Prae-Reformatietijdy hoofdstuk IV. 4) Weggelaten de lijst van opgezonden stukken. 5) C. D. du Moulin, 1728—1793, Commandant van Sluis, directeur der fortificatiën. 18 Juni 1791. Nous sommes encore sans aucune nouvelle de votre part depuis que vous nous avez quitté, mais cela ne me surprend pas, car vous n’aurez guère de tems pour nous écrire. Je viens de lire la description de nos plaisirs de Breda dans la Gazette du sieur Gosse d’aujourd’hui; c’est a mon avis tout a fait digne de son gros génie ; et ce qu’il y a de plus béte, c’est que voila la seconde fois qu’il anonce, que Guillaume est revenu avec moi. 1) Ce matin j ’ai fait un grand extraordinaire, j ’ai été voir le vieux Mr. de Larrey que j’ai trouvé assez bien. II commence même a marcher de nouveau mais encore en pantoufles; sa tête étoit comme celle d’un jeune homme. J’ai ensuite eu I’Ambassadeur qui m’aconté desanecdotes de St. Petersbourg assez curieuses; il paroit se flatter, que I’lmpératrice entrera en négociation et qu’ainsi on filera le tems jusqu’a la mauvaise saison. Vous saurez sans doute, qu’en France on a arrêté contre le prince de Condé2) ce qui I’obligera de quitter les frontières ou de brusquer la Révolution, si la poire est assez müre pour la cueillir. Mr. Hop 3) anonce aussi I’arrivée de I’Archiduchesse au milieu du tonnerre et des éclairs. Elle a eu le bon esprit de dire, qu’elle n’en étoit fachée que pour ceux qui se mouilloient, que sans cela elle en seroit charmé, puisque chez les Romains I'orage étoit un signe heureux. J’ai reparlé hier au Pensionaire du voyage de Guillaume a Bruxelles et il étoit tout a fait de mon avis que les circonstances étoient changées et qu’a présent il n’y avoit plus aucun inconvénient. II le trouvoit même trés convenable, dés qu’il s’en aprochoit 4), et qu’il avoit été a Aix. Dansce moment je vais a la Comédie voir jouer Raoul, Sieur de Créqui 6); on dit que c’est un joh opéra. *) Weggelaten het doodsbericht van een generaal Van Hompesch en de mededeeling van diens testamentaire beschikkingen. 2) Louis Joseph de Bourbon, prins van Condé, 1736—1818, had onmiddellijk na de inneming der Bastille het land verlaten en daarmede het sein gegeven tot de emigratie, waarna hij de leider werd van een georganiseerd verzet tegen de Revolutie. Een decreet van de Wetgevende Vergadering sommeerde hem om onmiddellijk terug te keeren en alle verzet op te geven. Hij weigerde en zwoer alle krachten te zullen inspannen om het monarchaal gezag in Frankrijk te herstellen. •) Mr. Hendrik Hop, gezant te Brussel. 4) Op zijn tournée langs de zuidergrens. •) Van Boutet de Monvel. 19 Juni 1791. A mon retour de la Comëdie j’ai trouvé votre lettre qui m’a fait bien du plaisir. Je suis charmé que malgrë tous les désastres vous soyez arrivé heureusementa Maestricht. J’espère que votre course a Aix réussira a souhait et que nous aurons le plaisir de vous revoir Jeudi en bonne santé. Je vous envoie ci-joins des lettres de Loulou et de Fritz. Ces bains de Moorsleben sont entre Brunswic et Magdebourg; je crois que Mr. de Stamford désireroit d’y rester quelques j ours de plus avec Fritz et d’y prendre les bains. Si vous le permettez, je voudrois lui écrire que cela peut se faire, si Fritz ne négligé rien? Mr. de Larrey m’a communiqué de votre part votre dernière correspondance avec le prince de Hesse x). Je pense qu’après cela il se tranquilisera. Le spectacle d’hier m’a beaucoup amusé et il y avoit assez de monde. La pièce est singulière mais fort intéressante et la musique jolie. Ce matin j’ai entendu Réguleth a la Grande Eglise et comme il avoit aparamment lu la Hof courant de Gosse, il a remercié Dieu du retour de Guillaume. Voila comme ce Gosse induit tout le monde en erreur. Demain je soupe chez I’Ambassadeur et aprèsdemain je donnerai un petit soupé chez moi. 20 Juni 1791. Ce matin j ’ai été ala Vieille Cour qui avance bien lentement; a la voir on ne croirois pas que cela pourroit être achevé a tems. Notre soupé chez I’Ambassadeur qui devoit être petit, est devenu trés grand en revange. II y a la ville et les faubourgs et comme on a dit simplement que tout le monde pouvoit venir, je crains qu’il y aura de la confusion et des malcontens. J’ai été hier a Scheveling, paree que Mr. de Keil2) m’a dit, que c’étoit une Naa-Kermès de Pentecóte; en effet il y avoit pour le moins autant de monde qu’a la Kermes même. II y a dans la Gazette de Leide Hollandoise3) une anonce de plusieurs pièces toutes a I’honneur de Vader Hooft 4) et x) Namelijk zijn spijt over de komst van den Prins te Maastricht tijdens zijn afwezigheid. 2) Jacob Derk Carel Baron van Heeckeren van Keil, Kamerheer, 1730—1795. •) Geredigeerd door Jean en Etienne Luzac. *) Patriotsch-gezinde burgemeester van Amsterdam, die in 1787 te Amsterdam de „remotie” van de prinsgezinde leden der Vroedschap had door gedreven. des Keesses. Cette anonce est ornée de N. B.s tout a fait insolens. II paroit qu’üs recommencent I’ancien train. 21 Juni 1791. J’ai été bien charmé de voir par votre lettre, que vous vous portiez bien ainsi que Guillaume malgré les fatigues et les plaisirs qui se succèdent continuellement I’un a I’autre. J’espère que vous vous serez bien amusé a Aix et que nous aurons le plaisir de vous revoir aprèsdemain en bonne santé. Je ne vous écrirois pas demain, s’il ne survient rien qui I’exige, et j’écris pas non plus a Guillaume, puisqu’il vous aura quitté quand vous recevrez celle-ci. Notre soupé d’hier chez I’Ambassadeur s’est trés bien passé; il étoit gay et de bonne humeur comme dit Md. de Randwyck. On a soupé a des petites tables rondes. II sont arrivés ici plusieurs Anglois qui soupent aujourd’hui chez moi; nous avons en tout 28 personnes. II est singulier, que nous nous sommes fait a la fois les éloges de Raoul, Sieur de Créqui; mais je pense que cela n’aura pas été si bien rendu a Maestricht qu’ici. Je me recomande a votre amitié et suis toujours avec les mêmes sentimens W. Prinses Wilhelmina is thans vooral vervuld van het aanstaande huwelijk van den Erfprins en van de reis over Brunswijk naar Berlijn; maar daarbij vol belangstelling in het lot van de Fransche Koningsfamilie. 87. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Het Huis ten Bosch. 23 Juni 1791. Je m’empresse, ma bonne et chère Loulou, après vous avoir accusé la bonne réception de votre lettre du 19, de vous anoncer I’heureuse arrivée de Papa; il est revenu hier au soir entre 7etB h. en parfaite santé et a laissé Guillaume également bien-portant. Vous me demandez, ma chère, quand je viendrois? Et moi je suis tentée de vous demander pour quand on m’attend ? Je compte que nous ferons le voyage de Berlin ensemble et que vraisemblablement vos frères précéderont pour assister aux manoeuvres. Je ne prens que Mlle de Starenbourg *) et Mr. de Larrey 8), et Guillaiime le Col. de Byland et le jeune Byland 3) pour faire service auprès de la Princesse au retour. Aurez-vous une ou deux Dames avec vous ? Quant au jour de la naissance du Roi il vous faut certainement une robe de Cour. D’ailleurs une ne vous suffiroit pas pour les fêtes des noces; autrefois du moins on en portoit beaucoup a des occasions pareilles. J’en prens en tout trois. J’en donne une avec une broderie légère en or a Mlle de Starenbourg et outre cela 2 pièces d’étoffes dont elle fera ce qu’elle voudra. Du reste je prens pour moi des robes sur panier et sans panier aussi belles que je puis mais toutes ne sont pas neuves; quant au nombre je ne le sais pas encore; je réglerai cela un peu sur la place. La mode de la coëffure paroit changée et est trés laide a mon avis; on I’appelle en franges et ce sont effectivement des franges qui bordent les cheveux au-dessus des oreilles qu’elles laissent entièrement en évidence 4). Cela est trés désavantageux. J’avois fait demander par Guillaume a la princesse Wilhelmine, si I’on portoit a Berlin de petites manches pointues et si I’on garnissoit encore les robes en franges; la réponse vient d’arriver dont vous pourrez faire votre profit: on ne porte les manches pointues qu’aux déjeunés et en trés petite sociëté; les robes se gamissent encore de la même fa9on 6). 24 Juni 1791. Mr. de Heiden écrit, que le Roi donne cent mille au lieu de 80 mille écus de dot, ce qui est fort beau; mais il le fait traiter avec 4 ministres et il faudra 4 présens. La princesse Wilhelmine se trouve si heureuse de venir ici; elle en a sujet a bien des égards et j ’espère que Guillaume restera digne d’elle. Mais tout n’est pas couleur de rosé non plus et il lui faudra beaucoup de raison pour suporter le tout. C’est pour les commencemens que je crains. Peignez-lui un peu les désagrémens, afin qu’elle ne voie pas toujours ie beau có- x) Isabella Jacoba Elisabeth, gravin van Wassenaar van Sterrenburg, hofdame van prinses Wilhelmina. a) Haag in La France Protestante noemt drie zonen van Thomas Isaac de Larrey; Antoine, 1735; Charles Henri 1742; Charles Edouard, 1743. •) Carel Adam graaf van Bylandt, 1773—1857. *) Uit een brief van 22 April 1791. 5) Uit een brief van 16 Mei 1791. Naber, Correspondentie I 11 té; mals ne les faites pas trop noires non plus. A Breda la société des femmes est trés suspecte; il n’y en a presque pas en hommes. Mesdames Van der Duyn a la tête ne lui conviennent pas. II sera nécessaire pourtant, qu’elle y fasse bonne mine et qu’elle s’accomode de ce séjour. Au reste la société peut y changer et le local est agréable. Avec cela il n’est jamais désagréable d’avoir un chez soi oü I’on est libre de faire ce que I’on veut. 26 Juni 1791. Je suis charmé, ma toute chère Loulou, que vous soyez contente de votre nouvelle habitation ; mais je ne puis pas m’y promener avec vous en idéé, paree que j’ai presque entièrement oublié ce chateau; mais a la description que vous me faites de vos logemens, il me semble que vous y estes fort bien arrangée. Comme on reporte volontiers tout a soi, je n’ai pu m’empêcher de faire la réflexion que si dans la première année de mon mariage etmêmeencorea présent -- je m’étois avisée d’aller ala campagne avec pas d’autre compagnie de Dames que mes compatriotes, je me serois fait détester dans ce Païs et on ne cesseroit pas d’en crier. De ceci je ne conclu pas autre chose, sinon que je suis charmé que vous soyez moins gênée et que j’espère, que vous reconnoitrez toujours vos avantages sans en abuser toutesfois. Le pauvre Roi de France a peu joui de sa liberté2). Par un exprès de Mr. Hop nous savons, qu’il a été reconnu par un maitre des postes a Charleville, a trois lieues de la frontière. Dieu sait a quelles extrémités ils se porteront actuellement contre ce malheureux Prince et contre la Reine. La poste d'aujourd hui nous en apprendra les détails. Cet événement fait grande sensation ici. J’ai retpu ce matin de bonnes nouvelles de Guillaume de Boisle-Duc; il arrivé aujourd’hui a Bergen op Zoom, oü je lui envoierai votre lettre pour lui. II termine sa course par Bruxelles, oü il sera le 7 Juillet et je pense le 11 ou le 12 au plus tard ici. 5 Juli 1791. Guillaume ne trouvera plus les Princes de France a Bruxelles; ils en sont partis pour Coblence, toujours bercés de I’espoir d une contre-révolution. Vous saurez dé ja, que le Roi et la Reine et le i) Het kasteel Saltsdahl, door prinses Louise als zomerverblijf betrokken. *) De aanhouding van Lodewijk XVI bij Varennes na diens vlucht uit Parijs. Dauphin sont gardez séparemment quoique quelques fois ils se réunissent; mais on les considère comme prisonniers d’Etat. Nous avons des nouvelles du premier interrogatoire que le Roi et la Reine ont subit chacun séparemment; leurs réponses paroissent fort sages et il paroit certain, qu’ils n’avoient pas I’intention de sortir du Royaume mais de se rendre a Montmedy. Ceci est encore confirmé par unelettre trés violente de Mr. de Bouillé*) al’Assemblée Nationale, écrite de Luxembourg. II se déclare seul I’auteur du départ du Roi et développe trés bien le plan fort sage et fort bien congu qu’il vouloit Ie faire suivre. II dit ensuite des vérités trés fortes et trés crues a I’Assemblée Nationale; mais termine par des menaces qui ont un peu 1 air de rodomontades. Puisque nous sommes sur le chapitre de la France, avez-vous lu, ma chère, le demier ouvrage de Necker 2) sur sa propre administration ? Je vous conseille de vous le procurer, si vous ne I’avez pas et si vous en exceptez I’exécif amourpropre de I’auteur qui perce un peu trop, je crois que vous en serez contente. 22 Juli 1791. J • • ' * . Hier nous avons vu représenter cette fameuse pièce de Charles IX 3) qui a fait tant de bruit a Paris et que nous avons lu ensemble, il ya un an, si je ne me trompe 4). C’est une terrible pièce qui fait beaucoup plus de sensation a la représentation qu’a la lecture. Elle est avec cela trés difficile a jouer, paree qu’iln’y a pas un seul róle indifférent. Elle a été assez bien rendue; je vous envoie la distribution des roles 5); celui de Charles a été trés bien joué. II y a eu des momens sublimes entre lui et la Reine et ils étoient parfaitement bien habillés. Le Cardinal et Henri IV étoient trés bien mis aussi selon le costume; mais je n’ai pas été si contente du jeu du Cardinal. Nous avons regu de superbes présens de Ia Chine d’un Mr. Eminckson qui en revient; un ameublement ) Frauf ois Claude Amour, marquis de Bouillé, organisator der vlucht van Lodewijk XVI uit Parijs. Hij schreef Mémoires sur la Révolution Frangoise. a) Sur VAdministration de Necker par lui-même. Paris 1791. s) Charles IX ou l’Ecole des Rois door Marie Joseph Chenier. Bij de eerste opvoering van dit stuk op 14 November 1789 zou Banton hebben uitgeroepen: „Si Figaro a „tué la Noblesse, Charles IX tuera le Roi!” 4) Uit een brief van 19 Juli 1791. 5) Niet aanwezig. pour 2 ou 3 chambres de satin brodés en couleur sur un fond blanc x); un service de porcelaine pour la table, thé, caffé, chocolat, composé de 1454 pièces avec nos armes et du reste rien qu’un bord en blanc et or dans le goüt de la porcelaine de Sèvres; de plus encore tout plein de belles choses en laqué. Je trouve ce présent réellement trop magnifique. J’ai presque honte de I’accepter. 29 Juli 1791. C’est toujours au 5 d’Aoüt que notre départ pour Loo reste fixé 2). Je vous embrasse, ma chère Loulou, et suis a jamais votre fidéle Maman W. 88. Prinses Louise aan haar Ouders. Brunswijk. 4 Mei 1791. Les deviennent de jours en jours plus fous et plus impertinens; mais il faut espérer que bientöt ils en feront tant et tant que la mesure sera complette et qu’ils auront le sort de nos Patriotes et de ceux du Braband. II paroit impossible qu’a la longue ils se laissent gouvemer par tant de fous. 6 Juli 1791. II semble qu’en France tout prend une bonne allure, puisqu’on veut bien accorder a Leurs Majestés le droit d’être entendues juridiquement. Nous avons crains qu’au moins la Reine seroit mise d’abord è.la lanterne et puis qu’on lui feroit son procés par après. Je lesplains sincèrement; mais I’Empereur ne s’en mêlera-t-il pas a la fin ? Peut-il souffrir, qu’on maltraité sa soeur ? Ah, ce seroit a lui maintenant h jouer le beau role du Roi de Prusse en ’B7; mais il lui faudroit un duc de Brunswic pour commander ses armées. 24 Juli 1791. Tout le monde raconte ici, que I’Empereur ressemble dans les Païs Bas une armée de 80 mille hommes; je ne sais si cela est vrai; i) Deze borduursels zijn door de goede zorgen van koningin Emma zorgvuldig gerestaureerd en maken nog altijd het groote sieraad uit van de zoogenaamde Chineesche Kamer in het Huis ten Bosch. !) Om van daar na 7 Augustus, den verjaardag van prinses Wilhelmina, over Brunswijk naar Berlijn te reizen. mais vous le saurez certainement. Mais en tont cas, si c’étoit vrai, il paroitroit pourtant que I’Empereur avoit envie de se mêler des affaires de France. Je fais des voeux pour qu’il le fasse, car je crains extremement sans cela, que si cette nouvelle Constitution prend une fois consistance en France, qu’elle ne gagne dans tous les autres païs de I’Europe. Je plains le pauvre Louis XVI. Quel friste sort d’être Roi en peinture. Prinses Louise wenschte bij den terugkeer uit Berlijn met haar Moeder door te reizen naar Den Haag om daar den winter door te brengen, een plan, waartegen haar schoonvader zich verzette om de kosten en omdat zijns inziens de plaats van den Erfprins in Brunswijk was. Alleen wilde prinses Louise echter ook niet gaan. 31 Juli 1791. Je crains bien plus de coüter a mon Père et si vous le désirez, mes chers Parens, je prendrai toutes les dépenses sur moi ou je contribuerai a celles de Ia Maison, car je ne voudrai pas pour tout au monde être a charge et aider a vous dépouiller. Je dis ceci du fond de mon coeur et il ne faut pas faire de complimens avec votre enfant. 1 Augustus 1791. L’absence du Prince ne peut faire aucun tort; il assiste au Conseil sans avoir de voix; d’ailleurs vous comprenez bien, qu’il ne faut pas sëparer le petit ménage et que, puisque tout va si bien, ce seroit impolitique de séparer le mari de la femme. L’idée seule d une telle separation a fait pleurer hier le Prince a chaudes larmes, et je n ai pu le tranquiliser qu’en I’assurant qu’elle n’auroit pas lieu et que certainement nous irions jouir ensembles du bonheur de revoir reunies des personnes chéries. Ayez la bonté, mon trés cher Père, de faire mes complimens a vos Dames et daignez agréer 1 homage du trés profond respect avec lequel j’ai I’honneur d être, mon trés cher Père, votre trés humble et trés obéissante Servante et Fille Louise . 89. Prins Willem V aan zijn Dochter. ’s-Gravenhage. 16 Juni 1791. Si vous estes libre de venir, ce seroit une bien grande satisfaction pour moi de vous revoir. Quant a mon voyage x) je crois qu’il faut y renoncer pour cette année. J’avoue, que je voudrois le faire et pouvoir vaquer en même tems a des affaires oü ma présence est nécessaire 2). Si I’affaire des quotes 3) étoit arrangée et que les troubles en France ne continuassent pas autant a échauffer les esprits, j’aurois peut-être pu le faire quoique les longues absences de la République ne me conviennent pas. Mais comme Guillaume est a présent en age, peut-être qu’une autre année je pourrai faire le voyage en laissant Guillaume au logis. II a assez couru les 3 dernières années pour rester un peu tranquile. 5 Juli 1791. Les affaires de France occupent tout le monde et je crois que jamais il n’y a eu d’événement plus intéressant ni qui puisse avoir des suites plus terribles. Je crains pour le Roi et la Reine, ou du moins pour la demière, la répétition de I’exécution de Charles Premier. Avec des foux pareils on peut s’attendre a tout. Quel dommage que le Roy n’aye pas eu plus de courage personnel selon les apparences; alors il seroit parvenu sain et sauf a Montmédy, et alors je crois que le Patriotisme auroit pu être bientót étouffé. II est a craindre que ce mot, autrefois si beau, soit devenu maintenant aussi odieux que ridicule. 12 Juli 1791. Je compte aller a Loo avec votre Mère le mois prochain, y rester s’il est possible ce mois-la; aller entre deux, ou a la fin du séjour a Dieren voir les païsans de ce lieu et puis retoumer ici par Soestdyck et être au plus tard de retour ici le 10 ou le 12 Septembre ou vers la mi-Septembre; rester aLa Haye jusqu ala fin du séjour de votre Mère è. Berlin et alors m’acheminer a la rencontre de ceux qui viennent ici; faire connoissanceavecmabelle-filleet, ce i) Namelijk het plan, waar prinses Louise op aandrong, dat de Prins ook over Brunswijk naar Berlijn zou reizen om het huwelijk van den Erfprins bij te wonen. a) De belangen in Nassau. ») De nieuwe regeling van de verdeeling der algemeene lasten over de verschillende Provinciën. que je désire, c’est de ramener, s’il est possible, raon gendre et ma fille a La Haye. Je compte venir a la rencontre a Looet peut-être un pen plus loin. Je compte, que si je pars vers le 20 Octobre, je viendrai a temps pour croquer le marmotx) quelques jours a Loo et de la peut-être jusqu’a Bentheim, car plus loin je nepuis aller cette année. Je pense comme vous sur les affaires de France; mais je trouve beaucoup de difficultës a la réussite d’une contre-révolution tant qu’ils ont le Roi entre leurs mains et que les esprits sont aussi échauffés. Je ne serois pas surpris de voir le Roi déclaré déchu de la couronne. Het Loo. 14 Augustus 1791. II me semble que vous ne manquez pas de monde è. Brunswic. Les foires sont brillantes en Allemagne; cela ne m’étonne pas. Graces a la belle liberte dont on jouit en France, le commerce y tombe et il dolt refluer ailleurs. A la réception de votre lettre votre Mère et Guillaume étoient partis. Je les ai accompagnés a cheval jusqu a moitie chemin de Deventer. II faut que je finisse, voulant aller a I’ëglise et devant encore faire bien des choses auparavant. Ainsi je n’ajouterai plus rien que de vous prier de faire mes complimens au Prince, a la familie etc. et d’être persuadée de la tendre affection de votre tout dévouë et trés affectionné Père G. Pr. d’Orange. 90. De Erfprins aan zijn Vader. Berlijn. 1 October 1791. Mon trés cher Père, quand I’estafette qui porte cette lettre, quitteraßerlin, je serai marié; ainsi j’ai I’honneur de vous donner connoissance que je suis au comble de mes voeux, me trouvant par des liens indissolubles uni a tout ce qu’il y a de plus aimable, de plus doux et de meilleur. Aussi puis-je bien avoirl’honneur de vous assurer, mon trés cher Père, que je sens bien tout mon bonheur. Avant-hier nous avons eu une répétition générale en les personnes du duc d Yorck2) et la princesse Frédérique 3) dont le mariage a ') Attendre. Gr. Dict. Un. de La Rousse. 2> Frederi'k Augustus, hertog van York, tweede zoon van koning George 111 van Engeland en Charlotte van Mecklenburg-Strelitz. 3) Prinses Fredrika van Pruisen, dochter van koning Frederik Willem II en diens eerste echtgenoote Elisabeth van Brunswijk-Wolfenbuttel. été béni de la même manière que le nótre. Recevez I’expression de ma reconnoissance, mon trés cher Père, pour la lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire le 24 Septembre, et soyez assuré du respectueux attachement avec lequel j’ai I’honneur d’être, mon trés cher Père, votre trés humble et tont dëvoué Serviteur et Fils G. F. Pr. Héd. d’Orange. 1792 Na afloop der bruiloftsfeesten voerde de Erfprins zijn jonge vrouw naar Den Haag, vergezeld niet alleen van zijn Moeder en zijn broeder, maar ook van zijn zuster en zwager. Zoo waren de leden van het erfstadhouderlijk gezin gedurende den winter van 1791 op 1792 nog eens bijéén. De onderlinge correspondentie stond intusschen niet geheel stil. Uit onderstaand schrijven van den Erfprins aan zijn Moeder, wier brieven aan haren oudsten zoon vóór 1796 n^el bewaard zijn), blijkt, hoe prinses Wilhélmina ook toen nog diens ontwikkeling per brief bleef behartigen. 91. De Erfprins aan zijn Moeder. ’s-Gravenhage. 10 Januari 1792. Ma trés chère Mère, depuis plusieurs jours j’aurois pu répondre avotre lettre du 3 Janvier pour laquelle je vous fais mille remerciemens ainsi que pour toutes les marqués d’intérêt que ma chère Mère veut bien me donner; mais j’ai préféré attendre un couple de jours de plus pour pouvoir d autant mieux repondre a cette nouvelle preuve de votre tendresse matemelle. Dés que j’eus fait la lecture de votre lettre, je m’examinai moi-même pour voir jusqu’è, quel point vous aviez raison ou que vous vous ëtiez trompé. Et vous I’avouerai-je, ma trés chère Mère, j’aitrouvé que vous aviez en tout parf aitement raison et j ai par consequent reconnu mon tort de n’avoir suivi plus tot vos conseils. Mais que vous dirai-je, ma trés chère Mère, pour m’en excuser? Le meilleur est de n’en rien dire, d’avouer mon tort et de vous donner connoissance des moyens que j’ai déja mis ou que je mettrai encore en usage pour tacher de ne plus retomber dans les mêmes fautes qui ne viennent que d’une nonchalance impardonable, jointe souvent a une timidité mal placée. Oui, ma trés chère Mère, ma timidité mal placée m’a souvent empêché de m’informer de toutes sortes de choses par la crainte d’être indiscret ou importun, deux choses que je redoute infiniment. Ayant reconnu qu’après le peu de tems donné a mes études, il ne m’a point été possible de les aprofondir autant qu’il est nécessaire pour remplir dignement les postes oü selon le cours ordinaire de la Nature je serai appellé par le droit de naissance, je me suis demandé a moi-même, qu’estce que je pourrai donc faire pour. atteindre au but dont je suis encore si éloigné? Et la réponce a été que je ne pouvois mieux faire que de m’adresser aux deux personnes qui avoient été placés auprès de moi pour m’enseigner les Sciences militaires et politiques et de les prier de m’indiquer les moyens a parvenir au but proposé. J’ai en conséquence espéré entretenir hier Mr. de Stamford a ce sujet; mais n’y ayant pu réussir, j’y suis retourné ce matin et j’en reviendrai quand j’aurai I’honneur de vous remettre cette lettre. Quant a Mr. Tolhus, ayant été il y a un couple de jours chez moi, je lui ai témoigné le désir de m’entretenir avec lui pour répéter avec lui ce que j’ai appris précédemment; et il m’a promis de venir trois fois par semaine chez moi pour lire le Slingelandl), me conseillant en outre, quand j’en aurai le temps, de lire seul les extraits du collége du prof. Kluit, en consultant les livres qui y sont cités. Voila, ma trés chère Mère, ce que j ’ai fait jusqu’ici. Maintenant je vais passer a ce qui me reste a faire et je commence, ma trés chère Mère, par vous prier de vouloir toujours m’honorer de vos conseils et de m’avertir chaque fois que vous me croirez en défaut; vous assurant que je les considérerai toujours comme une preuve de votre bonté pour moi et que je les suivrai a moins que je ne puisse vous donner des raisons qui excuseroient ma conduite a vos yeux. Je suis trés éloigné de croire, ma trés chère Mère, que de rechercher la société de personnes instruites *) Simon van Slingelandt, 1664—1735, raadpensionaris van Holland; bekend gebleven zijn zijn Staatkundige Geschriften. puisse diminuer la bonne opinion que I’on peut concevoir de quelqu’un; aussi suis-je d’intention de tacher d’augmenter mes connoissances du Gouvernement de la République et de ce qui en découle, savoir les deux Indes, et de ses intéréts tant internes qu’ extemes, en m’entretenant de tems en tems avec les Ministres de I’Etat et en recherchant I’occasion de pouvoir profiter de leurs lumières. Me voila parvenu a un point oü je crois avoir besoin des conseils de ma chère Mère, ignorant le moyen de parvenir a mon but. II s’agit, ma trés chère Mère, des Sciences dont je sens ne pouvoir me passer et dont j’ignore le moyen de m’instruire; savoir la Marine et le Commerce. Quant a la Marine je crois peut-être pouvoir I’étudier dans les livres que j’ai sur cette matière; mais pour le Commerce je ne sais quel moyen employer pour le connoitre; et je vous supplie par conséquent de vouloir m’aider de vos lumières. Rien de plus juste, ma chère Mère, que ce que vous me dites de la manière dont je puis mériter la confiance de mon Père. Mais a vous parler a coeur ouvert, je dois vous avouer, que c’est d’autant plus difficile, qu’il m’est arrivé plus d’une fois d’avoir obtenu de lui par une mauvaise plaisanterie ce que je n’ai pu obtenir en le demandant respectueusement; de sorte que quand on sait cela, il faut un doublé effort de la raison pour retenir les mauvaises plaisanteries. Encore un mot, ma trés chère Mère, pour vous rassurer que mon intention est de travailler a augmenter ma piété et a aprofondir de plus en plus les vérités de notre Sainte Religion desquelles dépendent principalement notre salut étemel. Breda. 13 September 1792 1). Recevez en premier lieu, ma trés chère Mère, I’expression de ma reconnoissance pourvotre chère lettre, laquellem’a fait un plaisir infini. Je n’aurois certes pas tant tardé a vous en faire mes remerciemens, si je n’avois voulu penser avant que de vous écrire, me flattant que votre indulgence excuseroit mon long silence. Comme vous estes instruite des démarches que j’ai faites auprès de Messieurs de Stamford et ToUius pour mon instruction dans les Sciences politiques et militaires, je ne m’étendrai point sur eet article; *) Ter wille van de eenheid leek het mij wenschelijk de brieven van 10 Januari en 13 September 1792 te doen aansluiten. mais je m’empresserai a vous ouvrir mon coeur et a vous avouer que je suis faché de devoir reconnoitre n’avoir point autant recherché la société des Ministres et membres instruits du Gouvernement que j ’aurois pu et dü le faire. Mais, ma trés chère Mère, je me propose de réparer pendant I’hiver prochain ce que j’ai négligé I’hiver passé. Quant au conseil que ma chère Mère me donne de consulter le fiscal Van der Hoop, pour qu’il m’indique ce que je puis faire pourobtenir la connoissance de ce qui regarde la Marine et le Commerce, je suis persuadé qu’il est trés bon et mon intention est de le suivre. Vous me conseillez, ma trés chère Mère, de faire une autre année un voyage dans les ports de la République, de m’y arrêter quelque temps et de m’y entretenir avec les plus instants sur ces matières. Je ne suis pas moins persuadé de I’utilité de ce conseil que du précédent; mais permettez-moi de vous représenter, que je crains, qu’il ne puisse être mis en exécution a cause des obstacles qui me paroissent insurmontables pour pouvoir faire un tel voyage en particulier et que I’utilité ne peut être aussi grande, si I’on est toujours dans une espèce de tourbillon comme il me paroxt que I’on ne peut éviter de I’être a Amsterdam. Après m’être bien examiné moi-même, je dois vous avouer, ma trés chère Mère, que ce que vous m’avez fait I’honneur de m’écrire au sujet de mon manque de respect vis a vis de mon Père nest, hélas, que trop vrai. Je vous assure que cela m afflige extrêmement et que je suis bien résolu de tacher de me corriger de ces mauvaises dispositions; mais cela étant excessivement difficile, je crains de ne pouvoir y réussir surle champ; mais peu a peu cela ira, au moins je m’en flatte. Je me suis bien proposé d’éviter les occasions de retomber dans cette faute et déja hier et avant-hier j’en ai éprouvé la difficulté, car j’aisenti que je sans y penser. Mais je me suis pourtant retenu en y songeant. Quant a la confiance de mon Père, je désire assurément la posséder et je ferai mon possible pour la mériter; mais je crains bien, ma chère Mère, devoir y renoncer pour toujours. Vous vous souviendrez, ma trés chère Mère, que j’ai eu 1 honneur de vous dire que j ’étois d’intention d’entretenir mon Père au sujet de I’état des affaires et de le supplier fortement mais respectueusement d’y mettre ordre. Je ne puis vous cacher que j’appréhende, que cette démarche que je crois indispensable, ne puisse me procurer beaucoup de désagrémens de la part de mon Père, qui peut-être ne me le pardonnera jamais; et que par conséquent je serai frustré pour toujours de I’espoir d’obtenir sa confiance. Au reste je puis avoir I’honneur de vous marquer, que cette considération ne m’empêchera pas de faire une démarche a laquelle je me crois obligé et que, en comparant le bien et le mal qui peuvent en résulter, je pense que le bien, si elle réussit, est infiniment plus grand que le mal, si elle manque. En considérant I’éducation que mon Père a re?u dans sa jeunesse, il est étonnant qu'il soit devenu ce qu’il est, se devant tout a lui-même et a son expérience. J’ai été infiniment plus heureux par les soins que vous avez pris de mon éducation et soyez assurée que toute ma vie je sentirai que le peu que je puisse devenir, je vous le devrai. Mais je sens aussi, ma trés chère Mère, que la bonne éducation que j’ai re?u, fait que je n’aurai point d’excuse, si je ne réponds en quelque manière a I’attente qu’on s’est en général formé de moi. Aussi mon intention est de travailler a me rendre digne de tout ce que I’on a fait jusques ici pour moi. Je réitère encore une fois, ma trés chère Mère, I’assurance de ma reconnoissance pour toutes les marqués de votre tendresse matemelle ainsi que de mon parfait et respectueux dévouement avec lequel j’ai I’honneur d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et tout dévoué Serviteur et Fils G. F. Pr. Héd. d’Orange. Prins Frederik, die thans als volontair dienst deed bij een Regiment Pruisische Cavalerie, het zoogenaamde Leibregiment, dat te Schönebeck in garnisoen lag, was na den winter met verlof te ’s-Gravenhage te hebben doorgebracht, over Brunswijk weder daarheen op weg gegaan. 92. Prins Frederik aan zijn Vader. Brunswijk. 28 Maart 1792. Votre lettre en date du 20 de ce mois m’est trés bien parvenue Dimanche passé, mon trés cher Père; elle m’a faite beaucoup de plaisir et je vous en remercie infiniment. Je vous prie de ne plus m’adresser de lettres ici, mon trés cher Père, mais a Schoenebeck, comme je compte partir d’ici Samedi pour être Dimanche au soir a la garnison. Je puis vous dire que je suis bien charmé de revoir mes amis du Leihregiment, car ce sont véritablement de bonnes gens et qui ont beaucoup de bontés pour moi. Mes chevaux sont arrivés ici avant-hier tous en trés bon état a I’exception d’un qui n’est pas tout a fait bien. Ils repartent demain et seront, je supose, après-demain a I’endroit de leur destination. Dimanche passé j’ai été a la comédie Allemande oü on a représenté un grand opéra nommé Ohéron, dont la musique est charmante; le sujet est tiré d’un poème épique de Wieland 1), ce grand poète Allemand dont vous aurez bien entendu parler. II y a eu hier au soir au souppé de la Duchesse aussi un grand poète, le comte Chr. de Stolberg *); c’est le frère de celui qui a été ministre du Danemarc a la Cour de Berlin 3). J’ai été bien charmé de voir par la lettre que ma Mère m’a écrite, que les Autrichiens défilent toujours vers lesfrontières de la France. Je voudrois, que les Prussiens aussi ordre de marcher. Je me battrois avec beaucoup de plaisir contre les Fran^ois. Schönebeck. 28 April 1792. Ici tout s’apprête pour la guerre 4); il y a déja tout un corps d’armée de nommé, mon trés cher Père, qui se mettra selon toutes les apparences bientót en marche. Le Duc doit en avoir le commandement. Je vous prie, mon trés cher Père, de vouloir avoir la bonté de décider actuellement, si je puis marcher avec ou non, car c est a présent, je crois, le moment oü je devrois en demander la permission au Roi. J’espère que vous déciderez que je puis aller, car cela me feroit un plaisir infini de pouvoir faire campagne con- *) Christoph Martin Wieland, 1733—1813. 2) Christiaan, graaf van Stolberg, 1748—1821. 3) Frederik, graaf van Stolberg, 1750—1819. 4) De veronderstelling, dat de keizer van Oostenrijk tot een gewapende tusschenkomst ten gunste van Lodewijk XVI had besloten, had Frankrijk den 20sten April 1792 den oorlog doen verklaren aan Oostenrijk; en Pruisen, door zijne in Augustus 1791 te Pilnitz met Oostenrijk gesloten alliantie gebonden, rustte zich nu ook tot den strijd. tre Messieurs les Frangois, d’autant plus que je suis persuadé qu’il y aura pourtant quelque chose a apprendre, car I’école du Duc est sürement la meilleure possible. Je suis sur que le dëpart de ma soeur *) vous aura fait beaucoup de peine. Je vous en fais aussi beaucoup mon compliment de condoléance, d’autant plus que vous vous trouverez tout d’un coup tout a fait seul comme ma Mère est aussi partie; mais c’est heureux que ce soit justement pendant le tems de la foire et des exercices. Cela vous distraira un peu. Comme ma Mère vient a Brunswic, j’espère bien avoir le plaisir de la voir au moins pendant un couple de jours comme c’est si prés d’ici; le voyage n’est que I’affaire d’un jour. Je vous prie, mon trés cher Père, d’avoir la bonté de faire bien des amitiés a Guillaume et Mimi. Je supose que vous les vèrez beaucoup a présent pendant I’absence de ma Mère. Adieu, mon trés cher Père, j’ai I’honneur d’être avec le plus profond respect et un attachement inviolable votre trés humble et trés obéissant Serviteur et Fils Frédéric d’Orange. Na ongeveer zes weken hij haar Dochter te Brunswijk te hebben vertoefd, keerde prinses Wilhelmina 13 Juni 1792 weder naar ’s Gravenhage terug, vergezeld van prins Frederik, wiens wensch om in het Pruisische leger den veldtocht tegen Frankrijk mede te maken, niet in vervulling was gegaan 2). 93. Prinses Louise aan haar Moeder. Brunswijk 12 Juni 1792. Je reconnois ma bonne et chère Maman a la bonté qu’elle a i) Prinses Louise werd op haar terugreis van Den Haag vergezeld door haar Moeder, die eenige weken te Brunswijk bij haar wilde doorbrengen. a) Prinses Wilhelmina schrijft dienaangaande in eenige autografische aanteekeningen {Varia No. 421, 17.) „mon fils cadet est dans un age et dans une situation è. devoir „désirer de saisir toutes les occasions qui se présenteront, pour lui apprendre le métier „de la guerre; U a appris le service pendant deux ans dans I’armée Prussienne; on y „a été content de lui et il y avoit sujet de croire qu’on ne lui refuseroit pas d’y seivir „lorsque la guerre se déclareroit. C’est cependant ce qui est arrivé et si on I’a accordé „ensuite, ce n’étois que sous des conditions qui ne nous convenoient pas, le Roi ayant „refusé de le prendre au Quartier Général”. eue de m’adresser Ia charmante lettre x) qu’elle vient de me remettre 2). Je I’ai lu et lirai encore bien des fois pour m’inculquer les bons conseils qu'elle contient, et pour causer avec ma Maman d’une fagon puisque je ne pourrai plus, hélas, le faire de bouche. Croyez, o ma bien aimée Maman, que je connois et que je rends pleine justice aux qualités du Prince et que mon coeur n’est pour rien aux petites humeurs dont vous m’accusez. Je tacherai de m’en corriger et j’espère que, quand j’aurois un jour lebonheurde vous revoir, vous m'en trouverez guérie; mais puisse ce jour heureux luire bientót! Mon coeur est si gros que je puis a peine parler et écrire. Je prie le Ciel de vous conserver, o la meilleure des Mères! Qu’ll vous prenne sous sa sainte garde ainsi que tous les autres membres chëris de ma familie. Qu’ll éloigne de vous tous nouveaux chagnns, tous troubles intestins! C’est la pourquoi je tremble. 13 Juni 1792. II est donc vrai que vous n’estes plus ici, ma chère et bonne Maman, et hier a cette même heure j’avois encore le bonheur d être dans vos bras. Voila comme le bien et le mal se suivent de prés. Je voulois courir chez vous a mon réveil et hélas! hélas! ma Maman n’y étoit plus. Cette idéé m’a fait répandre bien des larmes. J ai vu passer encore de ma chambre a coucher ces voitures qui m enlevoient des personnes chéries. Je les ai suivies de mes yeux aussi longtems que j’ai pu, et puis dabord j’ai pris la résolution de me coucher. J’ai assez bien dormi quoique un peu inquiètement et je me suis réveillée le quart après huit heures avec un violent mal de tête qui a un peu diminué depuis que je suis levée. Le Prince partage tous mes sentimens; il est bien affligé aussi et en déjeunant nous avons encore pleuré ensemble. La Duchesse Regnante m a fait inviter a diner en ajoutant cependant que, si cela m incommodoit, je ne devois pas venir. J’ai acceptée pour suivre vos avis, ma chère Mère, et me distraire. D’après ma promesse, ma chère Maman, j ai envoyé ma femme de chambre faire le tour de vos appartemens pour voir, s’il n’y avoit rien de resté; et x) Niet aanwezig. *) Bij het afscheid, den vooravond van haar vertrek in den vroegen ochtend. elle ne m’a rapporté que la Molinara 1) et une noisette. Je n’aurois pas pu prendre sur moi de faire cette tournée; ellem’eüttrop coütée. J’ai le coeur bien gros et cela durera bien encore quelque tems. Je me console, ou au moins je tache de me consoler en m’entretenant par écrit avec ma bonne Maman. Mais c’est a mon gré un triste dédomagement. Je me mets a vos pieds, ma trés chère Mère; j’y mets toute ma tendresse et je me recommande a la vótre. C’est dans I’espérance de m’en rendre toujours digne que je ne cesserai d’être avec le plus profond respect, ma bonne et chère Maman, votre bien humble et obéissante Servante et dévouëe Fille Louise. 94. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Dieren. 17 Juni 1792. Cette date vous indiquera, ma toute chère Loulou, que nous avons pris la résolution de rester ici jusqu’a demain; mais n'ayez pas d’inquiétude cependant, ni sur notre santé ni sur le voyage que nous venons de faire jusques ici. II s’est passé sans accidents et nous nous portons a merveille; mais voici I’histoire; vous jugerez vous-même si nous avons pris la partie le plus sage. Nous partimes de Minden a 2 h et £ du matin et j’arrivois avec ma voiture a 8 h. a Munster, mais les autres seulement a 10 h. Le chemin étoit meilleur que la veille; les contrées encore superbes; mais un tems abominable, une pluye a verse et une espèce de tempête. En arrivant a la porte de Munster on nous invita de la part de Md. de Galitzin2) a loger chez elle. J’ylogeoiseneffetaveclesDames;Fritz et ses Messieurs occupèrent I’auberge du voisinage, paree qu il n y 1) Tekst van een opera van Giovanni Païsiéllo. •) Adelheid Amalia van Schmettau, echtgenoote van prins Gallitzin, Russisch gezant bij de Republiek. Om zich geheel aan haar studies en aan de opvoeding harer kinderen te kunnen wijden, trok zij zich geheel uit het wereldsche leven terug, eerst In een kleine onaanzienlijke woning te Scheveningen, die tot opschrift droeg Niethuys en waar slechts enkelen, onder wie prinses Wilhelmina, werden toegelaten; later vestigde zij zich met haar kinderen, om op dezen de paedagogische theorien van den vrijheer van Fürstenberg onder diens leiding te kunnen toepassen, bij Munster op een boerenhoeve, het Huis Angelmode geheeten. Zij stond in correspondentie met Diderot, Hemsterhuys en vele anderen. avoit pas de place pour eux a la maison. Nous soupames chez elle et I’on ne se retira qu’a minuit. 1) Quoique la route de Munster ici étoit meüleure que celle avant Munster et quoique le trajet fut plus court, nous fümes si mal menés par les païsans du païs de Munster que nous trouvames moyen de faire 12 milles et \en 24 heures, et ce ne fut qu a 4 h. du matin que nous arrivames a Dieren et la voiture de Fritz ainsi que celle de mes femmes de chambre n’arrivèrent qu’a 7 h. Vous jugez bien qu’alors nous n’avions guère envie de poursuivre notre route aLa Haye; nous préférames de nous reposer jusqu’au Lundi matin, d’autant plus que le fourier nous dit, que le Prince avoit tout comandë pour venir a notre rencontre a Amersfoort et de pousser vers ici s’il ne nous trouvoit pas. J’écrivis dabord a votre Père; je chargeois le fourier de ma lettre et j’allois me coucher. Mais a peine étois-je endormie que Müe de Wassenaer vint me reveiller pour me communiquer une lettre de Mr. Drevon2), venu par exprès au fourier, qui décommandois les chevaux sur la route pour le Prince et qui enjoignoit le fourier de renvoyer I'exprès avec des nouveUes sur mon arrivée jusqu a eet instant. J’ignore encore les raisons de ce réavis du Prince, mais je sais que le Prince se porte bien, Nous avons beaucoup promené hier et aujourd’hui et eest avec une espèce de regret que nous quittons Dieren. Nous partons cette nuit a 3 h., espérant d’être a 4 ou 5 h. a La Haye. 's-Gravenhage. 18 Juni 1792. Nous sommes heureusement arrivées ici, ma bonne Loulou, hier au soir a 6 h. Votre Père et Guillaume, accompagnés du seul Mr. Drevon, sont venus a notre rencontre et voulant pousser jusqu'a Dieren, nous les avons rencontrés devant Rederoorde. Jugez de ma surprise! Je me suis mise dabord dans la barouchette du Prince, Guillaume dans la chaise avec son frère. Nous avons ainsi continué notre route et sans un déjeuné a Amerongen qui nous a pns deux grosses heures, nous aurions été ici pour le dinné. Mais grices a cette surprise, mes femmes ont manqué de chevaux et ne sont pas encore arrivées. Je sais cependant qu’elles ne sont 2 WesgelateQ een lanS verhaal over prinses Galitzin en de kinderen van deze. *) Opperstalmeester van prins Willem V. Naber, Correspondentie I 12 pas loin. J’ai trouvé Mimi dans notre maisonl), trés bien portante, trés jolie et avec pen de rotonditë encore. A mon arrivëe j’ai trouvé votre lettre, ma trés chère enfant, qui m’a bien réjouie mais qui m’a aussi fait répandre bien des larmes. Dieu vous bénisse, ma bonne Loulou; embrassez votre mari de ma part; remerciez-le de sa lettre et faites mes excuses si je diffère a lui écrire jusqu’a la prochaine fois, devant encore beaucoup écrire aujourd’hui. Je vous serre contre mon coeur et suis toujours votre fidéle Maman W. Onmiddellijk na haren terugkeer te ’s-Gravenhage had prinses Wilhelmina haar volle belangstelling te geven aan den in zijn gevolgen ook voor onze Republiek zoo bedenkelijken oorlog van Oostenrijk en Pruisen tegen Frankrijk, van het beloop waarvan zij sedert haar Dochter vrij wel dagelijks bericht zond. 95. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. ’s-Gravenhage. 22 Juni 1792. Je ne vous écrirois aujourd’hui que quelques mots, ma bonne Loulou, paree qu’il est tard et que je n’aurois pas le tems de vous écrire plus longuement. J’ai resu votre lettre qui m’a fait bien du plaisir; j’espère de vous y répondre demain et de vous raconter tous nos faits et gestes depuis ma demière. Pour aujourd’hui je me bome aux grands événemens. J’ai déja marqué a votre Prince le retard de la poste de France, le changement du ministère et la victoire des Anglois aux Indes 2). Dans ce moment arrivé la poste de Bruxelles; celle de Paris n’y étoit pas arrivée; par conséquent elle nous manque derechef; mais nous savons que Luckner 3) fait des progrès en Flandre, qu’Ypres et Courtray sont prisparles Frangois, que les troupes Autrichiennes qui s’y trouvoient en petit nombre, ont dus se retirer et que les Frangois comptent beaucoup *) Het Stadhouderlijk Kwartier op het Binnenhof. •) Op Tippo Saïb, sultan van Mysore. •) Nicolas Luckner, maarschalk van Frankrijk, opperbevelhebber van het Fransche Noorderleger; hij werd in 1794 geguillotineerd. sur les dispositions favorables pour eux qu’ils trouveront dans le plat païs. Ils tiennent actuellement une bonne discipline partout oü ils arrivent. Le général Dumoulin qui commande a I’Ecluse, fait raport de tont ceci a votre Père; il ne paroit pas inquiet pour son Gouvernement qu’il croit suffisamment a I’abri d’un coup de main; mais le plat païs chez nous en Flandre seroit fort exposé si les Frangois vouloient y pénétrer. Mylord Auckland a donné aujourd’hui connoissance k L. H. P. qu’il y a un escadre en mer, destiné a couvrir nos cótes, s’il en est besoin. Le sort de Fritz est encore incertain 1). 23 Juni 1792. Ce matin I’infanterie exerce a Waesdorp depuis 6 h.; il en est 11 et ils ne sont pas encore rentrés! Nous dinnons ala Vieille Cour; j’ignore encore ce que nous ferons le soir. Depuis hier il n’y a plus rien de nouveau en Flandre; les deux postes de France sont arriérées; les changemens dans le ministère se succèdent continuellement. Mr. Dumourier 2) a aussi quitté derechef la place de ministre 1) Prins Frederik wenschte thans dienst te nemen in het Oostenrijksche leger; en in de boven (zie noot 1 bij pag. 174) aangehaalde autografische aanteekeningen van prinses Wilhelmina betreffende haar jongsten zoon heet het verder nog: „maintenant „il est question de le faire servir k I’armée Autrichienne. Cette idéé effarouche bien des „personnes et on la considère comme offensante pour le Roi son Oncle. Je ne I’envisage „pas sous ce point de vue et ce que j’en dis n’est nullement par ressentiment de ce qui „nous est arrivé, mais simplement une suite du désir que j’ai de ne rien négligerdece „qui peut former mon fils kun métier qui est le sien et dans lequel il peut un jour „rendre des services k sa Patrie. II me semble qu’en représentant k la Cour de Berlin, „que vue la proximité de I’armée Autrichienne aux Pais Bas, nous désirons que mon „fils y fasse un voyage et puisse s’y arrêter quelque tems; qu’il y vèroit un pais qui a „été lontems le théatre de la guerre pour I’armée de la République et qui étoit am»; „doublement intéressant pour lui. Qu’avec cela U y trouveroit I’avantage de pouvoir „être de retour dans sa Patrie dans un moment, si celle-ci avoit besoin de ses services; „que toutes ces raisons, joint au refus du Roi de le prendre au Quartier Général, nous „avoient fait désirer ceci et qu’en conséqueuce nous avions fait des démarches pour „cela k Bruxelles. Je ne crois pas, que le Roi puisse s’offenser de ces raisons qui sont „vraies et toutes naturelles; mais avant d’écrire aS. M,,i! faudroit sonder Ie terrain k „Bruxelles et je me chargerai volontiers d’en écrire k Mr. Hop. Moins on y mettra „d’apparat, plus on le fera envisager comme une course, comme un voyage d’instruc„tion, et plus je le préférerois. Je crois aussi, que sous ce point de vue cela heurtera „moins les esprits de ceux qui entoureut le Roi et qui souhaitent de ne point voir mon „fils avec eux; mais qui pourroient cependant vouloir critiquer le parti qu’il pren„droit, de faire ses premières armes k I’armée Autrichienne”. *) Charles Dumouriez (in de brieven is het onveranderlijk Dumourier) 1739 1 823, was een maand na zijn optreden als minister van oorlog weder démissionair en kreeg toen een commando bij het Noorderleger. de guerre qu’il aeu un moment; il est remplacé par Mr. Lejart, ancien capitaine de la lëgion de Maülebois. La fermentation a Paris ne fait qu’augmenter et I’on s’attent a une terrible crise. Le Roi et la Reine ne paroissent plus en public; les portes et les barrières des Thuilleries 1) sont fermées; le jardin reste ouvert, pour que I’on puisse y venir insulter LL. MM. et chanter devant leurs fenêtres des chansons infames. 26 Juni 1792. Ce matin je vais a la vieille Cour parler avec Md. de Munchhausen 2) garde et nourrice; c’est actuellement mon pain quotidien. II est décidé que la Cour Héréditaire se rend Lundi prochain a Breda et que nous les y suivrons Mercredi ou Jeudi. 28 Juni 1792. Ici tout est exactement comme vous I’avez laissé pour notre intérieur et pour le sistème de la République. Point d’amélioration dans nos finances et une profonde sécurité sur les entreprises des Patriotes et des Frangois. Tant que ces derniers auront le dessous, je crois aussi qu’il n’y a rien a craindre; mais gare si ia chance toumoit. On est fort contraire ici au projet que Fritz fasse campagne chez les Autrichiens. J’ai fait mon possible pour faire changer les opinions mais je n’ai réussie qu’imparfaitement, et je crois qu’il n’y faut plus penser. Je suis bien faché de tout ceci pour Fritz. Pour moi-même vous sentez que c’est différent; je ne puis pas le souhaiter que pour I’amour de lui et ceci est mon devoir. 3 Juli 1792. Guillaume et Mimi sont partis hier a 8 h. du matin pour Breda; depuis Rotterdam jusqu’au Moerdyck ils vont en Yacht. Nous partons après-demain de bon matin et nous comptons d’être pour le dinné a Breda. Nous serons un monde immense a Breda et a peine ce grand chateau *) pourra-t-il nous contenir. 4) *) Het koningspaleis naast het Louvre, dat in 1871 door de Commune is verbrand. *) Douairière van Munchhausen, geb. van Hardenberg, eerst Gouvernante daarna Grootmeesteres van de Erfprinses. •) Op de piek waar Jan van Polanen, heer van de Lek, in 1350 zijn kasteel had gebouwd —in 1536 gesticht door Hendrik van Nassau en voltooid door stadhouder Willem 111. •) Weggelaten de namen der hofdames, die de prinses zouden vergezellen. Dimanche il est venu un exprès de Mr. Hop avec la nouvelle que le général de Beaulieu avoit rechassé les Frangois de Courtray la veille. Les postes de Paris sont aussi toutes arrivées. Elles ne parlent que du danger que le Roi a couru et de sa fermeté. Ceci paroït bien extraordinaire, mais cela est trés vrai cependant. II s’est trés bien conduit ces demiers tems, mais on craignoit de nouveaux désordres. Au dëpart de la poste toute la gamisonétoit sous les armes et on anongoit une horde de plus de cent mille ames qui vouloit foreer le Roi de retirer son Véto des deux décrets2) oü il I’a employé pour refuser sa sanction. Les Jacoquins (!) osoient dire tout haut que, si le Roi s’y refusoit, ils se feroient justice euxmêmes. Une autre nouvelle que vous ignorez peut-être encore, c’est que les Anglois viennent de conclure une paix trés avantageuse avec Tippo Saïb. II part aujourd’hui un tonneau d’harengs tout fraix a votre adresse; veuillez en manger a notre santé; ils viennent d’arriver. Je vous embrasse tendrement, ma bonne Loulou, et suis a jamais votre fidéle Maman W. 96. Prinses Louise aan haar Vader. Brunswijk. 17 Juli 1792. J’attends avec impatience et presque avec crainte la poste de Samedi, mon trés cher Père, puisqu’elle pourra me porter des nouvelles de Paris. Je vois, que vous en estes aussi occupé que nous, et vous devez même I’être davantage, puisque vous estes si prés des frontières. Je vous assure que, si ces tems durent, je deviendrai tout a fait politique, ce que vous savez bien, mon cher Papa, que je nel’étois pas plus qu’il ne falloit. 8 Augustus 1792. Ce nest que pour vous anoncer la bonne réception de votre lettre du 2, mon trés cher Père, que je vous adresse ces lignes. Car autant que j’ai eu matières pour barbouiller plusieurs lettres pendant ces derniers tems, autant j’en manque a présent. Nous *) Franpois Johann Peter, graaf van Beaulieu, generaal bij het Oostenrijksche leger. 2) Betreffende de uitbanning van de geestelijken, die den eed aan den Staat weigerden, en betreffende de oprichting van een kamp van 20.000 gewapenden ouder de muren van Parijs, ne sommes pas ici a la source des nouvelles comme chez vous, mon cher Père, et le peu que nous en recevons, sonts encore souvent trés fausses. Cependant c’est maintenant qu’elles deviendront intéressantes. C’est avant-hier que les armées l) ont dus entrer en France. Dieu seul sait ce que tout cela deviendra! Pour mol je crois toujours que cela se terminera comme chez nous et que les lièvres s’enfuiront dès qu’ils verront s’approcher I’ennemi. Je désire que je ne me trompe pas. Le Prince se met a vos pieds et moi, j’ail’honneur d’être avec le plus tendre et le plus respectueux attachement, mon bon et cher Père, votre bien humble et trés obéissante Servante et Fille Louise. 97. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. 13 Augustus 1792. Je crois h présent toutes les armées bien prés de la France, si déja elles n’y sont déja entrées. Le prince de Hohenlohe *) comande I’avant-garde; on a des nouvelles qu’il a passé le Rhin prés de Philipsbourg sans la moindre résistance; mais cela ne sera pas de même de tous les cótés. L’animosité, la rage des Jacobins est a son comble; on peut s’attendre a tout de leur part et je vous avoue que tout cela m’inquiète infiniment. Dieu veuille veiller sur le Roi et sur le Duc! Je n’ose penser ala possibilité qu’il leur arrivé malheur! Vous saurez sans doute que le Sieur Péthion 3) est venu a I’Assemblée au nom de ses comittans demander la déchéance du Roi des Frangois et de toute sa familie. Son discours est le comble de l’mfamie et de la violence. Jeudi passé étoit fixé pour décider de cette grande question. 16 Augustus 1792. Par le bulletin ci-joins 4) vous vèrez, ma chère Loulou, les hor- ‘) De verbonden Oostenrijksche en Pruisische legers. •) Joachitu, prins vou Hohenlohe, 1765—1829, Oostenrijksch generaal. •) Jéróme Pétion de Villeueuve, 1753—1794, Fransch revolutionair, heftig bestrijder van de Koningin; in December 1790 werd hij président van de Nationale Vergadering en in Juni 1791 president van het Crimineele Gerechtshof, als hoedanig hij werd belast met het terugvoeren der op de vlucht gevangen genomen koninklijke familie. In November 1791 was hij Maire van Parijs geworden. *) Betreffende de bestorming der Tuileriên in den nacht van 9 op 10 Aug. 1792. reurs qui viennent de se comettre a Paris. Comme cette nouvelle nous est venue par estafette, il seroit possible que nous fussions les premiers a vous I’apprendre. Vous plaindrez comme nous le Roi et sa familie, quoique ce pauvre Roi paroit avoir fait encore une bêtise; il a dit a I’Assemblée 1), qu’il avoit défendu aux Suisses 2) de tirer des Thuilleries sur le peuple. Sans doute que toute la faute a présent retombera sur ces malheureux Suisses qui d’un autre cótë par un ordre du Roi se sont vues les victimes de leur obéissance. Je suis trés impatiente des nouvelles de la poste de demain. S’il y a quelque chose de bien intéressant, je tacherai de vous I’écrire par la poste de Samedi. Ce qui me paroit surtout intéressant, c'est de savoir I’effet que la suspension du Roi 3) fera sur les troupes; cela pourroit quelquefois amener une crise favorable pour lui, mais pourvu alors qu’on ne le massacre pas, car I’on peut s’attendre a tout. Ce qui est facheux, c'est que nous venons d’apprendre que le projet de prendre Landau a manqué tout a fait. C’étoit le prince de Condé qui devoit faire le coup, soutenu par le prince de Hohenlohe; mais les Frantjois en ont eu du vent et ont renforcé la garnison et changé le comandant. Les troupes Autrichiennes ont dü se replier sur Neustadt et I’on dit qu’elles se joindront a présent a I’armée du Duc 4). J’ignore au juste la position de celle-ci; mais je sais, que d’un moment a I’autre on peut s’attendre a voir frapper quelque grand coup. Dieu veuille que le succès soit complet! —Le pauvre Fritz 5) est bien chanceux. Son voyage de Bruxelles rencontre des obstacles. L’Archiduchesse qui est dans le chagrin 6) et ne voit personne, a fait dire a Mr. Hop l) Na de overmeestering van zijn paleis door het gepeupel was Lodewijk XVI zich in de vergadering der Assemblie Législatïve onder de bescherming van deze gaan stellen. a) De Zwitsersche lijfwacht. *) Dienzelfden dag nog was Lodewijk XVI, die, opgesloten in een der loges, de beraadslagingen der Wetgevende Vergadering moest bijwonen, onder beschuldiging van landverraad door het aanhouden van geheime betrekkingen met vreemde Mogendheden als Koning van Frankrijk geschorst. 4) Het Prusisische leger stond onder het opperbevel van den hertog van Brunswijk. 6) Prins Frederik was een tournée langs de Zuidergrens gaan maken met de bedoeling om na een bezoek aan Brussel door te reizen naar het oorlogsterrein. #) Den 17den Aug. zou de plechtige uitvaart van haar op 1 Maart 1792 overleden broeder, keizer Leopold 11, plaats hebben, en zij treurde over haar zuster, koningin Marie-Antoinette. par le comte de Mettemich 1), qu’elle regrettois beaucoup de ne pouvoir voir Fritz et lui rendre le séjour de Bruxelles agréable. La-dessus votre Père et moi nous avons conclu, qu’il feroit mieux de n’y pas aller; votre Père est même allez plus loin et lui deffend d’aller dans les Pais Bas et a Spa, oü pour le dédomager je croyois qu’il pourroit passer un ou deux jours. Ceci lui a ëté signifié par une estafette, parti hier a 2 h. d’ici. Ce soir nous apprenons qu’aujourd’hui il va voir le champ de bataille de Laffeld 2) et que de la il vouloit I’après-midi continuer son voyage a Bruxelles. II est possible a présent, que I’exprès le manque, et jugé comment il sera de bonne humeur, lorsqu’il le recevra. 20 Augustus 1792. Je ne puis rien ajouter a mes demières nouvelles de Paris, si ce n’est que Mr’ d’Affry 3) n’est pas mort mais – selon moi – pis que cela; il est enfermé a I’Abbaye 4) et I’on alloit lui faire son procés. On fait monter le nombre des morts jusqu’a 7a 8 milles et Dieu sait, si cela se bomera a cela! Le Roi et sa familie logeoient aux Feuillans; c’est un ancien cloitre, attenant a I’Assemblée Nationale. Tous les jours ils paroissent a I’Assemblée dans leur loge; si c’est par choix, cela me paroit bien singulier. Au reste ils sont dans la plus affreuse situation; il est décidé qu’on veut les garder comme otages et les rendre responsables de ce que feront les armées étrangères. Pour moi j’espère toujours que, lorsque eet événement sera plus connu dans les Provinces et dans I’armée Frangoise, il y aura un bouleversement presque général en faveur du Roi; mais pourvu que ce ne soit trop tard pour lui. 5) Je ne serai pas fachée de voir Fritz de retour. Nous I’attendons Mercredi ou Jeudi, mais il ne sera pas de la surprise du 24 6). Je *) Graaf Metternich-Winneburg, opvolger van graaf Mercy d’Argenteau als gevolmachtigd minister van Oostenrijk in België. •) Overwinning der Franschen in den Oostenrijkschen Successie-oorlog op 1 Juli 1746. *) Louis Augustin Auguste d’Affry, 1713—1793, commandant van de door het volk neergevelde Zwitsersche lijfwacht. *) Geseculariseerd klooster thans ingericht tot gevangenis. ') Weggelaten nadere berichten omtrent de reis van prins Frederik, die thans naar huis terug keerde. •) De liefhebberij-comedievertooning, waarmede de Erfprins op zijn verjaardag, 24 Augustus, moest worden verrast. suis charmëe de cette surprise a quelques égards si elle fait plaisir a Guillaume et paree qu’elle amuse et distrait la Princesse; mais je ne trouve pas, que ce soit un tems pour jouer la comédie;et je voudrois seulement que celle-ci fut passée. J’ai toujours si peur qu’il nous viendra quelque malheureux trouble-fête. Je suis content que vous vous amusez bien 4); mais cette danse! Je ne puis m’y faire. J’ai toujours I’esprit frappé sur ce point. Je ne puis y penser sans inquiétude. Vous n’en seriez pas étonnée, mon enfant, si vous aviez pu vous voir au Vieux Doelen 2); aussi vous ne direz pas, que votre Maman radote, quand elle vous conjure de vous ménager un peu plus qu’en passant seulement 3 danses dans un bal qui commence I’aprèsdinné et qui ne finit qu’a 3 heures du matin. 23 Augustus 1792. La plus grande nouvelle dans ce moment c’est que La Fayette 3) est pris avec Alexandre Lameth 4) et encore une dizaine de leurs premiers officiers. Ce sont les Autrichiens qui ont fait cette capture et selon toute apparence ces Messieurs ont bien voulus se laisser prendre; il faudra voir a présent ce que deviendra leur armée. On dit, que le Duc marche droit a Paris par le chemin le plus court, sans s’arrêter devant les forteresses qui sont sur la route; je pourrai peut-être demain vous en dire davantage. Une nouvelle encore assez intéressante pour nous c’est que I’Etat x) Prinses Louise aan haar Moeder, 16 Augustus 1792: „J’imaginois que le bal pour „Panniversaire de la Duchesse finiroit avec le souper; mais point. On désira danser „encore après le soupé. Les Duchesses se retirèrent et me laissèrent faire les honneurs. „Je m’en acquittois, je crois, si bien qu’avant trois heures et demie nous ne revinmes „pas k la maison. Cependant, ma chère Mère, je fus aussi sage que je le pus et je me „reposois trois contre-danses, puisqu’il faut faire vie qui dure”. a) Waar prinses Louise den vorigen winter, bij haar laatste bezoek aan ’s-Gravenhage, had deel genomen aan de bals de souscription. *) Marie Joseph Paul Roch Yves Gilbert Motier, markies van La Fayette, 1757 1834, een van de ontwerpers van de redactie der Déclaration des Droits de VHomtne. Als bevelhebber van het Fransche Middenleger wilde hij na de vervallenverklaring des Konings zijn troepen ter beschikking stellen van de Kroon. De bovendrijvende omwentelingspartij was hem echter te machtig; hij moest Frankrijk ontvluchten en werd, over Holland willende uitwijken naar Amerika, door de Oostenrijkers gevangen genomen. 4) Alexander Theodoor Victor, graaf van Lameth, 1760—1829, Fransch staatsman, vriend en geestverwant van La Fayette, wiens gevangenschap hij deelde. rappellera Mr. de Berckenrode x) et que selon toute apparence on ne reconnoitra plus Mr. de Maulde 2) dans sa qualité. La résolution devoit se prendre aujourd’hui; mais attendez pour en parler ma lettre de demain de crainte que vous ne débitiez une fausse nouvelle, s’il y avoit un réavis. Je ne le crois pas possible cependant, car on étoit unanime sur la matière. L’ambassadeur de I’Angleterre a Paris est déja rappellé. Dieu sait ce que tout cela pourra amener! L’écrasement, j’espère, de I’odieuse cabale et le triomphe du Duc. Je voudrois que nous fussions déja si loin. La fête de votre frère se célébrera par un grand dinné chez nous; le soir nous soupons a I’Hotel de Ville, oü le Magistrat nous regale. J’aprens qu’ils ont fait construire une loge pour souper qui sera trés joliment décorée et qu’il y aura une illumination. Ce matin les pontonniers ont manoeuvres avec quelques détachemens d’infanterie. C’ëtoit pour moi un nouveau spectacle; le coup d’oeil en étoit trés joli. 24 Augustus 1792. Les nouvelles de I’armée du Duc vous les avez plus vite que nous; quant aux horreurs de Paris je crains de ne plus pouvoir vous tenir au courant, puisque Mr. Hop écrit, qu’il ne sort plus de lettres du Royaume sans avoir été ouvertes haut a la main par les municipalités qui le marquent tout uniment sur les couverts. Qui osera après cela écrire! Ceci pourroit bien devenir doublement difficile pour ceux qui ont des correspondances avec ce Païs-ci depuis la résolution qui rappelle Mr. de Berckenrode et refuse toute communication avec Mr. de Maulde. Elle a été arrêtée hier; mais a cause des formes elle ne pouvoit se conclure qu’aujourd’hui, ce qui sera fait sans faute. Mr. de Maulde a terminé sa mission par deux mémoires d’une insolence rare et d’un style presque comique a force d’être singulier et éloigné des usages 3). 27 Augustus 1792. Votre Père est parti ce matin pour La Haye apparamment pour 1) Lestevenon van Berckenrode, reeds sedert 1750 gezant der Republiek te Parijs. 2) Emanuel de Maulde Hosdan, gezant van Frankrijk bij de Republiek. •) Zie over de dubbelzinnige rol, die hij, Holland niet verlatende, daar bleef spelen, Colenbrander, Gedenkstukken, I. 8 ou 10 jours. Si les circonstances le permettent, nous pourrions bien faire encore une petite tournee a Loo et Soestdyck pour retourner a La Haye après le 4 Octobre *•). On s’attend que nous donnerons une fête a ce jour; et c’est ce que nous voudrions éviter. Les couches de la Princesse, si Dieu veut qu’elles soyent heureuses, seront déja une occasion de fête et de dépenses que nous ne pouvons éviter; ainsi au moins pourroit-on économiser celle du 4 Octobre. II est vrai, mon enfant, que vous parlez tant de vos jeux 2), que I’on diroit que vous avez une académie de jeux chez vous. Ce n’étoit pas votre passion autrefois. J’ai été charmé de voir parmis les échecs, puisque j ’espère que vous les avez aprises. Vous aviez un plan ce printems d’inviter quelquefois des Dames qui ne jouent pas le soir, et de varier alors vos plaisirs quelquefois par I’ouvrage et la lecture. Cela n’a-t-il pas réussi? Et ne faites-vous plus de lectures le soir? Pour moi je ne lis plus que lorsque je suis seule. Les lectures avec mes fils sont entièrement finies; ils préfèrent de lire chez eux et la Princesse ne revient avec eux que pour la promenade, c. a d. que nous allons nous promener dans le petit jardin qui est grand comme la main; on y boit Ie thé, on y pêche et depuis aujourd’hui on y joue aux quilles. Je quitte d’ordinaire la compagnie pour faire un plus grand tour pendant une heure ou environ; mais il n’y a pas moyen de persuader la Princesse d’en sortir. Elle a une vraie aversion pour Ia promenade. Vos frères m’accompagnent et elle y reste seule avec ses Dames. Au reste je lui laisse une pleine liberté et je crois que c’est le mieux. Comme ensuite elle joue également au billard, elle fait assez d’exercice. Quelquefois je I’engage a une promenade en chaise ouverte; c’est ce qu’elle aime assez. Je vous embrasse, ma bonne et chère Loulou, et suis a jamais votre fidéle Maman W. *) Zilveren bruiloft van prins Willem V en prinses Wilhelmina. *) Prinses Louise aan haar Moeder; 22 Aug. 1792: „Depuis notre arrivée k Salts„dahl il ne fait que pleuvoir et nous n’avons pu mettre un pied hors de la maison. „Pour passer le tems nous avons joué au toccadille, aux échecs, aux dames, au Pouf „et k la Poule d’Henri IV ou le Jeu de la nouvelle Constitution que la Duchesse de „Weimar a envoyé k sa soeur. C’est une espèce de Jeu d’Oie mais embellie”. De hier bedoelde hertogin van Weimar was Anna Amalia van Brunswijk, oudere zuster van den hertog van Brunswijk en moeder van Karei August van Saksen-Weimar, den vriend van Schiller en Goethe. 98. Prinses Louise aan haar Moeder. Saltsdahl. 1 September 1792. Je n’ai point abandonné mon plan du printems, mais ce n'est que rentree en ville que je pourrai I’exécuter. Nous faisonsbeaucoup de musique, nous travaillons et la dernière demi-heure nous jouons. Nous avons lu aussi quelquefois, même jusqu’a des traductions d’Horace; mais il est difficile de trouver une lecture qui convienne a tout le monde. Les papiers publiés sonts une grande ressource et puis notre petit cercle varie tellement, qu’il n’est pas possible de faire une lecture suivie. II faudroit s’enfermer chez soi et alors je passerai pour une vraye hermite, ne voyant personne déja jusqu’a trois heures. C’est alors que je lis et que j’écris. Je ne sais pas ce que c’est que I’ennui quand je suis seule; mais j’avoue, que je I’éprouve souvent en société. 5 September 1792. Lundi il y eut toute la journée de I’orage. Ainsi après avoirbu le thé, Mr. de Thielau *) commemja a nous lire Le Grand Kafta 2), comédie Allemande de Goethe et qui est toute I’histoire du fameux collier et de Cagliostro 3). Les caractères y sonts trés bien peints et intéressans. Ce Goethe est un grand connoisseur du coeur humain. II a accompagné son Duc 4) a I’armée et pourra a cette occasion puiser bien des nouvelles connoissances. Nous achevames la pièce hier au soir. Je metsa vos pieds I’homage de mon respect et celui de tout Saltsdahl. C’est avec ces sentimens que je ne cesserai d’être, ma trés chère Mère, votre trés humble et trés obéissante Servante et fille Louise. Prins Willem V was 2y Augustus weder voor een 14 dagen van Breda naar Den Haag teruggekeerd; de dagelijksche brieven, welke prinses Wilhelmina hem ge- *) Opperstalmeester van den hertog van Brunswijk. *) Der Grosskophta, ein Lustspiel, 1792. •) Giuseppo Balsamo, 1743—1795, avonturier, pseudo-wonderdoener, betrokken in de zaak van het parelsnoer van Marie-Antoinette, wat hem in de Bastille bracht. ‘) Karei August, hertog van Saksen Weimar. durende dien tijd deed toekomen, geven een beeld van het stadhouderlijk hof en villégiature. 99. Prinses Wilhelmina aan prins Willem V. Breda. 27 Augustus 1792. J’espère, que cette lettre vous trouvera heureusement arrivé a La Haye et en parfaite santé. Ce qu’il y a de plus nouveau ici depuis votre départ, c’est que nous avons joué aux quilles eet aprèsdinné au petit jardin. Ensuite j’ai promené au rempart et au Valkenberg. Du dehors nous n’avons rien appris. Je joins ici de retour vos lettres que Guillaume m’a donné ce matin, auxquelles j’ajoute celles venues par la poste a votre adresse. 28 Augustus 1792. Votre lettre nous a causée une véritable surprise; nous ne croyions pas que vous envèreriez hier un Bode, calculant que vous arriveriez tard. Je suis charmée que votre voyage ait été si agréable et si prompt malgré que vous vous soyez arrêté a la foire de Rotterdam. J’ai dabord envoyez le rouleau pour Mr. deMersay1). II a été fort indignéen voyant ce qu’il contenoit; il trouve que vous auriez du envoyer au moins le portrait de Cartouche 2) pour pendant. II nous paroit que le sieur Péthion a beaucoup I’air de Mr. de Maulde. A propos de ce demier, comment a-t-il pris le compliment de L. H. P. ? Nous sommes fort curieux de le savoir. Vous parlez de plusieurs estampes pour Mr. de Mersay, mais nous n’avons trouvé dans le rouleau que ce coquin de Péthion tout seul. Vous trouverez ci-joint les lettres de Bruxelles et de Liège, dont vous saurez dé ja les nouvelles. Mr. Van der Hoop 3) donne plus de détails de la prise de Longwy 4) que Hop; mais quant a Saarlouis je crois que c’est une fausse nouvelle. La fin de DaverhoultB) est digne de sa vie; tous nos Patriotes pourront bien ac- *) Mersay, graaf de St. Georges, hofmaarschalk. a) Zeer bekend gebleven Parijsch straatroover, die in 1721 levend was geradbraakt. •) Zaakgelastigde te Luik. 4) Door de Pruisen onder den hertog van Brunswijk. 5) Jan Anthony d’Averhoult, patriotsch Regent te Utrecht, had zich na 1787, krachtens zijn Hugenotenafkomst, in Frankrijk laten naturaliseeren en was lid geworden van de Assemblée Législative. Hij volgde La Fayette naar het leger en wilde met dezen uitwijken; maar ziende dat hij achterhaald werd, schoot hij zich door het hoofd. tuellement recevoir de fagon ou d’autre la juste récompense de leurs actions. *) D’ici je n’ai rien de nouveau a vous dire. II a plu tout le jour. Je ne suis pas sortie. Cette après-dinné j'ai fait de la musique avec Fritz et Malherbe. Après avoir pris le thé, j’ai joué aux échecs encore avec Fritz, et après avoir été plusieurs fois battue, je I’ai battu une fois. A présent je vous quitte pour aller jouer au billard. II est prés de 9 heures. 29 Augustus 1792. L’idée des Hollandois sur le parrainage me paroit en général assez bien, qpoique il y aura une fameuse différence entre ce que nos enf ans aines ont re9us2) et ce que ceux de Guillaume recevront; mais sur cela je crois, que I’on ne peut guère faire de réflexions, les deux cas n étant pas absolument les mêmes; et au moment qu’ils veulent former un étabhssement pour Fritz 3), il y auroit mauvaise grace de marchander pour son frère; nous paroitrions insatiables. Mais il me semble, et a Guillaume aussi, que les Etats devroient également être Parains quand I’enfant a naitre seroit une fille. S ils veulent donner moins 4), ils en sont les maitres; mais comme c’est en qualité de Parains qu’ils le donnent – – ou du moins qu’ils l’ont donné jusqu’ici —, il me paroit qu’il seroit singulier, qu’ils s’y refusassent cette fois, et qu’il n’y auroit point de convenance ou Eigenschap 5) au don qu’ils feroient. Au reste je bavarde longtems sur la matière et j’ignore votre sentiment a eet égard, car vous ne me le dites pas. Si je me ne trompe, avosenfans ainés les Etats-Généraux, chaque Province en particulier et plusieurs Villes en Hollande ont donné; n’y auroit-il a présent en tout et partout que les 10 milles de L. H. P. ? – Et les 4 milles si c’est une fille ? 6) – *) Weggelaten een verdere uitwijding over dit thema. *) Prinses Louise en de Erfprins hadden als pillegiften ieder van de Staten der verschillende Provinciën en van de groote steden jaarreuten ontvangen tot een gesamenlijk bedrag van f 36300; Prins Frederik enkel /3000 van de Staten van Gelderland. *) Haarlem had in de vergadering der Staten van Holland voorgesteld, aan de Staten-Generaal te verzoeken, prins Frederik te benoemen tot luitenant-generaal bij het Staatsche leger. *) Namelijk aan een Prinses. ‘) Wel te verstaan, dat zij geen Peet zouden staan. ‘) De gift zelf werd op voorstel van Amsterdam voor een Prinses van / 4000 op f 6000 gebracht. (Res. v. d. Staten van Holland. 2 Nov. 1792). 30 Augustus 1792. La Comission du Conseil d’Etat est arrivée, et ces Messieurs out été ce soir chez moi après avoir fait demander par leur sécrétaire. Ce matin j’ai faite une grande promenade a cheval. Ilfaisoitun tems superbe. Je suis sortie par la Porte d’Anvers; j ’ai passé Beek, de la devant le Lisbos et rentree par la Porte de Ginneken. Ce soir nous nous sommes bomez au petit jardin et aux quilles. 31 Augustus 1792. Je vous fais bien de remerciemens de votre lettre. Je suis charmé que vous soyez de mon avis sur le Parainage. J’ai communiqué les papiers selon vos ordres et j’espère pouvoir vous les restituer tous aujourd’hui, vos fils m’ayant promis de me tout rendre avant ce soir. A présent il est 5 h. et \ et ils sont encore a dinner chez Messieurs les Députez. Cette illustre société soupe chez moi ce soir. 1 September 1792. Je restitue avec bien des remerciemens les papiers que vous nous avez envoyés aujourd’hui; j’ai été charmé d’y voir la démarche que vous avez fait aux Etats de Hollande pour la continuation du Pensionaire1), et le bon succès qu’elle a eue. Je me flatte ainsi que cette affaire est comme arrêtée. Je comprends que pour lui il ne jouit pas beaucoup d’agrémens dans un poste infiniment laborieux et difficile; mais pour le bien général il me paroit fort a désirer qu’il y reste et il me paroit juste que I’on tache de lui faciliter la besogne autant que possible. 2 September 1792. Combien de tems comptez-vous encore rester a La Haye? Je crois, qu’il ne sera pas mauvais que vous demandiez a Velsen quand il conseille, que la Princesse retoume a La Haye; mais comme elle aime la Faculté aussi peu que moi, il n’est pas nécessaire de lui dire que I’on a consulté le médecin. On peut bien I’arranger sans qu’elle sache que c’est en conformité a ses avis. Mimi, Guillaume et Fritz vous présentent leurs respects et leurs humbles remercie- *) Het eerste vijfjarig mandaat van Van de Spiegels Raadpensionarisschap liep in December 1792 af; maar de aandrang van prins Willem V en van de voornaamste Regenten deed hem besluiten, zich voor een herbenoeming beschikbaar te stellen. mens des beaux cadeaux de Ia foire de Rotterdam qui viennent d’arriver. Pour moi, qui ai re?u le gros lot, il est bien juste que j’en fasse autant. 4 September 1792. Je voudrois pouvoir me flatter que les affaires de France puissent être décidées si vite, mais je le crois impossible. Je suis bien aise que I’Angleterre arme. Seront-nous donc les seuls qui resteront les bras croisés? Ce matin j’ai étë a cheval a Leur; c’est un charmant tour. L’après-dinné nous I’avons passé en grande partie au petit jardin. 5 September 1792. Je connois fort bien la comédie que vous m'envoyez; c’est une trés jolie pièce. Si nous étions dans un autre tems, je vous proposerois de la jouer; je soupgonne presque, que c’est pour cela que vous me I’envoyez. Comme il a plu tout le jour, il n’a pas été question de promenade et nous avons lu la pièce que vous nous avez envoyez. Fritz a été I’ami lecteur et s’en est passablement bien acquitté. 6 September 1792. Depuis le matin toute la Maison des Pages ne fait que vomir; il y en a qui doivent même garder le lit et leur valet est tout enflé. On attribue cette épidémie a une compotte de poires, cuitte dans une casserole mal étamée, dont ils ont fait leur soupé; mais Mersay et Andres l) ne veulent pas convenir de ceci. II y a cependant toute apparence que cela est ainsi. Heureusement que I'on assure que les malades ne sont pas en danger. Le tems est trés beau par continuation. Ce soir on a pris le thé au petit jardin et on a joué aux quilles. J’ai été au Speelhuis. 7 September 1792. Je suis faché que votre retour soit différez. Les pages se portent mieux, mais ils ont tous pris médecine aujourd’hui et gardent la chambre. Mr. de Mirandole2) les déclare hors de danger, mais il attribue leur indisposition a du verd de gris. Anders se l) Hofmeester. •) H. Mirandolle van Gerth, Bredasch geneesheer van grooten naam. fache et prétend qu’il est impossible que ce soit la faute de la casserole. II n’y a du reste absolument rien de nouveau ici. 8 September 1792. La continuation des massacres a Paris font frëmir; mais je me flatte que I’ami Gosse exagère un peu, quoique dans ces tems-ci la réalité surpasse d’ordinaire la vraisemblance. i) Ce matin j’ai fait un trés grand tour a cheval. Nous sommes sortis par Ginnecken, puis a Bavel, après quoi nous nous sommes trompés de chemin et nous sommes venus è, un vülage nommé Dorst, oü je n’avois jamais été; nous sommes passez de la au chemin d’Oosterhout qui nous a ramenez par la Porte de Bois-le-Duc. Excepté depuis Dorst jusqu’a ce chemin tout le resteest extrêmement joh. C’est Mr. de Mersay qui nous a mené. 9 September 1792. T> • 1. ir r 1 • -i «>«. .. , J’ai oublié hier de vous féliciter de la conclusion des quotes 2); c’est pourtant une grande et bonne nouvelle. La poste de Liège n’a den porté pour vous, ce qui me surprend. II y a des nouvelles en ville qu il y auroit une insurrection a Lille, mais les uns disent que c est pour, les autres contre le Roi; ainsi cela paroit bien vague. Les enfans sont a vos pieds. Je suis toujours avec les sentimens que vous me connoissez W. 100. Prinses Wühelmina aan haar Dochter. Breda. 7 September 1792. Je serais bien tentée de vous faire une demande indiscrete, mais qui m’est dicté par I’intërêt que je prens a ma Loulou. Comment vont vos finances? Voyez-vous jour a suivre ie plan3) que nous avons forméz, lorsque vous vous estes mariée? Tout ce que je vous supplie, c’est d’éviter les dettes comme le feu. Quelque riche que lon soit, on s’en trouve bien; et sans un bon arrangement et de I’ordre on courre risque toujours tót ou tard de man- ) Weggelaten het bericht, dat de heer van Berckenrode na zijn terugroeping als gezant niet naar de Republiek, maar naar Engeland zou zijn vertrokken. a) 7 September 1792 was een nieuwe regeling van de quota’s of aandeelen van de verschillende gewesten aan de algemeeue lasten tot stand gekomen. (Bloklll, pag. 647). *) Over dit plan is niets aanwezig. Naber, Correspondentie I 13 quer d’argent, lorsqu’on en a besoin et les suites en sont toujours au moins fort désagréables. 17 September 1792. Le beau tems a recommencé depuis hier; aussi en avons-nous beaucoup profitëz hier et aujourd’hui. Hier après une grande promenade a pied, après le dinné, nous primes le thé tous ensemble dans mon appartement; ensuite je jouois aux échecs avec Fritz; Guillaume au tocadillo avec Md. de Munchhausen et le Prince avec Mimi. Le reste de la compagnie aux jeux d’esprit. Ceci fut fort gaye et se prolongea jusqu’a prés de 9 heures. La soirée se termina par une poule de billard. Ce matin nous avons été a cheval et ce soir on a pris le thé et joué aux quilles dans le petit jardin. Vous voyez ainsi, ma chère, que vous n’estes pas la seule qui avez une école de jeux. Pour moi j’imagine tout ce que je puis pour distraire la Princesse, car dans son état on se laisse volontiers aller a un peu de mélancolie, et les tems présens ne sont pas fait pour égayer. 24 September 1792. L’histoire du manage *) me paroit inconcevable; pour moi je souhaite qu’il s’en fasse un, n’importe lequel, paree que sans cela le roman finira sürement trés mal de fason ou d’autres. Quelles tristes réflexions cela ne fait-il pas faire sur ceux qui, ayant de I’esprit et tout ce qu’il faut pour être aimables, deviennent les artisans de leur propre malheur en lachant la bride non seulement a leurs passions mais même a leurs caprices et a chaque idéé désordonnée qui leur passé par la tête. Je ne crois pas que le mariage rémédiera a cela; mais du moins il transportera ailleurs le lieu de la scène et pour vous c’est déja quelque chose. 4 October 1792 2). J’ai bien reconnu le coeur de ma bonne Loulou dans les vers 3) ') Het afspringen van onderhandelingen in zake een huwelijk van prinses Carolina van Brunswijk met prins George Karei van Hessen-Darmstadt, 1734—1830. Prinses Louise had bij het aanknoopen der onderhandelingen voor dit huwelijk aan haar Moeder geschreven; „Je le désire plus vivement que personne, ne trouvant pas que la „Dame qui nous sera enlevée, me convienne. Sa coquetterie est si achevée et tout est „tellement art dans sa personne que j’en suis entièrement dégoütée”. 3) Zilveren bruiloft van prins Willem Ven prinses Wilhelmina. •) Niet aanwezig. de sa fason que Guillaume nous a remis ce matin a Papa et moi. Aussi, ma chère enfant, ce n’est pas sans attendrissement que je les ai lus. Votre Père vous dira lui-même qu’il y a eu bien des païsans de Dieren. Les idéés en sont fort jolies et elles peignent bien votre ame. Quant a la versification, vous n’avez pas la prétension d’être un grand poète; ainsi je n’en dirai rien. Les petites irrégularités qui peuvent s’y trouver, sont compensées par les idéés et par la bonne intention. Mais comme vous avez quelque goüt pour la poésie et que vous écrivez trés bien en prose, vous devriez apprendre les régies de la versification. Ce seroit un amusement de plus pour vous que vous vous prépareriez, et Mr. de Stamford pourroit vous etre fort utile la-dedans. Bien mes amitiés au Prince. A jamais, ma toute chère Loulou, votre fidéle Maman W. 101. Prins Willem V aan zijn Dochter. Breda. 4 October 1792. Votre Mère m’a comuniqué vos vers. Je puis vous marquer qu’a la lecture les païsans de Dieren ont paru en abondance. Dieu soye loué que je voye une époque que personne de mes ancêtres depuis mon cinquième ayeul n’a pas vue. Voila vingt-cinqans de manage. Dieu veuille que je n’aye jamais le malheur de voir ce lien se rompre, et veuille me conserver mes enfans. Je suis faché que vous ne pouvez être avec nous aujourd’hui. II y aura des surprises, mais j’ignore ce que c’est. J’ai entendu que nous dinerons a Oosterhout et qu’il y aura un spectacle de proverbes ce soir. Voila toutes mes nouvelles d’ici. Nous attendons avec impatience des nouvelles du dehors. On dit I’armée de Dumourier enveloppée. Dieu veuille qu’elle soit prise et que le Duc triomphe et revienne heureusement ainsi que le Roi de Prusse et ses fils. Je vous prie de faire mes complimens au Prince, au petit Charles 2) ) Karei Frederik Willem van Nassau-Weilburg, 1775—1828, een zoon van prins Willems zuster, Carolina van Oranje, om zijn zwaren lichaamsbouw schertsend „le „petit Charles” genoemd, studeerde toen aan het Collegium Carolinum te Brunswijk; later werd hij overste in Staatschen dienst. et k ma filleule *) et a son époux et d’être assurée de la tendre affection avec laquelle je suis pour la vie, ma trés chère fille, votre dévoué et affectionné Père G. Pr. d’Orange. 102. Prinses Louise aan haar Vader. Saltsdahl. 6 October 1792. Guillaume vous aura remis mon bouquet versifié, mon trés cher Père, Het is gering, maar het is hartelijk en alzoo hoop ik, lieve Papa, dat het u aangenaam zal zijn als een bewys van de liefde van uwe Loulou. Vous connoissez bien le coeur de votre Loulou, mon bon Papa; il n’est que trop vrai que j’ai bien regrettée de n’avoir pu être présente a votre Silvere Bruiloft; maar voor de Goude Bruiloft, als ik het beleeve, zal niets my ophouden om u alsdan, tedergelief de Vader, myne felicitatiën in persoon te komen presenteeren. Ceci est un peu de Hollandois de cuisine; mais les mots die egt zijn, me manquant dans ce moment, j’en ai fabriqué d’autres a ma fantaisie 2). Adieu, mon trés cher Père. Le Prince et mes Dames se mettent a vos pieds. Toute la familie me charge de complimens pour vous et pour ma Mère. Veuillez agréer I’homage du profond respect avec lequel j’ai I’honneur d’être, mon trés cher Père, votre trés humble et trés obéissante Servante et Fille Louise. 103. Prinses Wilhelmina aan haar Dochter. Breda. 5 October 1792. Demain nous partons pour La Haye et nous souperons chez Guillaume. Ce demier avec Mimi et sa Cour part dé ja ce soir. Cela vient d’être arrangé a I’instant. Ils vont en Yacht et comme ils doivent mettre en mer a 5 heures du matin, il seroit trop incomode pour la Princesse de partir cette nuit d’ici; il vaut mieux qu’elle couche dans le Yacht. L’affaire de Fritz est finalement l) Wilhelmina, gravin van Heiden-Reinestein, hofdame van prinses Louise, na haar huwelijk met kolonel van Stamford en het vertrek van Md. de Perponcher Grootmeesteres, was een peetdochter van prins Willem V. Zij verwachtte omtrent denzelfden tijd als de Erfprinses haar eerste kindje. !) Haar gedicht namelijk. conclue. Les Etats-Généraux I’ont nommë Lt. General de Cavallerie avec les gages extraordinaires de 4800 fl. par an et ils ont fait revivre en son honneur la place de Grand-Maitre ou Général d’Artillerie sur le pied que feu Mr. de Coehoom et ses prédécesseurs I’ont eue avec 500 fl par mois; ainsi voila Fritz plus riche de 10.800 fl. par an. Je voudrois qu’en même tems ses fonctions dans sa nouvelle qualité soyent aussi fixées et que cela lui donnat de I’occupation. Nadat Dumouriez door op 20 September IJ()2 bij Valmy den hertog van Brunswijk te verslaan den inval der Pruisen in Frankrijk had gestuit en door zijn overwinning bij Jemappes op de Oostenrijkers België aan Frankrijk had gebracht, werden de brieven van prinses Wilhelmina aan haar Dochter als een geregeld dagverhaal van het voortdringen der Franschen aan Maas en Rijn en van den terugslag van het oorlogsgebeuren op de Republiek. 26 October 1792. ’s-Gravenbage. Vous saurez déja les mauvaises nouvelles d’AUemagne que Mayence est pris et quetouslesenvironssontfrappësd’une terreur panique, tandis que partout il semontre les fruits de la propaganda parmi le peuple. Dans le Païs de Nassau on n’est pas non plus tranquile, c’est a dire a cause de I’aproche des Frangois, car, Dieu merci, jusqu a présent le mauvais levain n’y a pas fait de progrès encore. Dites-moi, je vous prie, ce que la Gazette d’Hambourg a raconté de nos Patriotes? 2) Pour nous nous n’en sommes pas informés, du moins il n’y a rien de conséquence. On y veille beaucoup et quoique Amsterdam fourmille d’étrangers et La Haye aussi, ’) Menno van Coehoom, beroemd vestingbouwkundige, 1641—1704. 2) Prinses Louise aan haar Moeder, 31 October 1792: „On disoit dans la Gazette de „Hambourg, ma trés chère Mère, qu’on avoit affiché et jetté dans les mes toutes sortes „de libelles diffamatoires contre la Maison d’Orange, tant k La Haye qu’4 Amsterdam, mais graces k I’oeil vigilant de la police cela n’avait pas eu de suites. Cela ne „ma pas beaucoup inquiété, quoique ce soyent ces maudits libelles qui ayent commen„cé tout le mal dans les tems patriotiques”. tout y est tranquile encore. La fameux Beaumarchaisl) est ici, mais 11 ne paroit pas beaucoup, du moins je ne I’ai pas encore II dit qu’il a quitté Paris au péril de sa vie et que Manuel2) est son ennemi mortel. Malgré cela je ne me fierois pas a lui; on le soup9onne aussi de propagander I’infernale doctrine et j’espère qu’il n’échappera pas a I’oeil clairvoyant de la police. 3) D’ltalie on dit les nouvelles mauvaises, de Turin surtout, oü la fermentation doit être grande. Tout cela paroit être la suite des manigences des Dëmocrates et il y a sürement eu de la trahison dans le fait. Je crois que du coté de I’Allemagne c’est la même chose, mais cela ne rend pas les circonstances meilleures. Confions-nous a la bonne Providence, ma chère Enfant. Elle nous aidera et Elle sait le mieux ce qui nous convient! Bien mes amitiés au Prince. Remerciez-le de sa lettre amicale que je viens de recevoir, et rassurez-le sur les inquiétudes qu’il veux bien avoir pour nous. Si tout alloit en confusion ici, ce qu’a Dieu ne plaise, Brunswic seroit sürement pour moi la retraite la plus agréable; mais je puis bien y venir sans être chassée d’ici, n’est-ce pas ? 27 October 1792. Les lettres de Bruxelles, ma chère Loulou, nous apprennent que I’armée 4) a entièrement évacué le territoire On disoit que peut-être le Duc prendroit ses quartiers d’hiver a Luxembourg, mais cela ne paroissoit pas sur encore. Quoiqu’on sgüt les progrès des Frangois en Allemagne, il ne marchoit encore personne pour les en déloger, et une lettre particulière – mais de bonne part – disoit que I’on croyoit pouvoir garantir que pour I’armée Prussienne la campagne étoit finie. Ceci est un nouvel énigme. Aux Pais Bas on apréhende toujours une invasion de Dumourier. Clairfait5) n’étoit pas encore arrivé avec son corps, mais il y seroit dans un ou deux jours. Dumourier étoit a Valenciennes et il avoit rendu un service en faisant envoyer les postes de France qui s’y l) Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, 1732—1799, schrijver van de Figarotrilogie. a) Pierre Louis Manuei, Fransch politicus, werd in 1793 geguillotineerd >) Weggelaten bijzonderheden omtrent verschillende leden van het hof. ‘) Het Pruisische leger. 5) Karei, graaf Clerfait, 1733—1798, Oosteurijksch generaal. trouvoient arrêtés depuis longtems; elles sont toutes arrivëes a Bruxelles, mais quelques unesmanquentencoreici.—Voila toutes mes nouvelles. Je vous quitte pour aller faire une promenade a cheval par un fort beau tems. 30 October 1792. Je viens de parler a un Conseiller de la Guerre Prussien qui depuis le 6 Septembre chemine depuis Berlin avec la caisse militaire. Elle a couru les plus grands dangers dans sa traversëe a Francford, a Mayence, a Coblence; a présent il a resu ordre du Duc de la transporter par Venlo et Luxembourg a Trèves. C’est un terrible détour. Le passage de Venlo a causé quelques embarras, paree qu’il n’avoit pas de passe-port. C’est pourquoi il est venu ici, mais ces difficultés sont d’abord aplanies et il pourra repartir aujourd’hui. Cependant il ne pourra arriver a Trèves, oü le Roi et I’armée doivent se trouver actuellement, que dans une quinzaine de jours, et en attendant, dit-il, l’armée n’a pas le sol. 11 dit les dispositions de toute cette lisière de I’Allemagne fort mauvaises et cela est farci d’émissaires Franfjois. Selon eet homme Custine x) seroit a Francford et aussi déja a Hanau; mais Coblence seroit a I’abri de ses attaques par un corps d’Autrichiens et de Hessois. Le Roi prendroit ses quartiers a Trèves. La gripe règne derechef beaucoup dans nos contrées; c’est ce que I’on appelle aussi l'influenza et vulgairement un trés gros rhume. Je I’ai échappé jusqu’ici. 6 November 1792. Je ne vous ai pas écrite Samedi, ma bonne Loulou, paree que nous avons été a Honslardyck ce jour-la pour y fêter la St. Hubert. Mimi n’en a pas été, mais vos frères ont accompagné votre Père a la chasse. Je suis allée plus tard; j’ai vu cependant encore un petit bout de cette chasse. Plusieurs lièvres ont été pris, plutot, je crois, par les chiens que par I’habilité des chasseurs. Fritz doit en avoir blessé deux; le Prince n’a pas été si heureux; Guillaume n’a pas tiré. En général cette partie réussit assez bien et il faisoit le plus beau tems du monde. Nous revinmes a 6 h. et nous fümes a la rentrée l) Adam Philippe, graaf van Custine, Fransch generaal. Hij werd in 1793 onder beschuldiging van verraad geguillotineerd. au théatre de Mlle. Longeau; elle étoit mise d’une magnificence extréme, ayant un habit de Md. de Gouvemetx). 2) Mais basta sur la comédie, ma chère. Dans les tems actuels le goüt des spectacles et des divertissemens passé. II est bon cependant de détoumer quelquefois I’attention des objets désagréables qui nous absorbent. Si I’on ne cherchoit quelques distractions.on deviendroit toute misanthrope et cela ne seroit pas bon non plus sous aucun point de vue. Je bénie le Ciel, ma chère, de ce que vous au moins estes pourle moment è. I’abri des dangers, et j’espère que I’on chassera Mr. Custine de I’Allemagne; mais jusqu’ici je ne vois pas que les Prussiens avancent. J’aprens que le Roi et son fils retoumeront incessamment a Berlin, que le Duc retournera en même tems a Brunswic et que le général de Kalkstein 3) aura le comandement pendant les quartiers d’hiver. Si cette nouvelle est aussi vraie que j’ai tout lieu de le croire, vous révèrez bientót le Duc et je vous en félicite; mais les Prussiens alors ne gêneront point les projets des Custines et leurs pareils et Dieu sait ce que cela pourra produire! Pour moi je m’y perds. Mr. de Reede écrit ouvertement que le Roi est content et qu’on lui a assuré que nous le serions tous, quand nous aurions la clef de I’énigme; mais cette clef n’est pas encore venue de Berlin et les nouvelles de France, venues par I’Angleterre, sont peu consolantes. On s’occupe du procés de Louis XVI et I’on vient de rendre un décret qui bannit a perpétuitë les malheureux émigrés de France avec confiscation de leurs biens et la peine de mort, s’ils osent y reparoitre. Je ne puis vous dire davantage, ma chère Loulou, faute de tems. Je vous prie de vous informer de ce que coüteroit un service de dessert bien complet dans votre fabrique de porcelaine. Si vous I’aprouvez, vos frères, vous et moi, tous ensembles, nous pourrions en commander un bien joli pour le 8 Mars. C’est une chose utile et dans ce moment même trés nécessaire et cela ne coütera pas plus que les autres présens que vous don- *) Zie pag. 139. Daar al haar bezittingen en die van haar echtgenoot verbeurd waren verklaard, moest zij haar mooie toiletten te gelde maken. Eerlang week zij uit naar Amerika. *) Weggelaten bijzonderheden omtrent émigrés, die op het tooneel een middel van bestaan zochten. 3) Ludwig Karl von Kalckstein, 1725—1800. nez a pareil jour. Si nous pourrions voir quelques échantillons, ce seroit une bonne chance. 9 November 1792. Toujours du nouveau, ma toute chère Loulou, et jamais du bon a vous aprendre, tel est mon sort depuis quelque tems. Voici encore un événement bien facheux qu’une estafette de Mr. Hop nous a apris hier au soir. Les Autrichiens sous les ordres du duc de Saxe-Teschen *) ont éte battus prés de Mons et obligés de se retirer. L action doit avoir eté trés vive. La forte artillerie Fran9oise I’a encore décidée en faveur de Dumourier qui est dans les Païs Bas avec son armée. Les Autrichiens veulent évacuer la Flandre et se concentrer dans le Brabant. Le Gouvernement de Bruxelles étoit sur le point de se retirer provisionellement aßuremonde2), mais il ne seroit pas impossible qu’ils vinssent jusqu’ici. II n’est pas douteux que eet événement favorise singulièrement les projetsdenosennemis dans ce Païs-ci. et s’il y avoit des troubles dans notre intérieur, il ne seroit pas surprenant que Messieurs les Fran-9°is en profitassent pour nous faire une visite. Tout cela, ma chère, vous vous Ie direz a vous-même sans que je puisse vous en blamer; mais n allez pas grossir inutilement vos inquiétudes pour nous, ma bonne enfant. Dans ce moment-ci tout est encore tranquile et I’on y veille réellement avec beaucoup de soin; ensuite considérez que les n’ont pas de prétexte encore pour nous attaquer; qu en le faisant ce seroit de gayeté de coeur s’attirerrAngleterre a dos; qu enfin nous sommes ala veille de I’hiver; ainsi de la saison la plus difficile pour pénétrer chez nous et surtout pour en ressortir, si on faisoit tant que d’y entrer. Tout ceci doit vous tranquiliser, et si malheureusement cela devenoit sérieux et mauvais dans notre intérieur, vous pouvez compter que nous songerons a la retraite. Si Custine n’étoit pas si prés de Nassau, ce seroit sürement la que nous nous réfugierions, et cela me raprocheroit de vous, ma bonne enfant; mais a present il ne faut pas y penser et je ne vois ') Albert> hertog van Saksen-Teschen, Oostenrijksch generaal, was gehuwd met aartshertogin Maria Christina van Oostenrijk, Gouvernante der Oosteurijksche Nederlanden, wie hij als Gouverneur ter zijde was gesteld. Zie noot 5 bij pag. 107. a) Roermond behoorde toen nog tot de Oostenrijksche Nederlanden. que I’Angleterre pour notre retraite, si elle doit avoir lieu. J’espère seulement qu’elle ne viendra pas dans un moment oü Mimi ne pourroit pas nous suivre; c’est la chose qui m’inquiéteroit ie plus. 10 November 1792. La poste de Bruxelles d’hier n’a pas porté beaucoup de détails sur la bataille 1), excepté qu’il paroit que le Gouvernement tache de diminuer la perte et que la prise de Mons par les Franipois n’étoit pas encore entièrement süre; mais elle étoit considérezcommeinévitable. Tous les effets du Gouvernement, les Archives y comprises, etoient empaquetez sur dif férens batteaux et devoient se transporter dans ce Païs-ci. Pour eet eff et ils ont demandé les passe-ports nécessaires des Etats et aujourd’hui L.H.P. s’assemblent extraordinairement pour les faire dépêcher d’abord. Les émigrés arrivent par milliers, dit-on, dans la République. 2) II y a d’autres nou velles qui disent que le duc de Teschen avec le général Clairfait a pris une position trés avantageuse sur les hauteurs prés de Mons et qu’il espéroit d'y être joint par le corps du prince de Hohenlohe 3). Si cela réussissoit, on pourroit se flatter, qu’il pourroit encore rechasser Messieurs les Fran^is; mais sans cela il courre risque d’être coupé de Bruxelles, et il est immanquable que les Fran?ois y marcheront. Ils n’en sont plus éloignés que de 8 lieues. Voila ma bonne Loulou, mes nouvelles depuis ma lettre d’hier. La poste de France manque toujours. D’ici il n’y a rien de nouveau. J’ai passé ma soirée hier avec Mr. Maclaine, après avoir dinné avec les Amirautés. Aujourd’hui nous allons a la Vieille Cour. J’irois un peu avant le dinner pour arranger différentes choses avec Md. de Munchhausen pour la chambre d’enfant. Vous saurez que la Gallerie Bleue a été donné pour le Quartier des Enfans; cela est trés bien arrangé. Puissois-je bientót en dire autant chez vous, ma chère enfant! Mais soumettons-nous sans murmurer a ce que la Providence jugera a propos aussi a eet égard. Mimi ne vient plus aux cercles qui ont commencé avant-hier. Après nous être désha- *) Bij Mons, zie vorige pag. a) Weggelaten de opsomming van tal van namen. 8) Frederik Willem, prins van Hohenlohe-Kirchberg, 1732—96, Oosten rij ksch generaal. billés – – les Dames s’entend – nous avons été souper chez elle ce jour-la; mals cela n’étoit pas gay. On n’étoit occupé que des mauvaises nou velles de Bruxelles. 12 November 1792. L’armée Prussienne est rentree en AUemagne. La poste d’hier de I’Empire n’a rien portée du Païs de Nassau, ce qui fait plus ou moins craindre que Messieurs les Frangois nous y font une visite. De Mayenceonécrit, qu’ils ont attaqués les Hessois, cantonnés de van t Weilbourg; ils ont été repoussés, mais la canonade doit avoir été vive. Les Hessois s etant repliés dans Weilbourg, les boulets ont sifflé aux oreilles de votre cousin x) qui y est resté; les autres personnes de la familie doivent s’être retirez a Hackenbourg. On s’attendoit a une bataille entre les Frangois et les Hessois, assistés de quelques Régimens Prussiens. Le Roi et le Duc doivent être a Trèves; ils se portoient fort bien le 4. Les nouvelles du Brabant se succèdent si promptement et sont quelquefois si apocriphes que je remets jusqu a demain è, vous en dire quelque chose de positif. Tout ce que je dirois a présent, c’est que nous ne savons pas positivement, s il est vrai ou non que Bruxelles capitule, mais que le comte de Starenburg 2) s’y attend d’un moment a I’autre, que le Gouvernement est parti, que I’Archiduchesse est arrivée a Maestricht. On ne savoit pas, si c’étoit pour y rester ou non. Ici tout est encore tranquile] mais vous sentez qu’il ne nous manque pas d informations allarmantes, la moitié desquelles se trouvent d’ordinaire fausses. 12 November 1792. De Bruxelles nous ne savons rien de plus qu’hier. Si la poste arrivé avant le départ de celle-ci, je vous marquerai ce que j’aprendrai. Dimanche nous avons entendu prêcher Mr. Rau 3) qui nous a fait un beau sermon sur ces paroles de Salomon: Celui qui est rnaitre de son coeur, est plus grand que celui qui prend des villes. Jamais je n ai vu 1 église aussi remplie que ce jour-la. Zanders a fait ‘) Frederik Willem, vorst van Nassau-Weilburg, 1768—1816. 2) Lodewijk Joseph Maximiliaan, vorst van Stabremberg, 1762—1833, Oostenrij ksoh gezant bij de Republiek. 3) Sebald Fulco Johannes Rau, 1765—1807, hoogleeraar eerst te Harderwijk, later te Leiden. Meesleepend kanselredenaar. banqueroute; il jouissoit du plus grand crédit et de I’estime générale; on dit que ce sont les fortes avances qu’il a fait au Prince Regnant de Waldeck qui le ruinent. On ne sait point du tout oü il est allé. Mais ce qu’il y a de pis, c’est que Fritz y perd beaucoup; il étoit le solliciteur de son Régiment. Boas a fait aussi une espèce de faillite, mais on dit qu’il pourra encore se relever peut-être. Guillaume juge que son devoir le rappelle a Breda dans ces circonstances. Le Prince balance et a consulté tant de personnes qui tous sont contres, que je ne crois pas qu’il lui en accordera la permission. Cela fache beaucoup Guillaume. Pour moi je suis assez de son avis, mais la raison est valide. C’est le mauvais état de la place qui I’empêcheroit d’y faire quelque bien. Ne me répondez pas sur eet article. Mimi est décidée a nourrir elle-même, si sa santé le lui permet. Elle se porte toujours bien encore. 16 November 1792. Je ne puis vous dire, ma toute chère Loulou, que deux mots, faute de tems; et je commence par une bonnenouvelle: c’est que I’Angleterre se réveille a la fin et que lord Auckland remet aujourd’hui une déclaration de la part de sa Cour pour inspirer du courage et pour assurer avec énergie qu’elle gardera tous ses engagemens.aucas que la République soit attaquée. Je suis persuadée que cette démarche fera un trés bon effet; elle étoit aussi bien nécessaire, puisque Bruxelles est pris et que I’armée Autrichienne se replie de tous les cótez et que le pais de Liége est aussi fortement menacé. On dit le Roi a Oraniënstein 1) et le Quartier Général a Dietz. Le pauvre Zanders a été retrouvé, noyé au Bois. 17 November 1792. Point de nouvelles depuis hier, ma bonne Loulou, et dans ces tems-ci c’est toujours le meilleur, paree qu’elles sont rarement agréables. Je puis vous dire pourtant que pour ici la déclaration de I’Angleterre a fait un bon effet. Je vous I’envoyerai dés que je I’aurois. Vous avez raison, ma chère, de plaindre les émigrés et *) Kasteel, gesticht door Albertina Agnes van Oranje, sedert nog vergroot en verfraaid door Amalia van Anhalt, toen deze het bewoonde als Regentes van Nassau-Dietz namens haar zoon Hendrik Casimir van Nassau-Dietz, stadhouder van Friesland. surtout leur malheureux Roi dont on est occupé a faire le procés. *) Je crois vous avoir dit que I’armee Prussienne est a Dietz et garantit ainsi notre Pais de Nassau. Demain nous célébrons I’anniversaire de Mimi par un grand concert et un grand soupé. Je me ferai trés belle; je vous conterai cela une autre fois. Avant I’église j’irai lui faire mon compliment et je lui porterai mon cadeau, consistant en une bague avec mes cheveux et mon chiffre et des bracelets de petites perles et devises dans le goüt comme vous en avez vu chez Hagen. Ils sont assez jolis. Nous avons bien du vent et de la pluye, ce qui est bien bon pour faire passer I’envie a Dumourier de nous faire visite pendant I’hiver. 20 November 1792. J’ai bien crains, ma toute chère Loulou, que les nouvelles du Brabant vous allarmeroient pour nous. De depuis je vous ai marquée la déclaration de I’Angleterre qui ranime les bien-intentionnés et contiendra, j’espère, les enragez, mais qui doit avoir une suite en cas de besoin, si elle doit produire tout son effet; et je doute d’autant moins de ceci que non seulement I’Angleterre I’a déja positivement promise, mais qu’aussi la Prusse vient de faire une démarche en Angleterre en notre faveur. Celle-ci a croisée la déclaration que I’Angleterre avoit déja faite. J’en ai la nouvelle par une lettre du Roi du ISdeMontabauer. Cettelettre2) est infini- *) Weggelaten bijzonderheden omtrent eenige émigrés. *) Koning Frederik Willem II aan prinses Wilhelmina. Au Quartier de Cantonnement prés de Coblenz. Le 14 9bre 1792. „Ma trés chère soeur, un officié Autrichien, „arrivé ici de Luxembourg, assure que Mons a été repris par les généraux Clairfait „et de Beaulieu; je souhaite que cette nouvelle se confirme; depuis la défaite du duc „Albert j’ai craint pour les Pais Bas et j’étois même inquiet pour votre République si „la soi-disante République Franfoise devenoit prépondérante dans les Pais Bas. Vous „n’ignorez certainement pas combien les anciens Patriotes Hollandais comme Capel„len, Nivenheim et autres ont intrigué è, Paris pour remettre leur parti sur I’eau, et „combien ils sont attentifs pour profiter, s’il y a moyen, des circonstances présentes. „Je suis sur que le Prince et tout ce qui pense bien dans la République aura un oeil „attentif sur ces démarches et que I’on sera sur ses gardes. J’écris en Angleterre au„jourd’hui pour tacher d’y porter le Ministère k faire au plus tót une déclaration k la „France en faveur de la République en I’assurant que la neutralité que I’Angleterre „embrasse, ne pouvoit la dispenser d’agir comme Allié de la République dès que celle„ci ou la forme de son Gouvernement se trouvoit attaquée. Je souhaite que cela aie „unbon effet; du moins n’ai-je pu m’empêcher d’agir en cela d’après les sentimens de „mon coeur. Vous serez le mieux en état de juger, si le péril est déjci éminent chez vous, „comme il est k craindre qu’il puisse devenir. C’est en faisant des voeux pour votre „contentement et bonheur que je suis, ma chère soeur, votre fidelle Fr. Guillaume. ment gracieuse et amicale, maisnenous aprensrien du reste de nouveau sur les affaires; elle nous prouve seulement les sollicitudes du Roi pour nous. Je puis vous dire qu’elle m’a vraiment touchée et d’autant plus que je ne m’y attendois pas du tout. J) Votre pauvre cousin de Weilbourg a eu une visite des Frantjois. Custine I’a déclaré ennemi, paree qu’il a donné son contingent a Mayence; il lui a pris ses chevaux, ses fourages, ses armes, et lui a imposé une contribution de 300 milles florins, emmenant deux ótages et une de ses vaisselles pour caution. Notre Païs de Nassau est sauvé jusqu’a présent, paree que I’armée Prussienne le couvre, et il paroit que nous devons ceci au Duc et au Roi qui ont prit a dessein cette position. Je vous prie de demander Mlle de Veltheim2) de me représenter au batême chez les Stamfords3). Comme il seroit possible que le mari dut joindre vos frères ici dabord après les couches de sa femme, préparez un peu celle-ci a eet événement, et si cela arrivé, ayez bien soin de la petite accouchée. 23 November 1792. D’oü avez-vous pris, ma chère, que Mimi ne sort plus? Ce n’est des cercles et des soupés chez I’Ambassadeur qu’elle se dispense; du reste elle vient chez nous comme de coutume et sort aussi de tems en tems en carosse; mais tous les aprêts pour ses couches sont fait, paree que cela peut arriver d’un moment a I’autre. Elle se porte trés bien et j’ai les meilleures espérances que tout ira a souhait. Je vais vous dire comment le Dimanche son anniversaire a été célébré; mais auparavant je dois vous dire qu’on dit Anvers pris, mais que la citadelle se défend encore. On croit que Dumourier va marcher a présent sur Liége; toute la Flandre, tout le Hainaut, la plus grande partie du Braband sont a lui. Namur résiste encore. Le 18 nous sommes allés a 8 heures du matin chez Mimi qui nous a resu deins la chambre a manger d’en bas, oü sa layette qui étoit arrivée la veille de Berlin, se trouvoit étalée. Ceci fut cause que je ne vis point la moitié de ses présens. Je ne voulus pas lui donner la ‘) Weggelaten verschillende oorlogsberichten. *) Dorette de Veltheim, later gehuwd met den heer Alopéus, hofdame van prinses Louise. •) Prinses Wilhelmina en prinses Louise zouden samen peet staan over het te verwachten kindje. peine de remonter; il n’y a que votre portrait par Schwartz que j’ëtois impatient a voir. Je trouve qu’il fait honneur a Schwartz; I’habillement est avantageux, mais il vous donne I’air d’une Andromaque. A 9 h. nous allames ensemble a I’ëglise; Mimi et Fritz et moi chez Eschausier 1), le Prince et Guillaume chez Nieuwland. De la il y eut le déjeuné ordinaire et un diné tont aussi pen remarquable y succéda. Le soir nous eümes une petite société de plus de 100 personnes. II y eut un grand concert dans la Gallerie oü nous avions rassemblé tous les virtuoses que nous pümes trouver. 2) La fête se termina par un soupé dans la grande salie. J’ai eu a cette occasion une jupe rayée de violet et blanc qui étoit gamie de haut en bas de brillans; elle a fait le plus grand honneur au goüt de la Hessen3) et je compte m’en parer ala fête prochaine; devinez laquelle? C’en est une qui me tient bien a coeur! 4) 24 November 1792. II y a aujourd’hui une assemblée extraordinaire des Etats—Généraux. C’est sur une demande des Francs a passer I’Escaut, mais sauf les droits de I’Etat et trés poliment exprimé. Cela n’en est pas moins embarassant. N’ébruité pas cette nouvelle. 25 November 1792. Je commence, ma bonne et chère Loulou, par répondre a vos questions. L’Angleterre n’a plus garantie les Païs Bas a FAutriche depuis longtems et tous ses engagemens a eet égard étoient entièrement rompus, depuis que feu l’EmpereurLéopold a refusé de ratifier le traité de La Haye du mois Février 1790. Lord Elgin 5) a quitté Bruxelles comme Mr. Hop, mais avec cette différence qu’il a déja passé ici pour retourner en Angleterre et que par courtoisie on a permis a Mr. Hop de rester auprès du Gouvernement tant qu’il seroit a Ruremonde le plus longtems qu’il lui seroit possible. Je crois vous avoir dit, que L. A.R. sont a Bonn et que le reste du Gouvernement iroit a Wesel.mais le comte de Mettemich vent rester a *) Samuel Eschauzier, 1741—1796, Waalsch predikant te ’s-Gravenhage. *) Weggelaten bijzonderheden omtrent dit concert. *) Kamervrouw van prinses Wilhelmina, een dochter van de kamervrouw, die de prinses als kind te Berlijn had gehad. ‘) 28 November, verjaardag van prinses Louise. 0 Thomas Bruce 7th earl of Elgin, 1766—1841, Engelsch gezant te Brussel. Ruremonde le plus longtems qu’il lui sera possible. Quant a la nouvelle des troubles en Frise, je n’en ai pas connoissance. II y a eu quelques polissons qui ont exercé et on y a mit ordre. Je ne sais, si c’est cela qui a donné lieu a I’article de la Gazette de Hamhourg; mais je vous prie, ma chère, de ne pas ajouter foi a tous les contes de Messieurs les gazettiers, et tout en particulier a celui de Hambourg qu’on dit trés Jacobin. Croyez-en ma parole une fois pour toutes. Je ne vous tromperois pas, s’il arriveroit quelque chose de sérieux ici. Quoi qu’il fut, vousle sauriez d’abord; ainsi la-dessus ayez I’esprit en repos et ne vous tourmentez pas inutilement. II est trés possible encore que nous échappions au danger que le voisinage des Fran-9ois fait naitre, paree qu’il n’est pas de I’intérêt de ceux-ci de nous attaquer. Oui, sans doute la conduite des Francs -commeonles apelle a présent – a Weilbourg et a Usingen m’a fait beaucoup de peine, i) L’affaire de I’Escaut dont je vous parlois I’autre jour, ne causera pas la guerre. On a pris la résolution de pretester et de faire faire des représentations au comandant mais s’il veut forcer la chose, on ne s'y opposera pas, n’étant pas en farces de notre cóté. On attend avec impatience Tissue de ceci. C’étoit hier que les 2 frégates cannonières devoient monter la rivière pour attaquer le chateau d’Anvers; mais comme les représentations de L.H.P. sont venues entre deux et que le vent étoit contraire, on suppose que cela n’aura pas lieu. D’ailleurs il y a un bruit que le chateau d’Anvers se seroit rendu, et alors la chose n’est plus nécessaire pour eux. Leurs demandes aux Etats de Zelande car ils ne sesont pas adressés a L.H.P.,—sont contenus dans les termes les plus mesurés et avec beaucoup d’égards pour 1 Etat. De son coté TEmpereur fera aussi des représentations et dé ja Mr. de Starenberg a présenté un mémoire, mais il comprend que TEtat ne peut pas faire autrement. Mimi se porte encore comme le Pont Neuf; mais depuis hier elle ne voit plus de monde et ne sortira que pour la promenade. Demain nous dinnerons chez eux pour célébrer votre fête et le soir nous aurons la ville et les faubourgs mais point de bal. Je voudrois que Mimi nous fit le cadeau de mettre l) Weggelaten de vermelding van in Duitschland genomen maatregelen tot wering van verdachte vreemdelingen. bas son petit paquet justement a ce jour qui m’a donné pour la première fois le doux nom de Mère pour lequel jusqu’ici j’ai tont sujet de bénir la Providence! Met Citroensap x). Tranquilisé-vous, ma bonne Loulou, on veille a notre intérieur. Je crois, qu’il y a beaucoup de méchans Kees chez nous, mais ils ne remueront pas, s’ils ne sont sürs de I’apuy de I’armée Fran9oise, et il ne paroit pas-comme j ’ai dit – de I’intérêt des Jacobins de se brouiller avec I’Etat, et ü y a aussi beaucoup de Kees qui ne veulent pas de cette égalitë chimérique et qui par conséquent ne travailleront pas è, présent a une contre-révolution. Au reste la police les surveille partout. Si le danger devenoit réel, nous pensons a la retraite, mais vous sentez qu’il ne peut pas en être question a présent et que beaucoup dépend des circonstances. Si ce danger existois vraiment, je pourrois bien vous envoyer soit par chariot de poste soit par roulier ce que je voudrois mettre a I’abri, paree qu’on ne le soupgonneroit pas de cette fagon, et alors je vous écrirai que je vous ai adressé le cadeau de la duchesse de Yorck. Vous comprendrez ce que cela dit. 28 Novembre 1792. Ma pensee se transporte dans ce moment auprès de vous, ma toute chère Loulou. J anticipe I’époque que nous allons célébrer, et je date ma lettre de ce jour, si cher a mon coeur, paree que je m imagine être présente a vos cótés au moment que votre Prince vous la remettra. Recevez, ma chère, cette lettre et mes voeux et toutes les bagatelles que les Stamfords sont chargés de vous remettre de ma part, avec les anciens sentimens qui ont si bien justifié jusqu’a ce jour ma tendresse pour vous. Qu’ils vous rappellent en même tems votre Maman qui restera a jamais la même pour vous, et puisse-t-elle avoir rencontrée votre goüt dans les choses qu elle vous envoie. Des jolis lustres manquoient a votre appar- ) Een soort geheimschrift, waarvan destijds veel gebruik werd gemaakt. Als men et papier boven de vlam eener kaars hield, kwamen de eerst onzichtbaar gebleven letters donker op. Een afgesproken teeken, tusschen prinses Wilhelmina en prinses Lomse een haaltje onder de handteekening. wees er dan op, dat er onzichtbaar schrift was. Naber, Correspondentie I 14 tement; c’est pourquoi j’ai chargé Mr. de Stamford de vous en choisir. Vous en aurez un ou cleux selon que cela aura pu s’arranger avec la somme que j’y destinois, car j’ai voulu avoir du bien joli, et alors peut-être que la quantité aura dü céder a la qualité. D’ici je vous envoie des modes nouvelles. Je savois que vous en manquiez, mais Mlle de Bonnouvrié a dérangée mon plaisir en me prévenant par I’envoi de ses bonnets; aussi a-t-elle été bien grondée. A tout cela j’aurois bien voulu ajouter une mignature de ma fa?on et je n’ai pas oublié ma promesse a eet égard, mais il m’a été impossible d’y satisfaire. A Breda je n’ai pu faire que la copiede votre portrait pour Guillaume qui m’a humiliée, car selon Haag et Le Sage il n’a pas réussi quant a la ressemblance. Depuis mon retour a La Haye j’ai voulu peindre le Vieux Bourgmaistre x) que je vous ai promis pour votre jour de naissance, mais Haag disoit que le tems étoit trop court et que je le gaterois, si je me pressois. 30 November 1792. Mes lettres, ma bonne Loulou, deviendront bientót a vos yeux comme ces oiseaux de mauvais augure que I’on n’envisage jamais sans peine, paree qu’ils n’anoncent rien de bon. Depuis quelque tems je n’ai aussi que du mauvais a vous aprendre. Dieu sait quand cela finira! Pour aujourd’hui je dois encore vous anoncer la prise de Liége par Dumourier, quoique cette ville fut défendue par le général Clairfait et un gros corps d’Autrichiens; ceux-ci ont encore été obligés de céder la partie et de se repber on ne sait encore oü, car nous ne savons la reddition de Liége que par Maestricht oü la nouvelle arrivoit a I’instant et y causoit une grande constemation, comme vous pouvez le croire. On ne peut nier aussi que cette ville ne courre grand danger, étant a moitié Liégeoise. On la croit cependant a I’abri d’un coup de main et suffisamment pourvue de provisions, si on vouloit la bloquer. Quant a un siége en forme on ne peut pas s’y attendre. Jusques ici les Francs respectent les sauve-gardes et le territoire de 1 Etat, mais cela peut changer d’un instant a I’autre, et par les décrets qu ils viennent de prendre a Paris, on doit s’attendre a tout de leur part. ') Naar een schilderij van Ter Borch uit het kabinet van prins Willem V. Par I’un des décrets ils déclarent I’Escaut et la Meuse entièrement libres; par 1 autre ils promettent leur assistance armée a tous ceux dans tous les païs qui voudront lever I’étendard de la liberté. Ce demier décret paroitroit le comble de la démence comme il est le comble de 1 injustice, si jusqu'ici le bonheur de cette race abominable ne faisoit réussir tout ce qu’ils entreprennent, et I’on ne peut nier que, vue le voisinage de notre Païs et vue I’esprit de vengeance et de folies de nos anciens perturbateurs du repos public, ce Païs est des plus exposés. II paroït même que ces deux décrets sont entièrement calcules contre la République et pour préparer les esprits a leurs projets hostiles contre Elle. II ne faut pas se faire illusion la-dessus. Je vous dis les choses comme je les vois, ma bonne Loulou. Mardi passé j’avois plus d’espérance qu’aujourd’hui, que I’orage passeroit. Cependant je ne désespère pas encore. Ces deux décrets n’ont pas produit dans le païs I’effet que les Francs en attendoient. Ils ont revoltez beaucoup de Patriotes modérez et tous ceux qui ont quelque chose a perdre. Ce nest que la plus vile classe du peuple qui s ’en réj ouit. En même tems les bien-intentionnés ont acquis un peu plus de nerf, et si I’on veut prendre les mesures qui sont encore a notre portée, il n’est nullement décidé que Dumourier atteigne son but. Enfin, ma chère, conservons du courage, et si nous sommes appellées a de grandes épreuves, n’oublions jamais, que tout nous vient de Dieu. Soumettons-nous a Sa Volonté sans murmures et sans foiblesses et vous, ma chère Loulou, montrez-vous digne du sang dont vous sortez. Papa vous embrasse, mais il lui est impossible de vous eenre aujourd’hui. Mimi se porte encore trop bien. Je voudrois tant qu’elle fut accouchée. 1 December 1792. Depuis hier nous avons la nouvelle que les deux frégates cannonieres qui se trouvoient en Zélande étoient augmentëes au nombre de 5 ou 6. L’escadre entière que I’on y attendoit, seroit composée de 9 petits batimens comandez par un Monsieur Mouton *) et destinez a I’ouverture de I’Escaut. Le dit Mouton avoit Frankrijk.^"8 **** 177°-'B3B- later Pair en maarschalk van donné une dédaration en apparence trés mielleuse, mais finissant par dire, qu’il avoit ordre deDumourier de passer outre sans respecter aucun obstacle de quelque nature qu’il fut. Ainsi dans le fait c’est nous laisser dans I’alternative de le laisser passer ou comme ami ou comme ennemi. Ce matin il est arrivé un officier en courier du prince de Hessen x), que le général Eustache 2), comandant de I’avant-garde de Dumourier, avoit envoyé un colonel Cambyse qui avoit voulu entrer avec un détachement. Le prince de Hessen avoit admis I’officier sans son escorte. II lui a porté une lettre du général Eustache qui assure des sentimens fraternels de sa République pour la nótre, mais qui demande d’entrer et le passage par eau par la ville de munitions et de trouppes. Le prince de Hessen a refusé la passage des troupes. Voila oü les choses en sont. Le prince de Hessen attendois Eustache le lendemain et il étois résolu de se défendre, s’il vouloit forcer les choses, en attendant qu’il put recevoir les ordres de L. H. P. Celles-ci vont s’assembler extraordinairement. Je sais que la conduite du prince de Hessen sera aprouvée et qu’il sera autorisé a se défendre. 3 December 1792. Nos craintes pour Maestricht, ma chère Loulou, étoient jusqu ici prématurées. Le général Eustache a dinné chez le prince de Hessen, mais seul avec son adjudant. II n’a point insisté pour le passage des troupes, disant qu’il comprenoit fort bien que la République ne pouvoit I’accorder. Quant a I’Escaut il est ouvert de fait, quoique pas de droit, et le chateau d’Anvers s est rendu. Namur et Ruremonde sont aussi entre les mains des Francs. Selon les nouvelles du matin Dumourier marchoit vers la Gueldre Prussienne et le pais de Clèves. Comme il est a Ruremonde, il en est tout prés et rien ne lui résiste de ce cóté-la. Venlo va être aussi entouré de Francs. Dans notre Gueldre on a grand peur et cela n’est pas étonnant. *) Gouverneur van Maastricht. •) Een Amerikaan, gewezen adjudant van Washington, overgegaan in Franschen dienst. 6 December 1792. La bonne nouvelle des couches de Wilhelmine *) a donnë envie a Mimi de suivre son exemple. Elle nous a donné ce matin un gros et grand garcon 2), trés bien portant, et elle se porte ellemême a merveille, graces au Ciel. Nous ne saurions assez rendre graces ala Providence, ma chère Loulou; ses couches ont étë singulièrement heureuses. Hier nous avons soupé chez elle. II n’étoit question de rien, et quoiqu’elle souffrtt, elle ne seplaignoit pas. A 4 h. du matin je fus appellée et a 8 h. I’enfant y étoit. Mimi s est conduite comme un ange, et quoiqu’elle souffroit beaucoup, elle a tenu parole et elle a taché de chanter tout Ie tems entre les douleurs. Dieu veuille, ma bonne Loulou, que vous suiviez un jour son exemple, et comme vous n’avez pas la voix belle, je vous tiens quitte du chant. Guillaume ne se possède pas de joye. II n’a pas quitté un instant sa petite femme. Tout reste encore tranquile chez nous, et ce qui est trés bon, c’est que les Anglois arment a forces et que nous aurons dans peu de leurs vaisseaux sur les cotes. Mes lettres sont comme la fièvre tierce; un jour je vous assure, un autre jour je vous allarme. 7 December 1792. Mum a bien reposé cette nuit; elle est bien aujourd’hui et le nouveau-né aussi. Rien de nouveau dans les affaires depuis hier, excepté qu’on dit Frankford pris par les Prussiens. Dieule veuille! Ici il roule une Adresse aux Bataves3) de Condorcet4), pour ameuter et révolter les peuples de ces Provinces. J’espère qu ils seront trop sages pour s’y laisser prendre. Je suis tout le jour chez Mimi ou a recevoir des députations et des audiences. 8 December 1792. Je vous écris du Kramkamer. ma trés chère Loulou; hier nous avons eu le cercle de félicitations dans la grande salie. II étoit trés van Wahelmma Van Staraford-Heiden was bevallen van een dochtertje, peetekindje “ Prmsessen, in de brieven gemeenzaam Milou genaamd. Maart" Ge°rge LodewiJk- later Koning Willem 11. 6 Deo. 1792-17 all:rrhrTjn fOVember 1792 met den ™ahei- -«nfamx Bataves, entendez les accens de la iberté qm tonnent autour de vous”. Analoge oproepingen verschenen aan andere volken. Vgl. Colenbrander, Gedenkstukken, I, pag. 72. ‘) Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet. 1743—1794. 2 et du 3 de ce xnois nous ne savons rien des armées. J’espère que votre accouchée x) se porte aussi bien que la nótre; Mimi accomplit aujourd’hui le 9ième jour et se porte a merveille, ainsi que votre neveu qui devient fort joli garcon. 2) Les nouvelles du jour sont la prise de Ruremonde par les Francs; on I’avoit déja une fois anoncée, mais alors ce n’étoit pas vrai. A présent c’est positif. Cet événement n’a rien d’extraordinaire, I’endroit n’ayant pas été défendu; mais ce qu’il y a de désagréable, c’est que cela raproche toujours davantage cette horde de nos frontières et que Venlo est trés exposé. En même tems cela leur franchit le passage pour le païs de Clèves et pour la Gueldre. 13 December 1792. Mimi se porte a merveille ainsi que le petit; aussi a-t-on fini aujourd’hui le bulletin et remercie les deputations. Notre position reste précaire et incertaine mais il n y a rien de nouveau depuis hier. Hier le sort du pauvre Roi de France a du se décider. J’ai re?u ce matin une lettre du Duc de Frankford du 4; il se portoit trés bien. Nous n’avons pas de plus fraiches nouvelles des armées. 18 December 1792. Ce n’est que dans ce moment, ma bonne Loulou, que votre lettre du 12 m’arrive, ainsi encore après un retard de deux jours. Cela est trés désagréable, mais ne nous en plaignons pas de crainte que pis ne nous arrivé. Si les Francs occupoient le païs de Clèves la comunication pourroit bien être entièrement interrompue et c’est cela qui me rendroit réellement malheureuse et vous aussi, ma chère enfant s) Mr. de Stamford a-t-il tout a fait perdu la faculté d’écrire, depuis que sa femme est encouches? Non seulement vos frères et moi, mais aussi la familie de Heiden n’a pas resu une ligne de sa part. Veut-il ressembler aux maris Indiens qui se mettent au lit, quand leurs femmes accouchent et laissent faire I’ouvrage de la maison par celles-ci? Ou bien Wü- •) Md. de Stamford-Heiden. _ . . _j é _«T aiiipq /laat* T p ■) Weggelaten bzijonderbeden omtrent een portret van prinses Louise door Le Sage. i -i x- ») Weggelaten nog eens een nieuw verhaal van de geboorte van Guillot. fait choix de nouvelles qui sonts sottes et dont le ton et les manières Ia perdront entièrement. Je pourrois en pleurer, car eest un vrai domage avec I’esprit qu’eüe a. Sa Md. de Diedfort qui devroit être un Argus a cent yeux, n’en a pas un de trop et partage ses folies, en disant derrière son dos, qu’elle les condamne; mais la Princesse, ayant infiniment plus d’esprit qu’elle, la domine entièrement. Tout cela m’empêchant d’avoir aucune liaison avec elle et nous mettant même sur un pied trés froid, je serai charmée quand elle sera mariée, mais Dieu sait, si cela arrivera, car on n’en parle plus. C’est la Harteveld qui a fait venir Bruckmann *) a l’ins9u du Duc et qui nous a tous allarmés. Cependant personne ne I’étoit autant que moi, car les autres étoient tranquilisées par I’idée qu’ü étoit bien soigné et que I’inquiétude de cette femme avoit empire les choses. Dieu soit béni, le danger est passé! Je ne puis penser sans fremir encore a la possibilite que le Prince eüt été Duc. Son Père vient de payer toutes les dettes qu’il a contracté au commencement de son mariage, et cela le met un peu a 1 aise. On avoit dit, que le colonnel de Rietézel2) vouloit quitter, et dans cette supposition le Prince avoit demandé le Régiment pour lui dont il vouloit céder les émolumens a Rietézel, mais seulement avoir la permission d en porter I’uniforme, afin de n’avoir pas besoin de faire autant de dépenses pour sa toilette. Vous n’avez d’idée, ma bonne Maman, combien I’uniforme lui va bien. Sa figure, surtout en bottes, me rappelle prodigieusement mon Père et vous croyez bien que cela ne m’est pas désagréable. Aussi pour badiner je I’appelle quelquefois Papa et a son tour il me nomrae alors Loutie. Toute sa belle garde-robe a quelques fracs prés a été distribuee entre ses valets de chambre, afin de n’avoir pas même la tentation de reparoitre dans son ancienne élégance. On dit que le public a été charmé de cette métamorphose, étant accoutumé a voir leurs Ducs en uniforme. Le cher Papa est trés content que son fils ait pris cette résolution et I’ait demandé de lui-même, l) Urban Friedrich Benedict Bruckmann, 1728—1812, lijfarts van den hertog, die aan koortsen leed. a) Friedrich Adolf Riedesel, heer van Eisenbach, 1738—1800, bevelhebber der binnen Maastricht gelegerde Brunswijksche troepen. Naber, Correspondentie I I5*